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Head like a den of vice

@ Invité

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Dim 29 Sep - 23:43
Ce matin, t’as pas eu envie de te lever. Pas envie, pour dire incapable. T’étais incapable de te lever. Les premiers rayons du soleil chatouillaient la peau nue de ton ventre quand tu t’es demandé ce qui t’arrivait. C’est le début de la session, et pourtant, t’avais l’impression de traîner quinze ans de fatigue. Mais c’était plus que de la fatigue. C’était quelque chose de lourd, d’étouffant. Même couché, ça te drainait. Ça t’aspirait.

Et t’as pensé à ta mère. À ses dépressions chroniques. T’as pensé à son corps frêle recroquevillé dans le lit trop grand qui l’avalait. Et là, t’as paniqué. Tu t’es dit que tu devais pas avoir ça en toi - que tu pouvais pas avoir ça en toi.

Tu t’es redressé d’un coup, la poitrine appesantie comme si des litres d’eau s’y étaient logés pendant la nuit. T’as ouvert le tiroir de la table de chevet d'un geste sec, as sorti un sachet de poudre, et tu t’es fait une track à côté du pied de la lampe. Tu t’étais promis de pas faire de coke  pour les premières semaines de cours. Surtout pas le matin. Tant pis. C’était juste pour aujourd’hui.

Tu t’es levé et t’es parti. Le coup de fouet embarquait. T’as passé une heure sur le tapis roulant au gym de l’université, mais ça n’allait pas. T’avais la tête ailleurs, et cette impression de ne pas performer autant qu’il l’aurait fallu... Alors, après ta douche, dans les vestiaires, t’as décidé de prendre une demie-dose de Concerta. La session passée, t’avais pas besoin de cachets pour aller en cours. C’était seulement pour les examens, les travaux. Faut pas en faire une habitude, que tu te dis simplement en te dirigeant vers ta classe.

Ça aussi, c’était juste pour aujourd’hui.

Pour être certain d’être bien concentré, question de commencer du bon pied. D’assurer ta longueur d’avance. C’est comme la course sur piste - c’est le départ qui fait la moitié du travail. Il doit être explosif. Parfait. Trois heures de Terminologie Juridique. Tout va bien. À l’heure du lunch, t’es au meilleur de ta forme. En après-midi, c’est du Droit de la Famille qui t’attend. La fatigue de ce matin, tu ne la sent plus du tout. C’était rien. Tout va bien.

T'es pas comme ta mère.

T’arrives en classe ; pas trop à l’avance, parce que t’es pas un angoissé débile qui a besoin de poser son cul sur une chaise vingt minutes avant que le prof se pointe pour se canalyser ; mais pas trop dernière minute non plus, parce que tu gères bien tes affaires, ton temps. Tu gères tout. T’as passé devant ce mec, là, Esteban, et t’as pas pu t’empêcher de lui couler un regard de haut - il est assis, toi pas. Pas encore. Et quand tu le fais, tu te met juste derrière, dans son dos. Tu sais que tu le met mal à l’aise. Ça se sent, parce que t’es plus prêt de la bête que tu veux le croire. Et t’aimes bien ça. T’aimes bien savoir que t’incommodes, que tu domines. Et qu’il ouvrira pas sa gueule, surtout. Qu’il est obligé de te tolérer. Ouais, ça te calmerait presque.

Tu te cales contre le dossier de ta chaise, étales tes longues jambes sous le bureau. Le bout de tes bottes va chatouiller le sac du brun. Tu prends tes aises. Tout le temps. S’il se retourne, tu pourrais lui faire ce sourire fendant, sans dents, qui te tire les lèvres et accentue l’onde blasé au fond de tes yeux bleus. Ou tu pourrais aussi ne rien faire. Sans l’ignorer, tu le regarderais seulement. Tu le mettrais au défi de dire quoi que ce soit.

Petit pd de bourge.

Votre prof vient de rentrer, et il perd pas une seconde. Il vous remet dans la gueule le travail d’équipe qu’il faut faire, là. Et parce que dans la vie, on ne choisit pas toujours avec qui on bosse, et que monsieur le quinquagénaire-engraissé-à-la-bonne-sagesse-de-son-expérience se sent d’humeur, il décide de vous inculquer ses morales de vie à deux balles en créant pour vous les duos.

« Vous serez en équipe avec la personne derrière vous. »

Touché. Tes yeux transpercent la nuque d’Esteban. Ta botte pousse un peu plus contre son sac, comme s’il avait besoin que tu lui rappelle ta présence, désormais, et c’est bien parce que t’es qu’un gros con que tu le fais. Parce que tout de toi l’écrase, en ce moment ; surtout cette divine sentence. Et tu préfères voir les choses sous un angle qui t’avantage - c’est pas toi qui va devoir te le coltiner, mais lui qui va devoir t’endurer.

T’as pris un air avenant. Pas trop sale. L’ombre d’un rictus calme et malhonnête hante tes traits. T’es bien, là. Bien civilisé. Bien gentil. Parce que ça t'arrangerait qu'il se tape tout le travail, ou presque. Qu’il se laisse écraser.

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Lun 30 Sep - 16:01
Este n'a jamais été un grand rebelle. Les révolutions ce sont les autres qui les mènent. Jan, ses parents, Livio aussi. Le bouclé lui s'est toujours contenté de faire ce qu'on attendait de lui, sagement , studieusement. L'école de droit n'a ainsi pas échappé à la règle, aussi ce n'est pas étonnant de le voir arranger ses feuillets dans un silence religieux, tandis que d'autres s'offrent le luxe d'arriver sur le fil du rasoir.

C'est d'ailleurs le cas d'une personne particulièrement désagréable qui l'avise alors avec supériorité avant de s'installer derrière lui. Este souffle un peu, aussi discret que possible parce qu'il sait très bien de qui il s'agit et qu'il n'a pas envie de se lancer dans une confrontation qui pourrait mal terminer. La dispute avec Bloom a son sujet est en soi bien suffisante et s'il a appris quelques chose avec le temps, c'est bien qu'il ne faudrait pas donner plus d'attention que nécessaire à ce genre de personne fondamentalement toxiques. Ils s'en nourrissent comme les fruits se nourrissent du soleil, et le fils Gardner ne tient pas personnellement à jouer un rôle dans le développement de leur égo surdimensionné.

Seulement, le garçon ne se contente pas de le fixer avec un air de provocation. Et alors qu'il s'étale sur ses affaires sans grand respect pour attirer son attention, Este doit lutter de toute ses forces pour refréner un mouvement d'humeur qui en dirait trop long sur l'agacement que le blond suscite chez lui. Comme si ce n'était pas suffisant, on lui ordonne cette fois-ci de travailler en équipe avec la personne derrière lui.

Après une lente inspiration, le mexicain décide alors de se retourner pour s’atteler à la tâche, qui selon lui ne mérite pas vraiment de travail d'équipe par ailleurs. C'est de toute évidence toujours la même chose et autant ne pas perdre son temps à s'imaginer que l'autre va faire sa part du travail, si c'est pour se retrouver à le faire seul dans tous les cas une heure après.

- Salut.

Il ne dira rien de plus que cela. Il n'a pas besoin de s'étaler davantage pour témoigner toute sa sympathie au nouvel ami de Bloom. Este sait très bien ce que le blond pense de lui et de sa famille. Il a eu plusieurs fois l'occasion de l'entendre parler en termes suffisamment élogieux des minorités et des parents homosexuels pour connaître l'étendue de son vocabulaire et son ouverture d'esprit. Ils ne s'apprécient pas et si le bouclé ne fera pas d'esclandre, il ne faut pas compter sur lui pour jouer la carte de l'hypocrisie. C'est trop lui demander.

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Mer 2 Oct - 18:30
Qu'Esteban fasse sa mijaurée, tu sais pas si ça t'amuse ou si ça t'emmerde. Dans tous les cas, c'est un sourire statique qui le cueille lorsqu'il se retourne, qu'il te salut platement, et tu laisses trois longues secondes se démener avec maladresse entre vous deux avant de te redresser sur ta chaise, dos droit, bras dépliés.

« Café ? » que tu demandes avec une hypocrisie crasse en poussant vers lui ton thermos fumant.

Il va refuser, tu le sais. Ou alors c'est toi qui va l'empêcher d'accepter, puisque tu gardes ta grande main bien enroulée autour du thermos, le fixe un instant, puis hausse les épaules négligemment avant de prendre une gorgée pour toi-même. Pas de ma faute si tu t'es levé du mauvais pied, ça fait avec nonchalance, dans votre mutisme, pendant que tu tires les instructions à toi pour y jeter un coup d'oeil. Et malgré toute l'indifférence que tes gestes desservent, ce que ton sourire artificiel donne à voir, t'as une raideur entre les deux omoplates, et un point dur dans tes pupilles minces.

T'as quelques mots à voix haute sur le projet, sans regarder Esteban ; tes billes pâles sont tombées sur les feuilles. Vous devez vous familiariser avec le cas qu'on vous a attribué en classe, avec le client fictif que vous devrez défendre. Hors cours, vous allez devoir monter un dossier. Une autre équipe a le même cas que vous, défend l'autre parti. Faut les battre, en somme. Faut gagner. La chaleur du café te passe entre les fils du thorax. Ça te parle, tout à coup. Ta longue carcasse de gavial se penche sur le bureau, et tu relèves les yeux vers le petit pd de l'autre côté, avec une lourdeur sur le visage. T'as perdu ta langueur. Ça t'a attisé, toi et ton esprit de compétition.

« On va les démonter. »

Ça a le goût d'un sirop doux sur ta langue épineuse - deux rangées de dents blanches déchirent le bas de ton visage.

T'as seulement le temps de te reculer, de glisser à nouveau les documents vers Esteban, et de lui décrocher un mouvement du menton. Comme à un chien. Comme à un pote. T'es sur son cas.

« On va aller bosser chez toi. »

Tu t'imposes, ouais, et sans même lui laisser le temps d'argumenter.

« Je suis occupé le reste de la semaine, j'ai que ce soir de libre. Ou mardi prochain, à la rigueur. Mais je préfère boucler ce dossier là rapidement. »

Tu le lorgnes. Allez, je sais que toi aussi, tu veux le boucler rapidement. Ne plus m'avoir dans les jambes. Tu reprends une gorgée de café, sans le lâcher des yeux.

@ Invité

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Mer 2 Oct - 21:47
- Ça ira merci.

Esteban lui montre sa propre thermo, il n'a aucune intention de fraterniser avec l'ennemi. Ne pas aller à l'affrontement est une chose, prétendre qu'ils s'apprécient en est une autre. Esteban voudrait cacher son dédain qu'il n'y parviendrait pas de toute façon. Il a toujours eu ce problème, cacher ses émotions est en dehors de ses capacités. S'il peut les contenir, elles transparaissent toujours sur son visage d'une manière où d'une autre. Et si James s'en délecte très probablement, au moins il sait qu'il n'a pas à jouer la carte de l'hypocrisie. Ce serait bien inutile en si mauvaise compagnie.

Alors Esteban parcoure le cas pratique lui aussi, dans un silence qui ne témoigne que trop bien de son manque d'envie d'initier une conversation. Le type en face de lui semble s'entretenir dans esprit de compétition qu'Esteban ne partage pas vraiment, un peu en décalage avec les étudiants de sa promo sur ce point. L'étudiant est appliqué, mais toujours dans sa vision d'étudiant en art. Beaucoup de ses camarades se prêtent au jeu de la compétition, comme pour s'offrir un avant goût de ce que pourrait être la vie d'un grand avocat qui peut se permettre de refuser des dossiers. La vérité c'est qu'il se retrouveront tous à faire des heures improbables sur des missions peu intéressantes pour débuter leurs carrières. Esteban a pour ambition de survivre à la charge de travail. Il a choisi le droit pour aider les gens plus que pour le prestige, c'est sûrement ce qui le différencie de James.

- Si tu le dis ?

Esteban hausse les épaules, il a au moins la garantie que son manque d'implication dans cette compétition agacera son partenaire autant que lui s'amuse de jouer avec ses nerfs. Simple retour des choses. Quand il évoque l'idée d'aller chez Esteban, le brun ne parvient pas à dissimuler sa surprise devant le toupet de son camarade. Un, il a d'autres projets pour la soirée, deux il en est tout simplement hors de question. C'est sa limite à Esteban. Et il vient de la dépasser. C'est donc plutôt décidé qu'Esteban répond :

- Ce soir ce n'est pas possible, je fais du bénévolat à El Halito et je suis pris ensuite. Je te proposerai bien de m'accompagner mais je doute que ça t'intéresse d'aider des enfants défavorisés & issus de l'immigration. On fera ça sur google docs, c'est à ça que ça sert après tout !

Il est tout simplement hors de question qu'il vienne chez lui et Este se permet de s'imposer sur ce point, non sans une petite pique au passage. En théorie cela devrait le calmer. Il a certes l'air d'avoir très envie de l'emmerder, mais sûrement pas au point de l'accompagner dans une asso hispanique dirigée par un homosexuel, même si peu de gens savent pour Jan. Si toutefois c'était le cas, il enverrait alors un sms paniqué à son parrain qui l'aiderait probablement à se dépatouiller de la situation. Este se permet d'espérer que James ne soit pas stupide à ce point.

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Lun 7 Oct - 17:41
Le manque d’entrain de ton coéquipier te passerait dix pieds par-dessus tête si seulement ça ne touchait pas cette envie de compétitionner. Si seulement t’avais pas déjà une idée préfaite du mec devant toi. Ta mâchoire se durcit. C’est quoi, ce flanc mou, putain. Être en droit sans avoir les crocs, et quoi, c’est comme être en médecine en ayant peur du sang ; toi, c’est tout ce que tu demandes, du sang. Et au-delà d’avoir choisi une carrière d’avocat pour reprendre le flambeau de Spencer auprès du père, tu sais très bien pourquoi tu nages ici avec autant d’aisance - parce que t’es un requin, ou n’importe quelle bête d’eau, de courant, pleine de dents, qui a besoin d’écraser et de broyer pour se sentir exister.

Ce soir ce n'est pas possible, je fais du bénévolat

Ça te prend plus de temps, pour avaler. Esteban n’est peut-être pas aussi con qu’il est sans colonne ; comme le tiers de la cohorte, il donne généreusement de son temps à une association qui fait bien larmoyer les gens - ça fait bien, sur un CV, ça fait bien, dans la sphère publique. Ça fait bien, d’avoir un agenda aussi chargé, et d’être tout de même capable de se fendre le cul en quatre pour y mettre quelques heures de bénévolat en supplémentaire. Tu considères ça. À aucun moment ne te viens l'idée qu'il puisse le faire par réelle générosité. T’inspires profondément, lentement. Faudrait que t’en fasse, toi aussi. Faudrait, pour parfaire ton image, ton pastiche d'ubiquité, mais y’a le sport, le boulot, le sommeil à ne pas trop négliger.

Il te fait chier.

T'aurais envie de lui cracher que t'aurais bien envie d'aider ses petits morveux de basanés sans famille, mais c'est faux, et tu le sais, et il le sait. La médiocrité te donne des ulcères. Te retourne la tête. Fait monter l'agressivité derrière tes molaires. T'as juste pas envie de voir le monde comme il est, trop laid, laid comme toi.

Tu déposes ton café avec un peu plus de force que voulu, et te penches du même geste vers Esteban, la voix plus sèche, plus basse, pour que ça reste entre vous, cette fois.

« Caches ta joie de me voir, surtout. Tu veux être avocat ? Laisse moi rire, t'es même pas foutu de feindre le moindre intérêt - t'as cru quoi là, que t'allais défendre que des Marie Madeleine et des curés qui n'ont jamais mis le doigt dans le cul d'un enfant ? Vas faire un petit cours d'acting, ça te servira. »

T'as tourné les feuilles vers lui et pointe le paragraphe qui décrit le client fictif que vous devrez vous coltiner. Un père qui veut la garde de son enfant, un père pas totalement blanc d’ailleurs. Toujours plus compliqué à défendre qu’une connasse de pleurnicheuse qui invoque sa sainte aura de mère pour toucher les bons sentiments de gens. Ton dos se renfonces dans le dossier de la chaise, et tu passes rapidement un index sur l’arrête de ton nez en l’observant. T’attends pas de réponse ; tes questions étaient rhétoriques.

« Tu finis à quelle heure, chez El Halito ? Si c’est pas trop tard, j’peux venir te chercher. J’connais une place, sur Amsterdam, un café qui ferme à 23h. On peut aller bosser là. »

Oui, tu insistes. Esteban ne devrait même pas s’en surprendre, s’il croit si bien avoir cerné le type qu’il pense que t’es. Sauf que t’es plus cauteleux, là. T’y met du tiens. Si tu peux pas le prendre de front, tu vas le prendre à revers. Qu’il fasse son chieur qui se défile, ça t’en tape une sans faire bouger l’autre ; t’es plus persistant qu’il est inaccessible, ça, t’aimes t’en convaincre.

Tu le regardes à nouveau par-dessus la lisière du thermos. Ça attend, sagement, presque. Mais il y a tout de même cette lueur piquante dans le fond de ta pupille qui lui fait comprendre qu’il a pas trop intérêt à tourner autour du pot, parce que si t’es du genre persistant, t’es pas nécessairement du genre patient.

@ Invité

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Ven 11 Oct - 14:15
James montre des signes d'agacement, son café manque de se retrouver sur le sol. Esteban voit bien qu'il l'emmerde et pour être tout à fait honnête, il s'en délecte un peu. Il sait qu'en soi, c'est lui accorder bien plus d'emprise qu'il n'en mérite à ses yeux, mais c'est une petite victoire qu'il s'autorise à savourer pleinement. S'il ne l'attaquera pas frontalement, cela ne veut pas dire qu'il doit lui donner ce qu'il veut ou se laisser intimider. Esteban l'a trop fait dans ses jeunes années, James ne peut pas être celui qui le renvoie à cette période difficile qu'il a mis derrière lui, même s'il semble avoir toutes les armes à disposition pour le faire. Avec le temps, il a bien compris les mécanismes et il ne s'agirait pas de retomber trop facilement dans de vieux travers en n'imposant aucune limite. Limites avec lesquelles James joue dangereusement, dans le but évident de les faire fléchir pour mieux les piétiner. La clé, c'est probablement de ne pas le laisser les violer sans aucune conscience et Esteban doit se concentrer sur cela.

Perdant son masque d'hypocrisie soudainement, James cède à la pression et disperse tout le venin qu'il retient depuis son arrivée en cours. Este hausse une épaule. L'agression ne le laisse pas indifférent, mais c'est ce qu'il doit prétendre s'il veut limiter l'effet cherché par son adversaire. D'une certaine manière, Esteban se prête lui aussi au jeu de la compétition, même si le terrain n'est pas exactement celui que James s'imagine. Il ne laissera pas gagner cette bataille, même s'il vont la livrer totalement différemment.

Leur vision du droit est différente, leurs modèles à l'opposé sans doute. Son père Nathaniel est un excellent avocat, qui célèbre ses victoires bien sur, mais qui ne s'est jamais mis en avant de quelque manière que ce soit. Ce qui fait sa force, c'est surtout sa capacité à placer la justice au dessus de tout, à ne jamais négliger l'humain derrière le cas, aussi complexes soient les affaires sur lesquelles il travaille sur le plan moral. Pour Este, le challenge sera sans doute de développer cette capacité à l'objectivité que son père possède et qu'il admire chez lui. Cette capacité aussi à comprendre aussi bien le criminel que la victime pour défendre plus justement. Pas pour sa gloire personnelle non, mais parce que chaque individu mérite d'être défendu, peu importe la gravité des crimes commis. L'humilité de Nate est ce qui lui permet de garder la tête sur les épaules et de plaider avec humanité. C'est ce qui a donné à Esteban l'envie de faire du droit plutôt que de continuer son chemin dans l'art.

- Je compte faire du droit de l'immigration pas du droit pénal. C'est moins bien payé, mais ça me correspond plus. Chacun son truc après tout. Il n'y a pas qu'un seul profil d'avocat fort heureusement, et ne le prend pas mal, mais pour en avoir un à la maison, j'ai surtout compris que j'allais devoir beaucoup travailler et que ma vie ne ressemblerait pas à la série Suits. T’énerves pas, je ferai ma part du boulot consciencieusement, sur google docs.

Este lui offre un sourire accompagné d'un rire amusé sensé désamorcer la remarque désobligeante qu'il vient de laisser subtilement passer dans son discours. Il y a fort à parier qu'il va le regretter très rapidement, mais cela valait le coup. Du moins il l'espère. Pour ce qui est d'El Halito, c'est la même chose. Techniquement l'association ferme à 21h, mais Jan reste bien plus longtemps, et un petit texto désespéré à son parrain et il aurait alors une excuse toute trouvée.

- On finit tard, il y a une veillée. C'est pour ça que je donne un coup de main. Mais t'en fait pas on a une semaine. On avancera bien plus vite en se partageant le travail et en mettant en commun ensuite. Je pense que ça sert à rien de blablater pendant trois heures avant d'avoir bien pris connaissance du cas et d'avoir fait quelques recherches au préalable ? T'as l'air d'être quelqu'un d'occupé et moi aussi donc on va pas perdre du temps inutilement.

Este se rend compte de l'ironie de son discours en sachant qu'il n'est absolument pas organisé en temps normal. Ce genre de choses c'est ce qu'il devrait faire et qu'il ne fait jamais, ce que son père lui conseille de faire et qu'il n'écoute que d'une oreille. Résultat ? Il passe alors sa nuit à travailler plutôt qu'à dormir car il doit rendre le travail le lendemain et qu'il a préféré sortir avec ses amis. Il fait quelques efforts pour les travaux de groupe, histoire de ne pas se faire détester, mais les gens qui le connaissent bien seraient sans doute amusés de son argument. Visiblement, il ne serait pas un si mauvais cliché d'avocat que cela.

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Mar 29 Oct - 18:52
Du droit de l'immigration ; tiens, t'es même pas surpris. Par habitude, tes sourcils se lèvent pour feindre l'intérêt. Et peut-être que ça t'intéresse, en vrai. Ça t'intéresse de savoir comment un mec talentueux foutra rien de son génie et ira le gaspiller dans une branche à la con pour faire quatre fois moins que ton salaire. Ça te fait chier - tu sais pas pourquoi. Ça te fait tellement chier que les autres se détendent pendant que toi tu bûches comme un forcené ; ça te donne l'impression que tu fais ça pour rien. Parce qu'il est là, le fond du problème : t'excelles pas pour prouver que t'es unique, non, t'as besoin des autres, t'en a besoin pour prouver que t'es le meilleur, le meilleur des meilleurs, pas le meilleur des ratés. Sinon tu serais pas venu ici, pour l'athlétisme, pour le Droit. Tu serais allé dans un petit établissement moins prestigieux pour te conforter dans l'idée que t'es au-dessus d'une masse déjà pas très éclatante pour commencer. Mais tu veux pas d'une victoire artificielle. De ces faux diplômes à la con qu'on donne même aux gosses à la seconde où ils ont arrêté de se curer le nez, bravo, t'as finis ton primaire, tu sais faire des multiplications, et quoi encore.

T'es pas énervé, t'as envie de lui dire. Pas pour les raisons qu'il croit. Mais ce serait chiant à expliquer, et surtout, t'as pas envie d'ouvrir ce cadenas là avec Esteban. Avec personne. Alors tu roules des épaules vers l'arrière, inspires brièvement, hôches de la tête en fermant les yeux quelques secondes.

Le petit rire factice du brun te chatouille derrière les paupières. C'est ça, il se sent trop frais, là. T'as un sourire fin qui vient se mouler sur le bas de ton visage quand il te refuse une fois de plus. Dur de dire si ça te fait marrer, ou si ça te pompe, et que tu tentes de le cacher. Les deux, probablement.

T'as l'air d'être quelqu'un d'occupé et moi aussi donc on va pas perdre du temps inutilement.

Ce serait de mentir que de dire que t'es pas un homme pragmatique, et que ça te plaît pas, ce même trait, chez les autres. Enfin, si ça te plaît pas, ça te conforte à n'en pas douter. T'es d'accord avec Esteban sur celle-là. T'as pas de temps pour lui et il est inutile. Ton sourire grandit. Il fait presque sincère, trempé dans la chaleur du café et la lumière jaune passant par la fenêtre.

T'abdiques avec légèreté. « OK, on fait comme ça. »

Tu sors ton portable de ton sac pour prendre les documents en photo et lui laisser les papiers.

« Je t’enverrai mon courriel pour le doc. »

Et t’es déjà en train de remballer tes trucs, d’attraper ton thermos, de te casser ; le prof vous envoie une oeillade silencieuse. T’es comme tous les autres, tu joues le jeu des apparences, mais pas aujourd'hui, pas ici, où la quasi-totalité de la classe va demeurer assise le cul sur la chaise pour avancer le travail en équipe, parce que même si c’est plus ou moins efficace, ça paraît bien aux yeux du prof. Tu choisis tes combats.

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