La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le Deal du moment : -23%
EVGA SuperNOVA 650 G6 – Alimentation PC 100% ...
Voir le deal
77.91 €

queen of the superficial #este

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 12 Sep - 15:35

how long before you tell the truth ?

ça t'as pris comme ça, quand t'as croisé son regard dans les couloirs. d'habitude, t'es pas du genre à courir après les autres : s'ils ont un problème avec toi, à eux de le régler. sauf que là, c'est différent. là, toi t'es en jeu dans le comportement idiot, toxique, d'un autre.
alors t'es arrivé, un peu comme une furie. t'as essayé de rester le plus discret possible aux yeux des autres étudiants qui sortaient des salles de classe en trombe pour filer en pause déj'. et heureusement que c'est tous des estomacs sur pattes, parce qu'ils t'ont pas vu. ils ont pas vu la main sur le torse, ils ont pas vu que tu l'entraînais avec toi dans une salle qui vient de se vider. ils verront pas non plus que tu fermes la porte derrière toi, que tu dardes le jeune homme en face d'un regard pire que glacial. il est plus grand que toi, plus épais que toi, il aurait pu t'arrêter, ne pas se laisser faire. tu mises sur la surprise, la culpabilité peut-être, la panique aussi. parce qu'il a beau être foutu comme apollon, ça l'empêche pas d'être un con fini qui a l'air bien conscient de sa connerie. et toi, les cons fini, c'est au petit déj'. ça se lit dans tes yeux, là. t'es agressif. menaçant. t'as des comptes à régler avec lui, et il semble l'avoir compris.

tu pousses un soupir profond. s'il a peur, toi aussi. derrière toute cette agressivité, cette attitude décidée, t'es mort de trouille, en fait. parce que t'as pas envie qu'il répande des rumeurs sur toi, et si c'est le gros con que t'imagines, c'est ce qu'il va se passer. tu sais pas si t'es à côté de la réalité, tu peux pas savoir : tu le connais pas. esteban, à la base, c'est juste un camarade de classe, juste un pote, puis un flirt. puis maintenant, c'est un mec qui te ghost. tu t'es jamais intéressé plus que ça à lui, jamais voulu savoir sa vie. t'as peur, parce qu'il pourrait dire des choses sur toi dans l'université. t'as peur que ton mec l'apprenne, parce qu'en plus tu trompes ton mec, et si on apprend que t'es un moins que rien, tu le seras officiellement, et ça va te plomber. comme si t'avais besoin de ça, putain.

tu flippes. mais tu fais quelques pas en avant. t'es méfiant, et ça te rend agressif. tu te fais hérisson, tu te couvres de pointes pour te protéger, pour l'attaquer, lui faire peur à lui aussi.

j'peux savoir ce qui t'prend ? t'es au plus proche. il est plus grand que toi, mais visiblement t'as plus de cran, plus d'audace. et ça te grandit vachement. en fait, t'es juste un pseudo-bi qui s'amuse avec les p'tites pédales pour s'la raconter, hm ? t'as des gestes agressifs, tu le sais. t'essayes de t'en empêcher, mais t'arrives pas à retenir tes mouvements de tête, ni les fusils qui te sortent des pupilles. t'essayes de le prendre en étau, de t'imposer, de faire de l'ombre au soleil, avec ta froideur cassante, lunaire. ça t'éclates ? t'as les dents serrées, là. tu prends une inspiration qui vise à te calmer, mais ça fait que faire monter la sève un peu plus. j'te préviens, y a intérêt à ce que tu fermes bien ta gueule au sujet de ce qu'il s'est passé.

t'as pas de menace à mettre à exécution, mais t'as un esprit fertile.
surtout quand faut combattre l'homophobie comme la sienne.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 16 Sep - 13:23
La rentrée, enfin. Esteban se sent revivre depuis qu'il a pris le ferry pour rejoindre son logement personnel la veille. Il faut dire que l'ambiance familiale n'est pas des plus relaxantes avec la présence inattendue du cousin qui occupe aujourd'hui sa chambre à Staten Island. De même, les disputes incessantes avec son paternel se sont multipliées pendant l'été. Quand les deux ne se chamaillent pas en espagnol, ils s'ignorent simplement, ce qui doit sans doute épuiser le reste de la famille. Il aimerait que les choses s'arrangent, et sans doute cette rentrée en est-elle l'occasion. Dans tout les cas, c'est rayonnant qu'il fanfaronne dans les couloirs de l'université, saluant ses amis avec entrain, profitant du vent de liberté des premiers jours de la classe. Nul doute qu'il regrettera bien vite d'avoir choisi le droit, mais en attendant, c'est plein de motivation qu'il entame cette nouvelle année.

Enfin sorti de la réunion de pré-rentrée, il promets donc à sa meilleure amie de la rejoindre à la cafétéria d'un geste de la main. Loin de s'attendre à ce qu'il va suivre, il est alors un instant pris au dépourvu par la violence de Livio qui vient d'apparaître dans le couloir. Rien à voir avec une quelconque tension sexuelle, l'autre étudiant le pousse à l'intérieur d'une salle avec une violence qui déclenche chez Esteban quelques palpitations cardiaques. Incapable de réagir dans un premier temps, il finit par aligner quelques mots à l'intention de son agresseur.

- Qu'est-ce qu'il te prend, merde ! Ça va pas?

Reprenant un poil de sa superbe, il le pousse quelque peu pour imposer une distance plus raisonnable, plus sécuritaire.

- Si c'est à cause des textos, j'ai juste eu beaucoup de choses à faire avec la rentrée. Je pensais pas que ça t'affecterait autant qui plus est. Alors c'est pas la peine de m'agresser. Que veux-tu que je raconte de toute façon ? Il ne s'est rien passé.

Este soupire et remet en place son sac à dos sur son épaule. Le brutal changement d'humeur lui semble désagréable. C'est quoi le problème des gens au juste.

- Juste pour clarifier un truc, mes deux parents sont homosexuels, donc je pense pas être celui qui a un problème avec ça...

Este regrette presque d'avoir prononcé cette dernière phrase. Vu l'irritabilité du jeune homme qui lui fait face, il aurait sans doute été plus prudent d'éviter le sarcasme ou la confrontation. Mais Este se remet à peine du choc.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 16 Sep - 14:43
et il se défend, esteban. il te repousse, un peu brutalement, mais pas autant que toi tu l'as brassé. tu le sais, tu t'en veux, t'aimes pas être comme ça. c'est hors de ton contrôle, t'y peux rien : alors tu te retiens, fermement, de lui envoyer ton poing dans sa jolie gueule de bourge. ça te démange comme une piqûre de moustique, mais tu te retiens. t'es pas là pour te battre, t'es là pour lui foutre la pression. de toute façon, c'est lui qui va gagner si tu tentes quoi que ce soit.

tss, bah voyons. qui s'excuse s'accuse. t'as un léger rire amer : le bon vieux coup du "j'étais occupé", tu l'as vu venir. et ça t'emmerde, parce qu'il a pas été occupé jusqu'à ce qu'il ait quelque chose qui lui pète à l'intérieur de la tête. t'as les mâchoires serrées, et t'enfouis tes poings dans les poches de ta jacket pour être sûr qu'un coup ne parte pas sans que tu n'aies pu le contrôler. arrête tes conneries, t'as toujours le nez sur ton putain de téléphone. bah ouais. quinze stories par jour sur insta, et toi t'es resté deux semaines sans nouvelles, à t'échauffer les nerfs sur quelque chose dont tu ne pouvais être sûr. forcément, ça t'as brassé l'esprit, et la peur a rongé ta rationalité. tu pouvais simplement pas le laisser s'en sortir comme ça.

puis tu tombes un peu des nues quand il sort l'argument de ses parents. ça se voit à peine sur ta gueule, parce que t'as juste haussé les sourcils. tu sais pas si tu dois être outré, ou juste abandonner le navire maintenant. ses parents sont gays ? mais putain.

fais-moi pas le coup de "j'ai un ami noir". bah ouais, tes parents sont gays, alors t'es forcément pas homophobe, t'sais. ta langue claque contre ton palais. t'avances pas, tu restes à distance raisonnable : mais tu le laisseras pas s'échapper. t'as des comptes à régler avec lui, d'abord, et ses excuses bidons, t'en veux pas. arrêtes de te trouver des raisons à la con pour justifier que t'ais été un connard.

étrangement, t'as baissé d'un ton. juste prononcer ça, ça t'a fait un peu de mal. c'est la peur qui a surtout refait surface : t'as l'air légèrement plus vulnérable. pas plus apaisé. t'as l'air encore plus honnête, en fait, et pas que dans tes propos : dans tes sentiments aussi.

ça se fait pas de jouer à être un cool kid qui se la raconte en disant qu'il est bi. c'est à cause de gens comme lui que la biphobie est encore un sacré fléau. et ça t'énerve. t'es pas là pour lui faire la morale, mais tu peux pas non plus trop t'en empêcher : il a l'air complètement à l'ouest, ce gars. surtout quand derrière t'arnaques des gens là-dessus. tu dis pas ça que pour toi. ouais, o.k., t'es blessé dans ton ego par ce qu'il a fait. toi, on te ghost pas. mais merde, c'est juste hyper toxique, là. t'es témoin de ça, et tu peux pas rester sans rien faire. alors tu croises les bras, tu te fais statue de marbre lui barrant la route. hors de question qu'il aille se remplir le bide avant que t'aies eu une explication, et la certitude qu'il fermerait sa gueule à ton sujet. alors, pourquoi tu m'as ghosté ?

dans tes yeux brillent une assurance redoutable. t'as pas peur de lui, et tu vas le presser jusqu'à ce que plus rien ne goutte que la sueur de la honte sur son front.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 16 Sep - 17:15
Bon, prétexter ne pas avoir eu le temps de répondre à ses messages n'était sans doute pas d'une grande intelligence considérant le nombres d'heures passées sur instagram depuis leur dernière conversation. En réalité Esteban a préféré couper court à la conversation pour un motif nettement moins glorieux. L'angoisse, l'angoisse de la perspective d'un relation sérieuse avec un homme, qui qu'il soit. Esteban a besoin de temps, pour se chercher, se trouver sans doute également. Sa famille est très tolérante, ça n'a jamais été le problème. Ils l'ont élevé dans le respect des différences de chacun, dans l'amour même, l'engagement contre toutes formes de discrimination aussi... Pour autant ces échanges de messages l'ont perturbé bien malgré lui. D'une certaine manière, ceux-ci ont demandé de digérer une information sur lui-même qu'il n'était pas forcément prêt à encaisser dans l'immédiat, même s'il en était persuadé jusqu'à maintenant. Est-ce de l'homophobie ordinaire ? Ce serait triste dans une famille aussi tolérante que la sienne, et il écarte bien trop naturellement cette option. Comme si la société n'avait pas ce super pouvoir de vous retourner le cerveau malgré les efforts de vos parents. Ce n'est pas aussi évident, quoi qu'on puisse en dire. Beaucoup de pression pour un enfant né de parents homosexuels, une pression qu'on pourrait facilement sous-estimer. Esteban est conscient des clichés, des discours contre l'adoption par des parents homosexuels. Les arguments il les connaît tous. L'un d'eux le pousse sans doute à flipper aujourd'hui, même si tout cela peut sembler bien ridicule.

- Ce n'est pas la même chose, ce sont mes parents et jusqu'à preuve du contraire, ils m'ont élevé avec des valeurs. Cela n'a rien à voir avec répondre à un message ou non.

L'étudiant en droit se renfrogne. Ce n'est pas un sujet qui le met très à l'aise. Oh il voit très bien où il veut en venir, et dans une certaine mesure, il est d'accord avec lui. Seulement la complexité des choses échappe à Livio. C'est très facile de juger sans se mettre à la place de l'autre. D'ailleurs étant donné qu'il n'est même pas sorti du placard, de quel droit juge t-il Esteban d'en sortir avec précaution ?

La violence de l'accusation est d'ailleurs presque pire que la violence physique qu'il semble prêt à déployer dans cette altercation. Arnaque. L'adjectif le poignarde avec une violence rarement égalée. Son identité attaquée, Este cache bien mal la blessure que Livio vient d'ouvrir

- Attaquer quelqu'un qui construit son identité c'est pas justement ce qu'on est censé éviter de faire ? Enfin, penses ce que tu veux de moi, je m'en fiche. Mais regarde toi un peu à agresser les autres parce que tu n'es pas à l'aise avec la tienne, on se croirait dans une mauvaise série Netflix. Je sais pas ce qui est pire entre toi et moi. D'ailleurs si je me la raconte tant que ça, pourquoi ça t'affecte autant que je n'aie répondu à tes messages ? Tu devrais t'en foutre non ? Superficiel comme je suis, je ne dois pas être une énorme perte à tes yeux non ?

Este s'autorise une provocation qui pourrait lui coûter cher pourtant blessé comme il est, il ne voit pas vraiment ce qu'il a à perdre.

- Peu importe pourquoi, je pense pas que ça ait la moindre importance pour toi maintenant.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 16 Sep - 21:52
tu sais pas si tu peux y croire, à ses histoires de parents. c'est fou, c'est con, mais il a tellement l'air pas fiable, comme mec. arnacoeur, tu te dirais avec un rire cynique, mais ça te fait pas rire, parce que tu pensais être un peu safe dans un endroit dangereux. maintenant, t'as juste la sensation désagréable d'être sur la sellette.

mais tu le laisses parler. si tu l'interromps toutes les deux secondes pour lui faire une nouvelle leçon de morale, tu sais que t'obtiendras rien. tu le regardes, juste, les yeux rivés sur lui, bras croisés. tu tangues d'un pied sur l'autre, légèrement, avec l'étrange sensation que tu vas t'en prendre une dans la gueule, mais pas physique. t'attends le moment où il va sortir un truc qui va piquer ton ego nerveux et ta confiance en toi meurtrie. au final, à votre âge, c'est à peu près tout ce que vous savez faire, vous blesser. tu repenses à alejandro, à son calme et sa patience naturelle, tu te dis que wow, lui il perd pas de temps avec des genre de conneries. et pourtant. et pourtant, tu restes là, à te bouffer la lèvre supérieure. en colère. tendu. apeuré.

agresser ? t'as dis, dans l'ombre de sa voix, avec les dents dévoilées, les yeux plissés. puis t'as un sursaut, t'écarquilles les yeux, les fronces aussitôt. outré. tu t'outres, ouais, et à raison. tu cherches, de tes prunelles sombres, un endroit sur lequel t'accrocher, comme une bouée. une idée qui te fera flotter à la surface, quelque chose pour attaquer. mais tu trouves rien d'autre que sa jolie frimousse, avec ses belles bouclettes, ses lèvres à dévorer, et t'as un instant de flottement. mais c'est pas- tutu t'interromps, te frotte le visage, te passes une main dans les cheveux. putain, ça a rien à voir avec le fait que tu sois superficiel, o.k. ? enfin, si, mais pas comme il l'entend. mec, tu peux justes pas jouer avec les gens comme ça. t'as ouvert tes doigts de chaque côté de ta tête, vers le ciel, comme si tu tenais tes pensées au bout de la pulpe, les yeux rivés sur lui. tu vas devoir jongler avec tes idées, pour pas te perdre, et lui envoyer les balles une par une, en plein dans le mille. t'es capable de faire ça ? t'en sais rien. tu vas essayer. déjà, je t'ai pas agressé. j't'ai poussé à l'écart. fais pas genre t'aurais accepté de me parler face à face si j'te l'avais d'mandé, t'as trop la trouille. t'as un regard de daron, et ça te fait un peu chier, mais faut ce qu'il faut. j'suis véner, mec. pas parce que tu me ghost, j'en ai rien à foutre, vis ta vis, j'vis la mienne. tu parles beaucoup avec les mains, prend de la place dans l'espace. ton visage, d'habitude si inexpressif, bouge avec. c'est juste que t'es là, tu te pavanes en faisant croire que t'es bi, mais c'est juste pour jouer avec les garçons trop crédules. tu te gardes bien d'ajouter le "comme moi" - mais ton doigt, traître en ton sein, te désignes malgré toi. c'est super dévastateur, ça, mec. tu t'rends compte ? tu m'parles d'une série netflix, mais t'as r'gardé 13RW ? parce que la meuf, à la base, elle y croyait avec le gars là, et ça a été l'une des raisons de son suicide. t'es pas en train de lui faire une déclaration, ni une lettre d'adieux, ni une de mort. et tu l'sais, tu vas un peu loin. tu vas même carrément trop loin, et t'as l'air juste ridicule - mais, arrogant comme tu es, tu te dis que y a qu'en utilisant son langage de jeune bourge narcissique que tu vas pouvoir te faire entendre. qu'est-ce que t'es une sale race, livio, quand tu t'y mets. j'suis pas en train de te dire que j'attendais un truc avec toi : je cherche pas de relation, et si c'est pas allé plus loin, c'est que toi et moi on en avait pas envie. au moins, comme ça, c'est clair. tu te mens un peu à toi-même, puis tu repenses à ton mec, et tu lui mens beaucoup à lui, puis tu te détestes d'avoir cette conversation alors que toi, tu le trompes impunément. mais fais pas ça à d'autres mecs, parce que y en a un paquet qui seront moins sympa, et un paquet d'autres qui auront pas la foi de te faire face. tu lèves les mains, montre patte blanche. alors peut-être ça t'arranges bien, ça. mais ton comportement, là, c'est juste la raison pour laquelle y a encore de la biphobie. et si tu te cherches, tu dois savoir exactement de ce dont je veux parler.

tu t'es calmé sur la fin. t'as les yeux légèrement brillants. ça fait du bien, et en même temps, ça fait mal. t'avais besoin que ça sorte. tu voulais pas le blesser, tu fais pas ça pour être méchant. tu fais ça parce que t'as peur, puis parce que tu supportes pas de voir ça, là, se pavaner fièrement à dire des trucs faux et à faire souffrir sans en avoir rien à foutre.

@ Invité

avatar
   
#
Mer 18 Sep - 17:17
Si Esteban pensait que son argumentaire allait convaincre Livio, il s'est largement fourvoyé. Après l'avoir fixé lui et ses lèvres pendant un quart de seconde, son interlocuteur se lance alors dans un nouveau discours accusateur avec bien sûr un peu de fondement and a lot of nonsense pour l'accompagner. Loin d'avoir envie d'y passer l'après-midi, Este soupire. Il n'a jamais aimé le conflit, et pourtant il se se sent aujourd'hui comme obligé de répondre aux piques accusatrices de Livio qui semble avoir bien des choses à redire sur son comportement récent. Finalement dans la société rien ne change vraiment, il faut toujours défendre son identité, prouver quelque chose, même le fait que l'on puisse être attiré par plusieurs genre sans forcément être prêt à entamer une relation. Et c'est cela le problème pour Esteban aujourd'hui.

- Oui clairement t'en a rien à foutre, c'est ce qui ressort de cette conversation c'est sûr.

Livio ne l'écoute pas, mais quelle importance de toute façon. Rien ne sert de l'interrompre maintenant qu'il est lancé. Esteban l'a bien appris avec Alejandro Paredes, gueuler par dessus ne change pas l'issue d'une conversation. A quoi sert de parler, si personne ne veut vraiment écouter ? Alors il le laisse s’énerver et se calmer seul. Il veut le juger, le taxer de biphobe, grand bien lui fasse. S'il y a une chose dont il est certain cela dit, c'est que Livio n'en a clairement pas rien à foutre, ce qui l'étonne plus que son discours en réalité.

- Je n'ai pas joué avec toi, ou avec qui ce soit. Traite moi de biphobe si tu veux. Ça te passe pas par l'esprit que ça puisse être nouveau pour moi ? Que je puisse avoir besoin de temps pour réfléchir certaines choses, soirées qui se passent dans ma vie ? Ma sexualité ? Si tu comprends pas ça alors tes discours sur la biphobie valent rien, parce que c'est pas parce que je me revendique bi que j'ai envie de m'envoyer en l'air avec tout le monde ou même n'importe qui. Ou même que c'est évident de faire son coming out dans la pratique d'ailleurs, comme tu le sais.

Este s'agace, parce qu'il est clair qu'il s'aventure sur un sujet délicat et personnel. La superficialité dont on le taxe sans problème, voilà ce qui est beaucoup plus simple pour lui que de parler de ce qu'il peut ressentir. Des moments de doute il en a eu, et qu'il se rassure, dans l'intervalle, entre deux textos, entre deux soirées, Esteban s'est posée des milliards de questions.

- Ce que je comprends pas c'est pourquoi un mec comme toi me juge s'il en tellement a rien à foutre. T'as sûrement bien mieux à faire que de perdre ton temps avec moi non ? Je sais pas, tu pourrais le passer à te demander pourquoi t'as tant de haine pour les gens qui essayent de s'assumer, plutôt que de le passer à les menacer de ne pas parler ton petit secret.

Este soupire et secoue la tête dans l'incrédulité totale. Il apprécie Livio, le Livio avec lequel il discute de temps en temps par texto, le Livio avec qui il a échangé quelques baisers et caresses en tout cas. Il faut vraiment être idiot pour penser qu'il puisse jouer un jeu aussi malsain. L'attraction était plutôt évidente d'un point de vue extérieur.

- Enfin si ça peut te rassurer, c'est absolument pas mon genre. Superficiel ou non.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 19 Sep - 23:10
chaque mot, chaque phrase, tu le prends comme une attaque. t'avais réussi à te calmer en vidant ton sac : tu le regardes plus. parce que si tu le regardes, tu t'énerves. tu t'énerves, parce qu'il est en train d'appuyer férocement sur ce pourquoi tu ne veux pas que ça se sache, ici. tu ne veux pas que les autres aient accès à ta vie privée. tu t'es laissé tenter, avec este. parce qu'il y a eu ce regard, ces quelques mots, ces sourires, ce contact. rien de plus, pourtant, rien de plus, vraiment. seulement ça. et ça, c'était déjà trop. tu l'aimes bien, esteban. mais là, t'en as marre. t'en as marre, tu espères juste qu'il ne dise rien. tu ne veux pas mêler ta vie privée à cette école. personne ne doit savoir, les couleurs ne doivent pas se mélanger. tout doit rester intact, ordonné, organisé, que tu gardes le contrôle dessus. sinon, tout s'effondre. tout est friable, tout est faible : tu es faible, sur le fil du rasoir. tout le temps.

écoute. tu prends une profonde inspiration. il se méprend sur tes intentions, réinterprète tes mots : t'en as marre. t'avais envie de te battre, mais les choses se tassent. t'as plus l'énergie, soudain. comme vidé, comme lassé. t'as envie de faire autre chose. t'as pas faim, tu sais pas, tu veux pas. t'en as plein le dos. j'crois que tu comprends juste pas où je veux en venir. t'as un geste de la main qui ferme ta pensée. très bien. pas grave. j'survivrais. t'as l'habitude de pas être compris, tristement. n'espère pas te servir de moi comme d'un argument pour légitimer ta bisexualité. tes mots sont tranchants, acérés, cette fois. tu n'as pas peur de blesser : en fait, c'est même tout l'inverse. ça y est, tu fais le hérisson. tu es plein de piques. tu te laisseras pas approcher. que ça sorte pas d'ici.

le regard que tu lui adresses est animé. solide. dur, même.

tu fais quelques pas en arrière. t'en as fini. tu veux avoir le dernier mot ; t'y peux rien, c'est de famille. les italiens sont comme ça. des grosses têtes de con. tu t'en veux déjà, mais le poids dans ton estomac t'empêches de l'exprimer. tu ne veux pas justifier ton comportement. tu ne lui dois rien. aucune explications. il ne sait pas, lui. il ne sait rien de toi, au même titre que tu ne sais rien de lui.

en quittant la pièce, tu te dis que c'est mieux comme ça.

@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum