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A découvrir Candy Go 'Round the Roses (Candy)
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| | | Candy Go 'Round the Roses ; @Candace Jordan |
— C’est que c’était pas facile de la faire sortir, l’autre. Entre son emploi du temps chargé et son attitude parfois lunatique, il fallait se glisser dans de petits espaces serrés pour la faire fléchir. Mais comme souvent, Clem savait trouver les mots, et Candy avait fini par accepter, surtout après que Clem lui ait dit que ça serait elle qui se déplacerait dans son quartier.Fin d'après-midi, Clem attendait patiemment sur un banc que la belle se montre enfin : elle s’occupait en jouant à sa Switch, toujours occupée à redécorer sa maison dans Animal Crossing. Éventuellement, du coin de l’œil, elle aperçut la silhouette fine de la métisse et aussitôt, un sourire radieux déforma son visage et illumina tout le jardin. Elle lui fit un petit signe discret qui… Non, c'est faux, elle s’était levée et agitait les bras dans tous les sens. Et encore, elle ne criait pas.
« Yoo-hoo, over here! » Ah bah si, elle crie. Les regards étaient tournés vers elle, mais Clem s’en fichait. Jamais elle n’avait senti le poids de regards insistants sur ses épaules. Elle laissa Candace s’approcher avant de la prendre dans ses bras et la serrer très fort. Enfin, elle la relâcha et observa son visage en détail. « Girl, you look tired! Everything’s fine? » demanda-t-elle concernée. Clem savait que Candace avait un train de vie assez épuisant, mais en général, elle s’en sortait bien, surtout avec du café. Pour qu’elle ait l’air autant fatiguée, il devait peut-être y avoir autre chose.
- Look de Clem:
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La spontanéité n'était pas exactement la spécialité de Candace, loin de là, et lorsque Clementine lui avait proposé de se retrouver, son premier réflexe avait été de refuser. Il y avait trop à faire à la maison, trop à faire au bureau, trop à faire partout et elle n'avait pas de place dans son emploi du temps pour ce genre de plans à l'improviste. Elle n'était pas sûre de savoir pourquoi, vraiment, elle avait finalement cédé à la proposition. Peut-être parce que la solitude commençait à prendre trop de place dans son quotidien bien réglé, peut-être parce qu'elle se sentait un peu coupable aussi. Clementine avait toujours le temps et l'énergie de la distraire. Candace ? Pas vraiment. Et elle ne s'en était jamais cachée, n'avait pas fait des promesses qu'elle était consciente de ne pas pouvoir tenir. Après Esteban, après Senji, elle avait décidé de mettre cette partie de sa vie entre parenthèses. Trop compliqué, trop douloureux. Pourtant, Clementine avait réussi à se faufiler dans l'intercisse que la solitude d'un quotidien surchargé générait. Parce que Candace l'avait laissée faire. Peut-être, au fond, qu'elle avait fini par dire oui parce qu'elle en avait envie. On ne la trouverait certainement pas en train de l'avouer mais ça restait une possibilité.
Elle avait abandonné ses révisions de mauvaise grâce, sans prendre la peine de jeter un coup d'œil, même bref, dans le miroir. La journée avait été longue et elle n'avait, de toute façon, pas encore trouvé l'anti-cernes qui l'aiderait à prétendre le contraire. Traîner les pieds jusqu'au jardin botanique s'était révélé curieusement agréable — probablement parce qu'elle n'avait pas pris le temps de respirer le moindre bol d'air frais depuis un moment — et trouver Clementine, aussi facile que Candace l'avait imaginé. Les cheveux roses aidaient un peu, la voir gesticuler pour attirer son attention aussi. L'étudiante leva les yeux au ciel, incapable, toutefois, de retenir un sourire.
— I was born tired, lâcha-t-elle en se laissant tomber sur le banc sans grande élégance. Did you make me come here to take a look at your island? Because I could have done that from home, you know? And I have a bunch of reading to do before going back to school. Entre autres choses. La liste était longue et chaque journée avait sa nouvelle addition.
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| | | Candy Go 'Round the Roses ; @Candace Jordan |
— Clem prenait toujours grand soin de ses amis. Elle allait parfois jusqu'à l’exagération en prenant des nouvelles toutes les heures au téléphone, ce genre de chose. C’était évidemment un truc qui pouvait vite agacer, mais Clem ne le voyait pas. Et puis de toute manière, sa loyauté sans faille lui avait valu plus de merci que de tu fais chier. Ainsi, elle n’hésita pas à demander à Candy si tout allait bien.Son interlocutrice prétexta être née fatiguée : Clem sourit. La réponse blasée de Candy ne sera pas suffisante pour altérer la bonne humeur constante de la gentille folle, ni même la repousser. Clem ne se sentira pas coupable d’avoir éloigné Candy de ses révisions, c’était même le contraire : elle était fière de pouvoir être celle qui allait lui donner une chance de respirer un coup. « Aren’t you the grumpy cat ! » s’exclama-t-elle en souriant.
Clem attrapa Candy par les épaules de manière à pouvoir l’avoir en face d’elle. « You have the right to take a break! It’s OK to let go of worries that drain your energy… » affirma-t-elle en caressant la peau de son amie du bout des pouces. Son expression était soudainement devenue plus sérieuse, Clem prit un instant pour planter son regard dans celui de la métisse. « Besides… aren’t you happy to see me? » demanda-t-elle en souriant mais avec une inquiétude dans le regard qu’elle avait eu du mal à dissimuler au moment de le poser la question.
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— Grumpy Cat's my middle name, répliqua Candace, par réflexe. Combien de fois lui avait-on dit qu'elle paraissait froide, perpétuellement renfrognée, voire furieuse ? Des dizaines, des centaines de fois même. Ironiquement, la réflexion l'irritait plus encore, tout particulièrement de la part d'inconnu·e·s au racisme à peine voilé qui voyaient dans l'absence de sourire la preuve irréfutable que les femmes noires étaient colériques, de violents monstres de méchanceté très probablement insupportables or whatever disgusting shit they could come up with. Les sourires de Candace, les vrais, ceux qu'inspiraient le bonheur et pas les conventions sociales, étaient rares, une occurrence précieuse qu'elle réservait aux occasions spéciales. Un sourire qui, par la félicité d'un bon timing ou le joli hasard des coïncidences, fit son apparition lorsque la barista l'empoigna sans grand ménagement pour lui délivrer l'un de ces peptalks qui, dans la bouche de quelqu'un d'autre, aurait transpiré l'ennui et la familiarité. Clementine savait rendre la vie fun, que l'étudiante veuille bien l'admettre ou non, et il était plutôt difficile de le nier de temps en temps — comme maintenant. Se mordant l'intérieur de la joue pour réprimer du mieux qu'elle le pouvait ce sourire, le traître à qui elle n'avait pas donné la permission de se dévoiler, Candace baissa brièvement les yeux sur l'une des mains qui la maintenaient, un brin surprise par une telle démonstration d'affection. Curieuse, aussi, de savoir si Clem distribuait ce genre d'attentions à chacun·e de ses proches ou si elle était spéciale. L'idée de poser la question lui traversa l'esprit un instant, suffisamment pour lui faire perdre le fil, loin des bonnes ondes de Clementine et des bavardages des passant·e·s qui allaient et venaient. Elle évitait, pourtant, de s'attarder sur ce genre d'interrogations. Trop compliquées, possiblement chargées de conséquences dont elle ne voulait pas — ou plus, en fait. Mais Candace était d'une nature curieuse et construire des scénarios hypothétiques calqués sur sa réalité, l'un de ses hobbies les moins fatiguants. Elle n'était pas suffisamment naïve pour s'imaginer héroïne d'une romcom mais se perdre dans cette image, une seconde ou deux, n'était pas si déplaisant. Pas nécessairement agréable non plus mais pas déplaisant.
La voix de la barista, finalement, la ramena à la réalité et ses yeux, braqués sur ceux de Candace, brillants d'une incertitude inattendue, achevèrent de dissiper les fantasmes enfantins. Wh-what? bredouilla-t-elle, avant que la question ne trouve finalement du sens dans sa tête. Of course I'm happy to see you. I'm here, right? Do you think I'd be if I didn't wanna see you or something? I mean, you've met me, right? Unless I'm being paid, there's no way I'm not doing something that makes me miserable. I mean, you're really hot and cute and, you know, fun and all but there's no way you'd make me do anything I don't wanna do. Got it? Probablement pas la réponse la plus romantique du monde mais Candace n'était pas exactement la meilleur source de romance du coin, loin de là.
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— Grumpy cat, ça lui allait bien et Candace sembla approuver la comparaison. Clem lui fit un petit sourire avant de détourner le regard quelque instant afin de l’orienter vers ses pensées. Malgré le fort caractère de la métisse qui n’était pas toujours facile à vivre, il n’y avait rien à faire : Clem était toujours heureuse de l’avoir près d’elle et appréciait énormément sa compagnie.Assurément, la petite artiste était la reine des affirmations positives : elle en avait toujours en stock, et pour Candace, il en fallait souvent. Que cette fille était dure avec elle-même ! Et pour ne rien arranger, elle s’abimait la santé à toujours vouloir en faire plus pour son boulot. Clem ne pouvait admirer qu’une telle ambition, mais pas au dépit de sa santé mentale. Elle sourit et libéra Candace de son emprise.
La longue tirade de Candace rassura fortement Clementine : un instant, elle crut qu’elle n’avait plus sa place dans sa vie. Si la relation qu’elles avaient relevait de l’ineffable, elle était beaucoup trop spéciale et importante pour s’arrêter soudainement sans que Clem puisse le supporter : si tout s’arrêtait maintenant, les discussions, les câlins, le sexe, elle en pleurerait probablement. « I get it. » dit-elle en posant délicatement sa tête sur l'épaule de la jolie grincheuse avec un large sourire aux lèvres.
Pas question de parler d’amour ni de parler de couple : si ça n’avait pas été clairement exprimé par des mots, cela avait été clairement ressenti par les deux filles au tout début de cette aventure indescriptible. C’était comme si elles avaient signé un contrat silencieux qu’elles se devaient de respecter. À quoi bon s’embarrasser de sentiments, hein ? Qui a besoin de ça ? Comment ça, elles en ont besoin toutes les deux ? « Do you want me to get you an ice cream ? Summer’s gonna end soon, we should celebrate with one last ice cream ! » dit-elle en tournant légèrement la tête toujours calée contre l’épaule de Candace.
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Candace n'avait pas anticipé le soupçon de culpabilité qui pointa le bout de son nez sitôt qu'elle eut fermé la bouche. Mal à l'aise, elle baissa les yeux, presque ravie de voir Clementine se blottir contre son épaule plutôt que d'insister plus longtemps sur le sujet. Presque, là était la nuance. Après tout, elles étaient en public et l'étudiante savait pertinemment ce qu'on pourrait penser en les voyant comme ça, l'une contre l'autre sur un banc. Oh, elle n'avait pas honte, pas vraiment, sa bisexualité n'était pas un si grand problème. Bien sûr, son père n'était pas au courant, ses crétins de frangins non plus mais elle était quasiment certaine que l'apprendre ne les choquerait pas spécialement, si tant est qu'elle se décide un jour à leur dire. Non, ce n'était pas ça le souci, c'était plutôt qu'elles puissent être perçues comme un couple, parce que c'était un comportement de couple. Elle avait échangé ce genre d'attentions avec Esteban, avait Senji aussi, si brève eut été leur relation, elle les avait espéré, attendu, recherché. Mais de telles démonstrations d'affection ne venaient pas seules. Elles s'accompagnaient d'un investissement, de sms avant de dormir, de petites pensées ridicules qui faisaient sourire même en l'absence de l'autre, de temps et d'énergie, surtout, que Candace ne pouvait se permettre de dépenser. Ne voulait plus dépenser. Pas si ça signifiait devoir prendre de nouvelles décisions difficiles pour se protéger.
Elle laissa échapper un soupir, fermant les yeux un instant pour profiter. Juste un instant, sans responsabilité, ni promesse. Juste un instant. Au son de la voix de la barista, elle rouvrit une paupière, haussant un sourcil amusé. What, you only eat icecream during the summer? Are you saying you deprive yourself of the pleasure of eating Ben & Jerry's under a blanket in the middle of December? That's tragic, ricana-t-elle avant de se lever, but yeah, whatever, let's go, I'm getting hungry anyway. Do you know a joint around or should we just go back to my place? Elle réalisa, un peu tard, la connotation qu'une telle proposition pouvait avoir. For icecream. We also got some at home. We could grab a beer too if you want. With like, our clothes on. Or not. But that's not what I was trying to offer. Oh, the joys of undefined relationships.
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— Si Candy pouvait se sentir bien et en paix un moment dans la journée, ne serait-ce que quelques secondes, alors Clem aurait rempli sa mission. Que ce soit par la portée de ses mots ou par le contact physique, Clem désirait vraiment que Candy s’arrête un instant de réfléchir et de ne penser qu’à ses exams. Peut-être bien que ça avait marché : il y avait eu un court silence, un instant de paix et de calme… « It just doesn’t feel the same ! » tenta de se défendre Clem quant à sa consommation de glaces en été. Elle sourit et observa la métisse se lever… et lui proposer d’aller chez elle. Clem arqua un sourcil de surprise tandis que Candace tentait de se justifier. « You’re cute when you don’t know what you want! » déclara Clem en se levant à son tour. « An interesting proposition, but c’mon! I didn’t make you come all the way here just to leave it so soon! dit-elle amusée. Comme with me. »
Comme cela lui arrivait souvent de le faire -et encore plus avec Candace-, elle lui prit le bras et l’emmena quelques mètres plus loin dans les jardins jusqu’à ce qu’elles atteignent un petit stand de glaces artisanales. Derrière, il y avait un homme d’un certain âge vêtu d’une chemise fleurie. Il avait également de longs cheveux gris et portait des lunettes rondes : cliché ambulant. « See, that will be much better than your B&J’s… That’s just sugar on sugar ! » prétexta celle qui ne dissimulait pas vraiment son attrait pour les Slurpee et autres McDo. Years of artisanal experience, a true love for the job… C’mon, it will be great ! » s’exclama Clem qui, par habitude, prenait les devants et se montrait déjà particulièrement insistante alors que son interlocutrice ne s’était même pas encore prononcée sur le sujet.
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Si dissimuler sa gêne sous une couche de sarcasme était une discipline olympique, Candace aurait probablement été une athlète décorée. Multiple times. Lever les yeux au ciel et hausser les sourcils d'un air dubitatif figuraient dans le top trois de ses réflexes les plus naturels, la resting bitch face trônant sur la première marche du podium. Qu'on essaye de lui faire avaler que non, l'expérience de John Boyega avec Star Wars n'avait rien de révoltant ou, en l'occurrence, que l'été était la seule saison adaptée à la consommation de glaces, la réaction initiale était la même, instinctive. Pas toujours attendue, certes, mais les gens finissaient par s'habituer. Ou iels pouvaient toujours partir. Peu décidée à s'engager dans un débat aussi inutile que stérile sur les bienfaits de la crème glacée en plein hiver pour le moral — chacun·e ses habitudes après tout et elles ne vivaient pas sous le même toit de toute façon — Candace se contenta de secouer la tête, vaguement amusée. Clementine avait cet effet-là, qu'elles se voient deux minutes au comptoir du coffee shop ou plus longtemps. Et si l'étudiante n'était pas exactement ce qu'on pouvait appeler un rayon de soleil ambulant, elle restait sensible à ce type d'énergie. En avait besoin, aussi, de temps en temps, même si on ne la prendrait pas à l'avouer. Elle se laissa donc entraîner sans broncher, tiquant à peine au contact physique, pas vraiment surprise à la vue du stand où Clementine s'arrêta. Freaking hipsters, murmura Candace pour elle-même avant de reporter son attention sur les explications absolument pas hypocrites de la barista. Arquant un sourcil, elle pencha la tête sur le côté, absolument pas dupe. Yeah, because you're so anti-sugar, right. Besides, it's sugar on top of activism, do you have any idea how much that company gives back to the community? Si elle suivait un minimum les tirades engagées de Candace sur les réseaux sociaux — and Candace knew she did, to a certain extent — elle était probablement déjà au courant mais l'étudiante ne ratait jamais une occasion de rappeler à son entourage qu'un pot de Ben & Jerry's n'était pas qu'un simple pot de glace.
Toutefois il y avait un temps pour tout et elle doutait que le brave monsieur adepte des chemises hawaïennes ait envie de l'entendre décrire son amour pour une grande corporation devant son petit stand. Elle se pencha, examinant les parfums avec curiosité, avant de hausser les épaules. Fine, go head, pick whatever, I'm good with anything. Rares étaient les occasions de prononcer ces mots-là mais parfois, juste parfois, Candace pouvait se montrer conciliante.
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— Le discours de Clementine n'était pas vraiment cohérent, mais comme pour beaucoup d’autre chose, cela n’avait aucune importance. Du moment que ça déclenchait une réaction chez Candace, c’était tout ce qui comptait. Et ça avait bien fonctionné ! « That’s kind of them! » dit-elle simplement en se rappelant que ce n’était pas la première fois que Candace partageait cette information. Elle sourit et scruta minutieusement les parfums proposés.L’embarras du choix. Peut-être que c’était d’ailleurs pour ça que Candace laissait Clementine choisir le parfum de sa glace. Elle lui adressa un regard qui se traduisait par for real? et sourit de plus belle. Clem adorait ça, parce que c’était un signe que Candace lui faisait suffisamment confiance pour qu’elle choisisse à sa place.
Évidemment, il n’est pas nécessaire de préciser que, lorsque Clem engagea la conversation avec le vendeur, après un simple bonjour, elle lui parlait déjà comme une vieille connaissance. Ils parlèrent un moment de voyages, de la nature et de tout un tas d’autres choses. Clem lui parla même de Ben & Jerry’s et l’homme fut agréablement surpris de leur politique. Elle se retourna et fit un clin d’œil amusé à Candace.
Éventuellement, Clem opta pour des glaces parfum figues et abricots, que le vendeur offrit très volontiers aux filles. Clem le remercia plusieurs, lui promit qu’elle parlerait de son stand à tout le monde, le prit en photo avant de saluer l’homme d’une manière plutôt théâtrale.
Les filles empruntèrent le chemin du retour pour retrouver leur banc, Clem était prête à déguster sa glace. « He was so nice, dit-elle en sentant sa glace. Hmmm, ‘smells sooo good. Let’s see how it tastes! » déclara-t-elle. C’était carrément impossible pour elle de faire dans la demi-mesure : au moment de goûter la glace, on aurait dit qu’elle jouait dans une pub. Elle ferma les yeux et se mit à faire des petits bonds. « Yummmmmmmmmm! fit-elle en se tournant vers Candace. See, that’s the perfect way to end summer : yummy food and very good company. » lui dit-elle en souriant.
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Et évidemment que Clementine se lança dans une conversation de toute évidence captivante avec le vendeur de glaces. L'étudiante était prête à parier qu'iels ne s'étaient jamais rencontré·e·s avant ça, qu'iels ne se recroiseraient sans doute jamais non plus. Déformation professionnelle ou simple amour de son prochain, elle n'aurait su le dire et n'était pas suffisamment intéressée pour poser la question. La réponse n'aurait, de toute façon, certainement pas changé son opinion sur Clementine, ça relevait de cette foule de détails divers et peu importants sur lesquels les opinions et comportements pouvaient diverger sans guère de problèmes. Candace se fichait bien que les gens qui l'entouraient remplissent leur bol de lait avant d'y balancer leurs céréales, entendent Yanny au lieu de Laurel ou préfèrent leurs œufs durs plutôt que brouillés, du moment qu'ils avaient un minimum de jugeotte et de tolérance. Elle était à peu près certaine que Clem n'était pas une Républicaine camouflée par une fausse dose de bienveillance, donc tout allait bien. Et si la barista attirait un peu l'attention des badauds avec ses grands gestes et ses cheveux roses, well, tant pis.
Candace accepta son cornet de glace avec un bref signe de tête pour le vendeur. Pas vraiment son genre à elle de se lancer dans du bavardage futile avec des inconnu·e·s mais son père l'avait bien élevée. Dire bonjour, merci et au revoir, même si elle n'était pas d'humeur à papoter — donc 75% du temps — restait le minimum à fournir. Le reste, Clementine le fournit avec un enthousiasme certainement pas feint. Où trouvait-elle l'énergie et même l'envie d'être aussi avenante et exubérante, bonne question. Candace haussa un sourcil devant la dégustation haute en couleurs — littéralement — oubliant presque sa propre glace. There's really no being discreet with you, right? ricana-t-elle, sans oser détacher son regard de la barista. Par embarras, un peu, parce qu'elle était fascinée, aussi, par cette liberté et cette facilité à être soi-même. Loudly, unapologetically. It was beautiful, really. Elle secoua la tête doucement, amusée, avant de s'attaquer à sa glace, levant à peine la tête devant le résumé concis de Clementine. Very good company? You're really not picky, it's amazing, ironisa-t-elle, ramenant ses jambes sur le banc pour s'asseoir en tailleur. Son dos le regretterait probablement plus tard but oh well, life was too short to care about that. When can we go by the way? s'enquit-elle ensuite avec un bref coup d'œil pour son téléphone. I mean, no offence, I guess we could probably fool around a bit but I still have a shit ton of things to do today. Yes, romance was probably dead. Avec Candace, en tout cas, c'était le cas mais après tout, elle n'était pas là pour ça. Pas là pour la glace non plus mais la vie était pleine de surprises. Le sucre, Candace ne crachait pas dessus. Les sentiments, en revanche, c'était une autre histoire.
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| | | Candy Go 'Round the Roses ; @Candace Jordan |
— La discrétion ? Pourquoi faire ? Clem adressa un clin d’œil à Candy. Suffisamment à l’aise pour se permettre de tels excès, elle savait que ce n’était pas forcément le cas de la métisse qui préconisait plutôt la discrétion. Du moment qu’elle ne la mettait pas mal à l’aise… Le temps de retrouver leur banc que Clem avait déjà consommé la moitié de sa glace. Elle venait tout juste d’exposer les critères pour bien terminer l’été. Ça avait été présenté assez succinctement, mais Candy y trouva quelque chose à redire. Clem sourit et secoua doucement la tête : ce n’était pas la peine de se lancer dans une grande argumentation pour essayer de convaincre Candy qu’elle avait une bien mauvaise estime d’elle-même et qu’elle était assurément de bonne compagnie. « I enjoy your company, whether you like or not! » déclara-t-elle en souriant.
Certes, ça serait mentir de dire que Candace est facile à vivre. Elle a son petit caractère, c’est sûr. Mais Clem a connu pire, et jusqu’à présent, jamais l’attitude et les manières de la jolie métisse n’ont suffi à la repousser.
Clem avait déjà emprunté Candy trop longtemps à sa vie mouvementée et celle-ci n’hésita pas à lui faire la remarque avec son… tact habituel. Il serait bientôt temps de la libérer, il le fallait, et Clem n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas les au revoir ! « None taken, dit-elle avec un sourire en demi-teinte. Let’s finish our snack, and then we can go our separate ways! Proposa-t-elle en se rapprochant doucement de Candy. I’m just glad you came. I’m glad we’ve got to see each other for a while! » dit-elle en posant sa main sur le bras de Candy.
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Elle savait qu'avec ce genre de réflexions, elle risquait un autre pep-talk sur l'estime de soi et l'importance de ne pas se dévaloriser. Et, vraiment, ce n'était pas le cas. Candace, si elle versait plutôt dans le pessimisme cynique, était aussi lucide. Elle se savait parfois compliqué à vivre, difficile à suivre parce que trop occupée et peu disponible, trop honnête et brutale pour les âmes les plus privilégiées qui n'aimaient guère se remettre en question. Elle avait appris à ne pas s'effacer au profit des autres et à ne plus gommer ce qui pouvait déranger. Par bonheur, Clementine se contenta de quelques mots, lui arrachant au passage un autre de ses rares sourires.
Mais si sympathique que cette petite sortie pouvait être, Candace n'avait pas spécialement le temps pour ce genre d'activités. C'était l'une des raisons pour lesquelles elle avait mis des limites à cette histoire dès son début. Un prétexte, aurait-on pu arguer, mais un bref coup d'œil à son quotidien suffisait à réaliser qu'on avait vu bien plus bancal comme prétexte. Candace n'avait pas le temps de penser, à peine celui de respirer, dormait un maximum de six heures par nuit et passait plus de temps dans les transports en commun qu'autre chose. Elle n'avait déjà pas de place dans sa propre vie pour elle-même, alors comment en faire pour quelqu'un d'autre ? Hell no. Trop compliqué. Il était déjà suffisamment difficile d'entretenir une vie sexuelle plus ou moins active et Candace n'aspirait pas à se compliquer la vie, just to blow off some steam every now and then. De toute évidence, ça n'arriverait pas aujourd'hui. Our separate ways. Elle haussa un sourcil avant de détourner le regard, vaguement irritée. Avait-elle quitté son appartement avec une idée derrière la tête ? Well, yes. Les rendez-vous galants, très peu pour elle, mais sans doute aurait-elle dû se méfier. We see each other all the time, répliqua sèchement l'étudiante en dégageant son bras, some weeks I see you more than I see my own family but I'm pretty sure I don't do that kinda things. I don't wanna date you. Or like, anyone else. So just so we're clear, this wasn't a date, ok? lâcha-t-elle, concentrée sur sa glace et sur l'urgence soudain de la finir. Déguerpir et vite, avant que cette situation ne tourne un peu plus au vinaigre.
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| | | Candy Go 'Round the Roses ; @Candace Jordan |
— L’émotion parlait à sa place, son cœur était trop gros pour Candace. En temps normal, elle n’avait aucun problème avec ça : elle savait comment adapter son langage par rapport aux autres, de sorte que personne ne soit vexé ou quoi que ce soit. Mais avec Candace, c’était pas évident, surtout quand elle avait l’impression que, peu importe ce qu’elle disait, elle y trouverait toujours un truc à redire… C’était clairement pas évident… Ah, il lui faudrait faire l’effort d’être moins émotive, plus discrète peut-être…
« Yeah, I know, I mean…» balbutia Clementine. Oui, c’est vrai : elles se voyaient souvent, Candace prétendit qu’elle voyait parfois Clementine plus que sa famille. Mais… il y avait quelque chose qui n’allait pas. Genre, c’était pas assez, ou pas aussi souvent ou longtemps que Clementine le voulait. « I mean, I’m glad we can still see each other! » tenta-t-elle de rectifier. Candace n’était pas vraiment une people person, alors qu’elle continue à dire oui lorsque Clem l’invitait, c’était plutôt agréable.
Non, ce n’était pas un rendez-vous amoureux et Clementine réalisait tout juste que ça y ressemblait vachement : le parc, le banc, la glace, les gestes affectueux… Merde, même pas fait exprès. « Yeah yeah, I’m aware of that, we… we both agreed on that at the very start of our… rmm… friendship, déclara-t-elle en souriant. It’s just… the way I am, you know that. And yes, I know how you are! dit-elle en souriant. I’m just… I’m sorry if I made it look like a date. » conclut-elle.
Pourtant, elle eut l’impression qu’elle devait dire encore plein de choses… Mais elle préféra se taire, par peur d’aggraver la situation.
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Candace avait cru qu'elles étaient sur la même longueur d'ondes, du moins jusqu'à présent, mais elle avait la désagréable impression d'être tombée dans un traquenard romantique. Et l'idée, en plus d'être franchement irritante, lui donnait clairement envie de prendre ses jambes à son cou. Cela dit, elle avait été bien élevée et même si elle rechignait à le reconnaître, l'éducation de son père était encore bien ancrée. Elle savait qu'il y avait des situations qu'on ne pouvait pas fuir sans prévenir et, après tout, Clementine ne méritait pas ça. Elle avait été plutôt conciliante, ne s'offusquant ni des sautes d'humeur ni de la brusquerie dont Candace pouvait faire preuve parfois, et elle n'avait jamais cherché à exercer la moindre pression. Pas qu'on puisse mettre la pression à qui que ce soit avec un cornet de glaces — encore que.
Friendship. Sounded about right, yes. L'amitié, Candace savait gérer. L'amitié était un terrain connu, apprécié même. C'était les développements moins platoniques qui se révélaient risqués. Et, certes, batifoler ici et là avec Clementine n'était pas ce qu'on faisait de plus innocent. Candace was a firm believer that sex and feelings were two very different things that did not necessarily go together. Elles l'avaient prouvé fort justement jusque-là, ce n'était pas le moment de tout foutre en l'air. Par bonheur, ça ne semblait pas être la direction que prenait les choses. L'étudiante laissa échapper un bref soupir avec un coup d'œil pour les environs. It's fine. No harm in eating icecream I guess, marmonna-t-elle tout en finissant son cône. No harm, certes, oui, mais elle pouvait entrevoir toutes les possibilités où ça pouvait mal tourner, pour une raison ou pour une autre. Anticiper les échecs était un réflexe et imaginer le pire, sa sœur infernale. Anyway, I gotta get back to it, my reading ain't gonna do itself. Elle se leva, décidée, peut-être un peu brusque. Ne pas fuir, surtout ne pas fuir. Elle savait qu'elle se sentirait coupable plus tard. La culpabilité n'était pas un sentiment qu'elle digérait très bien. Since you're not gonna do me today, can I at least kiss you? s'enquit-elle, baissant finalement les yeux sur la barista. Oh, il y avait plus d'un scénario catastrophe qui commençait comme ça mais il fallait savoir vivre dangereusement de temps en temps, right?
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| | | Candy Go 'Round the Roses ; @Candace Jordan |
— C’était ce genre de petites situations qui lui faisaient dire qu’il ne fallait rien prendre pour acquis dans cette relation. Tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain si l’une ou l’autre ne respectait plus cette espèce de contrat silencieux : pas de sentiments, pas de couple ; juste du fun, du batifolage. Clem savait que des deux, elle était celle qui était la plus susceptible de s’écarter des conditions pourtant bien définies.Il serait peut-être préférable de ne rien dire de plus, de la laisser filer comme elle voulait. C’était dur, mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Candace avait raison : elles se voyaient souvent. Mais Clem aimerait que ces moments ne se terminent jamais. « Indeed! » fit-elle en observant la belle se lever.
Clem ricana à la demande Candy avant de lui adresser un sourire attendrissant. C’était là tout le paradoxe Candace : il ne faudrait surtout pas que ça ressemble à un date, oh grand Dieu non ! Et elle était la première à réclamer un baiser. Ouaip, Candy dans toute sa splendeur, elle attire et repousse avec la même ardeur.
L’artiste se leva à son tour et prit les mains de Candace. « Yes you can. » dit-elle en regrettant de ne pas avoir imité Obama. Elle posa ses mains sur les joues de la métisse et l’embrassa avec tendresse en se disant que ce baiser à lui seul rentabilisait ce date qui n’en était pas un. Éventuellement, elle libéra son amie et posa son index sur le bout de son nez. « Take care! And good luck for your exams, stuff… whatever. You gonna kill it! »
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Il y avait toujours une partie d'elle, largement influencée par le nombre incalculables de romcoms qu'elle avait avalé dans sa courte vie et toujours imprégnée par son histoire avec Esteban, qui lui chuchotait que ce n'était pas juste, ni normal de traiter Clementine comme elle le faisait. C'était bref, fugace, une pensée à peine formée qu'elle était chassée par les responsabilités, les engagements à droite à gauche et la montagne de travail qu'elle avait fournir à la fac. Et, après tout, si la barista avait eu le moindre problème avec ça, elle l'aurait probablement fait savoir. Candace avait du mal à imaginer Clem taire ses opinions ou se retenir de faire quoi que ce soit. Et c'était aussi ça qui avait attiré son attention, en plus du sourire malicieux et des longues jambes, cette apparente liberté que chaque geste, chaque mot semblait dégager, et la sincérité qui l'accompagnait. C'était ça, aussi, qui l'empêcha de retirer ses mains de celles de Clementine lorsqu'elle s'en empara. Candace pouvait endurer une marque de tendresse, ce n'était pas dramatique, ça ne l'engageait à rien. Pas plus que ce baiser d'ailleurs dans lequel elle s'abandonna un instant, oubliant presque qu'elles étaient en public et que du travail l'attendait à la maison. Elle cligna des paupières plusieurs fois lorsque la barista s'écarta, vaguement désorientée, fronçant le nez sous la caresse. Yeah, yeah, ok, bredouilla-t-elle, I, um, I'm gonna go now. Text me when you get home, alright? So I know you didn't get kidnapped by some weirdo you tried to talk to. I'll call you anyway. Une promesse balancée à tant de reprises dans l'histoire de l'humanité qu'elle en avait sans doute perdu son sens mais c'était là le seul genre de choses que Candace était capable de promettre à quelqu'un. Un coup de fil every now and then, un sms entre deux cours quand elle n'oubliait pas de répondre pendant des semaines, de l'attention quand elle en avait elle-même besoin. Pas d'engagement, peu de temps et sans doute beaucoup trop d'égoïsme mais elle ne s'en cachait pas. C'était cette honnêteté-là qui lui permettait de dormir la nuit, la même honnêteté qui lui permis de se détacher de la jolie barista après un dernier baiser lâché sur sa joue et de la quitter sans se retourner.
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