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bringing peace #esteban

@ Invité

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Mar 1 Oct - 9:38

the sun on my head is my crown

tu te fais beau, là, à l'attendre. tu te fais haut, tu te fais droit. t'as fini les cours une heure avant lui, alors tu l'attends. depuis quarante-cinq minutes, t'as enchaînées clopes sur clopes, comme si t'étais stressé, alors qu'en fait pas du tout. p't'être au fond, t'es un peu anxieux. votre dernière interaction date d'il y a quelques semaines, et depuis vous esquiviez mutuellement vos yeux. un à l'autre bout de la classe du cours de langue, vous qui aviez commencé l'année épaule contre épaule pour dire de la merde, vous moquer gentiment du prof et quand même travailler sérieusement.

un coup d’œil à ta montre : il est 18h50.
dans dix minutes il arrive, mais t'as l'impression de vivre les dernières minutes d'un condamné.
t'aimes pas attendre, attendre c'est une angoisse permanente pour toi. t'as pas peur, pourtant, mais tu crains de voir les choses arriver. ça te prend au corps sans que tu puisses vraiment l'expliquer.

tu jettes ta dernière clopes dans le cendrier à côté duquel tu t'es posté quand tu vois des élèves dévaler les marches de columbia en courant. pourtant, on est que mardi, tu t'dis. pas de quoi se réjouir. quand t'aperçois la silhouette d'Este, tu lui adresses un sourire, un hochement de tête pour inciter vos yeux à se rencontrer. premier regard sincère depuis longtemps.

ciao. tu le salues, sans le toucher. t'es pas du genre accolades, encore moins du genre bises, comme ta mère. tu préfères un minimum de distance. le brohug viendra à l'issue de votre conversation. 1020 bar, ça t'dit ?

y a pas à tortiller, tu veux ton ambrée.

@ Invité

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Mar 1 Oct - 10:14
Este quitte le cours sur les nerfs. L'ambiance est devenue lourde voire électrique depuis la rentrée. Lui qui pensait n'avoir à se préoccuper que de l'énorme charge de travail qui l'attendrait en droit a dû faire face à une problématique qu'il pensait enterrée depuis le secondaire. Issu d'un bachelor d'Histoire de l'art, il a dû composer avec une mentalité vraisemblablement différente de celle à laquelle il s'était habitué à l'université. Et s'il devrait accorder moins d'attention à ce James bien décidé à lui pourrir la vie, il met au défi quiconque se pense suffisamment mature pour garder son calme face à un tel individu, de passer trois heures enfermé dans une salle avec ce type, contraint par dessus le marché, à travailler en groupe avec l'incarnation de Satan, bien entendu.

Libéré, délivré, il souffle pour expier l'agacement. Il rejoint ensuite Livio dont il embrasse la joue rapidement et dans un geste d'affection qui lui semble alors tout à fait naturel. Este a eu une éducation différente de celle de la plupart de ses connaissances, aussi il ne pense pas toujours à prendre en compte l'idée que la masculinité de celles-ci puissent être menacée par ses élans d'affection.

- Tout me dit du moment qu'on se casse d'ici rapidement.

Esteban n'est pas certain de réussir à garder son calme s'il croise de nouveau le regard de James. Le supporter pendant trois heures fut suffisamment pénible pour qu'il s'abstienne simplement de prendre un tel risque.

@ Invité

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Mar 1 Oct - 15:58
ta tête est légèrement secouée par les lèvres qui se posent sur ta joue, puis habillée du sourire qui remonte tes pommettes. t'es pas du genre très démonstratif, en règle générale. l'affection que tu portes à une personne se traduit autrement, de façon plus calme - aller boire un verre avec, par exemple. proposer un tête à tête, c'est montrer que tu la considères plus que les autres. mais tu reçois cette démonstration sans honte, ni crainte. sans la rejeter. y répondre simplement par un sourire.

t'as l'étrange sensation que rien n'a changé entre vous, malgré ce qu'il s'est passé, et ça te rassure un peu, quelque part.

ouh. dure journée ? tu te mets en route. y a pas de temps à perdre, alors.

vous ne tardez pas à arrivez au bar. il vous a fallut descendre toute l'amsterdam avenue, passer devant des groupes d'élèves en pleine conversation, survivre à la faune locale pendant près de sept minutes durant lesquelles vous avez vu l'enseigne du bar se rapprocher, encore, et encore. pénible périple s'il en est - néanmoins, quand vous arrivez à bon port. comme à ton habitude, tu envoies ton binôme chercher une table en lui demandant ce qu'il veut boire, et tu te ramènes avec deux boissons dans les mains. pour toi, sempiternelle ambrée. ce mois-ci, c'est une anglaise.

vous trinquez, puis tu ne tiens plus. après la première gorgée de courage liquide, tu inspires profondément.

o.k., vous êtes pas là pour compter les lentilles, et tu te dois de le lui rappeler. cette fois, je l'fais pour de bon : excuse-moi, pour la dernière fois. j'aurais du venir te demander ce qu'il y avait au lieu de m'emporter comme ça. ça ne te ressemble pas, de faire ça. le problème, c'est que demain, tu diras sûrement que ça te ressemble, sans pour autant revenir sur tes mots. tu te sens terriblement instable, ces derniers temps. pour accompagner ta voix, tes mains se sont croisées sur la table, derrière ton verre, et tes yeux ont cherché les siens. et j'aurais pas du autant manquer de compréhension, ou d'empathie. j'ai juste paniqué, parce que j'avais peur que... tu déglutis, regarde autour, s'il n'y a pas quelqu'un que tu connais de l'université. c'est un bar étudiant, après tout, tu ne voudrais pas que ça se sèche. j'avais peur que t'ébruites, à mon sujet.

tu avoues, à demi-mots, d'avoir été virulent pour des raisons égoïstes. et en même temps, tu en profites pour lui glisser ta théorie selon laquelle c'est une pie à la langue pendue en laquelle tu ne peux avoir confiance.

tu te mords la lèvre, reprend une gorgée de bière.

donc... désolé.

tu vois pas comment conclure autrement qu'avec ton regard sincère qui cherche le pardon du sien, et le petit sourire désolé que tu affiches.

@ Invité

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Mar 1 Oct - 16:47
Dure journée oui, et cela ne risque pas d'aller en s'arrangeant. Quand les gens décident de vous harceler ce n'est que rarement pour l'espace d'une journée, c'est bien connu. Le pire dans tout cela, c'est qu'il ne peut pas simplement se contenter de l'ignorer. Ce serait bien trop facile si c'était le cas. Esteban en veut beaucoup à Bloom de lui imposer sa présence pour des motifs vagues. Le bouclé n'est pas à l'aise, et il a vraiment besoin que sa meilleure amie s'en rende compte, car il cessera tout simplement de l'accompagner aux soirées s'il doit subir James pendant celles-ci.

- Un mec a décidé de me faire chier en cours. Tu l'adorerais. Raciste et homophobe, se prend pour le nombril du monde...

Les mots échappent ses lèvres plus acides que jamais. Este n'a jamais autant exécré quelqu'un. Si Livio a facilement taxé Este d'homophobe, que dirait t-il d'un type pareil, qui clairement rejette sa propre frustration sur les autres ? Il secoue la tête et décide de commencer sa marche, navigant entre les étudiants plantés au milieu du chemin qui discutent tranquillement. Les quelques minutes de silence sont salvatrices et Esteban profite de ce moment de calme pour se vider la tête. Tout ira définitivement mieux lorsqu'il sera en dehors de ce bâtiment.

Lorsqu'ils arrivent à destination, Este part en quête d'une table. Son anniversaire n'est que dans quelques jours et il préfère s'éviter un refus qui n'arrangerait rien à son humeur maussade. En attendant le retour de son camarade, il prépare donc la monnaie pour le rembourser et poste quelques stories instagram. Quand Livio revient, une discussion sérieuse semble vouloir s'imposer cela dit. Esteban hoche alors la tête, l'écoutant jusqu'au bout même s'il lui pardonnerait n'importe quoi pourvu qu'ils puisse revenir à quelque chose de bien plus positif.

- C'est rien, Livio, t'es pas le premier à penser que je ne suis qu'un sale bourge qui passe sa vie sur instagram, je m'en remettrais. Léger rire, on peut noter tout de même une certaine frustration dans sa voix. Je ferais jamais un truc pareil cela dit, mon père s'est fait outer comme ça quand il était plus jeune, mon grand-père a failli le mettre dehors quand il l'a su alors … C'est pas moi qui ferait ça.

@ Invité

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Mar 1 Oct - 21:44
j't'ai mal jugé.
tu reconnais, sans même un tressautement dans la voix. tu n'as pas peur de l'admettre : toi-même, on te juge souvent mal. et bien que tu n'en aies pas grand-chose à faire, tu aimerais parfois que certaines personnes revoient leur avis, juste pour regarder autre chose que leur nombril. à commencer par le corps médical et ses sévisses, par exemple.

tu déglutis, cependant, en constatant qu'il dit pas de conneries sur la véracité de son ascendance. toi qui es né d'un couple hétérosexuel et normatif, tu ne peux t'empêcher de penser tout de suite "wow, il a été adopté", avec l'idée préconçue que ce n'est pas vraiment ses parents. et cette pensée, tu la chasses d'un beau coup de pied, et elle ira s'écraser bien loin de ta psyché. t'es concerné, connard, t'as pas le droit de penser ces trucs-là. en regardant este, t'as pas le droit de te dire que c'est un gamin adopté, et qu'il est moins légitime que toi d'aimer ses parents, et d'en être aimé en retour. toi aussi, un jour, tu seras marié, et t'auras des gamins. c'est ce que tu te souhaites, et tu supporterais pas d'entendre qu'ils sont pas tes vrais gamins. ou que c'est des connards d'homophobes. de biphobes. ou toutes les choses que t'as pu dire à esteban.

tu lui souris, sincèrement. voilà, comme ça. ça, c'est bien. cette petite montée de chaleur qui vient directement du cœur, comme un soulagement. tu regardes dans ta bière, avec ces lèvres étirées, comme timide.

cool. merci. tu sais pas encore si tu peux lui faire confiance, mais t'as envie d'y croire. tu te dis que c'est chouette, qu'il y ait quelqu'un au courant à l'université. du moment qu'il est au courant que de ça, et de rien d'autre. ni de ta séropositivité, ni que tu trompes ton mec, ni ce que tu oses qualifier de "job". mes parents le savent. et mes frères aussi. tu remontes tes yeux vers lui, te garde de parler de teddy, le premier à qui tu l'as dit quand vous étiez tout petits. toute façon, tu doutes qu'il sache qui c'est. mon plus grand frère sait pas trop comment le prendre. mais c'est un bourrin, alors j'm'en fous. tu hausses les épaules. je crois que ce monde a encore besoin d'une bonne décennie d'évolution avant que ça ne soit pas un problème de le dire tout haut. j'aimerais éviter que ça entache ma carrière.

les agences et sociétés de productions n'aiment pas des masses mettre des hommes qui aiment d'autres hommes en avant, à moins que ça soient des bêtes de muscles et de charisme. pour le charisme, tu te défends, pour les muscles, faudrait repasser, ou alors vraiment t'y mettre. et t'as pas les moyens d'aller à la salle. déjà que tu coures, faut pas abuser.

et tu ranges ça.

d'un hochement de tête, tu désignes la monnaie sur la table. hors de question qu'il te rembourse. s'il veut le faire, il a qu'à payer sa tournée. toi, tu plonges ton nez dans ta bière, lançant un clin d’œil, comme une étincelle, à ton camarade.

@ Invité

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Mar 1 Oct - 22:29
Esteban hausse une épaule, comme précisé un peu plus tôt, il n'est pas le premier à le faire et ne sera sans doute pas le dernier. Pour faire dans les clichés de gamins incompris, Esteban a surtout l'impression que peu de gens cherchent véritablement à le connaître. Comme si ça n'avait pas d'intérêt, comme si sa passion criminelle pour instagram était une excuse suffisante pour le mettre dans une case et l'y abandonner là comme un chiot dont on ne veut pas. Instagram est une conséquence plus qu'une cause. Este a besoin d'exister d'être visible et écouté, ce qui n'est pas toujours le cas chez lui malgré des parents qui se donnent du mal pour lui offrir une vie heureuse. Jan le comprend lui, voit autre chose, mais il fait clairement parti d'un groupe très limité de personnes. Son image est la seule chose qu'Esteban a l'impression de contrôler un tant soit peu. Oh il n'est pas dupe sur ce que pensent ses nombreux followers, mais c'est ce qu'il a trouvé de mieux pour se sentir important aux yeux des autres. Triste peut-être mais pas moins une réalité. Sur insta, il n'a pas besoin de choisir entre ses racines et ses amis. Il est ce qu'il a envie d'être à travers quelques jolis filtres.

- C'est pas grave, n'en parlons plus

A quoi cela servirait de toute façon. Este ne changera pas. Il ne deviendra pas un gamin des rues à l'histoire personnelle rythmée par les rebondissements et le drame. Il ne sera pas non plus ce gamin né avec une cuiller en or dans la bouche qui peut s'offrir le luxe de ne penser qu'à son argent et à la prochaine soirée. Non. Este sera toujours ce gamin adopté par une famille parfaite qui devra vivre avec toujours dans un coin de sa tête l'idée de ne pas être suffisamment reconnaissant envers sa famille.

- Mon père n'est pas à plaindre niveau carrière. Je pense pas que ça l’entacherait. Je suis peut-être trop naïf, mais je pense que tu peux réussir en étant qui tu es ? Avoir deux parents homosexuels c'est difficile à cacher de toute façon, je n'ai pas trop le choix pour ma part. Et puis des discriminations à l'emploi il y en a des tonnes. Les gens en surpoids, les étrangers, je ne te parle même pas des femmes qui sont payées moins, il y aura toujours quelque chose à redire sur tout le monde Livio.

Sans doute facile à dire de sa part, mais dans le fond, tous deux ont des familles qui ont les moyens. Ils ne sont probablement pas de ceux qui souffriront le plus de leur diversité. Sortir diplômé de Colombia fait déjà une énorme différence. Il peut voir la différence de salaire entre ses parents.

- Okay je payerai ma tournée, mais seulement deux verres, car ensuite j'ai promis d'aller aider mon parrain à El Halito. Tu peux venir si tu veux et après on pourra terminer la soirée chez moi. Je commanderai un truc ?

@ Invité

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Mer 2 Oct - 7:33
il est gentil, de vouloir te rassurer, tout t'aider à te faire une raison du moins. de la part de n'importe quel mec en droit, ça t'aurait étonné, de sa part à lui, ça te semble logique. t'étires un sourire presque moqueur quand ton regard fuit ailleurs. c'est pas quelque chose sur laquelle tu voulais t'attarder, encore moins recevoir de conseils. il est pas en management, il n'a pas envie de faire carrière auprès d'idoles capricieuses et d'agences strictes. comme d'habitude, tu rejettes l'aide, tu tournes la tête, y répond par un sourire prétentieux, comme si tu savais mieux que tout le monde ce qui t'attendait au bout du chemin. c'est en partie une vérité, malgré tout, et c'est ça qui t'autorise d'occulter le reste.

je préfère quand même être bien installé avant de risquer quoi que ce soit. tu déclares, en redressant ton regard vers lui. le sourire a fané, pour ne pas t'empêtrer dans une attitude que tu pourrais regretter.

tu es jeune. tu es un homme. tu es blanc. tu es cis, beau - t'imagines -, avec un minimum d'esprit, suffisamment pour être manager. t'es impliqué, t'es politique, mais quand il s'agit de boulot tu fais pas de vagues. tu vas sortir diplômé de columbia. t'as tout pour réussir, pour être discriminé nulle part. même si esteban a raison, tu préfères mettre toutes tes chances de ton côté. puis ta vie privée ne regarde que toi, de toute façon. déjà à l'université, tu tentes de la protéger, tu sais que tu redoubleras d'efforts une fois sur le marché.

une gorgée de bière apaise tes pensées. tu hausses les épaules à la déclaration d'esteban. il te propose de venir aider son parrain - tu te demandes qui ça peut bien être -, et ça te fait considérer l'idée en une moue grimaçante. tu ne sais pas, tu ferais peut-être mieux de pas foutre les pieds à el halito avec ce garçon. t'es connu là-bas pour être un peu le porte-parole d'act up, et t'aimerais éviter qu'esteban apprenne tout de suite un peu trop de choses sur ta vie en dehors de l'université. selon toi, il en sait déjà trop. même si, clairement, une occasion de revoir alejandro te ferait on-ne-peut-plus plaisir.

j'ai des trucs à faire pour l'univ'. tu montres un air un peu désolé. par contre, si t'habites pas trop loin, j'suis chaud pour te rejoindre chez toi dés que j'ai fini.

tu t'imagines qu'il ne prend pas le ferry tous les matins pour aller en cours, et l'option la plus maline te semble le quartier étudiant du queens. pourquoi pas accepter de le voir un peu plus ce soir ; il n'est pas tard, et si t'as bien réfléchi, t'auras le temps de t'avancer sur tes devoirs quand il reviendra du bronx. ta façon de tout calculer te fait la même sensation que de devoir préparer un pilulier de treize cachets différents.

je peux ramener de quoi boire, et p't'être des jeux. jeux vidéo, bien entendu. tu hausses les épaules. puis si t'es trop loin, on a qu'à faire ça chez moi.

même si ton quartier reste loin de l'université, vous galérerez sûrement moins avec le métro qu'en partant de son île.

@ Invité

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Mer 2 Oct - 11:49
- Je comprends

Este n'irait pas le contredire là-dessus. Il sait pertinemment que ces choses là sont compliquées, même s'il n'en a pas forcément fait l'expérience encore. Oh il a déjà pris quelques remarques racistes ici et là, s'est déjà fait insulter de fils d'homo en des termes beaucoup moins appropriés, mais cela n'a jamais impacté ses études ou ses candidatures en quoi que ce soit. La vie professionnelle est une tout autre chose et chacun doit aller à son rythme. S'assumer n'est pas si facile et Esteban en sait quelque chose, même s'il a le problème inverse de Livio. Seulement au bout d'un moment il s'agira d'une question de survie plus que d'un choix à faire. Fake it toute sa vie n'est pas vraiment possible et ceux qui s'y sont risqués se sont fait plus de mal eux-même que les autres auraient pu leur en faire. Il ne souhaite ça à personne et surtout pas à Livio, pour qui il a de l'affection, même s'il panique souvent en lui envoyant des textos, ne sachant trop s'il doit entrer dans son jeu ou en sortir au plus vite. Il y a quelque chose chez lui qui l'attire et une petite voix dans sa tête qui lui murmure pourtant de fuir.

Este boit aussi une gorgée de sa bière et hausse une épaule. Il ira voir Jan seul, ce n'est pas un problème.

- Pas de problème, j'ai juste promis à Jan de passer l'aider et j'ai pas envie de le laisser tomber. Ce serait pas cool, avec tout ce qu'il a fait pour moi dernièrement.

Esteban passe de plus en plus de temps à l'association qui lui semble alors un bon compromis entre ses racines et sa vie d'étudiant. L'engagement de son parrain lui paraît plus accessible que celui de son propre père et quelque part Jan a autorisé la démarche à venir de lui-même. Aider à El Halito le réconcilie avec une partie de son identité qu'il a finalement longtemps laissée de côté parce qu'il ne sentait pas légitime à la revendiquer.

- J'habite dans le Queens, plus à Staten Island, c'est mon cousin Mat qui squatte ma chambre là bas en ce moment. On peut se rejoindre chez moi quand j'ai fini. Je t'enverrais un message ?

@ Invité

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Mer 2 Oct - 18:21
t'as cette espèce de sursaut, comme si t'avais crevé un pneu sur la route. papillonne des cils, plisse les yeux. t'es pas sûr de bien avoir entendu, avec son accent - et en même temps, t'as aucun doute possible. y a qu'un seul alejandro à el halito qui mérite d'être aidé, et... tu le connais, bien évidemment. un bon ami, oui. c'est pas tant lui le problème que ce que tu fais avec. non, enfin, ce que tu fais pour lui. tes journées de prévention, là, avec ton asso. t'y as jamais vu esteban, et tu t'imagines plus que chanceux qu'il n'ait jamais vu ta tronche là-bas. t'aimerais éviter que ton secret s'ébruite plus que de raison.

à act-up, y a une espèce de loi comme quoi "quand t'es dans l'asso, t'es séropo", même si tu l'es pas. par soutien, et crédibilité de combat. dans le fond ça te donne toujours une excuse contre les questions susceptibles d'êtres trop personnelles ; mais là, t'as pas franchement envie qu'esteban en apprenne plus que ça sur ta vie privée. il reste encore un étudiant dans presque la même promo que toi, et t'es le mieux placé pour savoir qu'une gaffe est vite arrivée.

d'un autre côté, ça te ferait immensément plaisir de revoir jan. au pire, sur la route, tu lui envoies un message en lui disant de se la fermer à ton sujet, et tu fais sonner son téléphone pour être sûr qu'il le remarque.

jan ? genre, alejandro estrella ? mais en fait, tu réalises. c'est ton parrain ?

t'as haussé très fort les sourcils, puis d'un coup tu crèves un deuxième pneu. merde, non, attends, mat ? tu connais qu'un seul mat qui partage son nom avec esteban, et si c'est celui auquel tu penses, va vraiment falloir que ce jeune homme ferme sa gueule. vu comme il est enclin à parler de sa famille à un pote de fac, t'imagines même pas ce qu'il peut dire à sa famille au sujet d'un pote de fac. t'aimes pas ça, vraiment pas.

tu bois une grosse gorgée de bière. l'idée qu'esteban puisse dire à jan que t'es étudiant te fous les tripes en vrac. merde, comme si t'avais besoin de ça. tu gardes ton calme, cependant. rien n'est joué. tu peux encore sauver ta peau, este est peut-être pas une telle pipelette. peut-être pas.

o.k., bah on fait ça. cool. tu m'envoies un sms quand tu pars de là-bas, puis le temps que tu rentres chez toi, tout ça...

tu vas noyer ta dernière phrase dans ton verre de bière. t'as une sacrée descente, mine de rien. même pas peur. le goût caramélisé et sirupeux de l'ambrée t'apaise, tu passes ta langue sur ta lèvre du haut pour en récupérer les dernières effluves avant de reposer le verre.

et tu vis en colocation ?

on sait jamais, tu pourrais avoir encore une bonne surprise.

@ Invité

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Mer 2 Oct - 22:30
- Oui même si personne ne l'appelle Alejandro Estrella... à part son banquier peut être !

Este rit de bon cœur. Tout le monde connaît son parrain visiblement. Une célébrité dans le Bronx sans doute. Il faut dire qu'il se démène tant pour son association qu'il est bien normal qu'il en retire une petite célébrité après tout. Peu de gens dédient autant leur temps aux autres que son parrain. Quoi que beaucoup de gens semblent le faire dans son entourage en réalité. Un trait de famille , du moins du côté mexicain, on ne peut pas dire que Mat se démène pour changer le monde par exemple. Et que dire de son oncle Theodore...

- Tu le connais ?

Este ne cache pas sa surprise. Il était loin de s'imaginer qu'un camarade de classe puisse connaître Jan en réalité. Peut-être que Livio connaît l'association. Ce ne serait pas étonnant après tout, le brun a l'air plutôt engagé. C'est ce que son pamphlet sur la biphobie lui a laissé penser en tout cas. Peut-être que Livio a déjà fait partie des bénévoles ? Este ne l'a pas croisé, mais il faut dire que la plupart du temps il doit surtout aider ses grands-parents avec le restaurant. Este boit une gorgée de sa bière et pianote tranquillement sur son téléphone qui vient de vibrer.

- Oui, ce ne sera pas très long de toute façon, on commandera des pizzas, je t'invite !

Les commentaires sur son profil instagram lui redonnent le sourire. De nouveau de bonne humeur, il range donc son téléphone dans la proche de sa veste en Jean et reporte toute son attention sur Livio (et sa bière).

- Pour l'instant une seule, mais Reagan reste souvent dans sa chambre. Je suis même pas sûre qu'elle soit là ce soir. Et toi t'as des colocataires ?


@ Invité

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Ven 4 Oct - 11:33
tu rigoles, un peu. surtout jaune, mais de là où il est, esteban ne doit pas le voir. ahah, ouais ouais, son banquier. toi, quand tu l'as rencontré, jan, tu l'appelais "monsieur".

un peu.

aucun détail nécessaire. tu le connais un peu. c'est vrai, après tout. pas besoin d'en dire plus. jan c'est un peu une légende dans le milieu militant, et vu le procès que t'as fait à este y a quelques temps, il doit se douter que t'es pas du genre à rester bien au chaud chez toi quand y a des hurlements de foule dans la rue. puis, en tant qu'homme gay, t'es même un peu obligé de te battre, d'une façon ou d'une autre. ça aussi, tu te doutes qu'este l'a deviné : dans le milieu professionnel, t'évites de t'étaler, dans ta vie privée, y a pas de problème.

vous êtes trop bon, sir gardner.

ton sourire s'est étiré quand t'as posé ton menton dans ta main, la tête tendue vers esteban. il te parle de sa coloc - que, par chance, tu ne connais pas -, et t'en profites pour chasser de ton esprit les histoires de latinos bienveillant, de manifestation, et les erreurs qui t'as pu commettre. il te reste quand même quelque chose sur la conscience, et quand tu te surprends à parcourir le visage d'esteban des yeux, ça te fait l'effet d'une gifle qui décroche ton sourire, accessoire de théâtre mal pendu qui s'écrase sur la scène. tu seras jamais tranquille avec ta conscience, bordel.

coloc fantôme, j'connais. tu ris d'un souffle nasal, pour la forme, en guise de ponctuation. ouais, j'en ai un.

t'as déglutit, boit dans ta bière. comme d'hab', pas de détails. mais là, c'est parce la gifle de tout à l'heure te picote encore l'esprit. tu te fais soudain silencieux, regarde ailleurs, observe les gens sur une table, là-bas. ils discutent, ont l'air ami. tu prends une inspiration avant de virer tes yeux sur este. faut que tu lui dises.

désolé, j'y reviens. tu ne sais pas si tu t'excuses pour lui, ou pour toi. mais je veux que tu saches que j'ai jamais voulu te faire croire à quelque chose. le formuler serre ta gorge, alourdit les battements de ton cœur. t'as le regard fuyant, mais t'essayes d'être honnête. je cherche rien. et j'aimerais qu'on en reste là. pas là, . mais qu'il se passe plus rien entre vous. t'es un bon pote, ça me ferait chier de gâcher ça. votre temps mort t'en a fait prendre conscience. l'espèce d'aura glaciale entre vous t'a suffisamment ébranlé pour que tu reviennes à la charge t'excuser. tu t'en fous, en général, d'avoir de mauvais rapports avec autrui, et t'as pas besoin des autres - c'est ce que tu te fais croire -, mais pour une fois que tu peux avoir un allier dans un environnement hostile... t'as l'impression d'en avoir besoin. et peut-être qu'este a accepté, parce que lui aussi en a besoin. c'est ce que tu te dis. c'est ce que t'espères.

ton sourire n'est pas revenu. en fait, t'as l'air carrément inquiet. coupable. avec le recul, tu te diras qu'este a abusé, et qu'il est juste pataud avec les relations humaines. mais tu penseras, dans la foulée, que t'es mal placé pour parler.

@ Invité

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Sam 5 Oct - 14:23
Este oublie bien vite son parrain et change de sujet. Après tout, il ignore complètement que 90% de se connaissances aimeraient bien s'envoyer en l'air avec lui ou le font déjà. That would be weird. Peu loquace sur le sujet, Livio ne l'invite pas non plus à poursuivre en enchaînant plutôt sur leur colocs respectifs. Esteban avait espéré une une coloc sympathique avec des tours de vaisselle et des soirées xbox et Netflix. Force avait été d'admettre qu'il n'avait pas trouvé son bonheur dans sa coloc actuelle. Aussi, il envisage aujourd'hui sérieusement de se rapprocher du campus, prendre un petit studio où il pourra étaler son bordel sans avoir à forcément ranger derrière lui dans l'immédiat. Avec les toiles et la peinture cela risque d'être compliqué, mais ce sera sans doute mieux comme ça.

- Il est sympa ?

Question posée sur le ton de la conversation, vite éclipsée par le nouveau sujet abordé par Livio. Sujet qui a le mérite de prendre Esteban au dépourvu par ailleurs. Lorsque Livio précise qu'il ne souhaite pas que les choses aillent plus loin, Este se demande sincèrement s'il n'est pas tout simplement en train de se foutre de sa gueule. Après la crise qu'il lui a fait pour avoir pris plus de deux jours à répondre à un texto hautement ambigu, Este s'est naturellement mis en tête que Livio avait envie de le fréquenter ? Visiblement c'est surtout la friendzone qui intéresse Livio. Este réprime un commentaire désobligeant, et se dit qu'en toute honnêteté ce n'est peut-être pas si mal.

- Okay, va pour la friendzone. Je pensais que t'étais intéressé en réalité, donc c'est toujours bon à savoir. Ça m'évitera de paniquer devant tes textos à l' avenir.

Il ne s'étendra pas plus, ne lui dira pas qu'il lui a clairement fait espérer autre chose, qu'il envoie des signaux eux aussi vraiment contradictoires. Livio n'a pas l'air de savoir ce qu'il veut, et s'il a accusé Este de cela, le bouclé lui sait au moins très bien ce qu'il ne veut pas. Se faire des films et finir par en souffrir après s'être attaché beaucoup trop facilement à une personne qui se fiche de tout ça. Livio est le premier homme avec qui il entretient une relation ambiguë, autant dire que les risques sont énormes pour le petit cœur fragile du fils Gardner. Même s'il est un peu déçu de voir leur flirt s'arrêter là, il arrive à relativiser. Ils seront bien mieux amis après tout. La conversation laisse un blanc cela dit, et Este en profite pour terminer sa bière.

@ Invité

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Lun 7 Oct - 13:05
à son commentaire, tu te pinces les lèvres. ton regard fuit légèrement vers une meuf qui remue les bras dans le fond du bar, visiblement pour mimer quelque chose. une excuse, pour ne pas avoir à affronter les yeux d'esteban et la lueur déçue qui brille dedans. "va pour la friendzone", bah ouais. tu captes ce qu'il veut te dire à demi-mots. selon ses dires, tu lui as clairement fait espérer autre chose. alors tes yeux vires à bâbord vers lui, et tu clignes lentement des paupières. t'as pas cette impression. même si vous n'avez pas été clairs dés le début, tu l'as été lors de votre petit règlement de comptes. y a un blanc, tu plonges le nez dans ta bière.

un haussement d'épaules et une inspiration suffisent à relancer ton envie de papoter. vous n'êtes pas proches, esteban et toi. loin de là. à peine potes, si tu oses dire. de bonnes connaissances. et t'as beau pas être du genre à sortir les violons, tu ne peux t'empêcher d'exprimer la pensée qui traverse ton esprit.

ça me fait rire de me dire que t'as paniqué. t'as dit ça avec un sourire des plus doux, et chaleureux. c'est vrai, t'étais un peu pareil quand t'as commencé à fréquenter des garçons. tu repenses à mat, à comment tu répondais à ses messages sur msn en panique, le cœur battant, alors que dans la cour de récré, t'étais vraiment le mec le plus assuré du monde. comme quoi, este et toi n'êtes pas si différents sur bien des aspects. je me moque pas, hein, pas du tout. j'étais pareil au début. une main dans ta chevelure, t'étires un sourire. c'est juste que je me dis... enfin... on aurait pu s'éviter ça si on avait discuté tout de suite.

tu n'as pas envie de l'accabler de ne pas avoir répondu à tes messages. être perdu arrive, et même si tu penses qu'il aurait pu simplement te l'expliquer, tu comprends aussi que ça soit dur, surtout auprès d'un garçon comme toi. du genre sanguin, très détaché, assez pro-actif dés qu'il s'agit d'une relation charnelle. ça peut faire peur aux hommes les moins expérimentés. t'imaginais pas qu'esteban soient de ceux-là, avec son profil instagram. mais, comme quoi, c'est ceux qui en font le plus qui gèrent le moins.

t'as pas perdu ton sourire bienveillant.

en vrai, je vais me permettre un conseil : panique pas. et exprime-toi. au pire, tu tombes sur quelqu'un qu'est un peu con ou malveillant, et tu le sauras tout de suite. tu pourras couper court aux choses. une gorgée de bière te coule dans la gorge. et au mieux... ça sera quelqu'un de compréhensif, et tu sauras aussi que tu peux lui faire confiance.

de ta part, c'est abominable de dire ça. parce que t'es un menteur, un traître, un sang chaud. tu te considère aucunement comme la deuxième option que t'as décrite à esteban, malgré ce que les gens en disent. y a qu'à voir la crise que tu lui as tapée par ego. ça te tord le bide de lui dire ça, et surtout de penser que t'es pas de ce genre-là, mais plutôt de la première catégorie.

'toute façon, les mecs c'est pas compliqué, hein. c'est toujours chaud pour baiser.

t'as haussé les sourcils avec une petite moue amusée, un regard félin. tu sais de quoi tu parles. tu ne résistes toi-même pas aux hommes, autant qu'eux ne résistent pas à tes charmes. t'adoptes pas de pensées narcissique, tu sais juste que t'as de la chance de ce côté-là. c'est peut-être ton côté assuré et volontaire qui fait cet effet, tu sais pas.

@ Invité

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Jeu 10 Oct - 13:11
Le blanc ne dure pas, et Livio enchaîne en riant gentiment d'Esteban. Este hausse une épaule, même si cette conversation l'agace un peu pour être honnête. Le bouclé aurait bien aimé ne pas être confiné dans la friendzone ou traité comme un enfant qui tarde encore à goûter aux plaisirs de la vie, mais visiblement c'est trop demander. En ce qui le concerne, il a surtout l'impression que Livio ne le prend pas au sérieux et la sensation n'est pas très agréable à vrai dire. Après quelques semaines de flirt, et une confrontation un peu musclée, le voilà qui le regarde avec cette tendresse infantilisante qu'il peut lire désormais à travers ses yeux. Il préférait honnêtement être regardé différemment.

De manière assez logique, tout cela frustre bien évidemment Esteban qui est ainsi sans cesse renvoyé à son image de gamin qu'il faudrait protéger at all costs. Fait tout de même assez ironique, puisque de son entourage, il a au contraire l'impression d'avoir une vision bien plus mature des relations amoureuses en général. Lui et Livio ne sont clairement pas sur la même longueur d'ondes, et il serait visiblement sage de tout simplement abandonner, acquiescer même s'il n'est pas d'accord, accepter l'étiquette qu'on veut bien lui coller puisqu'il n'a vraisemblablement pas son mot à dire.

Quand Livio lui explique qu'il était comme lui avant et qu'il lui sert donc par extension son petit monologue de grand sage qui est passé par là avant, Esteban ne peut pas s'empêcher de se dire que le grand maître, en dépit de son indiscutable sagesse, n'a pas été foutu d'aller au bout de sa formation non plus.

- Sans doute, mais en général quand tu flirtes avec un mec dans un bar et par texto, tu viens pas forcément rapidement à la conclusion qu'il est pas intéressé ?

Il avait voulu retenir le commentaire, mais l'expérience fut vaine. Este préfère changer de sujet. Il n'a pas envie de s'entendre dire que son manque d'expérience et son idéalisme est la raison derrière ce change of heart de la part de Livio. Parce qu'il est clair qu'il a changé d'avis entre la dernière fois et aujourd'hui. Le bouclé n'a pas passé une bonne journée, et il est sans doute mieux de profiter de sa bière plutôt que d'énumérer tout ce qu'il n'est pas assez ou ce qu'il est trop pour les gens. Il faut qu'il se rende à l'évidence, Livio ne sait pas ce qu'il veut, témoigne d'une humeur plutôt instable et en dépit de l'attraction qu'il ressent pour lui, il est parfois prudent de se fier à son instinct. Et son instinct lui dicte qu'il est plus raisonnable d'être amis.

Sa dernière phrase le lui confirme d'ailleurs. Le grand sage a une vision bien unilatérale des choses. Et pour être honnête, cela lui a coupé toute envie de baiser à Esteban, justement.

- M'enfin je note, O Grand Master Jensen. Même si tu te contredis un peu dans les faits, car t'as clairement plus envie de baiser avec moi.

Este s'autorise un rire moqueur qu'on pourrait trouver un poil amer. Mais maintenant qu'il est lancé et encouragé à le faire. Autant dire ce qu'il pense, par l'humour ou non.

- Je veux bien payer ma tournée, mais prend ma carte, ça devrait marcher en sans contact, j'ai pas encore l'âge de commander de l'alcool, ironiquement.

@ Invité

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Mar 29 Oct - 10:49
t'hésites entre un sourire, lever les yeux au ciel, et te barrer. ton impulsivité plus que légendaire - à ce stade - t'as toujours valu le titre de "gros con" aux yeux d'un bon nombre de personnes. et là, sans doute est-ce parce que tu as également gagné ce charmant sobriquet auprès d'esteban, t'as bien envie de te barrer en le laissant sur place. mais tu le fais pas. tu le fais pas, parce que tu sais que c'est toi qui est à côté de la plaque, là. encore, toujours. t'es mal interprété, tu le sais, t'es mal compris, tu le sais, tu t'exprimes mal, tu le sais. ce qu'il dit, c'est pas là où tu veux en venir. ce à quoi il s'accroche, c'est pas ce que tu voulais dire. son amertume fait tressauter ton sourcil droit que tu forces à rester sage, pour ne pas te laisser emporter par cette vague de sarcasme salé qui t'arrives en pleine gueule. tu la fermes.

finalement, tu souris, hausse les sourcils quand ton regard fuit. tant pis. tu ne vas pas justifier, débattre encore trente ans, sur la nature profonde de tes intentions. tu ne vas pas essayer de le rallier à ta cause, essayer de lui prouver que ta généralité fonctionne - ça va t'embourber un peu plus dans ta merde. "ah bah si, en fait, j'ai carrément envie d'te baiser, mais j'ai un mec tu vois, et déjà que j'vends mon cul sans lui en parler, c'est chaud si en plus je m'tapes d'autres gars dans son dos", avec un rire cristallin à la fin, pour couronner le tout. il serait peut-être temps de te trouver une conscience.
t'as autant envie de lui donner tort que lui donner raison.

super ambiance.

triste jeunesse.

t'as récupéré entre tes doigts la carte qu'il te tendait, l'a frappée de la tranche sur le bois de la table, puis t'es levé dans la foulée. t'as perdue ta belle gueule, ton beau sourire, au moment où t'as offert ton dos à esteban. t'hésites à lui dire que, finalement, t'iras pas chez lui. t'hésites à te défiler, puis juste commander ta bière et te barrer dans la foulée. t'étais venu pour t'expliquer avec lui : c'est fait. pourquoi est-ce que tu resterais.
parce que t'as envie que vous soyez potes.

pourquoi tu veux être pote avec lui.
t'en sais rien. surtout que c'est le filleul d'alejandro. ça pue la merde, cette histoire.
t'as pas envie qu'il sache. t'as pas envie d'avoir ces regards que t'as depuis trois ans. tu les connais déjà par cœur. t'as pas envie de griller tes chances avec lui - mais t'as un mec, putain. tu sens ton organe vital se serrer, le son du bar est trop fort, la foule est trop. trop, y a trop.

t'as les yeux humides quand t'arrives au comptoir. c'est l'alcool, c'est forcément l'alcool. putain, tu cherches tes clopes, tu les as pas sur toi. tu payes, indique la table, reviens, pose la carte devant esteban. t'attrapes ta veste à la volée, faut que tu sortes d'ici.

j'vais fumer. t'arrives pas à lui dire que tu reviens ; tu sors juste en espérant qu'il a pas remarqué tes mains tremblantes, en espérant qu'il n'a pas vu tes yeux brillants, qu'il ait pas entendu le trémolo dans ta voix - forcément, il a tout vu, il a tout entendu. t'as enfilé ta veste d'un coup, sur tes épaules, pour chercher plus facilement ton paquet dans tes poches. tu le trouves enfin, mais ton briquet l'allume pas, t'as plus de gaz, faut que tu t'adresses à des gens. pourquoi tu paniques comme ça, liv.

t'as l'impression d'être le pire être-humain à ce point ?
même allumer une clope, t'y arrives pas.

la flamme jaillit dans une étincelle.
tu pousses un soupir en espérant que ton ventre tordu se détende avec l'oxygène et le tabac qui s'en vont.
mais t'as juste un peu moins la gerbe.

c'est forcément l'alcool.

@ Invité

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Dim 3 Nov - 13:35
Esteban voit bien que sa petite remarque a fait son effet et que Livio ne la prend pas aussi bien qu'il essaye de le faire croire. Le rire ne sonne pas juste et pour être tout à fait honnête, Esteban a bien remarqué qu'il avait fait mouche, les gestes tremblants de Livio quand il s'empare de se carte ne trompent, son regard qui le fuit non plus. D'ordinaire, le brun met beaucoup de soin dans l'arrondissement des angles, mais tout cela est bien plus compliqué quand lui-même se sent blessé à part égale. Avec Livio c'est finalement toujours la même rengaine. Les deux se blessent sans le vouloir, ne se comprennent pas. Peut-être qu'ils veulent la même chose dans le fond, mais ne se l'autorisent pas. Toujours est-il qu'il y a un gouffre entre ce qu'ils ressentent et ce qu'ils expriment, qu'ils ne sont pas les plus doués du monde pour mettre des mots sur le maelstrom de sentiments qui souvent altère leur jugement.

Alors un silence s'installe, puis Livio s'excuse dans une réponse courte qui coupe court aux conseils avisés qu'il semblait prêt à divulguer en grand sage. Besoin de fumer, souffler. Esteban connaît suffisamment de fumeurs pour avoir noté que l'envie de s'en griller une était une réponse quasi systématique à l'anxiété. Éponge émotionnelle, il n'a d'ailleurs pas besoin que Livio développe plus que cela pour savoir que celui-ci ne va pas aussi bien qu'il le prétend. Doux par nature, Esteban prend ses affaires pour le rejoindre. Il pourrait lui laisser de l'espace, fumer tranquillement, mais son intuition lui dicte de ne pas laisser son ami seul avec ses pensées nocives. Parce que c'est ce qu'ils sont, amis, en quelque sorte.

- Hey... je suis désolé si j'ai été un peu dur avec toi. C'est juste que...

Ce n'est pas facile à dire, sans doute parce qu'Esteban sait très bien que les choses n'iront jamais dans son sens. Les gens n'aiment pas ceux qui sont trop honnêtes, trop vrais. Cela leur fait peur de trop recevoir, un peu comme toute cette proximité entre eux qui revient sans y être invitée. Este ne joue pas, il n'a jamais su le faire. Alors il pose doucement sa main sur son bras pour le presser avec une affection qui ne trompe pas, oubliant ainsi ses bonnes résolutions et son instinct de conservation ce qui est probablement la pire idée qu'il puisse avoir dans l'immédiat.

- Je t'aime bien, c'est tout. Peut-être simplement pas comme toi tu voudrais. And it's okay, really it's okay.

Euphémisme qui cache bien mal les implications derrière les mots. Ce n'est peut-être pas aussi okay qu'il le prétend d'ailleurs. Les pensées d'Esteban et ses sentiments se livrent une bataille sans merci qui n'est alors éclipsée que par la sincère inquiétude d'Esteban pour l'état psychologique de son ami.

- Tout va bien en ce moment Livio ?

Le bouclé pose ses prunelles chocolat dans celles de son ami. Lui offrir ce regard là n'aide sûrement en aucun cas.

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