Elle travaille à la boutique, aujourd'hui. Lunettes sur le nez, elle regarde les pages d'un magasine sans conviction aucune et lutte contre la menace de l'endormissement. Il faut bien reconnaître que les après-midi des jours de semaine sont des journées creuses. Elle n'est pas suffisamment connue pour que les touristes se déplacent exprès pour elle, et les gens travaillent pour la plupart, alors elle occupe son temps à lire ou à dessiner les prochaines collections. Et puis d'un coup, allez savoir pourquoi, voilà que plusieurs clients entrent d'un coup, et lui posent des questions sur telle robe, sur telle pièce de lingerie, rougissant légèrement devant les sextoys. Elle est en train de conseiller quelqu'un quand elle aperçoit Malina qui entre dans la boutique. Il arrive qu'elles se concertent quand elles travaillent, l'une comme l'autre, Malina étant sexologue. Vera lui offre un sourire lui indiquant qu'elle arrive ; le temps d'encaisser une cliente qui repart, heureuse et rhabillée pour l'hiver. Quand Vera est enfin libérée, Malina se trouve devant la nouvelle collection, en présence d'un homme qui détonne étrangement dans la boutique, qui ne commercialise pour l'instant que le volet féminin de la collection (au sens large) de Vera. Elle s'approche de son ami et croise les bras en avisant le personnage fort peu sympathique qui semble insistant.

- On peut vous aider, Monsieur ?

Le type, qui n'a rien pour lui, attrape un des sextoys exposé pour le faire tournoyer, et Vera hésite entre éclater de rire et lui en coller une.

Malina ayant quelques emplettes à faire en prévision de son quatorzième anniversaire de mariage avec Cian, elle s’est libérée un peu de place dans ses rendez-vous au cabinet pour passer à la boutique de Vera. Elle adore y trainer lorsqu’elle a un peu de temps, étant une fan de la première heure de la collection de son amie, et ne manquant d’ailleurs pas de lui envoyer des clients lorsque ceux-ci sont susceptibles d’avoir besoin d’un peu de piment dans leur vie, ou de lingerie pour retrouver confiance en eux par exemple.

Sur place, avant même d’avoir le temps de dire bonjour à Vera, Malina est prise d’un fou rire alors qu’un client peu orthodoxe est en train de s’enthousiasmer tout particulièrement avec un sextoy. C’est peut-être pas le meilleur type de client à avoir dans la boutique, parce qu’il n’y a pas besoin d’être un expert en commerce pour savoir que ce genre de personnes n’achètera sans doute rien.

Après un échange de regard complice et amusé avec Vera, Malina ne peut s’empêcher de s’exclamer selon sa spontanéité habituelle. « Vous pensez que vous arriveriez à faire la même chose avec votre b*te ? » Elle se tourne vers Vera afin de la prendre à partie : « J’ai toujours aimé les hommes qui savent faire des beaux zizicoptères, pas toi ? »

Spoiler:

Vera éclate d'un grand rire franc sous le coup de la réplique de son amie. Le type a l'air d'un vrai con, maintenant, le sex toy à la main. Il a vraisemblablement un problème psychologique, mais Vera garde cette information pour elle parce que le moment est réellement drôle.

- Moi aussi, j'adore. Mais, je ne sais pas ce que tu en penses, mais...

Elle s'écarte un peu, et regarde l'homme dans toute sa hauteur, ses yeux s'arrêtant longuement au niveau de l'entrejambe de son jean.

- Moui. C'est bien ce que je pensais. A mon avis, Monsieur n'a pas le volume requis pour pouvoir s'adonner pour de vrai à un tel exercice.

Voilà le type qui repose le jouet et commence à rougir - de haine, évidemment, pas de gêne, ces mecs là ne connaissent pas la gêne. Elle croise les bras puis lève un index devant le mec qui s'apprête visiblement à répliquer.

- Ca n'est pas une fin en soi, Monsieur, d'avoir un petit sexe. Vous pouvez toujours acheter l'objet qui vous fascine tant pour compenser.

De légèrement rouge, le mec devient cramoisi, et rattrape le jouet pour le jeter par terre, ne trouvant d'autre répartie qu'un magnifique "Connasses" à leur lancer à la figure. Pitoyable. Elle laisse à Malina le plaisir de répondre avant de lui demander de déguerpir ; sinon, elle ne se gênera aucunement pour appeler les flics.

Vera se retient vraiment de ne pas rire. Elle a envie d'exploser de rire à la figure de ce type qui se croit tout permis, même si ça n'a fondamentalement rien de drôle en réalité. Il ne se permet d'agir ainsi que parce qu'elles sont des femmes et qu'il les associe de manière immédiate à de pauvres petites choses fragiles, quand en réalité elles ne manquent, ni l'une ni l'autre, de caractère. Vera pourrait aisément lui en coller une d'ailleurs, parce que cette attitude, qui l'amuse aujourd'hui car elle est tournée en dérision, la dégoûte.

Le coup de grâce étant cependant porté à son égo, l'abruti décide de prendre la fuite non sans avoir foutu par terre tout ce qu'il pouvait mettre par terre au passage. Vera secoue la tête et lève les yeux au ciel, s'avançant vers la pile de vêtements pour les ramasser, après avoir pris Malina dans ses bras pour la saluer.

- Ne t'inquiète pas, il a eu ce qu'il méritait. Mes clients habituels sont charmants, je dirais plutôt que c'est toi qui attire les fous.

Elle offre un clin d'oeil complice à son amie et éclate de rire.

La remarque de son amie ne manque pas de faire rire Malina. Elle aurait pu mal le prendre si c’était venu de quelqu’un d’autre, mais de Vera, rien ne peut l’offenser. Au contraire, elle décide même d’en rajouter une couche. « Es-tu en train de dire que c’est à cause de moi que les mauvaises ondes arrivent dans ton magasin ? » Elle tourne la tête de droite à gauche, faisant mine de ne pas y croire, avant de s’accroupir et de commencer à rassembler les vêtements qui jonchent le sol. Elle replie ceux pour lequel l’intervention est nécessaire.

Pendant ce temps, elle relève le regard vers Vera afin de lui faire part de la raison de sa présence. « Je fête mes 14 ans de mariage la semaine prochaine, et j’aurais bien besoin d’un petit quelque chose. Autant pour la tenue que pour le petit cadeau. » Son regard brille et ses pommettes se creusent, comme à chaque fois qu’elle a une petite idée en tête. « Ça va faire cliché venant d’une sexologue mais j’ai bien envie de faire une surprise à Cian, si tu vois ce que je veux dire. » Même si leur couple est loin d’être normal, étant donné leur polyamour qu’ils n’ont jamais caché, ils n’en restent pas moins des papy – mamy qui ont bien besoin de casser un peu la routine de temps à autres. « Tu as reçu des nouvelles petites choses ? »

Vera rit bien volontiers ; il est impensable de croire que Malina pourrait attiré une quelconque négativité dans le coin de sa boutique. Son amie est bien trop souriante et adorable pour ça.

- Je n'oserai pas, tu me connais.

Elle a déjà eu la visite de gens désagréables venus exprès pour jouer les voyeurs. Ce n'est pas son coup d'essai, et elle en peut blâmer personne pour la perversité des gens. Vera se penche avec son amie pour ramasser les vêtements qui ont atterri sur le sol, et la remercie d'un sourire chaleureux. Quand Malina lui explique les raisons de sa venue, Vera s'autorise un sourire taquin. Elle adore

- Je vois.

Elle prend le bras de son amie et l'entraîne vers la deuxième partie de la boutique, là où sont exposés les articles de lingerie et accessoires et jouets divers et variés.

- On est plutôt sur une célébration tendresse ou sur une célébration sexy provoc ? J'ai reçu plein de nouvelles choses. Niveau tenue, le rouge est classique mais ça marche à tous les coups - sinon j'ai une collection de fêtes ultra légère noire et dorée.

Clin d'oeil complice, elle erre entre les rayons en montrant les différentes pièces dont elle parle.

Malina savait pertinemment que Vera la comprendrait. C’est ça, l’avantage de connaitre un peu les gens et de n’avoir honte de rien : on vit pleinement sa vie sans se poser de questions inutiles, sans avoir peur du regard des autres et on avance bien plus vite ainsi. Si elle avait été renfermée sur elle-même, jamais elle n’aurait osé suivre la gérante des lieux vers la deuxième partie de la boutique.

« Je dirais bien sexy provoc. Enfin, disons que j’ai vraiment envie de le surprendre. »

Même si leur vie est trépidante et qu’avec la coréenne, il est bien rare que l’on ait le temps de s’ennuyer, il y a des sujets à ne pas prendre pour acquis et la vie sexuelle en fait partie. Le traditionnel, c’est bien, mais il faut savoir faire un peu plus. Vera montre des tenues à Malina, dont les yeux s’émerveillent. Que de beauté dans cette boutique. Son amie a vraiment très bon goût en matière de mode. Tout est chic, sexy sans être dans la vulgarité. Un style pour les femmes modernes.

« Je partirais bien sur la collection de fêtes ! »

Le noir fait toujours sensation, en rappel de sa chevelure et le doré ne manquera pas de rappeler l’éclat de ses yeux. Malina observe les quelques pièces et rapidement, son regard se pose sur un petit ensemble qui parait être une évidence.

« T’en penses quoi ? Tu me sauterais dessus avec ça ? »

Se faire désirer par les femmes ou par les hommes, c’est la même chose pour Malina, bien que la personne qu’elle cherche à impressionner ce soir, est son mari.

« J’avais pensé à un accessoire aussi, genre un truc qui se commande à distance… »

Vera suit son amie qui connait bien la boutique et qui se dirige immédiatement vers le stand que la jeune femme lui aurait recommandé. Malina est superbe, et Vera ne doute pas que peu importe l'ensemble qu'elle choisira, il lui ira à merveille et suffira à allumer la petite flamme de désir significative dans les yeux de son mari. Elle acquiesce vivement quand Malina lui sort un petit ensemble de la collection de fêtes, et croise les bras pour la détailler sans se cacher. Vera est, depuis très longtemps, complétée décomplexée par sa façon de vivre sa propre sexualité. C'est son jardin secret, un jardin qu'elle cultive sans complexe, sans se poser de question, poussée par ce qu'elle ressent.

- Je te sauterais dessus avec moins que ça, tu le sais bien.

Elle hausse une épaule et offre un sourire charmeur à son amie.

- Prend-le, il est parfait. Quand à l'accessoire, j'ai ce qu'il te faut. Il représente un léger investissement, mais je te ferai un prix d'amies, et il est impossible que tu sois déçue.

Elle l'entraîne vers un comptoir et s'empare d'un objet dont la taille est assez limitée, qui se compose de plusieurs étages.

- Ca. Tu le portes, tu confies la télécommande à Monsieur, et il s'occupe du reste. Six fréquences de vibration pour faire durer le plaisir. L'extase assurée.

Vera offre un sourire triomphant en tendant l'objet, attendant une réaction positive ou non de son amie.

Malina sourit, encore et toujours. Toujours heureuse d’entendre des compliments, avide d’en entendre même. Elle est une femme qui aime plaire, qu’il y ait ou non des arrières pensés derrière. Elle n’est pas pour autant du genre à coucher avec n’importe qui, mais il vit l’amour comme il vient, profitant de chaque occasion de bonheur que la vie lui offre. « Petite coquine. » Elle lance, amusée, à son amie. Vera sait également à quel point c’est réciproque. Rien de telles que les belles bouclettes de la gérante de boutique pour faire fondre la coréenne.

Malina prend l’ensemble et pose le soutien-gorge au niveau de sa poitrine, au-dessus de ses vêtements pour se faire une idée générale de quoi elle aura l’air dans le vêtement. Elle se regarde dans la glace et acquiesce de la tête, déjà conquise. « Adjugé vendu, je le prends ! » Puis, elle regarde l’accessoire que lui tend Vera. « Parfait ! Exactement ce à quoi je pensais. » Coquin, sexy, sans être trop provocant. De quoi mettre un peu de piment, tout en gardant l’essence de leur couple. Malina attrape l’objet pour l’examiner sous différentes coutures. Un frisson d’excitation la parcoure. « Testé et approuvé ? » qu’elle demande en grande curieuse qu’elle est, même si ça ne la regarde absolument pas.

Au moins, le shopping aura été rapide. « Tu peux me l’emballer ? » Elle offrira le tout au restaurant à Cian, c’est décidé, à moins que les plans changent et ne lui permettent pas de le faire. « Et sinon, quoi de beau à me raconter ? Toujours aussi concentrée sur ta boutique et rien que ta boutique ? » Ceci n’est aucunement un reproche de la part de la coréenne, au contraire, elle apprécie les gens capable de se plonger à fond dans leur passion.

Vera rassemble tous les excellents choix de son amie pour pouvoir les lui emballer dans des jolis paquets, à l’avant de la boutique. Elle lui offre un sourire entendu quand Malina lui demande si les accessoires sont testés et approuvés, et s’autorise même un clin d’oeil.

- Je teste tout ce que je confectionne, tu imagines bien. Pour m’assurer que tout... fonctionne bien.

Elle sourit de plus belle et hausse une épaule presque innocente. Presque. La vie sexuelle n’a jamais représentée ni un tabou ni une difficulté pour Vera, qui est une jeune femme ouverte et accomplie sur ce plan là, et ce malgré ses origines familiales. Les Gardner ont eu quelques enfants assez ouverts, mine de rien, ce qui reste surprenant. Heureusement - ou malheureusement, c’est selon - Theo est là pour rattraper la situation. Aux yeux des parents, en tout cas. Cela dit, Vera est très discrète sur sa vie sexuelle et sentimentale quand elle est en famille.

- Oh, moi tu sais, à part les déjeuners familiaux et les nouvelles collections...

Elle hausse une épaule amusée.

- Il ne m’arrive pas grand chose. Quelques dates tinder ici et là mais qui n’ont jamais pour but d’aller bien plus loin que leur utilité première... Tu vois ce que je veux dire.

Son sourire redouble ; elle prépare le paquet de son amie en même temps qu’elle raconte.

- Et toi alors ? Tu es radieuse.

La réaction de Vera n’étonne en rien Malina que le tout amuse. C’est cette décomplexité de la jeune femme Gardner qui a fait tout de suite craquer l’asiatique sur elle. Elles ne se prennent pas la tête et la coréenne peut être naturelle avec elle, sans aucune peur d’être jugée. C’est quelque chose de précieux pour elle, étant donné que c’est loin d’arriver souvent. « Ouais, il faudrait pas qu’un client retourne le produit. » Lui donne-t-elle en argument, un immense sourire aux lèvres.

Puis, la sexologue hausse les épaules quand Vera lui parle de ses dates tinder. La jeune femme n’a jamais trop été site de rencontres, tombant naturellement sous le charme de quelqu’un dans la rue, ou à la moindre occasion, mais pour autant, elle ne bannit pas du tout ces pratiques, loin de là. Elle, n’a pas besoin de sexe car elle a déjà tout ce qu’il faut avec Maddi et Cian. C’est l’amour qui la fait vivre, les sentiments, tout ça. « Du moment qu’ils servent à quelque chose, ce n’est pas du temps de perdu. » Tout le monde n’a pas envie de se caser, de se marier, d’avoir des enfants. Mais du moment que chacun est heureux avec sa vie, Malina approuve

« Tu m’as déjà vu, pas radieuse ? » Lance-t-elle en riant. « Ça se passe merveilleusement bien avec Cian et Maddi et… j’ai rencontré quelqu’un. C’est tout nouveau, ça fait une semaine, donc je suis toujours toute folle pendant la phase séduction. » Pour l’instant, rien de bien sérieux ou officiel. Elle en a touché deux mots à Cian et Maddi évidemment, mais sans plus, chacun ayant tout de même son petit espace de liberté. « Je te raconterais tout ça si ça se concrétise davantage, mais en attendant, mon prochain client ne va plus tarder. » dit-elle après avoir vu l’heure sur son téléphone portable. Manquerait plus qu’elle soit en retard car elle achète des jouets coquins…

Vera ne peut qu’acquiescer à la remarque de Malina sur les dates tinder. Elle serait bien mal placée pour cracher sur cette application qui l’a, à de nombreuses reprises, sauvée de soirées d’ennui passée à manger de la glace sur son canapé - non pas que ce ne soit pas une très bonne occupation, mais Vera a la bougeotte, et surtout, il faut bien le dire, une vie sexuelle développée et une libido exigeante. Alors l’application fait très bien l’affaire pour ce dont elle a besoin. Pour le reste, elle préfère ne pas trop y penser, parce qu’elle n’a pas l’impression de savoir réellement ce qu’elle veut, ni où elle en est, et que mine de rien, l’horloge tourne. Bientôt - enfin, dans quelques années - la question de la maternité naturelle ne se posera plus. Et si Vera n’est pas absolument certaine de vouloir transmettre sa névrose et sa folie à un enfant, elle n’est pas non plus sûre de ne pas en vouloir du tout, ce qui complique un peu les choses.

- Je compte sur toi pour me raconter les détails croustillants un jour où tu auras un peu plus de temps, alors.

Elle offre un sourire à son amie, lui remet son sac et l’accompagne jusqu’à la porte de la boutique pour lui claquer une bise sur chaque joue, the french way.

- Je t’appellerai pour qu’on se fasse un restau ou un verre un de ces quatre, d’accord ? Bon courage avec ton patient !