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La mélopée d'une amitié feat.Orion

@ Invité

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Mer 15 Jan - 11:26
Le Row Theatre,
Dans le Midtown,

Le théâtre était encore bien calme, comme assoupi. Elle aimait y arriver avant que l'agitation de la vie, la troupe, ne vienne éveiller ce lieu qui ne cessait de la faire rêver. Le metteur en scène, faisant pour une fois preuve de gentillesse envers celle qu'il ne cessait pourtant de chahuter, d'humilier même parfois, lui avait exceptionnellement laissé les clés. Pour qu'elle puisse vaquer à ses occupations, tout préparer pour cette répétition où, une fois encore et parce qu'Astrid ne pourrait être présente, Hazel se préparait à devoir endosser le rôle de Janet. Et ses lèvres qui s'étiraient en un sourire où la gêne se le disputait à l'excitation... Elle avait beau s'en défendre encore et encore, la jeune demoiselle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aimait la sensation, toutes ces émotions si doucement violentes, que la scène lui offrait. L'impression d'être curieusement à sa place. Le plaisir, insoupçonné et encore très loin d'être assumé, de pouvoir chanter, laisser sa voix s'élever elle qui, le reste du temps, ne faisait jamais que murmurer, s'excuser presque d'exister. Oui, la scène lui plaisait. A moins que, ne songea-t-elle en rougissant jusqu'aux oreilles, ce ne soit la perspective de se retrouver dans les bras d'Aidan qui ne la rende aussi joyeuse, impatiente même... C'était idiot, sans le moindre doute possible, mais cet homme lui faisait aussi bien perdre tous ses moyens que, paradoxalement, il était le seul à parvenir à si bien lui donner confiance en elle. Aidan Blackson... Le prénom tournoyait en son esprit, dansait sur ses lèvres, agitait son cœur d'une façon que la brune ne parvenait pas encore à s'expliquer. Ne voulait, en réalité, pas s'expliquer. Il n'y avait jamais que dans les plus niais et débiles des films que les princes comme lui regardaient les grenouilles comme elle, non ?

Des loges qu'elle visitait une dernière fois, les unes après les autres, s'assurant que tout était fin prêt. Et son regard qui glissait sur l'horloge. Elle avait encore du temps avant que le théâtre ne s'éveille et que, pour une fois encore, elle ne se prenne pour une comédienne. Ridicule, ça aussi. Hazel se voyant toujours bien plus comme celle qui passait le balai en coulisse que comme une prétendue artiste ! Son regard qui, presque par hasard, se posa sur cette guitare qui ne la quittait jamais désormais. Son plus grand trésor, le seul en réalité. Une hésitation. Encore un regard à la pendule. Orion lui avait promis de passer la voir avant la répétition. De rester pendant la répétition même... et une grimace timide à la face de poupée de celle qui roulait des yeux. Oh elle adorait cet homme qui, après l'avoir trouvée rien de moins que le nez dans les poubelles de l'Outpost, était parvenu à l'apprivoiser. Ce n'était pas encore toujours évident entre eux, la demoiselle étant bien trop marquée par ses années passées dans la rue mais avec lui les choses paraissaient si simples, presque évidentes. Et Hazel aimait à passer ces moments, presque toujours trop courts, en compagnie de celui dont elle appréciait sans s'en méfier la bienveillante douceur. Elle aurait pu se contenter de dire qu'il ne s'agissait là que de gratitude mais, non, il y avait autre chose. Comme si, elle qui avait été abandonnée de tous, avait trouvé en ce barman un frère, un début de famille. Celle que l'on choisit et non dont on hérite. Et alors qu'elle s'installait sur scène, laissait ses doigts gratter doucement les cordes de son instrument, elle pensa que, sans Orion dans sa vie, même ce job au théâtre elle n'aurait pu l'obtenir. Parce que c'est Orion qui lui apprenait, si doucement, à s'ouvrir au monde et à ces autres que sinon elle aurait continué de fuir. C'est grâce à cet homme au cœur d'or qu'elle commençait, lentement mais sûrement, à trouver sa place.

Des notes qui s'élevaient, apaisaient son âme pourtant tellement meurtrie encore. Et sa voix, plus puissante que ne le laissait supposer son gabarit de crevette, qui venait à son tour éveiller le théâtre. Elle chantait et, curieusement, se sentait bien. Quand elle se laissait aller à s'exprimer ainsi, alors tout lui semblait tellement plus simple ! Tellement évident ! Elle chantait, mettait en notes et en paroles, ce que ses lèvres n'osaient pas exprimer autrement. Sa gratitude pour celui qu'elle n'avait pas vu arriver et qui s'était installé sur un fauteuil dans la salle et semblait l'écouter, silencieusement. Elle chantait, ses sentiments encore confus, pour celui que, déjà, elle nommait avec pudeur son roi. Combien de temps cela dura-t-il ? Elle n'aurait su le dire. Tout à son art elle n'avait pas vu le temps filer. Et ce ne fut que lorsque, à la fin de l'une de ses compositions, alors qu'elle relevait la tête qu'elle vit son invité du jour. Blêmissant à une seconde pour mieux s'empourprer à la suivante, elle avait posé sa guitare sur les planches et, sautant à bas de la scène s'était précipitée vers celui au cou duquel elle se pendit un instant. Des bises sonores qu'elle claqua à chacune de ses joues et enfin son corps qui se reculait, si maladroit comme toujours qu'elle manqua de peu de s'affaler au sol. Riant de sa propre maladresse elle avait grimacé comme une enfant qu'elle était encore parfois tellement et venant poser ses fesses sur le bord de la scène elle avait dit

« Heureuse de te voir ! Et, pardon, pour t'avoir imposé pareil spectacle ! Ca va tes oreilles ? Je ne les ais pas trop écorchées ? » puis, haussant les épaules et comme pour mieux tenter de se justifier pour sa prestation qu'elle n'imaginait que mauvaise elle avait soupiré « A force de traîner à l'Outpost j'imagine qu'il fallait bien que ça finisse par m'arriver à moi aussi, non ? Enfin me prendre pour une artiste quand personne ne m'entend ni ne me voit ça peut pas faire de mal je pense hein ? » puis, tendant la main vers celui qu'elle invitait à la rejoindre sur le bord de la scène elle avait laissé son regard embrasser la salle où ils étaient «Voilà mon autre royaume en dehors du bar... C'est là que je bosse... Là, aussi, que je l'ai rencontré... Le plus insupportable des anges faits hommes... Le plus merveilleux des rois... » un soupir bien trop alangui pour ne pas qu'il trahisse ses sentiments naissants, et le rouge à ses joues qui ne s'estompait pas même quand, se tournant vers le barman elle demanda «Mais et toi, dis-moi tout ! Comment vas-tu depuis la dernière fois ? C'est vrai on parle toujours de moi et de mes déboires mais … toi ? Quid de ta vie mon bel et si adorable Orion ? Raconte-moi ! »

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