J’avais un rencard. Moi Jadwiga Jackowska avait un rencard. Je n’arrivais pas à y croire. Mais est ce que tout cela était bien réel où j’étais en train de rêver ? Je me pinçais discrètement, mais non j’étais bien dans la réalité. Mais est ce que c’était bien un rencard d’abord ? Maintenant que je me posais la question je n’étais pas bien sûre. Alors oui Adriel m’avait effectivement invité chez lui, mais il avait précisé que c’était pour s’entrainer sur une recette. Du coup je n’étais pas bien sûre et plutôt que d’avoir l’air idiote, je préférais poser la question à Jill. Qu’elle me confirme que c’était un rencard ne m’aidait absolument pas à rester calme. Au contraire, j’avais des milliards de pensées et de questions qui fusaient dans mon esprit. J’avais rencontré Adriel au cours de cuisine, et dès que je l’avais vu j’avais craqué sur lui. Il était certes très beau, mais c’était surtout son sourire et sa gentillesse. Malheureusement pour moi à chaque fois qu’il me parlait ou qu’il m’approchait je me transformé en Miss Maladresse, mon accent ressortait plus fort que jamais et je cassais toujours quelque chose. Pourtant il continuait à venir me parler et il était si gentil et il me plaisait et pouvoir le voir en dehors des cours de cuisine me faisait extrêmement plaisir. Mais tout cela c’était avant que Jill confirme qu’Adriel ne voulait peut-être pas faire que de la cuisine avec moi. Je mentirais si je disais que l’idée de m’avait pas traversé l’esprit, mais cela m’angoissait. Adriel était le premier homme qui me faisait autant d’effet depuis la mort d’Andrew. Jusqu’à présent j’étais complètement indifférente à tout cela et voilà qu’il débarquait et remettait toute mon existence en cause. Il m’attirait et j’avais envie de me laisser aller, d’aller de l’avant, mais en même temps j’avais l’impression de trahir Andrew. Qu’est ce qu’il dirait s’il me voyait de la sorte ? Est ce qu’il approuvait que j’essaye d’aller de l’avant ou alors 3 ans ce n’était pas suffisant pour porter le deuil ? Jusqu’à présent j’avais eu l’impression que jamais je ne pourrais faire mon deuil et voilà qu’Adriel remettait tout en cause. Alors non je n’étais pas amoureuse, je n’étais pas une midinette de 15 ans, mais il m’attirait au delà du raisonnable et je me sentais coupable de ressentir tout cela pour lui. Et je ne savais pas si aller chez lui ce soir était finalement une si bonne idée que ça.
Je ne savais pas quoi faire et dans ces cas là, la seule personne qui pouvait m’aider c’était Antek. Mon cousin n’avait pas tardé une seule seconde avant de venir et quand je lui expliquais la situation il me regardais en souriant. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de drôle, mais en tout cas il essayait de me faire comprendre que je n’avais pas à être coupable, qu’au contraire c’était une bonne chose et que je ne pouvais pas vivre éternellement avec le souvenir d’Andrew. Je détestais quand il me disait des choses comme ça, parce que je savais qu’il avait raison, mais est ce que moi j’étais prête à totalement laisser partir Andrew ? Je ne savais pas et mon cousin me laissait toute seule avec mes questions parce qu’il avait une messe à assurer. Je passais le peu de temps qu’il me restait à me préparer, parce que j’avais envie de croire qu’il pouvait en ressortir que du bon de cette soirée, malheureusement au moment où j’allais sortir de ma chambre, mon regard tombait sur une photo d’Andrew et moi et j’y voyais un signe. Un signe que je devais rester chez moi ce soir. Je m’en voulais de faire ça à Adriel, mais je n’avais pas le choix. Les heures passaient et je ne répondais à aucun des appels et messages d’Adriel me demandant où j’étais, ou si j’avais eu un problème, jusqu’à ce qu’il finisse par abandonner. Je me sentais affreuse de lui faire ça et que mon téléphone ne sonne plus me rendait encore plus anxieuse. Il était passé 23h, c’était sûrement encore pire que de ne pas venir du tout, j’allais peut-être même le réveiller, mais il fallait que j’aille chez Adriel pour m’excuser. Il fallait que je lui explique pourquoi je n’étais pas venue. Lui raconter l’histoire de mon mari mort ce n’était sûrement pas une bonne chose à faire, mais dire que mon colocataire avait eu des soucis ou même Antek c’était une excuse plausible non ? Tout ce que j’espérais c’était déjà de ne pas me perdre en allant chez lui et surtout qu’il m’ouvrirait. En arrivant devant chez lui, je soufflais un bon coup et je prenais mon courage à deux mains pour taper à sa main. Les secondes me paraissait interminables avant qu’il n’ouvre la porte et je me figeais en le voyant. Il fallait que je dise quelque chose. Quelque chose d’intelligent ou que je m’excuse tout simplement « Bonsoir » Ce n’était pas horrible, mais ce n’était sûrement pas avec ça qu’il allait m’accueillir avec son beau sourire. « Je suis désolé pour ce soir » Voilà qui était déjà mieux et qui je l’espérais m’ouvrirais les portes de chez lui pour que je lui explique.
Appuyé contre le plan de travail de sa cuisine ouverte, Adriel regarde l’aiguille tourner un peu plus. Le temps ne passe pas vite, et pourtant, il attend depuis longtemps déjà. De tout ce qu’il s’était imaginé pour ce soir, la réalité en était bien loin. Il ne s’imaginait pas forcément que ça aurait abouti dès ce soir, même si l’idée était dans un coin de sa tête, et qu’il avait donc rangé un minimum sa chambre – ou plutôt fourré dans un placard ou au linge sale ce qui trainait. Non, il n’était pas sûr de lui à ce point, même s’il était assez certain de plaire à la jolie polonaise rencontrée dans un cours de cuisine. Mais il s’attendait au moins à passer un bon moment en sa compagnie. De cuisiner, de rire et de flirter. Le programme presque idéal pour une soirée avec une femme. Un rendez-vous chez lui, pour cuisiner à deux, il avait trouvé l’idée originale. Et elle avait accepté. Sauf qu’elle n’est toujours pas là, et il commence à se dire qu’elle ne viendra pas. Il prend son téléphone sur la table et vérifie l’heure dont ils avaient convenue. Il lui avait également donné la bonne adresse et, même si elle ne trouvait pas, elle l’aurait appelé. La vérité, c’est qu’elle ne viendra sans doute pas. Et même si ce n’est pas la première fois qu’on lui pose un lapin, ce n’est jamais agréable. Il soupire, ouvre tout de même la porte pour vérifier qu’elle n’est pas dans le couloir, puis la referme avec lassitude. Il retire le tablier à l’effigie de Spiderman qu’il était fier de porter, et le laisse tomber au sol. Un instant, Adriel hésite sur la suite de sa soirée. Il n’a plus rien de prévu, naturellement. Il pourrait sortir, mais dans l’état actuel des choses, il n’en a pas envie. Il décide plutôt de prendre les tablettes de chocolat qui étaient prévues pour le cours de cuisine en tête-à-tête, et d’aller se vautrer dans le canapé. Il parcourt Netflix avant de choisir un film au hasard. Adriel n’aurait pas pensé être ainsi déçu. Après tout, Jadwiga et lui ne se connaissent pas vraiment. Loin d’être attaché à la jeune femme, elle lui plaisait simplement. C’est le cas depuis quelques temps, alors passer du temps seul avec elle lui faisait plaisir. Visiblement, elle n’avait pas pensé la même chose. Tant pis pour elle. Du moins, c’est plus simple de se dire ça. Peut-être qu’il finit par somnoler un peu, parce que les deux héros sont en train de s’embrasser quand il entend frapper à la porte. Il ramasse l’emballage vide et le jette à la poubelle avant d’aller jusqu’à l’entrée. Et quelle n’est pas surprise de découvrir Jadwiga derrière sa porte. Il fronce les sourcils alors qu’elle le salue, un peu comme si elle arrivait juste, et qu’elle n’avait aucun retard. Le temps qu’il réfléchisse à ce qu’il pourrait répondre, elle poursuit en s’excusant. « Ah… » Il reste sur le pas de la porte, la tenant d’une main. « Je savais qu’il y avait un décalage horaire avec l’Europe, mais pas à ce point. » Il ne sait même pas ce qu’il attend qu’elle lui dise. Elle a sans doute une bonne explication, sinon pourquoi serait-elle là, près de trois heures en retard ?
Cette soirée qui aurait du être délicieuse, qui aurait du être sympathique se transformait en véritable cauchemars par ma faute. Je me sentais horrible, oui je n’étais pas une personne fréquentable. Qu’est ce qu’aurai dit Andrew en me voyant faire ça ? Bon déjà s’il était toujours vivant je ne me serais pas intéressé à Adriel, mais de la haut, je devais lui faire honte. J’étais même sûre qu’il n’osait pas dire aux autre anges que j’étais sa femme en me voyant faire actuellement. Parler avec Jill m’avait mis dans tout mes états concernant la finalité de cette soirée et parler avec Antek, m’avait perturbé encore plus qu’autre chose. Pourtant je m’étais quand même préparé, je m’étais faite belle parce que je voulais lui plaire autant qu’il pouvait me plaire. Puis au dernier moment j’étais resté chez moi. Pour une fois j’étais bien contente aussi que Adrian ne soit pas là. Parce que connaissant mon colocataire il aurait été capable de me tirer jusqu’à chez Adriel pour que je ne regrette pas ma décision et que je passe une bonne soirée. Le pire ? C’était que j’étais persuadé que j’aurai passé une excellente soirée, mais non je préférais me morfondre sur ma vie passé, sur Andrew qui me manquait toujours autant et ma culpabilité d’être attiré par un autre homme. Pourtant après des heures à réfléchir, et un retard monstre, j’osais prendre mon courage à deux mains et taper à la porte d’Adriel. Peut-être n’était-il pas là. Peut-être qu’en regardant par le judas et en me voyant il ne voudrait pas m’ouvrir et je ne pourrais pas lui en vouloir. Ou peut-être s’était-il tout simplement endormi en se disant que j’étais une belle garce. Rien que d’imaginer tout cela m’angoissait et pourtant le voir m’ouvrir fut encore pire. Parce qu’il n’avait pas l’air ravi de me voir et je pouvais le comprendre. Après tout je l’avais fait poireauter plus de 3h avant de venir chez lui et je lui présentais mes excuses tout de suite. Le pauvre ne méritait pas ça. « Je savais qu’il y avait un décalage horaire avec l’Europe, mais pas à ce point. » Celle là je l’avais sûrement bien cherché, et qu’il me parle de l’Europe n’allait pas m’aider à gérer mon stress. Heureusement que je n’avais rien dans les mains sinon j’aurai tout laissé tomber « Il est presque 5h à Krakow, c’est pas une bonne heure pour venir non plus… » Adriel m’impressionnait par sa froideur, il n’avait rien à voir celui avec qui je rigolais en cours de cuisine et qui me faisait rougir, mais c’était de ma faute et un exposé sur le décalage horaire avec la Pologne n’allait sûrement pas arranger mon cas. « Je voulais te prévenir et puis mon cousin heu non mon colocataire problème et j’ai du l’aider » L’explication que j’avais si bien répété était en train de fuir très loin et ma dignité avec. « Kurwa, je perds mes mots, c’est le stress pardon » Je ferais sûrement mieux de partir tout de suite, de rentrer chez moi avant de dire encore plus de bêtise. « Je voulais venir ce soir, vraiment » Je n’osais pas dire qu’il me plaisait, je ne voulais pas être encore plus ridicule que maintenant. « Antek, a eu un soucis. Enfin non pardon c’était Adrian mon colocataire et on a du aller aux urgences » Doux Jésus, j’allais me reprendre un crochet du droit par le karma et j’espérais qu’il n’arrivait rien à Adrian pour mon mensonge. Et maintenant je ne savais pas ce que je devais faire ? Jamais je n’oserais le forcer à me faire rentrer chez lui, alors que peut-être il fallait tout simplement que je rentre chez moi. J’avais réussi à tout gâcher de toute évidence et il ne me restait plus qu’à déprimer dans mon lit sur mes choix et ma culpabilité.
La nature d’ordinaire plutôt gaie et pleine d’humour d’Adriel semble bien loin, lorsqu’il ouvre la porte à Jadwiga, arrivée plusieurs heures en retard. S’il fait tout de même une blague, celle-ci est bien plus cynique que ce à quoi il a pu habituer ses proches et la polonaise adepte de cuisine. Question d’égo ? Peut-être. Certainement. Se faire poser un lapin, c’est difficile de ne pas le prendre personnellement. C’est lui qu’elle a choisi de ne pas venir voir. Certes, ils n’avaient pas défini officiellement que c’était un rendez-vous, mais Adriel ne voit pas vraiment comment ça aurait pu être interprété autrement. Et elle avait accepté. Mais ce qu’il ne comprend pas, c’est que Jadwiga soit sur le pas de sa porte, trois heures plus tard que l’horaire prévu. Peut-être qu’elle a une bonne explication. Adriel n’en a aucune idée mais pour l’instant, il reste sur ses gardes, pas vraiment aimable. « Merci, je me disais justement que j’avais besoin d’un cours de géographie. » A nouveau très cynique. Le pire, c’est qu’il l’est rarement d’habitude, ça lui ferait presque bizarre. Il fait une petite moue quand elle se lance dans ses explications. Soit elle est réellement stressée, soit elle ne sait absolument pas mentir. Adriel ne la connait pas assez pour savoir quelle est la réalité. Il l’a déjà vue stressée, elle l’est à peu près à chaque fois qu’ils s’adressent la parole. Mais d’habitude, il trouve ça mignon. Là, ça aurait plutôt tendance à être agaçant. Si c’était pour mentir, il ne voit pas pourquoi elle est là. Autant juste lui poser un lapin, jusqu’au bout. Ç’aurait été étrange s’ils s’étaient recroisés samedi, mais peut-être qu’elle aurait pu aussi changer de cours de cuisine, pour l’éviter jusqu’au bout. Mais se pointer avec trois heures de retard et mentir, il ne voit pas comment elle pourrait faire pire. Pourtant il est habitué à ce qu’elle soit gênée mais là, c’est tout autre chose. Et il ne comprend pas. Tout comme il ne comprend rien à ses explications, qui n’ont clairement ni queue ni tête. « Donc si je résume… Ton colocataire est ton cousin, et il a deux prénoms ? Rassure-moi, il va bien au moins ? » Il joue l’idiot, mais en même temps, elle doit penser qu’il l’est pour sortir des mensonges aussi gros et espérer qu’il y croira, ne serait-ce qu’un instant. « Si tu ne voulais pas venir, tu aurais pu juste rester chez toi. Si tu te sentais d’humeur clémente, un sms pour me dire que t’avais changé d’avis aurait suffi. » Clairement, il n’y aurait pas répondu, mais ça l’aurait sans doute moins énervé.
Parce que j’étais stressée, parce que j’avais honte de moi et de ce que j’avais fait avec Adriel, je racontait tout et n’importe, je lui parlais du décalage horaire avec Cracovie, comme si c’était la chose la plus importante à faire. Même si je lui avais présenté mes excuses, je lui devais des explications. Dans ma tête tout sonnait très bien. Adrian avait eu un gros soucis et j’avais du le ramener aux urgences, c’était pour ça que je n’avais répondu ni à ses appels, ni à ses messages et que j’étais arrivée avec 3h de retard. Pour quelqu’un qui savait mentir et qui n’était pas impressionnée par Adriel, oui cela devait être simple de raconter tout cela. Pour moi c’était tout le contraire. Je m’emmêlais les pinceaux en parlant de mon cousin, mon accent était une catastrophe et au final je faisais pire que mieux. Si après tout cela Adriel voulait encore accepter de me parler, c’était un miracle. Mais nous étions très loin de tout cela malheureusement. « Donc si je résume… Ton colocataire est ton cousin, et il a deux prénoms ? Rassure-moi, il va bien au moins ? » Si il y avait une possibilité de fuir, ou de m’enterrer quelque part, je l’aurai fait à la seconde. Parce que la façon dont il résumait les choses, j’avais largement conscience de ne pas être crédible. « Non mon cousin s’appelle Antek et il est prête. Mon colocataire s’appelle Adrian et les deux vont bien » A ce rythme je ne voyais plus aucune raison de continuer à mentir. Il allait me détester, ne plus vouloir m’inviter, ne plus vouloir cuisiner avec moi et je l’aurai bien mérité. « Si tu ne voulais pas venir, tu aurais pu juste rester chez toi. Si tu te sentais d’humeur clémente, un sms pour me dire que t’avais changé d’avis aurait suffi. » J’étais horrifiée par le fait qu’il puisse penser que je ne voulais pas venir. Ce n’était pas cela du tout. « Tu te trompes Adriel, je voulais vraiment venir, je me suis maquillée et j’ai pris du temps à choisir une tenue pour la première fois depuis longtemps » J’avais fait tout cela dans l’espoir de lui plaire et je prenais sur moi, je respirais un bon coup parce qu’il était temps que je sois courageuse pour une fois et que je lui dise la vérité. Que je lui explique les véritables raisons de mon retard. « Si je ne viens que maintenant c’est parce que mon mari est mort…. Il est mort il y a 3 ans » Le dire à voix haute était toujours aussi pénible et douloureux. Mais j’avais l’impression d’avoir fait le plus dur. « Et depuis, tu es le premier homme qui m’attire. Et j’ai paniqué parce que je ne sais plus comment faire, j’ai paniqué parce que je voulais que ce soit un rencard. Et j’ai paniqué parce que je culpabilise par rapport à mon mari » Voilà, la bombe était lâchée et maintenant que j’avais dit tout cela, je ne savais pas si je devais partir en courant ou attendre une réaction de sa part. J’avais surtout peur que sa réaction ne soit pas celle que j’espérais.
Se faire poser un lapin est une chose. Loin d’être agréable, Adriel serait simplement passé à autre chose, sans doute dès le lendemain. Il n’a jamais été rancunier, simplement de mauvaise humeur sur le coup. Le temps qu’il digère et passe à autre chose, ce qui prend rarement moins d’une journée. Il n’aurait pas fait la gueule à Jadwiga au prochain cours de cuisine, mais il aurait arrêté de flirter avec elle. Rien de dramatique en soi, même si ce n’est pas appréciable sur le coup. Mais se faire servir de tels mensonges pour excuses, Adriel a clairement l’impression d’être pris pour un parfait idiot. Parce qu’il faudrait l’être pour croire à une telle histoire, dans laquelle Jadwiga n’est même pas sûre de qui elle parle. Finalement, après qu’Adriel se soit moqué de son mensonge, elle remet les choses au clair. Peut-être qu’elle pensait qu’il y croirait, ou bien elle était tellement gênée qu’elle en avait oublié la logique de son mensonge. « Je suis content de l’apprendre. » Du sarcasme, à nouveau. Si ça n’intéressait pas la brune de venir ce soir, ça n’intéresse pas non plus Adriel de savoir les prénoms de son colocataire et de son cousin. Clairement, il aurait préféré qu’elle soit honnête et, si elle avait changé d’avis, qu’elle le prévienne, tout simplement. Même si elle aurait pu aussi refuser dès le départ, ce qui leur aurait épargné ce moment gênant et tout sauf agréable. Sauf que Jadwiga insiste. Elle voulait venir. Adriel la regarde réellement, pour la première fois depuis qu’il a ouvert la porte. C’est vrai que sa tenue serait appropriée pour un rendez-vous et, si elle était arrivée trois heures plus tôt, il l’aurait complimentée en espérant voir ses joues prendre de jolies couleurs. Mais ça n’explique pas pourquoi elle lui a posé un lapin. Quand on veut venir, on vient. Ça parait pourtant simple. Sauf que la bombe que lâche ensuite Jadwiga lui fait comprendre que c’est tout sauf simple. Un mari ? Mort ? Elle précise que cela fait trois ans et heureusement, sinon il aurait pensé qu’il était mort ce soir. Chose qui aurait été très étrange parce qu’il n’avait aucune idée qu’elle était mariée. Maintenant qu’elle s’explique, Adriel comprend mieux. Tout. Sa gêne perpétuelle. Le lapin qu’elle lui a posé. Le fait qu’elle soit là pour s’expliquer. Adriel n’a jamais été marié, n’a jamais réellement perdu quelqu’un à qui il tenait. Alors il ne peut pas se mettre à la place de Jadwiga, mais il peut comprendre que les choses soient compliquées. « Je… euh… » Que répondre à cela ? Adriel regrette d’avoir été si froid avec elle, même s’il n’avait aucun moyen de savoir. « Désolé… pour ton mari. » C’est ce qu’on dit non ? Ou trois ans après, c’est trop tard ? Adriel se dit que ça ne peut pas faire de mal. « Tu aurais pu me le dire, tu sais. » Est-ce qu’il aurait agi de la même façon s’il avait su ? Il n’en sait rien. Doucement, il se décale de la porte, pour l’ouvrir davantage. « Tu veux entrer ? »
Adriel avait le droit d’être en colère, de me parler aussi froidement et de faire autant de sarcasme, vu comment je m’en sortais avec mes mensonges je ne pouvais pas lui en vouloir. J’étais même surpris qu’il ne m’ait pas fermé la porte à la figure. Il aurait pu le faire en tout légitimité. Pourtant il était toujours là, à écouter mes mensonges. Je me trompais entre Antek et Adrian. Un coup c’était mon cousin qui était à l’hôpital, la minute d’après c’était Adrian. Tout s’était mélangé dans ma tête et c’était affreux. J’avais voulu faire les choses bien, m’excuser auprès de lui pour mon retard ou ma non venue, sans pour autant lui dire que j’avais des problèmes avec moi même à cause de la mort de mon mari. Je n’aimais pas en parler et je ne voulais pas non plus voir son expression changer. Je ne voulais pas qu’il me prenne en pitié parce que j’étais la pauvre petite veuve. Pourtant après des minutes de torture à essayer de mentir, j’étais bien obligé de prendre sur moi et de lui dire la vérité. Parce que je ne voulais pas qu’il puisse penser que je m’étais moqué de lui. J’avais pris du temps à choisir ma tenue, à me maquiller et je ne faisais pas ça pour beaucoup de monde. Pour personne même. Alors après avoir soufflé un bon coup, je lançais ma bombe. Mon mari était mort, je me sentais coupable, mais en même temps je voulais retrouver les joies de plaire à quelqu’un, de flirter et tout ça. Je voulais refaire ma vie, mais je ne voulais pas oublier Andrew. C’était beaucoup trop compliqué dans ma tête et maintenant j’attendais sa réaction. Je n’osais même pas le regarder. « Je… euh… » Je ne voulais pas non plus qu’il se sente coupable, parce que ce n’était pas de sa faute. Ce n’était pas une information gravé sur mon front et il n’avait aucun moyen de le deviné. « Désolé… pour ton mari. » Je relevais finalement la tête pour lui adresser un mince sourire. « Merci » Pendant un moment cette phrase je l’avais détesté plus que tout. Voir tout ses gens à l’enterrement, dont la plupart n’en avait rien à foutre d’Andrew, il était juste venu essayé de récupérer des morceaux du gâteaux et ils avaient été déçu d’apprendre qu’il m’avait tout légué. Maintenant cette phrase ne me faisait plus aussi mal. « Tu aurais pu me le dire, tu sais. » Est ce que vraiment j’aurai pu ? Je n’étais pas si sûre. « Entre deux découpes de légumes pendant nos cours ? C’est sûr que j’aurai mis une ambiance du tonnerre avec ça » Je rigolais un peu parce que j’imaginais la scène. « J’aimais bien notre façon de flirter, je ne voulais pas imposer un poids aussi lourd » Parce que maintenant les choses allaient forcément être différente, maintenant il allait me voir comme la femme qui a perdu son mari. Heureusement je n’avais rien dit à propos de l’enfant que j’avais perdu également. « Tu veux entrer ? » J’avais du mal à y croire, mais j’acceptais avec plaisir et timidement j’entrais dans l’appartement d’Adriel. « Je suis vraiment désolé pour tout ça Adriel et aussi de t’avoir menti, ce n’était pas très malin de ma part » C’était même tout le contraire, mais bon dans quelque temps on allait pouvoir en rire. « Dans ma tête ça me semblait plus simple d’inventer un truc plutôt que parler d’Andrew. » Sauf que j’avais oublié que j’étais nulle pour mentir. « Et puis quand je t’ai vu j’ai été troublé, enfin comme à chaque fois. Heureusement je n’avais rien dans les mains » Sinon tout se serait brisé, comme pendant les cours. En la présence d’Adriel j’étais incroyablement maladroite. « Tu a un très bel appartement » Je parlais trop, il fallait vraiment que je me calme.
Après avoir eu l’impression d’être pris pour un idiot, Adriel se dit qu’il en est peut-être un finalement. Mais pas dans le sens où il serait assez stupide pour croire ce qui est très clairement des mensonges. Plutôt dans le sens où il a agi comme un con avec Jadwiga alors qu’elle n’avait rien demandé. Mais en même temps, comment aurait-il pu savoir ? Aucun moyen. Un deuil ne se lit pas sur le visage, et sans doute que c’est mieux ainsi. Mais à cause de ça, il a été tout sauf agréable avec la polonaise, qui n’avait pas besoin de cela. Alors oui, Adriel se sent comme un idiot, d’autant qu’il ne sait pas trop quoi dire. Que dire à une femme qui vous avoue que vous êtes le premier à lui plaire depuis son mari mort ? La situation est pour le moins inédite pour Adriel également. Et elle a raison, ç’aurait été étrange qu’elle lui avoue ça alors qu’ils flirtaient au-dessus des légumes. Pour être honnête, Adriel ne sait pas comment il aurait réagi. Tout comme il ne sait pas comment il devrait réagir ce soir. « Vu comme ça… tu as sans doute bien fait. » Entre eux, l’ambiance était légère, malgré la gêne évidente de la jeune femme. Mais les choses étaient simples et agréables, et c’était pour cela qu’Adriel était impatient pour ce soir. Finalement, ses plans ont été bouleversés, et plus rien ne semble être simple. Concernant le côté agréable, il attend avant de se prononcer et décide d’inviter Jadwiga à entrer. Elle s’excuse à nouveau, et Adriel lui offre un léger sourire. Elle continue malgré tout de s’expliquer, ce qui n’étonne pas vraiment l’épéiste. Elle doit s’en vouloir, être gênée par tout cela, et donc elle comble la gêne par beaucoup de mots. Mais comme elle le dit, elle ne peut rien casser pour une fois. Ayant eu plusieurs fois l’occasion d’être témoin d’un incident, Adriel sait à quel point ça peut être dangereux. Heureusement, jamais au point d’avoir des blessés, mais il faut mieux faire attention. « Pas besoin de t’excuser. » Dit-il avec un sourire. Il ne peut pas lui en vouloir. Peut-être qu’il devrait un peu, peut-être que sa situation n’excuse pas tout, mais Adriel estime qu’il serait déplacé d’être à nouveau désagréable avec elle. Lui avouer tout cela a dû lui demander beaucoup de courage, même si elle ne l’a pas fait directement. « Et merci. » Ils ne se sont jamais vus dans un cadre autre que les cours de cuisine. Ce soir était censé marquer une nouvelle étape, sans pour autant que cela soit forcément sérieux. Adriel ne sait plus vraiment que penser désormais. « Donc je te plais hein ? » Un sourire fier sur le visage, il décide de jouer la carte de la légèreté. Parler de son mari mort, ce n’est pas le genre d’Adriel.
Je ne pensais pas que dire la vérité sur mon mari à Adriel me ferait ressentir autant d’émotion. Je me sentais mal, parce que c’était toujours une douleur aussi intense et j’étais coupable de discuter de ça avec la personne qui me plaisait et en même temps j’avais l’impression d’avoir été libéré d’un poids. Bien que j’aurai préféré ne rien lui dire. Parce que j’étais persuadé que cela allait changé nos rapports maintenant. Puis surtout il aurait voulu que je lui dise quand ? Pendant qu’on flirtait ? Ou alors quand il me passait le couteau pour découper des légumes ? Non cela n’aurait fait que nous rendre mal à l’aise. Comme à l’heure actuelle. « Vu comme ça… tu as sans doute bien fait. » J’aurai voulu que ce sujet ne soit jamais abordé, mais je n’avais pas eu le choix. Peut-être que je devrais prendre des cours de théâtre pour apprendre à mentir. Parce que Adriel m’avait grillé en deux secondes, mais c’était aussi sa personne qui me déstabilisais et je l’étais encore plus en acceptant son invitation à entrer chez lui. J’avais peur de ce qu’il allait me dire, peut-être peur aussi de ce qui pourrait se passer. Je ne savais pas trop, alors quand c’était comme ça, je parlais. Je parlais beaucoup et je m’excusais encore une fois parce qu’il n’avait pas mérité tout cela. « Pas besoin de t’excuser. » Je le remerciais d’un sourire d’être aussi compréhensif. Surtout que même après cela, il aurait pu me fermer la porte au nez et on en serait resté là. Mais j’appréciais vraiment qu’il ne m’en tienne pas rigueur. J’essayais de changer de conversation en parlant de son appartement. J’étais contente de pouvoir le découvrir et lui faisait remarquer qu’il était vraiment très beau. « Et merci. » Je lui souriais, avant de contempler la ville à travers la fenêtre. Et maintenant quoi ? Cela allait être le moment gênant où on allait pas savoir quoi se dire ? Où le sujet de mon mari mort allait planer au dessus de nous ? Je n’espérais pas en tout cas. « Donc je te plais hein ? » Je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça et en me retournant voir son sourire fière me faisais rire, même si cette simple phrase avait le don de me faire monter le rouge au joue. J’en avais peut-être trop dit un peu plus tôt. « Ce n’est pas comme si c’était un secret » Avec les autres hommes des cours de cuisine, j’arrivais à parler normalement, je ne cassais rien et je ne bafouillais pas. Alors qu’avec Adriel c’était tout le contraire. « Je dois quand même avouer que j’imaginer pas le dire de cette façon, mais effectivement tu me plais beaucoup » Et pour le coup je me sentais un tantinet ridicule, et pourtant j’affichais un large sourire. Je me sentais presque sereine, presque bien. « Je sais qu’il est trop tard pour cuisiner, mais est ce tu crois qu’on puisse remettre ça ? » Et cette fois il pouvait être sûre que je ne me défilerais pas. « Ou même simplement aller boire un verre » J’étais presque sûre de lui proposer un rendez-vous, mais je n’étais quand même pas bien sûre de moi. Si cela me permettait de pouvoir le revoir en dehors des cours, j’étais même prête à accepter de faire du sport. « Ou tout autre chose » Je recommençais à être gêné et avant que je ne mette à parler beaucoup trop, je préférais m’arrêter.
Bien sûr que ça change quelque chose. Ça ajoute une certaine pression à ce qui devait être un simple rencard. Peut-être même un peu plus que cela, mais dans tous les cas, ce n’était pas prévu pour être spécialement sérieux. Apprendre qu’elle a été marié et que son mari est mort, ça change forcément cela, au moins un peu. Et cette idée, Adriel l’a dans la tête, sans pouvoir l’éliminer complètement. Pour autant, il ne se concentre pas là-dessus, et choisis de laisser Jadwiga entrer chez lui, et de plaisanter sur un détail qu’elle vient de lui avouer, probablement sans y réfléchir. En effet, ce n’était pas vraiment un secret. Adriel, et la plupart des autres apprentis cuisiniers de leur cours, s’en était rendu compte. Ce n’était pas par hasard qu’il l’avait invitée chez lui, même si ça ne s’est pas exactement passé comme prévu. Mais entendre Jad lui confirmer qu’il lui plait, ça compense un peu, et fait sourire Adriel. Au fond, ça pourrait toujours être simple, tant qu’il se concentre sur ce qui compte. Elle est là. Ils se plaisent. C’est le principal. « C’est bon à savoir. » Il sourit, en s’appuyant contre le dossier du canapé. Il pourrait lui dire que c’est réciproque mais, taquin, il préfère jouer de la situation. Tout comme il a souvent plaisanté de la gêne évidente de la jeune femme. En effet, il est plus tard que prévu initialement. Adriel n’avait pas pensé à cela en l’invitant à entrer. Le programme initial est de toute façon compromis parce qu’il a mangé certains des ingrédients nécessaires. Alors reporter semble le plus logique, tant qu’elle ne lui pose pas de second lapin. Mais Adriel ne pense pas que ce soit son genre. Encore qu’elle peut le surprendre. Elle propose d’autres options, sans doute à nouveau pas très à l’aise. Adriel rit doucement, avant de se redresser. « Autre chose, hein ? Il va falloir préciser, parce que je risquerais de me faire des idées. » Sans doute a-t-il envie de la voir rougir un peu plus. Avait-elle pensé qu’ils puissent coucher ensemble ce soir, avant de changer d’avis ? Adriel n’en a aucune idée, mais ça ne le gêne pas d’en plaisanter. « Sinon j’ai de quoi boire ici, si tu veux. A défaut de cuisiner, on peut toujours prendre un verre. » Il n’a pas vraiment envie qu’elle reparte tout de suite, maintenant qu’elle est enfin arrivée.
J’étais contente d’avoir pu dire la vérité à Adriel, parce que techniquement maintenant plus rien ne me retenait, et en même temps je m’en voulais d’avoir mis ce poids sur notre flirt qui était si léger. Parce que jusqu’à présent, c’était léger, c’était beau, c’était réconfortant et j’aimais ce genre de choses. Est ce que maintenant je ne lui imposait pas une certaine relation sérieuse ? Parce qu’il savait que si on passait à la vitesse supérieure, si on finissait la nuit au lit, cela n’aurait pas le même impact sur lui que sur moi. Alors oui pendant que j’étais dans son appartement à m’excuser pour la centième fois au moins, je ne pouvais empêcher mon cerveau de réfléchir à tout cela, tout comme je n’arrivais pas à retenir mon cerveau de lui dire qu’il me plaisait. A son sourire, je voyais qu’il se sentait fier de cette révélation et pourtant cela me faisait rire. Ce n’était un secret pour personne et sûrement pas pour lui. Même si la soirée était bien entamée, maintenant qu’on avait réussi à parler, que j’avais réussi à me faire pardonner pour mon faux plan, je n’avais pas envie de partir. Il était sûrement trop tard pour faire de la cuisine, mais on pouvait tout simplement prendre un verre, parler de la vie, parler de ce qu’il voulait et dans ces moment là mon cerveau n’avait plus de filtre et je lui avais aussi proposé de faire autre chose. En me rendant compte de ce que j’avais fait, je me mordais la lèvre, je n’aurai sûrement pas du dire ça. « Autre chose, hein ? Il va falloir préciser, parce que je risquerais de me faire des idées. » Et voilà je m’en doutais, ma phrase était beaucoup trop explicite pour être innocente et le rouge me montait instantanément aux joues. J’avais vraiment l’impression d’être une adolescente et c’était très agaçant. « Alors oui effectivement j’ai pensé à ce que tu penses » J’avais déjà l’impression de partir dans un combat que j’allais perdre contre moi-même. « Enfin avant de penser à ça, je pensais à une balade, un restaurant, autre chose » Encore une fois cet ‘’autre chose’’ revenait. Comme si mon cerveau ne pensait qu’à cela. Comme si je voulais absolument voir à quoi ressemblait Adriel sans chemise. Il fallait que je me reprenne et très vite. « Sinon j’ai de quoi boire ici, si tu veux. A défaut de cuisiner, on peut toujours prendre un verre. » Cela était une excellente idée, c’était exactement ce qu’il nous fallait. « Je serais très heureuse de boire un verre avec toi » Cela me permettrait sûrement de me détendre un peu plus. J’en profitais donc pour me mettre à l’aise et j’élevais ma veste avant de m’installer dans le canapé. « Je te préviens, la prochaine fois, je t’invite chez moi » Pas forcément pour faire ce à quoi il pensait, mais aussi pour lui faire découvrir une autre partie de moi, comme je pouvais découvrir une partie de lui ce soir. « Alors dit moi, qu’est ce que tu fais en dehors des cours de cuisine ? » On avait jamais vraiment eu l’occasion d’en parler, et j’étais vraiment curieuse d’en apprendre plus sur Adriel. Il m’intriguait vraiment trop pour ne avoir des tonnes de questions à lui poser.
Le programme initial de la soirée a quelque peu dévié, mais Adriel décide de faire avec, de contourner ce léger problème qui s’est posé à eux, pour rester sur le positif. Même si Jadwiga a été mariée, elle lui plait toujours. Et elle confirme, plusieurs fois, qu’il lui plait également. Chose qui était déjà plutôt évidente pour Adriel, et qui fait qu’il avait pensé que certaines choses pourraient se passer ce soir. Maintenant, il ne sait plus trop s’il doit vraiment y penser. Peut-être pas dans l’immédiat en tout cas. Pourtant, quand Jadwiga fait une allusion floue, Adriel ne manque pas l’occasion. Sans doute pour la voir rougir. Et parce qu’il reste lui. Et vu comme le rouge lui monte rapidement aux joues, il se dit qu’il a vu juste. Et qu’il y a peut-être encore une chance. Peut-être pas pour ce soir, mais pour une prochaine fois. Elle confirme qu’elle préférerait d’autres choses avant d’en arriver là, ce qui n’étonne pas Adriel. Il avait bien sûr espéré que ça arrive dès ce soir, mais il sait que tout le monde ne veut pas ça. Et, à savoir que Jadwiga a été mariée, il s’y attendait. « Donc avant de faire autre chose, tu veux faire autre chose ? On t’a déjà dit que t’étais un peu étrange ? » Ou en tout cas, elle perd facilement ses mots quand elle est gênée. Et Adriel ne fait rien pour l’aider, préférant se délecter de la situation. Il lui propose un verre, trouvant plus simple de ne pas reporter entièrement leur rendez-vous, même si le programme a changé. « Et qu’est-ce qui te ferait envie ? Du vin, une bière ? » Il n’a aucune idée des alcools qu’elle peut préférer. En fait, ils ne se connaissent pas vraiment, en dehors du cours de cuisine. C’était justement l’objectif de cette soirée. Et Adriel a déjà appris quelque chose d’important sur Jad. Et le fait qu’elle propose déjà une prochaine fois lui fait plaisir. « Très bonne idée. Comme ça, je pourrais voir tout de suite si ton colocataire est blessé. » A nouveau une touche d’humour. Adriel a cette capacité à rapidement plaisanter sur les choses. Il est loin d’avoir la rancune tenace. Il sort deux verres avant de s’installer à côté de Jadwiga sur le canapé, alors qu’elle l’interroge. C’est vrai qu’il ne sait même pas ce qu’elle fait de sa vie, lui non plus. Ils ont sans doute sauté quelques étapes, mais il n’est pas trop tard pour se rattraper. « Eh bien, je passe tellement peu de temps dans ma cuisine que j’ai le temps de faire plein d’autres choses. J’ai un magasin de vêtements, dans Manhattan, et je fais aussi de l’escrime. Les compétitions en équipe. » En général, c’est plutôt la seconde partie qui intéresse, Adriel en a l’habitude. Et sans doute qu’il en tire profit aussi, puisqu’il ajoute : « Si tu es sage, je te montrerai ma collection de médailles. » A lui de faire des allusions un peu cachées, et il s’en amuse. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fais de tes journées ? »