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i believe #alejandro

@ Invité

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Lun 16 Sep - 18:52

leave your sorrow

ça te fait rire, les journées de préventions.
c'est le genre de jours où t'es outrancièrement dynamique, pour garder l'attention des plus jeunes. où tu te permets des blagues légères sur la sexualité, parce que c'est comme ça que tu les captives. mais où tu dois parfois, aussi, traiter de la dureté de la vie. t'es pas là pour leur faire peur, ni pour les dégoûter. t'es là pour ouvrir leurs esprits. alors à chaque fois, lors de ces journées, tu t'ouvres devant des dizaines de jeunes gens, et tu révèles que t'es séropositif. alors que t'arrives même pas à avouer que t'aimes les hommes, à columbia. pourtant, on est en 2019, ça devrait plus que passer, surtout à vos âges. mais pas possible, ça marche pas. c'est pas compatible, ces deux univers. alors, tu te fais enseignant, professeur, de ceux qui ne savent pas. guide de ceux qui ne se doutent pas. tu t'affiches : tu es séropositif. et tu n'es pas un danger. ni pour eux, ni pour la société.

les journées de préventions, c'est les journées où tu dis le plus le mot "capote", et tous ses dérivés. ça, ça te fait vraiment marrer.
t'es un peu un gamin, comme eux.

c'est pas devenu une habitude, parce que c'est, quoi, la deuxième, troisième fois que tu viens ? depuis que t'as rejoins act-up, tu les enchaînes, les journées dans ce genre. t'as pas un emploi du temps particulièrement léger, mais avec les vacances, t'en as profité. alors, avec alejandro, vous sortez. tu l'attends, là, qu'il ait fermé les locaux. il est un peu tard, parce que vous aviez des trucs à faire : toi, à démonter tout le matériel, à débriefer avec ton équipe. lui... lui, tu sais pas trop. des trucs de président d'asso, quoi.
puis vous vous retrouvez plus ou moins à la même table, de ce même bar. d'ordinaire, tu commandes une bière blonde, pas trop forte, en demi, parce que t'as pas le temps de t'attarder de trop. là, ce soir, t'as rien. vous allez pouvoir échanger, longuement, au sujet de la journée, parler de tout, de rien. alors t'as pris une ambrée, plus forte, en pinte, que tu boiras doucement. t'as besoin d'un truc un peu sirupeux pour te redonner un coup de fouet. le caramel de la bière colle au verre quand tu vas t'installer près de jan - dont tu n'arrives, tristement, pas à prononcer le nom, sous peine de renier tes origines -, sa boisson dans l'autre main. t'as juste demandé ce qu'il voulait boire, puis l'a envoyé trouver une table. tu payes ta tournée, t'as envie. t'as l'impression que ça va un peu mieux, en ce moment.

monsieur ! tu déposes sa boisson sous son nez, et t'installes en face de lui, sans plus de cérémonie. t'attends de trinquer avec lui pour boire la première gorgée : la bière est fraîche. y a à boire et à manger, là-dedans, et ça tombe bien, t'avais un peu faim. pas trop eu le temps de prendre une pause, avec tout ce qu'il y avait à faire aujourd'hui ; c'est un peu maintenant, ta pause. donc, j'te disais. t'as un mouvement de la main quand tu t'annonces : c'est typique de chez toi, ça. t'as les yeux rivés sur alejandro. ça serait intéressant de s'organiser ces journées-là une fois par mois ; et plus tard, dans le mois, qu'on organise carrément une sortie au community center.

tu sais que ton idée est ambitieuse. c'est une asso qui prône certes l'ouverture et la tolérance, mais t'es pas sûr que les parents apprécieraient que leurs gamins aillent traîner leurs petits pieds jusque dans un lieu avec une telle énergie politique. y a des choses qui se passent, là-bas, et on ne peut jamais prévoir à l'avance ce que les visiteurs verront. pourtant, c'est un lieu nécessaire pour ces jeunes qui vont grandir, et avoir besoin d'un endroit safe, ouvert, et anonyme, où garder leur dignité tout en recevant de l'aide. tu clignes des yeux, lentement, hochant la tête au passage à l'intention d'alejandro.

tout en restant bénévole, bien entendu. tu ponctues cette phrase par une gorgée de bière.

act-up déploie des moyens conséquents pour ce genre d'activités. t'as déjà du te battre un peu avec le président pour que ça reste quelque chose de purement bénévole, et t'es prêt à le refaire. ça te tient trop à coeur.

@ Invité

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Mar 17 Sep - 21:30



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

C’est rare, un après-midi où il n’est que spectateur, ou l’organisation et la gestion du temps des jeunes n’est pas dans ses soucis. C’est rare mais tellement gratifiant de voir que l’association grossit et lui permet de déléguer sans trop de panique. Surtout quand l’intervenant du jour est Livio Jensen et que le sujet est la prévention contre le SIDA et tout ce que ça implique. Un sujet important que le mexicain a souhaité mettre au coeur de plusieurs interventions à l’association, bien que l’aspect culturel et artistique n’y soit pas présent. Un sujet qui pourrait faire grincer des dents mais que lui et d’autres bénévoles jugent important. L’éducation à la sexualité, l’éducation au rapport au corps, aux autres, que faire en cas de rapports non protégés, à qui s’adresser, puis-je en parler. Trop de questions sans réponses, trop de domaines que les jeunes des quartiers défavorisés ne comprennent pas, par faute d’éducation. Alors Jan, avec sa petite position au sein du Bronx, il tente de faire changer les esprits, d’aider cette jeunesse à se retrouver sur un pied d’égalité avec celle ayant plus facilement accès à toutes ces informations. C’est important pour leur futur, pour le futur de tout le monde.

Il a écouté attentivement Livio, a rigolé plusieurs fois face à la facilité déconcertante que le jeune homme avait de parler de la séropositivité. Il en est porteur, il l’a dit sans honte et c’est peut-être ce qui a le plus d’impact sur les adolescents écoutant les paroles de Livio. Il leur faut des preuves, être sûr que ce qu’on leur raconte ne soient pas des mensonges. Un médecin, ils ne l’auraient pas écouter. Un jeune, de quelques années leur ainé, porteur du VIH, c’est autre chose. Ça leur parle, ça fait écho à leur propre identité.
L’après midi est passée très vite, même Jan a appris des choses. Il a toujours fait attention, n’a jamais eu de comportement à risque pour la simple et bonne raison que les amis de son frère lui ont expliqué quand ils ont compris que l’enfant de Tepito n’était pas du même bord que la majorité du quartier. Ils auraient pu le détester, le frapper, l’insulter, c’est monnaie courante dans ce quartier quand on est homosexuel, mais non. Car Jan était le petit frère de Raul et qu’il avait fait promettre de ne jamais le toucher, de l’aider, de l’éduquer. Alors ces garçons, qui ont d’habitude la langue acide quand il est question d’une différence, ont pris le temps d’expliquer au jeune Estrella qu’il devait tout le temps se protéger, que le SIDA, c’était une maladie pas cool, et que son frère n’aurait pas aimé qu’il soit malade, qu’il voyait plus grand pour lui, qu’un lit d’hôpital et un futur calcinée. Dans la tête d’un môme de 12ans, ça a un sacré impact, il peut vous l’assurer. Et même s’ils étaient mal informés, pensant que le SIDA ne touchait que les homosexuels, qu’eux étaient plus en sécurité, Jan les en remerciera toujours. Sans le savoir, ils ont bâti les fondations de l’homme qu’il est aujourd’hui alors qu’eux-même, n’ont jamais eu de piliers.

Assis à la petite table, attendant Livio qui est parti cherché un verre de mezcal et une ambrée pour lui, il a les yeux qui papillonnent de droite à gauche, l’esprit épuisé mais le coeur gonflé par une après-midi réussie. Il est heureux, ça se voit sur son visage, il a cette aura solaire qui continue d’illuminer malgré la fatigue. Les verres déposés, ils trinquent rapidement avant de prendre une première gorgée. Le mezcal d’ici n’est pas mauvais, c’est la première fois qu’il tente. D’habitude, il prend une tequila ou une bière, il se note de réitérer.
Voir Livio aussi rayonnant, ça le fait sourire. Les quelques rencontres avec le jeune homme l’ont toujours laissé entre deux eaux, ne sachant trop sur quel pied danser. Toujours cet air passionné mais parfois un peu plus fuyant, difficile à retenir alors que d’autres jours, comme aujourd’hui, Livio était rempli d’une énergie bouillonnante. Jan est constant, sait que c’est important quand on travaille dans une association comme la sienne avec un public comme celui du Bronx. Il ne peut se permettre de laisser ses émotions transparaitre, surtout celles négatives ou violentes. Il en a, il les garde, quand il va boxer dans le petit parc plus loin, quand il court pour se calmer, quand il se retrouve chez lui et qu’il explose à cause de tel ou tel sujet. Mais jamais à l’association, jamais devant les autres, jamais. Il ne ment pas, il se compartimente. Livio a l’air à l’opposé, en fonction de facteurs inconnus, sa personnalité change, c’est intriguant à suivre et donne envie de comprendre ce qui se cache en dessous.  « Ce qu’on pourrait faire, c’est inviter les parents à venir lors d’une de tes prochains interventions. » Il prend une gorgée, le mezcal chauffe la gorge, ça lui rappelle toujours son pays et les soirées à se détendre à Tepito.  « Une après-midi d’échange entre les familles et nous pour les informer aussi car beaucoup n’ont pas accès à tout ce que tu offres aux gosses… » Et tous le savent, que l’éducation passe par les jeunes mais aussi par les parents. En touchant les deux sphères de la famille, le message sera total et la discussion, moins hermétique.  « En les mettant au coeur du sujet, j’pense pas qu’ils refuseraient qu’on amène un petit groupe au centre. Enfin, pas tous… » Un sourcil est arqué, lui sait que certaines familles ne voient pas d’un bon oeil que leurs enfants trainent à l’association. Le soucis étant qu’ils ne peuvent pas les interdire de venir, les laissant seuls toute la journée, sans possibilité de rentrer après l’école. Sans El Halito, certains gosses seraient surement déjà placés et parfois, Jan se dit que ce serait mieux pour eux.   « On peut toujours essayer, je sais que certains parents sont vraiment heureux qu’on parle de ces sujets. Ça les rend… » La tête dodeline en cherchant ses mots.  « Ça les gêne, de parler de sexualité avec leurs gamins. » Lui-même n’a jamais rien eu comme informations de la part de ses parents et heureusement qu’il est tombé sur les bonnes personnes après l’éducation faites par les malfrats de Tepito.

@ Invité

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Mer 18 Sep - 17:19
t'es toujours surpris, agréablement surpris, par la douceur, le calme d'alejandro. il est de ces apaisés, de ces tendres naturels. de ces innocents, aussi - pas dans le sens naïf, dans le sens honnête. tu sais pas, t'as l'impression que tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait, c'est avec le cœur, et une honnêteté qui te dépasse, toi le menteur. toi l'arnaqueur. toi, le sale con qui sait rien faire d'autre que la gueule. en serrant la main du président d'act-up, jan a prit la tienne pour te tirer sur le devant de la scène. t'as l'habitude de parler devant des gens, t'as fait beaucoup de théâtre. tu aimes toucher différents publics avec des discours qui te sont importants : et c'est grâce à jan, ce soir, que t'as le sourire. que t'es pas sombre, ou que tu tires pas la gueule, comme d'habitude. t'as pu fait un truc comme il l'aurait fait lui : avec cœur, et honnêteté.

et pourtant, tu tires une petite grimace quand il parle d'inviter les parents. o.k., t'es ouvert à tout, c'est pas le soucis, mais tu te permets une pensée pessimiste : est-ce qu'ils viendraient ? tu vois, en général, pas de parents durant tes journées de prévention. pourtant, elles sont ouvertes à tous, et y a même un stand installé dans le hall du cœur de l'association. tes collègues te le disent : non, on a vu quasi-personne. tristement, ils ne sont pas tous alejandro, pas tous ouverts à l'apprentissage. ils savent déjà tout, ils ont vingt, trente, quarante ans d'expérience. c'est pas toi, jeune merdeux séropo' et pd qui va leur apprendre ce que c'est une sexualité protégée. eux, ils ont rien. eux, ils sont consciencieux, et ce depuis des années, ils savent tout ce qu'il faut faire déjà. pas comme toi, p'tit con, qui baise avec le premier venu sans capote.

tu reprends une gorgée d'ambrée pour éviter que tu te mordes l'intérieur de la joue.

tu peux pas t'empêcher de penser ces trucs-là.

ouais. chais pas. tu dis, en passant ta langue sur ta lèvre supérieure pour récupérer un peu de bière qui y restait. les adultes sont plus difficiles à atteindre. ils ont plus d'ego, ils pensent déjà tout savoir. tu hausses les épaules. puis ils ont déjà suffisamment de problèmes pour s'occuper de ceux des autres. tu n'as, cependant, pas le coeur à détruire les ambitions et les idées d'alejandro. alors, tu prends le temps de réfléchir, l'esprit vif, pour trouver comment finir sur une note plus optimiste : mais ça vaut le coup d'essayer, pour voir. d'abord une journée pour les jeunes accompagnés des parents, puis pour les parents seulement. tu reprends une gorgée. on a pas mal de parents de jeunes séropo, à l'asso. peut-être que quelqu'un d'autre, plus proche de leur situation, les touchera plus.

parce que toi, t'es pas sûr d'avoir les mots pour les convaincre. o.k., tu joues bien la comédie, et t'es capable d'avoir un discours fort. mais toi, tu vois les choses de l'intérieur, pas des yeux de ta mère.
t'as un sourire en pensant à ta mère.

tu veux goûter ? tu pousses légèrement le verre de bière vers lui. changement de sujet rapide, parenthèse ouverte et refermée aussitôt. ce serait bête de ne pas lui proposer.

enfin, on a le temps de voir venir. je compte pas quitter new york, et act-up est pas prête de fermer. t'appuies ta joue dans ta main, te penches un peu vers lui, en posant tes mirettes de la même couleur que la bière sur son minois de latino. il fait pas du tout son âge - tu connais pas son âge, mais tu sais qu'il le fait pas. t'en est sûr. parles-moi d'toi, plutôt. ça fait longtemps que t'es à new york ?

le léger accent chaud dans sa voix, son nom et prénom, ne t'ont pas échappé. toi, tu t'appelles jensen, alors c'est une question que t'as pas à subir. lui, il a son héritage sur la face.

@ Invité

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Mer 18 Sep - 22:10



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Jan ne pouvait en vouloir à Livio, d’être un peu sceptique, un peu réservé sur l’idée énoncée quelques secondes auparavant. Il avait du s’en prendre déjà plein la gueule, par les adultes, par ces personnes qui se sentent supérieures car avec quelques années de plus. C’étai stupide pourtant, la maturité ne s’acquièrent pas avec des anniversaire mais bien avec des faits. Et Livio avait plus de maturité que beaucoup de parents que Jan côtoyait. Un instant, ça lui rappela la remarque violente qu’Hawa lui avait balancé à la tronche, que pour lui, créer une famille, ça ne l’intéressait surement pas. Il venait d’avoir 40ans, une vie sociale qui se résumait à son chat et à quelques nuits passées ici et là avec Oscar. Rien de sérieux, jamais de sentiments autre que ceux qui lui tailladaient le coeur et lui donnaient la gerbe quand les souvenirs remontaient. Une famille… Il aurait tellement aimé pourtant. Il aurait été un bon père quand il y pense, un excellent père. Les pensées sont rapidement effacées, le moment est plus intéressant que toutes ces conneries et les idées de Livio ont aussi bien plus d’importances que ses rêveries. Bien que le jeune homme soit occupé à boire son ambrée aussi vite que le mexicain avec son mezcal. C’était une sacré descente qu’il avait.  « Non, c’est gentil  » C’est murmuré avec un sourire, les yeux bien trop occupés à déchiffrer le comportement flamboyant du jeune homme. Oui, son énergie était captivante, ça faisait du bien à Jan, de voir quelqu’un d’aussi motivé que lui sur ce projet. Et il préférait ça à la bière proposée par son compagnon de soirée, clairement l’alcool d’ici n’avait jamais fait tambouriner son coeur comme celui de son pays de naissance.

Le mezcal bu en longue gorgée lui réchauffait le corps ainsi que la tête et les idées commençaient à fuser de son côté aussi. Lui savait déjà les parents à contacter, ceux qui tenaient réellement à leur gosse et qui n’avaient simplement ni le temps, ni l’argent, ni l’éducation appropriée pour les aider. Ils étaient aussi perdus dans ce monde contemporain que Jan en arrivant de Mexico. Alors des jeunes comme Livio, aussi inspirant et prêt à tout pour aider les autres, intégrés aux idées d’Alejandro, ça ne pouvait que matcher et plaire à ces parents paumés. Dans ses pensées, il ne s’attend pas au changement de sujet et manque d’avaler de travers sa gorgée de mezcal. « J’espère bien que tu ne quittes pas New York, on a de belles choses à faire tous les deux ! » Des projets qui aideront le quartier, feront avancer les pensées et rendront les questions des jeunes plus simples à poser. « À vrai dire, je ne suis pas très intéressant…» C’est dit les joues légèrement rosies - surement la chaleur et le mezcal - et le regard lorgnant sur les enchevêtrements du bois de la table. C’est fou comme des nervures peuvent devenir le centre d’attention quand la gêne s’installe subitement. « Je suis ici depuis 8ans, j’ai toujours vécu à Ciudad de Mexico et… J’ai un chat ?» Oui, Cala est bien plus intéressant comme sujet, lui apportant un bonheur au quotidien qu’il espère ne jamais perdre. Le sourire est timide sur son visage, les yeux un peu plissés, il ne parle pas souvent de lui, c’est toujours délicat comme moment. C’est souvent là qu’il se fige et qu’il change de sujet. Lui aussi a cette faculté quand il s’y met, Livio n’est pas le seul doué dans ce domaine.  « Et toi ? T’as un sacré humour, tu t’exprimes vraiment bien alors j’imagine que tu fais des études ? Surement avec un intitulé que je ne comprendrais même pas. » Oui, parler de ça, de lui, de ses études, de sa vie. Agrémenté de son sourire le plus solaire, il est impossible que Livio ne saute pas à pieds joints dans terrier à lapin.  « À moins que tu sois déjà diplômé et ça expliquerait que tu sois si intéressant à écouter. »

@ Invité

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Jeu 19 Sep - 23:38
tu t'esclaffes. un rire honnête, de bon cœur, suivit d'un sourire aimable. ton regard a dévié, mais est revenu s'aimanter à alejandro, se poser sur lui comme un oiseau sur sa branche. tu ne peux t'empêcher de remarquer le rouge à ses joues, très léger ce pendant, et son regard fuyant lorsqu'il décrète ne pas être intéressant. tu ne le crois pas. quelqu'un comme lui doit être passionnant. rien qu'en l'écoutant parler, parfois, à l'association, tu t'imagines les longues conversations que vous pourriez avoir, vivifiantes, réflexives. à quel point il pourrait t'enrichir intellectuellement, et toi lui apprendre certaines choses, lui en faire découvrir d'autres. il est tellement impliqué dans ce qu'il fait, tu te demandes s'il sort le nez dehors pour se changer les idées, parfois. la pensée te traverse : tu pourrais lui faire découvrir ton monde, un jour.

allez, arrêtes. tu commentes, avec le sourire. tu ne le crois pas, qu'il n'est pas intéressant. pas une seule seconde.

t'as envie de t'intéresser à lui, à sa vie. tu plisses les yeux lorsqu'il mentionne ciudad, et tu te demandes ce que c'est. mais il t'apparaît timide, comme n'osant pas étoffer son sujet. tu t'armes de ta petite cuillère, prêt à creuser comme dans un pot de glace. t'as un sourire espiègle : il ne te laisse pas le temps de chercher plus loin. déjà les questions se tournent vers toi. tu brises ta posture confortable pour boire une gorgée de bière - oui, t'as une sacrée descente. l'habitude du chagrin à noyer, tristement. tu reprends ta position, parce que tu veux le garder prisonnier de ton regard. qu'il ne se défile pas, qu'il n'y échappe pas. c'est peut-être un peu vicieux, comme technique, mais l'alcool monte déjà un peu, et n'aide pas à t'assagir. tant pis pour lui, en quelque sorte, il subira ton extrême bienveillance.

cependant, tu ne t'attendais ni à ces remarques, ni à ces questions. t'as un petit mouvement d'épaule félin, accompagné d'un sourcil qui se hausse vivement.

j'suis si intéressant que ça ? ton naturel remplace bien vite ton jeu. en vérité, la question te gêne ; s'il n'aime pas parler de lui, tu n'aimes pas non plus parler de toi. avec tous ces compliments, que dois-je penser.

ta main est de retour à plat sur la table, et le verre à tes lèvres. tu bois, encore, et remarque qu'il ne te reste plus grand-chose avant de devoir retourner au bar. les rayons solaires qui émanent d'alejandro attirent ton regard, tu ne peux pas t'en empêcher. tes gorgées se font plus petites, plus raisonnables, pour te permettre de le regarder.

j'ai fais du théâtre pendant longtemps. j'imagine que ça doit jouer. tu tais ton âge. il n'a pas besoin de savoir, de même que tu n'as pas besoin de savoir le sien. il t'imagine diplômé d'un sujet très compliqué : parfait. que sa curiosité n'aille pas plus loin. en revanche, la tienne, tu lui retire la muselière : et toi, t'as fait des études ? tu gères tellement bien l'asso, et t'es tellement pédagogue avec les enfants. sincèrement, ça m'impressionne.

peut-être que vous allez jouer au ping-pong, comme ça, toute la soirée. toi, ça ne te fait pas peur. t'es italien, t'es têtu à souhait. t'as pas peur de forcer, d'être trop curieux. tu veux avoir le dernier mot, et si la bataille se fait de compliments, c'est encore mieux. tu testes, pour l'instant, les limites à ne pas franchir. alejandro a l'air d'être quelqu'un de souple. quelqu'un qui accepte beaucoup des autres. sans mauvaises intentions, tu aimerais savoir jusqu'où tu peux aller.

@ Invité

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Lun 23 Sep - 21:08



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Livio avait ce regard qui lui mit trop rapidement le feu aux joues. Ce n'était pas comme au début, pas une légère rougeur. Non, Jan se sentait comme un gosse qu'on ne lâchait pas des yeux. Pas habitué à être aussi regardé, il ne pu s’empêcher de dériver ses prunelles sur le côté, un peu gêné mais positivement. Il avait beau savoir qu’il était un homme avec un visage agréable à regarder, ces quelques dernières années lui avaient fait oublier à quel point son aura était bien plus attrayante. Tous lui en avaient déjà parlé, que ce soit ses premières conquêtes, Marco mais aussi ses anciens collègues, les bénévoles, ou les quelques hommes qui avaient réussi à l’atteindre après Tepito. Deux quand on les compte, dont un seul avec qui il avait gardé contact, Oscar. Et visiblement, Livio avait lui aussi détecter cette lumière solaire qui émanait du mexicain. Secrètement, ça lui faisait plaisir, même si Livio était certainement plus jeune que lui et que ça ne signifiait rien.

Acquiesçant face à sa première question, les lèvres trempées dans le mezcal, il ne fut pas étonné de savoir que le jeune homme avait fait du théatre. Il y avait quelque chose dans sa gestuelle, dans sa façon de s’exprimer qui plaisait à Jan. Le mexicain avait toujours apprécié les personnes lisibles, émotives, qui laissaient leur coeur parler à travers des gestes et des expressions du visage. Livio en faisait surement parti, du moins, c'est ce qu'il pensait. Et lui aussi avait quelque chose de solaire, qui attirait, qui donnait envie de grappiller autre chose qu’une simple réponse aussi rapide. Mais Livio n’en dira visiblement pas plus et sur le visage d'Alejandro, un sourire s'esquissa rapidement. Sourire qui s’agrandit encore plus face à la demande du jeune homme, sourire qui se transforma même en rire.
- Des études ? Oulah non, j’n’en ai pas fait…
Il n’y avait même jamais pensé, trop occupé et plus autodidacte qu'autre chose. S’asseoir des heures pour écouter un professeur parler, ce n'était clairement pas pour lui. Le verre fut terminé et posé sur la table, les lèvres, léchées du bout de la langue. Ça ne serait peut-être pas une très bonne idée d’en commander un autre... Pourtant, le doigt fut levé et le verre montré, attirant un serveur qui s’en empara pour lui en resservir un, il l'espérait, rapidement. La soirée risquait d’être amusante.
- J’ai passé mon enfance à vendre des cafés dans les rues de Mexico. J’étais très bon conducteur de vélo soit-dit en passant et… à 17ans, j’ai fais mon service militaire avant de m’engager pour 4ans. L’armée m’a appris à lire correctement, j’étais pas très doué avant ça.
Les sourcils froncés, réfléchissant en même temps qu’il parlait, il ne se rendit pas compte que le mezcal lui montait déjà à la tête. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas autant parlé.
- J’ai appris beaucoup de choses par moi-même et j’ai ouvert une première asso à mes 22ans, après avoir arrêté l’armée. C’est….
S’arrêtant en pleine phrase, il prit conscience qu’il en avait un peu trop dit. Le regard abandonna celui de Livio pour retomber contre la table.
- C’était une asso pour gamins, c’est surement de là que j’tiens ma… pédagogie. Enfin, t’as jamais pensé à organiser des ateliers de théâtre ? Je suis sûr que ça plairait !
Oui, changer de sujet, ne pas dépasser la frontière qu’il s’était lui-même fixé. Heureusement pour Jan, son mezcal arriva et la première gorgée fut longue, à la hauteur de son malaise.

@ Invité

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Lun 23 Sep - 23:16
d'ordinaire, jan est du genre discret. il ne fait pas de vagues, il ne dit pas grand-chose. dans les journées que tu organises à l'association, il fait partie du public, s'exclame comme eux, rit à tes blagues foireuses. t'as toujours un regard en coin à son adresse : s'il réagit, c'est que c'est bon, t'as touché ton audience. il a des yeux différents, une lecture différente de ce que tu dis. alors tu sais, il confirme, comme un témoin, que t'es bon. t'as fait du bon travail. mais, étrangement, il ne se met jamais en avant. n'a jamais l'air d'aimer être au grand jour. toujours faire partie de la masse. alors quand tu le vois rougir, quand tu l'entends parler comme ça de lui, te raconter tout ce qu'il a fait, tu peux pas t'empêcher de garder tes mirettes fixées sur lui.
dans la foulée de sa commande, tu reprends une autre bière. la même, pour ne pas perdre de temps, parce que tu veux l'écouter.

plus il parle, plus ton sourire s'agrandit. t'es reposé sur ta main, tendu dans sa direction. c'est peut-être la bière, mais tu ne sais pas ce qu'il se passe autour de vous. y a comme une bulle, t'écoute que lui. et en même temps, c'est tellement intéressant. tellement vivifiant, inconnu. tu savais pas tout ça de lui. tu savais pas qu'il a servi des cafés à vélo. tu t'es esclaffé, parce que woah, servir des cafés ? à vélo ? le combo des deux te fais imaginer un truc absolument incroyable. il n'en parle pas plus que ça, mine de rien, ne donne pas de détails, mais tu ne parviens pas à t'empêcher d'imaginer ça. d'imaginer les rues de mexico, et lui dévalant une avenue sur un vélo de ville, un peu rapiécé, à toute allure, pour aller servir des cafés. tu l'imagines très bien, aussi, dans son uniforme militaire. mais t'as du mal à le voir aussi discipliné. lui qui rayonne, aussi solaire, avec un si joli sourire. tu te demandes, pendant que tu étouffes ton fantasme des uniformes, comment est-ce qu'il a tenu là-dedans. puis tu te rappelles qu'il a duré quatre ans, et même si c'est énorme, tu comprends qu'il ait arrêté.

t'es trop acab pour apprécier la discipline de l'armée.

tu réagis en même temps que lui, que tu l'écoutes parler, un peu par mime. il t'amuse, agrandit ton sourire à chaque fois. tu t'esclaffes quand il réalise qu'il a parlé - trop, selon lui, tu te doutes. pas assez selon toi. t'es pas du genre fouine, mais t'apprécies connaître la vie d'autrui, et surtout des plus discrets. t'as toujours aimé voir briller ceux qui ont tendance à rester naturellement dans l'ombre. et lui, là, qui rayonne, t'aimerais le voir un peu plus sous la lumière. il y brille bien plus encore.

mais c'est incroyable. t'as fait plein de trucs ! tu occultes un peu sa question. t'as surtout envie de t'intéresser à lui : tu termines ta bière, entame l'autre dans la foulée. le goût sirupeux et caramélisé de l'alcool combiné à la fraîcheur de la boisson te font un bien fou. t'es reparti sur ta lancée. j'connais pas du tout, mexico. ni les politiques en place, là-bas ; un service militaire de quatre ans ! t'es incarné, dans tes gestes. t'appuies la fin de ta phrase par un geste de la main, et de la tête. en dehors de new york, et de l'italie, tu connais pas grand-chose. t'es tellement centré sur ta maladie, l'asso et tes conneries que t'en oublies parfois le reste du monde.

tu reprends une gorgée.

le théâtre ça m'intéresse pas. ton père tomberait sur les rotules de t'entendre dire ça. l'enseigner, encore moins. c'est trop spécifique. puis, je crois que j'ai d'autres priorités ! t'as lâché un petit rire. tu dodelines de la tête, affiche un sourire presque équivoque que tu noies dans ton verre. t'as les yeux rivés sur alejandro, encore, et une lueur taquine dedans. pour tes beaux yeux, ça pourrait s'organiser à el halito, qui sait. ton accent espagnol est italien. c'est à dire : dégueulasse. tu t'en excuses intérieurement, mais il n'y a pas la place pour le faire de vive voix, puisque tu continues sur ta lancée. ça peut être sympa un atelier découverte.

t'as haussé les épaules, l'air de rien. monté le regard, comme si tu pensais dans la lune, avant de revenir vers le soleil en face de toi. un haussement de sourcils accompagne le sourire qui naît de nouveau sur ton minois. t'as bougé légèrement trop vite, et tu comprends que l'alcool commence à monter. c'est à cause de ta descente, tu le sais. tu bois trop vite. tu bois trop, quand tu sors, tu sais, tu te le rappelles, ça t'emmerde, alors tu bois encore une gorgée. merde.

@ Invité

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Mar 24 Sep - 18:15



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Pleins de trucs, oui il en a fait. Des tas de trucs même, sans jamais s’arrêter, sans jamais prendre de pause ni souffler. Il n’avait pas de week end Jan, pas de congés. Il n’en voulait pas, se sentait si bien là-bas, entouré de gosses pas plus vieux que lui, au centre d’un univers qu’il avait créé sans pourtant, en prendre la lumière. Il restait dans l’ombre, regardait les autres virevolter comme des étoiles qui venaient de naitre. Le mexicain avait cette impression de les aider à briller, de leur permettre d’aller plus loin que cet infime espace que le ciel leur avait offert quand ils étaient nés. Ouais, au fond, ce qui le rendait heureux, ce n’était pas ses actes. C’était les autres. Les autres et leur sourire, les autres et leurs réussites. Les autres et leur regard qui lui disaient simplement merci. Il vivait par rapport aux autres et c'était surement ce qui était le plus triste.

Il reste silencieux, ne répond pas à Livio sur Mexico, n’a pas envie d’en parler. Il serait capable de tous les insulter de pendejo devant tout le bar. Et il n’a clairement pas envie de s’afficher en tant que mexicain qui ne sait pas se tenir. Et puis Livio est bien plus intéressant à écouter. En parlant de Livio, Jan ne s’était jamais rendu compte que le jeune homme avait un petit grain de beauté sur le haut de la joue. Le brun aimait bien les grains de beauté, c’était quelque chose que, lorsqu’il le pouvait, il tentait de relier avec un autre. Marco en avait beaucoup dans le dos, Jan passait des heures à former des constellations. Perdu dans ses pensées, c’est en s’étouffant légèrement avec son verre en entendant Livio lui parler de ses yeux et en le regardant avec cette petit lueur féline qu’il reprit pieds dans la réalité.
- Perdon, j’t’ai pas éclaboussé ?
Les doigts viennent caresser l’épaule du jeune homme pour essuyer le peu de gouttelettes de mezcal qu’il avait soudainement cracher.
- Je ne sais pas me tenir quand je bois trop vite, désolé. Et…
Il arque un sourcil, dodeline un peu de la tête, comme peu sûr de ce qu’il va avancer.
- … Si j’ai vraiment de beaux yeux qui peuvent te convaincre d'organiser un atelier, ça ne fonctionne pas avec les créanciers de l’asso’ !
Le rire est réel, vient de bon coeur même si le sujet est bien plus grave. Une nouvelle gorgée est prise, chaude, piquante sur la langue. Il devrait ralentir, ça lui tourne déjà trop.
- On verra, t’as déjà beaucoup à faire avec tes interventions même si je ne dirais pas non pour plus de temps avec toi.
Et le sourire qui suit est trop rayonnant pour ne pas éblouir. Intérieurement, il sait qu’il n’aurait pas du dire ça, qu’il n’est pas avec Oscar, qu’il ne peut se permettre de jouer sur un terrain qu’il ne connait pas. Pourtant, ça lui fait du bien. Il devrait arrêter le mezcal.

@ Invité

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Mar 24 Sep - 20:36
t'as à peine fini ta phrase que t'as un mouvement de recul. il est pourpre, et pourpre c'est même pas assez pour définir le rouge éclatant qui colore ses joues. t'as un rire franc quand il te crache littéralement dessus ; tu t'en fous. il te fait marrer. t'as ris à bien pire que ça, genre un pote qui te gerbe dans le dos en soirée pendant que tu le prenais dans tes bras. c'est pas trois postillons qui vont t'importuner - tu t'essuies quand même la joue, riant. léger.

ah ! mais t'inquiètes, t'inquiètes !

il a l'air groggy, sa paluche sur ton épaule se fait un peu brusque, pas délicate lorsqu'elle chasse les petites gouttes de mezcal. l'odeur te vient plus forte, et tu la réalises enfin - tu te trouves curieux, alors, de cet alcool. une fragrance d'agave, légèrement sucrée. tu bois dans ta bière pour te rappeler l'odeur de caramel de l'ambrée, comme si rien ne s'était passé, ris à ton tour quand il mentionne ses beaux yeux, avec ironie sur la situation. y a quelque chose de triste, dans sa voix, tu l'entends. tu l'entends, mais tu dis rien, tu relèves pas. y a pas de tristesse à avoir, là, entre vous. tu te contentes de hausser les épaules. un atelier théâtre ne te tente pas plus que ça. tu te sens pas légitime, ni qualifié. t'en as fait toute ta vie, mais ça ne t'a pas tant servi que ça, si tu regardes bien. un peu par contradiction, tu t'es toujours orienté vers autre chose.
comme ton regard qui s'oriente sur alejandro.

t'en as un peu, là. ta voix s'est baissée d'un cran. comme si c'était que pour lui, et que personne n'avait le droit d'entendre les quelques mots banals qui lui étaient adressés. tu tends ta main, doucement, l'approche du coin de sa lèvre sur laquelle tu passes ton pouce. sans le quitter des yeux. tu sais pas si t'as le droit, s'il comprend, avec l'alcool qu'il a dans le sang, ce que veux dire ce geste, et ce qu'écrivent tes yeux pour se laisser lire. tout ce que tu sais, c'est que tes prunelles sont restées dans les siennes. figées, sur lui. c'est bon.

quand tu récupères ta main, tu détournes enfin les yeux, jette un regard à ta bière. un prétexte. juste un prétexte pour ne pas l'importuner, l'enfermer plus longtemps dans tes mirettes sombres. il lui faut de l'air, aussi. t'essuies ton pouce humide sur ton jeans, tu prends une profonde inspiration : dedans, un sourire naît, revient, sur tes lèvres. et t'as relevé la tête, dans sa direction. le temps d'un silence.

tu percutes un peu à retardement ses mots. t'étais trop focalisé sur ce petit détail adorable qui s'était logé dans les poils de sa barbe de quelques jours.

suffit de demander, et je viens voir tes beaux yeux tous les jours. t'as une moue souriante. pas besoin d'un prétexte pour ça. et le timbre félin qui vient avec.

ouais, la bière aussi, elle monte. tu sais pas s'il est de ce bord, mais quelque chose, au fond de toi, t'indique que c'est le cas. ça t'enchante, mais tu cries pas victoire tout de suite. y a bien des obstacles qui te séparent de ton objectif. alors tu prends une gorgée de ton courage liquide pour t'insuffler un peu plus de sève, un peu plus d'audace. aller, t'as bientôt fini ta pinte, et en moins de dix minutes.

mais je suis pas très léger, comme garçon. tu le regarde en coin, lui offre ton profil, tandis que tes yeux font des aller-retours entre la baie vitrée et son visage. je suis doué pour parler aux enfants de choses graves sans leur faire peur. mais de là à leur enseigner, ou leur faire essayer, le théâtre... y a une moue qui ponctue ta phrase, la finit pour toi.

tu te dis que tu pourrais demander à tes contacts. mais tous ces connards de pro' veulent se faire payer. normal, tu te dis, faut bien bouffer.
t'es mal placé pour parler.

t'as sorti ton paquet de cigarettes.

tu fumes ? tu te doutes de la réponse. tu sors quand même une cigarette, au cas où, que tu fais tourner entre tes doigts. l'addiction, apparemment, c'est le geste. s'il fume pas, ça sera l'occasion de le vérifier : tu bougeras pas de cette chaise.

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Mar 24 Sep - 22:44



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

. Là c’est contre ses lèvres. Là, c’est un geste auquel il ne s’attendait pas. Là, c’est trop intime, trop tendre, trop. Là, c’est sa bouche qui s’assèche sans être capable d’articuler à la suite des mots de Livio. C’était trop froid contre ses lèvres chaudes, trop léger aussi. Trop de souvenirs qui remontent. Jan y pense trop longtemps, en oublie même d’écouter le jeune activiste en face de lui. Perdu dans ses pensée, perdu dans les yeux de l’italien aussi, lui aussi fini par les détourner au même instant. Aucun mot ne sorte après, un simple sourire, gêné, peut-être même gênant. Livio n’a rien fait de mal, lui non plus alors pourquoi ça tambourine dans le thorax ? Pourquoi ça le fait déglutir difficilement et boire plus rapidement ? Pourquoi il se sent stupide à repenser à ce pouce contre ses lèvres. Le Mezcal, toujours le Mezcal. Sacré Mezcal qui lui fait perdre toute contenance.
Heureusement pour Jan, Livio continue de parler, n’a pas remarqué encore la gêne de son ami. Un simple pouce contre ses lèvres et ça l’électrise. Pas par désir, pas par envie, juste par… Incompréhension. Par douleur aussi.
- Ah euh non, je ne fume pas… Je n’ai jamais fumé.
Il dit ça en voyant la cigarette proposée, par simple réponse à la question de Livio. C’est bien, ça change ce qu’il a en boucle dans la tête, de cette sensation de la peau du jeune homme contre la sienne.
- T’as quel âge Livio ?
Car ça l’inquiète, ça transforme son coeur en tambourin et ça lui fait boire une énième gorgée. Car au fond, même s’il préfère ne pas se l’avouer, le contact du pouce de Livio Jensen contre sa bouche lui a plu. Ça lui rappelle Marco, il faisait toujours ça avant de lui dire à quel point il ne se voyait pas continuer de vivre sans lui. Au fond, il ne l’a pas fait, Jan a porté ce fardeau en solitaire.
-C'que tu viens... de faire, m'essuyer les lèvres, ça m'a rappelé quelqu'un.
Et il en est sincèrement désolé.

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Mar 24 Sep - 23:51
il n'a jamais fumé. t'as un sourire qui se dresse, dans le même mouvement de tes yeux, mais qui meurt comme un papillon brûlé par la lumière au moment où tes pupilles se posent sur lui. il ne faut jamais douter de l'intuition et de la capacité empathique des êtres-humains, tu le sais, on te l'a appris en cours. si tu sens que quelque chose ne va pas, c'est que quelque chose ne va pas. il a changé d'air, il a changé de ton. de ton : de ton coloré. il a les joues toujours aussi rouges, mais il ne t'apparaît plus aussi vif qu'il y a quelques secondes à peine. au contraire, il a l'air plus opaque. plus nébuleux. t'as rangé ta clope dans le paquet.

et la question te fait papillonner des cils - encore un qui ira mourir contre sa lumière. il te demande ton âge ? tu tombes un peu des nues. tu ouvres la bouche, stupéfait. puis tu réalises que c'est ton geste qui l'a mis dans cet état. tu te pinces les lèvres, regarde ailleurs. t'es rarement gêné de ce que tu fais, alors quand ça t'arrive, tu sais plus vraiment où te mettre. et là, tu te rappelles pace, tu te rappelles que t'as un copain, et que tu lui mets la misère dans son dos. et qu'en plus, t'envisage de recommencer, comme si ça suffisait pas. de lui mentir encore. de prétendre être le parfait petit ami, juste un peu trop indépendant.
t'as une espèce de vague, pleine de sel et d'écume, qui t'arrive dans les poumons.

désolé, j'suis un peu trop tactile. tu occultes sa question. tu n'as pas envie d'y répondre. mensonge par omission, tu crains subitement de lui dire la vérité. tu paniques, mais de l'extérieur, t'as juste l'air sincèrement désolé. comme si c'était quelque chose de commun, qui t'arrivais souvent, qu'on te reproche de temps en temps, avec tes lèvres qui se sont descellées pour exposer tes dents en un sourire maladroit. hésite pas à me dire si ça te gêne, surtout.

t'as un sourire plus félin, mais tes yeux se sont voilés. tu ne laisses pas briller le feu chaleureux qui y brûlait tout à l'heure. t'as vite foutu une couverture dessus, comme quand tu jouais à la console dans la nuit et que ta mère arrivait dans ta chambre. il t'a demandé ton âge, et t'as l'impression d'être un gamin. t'as l'impression qu'il a cinquante ans, et toi douze. c'est peut-être la bière, mais t'as la bouche sèche, alors tu bois une gorgée d'ambrée. en fait, tu finis ton verre - il ne restait pas grand-chose. et tu hésites. finalement, tu vas peut-être te la fumer, ta cigarette.

t'as pas le droit de te sentir mal. t'as pas le droit d'avoir cette espèce de vertige stupide, la peur d'être découvert. s'il apprend que t'as vingt deux ans, qu'est-ce qu'il dira ? putain. tu sais même pas s'il est gay, en fait. tu sais rien, tu peux rien prévoir, et cette idée te rend fou, subitement. tu regardais par la vitre, en silence, puis t'as reviré tes mirettes sur lui. faut que tu trouves quelque chose, n'importe quoi.

j'ai l'habitude de faire ça à mon frère. tu ne précise pas s'il est grand, ou plus petit. il est autiste, et y a pas grand-monde qui comprend vraiment ce qu'il ressent. alors on est plutôt proche - puis on a que deux ans d'écart. tout est relatif. tu joues la carte attendrissante du frangin autiste, et tu te demandes jusqu'où t'iras dans ta connerie, à détourner les histoires, à jouer avec la vérité, pour que ça aille dans ton sens. t'as un sourire qui se veut honnête, cette fois. je suppose que ça nous rappelle tous les deux quelqu'un.

tu agites ton paquet de cigarettes.

j'vais fumer, je reviens.

et tu te lèves déjà de ton tabouret, te diriges vers la porte. t'as laissé ta veste, mais pas ton porte-feuille, bien au fond de la poche de ton jeans à pince.

@ Invité

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Mer 25 Sep - 10:33



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Est ce que ça le gêne ? Non, du moins pas un geste aussi tendre. D’autres, plus pressants et dans des lieux plus ouverts, ça l’aurait peut-être mis mal à l’aise mais pas… ça. Pas quelque chose qui lui rappelle des années de bonheur et de simplicité, pas quand c’est fait avec une telle gentillesse, sans véritable arrière pensée. Et en voyant l’air de Livio et malgré son taux d’alcool trop élevé, Jan comprend qu’il a été trop brute dans sa réaction, trop à côté de la réalité. Perdu dans ses souvenirs, il a surement blessé Livio sans le savoir et ça le dérange. Le jeune homme ne mérite pas ça.

La lèvre mordillée, il écoute l’ explication et  trouve que ça sonne faux. Peut-être est ce le mezcal ou le regard plus fuyant de Livio. Dans tous les cas, quelque chose le dérange. Le moment s’est brisé en un claquement de langue et c’est de sa faute. À force, Jan devrait s’habituer, à casser tout ce qu’il tente d’approcher. C’est toujours la même ritournelle, il tente, réussit et se casse la gueule en emportant tout avec lui. L’association, le quartier, Marco, Eleanore. Carlos. Ils y sont tous restés par sa faute… Sa seule faute. Il devrait arrêter de boire, ça ne lui réussit pas quand il est fatigué.
Hochant de la tête lentement, répondant d’un simple sourire quand le jeune homme disparait de sa vue, il ne l’arrête même pas, n’ose plus rien dire. Oui, il l’a clairement mis mal à l’aise, on dirait une fuite plutôt qu’une simple pause. De toute façon, tout le monde fuit avec lui, tout le monde se barre ou meurt, ça dépend des situations, ça dépend à quel point il s’y est attaché. Le regard paumé, les pensées qui se parent de douleur, il ne réfléchit pas plus d’une seconde avant de sortir son porte-feuille, de déposer quelques billets sur la table et d’emporter la veste de Livio avec lui. Se mettre debout lui fait légèrement tourner la tête, pourtant le verre est terminé avant de disparaitre. Tant pis pour la soirée qui aurait du être plus longue, tant pis pour la petite table qu’ils avaient eu la chance d’avoir rapidement. Elle trouvera vite preneur vu le monde qui chahute à l’entrée.

Il lui faut bien quelques coups de coudes pour passer et sortir. Trouver Livio n’est pas difficile, il est le seul un peu éloigné des fumeurs. Se rapprochant aussi vite qu’il le peut, Jan tient fermement la veste de son ami alors que lui-même est toujours en tshirt. Il n’a pas froid mais remerciera le mezcal plus tard pour lui avoir refilé un rhume.
- Liv…!
C’est dit avec un air un peu trop désolé, il n’est clairement pas doué pour cacher ses émotions. Se retrouvant face au fumeur, les yeux plissés, le vent le faisait légèrement frissonner. Il a la chair de poule mais s’en fiche royalement, rattraper le malaise était plus important qu’une grippe prématurée.
- Ça ne m’a pas gêné… Ce que t’as fais.
Un sourire, un peu triste, un peu joyeux. Un entre deux qui fait mal au coeur, lui qui s’est toujours retenu de dégobiller tout son malheur.
- La personne qui me faisait ça, elle… Elle est partie, ça m’a juste…
Partie… Elle n’est pas partie, elle est morte Jan, c’est différent. Les yeux se baissent, sa main libre se lève pour fourrager dans ses propres cheveux. Gêne intense, de se perdre dans sa propre connerie.
- J’veux pas faire de transfert. J’ai envie de t’apprécier pour qui tu es, pas parce que tu me rappelles quelqu’un.
Plus d’intelligence dans sa voix, plus de maturité aussi. Même s’il ne sait toujours pas ce que ça veut dire, même s’il se perd dans ses propres pensées, il tente d’endiguer sa propre implosion.
- La prochaine fois, j’en sais rien, passe moi une serviette, embrasse moi, utilise le dos de ta main, fais autre chose quoi.
Il rigole sincèrement avant de se rendre compte de ce qu’il a dit.
- Enfin, m’embrasse pas, je pue de la gueule avec tout ce mezcal.
Ça suffira pour ce soir, les conneries.

@ Invité

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Mer 25 Sep - 20:35
la fumée t'entre dans les poumons, comme la vague de tout à l'heure. tu te sens pas bien à l'aise. dans ton estomac, ça pèse, et tu te persuades que c'est la bière. le caramel te colle aux parois, l'alcool te ruines le bide. ouais, c'est ça, c'est forcément la bière. dehors, il fait un peu froid, tu le sens malgré la légère ivresse, alors tu t'entoures le torse du bras, mais tu t'accroches à ta clope comme un jeté à la mer à qui on aurait lancé une bouée de sauvetage. la houle des vagues te torture la tête : tu expires, très longuement, machine à nuage éphémères. c'est bon. ça va. t'as déjà fait pire. t'essayes de te rappeler de toutes les fois honteuses où t'as agit comme un chaud avec des garçons qui t'ont remballés - mauvaise idée. ça ne fait qu'attiser ton sentiment désagréable. t'expires encore toute la fumée, comme un volcan en éveil, lassé. tu vas juste faire ça. respirer, puis retourner à l'intérieur, passer à autre chose.

c'est sans compter, bien sûr, sur alejandro qui cours après ton immobilité, te tend ta veste. tu la reconnais pas tout de suite, mais évidemment qu'une veste à capuche en patchworks pastels, c'est à toi. t'allais le remercier, la clope au bec, quand t'as enfilé la première manche de ton gilet de sauvetage. mais il te prend de court, tu t'arrêtes dans ton geste. t'écarquilles les yeux, hausse les sourcils.
plaît-il ?
il a l'air perdu, complètement déboussolé, en urgence. tu sais pas trop quoi faire, achève de sortir la main de ta manche, reprendre ta cigarette entre tes doigts que tu termines en vitesse, et jette dans la bouche d'égouts à tes pieds. son sourire est contagieux, et ses mots t'apaisent un peu, même si t'étais dubitatif. non, en fait, c'est son besoin pressant de rétablir les choses dans l'ordre, qui t'apaise. t'as envie de l'interrompre, lui renvoyer un genre de "t'as le droit de pas avoir envie", mais tu te tais. tu lui laisses la place. tu le laisses parler, pour une fois, briller. ton sourire tendre est de retour sur ton minois. il te fait plisser les yeux, te donne un regard rieur, jovial. tu peux pas t'empêcher d'être happé par les petites ridules au coin de ses yeux, par sa barbe taillées, mais un peu négligemment, avec ses quelques poils blancs. tu lui prends sa veste des mains, pendant qu'il parle, t'approches de quelques pas.

t'avais l'impression d'être le gamin dans sa flaque de boue, mais tu constates, avec amusement, et peut-être, soulagement, que jan est venu t'y rejoindre. sauter à pieds joints à l'intérieur, patauger dedans jusqu'à s'embourber jusqu'aux genoux. étrangement, ça te fait te sentir mieux. moins seul.

désolé pour toi, jan. tu as étendu sa veste, par le col, entre tes mains. tu t'es rapproché, lui a jeté tes yeux dans les siens pour la sincérité de tes condoléances. tu ne sais pas, tu n'as pas à savoir. t'es touché, en fait. par ce qu'il t'a dit. tu passes, doucement, un bras d'un côté de lui, envoie la veste de l'autre. tes doigts se resserrent dessus. merci. de t'apprécier pour autre chose qu'un souvenir que tu lui rappelles furtivement. de t'apprécier tout court, en fait. tu l'as pas regardé, t'es monté sur la pointe des pieds - t'es légèrement plus petit, même avec les semelles épaisses de tes chaussures - pour rabattre la veste sur ses épaules. tes mains se rapprochent l'une de l'autre, serrent à peine autour de son col, pour le tendre très légèrement dans ta direction. t'as approché ton visage, là. y a un moment de silence, où tu le regardes dans les yeux. regard félin, qui cherche le moindre mouvement dans la pénombre de ses prunelles. puis tu descends. ça ne prend pas longtemps, tu ne t'attarde pas. juste, tes yeux sur ses lèvres. juste tes yeux qui remontent, pour un énième échange. puis ton sourire. ton murmure, ça sent bon, le mezcal, avec ton haleine de tabac, chargée de tous les sens que peuvent prendre ces quelques mots.

tes talons touchent de nouveau le sol, tu reviens sur terre, t'as quitté le soleil. les doigts serrés sur le tissu l'ont lâché, et tu lui offres ton profil pour lorgner à l'intérieur du bar. votre table est prise, et tu supposes que jan n'est pas sorti pour rentrer de nouveau. alors, tu hausses les épaules.

c'est dommage, j'aurais bien passé encore un peu de temps avec toi. hochement de tête. ton ton est bas, mais surtout doux. léger. j'te raccompagne.

ce n'est pas une question. tu t'es écarté de lui, a remis de l'air entre vous. ça suffit pour ce soir. les mains dans les poches, tu le regarde, souris. plus doux, et plus apaisé, sincèrement reconnaissant.

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Mer 25 Sep - 23:41



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Jan se sent stupide. Comme un adolescent qui a mal géré sa soirée, qui a trop bu, qui s’est cru apte à contrer les ravages de la boisson alcoolisée. Il a l’impression d’avoir été trop loin, d’avoir dépassé une frontière qu’il n’a jamais réussi à simplement regarder. C’est la première fois depuis longtemps, qu’il reparle de Marco. La première fois depuis toujours, qu’il se rend compte qu’il est incapable de dire la vérité. Marco est mort mais ça passe pas le bord de ses lèvres. Ça reste sur les contours du coeur, comme des épines qu’il préfère garder. Ça fait mal mais au moins, ça lui fait ressentir quelque chose, lui donne l’impression que le mexicain est toujours là, à le regarder, à le soutenir. À l’aimer aussi. Jan est-il encore amoureux ? Non. Est-il toujours brisé ? Oui. Et c’est bien ça, le véritable soucis qu'il vient de réaliser.
Mais y’a Livio qui reste, qui a l’air sincèrement désolé pour lui. Les prunelles sont pleines de vérité, il n’a plus l’air aussi gêné que tout à l’heure. Peut-être qu’il comprend, au fond, ce que partir veut dire. Jan n’aura pas à aller plus en détails, il n’aura pas à occulter la réalité. Il n’aura pas a mentir.

Et puis c’est le silence des deux côtés, les regards qui se croisent, les gestes de Livio qui sont lents. Tendres aussi. Y’a quelque chose d’apaisant dans cet instant, qui fait retomber Jan de son nuage alcoolisé, qui le fait reprendre son souffle et sentir l’odeur de la clope du jeune activiste. Ça ne le dérange pas, il a toujours été entouré de fumeurs. Ça le calme à vrai dire, c’est une odeur qu’il connait et qui lui prouve qu’autour, d’autres sont encore en vie. La veste est mise doucement, recouvrant ses épaules qui commençaient à tressauter. Toujours le silence, l’odeur de la cigarette, du mezcal qui se mélangent. Et il les voit bien, Jan, les prunelles de Livio qui restent un peu trop longtemps sur ses lèvres. Et le murmure qui en suit, sans aucune tentative, lui prouve à quel point, Livio le respecte. Le mexicain n’ose rien dire, ne sait pas trop comment prendre cette remarque envoyée par le jeune homme. Simple pique comme les autres ou quelque chose de plus important ? À vrai dire, Jan n’est pas sûr de vouloir connaitre la réalité de ces mots. Que ça reste en suspend dans sa tête, que ça reste un suspens pour son coeur, ça lui suffit pour le moment.
- En marchant, on peut passer du temps ensembles.
Sa voix est calme, plus apaisé que tout à l’heure. Les sourires de Livio l’aident surement, l’encouragent à accepter de se laisser accompagner comme un gosse. Ou comme un homme, il ne le saura pas, seul Livio aura la réponse que Jan ne cherchera pas.
- Ta veste, c’est toi qui l'a rapiécé ?
Le bar est abandonné sans un dernier regard, les pieds, trainés sur l’asphalte. Jan sait où ils vont à défaut de savoir où il va avec l'italien. Les appartements sont toujours plus faciles à atteindre que les coeurs pleins de chagrin.

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Jeu 26 Sep - 10:47
vos pas vous entraînent, l'un et l'autre. en marchant, t'as l'impression d'être dans une série, une comédie à la friends, mais en moins léger. que vous allez vous éloigner, dans la pénombre des rues éclairées, en parlant, qu'on entendra vos rires s'élever avec un mouvement de caméra qui montrera la lune, et un fondu au noir. mais personne ne crie "coupé !", y a aucun techniciens autour de vous pour baisser la perche, ni la scripte qui vient prendre des notes, ni une armée de maquilleurs et maquilleuses pour corriger votre perfection. que le bruit du bar qui s'amenuise à mesure que vous vous échappez de sa lumière, sa foule. la nuit, le bronx est paisible. tu t'imagines que c'est pareil partout, mais tu connais que new york, ou la campagne italienne. tout est silencieux, quand on ne traîne pas du côté des rues à fêtes, ou des grandes avenues. t'es tellement habitué au bruit, à force, tu l'entends plus.

mais dans ce silence, là, c'est la voix d'alejandro qui tu parviens. un sourire adressé, un petit temps de réflexion aussi.

ouaip. tu te pinces les lèvres sur la dernière syllabe pour laisser s'échapper un "poc" sonore. c'était un vieux truc, trouvé dans la rue. j'avais pas le cœur de le laisser là.

contrairement à tes petits camarades de promotion, t'acheter un vélo électrique ou un trenchcoat yves saint laurent infiniment plus cher que ton loyer à l'année ne fait pas partie de tes préoccupations. certes, tu as une collection de fringues impressionnante, mais tout, ou presque, est de seconde main. puis cette veste, au moins, elle a une histoire. et une histoire importante.

on l'a rapiécée avec mon frère. tu parles encore de lui. c'est à la fois pour appuyer la véracité des propos de tout à l'heure, à son sujet, mais aussi par pur plaisir du souvenir. celui-ci est, en tout point, vrai. on avait fouillé le grenier de la mère de teddy, ma tante, et on y avait trouvé plein de tissus bouffés par les mites, et des écussons par dessus la tête. haussement d'épaules qui secoue ton regard pour l'adresse à alejandro, et non plus à la route. alors on s'est amusés.

c'était y a pas si longtemps que ça. moins de deux ans, peut-être. tu ouvres ta veste pour lui montrer les choses et autres qui la décorent, à l'intérieur comme à l'extérieur. sous les quelques carrés de tissus et décorations, on devine la piètre qualité du velours, une veste à blocs sûrement de mauvaise facture qui n'a pas souvent servi à cause de son manque de résistance. tu lui as donnée une seconde vie, et avec grand plaisir. certains endroit peuvent raconter une histoire dont tu ne te souviens plus ; ton frère saura te la rappeler.

puis tu t'arrêtes, comme ça, au milieu de la rue. les mains dans les poches. tu constates que l'alcool est en haut, là, et qu'il ne va que redescendre doucement à mesure que le temps passe. tu remarques aussi que le poids dans ton estomac s'est envolé, mais le vertige de tout à l'heure persiste encore un peu. un hochement de tête, à l'intention d'alejandro.

mais en fait, je sais pas où t'habites. tu éclates d'un rire cristal, secoue la tête. t'es en train de me suivre, mais j'sais pas où j'vais !

la situation te fait tout bonnement rire. d'ordinaire, dans le bronx, tu ferais pas le malin. tête basse et pas vif. parce que mine de rien, t'as pas la gueule du quartier. t'es pas le bienvenue ici, toi, jeune homme de classe moyenne qui a accès aux études, et même plus. mais là, avec jan, tu t'en fous. tu t'en fous, t'as pas peur. t'as l'impression d'être protégé, parce que personne n'oserait attaquer le responsable d'el halito. personne n'oserait attaquer le gardien du sanctuaire.

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Lun 30 Sep - 18:25



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Les yeux dans le vague, l’air ailleurs, l’alcool redescendait trop doucement et il se sentait un peu stupide d’avoir bu aussi vite et autant alors qu’il était épuisé. Mais parfois, le besoin de se laisser aller, de faire taire les pensées, d’écouter son coeur, était plus important que de jouer les adultes responsables. Cet après midi avait été une réussite, l’association prenait un tournant qui lui plaisait et pour une fois, Jan avait envie de ne penser qu’à ça, qu’à ces instants de bonheur furtifs et pas à tout ce qui l’attendait par la suite. Et puis il y avait Livio, qui le regardait un peu trop, qui lui souriait avec son air félin et s’amusait parfois avec ses mots. Ce serait mentir que d’avouer que ça ne faisait pas plaisir au mexicain, que ça ne l’aidait pas dans sa thérapie personnelle qu’il galérait tout de même à mettre en place. Savoir que Livio l’appréciait pour ce qu’il faisait, l’imaginait bien plus intelligent et aimait passer du temps avec lui, ça le confortait dans son idée que le jeune homme était quelqu’un à ne pas perdre. Livio Jensen lui faisait du bien.
La veste montrée, Jan essayait d’écouter attentivement les mots de l’italien. De tels souvenirs, c’était important de les garder, de ne pas les oublier, de les raconter. Ça lui rappelait quand son frère avait ramené une petite mobylette et qu’il l’avait réparé devant ses yeux. Jan avait à peine 3ans mais il s’en souvenait très bien, surtout l’odeur du cambouis et le rire de son hermano. Que penserait Raoul maintenant ? Lui qui avait voulu le protéger, il avait réussi sans s’imaginer que c’était les emmerdes qui viendraient chercher son petit frère, pas le contraire. Mais Raoul était loin, il ne le garderait surement même pas d’où il était. Car en plus d’avoir perdu l’amour de son pays, Jan avait paumé la foi. Qu’on ne lui parle plus de Dieu ou du Ciel, jamais, il serait capable de s’énerver pour un simple « ça te ferait du bien de prier Jan, ça t’aiderait ».

Mais l'heure n'était pas au passé, le présent était plus intéressant, surtout cet instant où les deux hommes se découvraient. Il avait envie de lui dire, à Livio, à quel point sa veste était belle, et à quel point son sourire était comme un pansement sur une plaie béante. Car c’était comme ça que le mexicain se soignait, avec les rires des enfants, avec les remarques toujours bien trouvées d’Alejandro, la gentillesse de Nate, la maturité d’Esteban même le jeune adulte avait du mal à y croire et enfin, le positivisme de type comme Livio. Pas besoin de psy, pas besoin de raconter ce qu’il avait vécu quand tout autour, il y avait une famille capable de l’aider à retrouver lui aussi, un vrai sourire.
- Perdon ?
Il était encore parti loin, et s’est presque pris le corps de Livio en plein torse. L’espagnol entre les lèvres, il fronça les sourcils face au rire du jeune italien.
- On est sur la bonne route, j’habite juste à côté, guapo !
Car il l’était, mignon, avec son air un peu théâtral et sa jolie veste pleine de souvenirs. Le poignet attrapé, Jan continua de marcher tenant fermement le jeune homme. Il avait trouvé un logement pas loin de l’association, le Miranda Height et avait eu la chance de se dénicher un appartement au dernier étage. Cala adorait monter sur le toit, pour prendre l’air et courir après les papillons quand le printemps sonnait. Le mexicain était sûr qu’elle allait adorer aussi sentir les flocons de neige sur son petit museau. Cala n’avait que quelques mois, il l’avait recueilli dans la rue un soir, trouvée sous un sac poubelle. Elle était toute seule, pas de mère, pas de frères et soeurs, juste elle et son pelage blanc taché de poussière. Jan n’avait pas hésité, il avait senti que cette petite boule de poils avait besoin de lui pour survivre. Elle était si apeurée qu’elle ne miaulait même pas, essayant de se faire toute petite dans ses bras. Quelques mois seulement et très vite, elle s’était fait au logement du mexicain et à sa nouvelle vie. Et au final, à présent c’était Cala qui l’aidait la nuit quand les cauchemars l’assaillaient et le rendaient fébrile.
- Ça ne va pas te faire trop loin le retour ? Tu prendras un Uber ?
Tournant la tête, les doigts toujours autant du poignet de son ami, il ne pouvait que s’inquiéter pour le jeune homme quand il se retrouverait seul. Ils étaient en plein Bronx, mais Jan y était respecté, ce qui protégeait le jeune homme. Personne ne voulait voir Alejandro Estrella casser la gueule de quelqu’un. Une fois on l’avait sous estimé et depuis, le mexicain d’El Halito était aussi connu que le loup blanc dans les parages. Mais ça, Livio ne le savait pas et c’était peut-être mieux ainsi.
- Au pire, reste dormir à la maison, j’ai du bon café et un très gentil chat.
Comment refuser un tel sourire ?

@ Invité

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Lun 30 Sep - 23:46
comment résister à un tel sourire ?
ton cœur balance, il a l'air d'une cloche que l'on sonne, sonne. mais jan ne l'entend pas. et aucun son ne sort de toi, en fait, maintenant que tu le remarque. il t'a attrapé par le poignet, il t'as entraîné avec lui. t'es à son niveau, pourtant, il n'a pas besoin de te tirer, de te presser. vous n'êtes pas pressés. vous avez la nuit devant vous, tu as l'impression. mais y a ses doigts contre ta peau, autour de ta jointure si fine, si osseuse, qui porte tes longues mains que tu trouves trop grandes, légèrement trop grandes. tes doigts fins quémandent d'aller chercher les siens, mais tu refuses d'y céder. et quand vous marchez, tu sais que chez toi l'alcool retombe. le froid te picote les joues, la rougeur aide à cacher celle du sang qui te monte à la tête. tu ne sens plus la température extérieure sur ton visage.
guapo.
il t'a appelé guapo.

t'as beau être né avec deux langues, ça n'a jamais empêché le système scolaire américain de t'en coller une troisième à apprendre. ton accent a toujours été merdique, et tu confondais souvent les termes - encore aujourd'hui, tu aurais tendance à remplacer certains mots cousins à ceux de ta langue natale. mais, envers et contre tout, tu parles l'espagnol. un minimum pour comprendre ses tics de langages qui rythmes ses phrases et qui le rendent, à tes yeux, si charmant. ta mère t'a toujours dit que t'avais un problème avec les latins, tu lui as toujours dit non en râlant, sans jamais regarder le panel de tes conquêtes pour en faire une étude. tu préfères ne pas la croire et être attiré, sempiternellement, par le même type de personnes.

il s'inquiète pour toi, tu étires un sourire. franchement, ce type, sa gentillesse le perdra. dans le bronx, tu ne crains pas grand-chose. au pire, tu dis que t'es séropo, et ils oseront pas te casser la gueule. ça marche comme un répulsif à cons, ce truc.
puis ça te revient un peu dans la gueule, cette histoire de séropo. et quand il te propose de dormir chez lui, tu le regardes. droit dans les yeux. tu t'arrêtes, même. tu prétends, d'une vague oscillation du torse, que l'ivresse te fait agir. il sera lui-même trop ivre pour s'en rendre compte, t'en profites un peu. tu fermes les yeux, un instant. sourit, notamment, lorsque tes paupières s'ouvrent.

t'inquiètes, jan. il n'a pas lâché ton poignet. t'as envie de lui tenir la main. y a des bus nocturnes. j'devrais pouvoir en choper un. tu fais mine de te craquer la nuque, mais aucun son ne sort. t'avances de quelques pas, entraîne jan avec toi. puis ouais. si jamais, j'appellerai un uber.

ou t'appellera pace.

ouais. t'as compris, quand il a dit que c'était pas loin, qu'ils habitaient tous les deux à côté. t'as compris que pace était du même quartier, quelques rues plus loin. et t'as compris que t'avais pas assez de race pour aller dormir chez ton mec après avoir passé la soirée en compagnie d'un gars que t'as eu envie de te faire.
tu te sens grave, d'un coup. plus lourd. mais tu ne dis rien. tu te contentes de sourire à jan quand tu tournes la tête vers lui.

j'dois me lever tôt, demain. tu glisses vers lui un clin d’œil. puis, pas le premier soir, bello. t'as pris un ton digne des plus grands gangsters de films des années cinquante pour appuyer ta blague. vaste blague, quand on te connaît, et par chance, jan ne te connaît pas suffisamment encore pour pouvoir en juger. toujours est-il que ton jeu continue.

tu t'amuses à être séducteur, mais avec ce recul léger dont semblait avoir besoin jan, tout à l'heure. au fond, tu ne veux pas le brusquer. mais tu ne veux pas rester inactif non plus, à attendre bêtement que quelque chose se passe. tes petits mots, tes petites piques, ont tous un sens. tu doutes que sa proposition et ses gestes cachent quelque chose, du côté de jan. mais tu sais qu'il n'est pas idiot. tu espères qu'il comprenne un minimum ton jeu et, par ce biais, qu'il y réponde. tu espères.

tu regardes l'heure sur ton téléphone.
objectivement, il est tard. peut-être trop pour les bus nocturnes.

tu te mords discrètement la lèvre.
elle a le goût du regret d'avoir refusé.

@ Invité

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Mer 2 Oct - 10:41



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Des bus nocturnes. Oui, c’est vrai, ça pourrait convenir à Livio, ce n’est pas plus dangereux qu’en journée. Ça l’inquiète tout de même un peu, le mexicain, de savoir que par sa faute, l’italien ne va pas retourner chez lui rapidement. Jan aurait pu rentrer seul à son appartement, ça n’aurait pas été grave, ça l’aurait surement calmé plus vite. Il a trop chaud avec sa veste à présent, sent que les effluves de l’alcool l’agacent. Il n’aurait pas du boire autant - oui, il continuera de se marteler le crâne avec cette phrase jusqu’à son réveil demain matin, voir après si une gueule de bois l’accompagne.
Le poignet toujours maintenu, le brun reste silencieux en regardant les mimiques de Livio. Il en a beaucoup, entre ses sourires, ses haussements de sourcils, sa façon de se craquer la nuque. Et en le regardant faire, en l’entendant parler, Jan se rend compte qu’il doit avoir dans les âges d’Esteban. Peut-être un peu plus vieux mais en fin de compte, Livio Jensen ne doit pas dépasser les 25/26ans. Peut-être que le mexicain pourrait les présenter ? Ils s’entendraient peut-être bien malgré des caractères assez opposés. C’est parfois là-dedans qu’on trouve les plus forts atomes crochus.
Le clin d’oeil, l’italien roulant, ça le désarçonne à nouveau, lui fait oublier son idée de rencontre entre les deux jeunes hommes. Ce n’est clairement pas son rôle et puis, malgré l’alcool chauffant ses entrailles, Jan sait déceler les signes d’attraction chez le jeune italien. Ça ne serait pas correct de sa part, de présenter son filleul à un jeune homme qui a l’air de beaucoup l’apprécier. Jan s’en veut un peu, de ne pas le repousser même s’il ne répond pas réellement aux avances. Ou alors si ? Peut-être que ses gestes tendres sont perçus comme autre chose de la part du jeune homme ? Peut-être même que Jan apprécie, voir Livio réagir ainsi à ses côtés ? Ça l’énerve, mais en même temps, il a peur de se gourer, de faire une erreur sur les intentions de Livio, de le repousser gentiment et de briser cette amitié naissante. Peut-être qu’il est simplement tactile comme lui quand il est bourré, peut-être que… Peut-être qu’il devrait arrêter, de lancer des signaux même si ça leur fait du bien, à tous les deux.
Le poignet est libéré pour montrer du doigt la porte du Miranda Height. C’est tout près, ils vont devoir se dire bonne nuit, disparaitre de cette ruelle et repenser à tête reposée, à cette soirée pleine d’émotions, peut-être trop pour un soir de semaine.
- J’habite juste là. Fais pas gaffe aux camions, ils tournent une série télé dans l’immeuble, c’est…
Le bordel ? La mierda ? Ça le fait sortir de ses gonds ?
- … compliqué. Tu as cours demain ?
C’est dit naturellement, dans le fil de la conversation alors que la réponse lui permettra un peu de mieux cerner Livio Jensen. À moins que ce dernier sache mentir comme Jan sait se jouer des coeurs sans le remarquer et sans vouloir faire souffrir.

@ Invité

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Mer 2 Oct - 17:56
tu reconnais l'endroit. miranda heights, c'est pas loin de l'appartement de pace. à pieds, une dizaine de minutes si tu traînes la patte. tu te mords la chair à l'intérieur de ta bouche à y penser, parce que tu ne sais pas si tu devrais aller toquer chez lui, encore moins dans cet état. tu t'en sentirais coupable. et en même temps, tu n'as pas envie de rentrer chez toi en uber. t'as pas les moyens. à pied, c'est mort. t'as qu'à choper un bus nocturne. tu sais pas. tu réfléchis, tu verras bien.

t'as passé ta langue contre l'intérieur de ta joue que tu as grignoté légèrement trop fort, tout à l'heure.

... han. une série ? au miranda heights ? étonnant. franchement étonnant. en glissant un regard dans la direction que pointent les yeux d'alejandro, tu peux les voir, les fourgons "BURR PRODUCTIONS". pas des copains à ton papa, vu le logo netflix estampillé sur l'arrière des véhicule. sympa.

c'est compliqué. un coup dans la barre pour rediriger le navire des tes yeux, flottant dans un océan de bière ambrée, vers jan. sa question t'as fait froncer les sourcils, tiré tes lèvres en une moue dubitative. comme une provocation, tu hoches vivement la tête à son intention, ton sourcil s'arquant au passage.

et toi ? il t'a demandé ça comme aurait demandé ton père, en fait. non pas que tu aies un problème avec lui, mais les relations paternelles en dehors du cadre familial ne te plaisent pas des masses. malgré tout, ton sourire s'est étiré. tu sais bien qu'il ne disait pas ça pour faire le daron, juste pour en apprendre plus sur toi. après tout, tu as tu ton âge lorsque la question s'est imposée. sans regret, pourtant : tu sais encore suffisamment te maquiller. nan, grosse réunion demain matin à act-up. comme tous les samedis à 8am. t'y vois rarement du monde, juste les plus véhéments, les nouveaux qui veulent faire bonne figure ou qu'on leur attribue un rôle, puis des camarades de guerre vraiment impliqués, et les présidents, l'administration, tout ça.

un frisson parcoure ton dos et tu te serres dans ta petite veste de mi-saison, pas adaptée au froid tardif du bronx en plein septembre. t'as pas l'air déterminé à lui en dire plus sur toi. t'aurais pu lui montrer deux-trois trucs, mais ça s'est avorté très vite, pour ce soir du moins. t'as pas la conscience tranquille, là, et même si tu apprécies sa compagnie, tu n'as pas envie de te dévoiler aux pieds de son immeuble. dernier coup d'oeil à ton téléphone, tu vas consulter les bus nocturnes sur la route. en attendant, tu sors une cigarette de ton paquet que tu cales entre tes doigts.

allez, je vais te laisser. tu te retiens d'ajouter un tranquille. quelques pas pour te rapprocher de lui, une main sur l'épaule et un baiser sur la joue dans le même mouvement. toujours tes talons qui se décollent du sol pour l'atteindre. tu bois beaucoup d'eau, o.k. ? tu tends vers lui une cigarette autoritaire, à défaut d'un doigt. je veux trois photos de ta bouteille. une pleine, une à moitié vide, et une vide. il a ton numéro. tu lui glisses un clin d’œil. c'était cool. merci ; faudra qu'on refasse ça. tu dis ça avec la pleine conscience que, souvent, c'est toi qui ne t'attarde pas. peut-être, qui sait, que tu vas commencer à rester un peu plus le soir si tu es en si bonne compagnie.

quelques pas en arrière, le sourire aux lèvres.

ciao.

avant de te retourner, la flamme jaillit de ton briquet, et la luciole nicotine flotte dans la pénombre dans laquelle tu t'engouffres.

@ Invité

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Lun 7 Oct - 10:49



LEAVE YOUR SORROW
feat @livio jensen

Livio n’avait pas répondu à sa question, du moins, si mais d'une façon détournée. Ça ne l’aidait pas à savoir s’il était étudiant, s’il avait l’âge d’Esteban, si ce que le mexicain faisait n’était pas correct. Non, ça ne remplissait pas les cases qui lui manquaient, le frustrait un peu inconsciemment. Ce que Jan notait malgré tout, c’était l’implication sans faille de l’italien dans Act Up. Se lever aussi tôt, un samedi matin, ce n’était pas donné à tout le monde. Il fallait de l’envie, du courage et un besoin réel d’aider et de transmettre de belles valeurs. Ça plaisait à Jan, lui prouvait à nouveau que Livio Jensen était quelqu’un de bien. Ils avaient eu raison d’aller boire ce verre, ça leur avait permis de mieux se connaitre bien que les zones d’ombre autour de l’italien soient toujours aussi sombres et difficiles à faire disparaitre. Un jour, le mexicain y arrivera, à faire bouger les nuages autour de Livio Jensen, par un simple rayon de soleil.
Le baiser le surprit, bien que ce soit un code social habituel au Mexique, il ne s’attendait pas à ce que Livio se rapproche et l’embrasse à cet instant. Mais lui aussi était latin, lui aussi avait le contact facile, il le lui avait déjà dit.
- Si Senor.
Il n’y avait que ça à répondre, avec son habituel sourire amusé et rayonnant, les yeux plissés comme ceux d’un enfant rieur. Jan était attendri, touché par la simplicité de cet homme qui lui avait permis de se rappeler qu’il ne pouvait vivre éternellement dans le passé. Que même si des détails lui rappelaient son ancienne vie, c’était l’avenir qui importait, pas le reste. Qu’il devait avancer, espérer, aimer, accepter. Surtout accepter. Et puis continuer.

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