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meet me halfway (hannah)

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Ven 21 Fév - 14:40

meet me halfway.
@HANNAH DECKER + @NOUR DAHMANI

La nuit était tombée depuis un moment déjà, quand Nour se retrouva sur le parvis du théâtre. Après près de deux heures passées dans l'obscurité, le regard rivé uniquement sur la scène, le passage de la salle silencieuse à un Broadway animé ne se fit pas sans difficulté pour la jeune femme. Elle n'avait jamais été une grande amatrice de théâtre - encore moins de comédies musicales - mais l'invitation avait été suffisamment singulière pour attirer son attention. Il s'agissait ce soir d'une jeune compagnie de Brooklyn, qui avait entrepris une relecture féministe de l'histoire, représentant de nombreuses figures célèbres et bien trop peu nommées. Forcément, la curiosité de Nour avait été piquée, et elle avait décidé à la dernière minute de s'y rendre ; elle avait bien besoin d'un peu d'air, malgré un planning toujours serré.

Sur le parvis, donc, elle alluma une cigarette. On ne cessait de lui répéter qu'il s'agissait là d'une habitude qu'elle gagnerait à perdre, mais elle ne parvenait pour le moment pas à s'en défaire. La lumière des lampadaires et des néons ne l'éclairait qu'à peine, et le temps d'un instant, elle se fondit dans l'anonymat que lui offrait la ville nocturne. Elle avait appris à apprécier ces moments de solitude volés, qui ne duraient jamais longtemps. Dans quelques minutes, elle se rendrait au pot organisé par le théâtre, auquel elle avait été conviée afin de rencontrer les artistes. Elle serrerait quelques mains, jouerait le jeu des compliments, poserait pour quelques photos pour alimenter sa présence virtuelle. Pour le moment, elle savourait encore un peu les miettes de cette liberté glanée, le temps d'une dernière bouffée de fumée.

Alors qu'elle s'en retournait vers l'intérieur du vaste bâtiment, une silhouette voisine l'interpella ; elle reconnut là Hannah Decker, fille du procureur général, qui avait fait grand bruit récemment. Nour avait déjà été amenée à fréquenter le patriarche, conservateur et républicain au possible - autant dire que ces deux-là étaient tout sauf faits pour s'entendre, et avaient été sujets à de nombreuses altercations au cours des années. L'élection de la Représentante Dahmani avait par ailleurs été vivement critiquée dans le camp Decker, et elle en retenait à son égard une certaine défiance, qu'elle avait apprise ces dernières années à ne voir que comme un effet secondaire du jeu politique. Il aurait pu en être de même avec sa fille, si elle n'avait pas fait parler d'elle dernièrement, et ce d'une manière qui avait particulièrement interpellée Nour. En annonçant ouvertement son homosexualité, Hannah avait gagné à la fois l'admiration et le respect de Nour : elle-même ne savait que trop bien le prix que pouvait avoir cette affirmation auprès d'une famille n'étant pas prête à l'entendre. Naturellement, elle l'avait contactée, lui faisant part de ses pensées, mais les mots glissés dans sa messagerie virtuelle étaient restés sans réponse.

« Bonsoir, » lança-t-elle en se dirigeant vers Hannah. Une fois à son niveau, elle lui tendit la main. « Nour Dahmani. Je ne crois pas que nous ayons déjà été présentées. » Elle lui adressa un sourire bienveillant, se gardant bien d'aborder le sujet brûlant trop rapidement. « La pièce vous a plu ? » Elle n'était finalement pas si surprise de la voir assister à un spectacle comme celui-ci ; voir des figures féminines fortes en scène, n'était-ce pas après tout un moyen comme un autre de prendre le contrôle de sa propre histoire ? C'est ainsi qu'elle l'avait, elle, ressenti, et peut-être en allait-il de même pour son impénétrable interlocutrice.

@ Invité

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Mar 17 Mar - 13:49

meet me halfway.
@Nour Dahmani & @Hannah Decker

Elle avait hésité à aller voir ce spectacle. Pas qu'il ne l'intéressait pas, au contraire. Quand le sujet avait été donné, quand le show avait commencé à être préparé, Hannah avait trouvé la chose forte intéressante. Histoire et féminisme. Deux choses qu'elle adorait. Elle en avait parlé avec Gabriele, beaucoup et avait même réussi à convaincre sa moitié de se joindre à elle pour aller le voir. Pas qu'il avait fallu beaucoup forcer. Dès qu'elle avait prononcé les mots « relecture féministe », elle avait convaincu la blonde de sa vie. La demoiselle avait donc pré-réservé deux places à l'époque. Et puis elle avait perdu l'amour de sa vie et oublié complètement sa pré-commande. Elle avait reçu les places il y a quelques semaines... et beaucoup pleuré. Malade à l'idée de donner la place à quelqu'un d'autre, la brune avait donc fortement hésité à y aller, mais ses proches l'avaient convaincu d'y aller malgré tout. « Tu es une image forte, maintenant, Hannah. Tu dois y aller. Pour toi, pour ton combat... pour elle... » Elle adorait cet homme qui était son meilleur ami depuis des siècles, vraiment, mais parfois, elle détestait sa si grande perspicacité. Elle n'avait pas pu se résoudre à donner l'autre place à quiconque cependant et avait donc indiqué à la compagnie qui avait finalement transformé sa pré-commande en invitation qu'elle n'en utiliserait qu'une. Ils pourraient revendre l'autre à qui ils voulaient.

Le spectacle avait été fantastique. Un peu faux au niveau historique, au nom de la romance, mais ça n'avait pas d'importance. La promesse de relecture féministe était tenue et la brune ne pouvait que regretter l'absence de personnage queer. On ne pouvait pas tout avoir.

Ayant besoin d'un peu d'air avant de retourner à la soirée organisée pour que les invités puissent rencontrer les acteurs, Hannah profita de la fin de la représentation pour sortir un peu sur le parvis du théâtre. Prise dans ses pensées, elle ne faisait pas attention aux gens autour d'elle, jusqu'à ce qu'une voix l'interpelle en lui souhaitant le bonsoir. La brune tourna la tête, découvrant la présence de Nour Dahmani. Si les deux femmes n'avaient jamais réellement été présentées officiellement, l'une comme l'autre se connaissait pour leurs positions autrefois opposées en terme de politiques. Même si Hannah n'avait jamais été très adhérente aux idées de son père, elle avait toujours joué parfaitement son rôle de petite fille modèle, lui donnant la même image conservatrice que son paternel, tout l'opposé de Nour, progressiste et ouvertement gay. Deux ennemis naturels dans le grand spectacle de la politique américaine. Une tendance qui s'était inversé ces derniers temps, quand Hannah avait annoncé son homosexualité. Nour s'était empressé de lui envoyer des messages que la miss Decker avait supprimé sans même les lire, comme elle l'avait fait pour tous les politiciens en quête de récupération qui s'était acharné à essayer de la contacter.

« Je sais qui vous êtes, mademoiselle Dahmani », dit-elle en guise de préambule, serrant sa main, par pure politesse et bonne éducation. « Bonsoir. » Experte en communication, l'autre femme commença par quelques politesses de rigueur pour créer un début de conversation. Hannah soupira. Elle connaissait les procédures de manipulation qu'employaient les gens comme elle. Elle savait ce qui se cachait sous la surface, quand on grattait le vernis. Elle avait passé sa vie entière dans ce monde que Dahmani n'avait découvert qu'avec le temps, l'expérience et l'ambition. « Si nous faisions comme si les politesses de bases avaient été respectées et que nous avions fini de parler de la pluie et du beau temps pour en venir directement au fait, voulez-vous ? » Une vie entière à respecter des règles improbables et contraignantes... Hannah en avait fini avec tout cela. Le rejet avait été violent et dans la bataille, elle avait mis la bienséance en mode OFF, au moins momentanément, crachant pour la première fois au monde tout ce qu'elle pensait et tout ce qu'elle voulait. Libre d'être celle qu'elle avait toujours été, sans filtres, ni retenue. « J'ai reçu vos messages, comme les centaines d'autres que vos homologues ont espéré m'envoyer en premier. Je serais directe : je n'en ai lu aucun. J'ai été l'instrument de mon père toute ma vie durant et mes récentes révélations ne me feront pas devenir l'instrument de quelqu'un d'autre. Je suis fatiguée de jouer à ces jeux de pouvoirs qui ne m'ont jamais intéressé et je suis fatiguée de servir les idéaux de gens qui se contrefichent de mes propres idées. »

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Ven 20 Mar - 14:56
meet me halfway.
@HANNAH DECKER + @NOUR DAHMANI

Nour comprend bien vite que leur échange s'annonce moins cordial qu'elle ne l'avait espéré. Elle ne sait pas ce à quoi elle s'attendait, très honnêtement, mais elle n'en reste pas moins surprise par le ton sec d'Hannah. Elle a cette attitude impressionnante et fascinante à la fois, de celle qui sait, mais aussi et peut-être encore davantage de celle qui n'a plus rien à perdre. Dans son regard, Nour retrouve un peu du paternel Decker : on y lit sang froid et détermination, à cela près que les yeux d'Hannah brillent d'un feu que l'on sent neuf.

« Si nous faisions comme si les politesses de bases avaient été respectées et que nous avions fini de parler de la pluie et du beau temps pour en venir directement au fait, voulez-vous ? » Nour hausse un sourcil, désarçonnée par la franchise de son interlocutrice, qui semble avoir définitivement tiré un trait sur les conventions. Ce n'est pas pour lui déplaire, à Nour, qui malgré l'habitude des échanges policés, n'est jamais contre un peu de spontanéité. A vrai dire, ça fait longtemps qu'on ne lui a pas parlé comme ça. Depuis son élection, tout autour d'elle n'est que politesses et courbettes ; à l'exception de ses amis, bien entendu. Son intérêt pour cette rencontre impromptue n'en est qu'accru. Hannah poursuit son allocution, associant directement Nour à tous les autres rapaces qui se seraient abattus sur elle suite à ses récentes révélations. Dans sa voix, on sent se dessiner une volonté de fer, et une terrible lucidité quant au monde qu'elle a côtoyé depuis toujours. Mais si la jeune représentante apprécie la franchise, elle aime franchement moins être associée à tous les politiciens qui auraient voulu récupérer la parole d'Hannah pour lutter contre son père et, plus largement, le vieux monde qu'il symbolise.

Nour fronce légèrement les sourcils, cherchant à répondre au mieux. Elle décide finalement que si son interlocutrice veut parler vrai, elle n'a qu'à en faire de même, et au diable l'étiquette. « Si c'est vraiment ce que vous pensez, c'est que vous ne savez pas vraiment qui je suis, Mademoiselle Decker. » Elle voudrait lui dire qu'il ne s'agit ni de récupération idéologique, ni d'un quelconque calcul politique, mais bien d'un réel geste de soutien. Mais Nour connaît les femmes comme Hannah - pour être elle-même une forte tête - et elle sait qu'elle va devoir faire ses preuves. « Puisque vous n'avez pas lu mon message, (sourire en coin avant de poursuivre) je vais vous le dire de vive voix : bravo pour votre prise de parole. Croyez-le ou non, mais je sais le courage que ça demande. »

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Mer 25 Mar - 14:41

meet me halfway.
@Nour Dahmani & @Hannah Decker

Hannah n'aimait pas les faux-semblants. Elle n'avait jamais aimé ça. Elle s'y était plié toute sa vie et puis elle avait rencontré Gabriele, une femme forte et terriblement libre de tout faux-semblants. Elle l'avait contrainte au mensonge, exploitant son amour pour la garder cachée, par peur d'assumer... Elle avait perdu Gabriele. Pas à cause des mensonges, mais quand même. Elle n'avait pas pu l'avoir entièrement, comme elle l'aurait voulu, elle avait tout fait pour la perdre comme il fallait : en toute honnêteté. Alors elle en avait fini des faux-semblants.

Heureusement, la brune semblait avoir compris le message et cessa donc de jouer des politiques de bienséances, parlant franchement à Hannah. C'est à cet instant, alors, que la femme obtint un peu de son attention. Hannah devait le reconnaître, le feu dans les yeux de Nour quand elle lui dit que si elle pensait ainsi d'elle, alors elle ne la connaissait pas, titilla sa curiosité. Elle l'écouta donc lui rendre, en substance, le mail qu'elle avait tenté de lui envoyer et Hannah eu un sourire triste. « Quel monde hein ? Un monde où il faut du courage pour tomber amoureuse, pour aimer publiquement, pour vivre heureuse... » Elle soupira. « Être applaudi pour avoir dit que j'aimais quelqu'un plus que ma propre vie... Je déteste cette idée. » Elle se tourna de nouveau vers la jeune femme, l'observant un instant avant de poursuivre. « Si vous ne voulez pas utiliser mes aveux pour quelque chose... Quel était le but ? De la simple sympathie ? J'ai arrêté de croire, il y a longtemps que les politiciens puissent avoir de nobles désirs derrière leurs actes. Allez-vous tenter de me détromper sur le sujet, mademoiselle Dahmani ? » Un léger sourire commença alors à s'afficher sur les lèvres de la brune, alors qu'elle attendait que l'autre femme lui répondre.

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