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(leone) Mama, just killed a man

@ Invité

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Mar 24 Sep - 22:36
Jeremy se sentait particulièrement idiot sur ce bout de trottoir. Il n'arrêtait plus de remonter ses béquilles et ainsi relever la tête. Il se sentait idiot, car il détestait le regard des autres dans ces moments précis. Son regard était aussi affuté qu'une lame de rasoir pour dissuader toutes âmes charitables de proposer son aide. Il n'était ni perdu et surtout il n'avait d'aucune aide. Cela faisait vingt-deux ans qu'il se levait chaque matins, qu'il laissait sa place dans les transports aux personnes âgées et qu'ils prenaient les escaliers dés qu'il le pouvait. Jeremy posa son coude sur le haut de sa béquille et se frotta le haut du crâne. Il se demanda un instant qu'est ce qu'il faisait là. Il se sentait coupable de n'avoir point donner de nouvelles à Leone. Il avait été absent toute la semaine à l'association. Bien-sûr, qu'il avait prévenu, le jeune Stark  était peut-être cocu, brisé et blessé dans son orgueil, mais il restait bien élevé. Il avait laissé un message évasif à la secrétaire. Il n'aurait pu affronter le regard de toutes ces personnes qu'il avait personnellement convié à son mariage. Toutes ces personnes qui savaient à présent que son ex-mari s'était envoyé la moitié de la ville.

Il se souvint encore du moment où il avait donné en main propre chacune des invitations. Pour celui qui clopinait à chaque fois qu'il se déplaçait, ce jour là, il donnait l'impression de flotter dans les airs. Il paraît que l'amour donne des ailes. Mais, l'amour cela peut aussi détruire et mettre à genoux. Jeremy avait passé deux jours sans sortir de son lit. Il ne s'était pas lavé et avait à peine mangé quelque chose. Aujourd'hui, heureusement, pour tout le monde, il avait réussi à se glisser sous une douche et trouver la force d'utiliser une brosse à dents. Il se frotta à nouveau le crâne et pensa que tout cela était une mauvaise idée. Il n'avait pas peur d'affronter Leone. Le jeune aux cheveux de feux était de la vieille école. Il était important de s'excuser en face à face. Il avait accepté des responsabilités. Des responsabilités que Leone avait bien voulu lui donner. Ce qui rendait triste, Stark, c'est que Leone lui avait offert de son temps et  de sa confiance. Il l'avait abandonné.

Jeremy ne pouvait se détacher de ce sentiment qu'il serait toujours redevable à Leone de lui avoir ouvert les yeux. Il savait qu'il avait trouvé sa place dans l'association. Il se sentait un meilleur homme chaque jours quand il s'y rendait après l'université. Ce n'était pas grande chose, il n'était ni un super-héros, ni un surhomme. Mais, ce qui plaisait à Jeremy, c'était les simples sourires, même pas les merci, simplement savoir qu'il avait pu aider. Quand Jeremy vut Leone sortir, il l'appela en soulevant une de ses béquilles :

Leone ?

Il s'approcha tout en sautant du trottoir et en traversant la rue.

Je sais, j'ai pas répondu à tes textos et j'ai loupé la grosse réunion de jeudi...Pardon...Tu as du temps ? J'ai un truc perso à te demander ?  

Car, Jeremy ne voyait pas à qui d'autres parler. Leone, c'était un pilier dans sa vie. Il espérait chaque jours gagner un peu plus de sagesse en sa présence et devenir plus comme lui en vieillissant.

@ Invité

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Mer 25 Sep - 17:44
Les yeux dans le vague et le vague à l’âme, Leone regardait sans le voir la dernière personne de la file de l’après-midi quitter son bureau avec un immense soupir de soulagement. Rendre un résultat négatif était toujours plus agréable que l’inverse. Conservant son air absent, l’esprit vide, l’italien commença à ranger un peu trop méticuleusement tous ses outils, avant de se poser sur sa chaise pour remplir de la paperasse administrative. Il n’avait jamais eu de problème avec ces fichiers honnis de beaucoup, essentiellement parce qu’il avait aidé sa grand-mère à remplir les leur très tôt et avait dû surmonter ses appréhensions rapidement par force de nécessité, et aussi parce qu’il les trouvait souvent tellement ineptes qu’il les remplissait mécaniquement, occupant ses doigts à une tâche sans intérêt qui lui permettait d’étouffer tout ce qui pouvait lui traverser l’esprit. Les minutes s’écoulèrent ainsi, rythmées par le lent passage de l’horloge, dans un silence de cathédrale. Il aurait aimé que quelqu’un vienne en retard sur les horaires pour lui permettre de continuer encore un peu, mais le mystérieux messie ne vint pas, l’obligeant donc à gratter le papier sans aucune interruption salvatrice. Malgré tous ses efforts, ses pensées noires refaisaient surface.

Il s’était douté que venir n’était pas une bonne idée, pour une fois. Act-Up avait souvent été son refuge, un endroit où retrouver des visages familiers, où discuter entre pairs, où aider, tout simplement et toucher d’autres publics que ceux qu’il traitait dans son travail de tous les jours, un endroit où ne pas être un médecin, mais un patient actif, agissant, déterminé, un passeur de témoin aussi parfois, entre la génération des militants les plus anciens et les jeunes têtes qui passaient par là. Sauf que là, il n’avait pas envie de leur parler, à ses amis, parce qu’ils lui renvoyaient en pleine face, le cœur de ses problèmes, et qu’il tenait à continuer de mettre la poussière sous le tapis et à ne pas desserrer les lèvres. Il savait que, dans quelques jours, certains finiraient par vouloir lui parler, car ils trouveraient étrange de ne pas voir sa face souriante dans les couloirs, de de ne pas entendre son rire communicatif, et de manière générale, de voir ce grand sociable se retrancher derrière ses horaires. Mais pour le moment, il n’avait aucune de parler. D’en parler.

Il était temps qu’il rentre. D’un geste rapide, Leone récupéra sa veste et l’enfila, avant de fermer la porte du local derrière lui, puis de passer devant les autres militants encore là. Préférant couper court aux mondanités, il se contenta d’un sourire et d’un au revoir rapide de la main. Plongés dans leur conversation, les autres répondirent de la même manière, et il put sortir, respirer l’air du dehors, sa poitrine se soulevant et s’abaissant un peu précipitamment alors qu’il aspirait de larges goulées, presque comme s’il cherchait à s’intoxiquer à l’oxygène. Un instant, il se perdit dans la foule de passants pressés qui remontait l’avenue, puis dans les voitures qui klaxonnaient, à cette heure de grand trafic, et à leurs chauffeurs au parler soudain perclus de jurons éminemment colorés. L’ensemble lui arracha un petit rire, de ceux qui venaient en terrain familier quand on avait un peu le blues. Il n’entendit pas Jeremy l’appeler, et ce ne fut qu’au moment où il le vit en face de lui qu’il sortit de sa transe, secouant légèrement sa tête pour essayer de se remettre les idées en place. Un sourire mécanique lui vint, et il agita sa main comme pour faire fuir une mouche, l’air de dire que ce n’était pas bien grave, un détail. Ce qu’il déclara d’ailleurs.

« C’est pas grave, on a tous parfois des choses à régler. »

Jeremy avait manifestement besoin de lui, alors il n’allait pas l’accabler. Et puis, un imprévu, c’était vrai que cela pouvait arriver et focaliser toute l’attention. Hochant la tête, le chirurgien pointa la porte refermée derrière lui, avant de déclarer :

« La permanence est finie, on peut retourner au local des dépistages, il n’y a plus personne. On sera tranquille, si tu veux parler. »

Peut-être que se focaliser sur les problèmes d’un autre l’aiderait à oublier les siens, à les rationaliser, ou juste à continuer de les tenir à distance et de sourire comme il savait si bien le faire par moment, parce que la vie continuait, et qu’elle ne tournait pas qu’autour de lui. Faisant signe au jeune homme de le suivre, Leone franchit donc à nouveau l’entrée pour arriver bientôt au bureau qu’il avait quitté quelques minutes plus tôt. Une fois la porte refermée, il se tourna donc vers Jeremy pour lui demander :

« Alors, qu’est-ce qu’il se passe ? Dis-moi tout, je t’écoute. »

@ Invité

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Jeu 26 Sep - 11:26
Jeremy connaissait Leone, en tout cas, quand il disait qu'il le connaissait. Il connaissait l'activiste, l'homme de science, l'homme au cœur sur la main et celui qui illuminait les couloirs par son sourire pour réchauffer les cœurs des ces âmes parfois aux aboies. Cependant, il connaissait rien de plus et même s'il le connaissait maintenant depuis quatre longues années. Jeremy connaissait la date de son anniversaire, mais les choses de l'intimité s'arrêtait là. Jeremy avait beau avoir vingt-deux ans, il était une vieille âme. Il aurait trouvé cela déplacé de s'insinuer dans la vie privée de celui qui lui avait tout appris. Jeremy avait souvent déjeuné avec l'italien, un sandwich vite fait ou une salade à emporter, mais il ne s'était jamais invité chez lui. La vie privée était quelque chose de très important pour le jeune Stark. Il n'aurait jamais voulu empiéter sur celle de Castelli. Cela ne l'empêchait pas de lui offrir un cadeau à chaque noël, un petit geste sans importance : le Kamasutra gay pour les nuls ou d'autres bêtises comme des huiles de massage aphrodisiaque.

Cela aurait pu paraitre déplacé, mais il n'y avait aucun sous-entendu pour attirer l'attention de Leone. Jeremy depuis qu'il travaillait pour l'association, officiellement depuis deux ans, avait toujours pensé que la sexualité était important d'être revalorisé. Toute la journée, la sexualité était dévorée par la maladie, la culpabilité et la mort. La sexualité sous ce toit était souvent la sommes de regrets qui se perdaient dans les regards vides de ceux qui seraient leurs résultats contre leurs poitrines. Jeremy, lui, avait toujours essayé d'en rire, ou en tout cas d'en faire rire les autres. Même, si aujourd'hui, il était loin de rire. Il n'aimait pas courir après les gens et surtout face à cette foule qui ne faisait aucun cadeau. On le bouscule et le frappe dans les côtes, mais il n'abandonne pas. Il arrive enfin à attirer l'attention de Leone et quelque chose le frappe aussitôt.

Il garde le silence tout en le dévisageant. Il sent que le médecin n'a pas de temps pour lui. Ce qui le surprend, non qu'ils avaient un lien fort et qu'il méritait d'être le centre de toute l'attention, mais il connaissait assez Leone pour comprendre que quelque chose n'allait pas. Cependant, pouvait-il franchir cette barrière qu'il avait toujours dressé  entre eux ? Le jeune étudiant se tourmenta intérieurement tout en suivant les pas de l'italien. Une fois, que la porte se referma derrière lui, il trouva une chaise et posa ses béquilles juste à côté. Il massa légèrement ses jambes, car elles lui faisaient un mal de chien aujourd'hui.  

Tu sais, je me rends compte, que quand quelqu'un à un problème ici, la première personne vers qui on se tourne c'est toi. Je voulais faire pareil et je me sens profondément égoïste. Je me rends compte qu'on prend jamais le temps de te demander comment tu vas ?

Jeremy prit une pause et chercha à croiser le regard du médecin.

Je veux dire comment tu vas vraiment ?  

Jeremy se rendit compte qu'il était venu parler de lui. C'était humain, on ne voit que ses problèmes. Surtout, quand on passe sa journée à écouter ceux des autres. Il se rendit compte aussi que cela faisait des semaines qu'il ne s'était inquiété d'entendre Leone parler de lui. Des semaines, qu'il n'avait parlé que de sa propre personne : ses doutes sur Toben, les coucheries avec leurs voisins Espen, ses doutes existentiels et enfin l'annulation de son mariage. Leone avait été là pour lui et ce sentiment le fit baisser les yeux. Il n'était pas une bonne personne, une personne meilleure comme il essayait de devenir.

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Dim 29 Sep - 19:51
« C’est normal, il paraît que je suis une oreille attentive … et de mon côté, il n’y a souvent pas grand-chose à dire, tu sais. »

Un instant, Leone avait hésité à se confier, mais cette pudeur qui l’habitait l’en avait empêché. Il n’aimait pas parler de lui, et considérait sincèrement que dans l’immense majorité des cas, ce qui lui arrivait n’était pas si grave. Il y avait toujours pire, et il avait appris à faire face, depuis ses premiers jours sur cette planète. Il aimait voir la vie du bon côté, rire, oublier les soucis. Et il préférait écouter les autres parler de leurs ennuis et les aider, pour oublier les siens, mais aussi pour les relativiser, pour parfois donner un conseil et se rendre compte que ce dernier s’appliquait à lui aussi. Il s’aidait lui-même en aidant les autres. Secret, l’italien l’était, parce que sa grand-mère lui avait répété qu’il fallait être fort, que la vie ne faisait pas de cadeau. Et puis, c’était son caractère, tout simplement. Il n’était pas sans confident, c’était l’avantage d’avoir un ami psychiatre, par exemple. En y pensant, oui, le pauvre Sirius était le réceptacle de ses petits soucis au travail, notamment. Peut-être aussi qu’avec lui, tout était différent parce qu’il l’avait connu durant cette période de son existence où il n’était qu’un gamin fatigué qui cherchait désespérément à savoir quel était le monde à l’extérieur de son unité spécialisée de soins, pour se donner des raisons de se battre. A huit ans, on avait conscience du monde, plus que les adultes ne le croyaient. A huit ans, on comprenait quand les médecins avaient des mines de plus en plus sinistres. On voyait son propre corps trahir ses pensées, et on savait que tout s’achevait. Alors, avoir un ami pour être à nouveau un enfant, c’était un pas de géant vers la vie, comme une marque indélébile à l’âge adulte. Accepter ses faiblesses et s’ouvrir à un autre, c’était redevenir ce gosse sur son lit d’hôpital qui voyait la mort et se demandait s’il n’était pas plus simple de l’accepter. Et cela, Leone n’arrivait pas à passer outre, aussi pathétique que ce sentiment soit.

Peut-être aussi que verbaliser aurait donné du relief à sa peine, alors qu’il essayait si désespérément de la contenir. Il lui fallait plus de temps pour admettre, pour répéter, tout simplement, ces détails qui le hantaient. Parce que là encore, ce serait redevenir celui qu’on regardait comme une bête, qu’on approchait avec des gants et tout un arsenal pour éviter le contact : l’animal sale, souillé, pestiféré. Ce serait repenser à ce regard. Et il voulait oublier tout cela. Se convaincre, malgré tout ce qui résonnait encore dans sa tête, qu’il y avait une personne en dehors de ce corps qui semblait l’avoir à nouveau trahi. Qui dégoutait. Qui l’humiliait. A trente-quatre ans, Leone était redevenu, brutalement, l’enfant qu’il avait voulu laisser derrière lui, une nouvelle fois, alors qu’il avait donné sa confiance. Ce fait, peut-être plus que tous les autres, lui avait arraché le cœur à vif, pour le voir piétiné sans cesse par les flashs qui, périodiquement, dansaient devant ses yeux, de situations toutes différentes, et si semblables. Non, il n’était pas prêt à parler. A quiconque. Mais écouter … ça, il le pouvait. Pour s’oublier. Pour, peut-être trouver des réponses aux questions qu’il n’avait pas envie de se poser, et qu’il se posait quand même. Douloureusement, un sourire étira ses lèvres, et il finit par déclarer :

« Cette fois néanmoins … Je ne prétendrai pas que tout va bien. Mais je préfère ne pas en parler. Pour le moment en tout cas. J’ai besoin … d’un peu de temps. Et tout s’arrangera. »

Comme toujours. Le temps faisait son œuvre. Il fallait juste laisser les cicatrices guérir. Le sourire se fit plus doux, alors qu’il demandait tout en s’asseyant et en invitant son vis-à-vis à faire de même :

« Dis-moi ce qui te tracasse, Jérémy. Ça m’occupera l’esprit et je préfère être utile à quelque chose ici plutôt qu’inutile chez moi.

En plus, maintenant, je suis intrigué, et il n’est rien de plus inquisiteur qu’un médecin curieux.

Raconte-moi donc tes dragons. »

L’humour pour dissiper les nuages, cette arme si pratique dont Leone aimait faire usage, sans méchanceté, alors qu'il citait la marquise de Sévigné avec sa gentillesse revenue. Rien ne valait les délicatesses littéraires de l'épistolière pour demander à parler de problèmes. Son visage reprenait déjà des expressions plus présentes, moins évanescentes, alors qu’il se rappelait que se morfondre ne servait à rien, et qu’il y avait peut-être quelque chose à faire pour ne pas foutre définitivement sa journée en l’air.

Aider, c’était peu. Mais cette fois, ce serait suffisant.

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