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danette ⚜ you like the game, i'm the one who starts

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Dim 22 Mar - 23:16


I'm a shooting star, leaping through the sky. I feel alive and the world I'll turn it inside out. So don't stop me now.

Le Scarlet Casino était réputé pour être une escroquerie ambulante, rameutant les gros pigeons pour déplumer les plus petits. Et où il y avait des gens prêts à dilapider leur argent, il y avait de l'intérêt pour elle. Elle qui ne vivait que par la fortune familiale, avait décidé de monter sa propre boîte. Du moins, quand elle aurait l'argent. Et sans que sa famille ne l'apprenne. Dieu sait ce qu'inventerait son père pour la retenir, s'il avait connaissance de son plan. C'était simple : ici, tout ce qui intéressait les gens était eux-mêmes et l'argent. Surtout l'argent. Et elle, venait simplement pour les mêmes raisons. C'était la seconde fois qu'elle faisait ça. Escroquer les gens. Du moins, au Casino. Toutes les occasions étaient bonnes pour obtenir les bonnes grâces de personnes fortunées, mais sans que cela parvienne aux oreilles de son très cher Papa.. c'était plus compliqué. Ici, aucune règle, si ce n'est de ne pas contrarier les propriétaires de l'endroit. Il valait mieux éviter de s'y frotter, à moins d'être inconscient..ou suicidaire. Non. Elle ne faisait que.. profiter de la soirée avec les heureux gagnants, qu'elle tentait de déceler. L'autre jour, elle a réussi à extorquer 2000 dollars à un imbécile heureux. Ok, elle l'avait peut-être un peu trop fait boire. Mais après les remarques déplacées et les noms dont il l'avait affublée, elle méritait bien le pactole. Elle se demandait la tête qu'avait fait l'homme lorsqu'il s'était rendu compte du vol. S'en était-il seulement rendu compte, ivre comme il était ?

Le décolleté plongeant, les lèvres d'un rouge brillant et la jolie perruque blonde bien en place, elle était prête. A croire que se jeter dans le repère du loup, détenu selon certaines rumeurs par la mafia, n'était qu'une étape de plus dans le jeu de plateau auquel elle participait. Et sous son regard doux d'agneau, rentrant à l'intérieur de l'hôtel riche en décorations, elle savait qu'elle n'avait rien du déguisement qu'elle portait ce soir. Elle était là pour faire affaire. Elle était là pour gagner de l'argent.

D'un sourire carnassier, elle mord les lippes rouges, scannant la salle depuis plus d'une heure. Les cils battent de l'air, les mains s'agitent, applaudissant. Un nouveau vainqueur vient d'être décelé, sévissant à la table 3. Elle l'a repéré depuis maintenant une bonne demie heure, occupant une place derrière l'un des autres joueurs, l'encourageant comme s'il eût été son amant. Mais alors que les joueurs font une pause, elle attend que ceux-ci disparaissent dans le coin du couloir pour s'approcher de l'heureux gagnant. « On dirait que la chance te sourit.. peut-on savoir quel est le nom de celui qui fait frémir notre champion ? » souffle-t-elle, les hanches se coulant sur le canapé à côté de lui. Armant une cuisse au-dessus de l'autre, dévoilant un peu de chair sous la robe carmin, clairement intéressée par le jeune homme. Et sous ses airs de croqueuse de diamants, elle espérait que ses charmes feraient effet. Il fallait se le dire : s'il était gay, elle aurait foiré sa soirée. Lui offrant un sourire enjôleur, elle pria silencieusement que ce ne soit pas le cas.

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Dim 22 Mar - 23:53
You like the game, I'm the one who starts

Paire de Rois.
Y’avait pas à dire, ce soir j’étais en veine.
Flop… J’ai suivi. On s’est couché à ma gauche. Du coin de l’oeil, j’ai surveillé ma proie. Là, dans ma diagonale droite, presque à l’opposé. En espérant secrètement qu’elle en serait.
Turn… J’ai encore suivi. Elle aussi. J’ai jubilé intérieurement.
River. J’ai simulé un sourire gêné au moment de la relance.
Ne restait que le vieux à la moustache.
Elle.
Et Moi.
« - Tapis. »  j’ai osé articuler d’une voix qui se voulait un peu faiblarde, presque tremblante. Nimbée d’incertitude. Et j’ai poussé en avant tout ce qu’il me restait.
J’avais tendu mes filets il y’a de ça plusieurs tours, et je m’apprêtais maintenant à les refermer pour la plus belle des prises.
Le vieux moustachu était pas né de la dernière pluie. Il allait se coucher. J’ai pianoté des doigts sur le tapis vert, feint un regard désintéressé un moment, le temps qu’il prenne sa décision.
Il m’a finalement donné raison. J’ai légèrement hoché de la tête pour lui, validant son choix. Ca valait mieux ainsii. C’était l’heure du duel.
Elle m’a regardé quelques secondes à peine - un temps bien trop court pour le joueur chevronné qui s’apprête à avancer une telle somme-, et m’a dévoilé un sourire sincère dans lequel a transparu son euphorie grandissante. Mais, justement, chevronnée, elle ne l’était pas. Plusieurs fois dans la partie, je lui avais servi ce même sourire presque honteux lorsque je bluffais, dans l’espoir qu’elle morde à cette mauvaise habitude totalement factice. Je lui avais laissé croire qu’elle avait l’ascendant, qu’elle pouvait me lire et me déjouer pour le restant du jeu.
Ah, que j’aimais ces touristes riches et leur candeur ! si enclins à se laisser porter par l’excitation de la victoire. Que j’aimais lire la confiance se bâtir dans leur regard, à chaque mène remportée, tandis que leurs doigts se refermaient avec avidité sur les jetons aux pourtours striés ! Sans savoir, que, toute sa réussite, j’en étais l’instigateur !

Pendant un instant, j’ai pris peur, je me suis crispé d’effroi, à deux doigts de tout faire capoter. C’était trop évident. Ca devrait être trop évident ! J’ai cru avoir frissonné brièvement. M’être mordu la lèvre en tremblotant. Brr.
Mais lorsqu’elle a avancé ses jetons, j’ai presque soupiré d’aise. Non. Cette fois-ci, je ne m’étais pas trompé. Mon incertitude avait dû passer pour un nouveau bluff ! je m’étais fait plus convainquant que je ne l’avais espéré, bluffant aussi le bluff. Quel génie j’étais !
J’ai rejeté au second plan ma phobie récente pour les erreurs de jugement impliquant du capital, bouillonnant brièvement de rage pour cette faiblesse. Ce soir, c’était différent! Ce soir, j’étais un gagnant ! Rien à voir avec cette fois là.
Cette journée noire.
J’ai retourné mes cartes d’un coup maîtrisé.
La gobe-mouche à viré blafard.
Cette fois-ci je lui ai servi un sourire truand. Bien fait. Ca lui apprendrait à vouloir jouer dans la cour des grands!

C’était l’heure de la pause. J’ai empoché mes gains et j’ai quitté la table sous les vivats. Un coup de maître, pour sûr. De ceux qui m’arrivaient rarement, tant c’était la faillite ces derniers temps. J’ai gagné l’un des divans du Casino, sourire béat, songeant à comment j’allais bien pouvoir dépenser mon magot dans les jours à venir.

C’est la voix suave qui m’a tiré hors de mes pensées.
J’ai coulé un regard en biais à sa propriétaire. Mes yeux ont glissé sur une dangereuse créature ; visage poupin, chevelure blonde regard ardent, sourire à rendre niais les plus durs à cuire et une magnifique robe grenat. Galbée comme il faut là où il faut, qui plus est, ai-je noté.Je crains avoir ouvert grand la bouche et avoir crié famine de mes mirettes.
Oh. Je me suis soudain rappelé ce que c’était que d’avoir le poches pleines, et la drôle de popularité qui vous gagne alors. « - Ken. ai-je lâché après une oeillade bien trop longue. J’ai passé un bras confiant autour de ses épaules, avec l’habitude du jeune fortuné qui attire les bimbo cupides. Et toi, Poupée ? »
Je fronçais les sourcils pour moi-même. Un peu ringard, l’approche.
Mais qu'importait dans le fond; ce soir j’étais riche.
Et ce soir, je n’allais certainement pas rentrer seul.

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Lun 23 Mar - 0:33
Le carmin de ses lèvres réfléchissait celui de sa robe. Habituée aux regards voraces du sexe opposé, elle s'en joue, bien décidée à rentrer avec quelque diamant en poche. Joueuse, elle l'était. Mais pas de la même manière que les habitués. A chacun ses forces et ses faiblesses. Pour elle, sa force ne résidait pas à une table. Plutôt ce qui précédait et suivait les jeux. L'à côté. L'appât. Le gain pouvait vêtir de nombreuses formes, et lorsque l'Homme se sentait invincible, il était plus aisé de l'aguicher avec plus grosse somme. Pourquoi s'arrêter alors que l'on gagnait ? C'était comme se coucher après avoir misé, cela laissait un goût âpre sur la langue. Elle se délectait d'avance du coup de poker qu'elle pourrait faire. L'y aiderait-il ?

Laissant le bras s'enrouler sur ses épaules, elle le ravit d'un second sourire. Poupée ? Dans d'autres circonstances elle lui aurait sûrement ri au nez, affublé d'un regard farouche et meurtrier..ou giflé. Pas ce soir. Pas ici. Continuant son petit numéro, elle lui répondit aussitôt, avec toute la franchise de son petit cœur de menteuse. « Rosa.. mais je peux jouer à la Barbie si ça te chante » Et telle la rose, la brune avait ses épines, prêtes à lui déchirer les doigts au toucher. Elle ne se sentait pas à l'aise, dans cette peau de beauté fatale. Pas à l'aise, avec ces habits trop serrés, dévoilant trop de peau à son goût. Pas à l'aise, et pourtant habituée. Si le casino était encore une nouveauté pour elle, brebis égarée, elle n'était pas sans connaître l'hypocrisie du beau monde et les airs faussement intéressés. Elle les pratiquait depuis son plus tendre âge. Les sourires et faux semblants n'avaient plus de secrets pour elle. Menteuse ? Par nécessité. Par habitude. Par lassitude, même. Alors elle empruntait ce personnage, masque infidèle, tout comme elle empruntait cette chevelure d'un blond mielleux. Rosa était une femme empreinte de confiance, prête à tout pour séduire, charmer et être aux côtés du vainqueur de ces tablées. Dahlia elle, était une toute autre fleur. Une fleur qui ne poussait pas, dans les environs, et se devait de rester comme tel : invisible.

Se mordillant la lèvre, regardant autour, elle pris un air préoccupé. « Pour être entièrement transparente, j'ai un petit service à te demander. » Pas plus transparente que sa robe, laissant voir pour l’œil intéresse un splendide décolleté. Consciente qu'il doit probablement se méfier - du moins, il serait bon pour lui de le faire - elle tendit le doigt, lui faisant doucement signe d'approcher. Posant la main sur son torse, s'approchant dangereusement de l'homme, elle espéra que ses paroles l'enivreraient autant que son parfum. Les lippes frôlent les joues pour se glisser à son oreille, chuchotant les mots doucereux suivants : « Suis-moi à la table du champion, en haut. Je t'aide à le plumer. On fait moit-moit de la somme après...plus commodités. » Envoûtante, elle l'était. Réaliste ? Plus encore. Et elle avait besoin d'un champion pour faire son plus beau coup. Oh, elle saurait le récompenser. A sa manière. Dahlia et Rosa. Rosa et Dahlia. Ce soir, elles faisaient la paire. Dame de Pique et Dame de Cœur, prêtes à sortir leur Joker pour remporter la mise.

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Lun 23 Mar - 8:59
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J’aurais certainement dû me montrer plus suspicieux, mais la béatitude causée par ma victoire à la table quelques minutes auparavant venait étouffer toutes mes craintes. Non pas que gagner avait habituellement cet effet de jubilation sur ma personne, mais ces derniers temps, j’avais besoin de renouer avec le succès. Aussi, toute la frustration accumulée les soirées précédentes cédait-elle place à une euphorie semblable à celle que je moquais chez la touriste que je venais de plumer. Autrement, j’aurais peut-être émis plus de réserves à me faire aborder par cette coureuse de magot. Autrement, je me serais peut-être souvenu que j’avais tout perdu la dernière fois que j’avais cédé à un tel excès de confiance.
Nonobstant l’alerte qu’émettait les deux neurones qui me restaient encore, j’ai doucement hoché la tête au communiqué de son pseudonyme. « Rosa... » me suis-je retrouvé à répéter, quelque peu rêveur, appréciant le goût du prénom que je me verrais susurrer plus d’une fois ce soir.
« Et pour être entièrement transparente, j'ai un petit service à te demander. » J’ai penché la tête de côté, curieux. Elle a tendu le doigt vers moi pour que je m’approche, et j’en ai profité pour me serrer un peu plus contre elle. Qu’est-ce qu’elle désirait ? Que je lui achète un nouveau rouge à lèvres ? J’ai gloussé intérieurement, en bon idiot. J’ai frémi quand sa main s’est posée sur mon torse, et je me suis laissé faire lorsqu’elle s’est penchée quelque peu vers moi, approchant doucement ses lèvres de mon oreille. Tout ce temps, j’ai plongé mon regard lubrique dans le sublime décolleté qu’elle m’offrait - donnant ainsi raison aux femmes de penser que les hommes sont des animaux, perdent la tête à la moindre tentative de charme. Bah, qu’importe! je défendrais la bienséance dont nous, gentilshommes, savons faire preuve une autre fois.

J’ai rebranché mon cerveau quand elle évoqué son plan, et j’ai recouvré quelque peu mon sérieux. La sonnette d’alarme tintinabullait plus fort subitement, maintenant qu’elle m’avait exposé ce fameux service qu’elle requerrait de ma part. Je me suis écarté d’elle, enlevant au passage le bras enroulé sur ses épaules, et je l’ai dévisagée tout autrement cette fois-ci. Oui, c’était toujours cette belle plante au sourire envoûtant, mais j’ai décelé la fourberie qui flambait dans son regard. Elle aussi, à sa façon, escomptait faire les poches des autres joueurs. Ah, la sournoise créature ! Une vraie succube, une aspireuse de compte en banques !
J’ai évalué le risque de sa proposition sous toutes ses coutures. Je n’avais jamais trempé dans ce genre de deal, et je me méfiais désormais un peu plus de ce qu’elle pouvait cacher, comme on craint de pactiser avec le Diable. 50/50, ça me semblait honnête. Elle avait eu la combine, mais ce serait probablement à moi d’en réaliser la majeure partie. J’ai visualisé mon compte en banque, ce qu’il avait été, et ce qu’il était. J’ai calculé rapidement la somme dont j’avais besoin pour me refaire la cerise, et, j’ai honte de le dire, me suis bien trop vite laissé tenter, tant excité par l’appât du gain, du risque, et des deux jambes graciles qui risqueraient fort de me faire tourner la tête.
J’ai eu un rire mauvais, et j’ai posé une main ambigüe sur le haut de sa cuisse en guise d’accord, sans vraiment savoir si nous allions toucher le pactole ensemble ce soir, ou si au contraire elle allait m’envoyer par le fond.
« C’est où ?  » Elle m’en expliquerait plus en chemin.

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Lun 23 Mar - 13:27
Elle doutait. Au vu de l'hésitation de l'homme, désarmant le bras enjôleur qui couvrait jusqu'alors les épaules de la douce, elle se mordit l'intérieur de la joue. Mince. Il allait se coucher. Elle y était peut-être allé trop fort. C'était encore nouveau pour elle..tout ça. Si ses anciens amis la voyaient, elle qui restait plongée d'ordinaire dans ses livres, cette miss je sais tout pourtant si calme, si gentille. Une vile fourberie, en cette charmante soirée. Mais dans la douce nuit, Séléné semblait favorable au plan mystérieux de la belle. Car c'est avec un petit rire sournois que l'homme finit par céder à la requête. Se rassérénant, tentant de garder un air confiant, elle lui sourit, le regard pétillant. Coulant une main sur sa cuisse, elle se retint de sursauter. Confiance était le maître mot de cette soirée. S'il décelait le moindre doute, la moindre arnaque, il risquait de faire demi-tour. Et elle rentrerait bredouille. Lui demandant où était le dit lieu où l'attendait le champion, elle le toisa un instant du regard, intense. « J'ai hâte de découvrir comment va finir cette soirée.. » souffla-t-elle. « Suis-moi.. et pas un mot de notre plan, je te fais confiance ce soir, Ken. Il faut que tu gagnes. » finit-elle, apposant sa main sur celle de l'homme, nichée bien au chaud sur sa cuisse. Lui décrochant un sourire mystérieux, le regard pourtant sérieux, elle rompit finalement la tension. Se levant, elle lui fit un signe discret, lui indiquant de la suivre.

Elle s'y perdait, se confondait dans sa propre personnalité. A trop jouer les femmes futiles, on en devenait presque une. Du moins, dans cette atmosphère de jeu, dans cette tension et ce stress palpable, tout se mélangeait dans la petite tête brune. Blonde, pour ce soir. Le petit cœur tambourinait contre la poitrine, rehaussée dans sa robe bustier. Les boucles blondes coulant sur la nuque hâlée, les doigts fins cramponnés à la barre de fer de la boîte de métal. Son regard noisette était fixé sur les boutons, brillant tour à tour à mesure que l'appareil se mettait en mouvement. Un étage. C'est tout ce qu'ils avaient à monter. N'osant croiser le regard de l'homme qu'elle entraînait à sa suite, ne sachant pas bien elle-même où elle mettait les pieds, elle se cramponnait à ce petit bout de papier, discrètement récupéré de son sac à main ébène. Il était leur passe. S'il ne marchait pas, elle ignorait ce qu'elle ferait. Prétendre aller chercher son mari et s'enfuir en courant ? Probablement. Ding. Les portes s'ouvrirent, laissant entendre une musique d'un autre genre, alors que deux vigiles armés les dévisagèrent, leur demandant leur pass. A toi de jouer, Rosa. Les ravissant d'un sourire, elle sortit la première, brandissant sous leurs petits nez le pass VIP, volé la dernière fois à cet ivrogne. Haussant un sourcil, elle souffla : « On est ici pour la table du champion. Je lui amène un adversaire digne de ce nom. » Un silence. Les deux gorilles acquiescèrent, avant de les laisser passer. Parfait. Maintenant, ils n'avaient plus aucun échappatoire possible. Dans quoi est-ce que tu t'embarques, Dahlia... Déglutissant, elle fit signe à Ken de la rejoindre. Au bout du couloir se trouvait leur victoire..ou leur salut.

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Lun 23 Mar - 20:34
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Mon ardeur était montée d’un cran, peut-être à cause de Rosa, mais plus probablement à cause de l’enjeu. J’ai reconnu chez moi l’appât du gain, le goût du risque, cet attrait vicieux pour les paris extrêmes, cet perfide amusement que je trouvais dans les enjeux inconscients. J’ai serré ma griffe sur la cuisse de la tentatrice, avec juste ce qu’il fallait de force pour la bousculer un peu. Je la testais ; qu’elle couine maintenant, et je rétropédalais instantanément. Je lui ai adressé un regard intense, qu’elle a soutenu sans ciller. Elle n’a pas fait un bruit. Elle a même ajouté sa main par dessus la mienne ; la vilaine fille. J’ai hoché de la tête, auto-validant mon choix. Elle avait hâte ; tu m’étonnes. Qui n’a pas hâte de rouler son prochain ? je vous le demande.
« Et moi donc. » J’ai eu un sourire carnassier.

Elle s’est levée, et je me suis coulé à ses côtés dans un mouvement lascif, en bon acteur. J’ai jeté un rapide coup d’oeil autour de moi, et voyant que personne nous observait - après tout, notre scène ne devait rien avoir de surprenant ici, et l’on s’imaginait probablement que nous partions en direction de la plus proche chambre d’hôtel - je lui ai emboîté le pas, un peu en retrait pour qu’elle me montre la voie. Nous avons marché en silence, ce qui m’a laissé tout loisir de m’interroger sur cette femme. Etait-ce ainsi qu’elle gagnait sa vie ? Etait-ce une habitude chez elle, une activité récurrente, ou bien rien qu’un passe-temps occasionnel, ou pire, un galop d’essai ? Et sinon, que faisait Rosa par ailleurs ? Comptable ? Secrétaire ? Mannequin ? En outre, s’appelait-elle réellement Rosa ? J’en doutais ; un escroc serait fou de donner son vrai patronyme. Je me suis mordu la lèvre. Il n’était pas trop tard pour douter, mais mon amour-propre me refusait de rebrousser chemin maintenant.

On a parcouru le casino, et on est monté à l’étage.
J’étais déjà venu ici, à l’occasion de soirées privées auxquelles Samara m’avait convié ; je crois qu’elle était liée, d’une façon ou d’une autre, au Casino. J’étais en terrain connu ; j’ai bombé le torse, comme rechargé de confiance. Après tout, j’allais juste jouer une partie de poker comme une autre. Et je la gagnerais comme j’en avais gagné tant d’autres.
Nous avons pénétré dans la salle de jeu privée après que Rosa ait montré le passe à l’un des vigiles. Ca aussi, je connaissais. J’étais moi-même membre d’un club privé de poker un peu underground, à moitié légal. J’ai jeté un regard un peu dédaigneux aux chien de garde, comme s’il était inconcevable de ne pas nous reconnaître - un de ces trucs que m’avaient enseigné mes nombreuses soirées au Gotha.
Les portes se sont refermées sur nous. J’ai dégluti, tendu malgré tout ce dont j’essayais de me convaincre. J’ai rejoint Rosa, me suis rangé à ses côtés, et j’ai prononcé à voix basse : « Il serait peut-être temps que tu m’expliques le plan... »

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Lun 30 Mar - 21:07
Le regard déterminé, l'échine hérissée de frissons, la brune - ou plutôt la blonde, ce soir - le guida d'une démarche aguichante. Elle avait le cœur qui battait. Fort. Les regard qui vacillait. Frêle. Les doigts agiles pourtant pressèrent le bouton argenté, appelant l'ascenseur qui les mèneraient vers une victoire - ou une mort - assurée. Pourquoi faisait-elle ça déjà ? Ah oui ! Pour monter sa propre boîte et prouver à son père qu'elle pouvait se débrouiller seule, qu'elle n'avait pas besoin de son regard condescendant et misogyne. Mais sérieusement, n'y était-elle pas allée un peu trop fort, avec ce plan ? Tout s'était enchaîné si parfaitement, depuis l'autre soir. Elle n'avait pas vu le danger, ou tout du moins ce qu'il apportait avec lui. Des odeurs âcres d'espoirs brisés, de rêves déchus, de violence sourde. Elle savait pertinemment, par les rumeurs qui couraient, à qui appartenait le lieu. La laisseront-ils dérober de l'argent sous leur museau ? Pas sûr. Il n'était pas encore trop tard pour changer de plan.. ou peut-être que si. La sonnerie de la boîte métallique coupa ses soliloques. Se hâtant de sortir de l'espace confiné, étouffant dans sa propre panique, elle leva son visage vers les balourds postés à la sortie, poupée de marbre. Son regard charbon les pénétrait, les traits impassibles alors qu'un fin sourcil se leva en signe d'impatience. L'homme qui la suivait, resté jusqu'alors en retrait, sembla feindre la même indignation, comme si l'on ne le reconnaissait pas. Peut-être était-il connu, lui ? Et si c'était elle, qui avait été espionnée ce soir, et se verrait bientôt bernée ? Flûte. Elle n'avait pas pensé à cette hypothèse. Et pour le coup, désormais, il était réellement trop tard. Leurs pas claquant d'un soupir étouffé contre la moquette rouge délavée, le brun lui frôla le bras, la faisant sagement ralentir. Le plan. Il voulait savoir quel était le plan.

Les pas alignés, la démarche assurée, seuls leurs regards se perdaient dans le flou de la soirée, de l'inconnu. Du tac-au-tac, elle lui répondit pourtant. « C'est simple. » Elle marqua une courte pause, réfléchissant à mille à l'heure. C'était tellement simple, oui. Si simple qu'elle-même ne l'avait pas vraiment préparé, ce superbe plan. Calmement, elle reprit : « On entre dans la salle VIP. On repère notre homme. Tu le plumes. » Jusque-là, tout était simple. Oui. Mais sans doute voulait-il des détails de ce qu'ils devraient faire après, avoir dérobé la somme au talentueux. Elle n'avait pas prévu de donner plus d'explications, aussi esquiva-t-elle au possible son regard, feignant ne pas apercevoir les mille questions dans ses yeux noirs. A moins que ce ne soit des rires ? « On s'en va avec l'argent, en promettant de le rejouer demain. Ce qu'on ne fera point. Simple. » souffla-t-elle d'une traite. Elle ignorait si elle avait répété ce dernier mot pour le rassurer lui, ou se rassurer elle. Tout était simple. Tout allait bien se passer. Comme l'autre soir. A la différence que ce ne serait pas la même somme. Et qu'elle ne remettrait pas les pieds en ces lieux. Espérons pour elle. Mais de quelle somme parlaient-ils exactement ? Elle n'était pas habituée aux jeux d'argent, aux paris et autres enfantillages. Elle trouvait ça d'une absurdité totale, sachant que statistiquement il y avait bien plus de chances de perdre que de gagner et que l'excès de confiance, en plus d'être exécrable à voir, poussait à vouloir toujours plus, et à ne finalement rien gagner. Voir, tout perdre. Comme pour sa famille, ayant pour elle, perdu les valeurs les plus essentielles. Dahlia se vida l'esprit. Ce n'était pas le moment d'y penser. Elle était Rosa. Et ils étaient arrivés. Se tournant vers le jeune homme, elle lui sourit, se voulant rassurante. « Prêt ? » souffla-t-elle.

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Jeu 2 Avr - 16:26

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Notre chemin s’est poursuivi au milieu des diverses tables, sur la même moquette rouge qu’en bas. J’espérais que personne ne prêtait attention aux deux jeunes idiots que nous étions. Lorsque je me suis retrouvé à sa hauteur, je l’ai attrapée par la main et ait glissé mes doigts entre les siens, pour nous donner de la crédibilité. « C’est simple. » Elle s’est interrompue, et j’ai eu un mauvais pressentiment. « On entre dans la salle VIP. On repère notre homme. Tu le plumes. » Dans le mille, Kenneth. J’ai failli trébucher. J’ai lâché sa main au passage. Simple comme bonjour, en effet. Beaucoup trop simple, même. Et c’est moi qu’avait la belle-part du boulot. J’ai dégluti avec peine. Se moquait-elle à nouveau de moi ? Ou son intellect s’arrêtait-il à user de ses charmes et de son irréprochable plastique ? Déjà, où avait-elle déniché cette carte passe, pour commencer ? J’avais tant de questions, que j’ai été incapable d’en formuler seule. Je me suis contenté de la talonner, bouche bée, tandis qu’elle m’expliquait déjà ce qu’on ferait après. Cette excentrique nous envoyait droit dans le mur avec toute l’assurance du monde ! Je suis devenu tout pâle en réalisant qu’elle n’avait aucune idée du danger qui la guettait. J’ai eu envie de tirer sur ses cheveux blonds. C’était une chose que de jouer au poker, et ma foi j’y excellais. Mais c’en était une toute autre que de se pointer dans une salle vip, avec un passe dérobé à je ne sais qui, que d’escompter ne pas se faire chopper là, juste sous les yeux attentifs des fidèles à la famille Sciarra.

On était arrivés à notre table. Je l’ai vivement saisie par l’épaule et je l’ai obligée à me faire face. Je me suis approché au plus proche de son visage, afin que personne ne nous entende. « Ecoutes bien, Rosa. Pour l’instant, j’en ai rien à cirer de ce qu’on fera de l’argent. » ai-je sifflé entre mes dents, braquant un regard nimbé d’une fureur panique sur ses yeux sombres. « Ce que je veux savoir, c’est comment on s’en tire, ici et maintenant. Sinon, tout ce qui sortira d’ici, c’est nous et toute une escorte de gros bras aux Sciarra. » Dans l’angle mort de Dahlia, juste par dessus son épaule, j’ai cru croiser le regard intrigué d’un des gardes. Difficile à distinguer derrière leurs lunettes noires. J’ai tressailli, et j’ai donné ma meilleure impression du regard amouraché et saoul, avant de déposer un baiser sur la joue maquillée de Rosa. Je me suis penché à son oreille, comme pour lui murmurer des mots inconvenants « Et si je perds, on fait quoi ? » ai-je demandé.

Je n’ai pas attendu sa réponse, c’était trop tard de toute manière. J’ai mis fin à notre fausse accolade, et d’un de ces sourires hypocrites de la haute, j’ai salué notre table d’une voix enjouée. « Messieurs, bonsoir. Si vous le voulez bien, je me joins à vous! » J’ai tiré mes lunettes à verres fumés favorites de la poche avant de ma chemise, et les ai installées sur mon nez avant de m’asseoir. « J’espère que vous serez gentils avec moi, j’ai une dame à impressionner. » J’ai coulé un regard mielleux et un peu cru à la femme et sa robe rouge, alors que j’étais terrifié.
Un vrai ange de la mort, ai-je songé en reportant mon regard sur la table.
Comme toujours, j’ai fait craquer mes doigts et j’ai fait le vide en moi.
Les dés étaient définitivement jetés.

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Jeu 2 Avr - 17:13
Le plan était perfectible. Définitivement. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Venir ici et tenter de plumer les gros poissons - peut-on plumer un poisson? - c'était de la folie. Rosa paniquait, réellement. Dans quoi s'embarquait-elle, avec ce fier étalon, si doué pour jeter les dés, coucher les cartes. Il entrelaça ses doigts dans les siens, et une légère décharge électrique la parcourut. Dahlia manqua presque sortir de ce corps, lui lançant un regard hautain avant de lui demander ce qu'il faisait. Mais elle tint bon, le laissant faire. Rosa appréciait ça. N'est-ce pas ? Le fait est, que Rosa n'avait peut-être pas si bien travaillé son discours que ça. Une ingénue aux idées folles, voilà ce pour quoi elle passait. Et si la belle brune fulminait que le jeune homme la dévisage comme si sa couleur de cheveux insinuait quelque chose, elle ne dit mot, le regardant de ses grands yeux noirs, feignant l'inconscience. Il la prit dans ses bras, la surprenant un peu plus, et son corps tressaillit, se raidit, trahissant sensiblement son étonnement. Elle ne lui permettait pas. Rosa. Rosa, Rosa, Rosa. Rien n'y fit. Elle n'avait pas envie de sentir ses mains dans ses cheveux, son musc boisé emplir ses narines alors que les lèvres de l'impudent se déposaient sur la joue tendre. Le souffle au creux de son oreille, les questions envahissaient les lèvres de l'insolent. Savait-il qui elle était ? Bien sûr que non. C'était là tout le but. Ne réussissant pas aussi bien qu'elle le pensait à feindre le contact rapproché - trop rapproché - les doigts fins le repoussèrent légèrement, presque prudes. La beauté d’albâtre posa son regard mielleux sur lui, comme si rien n'avait changé, alors même que son corps n'arrivait pas à répondre aux fausses attentes de l'homme, trahissant quelque peu son personnage. Elle ne pouvait juste pas. Quelque chose en lui l'irritait au plus haut point. Était-ce petit sourire satisfait ? Ce visage de vainqueur ? Ce regard et ces gestes carnassiers qui avaient effleuré sa sensibilité ? Non. C'était cet homme, que l'argent et son odeur rendaient exécrable, que l'appât du gain faisait foncer tête baissée ; replonger. Elle ne connaissait rien de lui, de sa vie. Elle savait juste que sa tête ne lui revenait pas, et qu'il ne faisait rien pour améliorer la situation.

Il jeta un regard aux gardes, alors que son ultime question restait là, pendante, givrant le peu d'air qui séparaient leurs visages. Il avait un regard sombre, presque charmeur - si on oubliait sa répugnante personnalité. Mais il fallait avouer qu'il n'était pas aussi bête qu'elle l'avait cru. Il aurait pu, dû lui poser les questions avant, ceci dit. Avant de s'engager dans cette folie suicidaire. Mais il avait le bon sens de demander, en somme. Mieux vaut tard que jamais. Ne pouvant trop en dire, les lèvres rouges frémir pour souffler : «  Ne t'en fais pas. Je les ai déjà introduits avec le concept de ta présence. Fais-moi confiance.. » Et tel le serpent, elle reprit à son tour les rênes du défi ce soir, de l'audace, et déposa - à contrecœur - ses lèvres contre celles du brun. La douceur d'un temps infime, l'assurance chaleureuse d'une suite enivrante. Le parfum léger, subtil et sucré, qu'elle n'avait pas pris la peine de changer. Les doigts fins posés contre ses reins alors qu'ils s'enlaçaient. Un baiser furtif, volé. Une seconde passée. Une seconde de trop, si elle s'écoutait. Mais son esprit avait repris contrôle sur ses mouvements, retournant à son enjôlement. La situation était tendue, aussi était-il normal qu'ils stressent. Mais elle tenait à lui rappeler qu'il n'était pas seul. Elle voulait qu'il y croit. Parce que c'était le seul moyen qu'elle avait de le faire entrer dans cette maudite pièce pour que ce gars l'escroque. Le plan était simple : soit ce gars gagnait et elle remportait un beau pactole. Soit c'était Ken, et elle repartait avec un certain pactole également. Double jeu. Double feu. Fermant les yeux un instant, se donnant du courage pour ce tour de passe-passe, elle l'entendit entrer dans la salle. Tentant de faire oublier ce coup bas à sa conscience, elle s'engouffra à la suite du brun dans la salle étouffante, jetant un regard discret à son contact, œillade imperceptible. Tout sourire, attrapant un verre à siroter pour noyer sa nervosité, elle en tendit un second à Ken. Yeuk.. Du pastis. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était ce goût-là. Ne pouvaient-ils pas boire du whisky comme tous les fêlés du coin ? Calme, elle ne dit mot, laissant les hommes jouer, postée tel son ange gardien, derrière la chaise du beau brun. Ou bien était-elle l'ange de la mort, ayant un très beau visu sur ses cartes..

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Dim 5 Avr - 20:11

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Elle m’a soufflé d’un rapide baiser. J’ai failli rester planter là comme un idiot, au milieu des tables, avec un regard hébété. C’est un peu ce qu’il s’est passé d’ailleurs, je crois, mais au vu de la réaction des autres, j’ai jugé que ma réaction avait été adaptée. Etait-ce pour achever de leur faire comprendre que nous étions ensemble ? Etait-ce pour m’encourager ? Probablement les deux.
Quoi qu’il en soit j’ai pris place avec les autres joueurs. J’ai donné ma carte pour réinvestir toute la somme que j’avais durement gagnée en bas. J’ai eu une imperceptible hésitation ; je n’avais pas eu autant d’argent en poche depuis un moment.

J’ai tenté de me convaincre que ce n’était qu’une partie comme les autres.
J’avais espéré meilleur plan. Qu’elle me donne un indice, quant aux habitudes de bluff de l’adversaire. Qu’elle m’explique qu’elle le déconcentrerait volontairement à grand battements de cils, ou qu’elle se pencherait de façon suggestive, dévoilant toute la profondeur de son décolleté. Un rien aurait fait l’affaire pour me rassurer, mais elle n’avait rien. Juste sa tenue provocante, sa gueule d’ange, ses cheveux blonds et un plan à la mords-moi le noeud.
J’ai inspiré profondément.
Si elle n’avait rien à me donner, j’irais chercher la victoire par moi-même, ai-je décidé. Peut-être était-ce là la clé : elle m’avait vu jouer, et avait su que j’avais les épaules pour rétamer ce soit-disant champion. Elle savait que, par mes extraordinaires capacités, je saurais lire dans le jeu de mon adversaire et le mettre au tapis. Oui, évidemment, c’était ça. Ou alors nous étions fichu, mais dans ce cas là, plus rien n’aurait plus d’importance.
J’ai bombé le torse, et j’ai ricané pour moi-même. L’unique champion ici, ce serait moi.

Rosa s’est postée derrière moi ; j’ai senti sa présence par dessus mon épaule, sans me retourner. J’ai siroté une longue rasade du verre qu’elle m’avait apporté, anticipant mon besoin d’un réconfortant. Un gars s’est pointé après nous à la table. J’ai senti les doigts de Rosa sur mon flanc ; c’était lui. Je l’ai observé sous toutes ses coutures : grand gaillard, l’air abrupt, lunettes noires. Un classique dans le monde du poker. Pas de quoi m’effrayer, ai-je pensé. Mais je me suis méfié tout de même. J’ai joué la carte de la provoc’. « Salut mon gars. T’assois pas là si tu veux gagner, j’sens que je suis en veine. » Je n’ai eu le droit qu’à un bref regard, que j’ai deviné dédaigneux derrières les verres teintés. J’ai haussé les épaules et pris un air suffisant. « Tant pis pour toi. T’aurais prévenu garçon. » Je lui collerais aux basques comme un chien de chasse. A chaque mouvement, à chaque décision de sa part, j’y ajouterais mon petit commentaire. Je le pousserais à bout.

On a distribué les cartes. J’ai collé ma tête au tapis et j’ai à peine redressé les miennes. J’ai décoché un sourire insolent à mon adversaire. « Tu vas miser ? Parce que j’ai une sacrée bonne main. » J’ai poussé ma blinde en avant et j’ai relancé de cinquante. Agressif, dès l’entame. J’allais le ferrer, ce gros poisson. La peur m’avait quitté, j’étais tout électrisé par le défi. C’est à peine si je tenais en place, tant je remuais des genoux, tant mon regard sautait des uns aux autres. Pas une seule seconde, je ne me suis douté que c’était moi, le poisson, et Rosa l’appât.
J’en aurais blêmi.

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Dim 5 Avr - 21:19
Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas qu'il gagne. C'est juste.. qu'elle ne voulait pas qu'il gagne. Ou plutôt, l'autre lui avait promis plus gros pactole si elle fermait sa bouche. Si elle lui amenait le bon poisson. Si elle.. faisait tout le boulot ? Presque. Mais le jeu en valait la chandelle. Et tout comme Ken, Dahlia était joueuse. Postée dans le dos de Ken, se voulant rassurante, encourageante, elle était surtout bien placée pour voir son jeu. Pour faire signe discrètement à son acolyte, posté juste en face de lui. Tout était calculé. Millimétré. Ou presque. Alors qu'ils allaient commencer, la fausse blonde remarqua qu'il restait une chaise. Vide. Son sang se glaça d'appréhension. Ce n'était pas normal. Où était.. mais l'arrivée d'un homme cloua ses lèvres, faucha ses pensées. Dans l'entrebâillement de la porte, se tenait une silhouette qu'elle aurait ô diable voulut éviter. Un champion. Un homme des Sciarra. Un homme qu'elle avait déjà croisé, plus d'une fois, Dahlia. Elle déglutit. Ne bougeant pas le moindre petit doigt, elle pria, sans doute pour la première fois, d'être femme. Qu'ils ne fassent pas attention à celle présente dans la pièce, à cette présence parasite et dénuée d'intérêt. Qu'ils ne la considèrent pas. Et elle eut l'impression de réussir à se fondre dans le décor. Elle l'espérait. Elle ne voyait rien derrière les lunettes noires de l'homme, reflétant parfaitement le costume qu'il portait, l'attitude dont il jouait. Inconsciemment, Dahlia avait agrippé la flanc de Ken, comme pour le prévenir que le jeu augmentait de niveau, montant d'un cran. Comme pour l'avertir du danger qui approchait. Et lui, le défia, croyant sans doute qu'il s'agissait là du gros poisson promis. Peut-être était-ce mieux comme ça. Au fond d'elle, une lueur de culpabilité frémit cependant, musique sourde et criarde. Dahlia sentait qu'elle avait pâli. Mais nul ne semblait y porter d'intérêt. Le jeu commençait, et avec lui, la rivalité de ces hommes, tous prêts à en découdre.

Les cartes s’abattaient, tandis que les regards s'échangeaient, sournois fléaux des iris. Le flou gagnait le jeune femme, maudite à ces jeux, désintéressée de leurs engrenages, leurs ficelles. Ficelles que tous savaient manier, échangeant rictus, sourires, regards confiants et tours de poignet assurés. Le bluff menait la partie. Et la brune n'aurait su dire qui gagnait à cet instant. Etouffante, cette ambiance qui régnait, silence lugubre, douceur morne du désespoir de cette souris, si frêle et tendre, qui tentait d'échapper au piège qui l'enserrait. Il se refermait, encore et toujours, les murs se rapprochant, l'air se raréfiant. Suffoquant, elle aurait voulu sortir prendre l'air, s'échapper des regards de plomb, du crissement des jointures, agacées, de la crispation des mâchoires qui les animaient, voilant les visages. L'un se coucha, et Dahlia faillit soupirer de soulagement. Mais nul ne broncha. Seule elle frémit, se rendant alors compte que même alors qu'un filet d'air, d'espoir s'insinuait dans leur cage, nul ne reculait, ne bronchait. Un climat toxique. Dangereux. Les secondes passèrent avec une lenteur mortelle. Le cœur de l'égyptienne résonnait presque dans la salle, vacarme tambourinant d'effroi, tant le bruit qui y régnait était nul. Seules des remarques sarcastiques venaient briser le calme ambiant, rompre l’homogénéité du bras de fer digne d'Harpocrate, dieu du silence. L'égyptienne profitait de ces piques pour prendre une inspiration brève, n'osant plus soupirer de peur de déranger. Et finalement, le jeu - si l'on pouvait encore l'appeler ainsi - prit fin. La dernière carte retournée, les derniers atouts jetés, la brune en oublia même de faire un quelconque signe à son acolyte, tant les ondes l'entourant la transissaient d'horreur, peur panique. Elle ne vit donc pas ce regard brûlant, fulgurant que lui jeta l'homme, morsure invisible. La bataille était terminée.

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Mar 7 Avr - 17:36

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La partie a vite tourné au vinaigre.
Comme de coutume, après quelques manches d’observation mutuelles, nous sommes rentrés dans le vif du sujet. Et il nous est à tous apparu clairement qui en tenait les rênes : c’était celui que j’avais identifié comme le champion. Cet enfoiré malplaisant aux lunettes noires nous muselait les uns après les autres, et à chaque victoire il nous décochait un affreux rictus qui aurait fait pleurer un bambin.
Moi aussi, j’ai eu envie de pleurer.
Longtemps, j’ai lutté. J’ai joué des pieds et des mains, j’ai puisé en moi toute la fourberie dont je disposais. J’ai invoqué les Dieux de la chance pour me doter des meilleurs mains, j’ai mêmes souhaité qu’un autre que moi lui fasse la belle part, et le mette au tapis… Mais que ce soit moi ou mes compagnons d’infortune, il nous a bien vite poussé dans nos derniers retranchements. Qui était cet enfoiré au regard laser ? Par quel miracle pouvait-il si bien s’en sortir, à une table si experte ? Par quel artifice parvenait-il à si simplement à déjouer nos mises ? Il a commencé par plumer mon voisin de gauche ; sur un contre-bluff de maître, il l’a pressé comme un citron. Je crois avoir entendu un glapissement de la part du perdant ; j’aurais bien eu pitié de lui, mais je savais que je finirais par connaître le même sort.

Bientôt, il n’est resté plus que lui et moi. Je dois dire que j’ai résisté autant que possible, mais c’était une lutte inégale : il s’était gavé des jetons de la table entière.
Quand j’ai saisi que je n’arriverais pas à prendre le dessus, je me suis senti défaillir. Mon sang se glaça dans mes veines alors que je réalisais ô combien j’allais perdre : tout ce que j’avais gagné en bas, tout ce que j’avais misé, ce qui me laissait avec des dettes encores supérieures à ce qu’elles étaient déjà avant ce soir. La partie basse de mon corps était prise de tremblements que je ne contrôlais guère. Mes genoux claquaient l’un contre l’autre comme pour applaudir. Je me suis mordu l’intérieur de la joue. J’étais terrifié. Ainsi donc était l’effet qu’un joueur pouvait provoquer chez l’autre lorsqu’il avait l’ascendant. Une domination totale de l’esprit.
Soudain las de me battre dans le vent, de me jeter dans une bataille perdue d’avance, éreinté de cette joute intellectuelle qui allait de mal en pis, j’ai tenté un baroud d’honneur. Une dernière passes d’armes pour garder la tête haute. J’ai joué tapis, et je m’en suis remis à la bonne fortune… qui n’est jamais venue.
C’était fini.
Pour moi. Pour elle. Sur l’instant, je n’ai même pas réussi à être en colère contre cette femme, trop abattu pour réagir. Sinon l’aurais-je affublé de moultes nom d’oiseaux. Sinon me serais-je insulté moi-même. Moi et mon égo démesuré. Moi et mon appétit du gain. Moi et ma mâle faiblesse lorsqu’il s’agit de résister à la tentation d’une femme bien roulée.

J’ai tourné la tête vers Rosa, et ma gorge s’est nouée. J’ai ouvert la bouche mais aucun son n’est sorti. J’étais blême ; ma tête, mon regard accablé devaient parler à ma place.
J’avais perdu.

J’ai tiré ce qu’il restait de mon mon verre anisé cul-sec.
J’ai remercié mes partenaires et exécuté une courbette, puis j’ai quitté la table. J’ai attrapé le bras de Rosa à la volée. « On file. Vite. » ai-je réussi à articuler, la gorge sèche. J’ai tiré brusquement pour l’entraîner à ma suite et je suis parti à grandes enjambées. J’avais envie de prendre mes jambes à mon cou, de courir à en perdre haleine jusqu’à ce que nous ayons quitté le casino, mais je me suis retenu. Je ne l’ai pas lâchée d’un pouce ; je crois même que j’ai enfoncé mes ongles dans sa peau tant j’étais crispé.
J’ai tissé un sourire affable sur mes traits en quittant la salle à l’étage, sans un regard pour les gorilles de peur qu’ils ne lisent la supercherie de Rosa dans mes yeux, et j’ai pris le chemin de la sortie.

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Mar 7 Avr - 18:21
Mentir, c'est mal, m'voyez. C'est outrance à la Cour, et la jeune damselle en détresse avait beau implorer la bonne fortune en guise de salut, elle n'eût aucune pitié pour la roublarde. Tel est pris qui croyait prendre. Elle qui avait vu plus gros que ses yeux, que son portefeuille, y avait laissé des plumes. Blême, elle n'entendait plus ce qui se passe, le regard figé en face d'elle. Alors que l'étau se refermait, mâchoire dévorante claquant sur les malheureux, elle se sentait vaciller. Elle était à deux doigts de s'évanouir, tant la pression de l'instant, tant l'ambiance macabre lui donnait envie de vomir. Elle qui pensait que c'était facile, était entrée en territoire inconnu. Elle avait mis les deux pieds dans un puits sans fonds, menant droit vers les flammes infernales, abysse démentiel. Le souffle court, les lèvres sèches, seul son regard restait figé. Ancré dans un regard fumant, comme si Anubis en personne avait décidé de lui rendre une petite visite. L'homme qu'elle avait amené. Elle s'en rendit compte. Comprit, trop tard, qu'elle ne l'avait pas aidé. Pis encore, elle lui avait confronté deux adversaires coriaces. L'un, qu'elle avait pensé pu maîtriser, berner, et sinon, rejoindre dans cette pure folie des gains. L'autre, dont la présence seule lui glaçait le sang. Les Scierra étaient connus, dans le Gotha. Et si l'homme la reconnaissait ? Et si son tour de passe-passe de l'autre soir s'était ébruité ? Son père était-il au courant ? Qui était au courant ? Elle refusa à ses jambes de trembler, mais elle était dans un état de choc total. Les joueurs s'inclinaient, écrasés par le jeu de l'homme et ses caisses qui se renflouaient de jetons. Ils s'affaissaient face à cet homme, qui comme un trou noir, revêtement cette couleur corbeau, avalait leur fortune, leur sourire et tout semblant d'espoir. Qu'avait-il elle fait ?

Elle ne se rendit pas bien compte de quand la partie prit fin. Pour elle, elle s'était arrêtée dès la première victoire de l'homme en noir. Et alors que ses prunelles étaient toujours suspendues au regarde tenace et mortel de l'homme en face d'elle, qu'elle pensait présenter comme le Champion alors à Ken, le véritable champion lui, se gaussa de sa victoire. Elle ne dit mot. Tout résonnait étrangement. Engourdie, préoccupée, les sons lui paraissaient lointains, déformés. Elle serra les dents, alors que sa vision se troublait sensiblement. Allait-elle vraiment s'évanouir ? Pas ici. Pas maintenant. Comme un sursaut, venu d'un autre monde, elle sentit des griffes se planter dans sa chair. Lui perforant le bras de ses ongles, Ken l’attrapa sans plus de cérémonie, la tirant à sa suite alors qu'il volait vers la sortie. Vacillant sur les premiers pas, elle repris bien vite l'équilibre sur ses talons hauts. Le talonnant, n'ayant guère d'autre choix, elle vit cette fuite comme un espèce de miracle, échappant de ce fait aux deux hommes, qu'elle craignait décidément plus que celui qui la capturait alors. La sauvait, finalement. Mais elle entendit un cri dans le couloir. Hey, toi !! Voleuse ! Tu m'avais dit qu'ils seraient faciles à battre, tu vas me le payer, espèce de petite g.. !! Les portes de l'ascenseur se refermèrent bien heureusement sur eux, laissant les deux gorilles de la sécurité perplexes, ne sachant s'ils devaient les rattraper, ou sortir cet homme qui osait hurler. Aucun d'entre eux ne méritait d'être à cet étage. Et le destin le leur avait bien furieusement rappelé. La jeune femme laissa échapper un long soupir de soulagement, s'adossant contre la paroi de fer, pensant être sauve.

Elle ne mit qu'un instant avant de voir ce nouveau regard, intense, empli de doutes, qui la taraudait. Croisant le regard du jeune homme, elle n'avait pas remarquée ces quelques mèches brunes, perlant sur son joli visage, contrastant avec la chevelure blond soleil. Elle comprit cependant, qu'il avait dut comprendre sa manœuvre. Non, il n'était pas le seul qu'elle avait essayé de plumer ce soir. Et non, ça ne s'était pas passé comme prévu. Reprenant un peu de couleur, toujours aussi blanc aspirine, elle croisa les bras, le confrontant d'un regard provocateur. « Quoi, tu vas me dire que tu n'as jamais essayé de plumer un inconnu ? .. ou deux. » lâcha-t-elle la voix grésillante, le défiant de dire le contraire. « Petit conseil chéri, la prochaine fois, ne suis pas une paire de fesses et gardes ton argent ! » l'accusa-t-elle, comme si tout ça était de sa faute. Les portes s'ouvrirent, et sans demander son reste, elle s'engouffra à l'extérieur de celle-ci d'un bond. Pourvu qu'il ne la rattrape pas. Pas Ken, bien qu'elle pourrait ne pas aimer ce qu'elle entendrait. Mais surtout cet homme.

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Mer 8 Avr - 10:43

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J’avais le feu aux jambes, et je peinais à mettre un pied devant l’autre. La vibration de mes pas sur la moquette usée remontait en ondes de choc jusqu’à ma tête ; j’étais en train d’imploser de l’intérieur. La vue trouble, l’ouïe contrariée par les battements erratiques de mon palpitant affolé. Le sol tremblait devant moi, menaçant de s’ouvrir sous mes pieds à tout instant, et j’ai fixé mon regard sur la porte d’ascenseur au loin pour en faire un point d’accroche, pour ne pas défaillir, pour ne pas céder à la tentation d'accélérer la cadence. Pour ne pas m’élancer à plein galop, sinon quoi l’armée Sciarra aurait fondu sur nous. Là, tout au bout du couloir, l’Eldorado pour un addict du jeu et des paris foireux. Rien qu’une cage de métal pour quitter les enfers, pour semer les démons me talonnant.
Je serrais fort sur le bras de la femme bras sans m’en rendre compte, si fort que j’aurais pu lui arracher la peau. Je n’aurais su dire pourquoi j’avais pris Rosa à ma suite. Après tout, j’aurais pu la laisser là, nez à nez avec le champion, ou bien à la merci de tous ces hommes morts de faims. J’imaginais sans peine qu’au moins l’un d’entre eux aurait posé ses griffes odieuses sur son attrayante plastique, comme les hommes pensent avoir tous les droits sur les femmes dans ce genre d’endroit. Comme moi tout à l’heure, ai-je amèrement pensé. Et si j’en tirais une leçon, ce n’était pas forcément la bonne.
Elle n’aurait pas démérité son sort, Rosa. Elle s’était moquée de moi, du début à la fin. Dès l’instant où j’avais posé mon regard sur cette poupée de malheur, le piège s’était refermé sur moi. J’avais foncé tête baissée dans cette alléchante proposition, débranchant mon sens logique au profit d’une appétence charnelle. J’ai découvert la vérité malgré Rosa.  Quand un homme a crié dans le couloir à l’intention de mon ange de la mort. Hey, toi !! Voleuse ! Tu m'avais dit qu'ils seraient faciles à battre, tu vas me le payer, espèce de petite g.. !! La fin de sa phrase s’est échouée sur la paroi, mais nul besoin de l’entendre pour en deviner le propos. Elle jouait de malchance : encore quelques secondes, et je n’aurais jamais rien su de toute l’affaire.

Les pièces se sont lentement imbriquées dans mon cerveau tournant au ralenti, alors que les portes de la cage d’acier entamait sa descente, nous arrachant à ce lieu de malheur. Si ce n’était pas encore le cas, j’ai ouvert mes yeux grands comme des soucoupes à cet instant. Le monde a tourné sur lui-même. Je me suis adossé à la paroi et j’ai passé une main sur mon front pour en essuyer la sueur. Au ralenti, j’ai tourné la tête vers Rosa et je lui ai adressé un regard accusateur. Cette pimbêche à croisé les bras et n’a même pas cherché à se défendre. Je l’ai fusillée de mes yeux noirs. Je l’ai regardée sans répondre, d’une lueur mauvaise, d’une intensité malsaine. Sa voix trahissait sa panique ; elle aussi était à bout. Elle aussi, avait voulu jouer dans la cour des grands. Et elle aussi, avait échoué lamentablement. Quelque part, nous avions fait preuve de la même stupidité. Comme elle insistait pour me moquer, j’ai fini par lui intimer de se taire. « Fermes-là. Où je renvoie l’ascenseur à l’étage. » l’ai-je menacée. Un autre jour, je lui aurais servi mon plus beau sourire sarcastique, mais je n’en avais pas le coeur. Là-bas, sur le tapis vert, gisaient mon pactole et mes espoirs. Mes épaules se sont affaissées rien que d’y penser.
Je me suis asséné quelques claques et j’ai inspiré fort à m’en brûler les poumons. Il fallait que je passe à autre chose ; c’était trop tard maintenant. Elle m’avait eu, et j’étais au moins aussi responsable qu’elle. Avec recul, je puis dire qu’il était ironique que je réagisse ainsi à tel malheur dû à autrui, tandis que je me voilais la face quant à ce qui m’avait valu mon renvoi professionnel.
Je me suis ressaisi. J’ai carré les épaules et je me suis tenu bien droit, prêt à affronter la dernière ligne droite. D’un son de clochette accompagné d’une voix suave, l’ascenseur nous a indiqué l’étage, et les portes se sont ouvertes sur le brouhaha du Casino, sur les cris exaltés des gagnants. Cette ambiance qui m’enivrait ordinairement, m’apparut soudain insupportable. J’ai grincé des dents. Rosa a bondi au dehors avant que je n’aie pu dire quoi que ce soit. Dommage, la situation se prêtait tant à des adieux larmoyants... J’ai regardé s’échapper ces courbes de malheur savamment emballées dans la robe rouge, ces mèches blondes volant au vent de son pas de course avant qu’elle ne disparaisse dans la foule, puis je me suis élancé à mon tour.

J’ai traversé le grand hall en quatrième vitesse. J’étouffais parmi tous ces gens, et je n’avais qu’une hâte : sortir. Sortir et m’étourdir de l’air frais, loin de celui vicié des climatisations, de la fumée et des fragrances emmêlées. J’étais en nage. Je ne saurais dire exactement comment j’ai retrouvé l’entrée, tant mes pensées erraient pour assimiler tout ce qu’il venait de se produire ici. J’ai finalement déboulé à l’extérieur, sous le long porche d’entrée. Je devais avoir l’air ahuri, car une inconnue s’est préoccupée de mon état. “Monsieur, tout va bien?” Je l’ai chassée d’un grognement et d’un mouvement de la main. J’ai fait quelque pas et j’ai repris mon souffle, calmé mon coeur au rythme erratique. J’ai levé les yeux vers le ciel, dans l’espoir d’apercevoir quelques étoiles ; peine perdue, dans une ville aussi polluée que New-York.
J’ai vu une silhouette rouge s’éclipser au loin.
J’ai hésité à la poursuivre.

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