Ce fut avec un sourire en coin que Cassiopeia, surnommée Baby, la petite dernière du clan Matthews, entra la première dans la salle, dont la sobriété la laissa de marbre. De toute façon, le décor en lui-même lui importait peu, seul comptait le déroulement du jeu, qui allait commencer dans peu de temps. Amber, son amie la plus chère à l’orphelinat, en tout cas celle dont elle se souvenait le mieux, lui avait annoncé le thème lors de l’achat de son billet : la savane africaine. Ça laissait place à l’imagination, il fallait l’admettre. Elle espérait sincèrement ne pas rencontrer un serpent lors de son périple dans la savane, même si c’était entièrement virtuel, fictif. Il fallait savoir que la gamine, malgré son air blasé qu’elle se collait au visage h24, avait une peur bleue des reptiles, surtout des serpents, qu’ils soient courts, longs, colorés, ternes, venimeux ou inoffensifs. Aucune discrimination de sa part, elle les craignait tous. Elle se demanda si sa vieille amie s’en souvenait… La petite Baby déglutit en tout prenant place dans l’un des fauteuils, si énorme que ses pieds touchaient à peine le sol. Pas étonnant, elle ne mesurait qu’un mètre cinquante-cinq, mais tout de même… Une voix féminine, mais robotique, résonna dans la salle encore vide. « Oui, chef, je m’exécute, chef. » Elle plaça les lunettes sur son nez, puis enfila les gants. Les autres participants ne devraient plus tarder à arriver, maintenant.

Isolde a l'habitude de participer et même d'organiser des escape games. Se trouver dans une salle avec des inconnus pour résoudre le jeu ne l'inquiète pas du tout. Mais c'est la première fois que la joueuse tente l'expérience du virtuel, et elle doit bien avouer être intriguée. Il faut dire qu'Isolde apprécie de pouvoir toucher les objets, les déplacer et surtout de s'imerger complètement dans une ou plusieurs pièces dont le décors l'entraîne systématiquement dans un monde imaginaire, dans un autre univers. Isolde s'avance dans la pièce, un sourire sur les lippes, elle remarque deux jeunes gens qui sont déjà présents et installés et décident de les rejoindre. La voix dans les hauts parleurs lui intime de s'installer, ce qu'elle fait en prenant place dans un des fauteuils. Impatiente et excitée à l'idée de s'aventurer dans ce style de jeu qu'elle ne connaissait pas encore hier ! "Bonjour ! Prêts pour l'aventure ?" elle s'adresse aux deux jeunes personnes en enfilant les lunettes et les gants, c'est évident qu'elle est à l'aise en toute circosntance à sa manière sereine de se déplacer et de parler. "Je m'appelle Isolde, et vous ?" ils vont passer un long moment ensemble dans cette pièce, les présentation sont de rigueur, du moins le temps que ne commence leur escapade en territoire inconnu.

La notion d’escape game ne fait pas vraiment partie du vocabulaire de Jasmin. Très honnêtement, elle n’a jamais essayé. Après avoir vu une annonce sur différents groupes facebook concernant l’ouverture de celui-ci, cependant, Jaz n’a pas réfléchi à deux fois et s’est directement inscrite. Quoi de mieux pour s’intégrer dans un nouvel environnement que de participer à une aventure avec de parfaits inconnus ?

Lorsqu’elle entre dans la pièce, elle ne sait où regarder. Tout est sobre. Jaz est la dernière arrivée, suivant de très près une autre personne se présentant comme Isolde, à qui elle répond directement. « Enchantée. Je suis Jasmin. » La brune sourit de toutes ses dents, véritablement enchantée de rencontrer du monde.

Une voix se lève et donne ses premières instructions. Jasmin s’installe dans le fauteuil le plus proche et, tout en mettant ses lunettes, demande : « Vous êtes familiers avec les escape game ? C’est la première fois pour moi ! »

Les autres participants ne tardèrent pas à la rejoindre dans la salle. D’abord le garçon qui avait barbouillé son lycée de tags, l’autre jour. Une blonde qui se présenta comme étant Isolde, puis une brunette comme étant Jasmin. L’adolescente les salua de la main. « Cassiopeia. » Pendant que les quatre futurs aventuriers mettaient les lunettes et les gants, la dénommée Jasmin révéla que c’était la première fois qu’elle prenait part à un escape game. « La première fois pour moi aussi. J’espère qu’on va gagner, » claironna-t-elle, les poings serrés, prête à relever tous les défis. Bientôt, le jeu commença et l’ambiance s’installa : chaleur intense, vent sec, ronronnement d’insectes, herbe jaune. Le visage émerveillé, Cassiopeia tourna la tête autour d’elle. Elle avait l’impression de s’être téléportée de l’autre côté de l’océan Atlantique, dans elle ne savait quel pays africain (la géographie n’avait jamais été le fort de la demoiselle). « Trop cool… » murmura-t-elle. Trop estomaquée par son environnement, elle prêta une oreille distraite au discours de Gladys. Il semblait être question d’une tribu qui devait être prévenue à temps. Hum. Easy-peasy, right? Elle reconnut les silhouettes de ses compagnons à ses côtés. « Okay, par quoi on commence? Par fouiller la cabane? Peut-être qu’il y a une carte à l’intérieur qui nous évitera de tourner en rond en voulant chercher la tribu. » Sans attendre l’aval de ses coéquipiers, la gamine s’élança d’un pas joyeux vers la maisonnette située non loin d’eux. Bien qu’elle aperçut le cadenas accroché à la serrure, elle agrippa la poignée, qu’elle tourna dans tous les sens. Inutile. La porte refusa de s’ouvrir. Avec une moue, elle se retourna vers les autres et haussa les épaules. « Bah quoi? Ne me regardez pas comme ça, le cadenas aurait pu être vieux et ne plus fonctionner. »