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Rescue and Restore. | ft. Sheru

@ Invité

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Mer 26 Fév - 11:01
Rescue and Restore.

La lumière tamisée se dispersait sur cristal, strass et diamants. La cacophonie des multiples discussions, des rires fluets, de la vaisselle qui s’entrechoque accompagnait la musique jazzy en guise d’ambiance. Et moi, verre alcoolisé à la main, coude levé, lèvres pincées, aux aguets d’une quelconque figure connue auprès de laquelle me réfugier. J’avais la désagréable sensation d’être épié, d’être la cible d’oeillades fouineuses. Comme si tout le monde ici présent se demandait comment Kenneth, récemment fauché, osait participer à la soirée. J’ai soupiré et secoué la tête pour moi-même, rangeant mon égo bien au fond de mes poches. Je n’étais pas le centre de leur monde.
La vérité, c’est que j’avais pas envie d’être là, au milieu de tous ces milliardaires, à serrer des paluches et servir des sourires affables à tous les bouffons qui feraient mine de s’intéresser à moi de près ou de loin. C’est Samara qui avait insisté, prétendant que ça me ferait le plus grand bien que de sortir un peu, et de rajouter suite à mes protestations que mes virées au Casino n’étaient pas une excuse valable, et n’invalidaient en rien sa proposition forcée de me pointer au Soho house ce soir pour y rencontrer du monde. “Tu pourrais y rencontrer quelqu’un pour te relancer”, avait-elle dit, mais j’aurais préféré vider les poches d’un amateur à une table au tapis vert que d’être coincé comme une sardine entre tous les dandys et coquettes de la Grosse Pomme.
J’aurais bien envoyé paître Sam’, mais ç’aurait été cracher dans la soupe. Et par ailleurs, je refusais de perdre mon statut au Gotha. Il est vrai que je m’accrochais à l’appartenance à ce groupe comme un animal se réfugie sur l’arbre le plus haut d’une forêt qui brûle, même si je refusais de le reconnaître.
J’ai calqué une moue un peu hautaine sur mes traits et redressé les épaules, histoire de faire bonne figure, et j’ai avancé entre les convives, à la recherche de bonne compagnie. J’ai grincé des dents en me rappelant que, quelques mois auparavant, j’aurais évolué ici comme un poisson dans l’eau. Perdu dans mes pensées, j’ai heurté le dos d’un bonhomme. J’ai étouffé un juron. « - Veuillez m’excuser. » ai-je marmonné, et j’aurais probablement passé mon chemin si je n’avais senti un regard intrigué glisser sur moi. J’ai relevé la tête, posé mes yeux sur celui qui s’était retourné depuis la collision, et je lui ai retourné son oeillade étonnée. « - Monsieur Kapoor... » l’ai-je salué en inclinant légèrement le menton.
Nous nous étions déjà rencontré. C’était un ancien trader ; un milieu qu’il avait, à en croire les rumeurs, quitté de lui même. Savait-il ma déroute ? J’ai tremblé de malaise. J’aurais pu prétexter n’importe quoi pour m’esquiver, mais pour je ne sais quelle raison, je suis resté planté devant lui à le dévisager, pris au piège de ces yeux noirs qui me scrutaient avec profondeur.

@ Invité

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Sam 29 Fév - 12:44


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


Il était là, une coupe de champagne à la main, depuis une bonne heure et déjà, le bruit et les bavardages lui donnaient la migraine. Son hyper sensibilité, Sheru n’était plus capable de la dissimuler très longtemps. Plus autant qu'avant en tout cas. Vêtu d’une chemise émeraude tirant sur le noir et d’un pantalon sombre, il avait laissé sa veste au vestiaire, la chaleur de la pièce ne rendant pas facile le port d’un costume entier. Malgré la fatigue ressentie, ça n’était finalement pas si difficile de se glisser dans ce monde une nouvelle fois. Les habitudes revenaient très (trop?) vite, les sourires discrets, les petites boutades et les conversations autour de sujets qui le faisaient pourtant vomir dès qu’il quittait ces lieux emblématiques. Pourtant, l’indien réussissait à faire illusion, son charisme et sa réputation l’aidant beaucoup à s’immiscer dans le monde huppé de New York, quelque peu différent de celui de Londres.
Bloom n’était pas là ce soir mais Sheru se devait de continuer à tisser des liens autour de ces femmes et hommes pou mieux comprendre c que la famille Walton avait comme impact sur le Gotha. Il n’eut pas le temps de réagir lorsque quelqu’un le bouscula en arrière. L’ancien lui aurait feulé comme un chat, les sourcils froncés et le menton levé, avec une remarque acerbe qui aurait fait rire l’assemblée. Mais le nouveau préférait rester silencieux et se retourner pour simplement voir à qui il avait à faire.  Et il avait eu raison de ne pas réagir en voyant Kenneth Myers, un jeune homme rencontré lors de la dernière soirée du Gotha, face à lui.

- Kenneth, je suis ravi de vous revoir ici !

Sheru ne mentait pas, le jeune trader (ou ancien trader vu ce qu’il avait cru comprendre de son histoire) lui rappelait lui au même âge, avec un côté plus flambeur  que Sheru n’avait jamais atteint. Lui offrant sa main pour le saluer, son interlocuteur d'avant avait déjà disparu, lui permettant de rester converser avec le trader..

- Et appelez moi Sheru, j’ai l’impression d’avoir 50ans quand on utilise Monsieur Kapoor ! Comment allez-vous depuis la dernière fois ?

Un peu de bavardage très peu intéressant mais il était primordiale pour l’indien de créer un lien avec lui. Car de ce qu’il avait pu déceler comme informations, Kenneth Myers n’avait plus sa place ici depuis longtemps et Sheru ne pouvait le laisser se perdre ainsi. C’était à l’encontre de ses principes, de voir le jeune homme se créer une fausse réalité pour simplement rester parmi les gens de ce cercle prisé. Dangereux, le mot était même faible pour la situation dans laquelle Kenneth se laissait couler. Car lorsqu'on commençait à se jouer de ce monde, ce monde vous dévorait tout cru sans vous laisser une porte de sortie.

@ Invité

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Mar 10 Mar - 11:13
Rescue and Restore.

Sa question m’avait rendu suspicieux ; voulait-il simplement savoir comment j’allais ? Ou bien sous-entendait-il plutôt “comment allez-vous, depuis que vous avez été viré” ? J’ai froncé les sourcils. Sheru Kapoor… J’ai examiné l’homme sous toutes ses coutures. Il avait beau dire qu’il préférait qu’on l’appelle simplement Sheru, qu’il aurait sinon l’impression d’avoir la cinquantaine, il émanait de lui une aura sereine qui lui donnait dix vies de plus. Dans la douceur de ses traits, on peinait à imaginer le financier chevronné, l’homme au dents longues à en rayer le parquet, le requin de Londres. Je me suis demandé si tout cela n’était pas surfait, rien qu’une histoire amplifiée que l’on sert sur le nouveau continent pour épater la galerie, pour se construire de toutes pièces une réputation. Mais quand, finalement, mes yeux ont retrouvé brièvement les siens, dans l’intensité de son regard j’ai su déceler un quelque chose, ce je-ne-sais quoi qui me convainquait de la véracité des rumeurs courant à son sujet.

Et j’ai aussi compris ce qui m’avait empêché de bouger, de fuir cette conversation à venir.
Il me renvoyait à mon propre avenir, aux possibilités qui s’offraient désormais à moi mais que je refusais d’envisager. Nous étions si semblables, que j’ai eu brièvement l’impression d’avoir un aperçu de ma personne dans quinze ans. De regarder à travers un miroir projetant un reflet futur. Tous deux de racine indienne, tous deux issus de la finance, et tous deux désormais à l’écart de ce monde.

« - On fait aller… Et vous ? » Je marquais une brève pause, puis je posais soudainement une autre question, à brûle-pourpoint. « - Pourquoi avez vous quitté la finance ? » Je l’ai fixé avec un air de défi, comme un reproche. Il avait sciemment quitté le milieu duquel on m’avait rejeté.
Je suis subitement revenu sur mon jugement.
Nos histoires n’avaient rien en commun. C’était le jour et la nuit.
Il est le jour, je suis la nuit ai-je pensé amèrement.

@ Invité

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Dim 15 Mar - 17:41


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


La réponse ne lui convenait pas mais il n’en laissa rien voir à Kenneth. Bien qu’ils ne se connaissaient pas, Sheru était doué d’une telle empathie que savoir un jeune trader dans de telles difficultés l’inquiétait beaucoup. Il n’avait pas vécu ça, pourtant, il pouvait aisément comprendre ce que tentait de faire l'homme pour rester à cette place qui lui semblait être la seule à lui convenir. Rien que le voir encore ici, au Gotha, dans ses plus beaux apparats prouvaient à l'ex-trader que Kenneth Myers n'avait pas dit son dernier mot malgré un futur quelque peu brouillon.

- Je vais bien, merci !

La réponse fut courte, une gorgée de boisson prise avant de froncer légèrement des sourcils en comprenant la route que prenait leur conversation. Sheru aimait ça, la sincérité et aller directement à l’essentiel. Il avait parfois du mal à lire entre les lignes et dans ce milieu, il avait été réputé pour son franc parlé à contrario de beaucoup de ses semblables qui emballaient leur proposition dans du papier doré.
Esquissant un léger sourire en coin, Sheru l’invita à reculer un peu de la foule. Pas qu’il avait envie d’évoquer son passé en toute discrétion, juste que les oreilles qui trainaient sans y avoir été invité, ça l’agaçait plus que de raison.

- Ça vous intrigue plus que le fait de me voir ici ?

Sheru avait répondu sans gêne, sachant pertinemment que sa présence ici était quelque peu étrange quand on en apprenait plus sur son passé. Il avait quitté le monde huppé de Londres et revenait telle une fleur dans celui de New York 3ans après. Un peu illogique et qui pouvait attiser la curiosité mais tant que le Gotha était payé à l'entrée, on l'avait laissé venir sans trop s'en inquiéter. Surtout que Sheru avait été généreux.

- J’ai fais un burn out, tout simplement.

Pas tout simplement mais il n'avait pas envie de parler d'Andrew, de leur engueulade, de la fausse erreur faite et de la colère de Sheru qui avait été l'une des raisons du suicide de son ami. Il y en avait d'autres bien sûr, comme l'état psychique d'Andrew, sa sensibilité, sa peur de tout rater. Mais malgré tout, l'indien culpabilisait toujours autant de lui avoir dit toutes ces choses avant de disparaitre de leur appartement en claquant la porte.

- Je me suis brûlé les ailes en atteignant ce que je pensais être le but de mon existence... Et je me trompais mais j'étais déjà cramé de bout en bout.

Et il n'avait pas honte de le dire, allant mieux à présent bien qu'il devait faire attention à la moindre source de stress professionnel.

@ Invité

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Ven 20 Mar - 1:32
Rescue and Restore.

J’ai jeté un regard dédaigneux par dessus son épaule, comme finalement désintéressé de la réponse, alors que je brûlais de savoir. Je savais qu’il m’observait. Quand j’ai reporté mes yeux sur lui, il m’a discrètement invité à nous écarter des autres. J’ai marqué une brève hésitation et je l’ai finalement suivi. Toute mon attention était braquée sur lui, toute ma capacité d’écoute était à sa disposition. J’étais comme happé par sa silhouette, chaloupe qui navigue après son phare, esquivant les autres membres du Gotha pour me faufiler à sa suite verre en main.
Je n’étais pas idiot ; s’il m’entraînait sur le côté, c’est qu’il souhaitait me conter une histoire qu’il n’espérait pas voir tomber dans toutes oreilles. De façon générale, je ne le comprenais que trop bien : on ne taillait pas innocemment la bavette au Gotha, on ne discourait sûrement pas de ses points faibles dans ce nid de vipères, ou c’était se tirer une balle dans le pied.

Je lui ai rendu son sourire, en un brin plus insolent. « - On se rend parfois à des endroits alors que l’on ne souhaite précisément pas s’y trouver. Et vous m’avez tout l’air d’être aussi… vous m’avez l’air perdu, à vrai dire. » ai-je osé, tout en retenant la comparaison à ma propre personne. Il n’avait pas besoin de savoir que je n’étais pas réellement à mon aise ici ce soir. J’ai patiemment attendu la suite. L’aveu. Comment avait-il fini par devenir ce Sheru là ? Pourquoi était-il devenu ce Sheru là ? Pour moi, tout cela n’avait aucun sens. Lorsqu’on touche du bout des doigts le sommet de la finance, lorsqu’on tutoie le pouvoir… Ah ! Là, le monde prend un tout autre visage. L’on peut regarder avec condescence vers les autres, figer un air bravache sur ses traits et se dire qu’on a triomphé du système. Cette sensation de toute puissance, lorsque l’argent coule à flots, que le seul statut qu’on vous accorde vous ouvre toutes les portes… dans une ville telle que New-York, l’on s’enivre.

« - J’ai fais un burn out, tout simplement. »
Je suis resté penaud de ce simple aveu. C’était tout ? Un mal banal du vingt-et-unième siècle, qui rongeait les cadres à responsabilité du monde entier. C’était tout ce qui l’avait frappé ? Un vulgaire burn out et il avait pris la poudre d’escampette ? J’ai eu un goût amer dans la bouche, et j’ai sifflé une réponse acide.
« - Ah, vous n’avez pas su tenir la pression du job. A vous voir, j’aurais pourtant pensé que vous aviez les épaules. » J’ai haussé les miennes. Moi aussi, je m’étais brûlé les ailes, à m’être cru invincible. Mais j’escomptais bien remonter en selle, et ce le plus vite possible. « - Et c’était quoi, ce but ? » ai-je tout de même demandé.
J’ai achevé mon verre d’une longue traite, j’ai grincé des dents puis j’en ai repris un second. Quitte à parler de choses désagréables, autant se rincer le gosier.

@ Invité

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Sam 28 Mar - 10:24


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


Étouffant un rire, il était difficile à Sheru de ne pas voir en Kenneth le fantôme de ce qu’il avait été. Myers parlait plus que lui a son âge mais il y avait dans sa façon de s’exprimer, un certain dédain que Sheru reconnaissait pour en avoir été lui même porteur. Surement que toutes les femmes et tous les hommes de ce cercle privé avait cette façon bien à eux de faire comprendre aux autres leur façon de penser : le burn out ici, n'était vu que comme un échec, une défaite qui n'arrivait qu'aux plus faibles. Sheru lui-même avait pensé ça quand les mots avaient été mis sur son diagnostique. S'il avait été plus attentif, il aurait vu les mêmes symptômes chez Andrew, aurait pu peut-être l'aider avant que l'homme décide d'en finir dans la Tamise. Ce monde détruisait tout et modifiait même les définitions des mots.
Au final, Kenneth n'était que le fruit d'un monde qui avait plu à Sheru, avant de le briser et de le laisser à l'abandon.

Avalant une gorgée de sa boisson, il fit tourner le verre entre ses doigts avant de relever les yeux.

- Comprendre et contrôler le marché.

Les yeux hauts, l’air bravache, l’appât du gain n’avait jamais été dans les objectifs de Sheru. Il avait été élevé ainsi, sa religion le lui interdisait. Mais bien que les zéros sur son copte ne banque lui faisaient plaisir, la compréhension des hommes et prouver que les chiffres pouvaient contrôler tout un monde, c'était ça qui l'avait rendu fou au point d'oublier tout ce qu'il avait été.

- Et pour votre gouverne, j’ai su tenir la pression. Mais il y a des évènement qui vous obligent à reculer si vous ne voulez pas y perdre plus que de l’argent.

La santé, la vie. La famille, tout. Sheru avait déjà mis de côté le premier et le dernier mais celui du milieu… La perte d'Andrew avait été son alarme, avait suffi à le réveiller. Même si c'était un peu trop tard.

- Et vous Kenneth, qu'est ce qui vous a fait couler ?

Le mot était aussi dur que son air taquin. Sheru était un homme bienveillant mais parfois, il fallait être redoutable pour faire comprendre aux gens que le problème n'était pas les autres. Que s'il y avait des efforts à faire, c'était de leur côté, pas en accusant le reste de l'humanité.


@ Invité

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Lun 30 Mar - 0:29
Rescue and Restore.

« - Comprendre et contrôler le marché. »
Intéressant. J’ai été tenté de feindre mon désintéressement, mais j’avais toujours été curieux, d’un appétit intellectuel intarissable, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de mon domaine de prédilection. Quelque part, je me suis reconnu dans cette courte explication. Comprendre, contrôler… des termes qui faisaient écho à ma soif de gains, à ma propre idéologie de la finance. Analyser, dominer, diviser pour régner. C’était là mes termes favoris, de simples adjectifs qui résumaient mon credo.
Et ainsi cet objectif, certes ambitieux, l’avait mené au burn out ? C’était une explication vaseuse, me semblait-il. Je m’apprêtais à lui faire savoir, mais Sheru m’a pris de court. « - Et pour votre gouverne, j’ai su tenir la pression. Mais il y a des évènement qui vous obligent à reculer si vous ne voulez pas y perdre plus que de l’argent. »« - Hm. » J’ai marqué une pause, prenant le temps d’analyser ce qu’impliquaient ses mots.
Moi non plus, je n’y avais pas perdu que de l’argent.
J’y avais perdu mon métier ainsi que mon statut. J’y avais perdu mon honneur, mon immense fierté à braver les marchés financiers au nez et à la barbe de tous ces vieux croûlants qui se disent traders, alors que le monde et la technologie les ont depuis longtemps dépassé. J’y avais perdu ma confiance, cette voix bravache qui m’avait toujours poussé à aller de l’avant, à décrocher l’impossible. Et depuis, je me terrais chez moi, anéanti, déambulant dans ma nouvelle colocation comme un zombie. Je ne dormais quasiment plus. Je ne sortais plus que pour me démolir un peu plus, soit dans les bars soit au casino, et là-bas j’y jouais un simulacre de jeu d’argent, une pâle copie des intrigues boursières qui sustentait tout juste ma faim de risque, qui me poussait à dilapider les maigres économies qu’il me restait encore. Tout ça pour un seul échec, comme une explosion qui était venu réduire à néant la montagne de succès le précédent.
« - Et vous Kenneth, qu'est ce qui vous a fait couler ? »
Sa question m’a ramené à l’instant présent. J’ai jeté un regard, au loin, et j’ai serré le poing dans ma poche. Il savait, donc. Je ne pouvais pas dire que j’étais surpris ; les rumeurs allaient bon train, ici. Mais quelque part, j’avais espéré que personne ne savait. Que je pouvais continuer à jouer les traders en vogue, à bomber le torse devant les femmes fortunées, à serrer la poigne des autres nantis à leur en casser les doigts. « - Une erreur de jugement. » ai-je coassé entre deux gorgées, évasif, en lui adressant un regard courroucé. Une façon simple de résumer le tout.
Je me surprenais quelque peu à l’avoir présenté ainsi. Jusqu’ici, j’avais repoussé la faute sur la malchance, Vanya, un complot. Qu’importe, du moment que je pouvais me défiler. C’était la première fois que j’admettais à haute voix avoir fauté.
Une confidence à un confrère.

@ Invité

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Dim 5 Avr - 14:10


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


À cet instant, l’âge plus avancé de Sheru et en connexion, sa maturité dans cet univers de gains et de pertes, était plus lisible qu’au tout début de leur conversation. Sheru croyait aux expériences de la vie, pas à l’âge.Mais Kenneth lui semblait si jeune et naïf qu'il eut du mal à penser autrement. Il était encore un nouveau dans ce monde, un débutant malgré un talent certain et une appétence très forte pour le marché. C’était peut-être orgueilleux de penser comme ça, de se sentir plus important et conscient de ce monde à cause de ses 10ans en plus mais Sheru se reconnaissait en Kenneth. Une façon moins provocatrice de répondre peut-être mais il avait eu le même regard agacé, les mêmes prunelles qui flirtaient avec l’horizon pour éviter de voir la vérité. Et l'avenir, Sheru le connaissait pour Myers et le voir y foncer tête baissée, il ne pouvait laisser passer ça.

- Sur des personnes ou sur un marché ?

Le verre fut terminé d’une traite et reposé sur un plateau qui passa à ses côtés. Les deux étaient probables dans ce monde, il ne fallait pas beaucoup pour tout perdre en un claquement de doigts. Une mauvaise action, ne pas se fier aux taux, attendre trop longtemps pour vendre, se croire au dessus des prévisions. Sheru, c'était sa spécialité, de sortir ses potes de cette envie de "trop", similaire chez beaucoup de jeunes traders. Puis, il s'était fait lui aussi bouffer par le goût de l'adrénaline et l'impression de tout contrôler. Jamais il n'avait fait d'erreur, jamais il n'avait perdu plus que ce qu'il avait misé et pourtant... Tout c'était effondré.


- Vous allez vous remettre en selle ou accepter de passer à autre chose ? Vous êtes jeune, intelligent, ce serait dommage d'éviter la réalité, non ?

Il était dur, le savait. Si Chris, Ahmed ou Neha étaient là, ils ne le reconnaitraient pas. Bloom non plus, bien qu'elle l'ait connu durant sa carrière de trader. Sheru avait cette faculté de prendre un air si froid et quasi manipulateur que ça en était presque effrayant. Du moins, lui il se faisait peur vu la sensation de bien-être qu'il ressentait en agissant ainsi envers Kenneth. C'était comme enfiler un ancien smoking qui lui avait manqué et lui allait toujours comme un gant.

@ Invité

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Mar 7 Avr - 0:44


Rescue and Restore.
feat @Sheru Kapoor


J’ai commencé à m’agacer de cet échange, m’entraînant sur une conversation qui ne me plaisait guère. J’étais venu à cette soirée pour me changer prétendûment les idées, et voilà que je me retrouvais face à cet homme décidé à ce que je fasse front contre mon échec. Son regard noir me transperçait, me donnait la sensation de sonder en moi.
J’étais comme nu face à cette homme, qui semblait tout savoir de moi. Peut-être même qu’il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. Peut-être, qu’il ne posait toutes ces questions que pour entendre des réponses qu’il savait déjà, rien que pour le plaisir de me les écouter par ma propre bouche.
J’ai frémi, cloué sur place.
« - Les deux, je crois. » ai-je sifflé méchamment, comme s’il en était responsable, autant courroucé par sa curiosité que par le fait que je lui avoue tout ceci, crachant mes aveux à cet homme que je connaissais à peine. A croire qu’il m’avait fallu d’un prétexte pour que je vide mon sac. Que j’avais retenu tout ça en moi juste pour cet instant précis. Je l’ai fusillé du regard, et ai jeté des coups d’oeils inquiet autour de moi, espérant que personne n’ait enregistré cette information.
J’avais escompté que le moins de personnes possibles ne sachent pour moi, mais ici, je gage que c’était peine perdue. J’ai passé outre les compliments. « - Qui êtes vous pour me dire quoi faire ? Me remettre en selle ? Passer à autre chose ? » J’ai ricané et repris mon souffle. J’étais si agacé que j’en oubliais presque de respirer.
Comme si c’était si simple. Comme s’il me suffisait de claquer des doigts, et hop, j’y retournais comme si de rien n’était ! J’avais bien tenté, de reprendre mon activité ! J’avais frappé partout, donner mon CV à toute entreprise se vantant d’être un peu dans la finance. Mais on avait fait en sorte de me fermer l’accès à ce monde. On m’avait exclu, banni pour une seule erreur. Blacklisté. Aussi, comment pouvais-je si simplement passer à autre chose ? C’est ce que je lui ai demandé. « - Et comment, je vous prie ? Puisque vous paraissez si sage, si malin !  » Je me suis mis à tourner autour de lui ; à mon tour de jouer au lion.
« - Allez-y, abreuvez moi de votre savoir. »



Spoiler:

@ Invité

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Dim 12 Avr - 17:27


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


Il n’aimait pas ce qu’il faisait. Il n’aimait pas le ton qu’il employait, son menton plus haut qu’à l’accoutumé, son air de défi envers ce Kenneth. Sheru détestait cette image de lui qu’il offrait à la société, sachant pertinemment qu’elle n’était pas imaginaire : il avait été cet homme, il avait été ce petit con qui se délectait des erreurs des autres et qui permettaient à sa carrière de s’envoler. Sheru n'avait jamais tiré pas dans les pattes de ses concurrents, non. Il les avait laissé se battre entre eux, ou faire des erreurs qui lui profitaient ensuite. C’était un stratège, un calculateur. Et ce qu’il mettait en place envers Kenneth, c’était du même ressort. Alors non, ça ne lui plaisait pas, le mettait mal à l’aise surtout en voyant le jeune trader montrer les crocs, répliquant déjà comme l’indien l’avait imaginé. Il se faisait peur en agissant ainsi, en comprenant que ça lui avait manqué.

Lorgnant sur les pas de Kenneth qui tournait autour de lui comme un fauve prêt à chiquer, Sheru eut un discret rire avant de reprendre avec le même ton.

- Si j’étais aussi sage que vous le dites, je serais toujours de la partie. Et ce n’est plus le cas.

Il devait se calmer, arrêter de jouer à ce qu'il ne voulait pas être et si passer par le stade de la critique n'était jamais bon pour le moral, ça avait le mérite d'aider à faire baisser la pression. Du moins, Sheru l'espérait. Se frottant le bout du nez, il reprit immédiatement.

- En agissant comme vous le faites là, vous inquiétez les potentiels recruteurs présents dans la salle. Et il y en a, des gens qui ont besoin d’aide pour gérer leur finance.

Intérieurement, Sheru ne voulait pas que ce jeune homme retourne ans la fosse aux lions mais s’il y avait plusieurs façons de leur écarter, celle de l’en rapprocher pour ensuite le dégouter était potentiellement la plus accessible. À part une perte conséquente d’argent certainement et de légitimité, Kenneth Myers n’avait pas assez perdu pour se retirer totalement du système. Il fallai qu'il tombe plus bas pour opter pour une autre voie.

- Si on vous attaque et que vous réagissez avec une telle… véhémence, personne ne vous fera confiance. Un autre verre ?

@ Invité

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Mer 15 Avr - 13:32


Rescue and Restore.
feat @Sheru Kapoor

J’ai continué de tourner autour de lui, à pas lents, le regard rivé sur cet homme qui s’estimait pouvoir me mener sur le droit chemin. Tel un prédateur rôdant autour de sa proie, prêt à fondre sur elle à la moindre inattention, je guettais ses mots, l’erreur dans son discours pour remporter une joute verbale dont j’étais l’instigateur. Il y avait un plaisir malsain à chercher à ressortir victorieux de cette conversation, à mettre à genoux la langue avisée d’un homme qui semblait ne vouloir que mon bien. Nonobstant, aveuglé par cette colère sourde qui vibrait en moi, les jugements voilés par mon amour-propre refusant de reconnaître ma détresse, je ne voyais que mépris en lui. Il avait pointé du doigt mes erreurs, souligné mon échec. Comme un adulte gronde un enfant de ses choix stupides. J’abhorrais le ton sensé de son propos, la lueur d’astuce qui brillait dans ses prunelles noires, qui ne me rappelait que trop que j’avais été stupide. Qui lui donnaient l’ascendant sur moi. Oui, Sheru ne cherchait qu’à affirmer sa supériorité sur moi. A me démontrer qu’il avait su faire les bons choix, lorsque moi je persistais à me draper de mon costume d’élite, alors que je n’étais plus rien.
L’anonymat… Cette pensée m’effrayait. Dans quelques semaines, tous m’auraient oublié ; Kenneth le jeune trader glorieux ne serait plus qu’un souvenir, rien qu’un ragot sans plus d’intérêt. Et moi, j’étais si désireux d’être quelqu’un.

Il eut un rire avant d’observer un ton aussi tranchant que le mieux. Je retins mon souffle malgré moi.
« - Si j’étais aussi sage que vous le dites, je serais toujours de la partie. Et ce n’est plus le cas.
- Allons allons, Sheru, voilà que vous battez déjà en retraite ! Ne vous dénigrez point, je suis sûr que pouvez m’apporter vos lumières sur ma situation. J’ai besoin de votre discernement. Plaisantais-je seulement ? Ou bien une part en moi, nichée dans mon subconscient, appelait-elle réellement au secours ? J’ai conservé un visage de glace pour ne rien laisser transparaître de mes doutes.
- En agissant comme vous le faites là, vous inquiétez les potentiels recruteurs présents dans la salle. Et il y en a, des gens qui ont besoin d’aide pour gérer leur finance. avança t-il. J’avais les joues en feu de le voir si simplement énoncer une vérité que j’étais incapable de voir. Je feulais presque. Si on vous attaque et que vous réagissez avec une telle… véhémence, personne ne vous fera confiance. Un autre verre ? » Et ainsi acheva t-il sa démonstration, m'infligeant une cuisante défaite de plus.

J’ai ouvert ma bouche, et après un instant d’hésitation, j’ai ravalé mes injures. J’ai jeté une oeillade à la foule, scruté les masques hypocrites des invités. Pour la première fois, j’envisageais le carnet d’adresses du Gotha, autrement que pour les soirées huppées et le renom qu’il m’avait apporté jusqu’ici. Toutes ces fortunes à portée de main, tout ces novices au compte en banque à flots, dont je pouvais faire fleurir les gains en investissements juteux. Je me suis forcé à recouvrer mon calme, mais j’ai refusé de lui donner raison. « - Personne ne me fait confiance, de toute façon. » ai-je généralisé, comme conscient de l’avis de tous.
J’ai repris un verre pour m’enivrer, comme il le suggérait, et je me suis muré dans le silence.

@ Invité

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Dim 26 Avr - 18:20


Rescue and Restore.
feat @Kenneth Myers


Ça ne l’amusait pas, ça ne l’amusait plus à vrai dire. Voir Kenneth réagir ainsi, faire les cent pas, essayer de le piquer au vif pour le faire réagir, c’était tout ce que Sheru détestait de lui-même dans le passé. Ce jeune homme était un putain de retour en arrière et l’indien se retrouvait pris à son propre piège. Incapable de ne pas aimer la sensation de contrôle, la fierté d’écraser quelqu’un sans pour autant avoir une seule remarque déplaisante, il devait reculer et arrêter ses conneries pour ne pas retomber dans ses travers. Il se pensait prêt, il ne l’était pas et ça lui affligea une telle douleur dans le myocarde qu’il resta silencieux aux derniers mots de Kenneth. Lui aussi, il lui arrivait de se noyer dans l’alcool à l’époque, pour oublier le tintamarre dans son esprit et la sensation malaisante de ne pas faire ce qui était juste. D’aller à l’encontre de ce qu’il était au plus profond de lui-même. Lui aussi, ça lui arrivait d’oublier ses emmerdes avec quelques bouteilles à cent dollars. Kenneth ne méritait pas ça, le traitement que Sheru avait commencé à lui faire subir sans son accord. Les piques, la méchanceté gratuite, le rappel de ses erreurs. Personne ne le méritait.

Sortant une petite carte sombre de la poche de sa veste, il la tendit au jeune trader, espérant que son visage serait aussi neutre que possible. Il allait mal, avait la gerbe à l'idée que tout ça lui avait plu. Il devait partir.

- Pas sûr que vous souhaitiez me contacter pour une suite à notre conversation mais… Au cas où, n’hésitez pas.

Si après cet échange quelque peu belligérant, cette sensation de se retrouver face à un miroir, Kenneth acceptait de reprendre contact avec lui, c'était quasi une victoire. Posant son verre sur un plateau qui passa à ses côtés, Sheru adressa un petit coup de menton au jeune homme avant de conclure :

- Et moi je vous ferais confiance. Vous êtes doué, ça serait dommage de ne pas utiliser ce talent pour quelque chose d'utile Monsieur Myers. Belle fin de soirée à vous.

Et disparaitre sur ce dernier compliment qui, à défaut de rassurer Sheru, pourra peut-être faire réfléchir Kenneth sur la suite de ses aventures dans le monde de la finance.


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