Aujourd’hui tu ne travailles pas et tu as enfin du temps libre pour toi. Ça arrive plutôt rarement ses derniers temps, la période des fêtes approchant, les accidents se multiplient eux aussi et les nouveaux nés ne sont pas épargnés. Tu aimes ton travail plus que tout, mais parfois c’est très déroutant et épuisant le service néo-natal. Tu flânes dans les rues de Manhattan, dépensant quelques dollars pour te faire plaisir, mais également quelques cadeaux à l’avance pour lesquels tu ne devras pas courir le jour de noël. Tu sais déjà pratiquement ce que tu vas acheter à chacun de tes colocataires, ainsi qu’à tes parents, puis à Malina et son mari. La seule personne dont tu as un peu plus de mal à trouver le cadeau, c’est cette fille avec qui ta sœur et Cian sont en couple. En effet, tu n’en as pas cru tes oreilles lorsque ta sœur t’a annoncé qu’elle était désormais en trouple, un couple à trois. Tu as d’abord cru à une blague, tu lui as même demandé si ce n’était pas Cian qui obligeait ta sœur à faire ça, mais tu as fini par comprendre qu’ils étaient heureux dans ce nouveau schéma. Alors tu as accepté la présence de cette femme qui t’as même semblait être très gentille. Seulement, tu n’as jamais réellement passé de temps avec elle comme tu en as passé avec Cian et tu ne connais rien de ses goûts. Tu ne veux pas risquer de froisser ta sœur en lui demandant ce qu’elle en pense, alors tu te que tu finiras bien par trouver une idée.

Après quelques heures à te promener dans les rues marchandes, tu commences à sentir la faim d’envahir. Ton regard s’attarde d’ailleurs un peu trop dans les vitrines où se trouve diverses pâtisseries. Tu finis par t’arrêter dans un café dont la décoration et les pâtisseries ont retenus ton attention. Tu pénètres à l’intérieur et fait la queue derrière les quelques personnes qu’il y a avant toi, ce qui te donne l’occasion de regarder ce qui pourrait vraiment t’intéresser. Tu craques pour une tarte au chocolat meringuée ainsi qu’un latte macchiato caramel. Le barista te dépose le tout sur un petit plateau et lorsque tu te retournes pour trouver une place, ton regard s’attarde sur un brun qui semble plongé ailleurs. Tu le reconnais facilement puisqu’il s’agit d’un collègue, du frère de l’une de tes plus proches amies et surtout parce que même si tu n’oses pas te l’avouer, tu en penses un peu pour lui. D’ailleurs la manière dont la vitesse de ton cœur s’accélère en le voyant confirme bien la chose. Le hic, c’est qu’alors aux débuts vos échanges étaient plus que cordiaux, on pourrait même dire que vous étiez considérablement en train de vous rapprocher, il a commencé à t’éviter à chaque fois que vous croisiez. Tu n’as jamais compris la raison de ce rejet soudain qu’il a eu à ton encontre. Tu cherches désespérément une autre place, mais le café est rempli. Tu concèdes à aller vers lui et tu te dis que s’il refuse que tu t’assoies, tu prendras très rapidement la poudre d’escampette. Face à lui, tu essayes de ne pas te démonter et lui offre un sourire un peu crispé. « Le café ici doit certainement être largement meilleur que celui de l’hôpital, non ? » Tu te sens idiote, comme phrase d’accroche, on a déjà vu mieux. Toujours debout comme une débile, avec ton plateau dans les mains, tu te mords la lèvre nerveusement. « Ça ne te déranges pas si je m’assois, il n’y a plus de place ailleurs. » Voilà, tu as osé demander, c’est maintenant que tout se joue.