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No way | Javier

@ Invité

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Mer 30 Sep - 23:45
Prendre la décision d’aller chez le psy ne fut pas chose aisée pour Alejandro. Quand on le connaît au moins un peu, il n’est d’ailleurs pas difficile d’imaginer pourquoi l’idée ne lui a pas traversé l’esprit avant. Après tant d’années à mettre ses sentiments de côté, et au moins le double à ignorer ses problèmes, il avait fallu faire quelque chose, question de survie peut-être. Toujours est il que le voilà dans la salle d’attente de son psy après deux semaines consécutives plutôt convaincantes où il s’est efforcé de faire le chemin pour parler de sa vie. Convaincantes, parce qu’il y est retourné plus d’une fois, et il est inutile de préciser que ce n’était pas gagné du tout. A croire qu’il a finalement décidé de faire comme le reste de la famille en se prenant en main. Il a beau faire de son mieux pour garder l’esprit ouvert à ces choses là, ce n’est pas évident pour autant. Nate voit un psy depuis presque toujours, et ce n’est pas lui qui jugerait qui que ce soit, d’ailleurs il a courageusement pris en charge la santé de mentale de leur fils, et pourtant c’est à son insu qu’il a pris la décision de consulter. Comme si la honte l’empêchait d’avoir un dialogue avec son mari sur la question.

Assis sur son siège, plongé dans un livre, Alejandro attend donc son rendez-vous secret avec une pointe de culpabilité alors que son conjoint est persuadé qu’il donne des cours d’anglais à cette heure-ci. Ridicule sans doute de se sentir comme un cachotier, un imposteur… pensée est vite chassée par un nouvel arrivant, qui s’il a besoin d’une thérapie for sure, aurait pu s’abstenir de choisir le même thérapeute que lui.

- You’ve got to be kidding me.

Alejandro referme son livre un peu trop violemment et le bruit qui s’ensuit est trop important pour être ignoré. Il reconnaîtrait le visage de Javier Aguilar entre mille. Le visage comme le reste d’ailleurs. C’est à croire que l’univers tient à se foutre de lui. Il n’a vraiment pas besoin de ça.

@Javier Aguilar

@ Invité

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Jeu 5 Nov - 18:37
Ça avait commencé avec une affaire compliquée. Un simple vol, initialement, rien qui n’aurait dû dégénérer si le suspect n’avait pas paniqué en voyant débarquer la police et choisit de prendre une petite famille en otage. Javier avait été forcé de voir quelqu’un, l’ironie étant probablement qu’il n’avait au final que peu de remord pour avoir déchargé son arme sur le criminel, et bien plus à dire sur le bordel qu’est sa vie. Il était revenu, même après avoir obtenu son certificat d’aptitude au travail. Venu épancher sa honte, sa haine et ses doutes. Pointer du doigt et confesser ses torts. Exprimer ce qu’il n’avait jamais vocalisé, et parfois jamais réalisé. Il n’avait pas tout dit, loin de là. Certaines choses trop brûlantes encore pour être approchées. Mais il avançait doucement. Et c’est déjà plus que ce qu’il pouvait dire quelques mois auparavant.

Javier est en avance, lorsqu’il passe la porte de l’immeuble pour son rendez-vous de la semaine. En repos, il revient tout juste d’un tour rapide à la paroisse pour mettre au point la logistique de la maraude à venir.
Il le repère à peine passé le coin du couloir. Alejandro. Ce n’est pas son imagination, ce n’est pas sa tête qui projette ses traits sur un autre, non. C’est bien Alejandro. Le mierda qui lui traverse l’esprit se trouve coupé lorsque l’autre se permet une remarque tout en délicatesse, avant de refermer son livre d’un geste manifestement agacé. Seriously ?

– I wonder what I should say.

Aux dernières nouvelles, c’était lui qui s’était fait cracher à la gueule et briser le coeur, pas l’inverse hein. Malgré tout, son ton est moins cassant que ce qu'il aurait pu être, derrière le clair sarcasme.

Alors qu’il s'approche pour s’asseoir, résolu à ne pas lui faire le plaisir de fuir Javier se surprend à passer en revue mentale son apparence du moment (propre, pas ses pires fringues, barbe soignée). La pensée lui donne envie de se frapper la tête contre le mur. Il déteste ça. Il déteste se rendre compte qu'il a encore un quelconque effet sur lui. Qu'il se soucie encore et toujours de ce qu'il peut penser de lui. Même après tout ce temps. Même après ce qu’il s’est passé..
Il jette un oeil sa montre en tentant de prendre un air dégagé. Putain, et il a fallu qu'il soit en avance...


Spoiler:

@ Invité

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Ven 6 Nov - 10:57
- Nothing at all would be a very good option, if you ask me.

La présence de Javier dérange Alejandro et l’inverse est probablement tout aussi vrai. Un euphémisme, vu la situation sans doute, mais parler de contamination de son espace vital serait fortement exagérer l’importance du guatémaltèque dans sa vie. Outre quelques cheveux blancs et un air éteint le policier n’a finalement pas beaucoup changé. De grand yeux expressifs, une stature particulière, attirant selon certains standards, Javier a aussi et surtout l’air de porter le poids d’années de dépression sur ses épaules, et vu l’actualité, il n’a pas de mal à imaginer pourquoi un agent de la paix idéaliste (et naïf) tel quel lui pourrait se retrouver sur le divan d’un psychologue. Mais lui, lui vaut mieux que ça.

S’il accepte doucement l’idée qu’une thérapie puisse l’aider à surmonter certains blocages dans sa vie personnelle, il n’est pas encore prêt à assumer ce détail devant qui que ce soit pour autant. Encore moins devant Javier, Javier à qui il est si important de montrer qu’avoir un peu d’amour propre et d’ambition peu assurer le bonheur et une vie enviable par les autres.

La vie d’Alejandro est épanouissante c’est certain, et il n’a pas la moindre envie qu’il aille s’imaginer le contraire. Est-ce important ? Pas vraiment, ce n’est pas comme s’il avait à impressionner Javier ou qui ce soit. Son bonheur ne dépend pas du regard des autres sur celui-ci, il le sait pertinemment et pourtant cette envie dévorante de toujours chercher à prouver qu’il pouvait faire mieux ne l’a jamais quitté, pas même aujourd’hui alors qu’il coche tous les critères pseudos objectifs d’une vie réussie selon Alejandro Paredes. Son incapacité à surmonter certains problèmes en dépit de ses objectifs réussis le force néanmoins à revoir la définition même du bonheur et de l’épanouissement. Vaste projet d’ailleurs, et c’est pour cette raison qu’il est là sans doute. Tout nest pas mesurable en termes d’exploits et de productivité. Le mexicain doit apprendre à laisser un peu plus de place à ses émotions, affronter son passé au lieu de le fuir. Quelle ironie d’ailleurs, de l’avoir placé justement dans cette salle d’attente.

Javier, il le réalise en croisant son regard, lui renvoie une image de lui-même bien négative. Il est comme le reflet qu’il ne veut pas voir dans le miroir. Aussi séduisante que soit l’idée qu’ils soient complètement différents, ils ont bien plus en commun qu’il ne l’admettra jamais. Pire encore, alors qu’il a toujours accusé Javier de renier ses origines, Alejandro a l’impression d’être une fraude qui se cache derrière le privilège de son mari blanc. Il s’est toujours vu comme celui qui refuse de capituler et continue à se battre, mais doucement l’idée que Javier puisse le faire à sa manière se fraye un chemin dans sa tête. Alors qu’il l’assène d’une énième remarque désagréable, Alejandro se demande si le dédain qu’il ressent encore pour Javier est réellement dirigé contre lui ou au contraire contre lui-même. Incapable de lire, agacé par ce silence qui n’a rien d’apaisant, Alejandro finit par soupirer après quelques minutes.

- Why are you here anyway ? I’m not talking about your issues I know you have plenty of them, spare me, I meant today. As this is not a couple therapy and also my slot, you must have got the dates all mixed up for some reason.

L’erreur ne saurait provenir d’Alejandro, son agenda est paramétré au moindre de détail près, c’est d’ailleurs ce qui lui assure la sensation de garder le contrôle sur son existence.

@ Invité

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Sam 7 Nov - 16:15
La réponse d’Alejandro ne tarde pas et rappelle à Javier, au-delà de tout ce qu’il a pu ressentir pour cet homme, toutes les prises de bec qui les ont bouffés par le passé. Ce n’est pas qu’il ait réellement oublié leurs problèmes, simplement... le temps choisi où il met l’accent, je suppose. Et il a choisi de le mettre là où ça fait mal, apparemment.

— Yeah, too bad I don’t care about what you want anymore.

Il expire un soupir, tout en regardant l’heure, se maudissant d’être venu sitôt ses autres affaires terminées au lieu de passer ce laps de temps en allant prendre un café, ou n’importe quoi d’autre. L’idée d’une clope lui paraît subitement absolument délicieuse, d’ailleurs. Mais il a déjà décidé qu’il ne lui ferait pas le plaisir de fuir, alors ce sera pour plus tard.

Il retire sa veste pour se mettre relativement  à l’aise, étant donné qu’il fait meilleur à l’intérieur que dehors par cette saison, et la pose à côté de lui. S’en suit ce qui semble être d’interminables minutes (pourtant très peu), avant que le mexicain ne brise le silence, plein de mépris. Javier sent sa mâchoire se serrer malgré lui, l’envie de l’envoyer chier revenant au galop.

–  Well maybe if your head wasn’t so far up your own ass, you would have noticed that there is more than one therapist here.

L’égocentrisme exacerbé de môsieur Paredes lui donne des velléités. Autrefois, la tension aurait fini par être dissoute via quelques orgasmes, sûrement. Aujourd’hui, l’envie penche plus vers lui donner des baffes pour voir ce que ça fait. Mais il n’ira pas jusque là...
A force de venir, Javier avait fini par remarquer que la salle d’attente dessert deux cabinets distincts, ainsi que le fait que les deux psy font en sorte d’intercaler les rendez-vous pour que les patients se croisent le moins possible. Ce qui malheureusement ne marche plus dès lors que l’un est en retard et l’autre en avance...

–  And you, finally admitting to your own issues then ?

Smirk. Il sait pertinemment que ça va faire mal, toucher pile là où c’est tendre et sensible. Parce qu’Alejandro n’a pas d’issues, bien sûr. Il a travaillé trop dur, trop longtemps à ce que tout soit parfait dans son petit monde pour en avoir. Hm.
Javier expire un court, unique, souffle à cette pensée. Comme un rire creux, trop lourd, qui se voit avorté. Il réalise que s’il sait ne pas mériter l’Étoile qui hante toujours ses pensées, il ne croit en revanche plus complètement aux mensonges d’Alejandro ; Celui qu’il était en ce temps-là avait ses fautes, et du chemin à parcourir, certes, mais il pouvait être assez. Il aurait pu. Il ne rentrait simplement pas dans la boîte toute prévue que le mexicain s’était fabriquée.
Si Javier n’avait pas intégré avec une telle violence envers lui-même les reproches d’Alejandro en plus de ceux que le monde lui envoyait déjà, peut-être que les choses auraient été plus simples par la suite. Mais avec des si, on peut refaire le monde...

@ Invité

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Mar 10 Nov - 11:47
- Clearly, but apparently you still desperately need me to acknowledge that too for some reason ? Fine you don’t care about what I think ! Does that make you feel any better or do you need some sort of validation from my part too ? Food for thoughts.

Alejandro ne sait pas pourquoi il se montre si agressif, pourquoi ses prunelles s’assombrissent alors qu’il se lance dans une nouvelle pique. Quoique si, sans doute. Il lui reproche évidemment les arrestations abusives après leur rupture, le Miranda Heights, sa vision idéalisée de la police... des choses concrètes et qui pourtant ont ironiquement moins d’importance que l’image négative de lui-même que Javier lui renvoie. Au-delà de toute les bonnes raisons de lui en vouloir, c’est surtout cette image de fraude qu’il lui reproche. Son analyse de Javier s’applique d’ailleurs aussi bien au guatémaltèque qu’à lui-même. Mais forcément, il est bien plus facile de réaliser certaines choses à propos des autres qu’à propos de soi, c’est une histoire plus vielle que celle de l’univers. Ils s’accordent beaucoup trop d’importance, l’un comme l’autre, c’est un fait. Cette histoire devrait être enterrée depuis longtemps et pourtant, les voilà qui règlent leurs différents en toute gratuité dans la salle d’attente de leur psy respectif. Alejandro soupire, se comporter de façon mature ne lui a jamais demandé autant d’effort qu'aujourd'hui.

- Are you done ?

Visiblement pas. Voilà qu’il le questionne sur ses problèmes, problèmes dont Javier est parfaitement au courant évidemment, pour avoir partagé sa vie il y a quelques années de cela. Même s’il avait souhaité garder le traumatisme de l’arrestation de son père pour lui, il aurait été bien difficile pour Alejandro de cacher ses terreurs nocturnes particulièrement explicites et vocales à une personne qui vivait alors sous son toit et l’aidait à discerner le rêve de la réalité. Toujours dans le contrôle en journée, son inconscient a toujours pris très à cœur la liberté d’expression pendant ses heures de sommeil. S’ils n’en parlaient pas forcément le lendemain matin, tout comme Nate le fait encore aujourd’hui, Javier a eu tout le loisir de calmer ses angoisses en plein milieu de la nuit et suffisamment en tout cas pour pouvoir se permettre la remarque aujourd’hui.

- Believe it or not, people change Javier. I have a very understanding husband and loving children. I need to make things right for them if that makes sense to you. I also really want to be happy because that’s what really matters in the end right ?  Pause. C’est bien la première fois qu’il s’agit d’une priorité pour Alejandro Paredes. A l’époque, ses rêves prenaient la forme de réussites, de plans, de combats gagnés contre une société injuste... S’il parvenait à réaliser tous ces objectifs, alors le bonheur s’en suivrait naturellement et il pourrait simplement effacer toute la douleur du passé. Ça ne fonctionne pas ainsi malheureusement, il l’a réalisé non sans mal. Admitting to your own issues is a  good start don’t you think ? I’m not going to let you shame me for taking care of myself Javier, I’m passed that, really. You can hate me all you want.

Pas entièrement vrai, mais pas complètement faux non plus. Prendre la décision de venir ici n’a pas été aisée, reconnaître publiquement avoir besoin d’aide l’est encore moins, mais c’est un premier pas vers la guérison, une preuve de développement personnel de quelque sorte, Javier peut au moins le reconnaître, même dans sa haine. Nathaniel voit un psy depuis son coming out difficile et l’avocat n’en a pas la moindre honte. Inutile de preciser que des deux, l’avocat est le plus épanoui et heureux.

Alejandro quant à lui doit cesser de créer des barrières invisibles et investir du temps dans sa guérison. Il ne peut pas passer sa vie à blâmer son père pour tout ce qui est arrivé de mauvais dans sa vie, il a fait ça pendant près de trente ans et qu’est ce que ça lui a apporté ? Pas grand chose finalement, en dehors d’un trou béant dans sa poitrine qui l’empêche   encore aujourd’hui de respirer. Oui, il a changé, réalisé certaines choses, mais si Javier s’attend à ce qu’il regrette un jour de l’avoir quitté, il risque de d’attendre toute une vie pour des regrets qui ne viendront jamais. Aussi égoïste qu’eût été sa décision de le quitter aussi brusquement pour Nate, Alejandro ne le verra jamais comme une erreur. Ce choix lui a offert la vie qu’il mène aujourd’hui auprès d’un homme calme et suffisamment assuré pour lui montrer qu’il peut avoir tord parfois. C’est tout ce dont il avait besoin et il est loin du regret.

@ Invité

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Mar 10 Nov - 20:37

— Tssk.

C’est tout ce qu’il répond, parce que s’il l’ouvre, il risque de déverser des torrents non maîtrisés. Surtout, s’il l’ouvre, c’est qu’il donne un brin d’intérêt aux conneries que débite Alejandro, et bien entendu, il ne leur en donne aucun. N’est-ce pas ? Alors, il ne lui fait pas le plaisir de relever, et il se trouve ô tellement mature pour sa retenue.
Une retenue qui part très loin, très vite.  Et la maturité, pour le peu qu’elle soit présente dans la pièce, de même. Il est de mauvaise foi, Javier, quand il l’accuse à mi-mots d’être trop égocentrique pour se rendre compte que la salle d’attente est partagée, alors même qu’il lui a fallu plusieurs rendez-vous pour s’en apercevoir lui-même. Il le sait pertinemment, mais il ne peut pas s’en empêcher, comme si la présence d’Alejandro réveillait quelque chose qui avait été assoupi –bâillonné– trop longtemps.
Le fait est que he’s not fucking done.
Y’a un truc dans ses nerfs qui frémit et veut frapper, peu importe le moyen, simplement pour arracher une grimace à Alejandro. Un truc qui crie, qui veut sortir, se faire enfin entendre. Un truc qui lui colle à la peau, qui veut désespérément un peu d’équité à ses peines, comme si ça pouvait possiblement les apaiser. Alors, il attaque à son tour. Une simple pique, mais qu’il sait porteuse. Et il ne peut s’empêcher d’en être un peu satisfait.
Si l’air est là, ça n’a plus rien des engueulades d’autrefois. A moins que ses souvenirs le trompent une fois de plus. Javier se sent froid et amer, lourd d’années secouées par les ricochets de leur rupture. Il se sent prêt à véritablement faire mal et au final, ce n’est pas une sensation qui le réconforte. Pas une sensation qui l’aide à ne pas se sentir méprisable.

Mais la réponse de son ex est encore plus piquante, à vrai dire. La simple mention d’un mari compréhensif et d’enfants aimants est un poignard affuté qui vient se ficher en plein dans le mille. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’Alejandro, non. C’est si douloureux parce qu’il sait qu’il n’aura jamais rien de tel dans sa vie. Et étrangement, Javier ne se serait pas attendu à ce que ça fasse si mal. Mais ce n’est pas pour rien qu’il n’a pas encore su aborder le sujet de sa femme et de son fils avec son thérapeute. N’importe quelle discussion à propos de ses collègues ou de sa famille est plus aisée que celle-ci. N’importe quelle évocation des Alejandro de sa vie et la façon dont ils ont malmené son coeur se trouve moins pénible. Lui qui rêvait de paternité il y a vingt ans déjà, n’a pas encore su faire le deuil des espoirs que sa femme portait en son sein. Il y a un sourire marqué d’une ombre sur les lèvres, quand il répond :

—  Funny how you’re the one that attacked me, then called me out on my issues, without so much as thinking that I might have changed too, but still, I’m the one shaming you and hating you.

Son ton a perdu de son mordant, s’est aplati, comme pris d’un accent de fatigue qui teinte jusqu’à ses yeux. Blâmer l’autre, il connaît. Il connaît très très bien, même. Il l’a fait pendant des années, des décennies. Ce n’était jamais vraiment sa faute, toujours celle d’un monde pas fait pour lui, celle de celui ou ceux qui l’avait trahi, qui lui avait craché à la figure, qui l’avait empêché de faire confiance à quiconque et encore moins à lui-même. Oui, c’est un sourire sans vie qui tire ses lèvres. Un sourire qui s’efface finalement, quand il poursuit :

— I loved you, Alejandro. I can’t hate you. It would be easier if I could, but I can’t. Javier passe la main sur son visage, comme s’il était possible d’essuyer vingt ans de ressentiments dans les noeuds de son front, I only hate that I was stupid enough to picture a life with you two. And that I let it impact me so much throughout the years. But turns out, that’s on me.

Toutes les fois où il lui a donné raison, toutes les fois où il s’est dit qu’il n’était pas assez, toutes les fois où il s’est dérobé ou perdu par peur de se faire abandonner, et celles où il a renoncé lui-même : Sa propre faute. Pour avoir été assez con pour l’écouter en premier lieu, pour avoir été assez con pour donner tant d’importance à son venin, et l’avoir démultiplié. Mais quand bien même il voudrait le détester, Javier sait bien qu’il ne fait que détester ce qu’il est devenu, ce qu’il s’est laissé devenir. Ce qu’Alejandro avait vu depuis le début. C’est peut-être ce qui le rend le plus amer, au final. Qu’une partie de lui doivent admettre qu’au bout du compte, il lui a donné raison.
Il est seul, seul dans une famille qui ne le connaît pas vraiment. Arimé à un job qui ne représente plus rien. Responsable d’actions qu’il ne peut que réprouver. Amoureux d’un homme qui ne l’aime pas. Père d’un enfant qui ne naîtra jamais.

@ Invité

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Mer 11 Nov - 21:01
Javier s’énerve, plus virulent qu’il ne l’a jamais été auparavant. Le contexte doit contribuer fortement à l’agacement qu’il ressent, ce serait assez logique en réalité. La salle d’attente d’un psy n’est effectivement pas l’endroit rêvé pour régler ses comptes avec un ex perdu de vue depuis vingt ans, c’est un fait difficilement contestable.  Cela dit, il y a quelque chose dans son regard qui va bien au delà de toutes ces considérations et Alejandro se garde bien de l’interrompre pendant qu’il crache son cœur sur la table.  Visiblement, il s’agit d’une nécessité pour Aguilar que de lui faire part de son évolution, alors Alejandro lui laisse l’espace pour le faire. Après tout il y a peut-être une explication derrière l’acharnement de ces dernières années, derrière l’irritation et l’intense besoin de validation qu’il semble manifester à son égard. Il est prêt à écouter, même vingt ans après.

Mais outre les paroles qui se veulent blessantes, c’est surtout une souffrance qui le prend de court, le laisse déstabilisé par une sincérité émotionnelle dont le policier n’a finalement jamais fait preuve au cours de leur relation, quelle que soit la fable qu’il se raconte aujourd’hui à ce sujet. Taquineries, blagues de mauvais goût, provocations régulières, leur quotidien a rarement brillé par une compréhension mutuelle à toute épreuve. A l’inverse, le duo s’est surtout illustré par un manque de communication au-delà de l’imaginable. Est-ce qu’ils ont ne serait-ce qu’une seule fois discuté leur sentiments ou abordé leurs différents de façon posée et raisonnée ? Pas une seule. Est-ce que l’idée que Javier ait pu envisager un avenir à cette relation, alors même qu’il passait son temps à rabaisser ses opinions et tourner ses valeurs les plus profondes en ridicule lui a traversé l’esprit, certainement pas.  Alors Alejandro n’a peut être retenu que le négatif de leur vie commune, manqué d’empathie durant leur courte mais intense relation, mais ses souvenirs aussi influencés soient-ils par sa propre perception des choses, n’en restent pas moins bien réels. Et de l’amour, il n’y en avait pas, ou alors leur définition du terme n’est pas la même.

Pour Alejandro, les choses étaient plutôt limpides à l’époque. Javier et lui s’étaient  surtout retrouvés piégés dans une relation qui ne leur convenait pas faute de mieux. Aussi, mettre un terme à un supplice tel que le leur n’était alors devenu qu’une formalité. Une formalité à laquelle il avait voulu mettre un terme rapide pour retrouver l’amour de sa vie certes, mais aussi et principalement parce que, Javier n’en aurait pas pris l’initiative de lui-même. Aussi insatisfaisante soit leur vie commune, il n’en aurait pas eu le courage, tout comme il n’a jamais eu le courage d'assumer son homosexualité, avec ou sans son aide après tout. Leur relation impliquait trop de compromis, et Alejandro n’a jamais été homme à faire passer l’irrationnel des sentiments avant le pragmatisme et les perspectives. Et des perspectives d’avenir avec Javier, il n’en voyait pas, et l’idée que cela ait pu être le cas pour le policier lui paraît aujourd’hui complètement absurde. Alejandro n'aurait jamais accepté de vivre vingt ans dans le placard pour un homme comme Javier.

Et pourtant... Javier s’emporte et parle d’amour. What ? Alejandro fronce les sourcils, comme s’il parvenait difficilement à connecter les idées présentées par le discours de Javier. Ses mots le percutent comme une aberration linguistique qui aurait encore moins de sens vingt ans après. Un silence manifeste plus tard, Alejandro secoue la tête, incapable d’adhérer à cette explication sans aucune logique. Son esprit s'agite, refuse en bloc ce qu'il interprète comme une manipulation affective et qui n'est pourtant qu'un sentiment sincère enrobé d'une couche de déni.

- No. I’m sorry but no, I’m not going to fall for that tale you’re telling yourself. That’s not love, that wasn’t love. It couldn’t have been love. It was convenience at best, but you disliked me from the start and you let it show brilliantly. My values, my mind, my fights you didn’t love or value any of that, so, how dare you pretend you loved me? Alejandro secoue une nouvelle fois la tête. C’est beaucoup trop facile de rejeter intégralement la faute sur celui qui a le mauvais caractère, de changer l’histoire pour faire de lui l’unique responsable. It’s easy to pull the love card now when you couldn’t even bring yourself to respect me or my views when I needed it the most. You were dismissive and scoffing Javier, I hated that. It didn’t turn me on, it hurt. You loved Este that I know, but you didn’t love me. Nate loves me and it feels completely different. I actually can feel it. I didn’t feel the « love » you are talking about when we were together. If that still bugs you twenty years later yes, that’s all on you.

Non il ne peut pas s’en tirer ainsi en jouant des violons. S’il l’avait aimé au point d’en souffrir pendant vingt ans comme il le prétend, Alejandro en aurait eu connaissance avant ce jour. Au lieu de ça, il a subi les humiliations à répétitions, les arrestations abusives venant d’une personne parfaitement au courant de ses traumatismes... Tout ça n’a rien à voir avec de l’amour, c’est de l’acharnement et si le mexicain pourrait passer l’éponge et reconnaître ses propres erreurs, Javier devrait de son côté admettre sa part de responsabilité dans tout ceci.

- I loved someone else, true. I also left you because that was the right thing to do. Are you going to blame me for twenty more years or that’s finally enough for you now ?

@ Invité

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Dim 15 Nov - 17:09

Ce n’est pas facile de prononcer ce fait. Pas facile, vingt ans après, de mettre enfin des mots sur ce qui brûlait sa poitrine tout en sachant pertinemment qu’il est trop tard pour leur donner une existence, tout en sachant qu’ils ne trouveront aucun écho dans les prunelles de son vis-à-vis. Non, ce n’est pas facile, mais c’est pourtant évident. Il l’avait aimé, mal certes, mais il l’avait aimé. Suffisamment pour en être aujourd’hui meurtri, amer. Suffisamment pour en ressentir les séquelles. Et surtout, suffisamment pour être incapable de simplement le haïr.
C’est fatigué de tout ce chaos et de leurs batailles incessantes que Javier tente d'apaiser les choses, et donne finalement voix à une partie de ses regrets, admettant être responsable de ces ricochets, pour leur avoir laissé la possibilité de se perpétuer quand Alejandro n’avait fait que perpétrer le premier choc, aussi brutal qu’il ait été.

No. Mais bien sûr, ç'aurait été trop beau qu'Alejandro puisse simplement accepter ce moment singulier de maturité et en rester là. Si Javier sait à peine ce "non" prononcé qu'ils sont repartis pour un tour, il n'est pas prêt. Il n'est vraiment pas prêt.
Ce n'est pas de l'amour. La phrase tombe comme un couperet. Elle se décline, à tous les temps, jusqu'à nier en bloc toute possibilité, toute trace d'amour, même infime. Il n'y a pas la moindre interrogation, pas le moindre doute. C'est une évidence. Les phrases se déroulent, accusation après accusation, dague après dague. Ça déferle, en une pluie de coups qui le laisse sans voix.
Et juste comme ça, il ne reste rien. Rien des soirées en tête à tête, rien des repas préparés avec amour et des danses improvisées dans son salon. Rien des après-midi passés avec Esteban. Rien des multiples soupirs contre sa peau ni des nuits entrelacés. Pire. Rien de tout ça n'a jamais existé, n’a jamais eu de sens.
Javier sait, il a toujours su, qu'il n'avait eu aucune chance contre Nate et qu’il n’aurait rien pu changer au résultat. Mais il n'imaginait pas qu'il n'avait pas même été de la partie. Qu'il n'avait pas même réellement existé.

Est-ce que c'est enfin assez ?
La question est un déclic qui le fait revenir au présent, le tire d’une horde de souvenirs occupés à se déchirer dans la glaçante révélation. La toute aussi brutale réalisation.

— What does it matter to you anyway ?

La voix est blanche et sans timbre, légèrement tremblante en son centre. Qu’est-ce que ça peut lui faire, que ce soit assez ou non ? S’il ne représente au final rien de plus qu’une parenthèse entachée de douleur et de dédain, qu’est-ce que ça peut lui faire, ce que Javier pense ou retire de tout ça ?
D’une main, le flic fouille dans sa veste pour en tirer un paquet de cigarettes et se lève. Il ne cherche même pas à se persuader qu’il ne fuit pas alors qu’il tourne le dos à Alejandro, tente d’ouvrir la petite fenêtre qui illumine la salle d’attente. Le battant qui devrait coulisser vers le haut se refuse cependant à se décaler de plus de quelques centimètres. Simple sécurité, pour un cabinet accueillant des personnes ayant de probables troubles. Mais Javier insiste, incapable de réellement penser, incapable de sortir de sa propre tête où tournent en boucle les mots qu’Alejandro vient de lui cracher à la figure.
La résistance rencontrée est le petit grain de trop. Ses deux mains agrippent le battant et le claquent soudainement avec fureur pour tenter de le décoincer. Haut bas, haut bas, et j'en passe. Bam, Bam, BAM, BAM. Il la brutalise, écrabouillant au passage son paquet de clopes, mais ça ne sert à rien. Ça donne une activité à ses muscles tendus et fébriles et les chocs servent d’écho à ce qu’il ressent, mais le tout reste totalement vain. Javier se rend à l’évidence, appuyant finalement sa paume contre le mur pour résister à l’envie de la passer à travers la vitre. Contre le béton, il se rend compte que ses doigts tressaillent. A vrai dire, chaque fibre de son être tremble, bouillonne d'une colère et d'une détresse qu'il n'arrive ni à contrôler ni à identifier. Il y a un silence qui contraste avec son récent éclat, avant que sa voix ne s’élève à nouveau.

— You are just telling me that to hurt me. I can't believe you.

Javier semble presque parler pour lui-même à cet instant. Ses doigts tapotent le mur lentement, avant qu’il ne s’en décolle finalement pour faire face à Alejandro. Il essaie toujours désespérément de mettre du sens dans ce qui n’en a aucun pour lui ; ils ne pouvaient pas avoir vécu deux choses si différentes. Le mexicain cherchait encore à le blesser.

— I’m trying to be the better man, but no, you have to fucking do this. I was fucking bad at everything and I fucked up, yes, but you can’t possibly believe I didn’t care for you. It makes no fucking sense ! What the fuck do you think I was doing with you? I could have screwed anyone else ! And I fucking chose you ! Il perd le peu de composition qu’il avait encore, pointant du doigt Alejandro, une fureur incandescente dans ses veines menaçant de tout cramer sur son passage. Vete a la mierda ! You still get off on belittling and dismissing everyone so you can feel superior but fuck you ! That’s no wonder your own son can’t tell if you love or loathe him ! For his sake, I fucking wish you good luck with therapy !

Les mots se déversent. Il n’y a plus de filtre, plus de retenue. Juste l’expression de sa douleur. Lorsqu’il s’arrête, le souffle court et la poitrine opprimée, il réalise à peine ce qu’il vient de dire, encore secoué par l’incendie qui le ravage.


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Mar 17 Nov - 13:04
Il a raison, qu’est-ce que ça peut lui faire, quel intérêt y a t’il encore à l’écouter débiter ce qu’il considère comme une absurdité, une réécriture de l’histoire ? Et surtout, quel effet peut-il avoir encore sur lui, vingt ans après une relation qui n’avait rien d’épanouissante ? Est-ce que son opinion possède ne serait-ce qu’un semblant d’importance dans l’ordre des choses ? Non.  La réponse est aussi équivoque qu’elle devrait être simple et pourtant... Alejandro est là a le regarder perdre son song froid dans une irritation qui fait écho à la sienne et vient tendre ses muscles, faire battre son sang contre ses tempes...

Le professeur refuse la réalité qui lui est présentée, la nie tout simplement en bloc. Pire, il fait exactement ce qu’il a accusé Javier de faire toutes ces années, sans même le réaliser. Il lui rétorque que ses sentiments n’ont rien de réel, le tout  dans une logique froide et implacable, qui imposerait aux émotions d’avoir un sens pour être valides. Des signes extérieurs viennent pourtant appuyer son erreur, donner du sens à l’attitude de l’homme qui lui fait face, mais Alejandro refuse de voir ce qui est pourtant sous ses yeux.

- It doesn’t, and it shouldn’t matter to you either ! Who cares what a dickhead from your past thinks of you ? It’s been years Javier, of course I moved on. Why haven’t you? What stops you from doing so as well ? What  do you really want from me ?

Real question. Qu’il n’aille pas prétendre que le temps qui a blanchi leurs barbes et creusé quelques rides sur leur visage a suffi à calmer la rage et la frustration qui agite son cœur. Cette scène, avec toute son intensité ne saurait s’expliquer autrement que par une sorte de blocage qu’il est grand temps pour le policier de surmonter. Si tout allait bien, ils ne seraient pas là ce soir, c’est une évidence. Seulement, après une cigarette qui ne le calme guère, Javier l’accuse de lui dire tout cela dans l’unique but de le blesser ce qui a le don de faire tiquer son ex amant qui secoue la tête assez vivement pour l’occasion.

Même si le discours de Javier se fraye lentement un chemin jusqu’à son esprit, il n’est pas encore prêt à accepter cette justification. Pour le blesser, il faudrait accepter sa version de la réalité, l’admettre. Mais Alejandro dans toute sa délicatesse ne cherche pas à faire mal. Il cherche à le secouer c’est certain, et trop brusquement sans doute, mais le blesser n’est pas son intention et le lui rappelle, meme si la rage qui s’est emparée de lui l’empêche sans doute d’entendre ces dernier mots.

- I don’t. I just want you to let me go. For your own sake, just move on with your life and forget about me.

La fin de sa phrase se noie dans le bruit et la rage qui explose suite à ses remarques précédentes. Bien méritée sans nul doute, mais pas moins véhémentes pour autant. Alejandro est fatigué de constater qu’à chaque fois qu’ils se croisent, le passé a toujours autant d’emprise sur le présent. Javier ne peut pas choisir ou même exiger l’importance qu’il estime mériter dans la vie d’un autre, les relations ne fonctionnent pas ainsi. La leur était inégale dès le début et hormis s’excuser de ne pas avoir su l’aimer, Alejandro ne saurait l’aider sur ce point. Il n’est pas la réponse à sa haine personnelle, ni même la cause. Il ne saurait porter cette entière responsabilité.

Et alors que le ton monte et que les insultes déferlent, son fils est irrémédiablement mis sur la table, ce qui a pour effet de couper court à toute rationalisation de la situation chez le mexicain. Coup de poignard dans une plaie ouverte, Alejandro se lève brusquement et incapable de contrôler les conséquences de ses actes, il pousse énergiquement le policier contre le mur, ignorant au passage ses charmantes accusations pleines de vérité.

- Shut up ! How dare you judge my relationship with my son ? You know nothing about my family or about being a parent ! You’re just a sad mad who hates himself so much that even I feel sorry for you. Who wouldn’t dismiss someone like that ? Also, what do you know about raising an abandoned child in a queer interracial family Javier ? Did you ever have to deal with your child being bullied at school or are you going to give me another parenting lesson that comes out of nowhere on that matter too ? I’m being dismissive because what you say is just uninformed crap. I make a lot of mistakes yes, but at least I’m not a coward, nor afraid to be who I am. You think you’d have done better, well that’s debatable. How would you know what Este feels anyways ? Unless you’ve actually been stalking him I don’t see how you could possibly know what he’s going though.

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Sam 21 Nov - 18:02

Javier s'emballe, balance tout ce qui lui passe par la tête, sans réfléchir. Il touche un nerf sensible, à l'évidence, Alejandro se levant brusquement pour le pousser. Sur le moment, il y a presque un plaisir coupable à le voir perdre contenance. C'est à son tour, de s'énerver et de déverser sa bile. Et de ses mots, Javier n'entend que ce qui fait mouche, ce qui fait mal. Qu'il n'est pas père, qu'il n'a jamais élevé d'enfants. Qu'Alejandro semble même douter de sa capacité à pouvoir être un bon parent. Qu'il mérite d'être dismissed, d'être pris en pitié. Qu'il n'est qu'un lâche cloisonné dans sa prison de peurs.
Lui aussi pourrait lui répliquer à nouveau des horreurs, après tout allons-y, c'est festival ! Mais le fait est qu'il sait qu'il a franchi une ligne qu'il n'aurait pas dû dépasser. Pour Alejandro, mais aussi pour Esteban. Alors lorsque les dernières accusations tombent, il a tout de même la présence d'esprit de nier.

— I don’t. I’m not. I’m projecting. I-

Il n’a pas le temps de finir qu’une voix s’élève sur le côté, claire et sans appel.

— Gentlemen, you need to either calm down or leave the premises. Now.

C’est à peu près le moment où Javier réalise pleinement qu'il vient de crier à la figure d'Ale et qu’ils ne sont absolument pas seuls dans l’immeuble. Mais sous le regard courroucé de la professionnelle qui suit habituellement son cas, la honte se fraye un chemin aux côtés de la réalisation de s'être ainsi donné en spectacle, presque plus que la peur de croiser une connaissance.

— I’m sorry. I’ll calm down.

Il bredouille, avant de se faufiler hors de portée d’Alejandro, longeant le mur pour récupérer sa veste dans laquelle il remet son paquet de cigarettes, toujours intouché mais quasiment broyé pendant ses frasques précédentes. Il va sortir fumer, et ça ira beaucoup mieux. Et Alejandro aura disparu, et ils mettront tout ça derrière eux. Une fois de plus.
Ça, c’est le plan. Prendre cinq minutes. Laisser ses muscles se décrisper. Laisser son mal de cœur se diluer, même d’une fraction infime. Pourtant, y’a un truc qui gratte l’arrière de son crâne, et alors qu’il est déjà en train de se diriger vers le couloir, il se surprend presque lorsqu'il fait demi-tour.

— Hey. I don’t know your family. And you may have changed. But from the way you just reacted and your face, I know I hit something. And I know how you can be. I’m gonna sound like a dick. Again. The guy that knows nothing, giving unsolicited crap advice. Thing is I fuck up a lot but I learn some things, sometimes. And you’re right. Il ajoute rapidement, avant de se faire couper, avant que la conversation parte en sucette à nouveau. You’re right, I never raised a child. But that’s not for... Il exhale, that’s not for lack of trying, il pense, mais les mots se refusent. I’m.. What I’m saying is... You’re lucky, Ale. You think you know you are, but in truth you really have no idea. I- I told... Il avale sa salive, refuse de laisser l'émotion prendre le dessus. Puis il se ravise ; Alejandro n'a pas besoin de savoir ça après tout. Et lui n'a pas besoin de davantage de sa pitié. Whatever is going on – and of course you’re a good father that was never even a question –  but if there is even just a fraction of you that wonders if he could maybe feel  that way, then... I don’t know, tell him... them, apparently. Tell them you love them, and that you’re proud of them no matter what. That's what I'd want to do, if I could.

Il est maladroit, plus encore qu’à l'habitude. Il déteste ça, déteste chercher ses mots autant et se mettre en position de faiblesse. Il déteste les pensées qui le traversent et il déteste la façon dont il se sent vaciller par moment.
Mais si ne serait-ce qu’une chose positive peut ressortir de ce putain de clusterfuck, ce sera déjà ça de pris. Même si ce n'est pas pour lui, mais pour Esteban, et même s’il ne saura jamais si cela aura réellement servi à quelque chose.

Il n’a aucune envie de se faire envoyer paître une fois de plus, ou d’entendre une énième remarque blessante finir de lacérer ce qui lui reste de cœur. Il est fatigué, blessé, et toujours en colère. Alors, il préfère tourner les talons sitôt terminé avec ce qu’il voulait dire. Pas un au-revoir, pas un sourire. Et tant pis s’il passe encore pour un lâche. Après tout, ça ne fera que confirmer ce qu’Alejandro sait déjà. Il veut juste s’asseoir sur le bord du trottoir et fumer sa clope en paix, les volutes de fumées en écho à ce qui tourbillonne dans sa tête.


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Dim 20 Déc - 20:40
L’autorité vient s’ajouter à l’équation et avant que le poing du mexicain ne tente d’aller frapper la mâchoire du policier, on les sépare, les incite au calme. Une bonne idée sans aucun doute au vu du coup de sang qui vient de se produire, mais une idée qui ne réjouit pas Alejandro qui aurait aimé laisser sa frustration s’exprimer pour une fois. Il est épuisé de ces reproches constants, de cette haine qu’il estime injustifiée, mais qu’il commence parallèlement à comprendre. Et alors qu’il reprend ses esprits, il finit par admettre, non sans difficulté la vérité qui perce à travers les mots de Javier. As messed up as it all was, he loved him. Somehow. Vrai ou non, l’affirmation a des airs d’absurdité pour le père de famille. Javier ne lui a jamais dit quoi que ce soit à ce sujet. Est-ce que ça aurait changé beaucoup de choses ? Sans doute les formes avec lesquelles il l’aurait quitté. Peut-être qu’il aurait fait passer la réalité avant le rêve et peut-être que la loyauté et la culpabilité auraient eu raison de ses intentions de retourner auprès de Nate. Mais même cela, il ne saurait le lui garantir avec certitude. Il aurait probablement fallu moins d’un café avec son âme sœur pour lui faire oublier tout ceci, mais l’intérêt de se torturer l’esprit avec des et si est limité. Alejandro est avec la personne qui lui convient et c’est bien la seule chose qu’il ne pourra pas s’offrir le luxe de remettre en question, que ça plaise à Javier ou non d’ailleurs.

Le policier décide d’aller fumer, de lui accorder un peu d’espace, mais visiblement non sans un dernier élan dramatique. Alejandro ferme le poing, prends une inspiration pour essayer de se convaincre qu’il ne vaut pas la peine de l’agresser à nouveau. Il connaît Javier, ou l’a connu tout du moins assez pour reconnaître la maladresse derrière ces contradictions. Bien sur qu’il a insinué qu’il était un mauvais père, pourquoi dire le contraire maintenant ? Alejandro ne voit plus ou Javier veut en venir pour être honnête et il est fatigué de tout cela.

- I’m not here because I have issues with my children Javier, I’m here for my dad.

Ce qui n’est pas tout à vrai, mais qu’importe. Il doit rester calme, accepter ce nouveau flot de conseils parentaux qui ne sont pas plus appréciés que ses insinuations sur Esteban. Pire, il se surprend à argumenter sur le sujet, ce qui est loin d’être une bonne idée.

- They know I love them, I’m doing everything for them. Why are you losing your time on me ? As I said I’m just a dickhead from your past.

Lui aussi a bien besoin d’une cigarette et à dire vrai, cette dispute lui a surtout donné l’envie d’annuler la séance et de rentrer chez lui. Par respect il retourne s’asseoir reprenant sa lecture sans s’attarder.

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