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painted me blue. (pace)

@ Invité

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Lun 7 Oct - 20:03
painted me blue.
t'as traîné dans le quartier tout l'après-midi, à user ton skate sur le bitume et ta peau sur le macadam. t'as ajouté du bleu à la galaxie de vert et de jaune qui colore déjà tes bras, on l'aperçoit qui court le long de tes avant-bras, là où tes manches de sweat sont relevées. t'as pas vu le temps passé, alors forcément, quand t'en as enfin eu assez de faire rouler ta planche sur les rues défoncées du bronx, t'as relevé le nez sur un ciel presque déjà noir. t'avais la sensation de crever la dalle aussi, mais rien dans le frigo. alors t'as fait glissé ton skate une énième fois sur le macadam, t'as sauté dessus et tu l'as laissé rouler jusqu'à une supérette un peu pourrie qui logeait pas loin du spot où t'étais. le vigile supposé des lieux t'a lancé un regard noir quand il t'a vu arriver avec ton skate, et t'as pas pu t'empêcher de faire dans l'excès. t'es là, à faire de grands mouvements pour lui montrer que tu glisses bien ta planche sous le bras, et quand il a l'air enfin satisfait, tu lui montres ton majeur. avant de filer dans une allée à l'opposé de cet abruti. tu sais qu'il te courra pas après, et que s'il le fait, il te rattrapera jamais. il a le ventre d'un mec qui n'a jamais été capable de courir plus de deux mètres sans frôler l'avc. c'est horrible ce que tu penses, t'en ai conscient, mais il t'a jugé sans savoir et t'es un peu un connard rancunier parfois. tu l'as vu regardé ton skate et les bleus sur tes bras, t'es sûr qu'il a pensé que t'étais une p'tite frappe, un de ces merdeux qui créent que des problèmes. il a probablement eu peur que tu foutes le bordel dans la supérette. s'il savait – t'en as rien à foutre de voler ou casser des trucs en rayon, t'as juste la dalle et un salaire de misère. t'as encore l'esprit focalisé sur l'abruti de vigile quand tu passes devant l'allée suivante, tourne sans regarder où tu vas et percute quelqu'un. fais chier, putain, qui t'échappe de la bouche.

@pace simoes

@ Invité

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Lun 7 Oct - 23:21
painted me blue
@malone oaks

y'a cette supérette, pas très loin de chez toi, celle où tu vas quand t'as la flemme de trouver mieux ailleurs. t'en connais les rayons presque par cœur, les caissiers qui font toujours la gueule et le vigile aussi, qui a pris l'habitude de te voir traîner dans le coin. t'es pas au point de leur claquer la bise, mais pas loin. est-ce qu'il te plaît, cet endroit ? pas vraiment. mais y'a à boire et à manger. des capotes et du pq. t'es pas trop compliqué comme type, il t'en faut pas beaucoup plus pour éprouver, à défaut de bonheur, de la satisfaction.

t'es entré là-dedans avec un air plus ou moins déterminé, traçant directement au rayon des petits produits du quotidien. dernièrement, t'es un peu trop sorti dans la rue et t'as joué au con. moralité, t'as besoin de racheter de quoi panser tes plaies. un désinfectant bon marché et des compresses surtout. que tu sais évidemment où trouver. mais faute de stock sur l'alcool à 90, tu te contentes, non sans un claquement de langue contre ton palais, du tissu tressé que tu pourras appliquer sur tes plaies au prochain mauvais coup. maigres courses, un peu pathétiques en vérité. elle est triste, ta récompense pour cette dure journée de labeur. alors, t'arrives à te convaincre sans trop de difficulté d'acheter aussi une bouteille, quelque chose d'un peu fort, pour la soirée. et c'est dans cette optique là, que tu te bouges, que tu te prépares à changer de rayon.

le choc manque de faire tomber la boîte entre tes doigts.
tu la rattrapes in extremis.

et aux jurons que tu entends, tu répliques en écho. — putain. mais ton esprit, il est déjà ailleurs. il fouille dans ta mémoire, le souvenir de ce timbre de voix. en fait, tu reconnais ses bras, avant de voir son visage. ça s'oublie pas, ce genre de détails. cet arc-en-ciel de douleur sur une peau trop fragile. un arc-en-ciel qui était là bien avant toi, bien avant que tu ne constelles son corps de ta violence. malone. tu relèves le regard avec lenteur vers son visage, vers ses yeux que tu scrutes avec ce visage surpris que tu tentes de garder impassible. t'es en proie à une marée de souvenirs que tu préférerais taire. — malone. et son prénom entre tes lèvres à un arrière-goût amer.

après six ans de silence.

@ Invité

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Ven 11 Oct - 20:40

tu connais cette voix. tu la connais tellement bien que tu la reconnais malgré les six ans qui séparent la dernière fois où tu l'as entendu, d'ailleurs tu connais aussi parfaitement le corps que tu percutes. alors forcément, quand tu relèves la tête, tu sais sur quel visage tu vas tomber, quels yeux les tiens vont rencontrer. pace. il a la gueule abîmée, mais pas autant que quand c'est toi qui lui a amoché. les bleus sur son visage ressemblent à ceux qui couvrent tes bras, et tu sais d'ailleurs pertinemment qu'il les a déjà repéré. y'a ce sentiment d'urgence qui t'encercle soudainement la gorge, et t'es à deux doigts de tirer brutalement sur tes manches pour couvrir tes avant-bras. (t'en as pas honte pourtant, mais il a juste plus le droit de les voir, plus maintenant. pas lui, pas après la dernière fois.) tu le fais pas, pourtant. tu laisses glisser ton skate de sous ton bras à dans ta main, et tu sers la planche tellement fort entre tes doigts qu'ils virent au blanc. t'as vraiment une sale gueule, que tu finis par dire. c'était pas vraiment ce que tu voulais dire, t'as plutôt envie de faire demi-tour sans un mot ou de l'insulter de connard. éclater ton poing sur le bleu de son menton, aussi. tu sais pas quoi faire. tu restes planter là, à attendre qu'un miracle arrive. que pace disparaisse ou que tu sois jamais entré dans cette supérette, au choix. mais ça arrivera pas, parce que les miracles existent pas. quand tu arrêtes enfin de le fixer, tu réalises que vous êtes au rayon des alcools, et t'as bien envie de te mettre une murge jusqu'à oublier ton propre nom. sauf que la dernière fois que c'est arrivé, t'avais tellement d'alcool dans le sang, que t'as fini par te taper le mec que t'insultais deux minutes plus tôt. tu fais un peu n'importe quoi quand t'as trop bu malone, et boire en présence de pace, ça a jamais été l'idée du siècle. tu te remets à fixer pace dans les yeux, et t'attends. tu sais pas quoi, mais tu t'attends. et comme tu as jamais su quoi faire de toi-même quand la colère gronde à l'intérieur de toi, tu le provoques. j'imagine que l'autre mec est dans un pire état que toi ? c'est un peu un coup bas de ta part malone, mais toi aussi, t'es un connard. et t'as pas vraiment les idées claires, plus maintenant en tout cas.

@pace simoes

@ Invité

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Lun 21 Oct - 0:09
painted me blue
@malone oaks

l'indécence à son paroxysme,
tu restes là, immobile.

ton regard engloutit ses bras, son visage qu'une fois trouvé tu ne quittes pas. t'as pas le droit de le regarder comme tu le fais, pas le droit de mater les bleus sur ses bras ou ses pupilles qui te jettent des éclairs. mais ça fait six ans. six putains d'années. prescription oblige, même si t'as pas oublié le mal que vous vous êtes mutuelles faits, t'as étouffé la colère avec autant de force que t'as abattu tes phalanges sur sa gueule. sa réflexion, elle t'arrache comme un sourire, en coin, ancré dans la fossette trop discrète sur ta joue abîmée. tu souffles par le nez, amusement avorté, léger signe négatif de la tête, alors que tu soupèses la boîte de compresses de ta main encombrée. — merci. articulé de ce ton détaché, trop léger, pas convainquant pour un sous.

il a changé. un peu. grandi peut-être. ou juste mûri. toi aussi, sans doute. les années t'ont pas épargnées, mais t'es pas du genre à te plaindre, t'aurais pu tourner bien plus mal. t'as une sale gueule pace, c'est bien vrai. son regard te fuit, un instant, mais toi tu ne le lâches pas. ça se bouscule, dans ta tête. malone. malone, c'était bien, avant que ça parte en couilles. avant que tu débloques, comme ça t'arrive de temps en temps. t'étais plus sensible encore à l'époque, et c'était parti trop loin, comme de coutume. pour une connerie, sans doute. sa réflexion glisse sur toi comme une caresse et tu hausses les épaules, les lèvres toujours résolument étirées dans ce rictus faussement enjoué. — pas exactement. t'élude la question, tu gardes tes armes à portée de main sans t'en saisir. peut-être que tu le laisses s'acharner parce qu'au fond tu sais que tu le mérites. t'es pas le messie, t'es pas prêt à tendre l'autre joue, mais t'encaisses les coups en restant sur la défensive.

ce soir, tu te murgeras la gueule.
plus que de raison.

—ça a l'air d'aller, pour toi. et de ta main libre, tu le désignes d'un geste vague. lui, son corps, ses bleus. non pas ses bleus, tu t'en fous de ses bleus. lui. parce que c'est vrai, ça a l'air d'aller. tu te détournes un bref instant, saisissant la bouteille de vodka la plus proche en rayon, avant de lui faire face à nouveau, le poids de la boisson bien lourd au bout de ton bras revenu le long de ton corps. continuer les courses, comme si de rien n'était. besoin soudain d'occuper tes mains, alors que ton regard se heurte à nouveau au sien. ton iris océan tout juste brillant à la lueur des néons. le souvenir de son parfum, de son souffle, de son secret avoué à demi-mot.

ça l'air d'aller,
il est toujours vivant.
( tant pis ) tant mieux


@ Invité

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Lun 28 Oct - 18:54
il élude ta question, puis un rictus qui étire ses lèvres et t'as envie de lui éclater la gueule plus que jamais. peut-être encore plus que cette fois-là, celle où tu lui as vraiment éclaté la gueule, y'a six ans de ça. tu sais plus quoi faire de toi-même, et t'arrives pas à croire qu'il a toujours autant d'emprise sur toi. que ce qu'il fait, ce qu'il dit, comment il agit, se répercute sur ce que tu fais toi, ou ce que tu ne fais pas plutôt. t'arrives pas à te contrôler, t'es incapable de faire redescendre en pression la rage qui commence à bouillonner en toi. t'as juste envie de faire percuter son crâne avec le montant métallique de l'étagère qui se trouve à sa droite. tu vois déjà le sang qui s'écoule le long de sa tempe, la colère qui déformerait ses traits, le bleu qui se formerait plus tard sur sa peau, la vague d’adrénaline qui te balayerait. dans la vraie vie, il ne se passe rien de tout ça. il a le temps de continuer à te fixer alors que tu détournes le regard quelques secondes, il réplique encore quelque chose aussi, en t’englobant d'un geste de la main. t'as presque un train de retard pour comprendre ce qu'il te dit tellement t'es focalisé sur ce qu'il se passe en toi et pas sur lui. parce que tu les connais ses yeux océans, ses tatouages et sa gueule de délinquant. tu connais tout ça – ça a beau faire six ans, il a pas tant changé que ça. toi non plus d'ailleurs. et comme dans le passé, tu peux t'empêcher de continuer à le provoquer. c'est ce que tu faisais de mieux déjà à l'époque, ça ou retracer chaque creux et vallons de son corps dans le noir de votre chambre jusqu'à pouvoir les redessiner les yeux fermés.

ça va super, ouais. personne m'a envoyé à l'hosto depuis la dernière fois qu'on s'est vus, si tu veux tout savoir, tu lâches. le pire, c'est que c'est faux. depuis que vos chemins se sont séparés, on t'a envoyé deux fois à l'hôpital. tu lui dis pas ça, il a pas besoin de le savoir, ça le regarde pas. et t'es pas là pour te plaindre de toute façon. surtout pas à pace, pas quand tu pourrais continuer à lui balancer sa trahison à la gueule. parce que c'est bien ça le problème – il t'a trahi sans sourciller, t'as frappé alors qu'il savait parfaitement que tes os allaient se briser comme des brindilles sous ses coups. t'as eu beau lui retourner la pareille, ce sont tes os qui se sont brisés, ta peau qui s'est couverte d'une galaxie bleu nuit. c'est pour toi que les flics ont appelé l'ambulance. c'est toi qui a plus jamais parlé de ça à personne, de cette maladie des os de verre qui t'accompagne depuis tout petit. c'est aussi toi, visiblement, qui a continué de faire grandir la colère qui se tapit aux creux de tes entrailles.

@pace simoes

@ Invité

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Dim 3 Nov - 19:34
painted me blue
@malone oaks

tu mérites. tu mériterais de recevoir son poing dans la gueule, tu mériterais qu'il te crache dessus, tu mérites ses mots acerbes et la haine et le dégoût et la colère sur son visage resté beau malgré les années et les coups reçus. et t'es prêt à la recevoir, cette vengeance en sommeil. t'aimerais la recevoir, même. pour cesser de culpabiliser, pour tourner la page, évacuer les pensées parasites qui t'assaillent quand tu te regardes dans un miroir. alors t'encaisses sa remarque. tu pinces les lèvres, acquiesce vaguement ses propos, comme si tu lui disais ok, c'est bon. j'ai compris le message. parce que c'est vrai, au fond. tu l'as bien reçu. et il fait aussi mal qu'un coup de poing dans le visage. il a toujours su comment te provoquer. à croire que tous tes mecs ont toujours tout fait pour réveiller cet espèce de monstre que t'es. le silence s'éternise. il dure. dure si longtemps qu'on croirait que l'image s'est arrêtée. t'inspires. — tant mieux. il te hait. t'es lucide. stupide, mais lucide. tu peux rien dire, t'as rien à dire. ferme ta gueule, fais profil bas.

— j'ai pas eu. tu cherches tes mots, te détournes de lui un court instant, croise le regard d'une vieille dame au bout du rayon, reportes toute ton attention sur son visage. tu sais que tu pourras pas en placer beaucoup, des mots, qu'il t'empêchera de parler. tu sais que t'as qu'une seule chance de t'expliquer ou à défaut de lui faire comprendre que quelque part, au fond, tout au fond de ton putain de cœur, t'es peut-être désolé. pas de l'avoir frappé, parce que c'est pas ça, le problème. les coups, il te les a rendus et bien, en plus. non. mais de l'avoir fait en sachant quelles conséquences ça aurait. quoique, sur le moment, ça t'a pas vraiment préoccupé. les lèvres sèches, le cœur qui palpite, là, sous ta peau. et le pire, c'est qu'il te connait assez. assez pour savoir que t'en ressens, des trucs, au fond de ta carcasse. que t'étouffes juste tout ça depuis toujours, en te disant que ça sera mieux ainsi. pauvre con.

— j'ai pas eu l'occasion de te dire que j'étais désolé. tu soutiens son regard, malgré les coups de poignards que t'as l'impression de ressentir. mais ça dure pas longtemps, t'esquisses un pas en arrière, ajoutant un — pour ce que ça vaut. chargé d'ironie, un rictus amer qui déforme un instant ton visage avant de disparaître. parce que tu sais, tu sais que de toute façon, il va t'envoyer chier, t'en foutre une ou te rire au nez. que ça vaut que dalle, que tu vaux que dalle et qu'au fond, t'as même pas le droit de t'excuser. tu resserres ta prise autour de la bouteille, si fort que les jointures de ta main ont viré au blanc. tu vas pas rester plus longtemps. pour quoi faire ? te faire insulter ? t'en as pas envie. t'as juste besoin de boire, de te détendre. et tu te vois mal lui proposer de se bourrer la gueule dans le parc d'à côté.

à parler du bon vieux temps.
de vos sentiments avortés.
de colère et d'incompréhension.

@ Invité

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Dim 3 Nov - 22:40
tu l'écoutes s'excuser. sans bouger. la fureur disparaît de tes yeux, tes épaules s'affaissent sensiblement – comme si la tension s'était soudainement envolée, tes poings se desserrent. tu es calme, apaisé, vidé. tu manques presque d'en lâcher ton skate, tellement ton corps entier se relâche. ton regard s'écarte de celui de pace pour glisser sur le rayon vide derrière lui, à la recherche de quoi, tu n'sais pas. puis revient se planter dans les iris bleus de celui qui te fait toujours face et tu le connais par cœur, pace, alors tu sais qu'il ressent des trucs au fond de lui. tu sais qu'il a des sentiments, que ce qu'il t'a fait lui fait forcément ressentir quelque chose – bon ou mauvais. tu doutes qu'il s'en veuille de t'avoir tapé, parce que s'il est encore un peu comme le pace d'il y a six ans, il est pas du genre à regretter quand ses poings finissent dans la gueule de quelqu'un d'autre. mais peut-être, on sait jamais, que l'avoir fait sachant les dégâts qu'il allait faire, peut-être que ça, ça a eu un impact sur lui. au moins un instant, juste un instant. parce qu'il a beau t'avoir éclaté la gueule et brisé les os, c'est pas une ordure pace. y'a une partie de toi qui le sait, une toute petite partie de toi. celle qui dort profondément, qui reste obstinément silencieuse.

tu fais un pas en avant quand pace en esquisse un en arrière, un coin de tes lèvres s'étire légèrement. t'as ce sourire timide et soulagé que t'aurais jamais pensé adresser un jour à pace. tu tends presque la main pour lui glisser contre le bleu qui se dessine sur sa joue. tu le fais pas. ta main ne bouge même pas le long de ton corps. tu sais parfaitement que pace bondirait si tu venais à bouger, ou peut-être qu'il se laisserait cogner. le début de sourire disparaît, mais quand tu ouvres la bouche, l'amertume dans ta voix a complètement disparu. merci, vraiment. je pensais pas te recroiser un jour, et je savais pas comment j'allais réagir si ça venait à arriver, mais je comptais pas avoir des excuses de ta part. je sais pas si tu le penses vraiment, mais je vais faire comme si. parce que j'ai besoin de ça, tu vois. pour passer à autre chose, alors merci. tu esquisses un autre pas en avant, comme si t'allais le prendre dans tes bras. et vous êtes si près l'un de l'autre maintenant que tu peux voir toutes les teintes de bleu qui se mélangent dans les yeux de pace.

et puis tu vois plus rien du tout, parce que la seconde d'après, tu lui mets un coup de boule digne de zidane. t'aurais pu lui flanquer ton poing dans la mâchoire, mais t'es pas prêt à te briser les os pour pace de nouveau. ton corps a retrouvé toute sa tension initiale, t'as les yeux qui lancent des éclairs et un rictus mauvais au coin des lèvres. tu croyais quoi, pace ? qu'il suffisait que tu trouves enfin l'occasion de me dire que t'étais désolé pour que je tourne la page ? mais t'es désolé de quoi, pace ? de m'avoir éclaté la gueule ou de l'avoir fait sachant que j'allais forcément finir à l'hosto ? tu trembles presque tellement t'es en colère, malone. tu sais pas ce que tu fais, ni ce que t'attends. peut-être qu'il s'énerve lui aussi, ou qu'il te cogne comme il y a six ans, en fin de compte.

@pace simoes

@ Invité

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Lun 4 Nov - 0:38
painted me blue
@malone oaks


tu savais, que ça finirait comme ça. tu l'as senti, au plus profond de toi. dans tes tripes, dans ton estomac. cette soudaine sensation de vide, d'angoisse mordante, la même que tu ressens toujours avant un combat. c'est la mer qui se retire avant que le tsunami ne ravage les côtes. c'est le calme avant la tempête. c'est comme quand ton père se levait en silence, avant de déverser sur toi toute sa haine et ses regrets à coups de poings. tu le connais, ce sentiment, tu le connais par cœur. tu le lis, dans les épaules de malone qui s'affaissent, juste assez pour que ça soit perceptible. sur son visage, la fureur sourde, quand toute expression le quitte. tu restes figé. immobile, quand il avance à son tour. et t'attends. t'attends comme un gosse attend une sanction. t'attends, c'est tout ce que tu sais faire, quand tu choisis pas la fuite. quand tu claques pas la porte de chez toi. quand tu détruits pas tout ce qui compte un minimum. mais revoir malone, ça fait mal. ça fait plus mal que ce que tu pensais. c'est une autre vie. c'est un autre toi.

t'aimerais beugler que t'as changé.
( un peu )
que t'es plus le même.
( ou presque )

mais tu restes silencieux. y'a son sourire, qui te fait tressaillir. t'es pas heureux de le voir, pas heureux qu'il te l'adresse après tout ce temps. t'es trop sur la défensive. trop méfiant. c'est pas malone. malone, il ment. malone, il triche. malone, il pardonne pas si facilement. et toi, toi il te pardonnera jamais, parce que t'as réduit à néant le peu de confiance qu'il avait. toi, t'incarnes tout ce qu'il hait. et les souvenirs de vos nuits, de tes doigts entre ses omoplates, de tes lèvres dans son cou, il n'en reste rien. t'as le regard qui vacille, passe de ses mains à son visage. t'es à l'affût comme un animal sauvage, guettant le moindre geste, le moindre mouvement. mais le truc, c'est que t'as fait le premier pas. t'as abaissé une barrière, ôté un cadenas. tu t'es ouvert, une brèche minuscule, mais de quoi te rendre vulnérable. bien sûr, il n'en saura rien, de tout ça. tu resteras ce sale con, ce connard d'ex petit-copain et ça sera mieux pour tout le monde. mais au fond. ouais, t'es désolé. t'es franchement désolé que votre histoire se soit terminée comme ça.

et qu'elle continue.
dans la même violence.

t'as pas le temps d'assimiler son discours. ses faux remerciements, l'ironie au creux de sa gorge, il approche, encore, t'as ce mouvement entamé, comme si t'allais encore reculer. ses yeux bruns, l'iris rendu presque vert à la lueur du néon. avant le coup. violent. à ton visage. le choc te fait reculer, d'un pas, peut-être deux. ton épaule heurte le rayon à côté de toi, fait trembler les bouteilles. celle dans ta prise t'échappe d'ailleurs et tombe par terre sans se briser. elle roule contre ton pied, alors que t'as plaqué ta main sur ton nez, qui se met à pisser le sang. la douleur est immédiate, brûlante, assourdissante. t'as presque senti les vaisseaux éclater. et le sang glisse entre tes doigts, perle jusqu'au sol. t'étouffes un juron entre tes dents serrées alors qu'il a repris parole.

tu croises son regard. tes yeux noirs, assassins. la colère qui palpite sous ta peau, qui t'étrangle jusqu'à suffoquer. d'ailleurs, tu respires fort, mais c'est le sang, qui t'empêches de souffler. alors tu relèves le visage, comme pour arrêter le saignement, le dos de la main plaquée contre ta narine, les lèvres entrouvertes. un goût de fer dans la bouche. c'est mérité, t'essaies de t'en convaincre du moins. il n'a pas fini son monologue que tu te détournes de lui, regarde le sang dans ta main, claque la langue contre ton palais. avant de revenir à sa silhouette. à son visage. à toute sa haine.  — j'm'en fous que tu tournes la page, putain, j'attendais rien ! et j'm'en bats les couilles que tu sois passé à aut'chose, mais j'l'espère juste pour toi malone, j'espère bien qu'après six ans t'es plus québlo sur cette foutue relation de merde. tu t'es redressé, les muscles tendus, veines saillantes à ton cou. avec le sang sur ton visage, t'es l'incarnation de la violence. mais tu le frappes pas, non, tu aboies, sans mordre. y'a trop de choses à dire, et t'as l'intention de tout balancer avant qu'il tente de te couper la parole. et tu t'en fous, si vous beuglez à l'unisson, tu parleras plus fort encore. et vers son torse, tu pointes un doigt ensanglanté accusateur, sans jamais le toucher, sans jamais le frôler.

— et ouais, ouais, j'suis désolé de t'avoir envoyé à l'hosto, désolé d'avoir fait un p'tit séjour en taule pour ça, désolé de t'avoir éclaté la gueule et désolé que tu m'l'aies éclatée aussi. on a merdé, moi plus que toi. t'es content malone ? t'as prouvé quoi ? que je suis une ordure ? que j'suis qu'un pauvre type, que j'suis pire que toi ? bravo. mais t'inquiète, tout le monde le sait déjà. tu désignes le magasin d'un vif mouvement de la main, et tu parles si fort que t'es certain d'ameuter la terre entière. et tu t'en branles. — et maintenant ? t'attends quoi ? t'en veux pas de mes excuses, parfait, alors quoi ? on s'fout sur la gueule ? on recommence ? histoire que j'manque de te buter, encore une fois ? ça s'étrangle dans ta gorge. mettre des mots sur tes gestes. sur tes erreurs. t'as failli tuer ton mec. pas juste détruire qui il était. — désolé, malone, j'vais m'contenter de sortir de ta vie. j'te ferai pas l'plaisir de t'blesser, j'te donnerai pas la satisfaction de m'voir finir en taule ou pendu dans ma cellule à cause de ma foutue culpabilité, même si tu dois rêver du moment où tu pourras aller pisser sur ma tombe. t'es penché vers lui, tu soutiens son regard, et tu baisses la voix, elle se briserait presque quand t'ajoutes enfin le plus important, ce qui te bouffe depuis tout ce temps.

— j'voulais pas que ça s'finisse comme ça. j'voulais pas. te faire. tout ce mal. ok ? mais j'l'ai fait. c'est comme ça. je suis comme ça, je suis ce type là, ce salopard. et j'peux pas. j'peux pas rev'nir en arrière. j'peux juste pas revenir en. putain. putain de merde. tu te redresses, sans achever ton beau discours, et sans hésiter, t'ouvres le paquet de compresses que t'avais embarqué, pour essuyer le sang à tes narines, qui a glissé jusqu'à ta bouche, jusqu'à ton menton, jusqu'à ta langue. t'en crache sur le carrelage immaculé du magasin. de toute façon, vous allez vous faire virer de l'endroit, t'auras pas à le payer. au bout du rayon, y'a déjà le vigile qui se rapproche, avec sa démarche de gorille. mais toi, t'as pas lâché malone du regard. pas une seule fois. pas une. jusqu'à cet instant, cet instant où tu te détournes enfin, où, dans un soupir, tu lèves les pupilles vers le plafond, vers le néon qui t’aveugle. et dans tes yeux y'a ce fantôme. cette carcasse qui se noie et se débat dans l'océan de tes iris. celle que t'arrive pas à formuler mais qui flotte sur tes lèvres et que tu transformes en agressivité. les regrets comme des fantômes qui pèsent sur tes épaules.

t'as passé une vie à te convaincre que t'étais pas comme ton père.
et t'es obligé d'admettre que c'est vrai.
que t'es peut-être pire que lui.
( et que jamais personne te dira le contraire )


@ Invité

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Lun 4 Nov - 19:33
il y a six ans, vous vous êtes disputés violemment. tellement fort que les mots se sont transformés en poings, que la peau a percuté l'autre. il y a du sang, des os brisés, une confiance amochée, une culpabilité née et des cœurs esquintés. ça a tellement gueulé que les flics ont débarqué. t'as fini dans l'ambulance du samu et pace dans la voiture de la police. vous vous êtes plus jamais revus après ça. pourtant, la journée, les quelques infimes minutes où la dispute a eu lieu s'est gravée tellement profond en toi qu'elle est toujours là. quelque part, sous ta peau, jusqu'à tes os. ceux là même qui se sont brisés sous les coups de pace. tu t'es demandé si t'allais mourir ce jour-là. t'as pas eu peur, pourtant. t'as juste repensé à ta mère, à l'orphelinat, à toutes ces familles d'accueil que t'as connu et à toutes ces familles adoptantes qui n'ont pas voulus de toi. les poings de pace t'ont percuté et t'as pensé que tu le méritais. que si ta mère ne voulait pas de toi, que si tu faisais fuir toute famille potentielle et si tu passais plus de temps à enrager pace plutôt qu'à l'aimer, alors ouais, peut-être bien que tu le méritais.

tu t'es détesté de penser ça.
puis t'as haï pace pour te faire ressentir ça.
alors tu l'as frappé. t'as pas arrêté.
(et les flics ont fini par arriver.)

c'est simple en réalité. t'as tout rejeté sur pace, tu lui as tout mis sur le dos. le sentiment d'abandon que tu pensais avoir surmonté en grandissant, la fureur que tu ressentais et que t'arrivais pas à contrôler. c'est quand même plus simple de le détester lui que te détester toi-même. plus vivable aussi. alors tu l'as haï sur le moment et dans les mois qui ont suivi. et après, t'as fait comme t'as toujours eu l'habitude de faire, t'as tout enfoui en toi. t'as creusé un trou si profond que t'as fini par oublier que cette colère, cet orage de fureur était toujours là. pourtant, inconsciemment, t'as continué de l'alimenter. tu l'as nourri quand l'ivrogne de l'outpost t'a cogné, puis quand tu l'as frappé à ton tour. t'as continué de nourrir cette fureur endormie quand tu t'es retrouvé à nouveau à l'hosto à cause des poings de quelqu'un. pace était plus dans ta vie, mais c'était quand même de sa faute. c'était tellement plus simple à gérer comme ça. tu l'as oublié à nouveau, cette rage incontrôlable. jusqu'à la troisième fois de ta vie où t'as fini à l'hosto. personne t'a tapé cette fois là – on t'a juste fait percuter la porte d'un appartement un peu trop fort, beaucoup trop pour l'os de ton coude qui a pété. ça t'a rappelé pace un instant, un bon instant. un souvenir joyeux. et puis tu l'as détesté de nouveau, encore une fois.

c'était tellement plus facile.
plus simple de se regarder dans le miroir.

il s'est redressé, le nez en sang. y'a du rouge qui coule sur son menton, sur ses lèvres que t'as tellement embrassées. cette bouche qui déverse une flopée de mots que t'entends sans enregistrer, sans arriver à comprendre. t'as presque l'impression d'être saoul tellement tu contrôles plus rien – y'a rien qui fonctionne dans ta tête à part cette rage qui crie. pace, pace, pace. t'as envie de répliquer, de lui hurler à la gueule pourquoi tu le détestes autant. (pourquoi tu te détestes autant.) mais t'en es incapable, y'a rien qui sort. c'est comme si t'étais muet soudainement. les mots se bloquent à l'entrée de ta bouche et t'as la sensation horrible d'étouffer. il est désolé. pour toi. parce que t'as pas tourné la page, parce qu'il aurait voulu que ça se termine autrement, parce qu'il te donnera pas la satisfaction de savoir que la culpabilité le ronge, parce qu'il t'a fait du mal. et qu'il est désolé. sincèrement. et il ment pas. tu le sais parce que tu le connais. et t'as envie de mourir, un peu. parce que si il est désolé, y'a plus de raison de le détester.

dans le miroir,
il n'y a plus qu'toi.

ça te fait redescendre brutalement sur terre. mais avec un temps de retard. alors quand tu reprends un peu tes esprits, quand les fils se reconnectent doucement, c'est la bouche de pace penché vers toi que tu vois d'abord. il est encore en train de parler, et y'a du sang sur sa bouche. si tu l'embrassais là maintenant, tu aurais un goût de fer sur la langue. tu sais pas pourquoi t'as pensé ça, t'es censé le détester. pour oublier de te détester. t'essaies désespérément de te raccrocher à cette fureur si familière, celle qui dort au creux de tes entrailles depuis si longtemps. ta douce amie, ton éternelle compagne. et enfin, enfin, y'a un truc qui snap dans ta tête. tu vas te jeter sur lui, tu vas glisser tes doigts le long de son cou et tu vas serrer fort. tellement fort que t'en auras mal aux mains. tu vas serrer jusqu'à ce que ton visage disparaisse du miroir, que son reflet remplace le tien.

t'es stoppé en plein mouvement,
fauve enragé shooté au fusil d'assaut.

y'a un bras énorme qui t'encercle la taille, quelqu'un qui te gueule dans les oreilles. (c'est le vigile, qui a enfin daigné vous foutre à la porte.) toi, tu le sais pas, t'es dos à lui. t'es en colère aussi. contre pace, contre le monde entier, contre toi-même. alors tu te débats, tu lui ordonnes de te lâcher, que tu vas le tuer, lui, pace et le monde entier. t'as pété un boulon malone, y'a plus grand-chose qui connecte là-haut. tu gesticules tellement pour t'échapper de la poigne du gorille que tu finis par lui éclater ton coude dans l'arcade sourcilière. il t'insulte copieusement, mais il te lâche enfin. sauf que t'as pas le temps de bondir sur pace, ou même de t'enfuir, parce qu'il sort sa matraque et te l'abat sur le crâne.

tellement fort,
que t'as la tête qui résonne.

(tu te détestes.)

@pace simoes

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#
Lun 4 Nov - 22:09
painted me blue
@malone oaks


t'aimerais ne plus exister, t'aimerais disparaître
te dire que c'est la douleur qui embrume ton esprit

la lumière blanche t'éblouit, elle tisse sur ta rétine une toile d'araignée d'ombres qui dansent, qui ondulent, qui s'enlacent. tu dois fermer les paupières et t'en détourner un instant. au bout de tes doigts crispés, de ton poing résolument serré, la compresse ensanglantée, imbibée de toute cette rage. t'aimerais être chez toi, terré dans ton appartement, ailleurs, loin, très loin de cet endroit, loin de lui, aussi et plus encore, à bonne distance de ton propre être. et il se balance devant tes yeux, ce besoin violent d'ailleurs. il te nargue, il se joue de toi. il te fait de grands sourires et s'éloigne un peu plus à chaque tentative désespérée. à chaque fois que t'essaies de l'attraper. gamin, tu te pensais juste pas assez grand, pas assez débrouillard. tu regardais la carte du monde et tu te disais qu'adulte, t'hésiterais pas un seul instant. et regarde toi, pace. cristallisé dans ta misère, figé dans tes angoisses, pas foutu de faire deux pas en avant sans regarder en arrière. et elle est toujours là, ton envie de n'importe où, pourvu que ça soit hors de ton corps. omniprésente, persistante. simplement muette. et tu donnerais n'importe quoi pour ça. tu donnerais ta chair, tes veines, tes os, la peur au fond de ton ventre et la colère qui court sous ta peau, tes poings, ta bicyclette rouge ( sang ). mais tout ça ne vaut pas grand-chose.

la douleur, tu composes avec, depuis l'enfance
tu la connais p a r . c œ u r
et si sur ton visage, elle est comme anesthésiée
dans ton âme, elle a déjà tout ruiné

tu peux pas te raccrocher à l'image de livio, là, dans un coin de ton esprit. t'es incapable de la tolérer en cet instant. incapable de la supporter. elle n'a rien, absolument rien de réconfortant. elle te met seulement face à ta médiocrité. à ton incapacité à faire le bien, à être quelqu'un de bien. tu l'as vu, dans les yeux de malone. tu l'as lu, ce mépris, cette colère. et tu le retrouves parfois. dans un regard. dans un rictus. dans un mouvement de cil. quand ses yeux se lèvent vers le ciel. et ça fait tellement, tellement mal. tu devrais pas la ressentir, cette tristesse. vos histoires, la tienne surtout, sont vouées à l'échec. désastre ambulant, incapable. t'entends presque la voix de ton père te susurrer à quel point il te hait. tu mérites. tu le mérites, pas vrai ? ouais, tu le mérites. t'en es persuadé. ( mais si c'est la vérité, alors pourquoi t'as si mal au fond ? ) y'a pas de logique à ta peine. t'essaies juste de combattre les monstres dans ta tête, de reprendre le contrôle.

mais quand tu rouvres les yeux
t'es juste aveuglé par sa haine

t'as ce mouvement de recul en le voyant presque bondir sur toi. les tremblements de fureur qui agitent son corps, son regard, assassin, les pensées noires que t'arrives à lire sans aucune difficulté, sur son visage. t'en as fait des combats, t'en as vu des types déterminés qui voulaient ta peau. ou plus exactement, celle du premier venu, du moment qu'ils avaient la victoire. mais cette fois. cette fois c'est toi qu'on veut tuer. toi, pace. pace denis ethan simoes. on a envie d'étrangler le petit garçon que t'étais. et c'est peut-être bien la première fois que ça te choque à ce point. parce que c'est malone. une partie de lui que tu ne connais pas si bien. que t'as pas envie de connaître. t'as pas peur, t'as pas peur de rendre les coups, de crever. t'as peur de ce que tu pourrais lui faire, de la manière dont tu pourrais répliquer. du chemin que la confrontation est en train d'emprunter.

mais t'as à peine le temps de tenir ta garde, d'anticiper le choc, que t'es déjà sauvé. le vigile qui vous a rejoint à grandes enjambées, qui maîtrise plus ou moins le gamin au creux de son bras, tandis qu'il tente d'une main agitée de trouver son seul moyen de défense. mais toi tu le vois pas, t'es focalisé sur malone, sur les mots qui sortent de ses lèvres, ses hurlements, ses menaces. t'as reculé d'un pas encore, pris tes distances devant ce spectacle, qui a ameuté les rares clients. et t'es prêt à l'accueillir, quand il se dégage enfin. à le réceptionner, à le plaquer au sol, à le garder sous contrôle, autant que possible. à le calmer, parce que quelque chose, une lueur de lucidité, au fond de toi, clame que t'es pas seul responsable de son état. que ça ne peut pas être ton oeuvre. que tu peux pas être responsable d'un tel retournement de situation. que tu peux pas l'avoir perverti à ce point.

tu vois pas venir le coup de matraque.
t'en entends juste le bruit.
b a m

la silhouette de malone qui chancelle un instant, tes yeux qui s'écarquillent. tu veux pas te racheter, t'as pas à te racheter. tu dois rien, rien à personne. alors pourquoi. pourquoi, pace, tu lui donnes une raison supplémentaire de te détester ? pourquoi tu twist à ce point, pourquoi, dans un grondement, tu bondis sur les deux hommes. et pourquoi c'est le vigile, que tu repousses, de toute tes forces, en lui beuglant une insulte à la gueule. t'en sais rien. peut-être parce que tu te sens responsable, au fond. que t'as une dette à payer. parce que tu veux pas voir ça. parce que là, juste là, t'es apte à faire ce que t'aurais dû faire à l'époque. parce que tu peux être quelqu'un. et préserver son secret. le préserver lui. de ta haine et de celle des autres. et de sa propre colère, aussi.

tu te protèges le visage d'un coup de matraque avec ton avant-bras, mais le choc te coupe le souffle un instant. ça t'arrête pas, pourtant. il te faut moins d'une seconde pour te ressaisir. t'abats ton poing sous le menton du type, ce qui le force à reculer. son grand gabarit heurte de plein fouet le rayon et des bouteilles vous tombent sur la gueule. mais t'es déjà passé à autre chose. ta main, dans la précipitation, saisit sans douceur les fringues de malone. et t'as pas le temps de parler, rien le temps d'articuler, tu prends même pas la peine de lui ordonner de fuir. tu l'attires à ta suite, ou peut-être que tu le pousses en avant. c'est trouble. c'est flou. c'est désordonné. tu le forces à courir en le tirant de toutes tes forces. tu l'entraînes, loin du chaos. t'as pas vérifié s'il a embarqué son skate avec lui, comme t'as pas regardé derrière toi. tu t'en fous.

tu sauves ton bourreau.
c'est ça, ta rédemption ?

vous franchissez les portes et l'air glacial vous prend la gorge. tu continues. un virage, un autre. les pas qui battent le bitume, le souffle qui te manque. c'est pas l'endurance, c'est l'émotion, c'est l'incompréhension. tu continues. tu sais pas ce que tu fous exactement. tu sais juste que c'est pas une bonne idée. mais tu c o n t i n u e s. y'a ce square, avec ces jeux d'enfants à l'abandon, tagués, défoncés. tu t'y engouffres, la main toujours fermement serrée autour des fringues du gamin. il peut pas faire autrement que de te suivre. s'il tente de s'arrêter, vous vous plantez, tous les deux, la gueule sur le bitume. et avec le coup qu'il a reçu sur le crâne, t'es même pas certain qu'il soit encore vivant, ce poids mort au bout de ton bras. ce poids que t'as pas envie d'affronter. ( c'est pour ça, que tu continues ). jusqu'à te retrouver au centre de l'air de jeux. jusqu'à le lâcher brutalement et à t'éloigner de plusieurs pas, dans un même mouvement.

essoufflé.
sifflant.
ton nez qui continue à pisser le sang.

et tu prends même pas le temps de respirer, tu prends pas le temps de te courber en avant pour reprendre tes esprits. la poitrine qui se soulève, désordonnée, les membres qui tremblent, l'air qui manque. t'es à nouveau sur la défensive, à la guetter du coin de l’œil. à anticiper le moindre mouvement, le moindre signe, droit dans tes baskets, la sueur glissant le long de la tempe. s'il te saute dessus pour t'étrangler, ça sera de ta faute. s'il crève d'une commotion cérébrale, le crâne éclaté, ça sera de ta faute. s'il s'écroule, épuisé, ça le sera aussi. alors t'es prêt. prêt à l'empêcher de tomber, prêt à amortir la violence de ses coups, prêt à tout. mais surtout, surtout. t'es prêt à le laisser faire. t'es prêt à recevoir toute sa hargne. et à ton regard on peut déjà deviner que s'il te saute à la gorge,
tu ne répliqueras pas.

tu baisses les bras, pace
de toute façon, ce combat,
tu l'as déjà perdu y'a six ans de ça

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#
Mar 5 Nov - 20:14
il y a une fissure au plafond de la supérette. y'en avait une dans le même style sur le plafond de la salle de bain de ton enfance – tu pouvais passer des minutes entières à la contempler quand t'étais assis sur ton petit tabouret, assis à côté de ta mère qui se prélassait dans son bain. elle était belle ta mère, avec ses longs cheveux bruns et ses grands yeux bleus qu'elle soulignait constamment de noir. elle était gentille aussi, c'était une bonne mère au fond. elle s'inquiétait beaucoup pour toi, trop peut-être ? quand elle voyait tous ces bleus sur ta peau, elle t'emmenait à l'hôpital. et quand t'avais le malheur de te briser un os, c'était la panique totale. y'avait rien à faire. pendant un instant, elle était perdue dans sa tête, incapable de te prendre dans ses bras pour te consoler. toi tu pleurais à chaudes larmes, et elle, elle virevoltait dans la maison en virant à l'hystérie. à la fin, c'était elle qui se mettait à pleurer et toi qui la regardais de ces grands yeux bruns qu'elle détestait tant. tu les avais hérités de ton père, ce fumier qui s'était barré avant même ta naissance. dans tous les cas, bleus sur la peau ou os en morceaux, vous finissiez toujours à l'hôpital. ces murs blancs et cette ordure d'aseptisant que t'as fini par connaître par cœur, et par détester. vous y passez des heures entières faut dire, presque une fois par trimestre, parfois plus. ta mère n'en avait aucune idée, mais ils étaient en train de monter un dossier à ton nom, au sien aussi. elle pensait être une mère bien, ta mère, et elle l'était dans l'ensemble. juste pas à leurs yeux. et ça a fini par vous péter à la gueule. sans prévenir, comme un oiseau qu'on tire en plein vol. vous vous êtes écroulés, figés en plein mouvement. c'était le jour de tes six ans. y'a eu des coups frappés à la porte, et ta mère est allée ouvrir en te disant de l'attendre, que vous alliez bientôt souffler tes bougies. tu les as pas soufflés – c'étaient les services sociaux. ils étaient là pour toi, malone. pour la galaxie de couleurs sur tes bras et ton coude encore une fois dans un plâtre. tu es resté muet, malone. tu savais pas trop ce qui se passait, t'avais même pas six ans après tout. ta mère t'as immédiatement pris dans ses bras, avant de se mettre à pleurer et renifler dans tes cheveux. t'avais envie de lui dire que c'était un peu dégueulasse quand même, mais c'était un gros mot et elle avait pas l'air d'être d'humeur à pardonner. alors t'as rien dit, tu l'as laissé faire. ça a duré six minutes, puis les agents lui ont dit qu'il était temps de partir et tout est parti en vrille. ta mère t'a lâché, et elle a viré à l'hystérie. elle s'est mise à hurler, à travers ses larmes qu'elle essuyait en vain du dos de la main. elle les a insultés, puis s'est excusée, avant de les supplier. elle est même tombée à genoux, elle était prête à tout. tu t'es dit qu'elle t'aimait. elle s'est pourtant remise à les insulter quand elle a vu que ses supplications ne servaient à rien. ça a fait qu'empirer les choses. les deux agents ont fini par t'attraper par le bras, et t'emmener vers la sortie. ta mère était encore là, à crier comme une folle furieuse au milieu du salon. elle s'est tue un instant, quand ses yeux ont croisé les tiens. t'as cru qu'elle allait venir te serrer dans ses bras. elle l'a pas fait. elle s'est remise à hurler plutôt. toi, ils t'ont poussé dehors, jusqu'à leur voiture. ils t'ont installé sur le siège arrière, ont essayé de t'expliquer la situation avec des mots simples – mais t'avais six ans, même pas puisque tu les avais pas soufflés, tu comprenais rien toi. t'entendais juste les cris de ta mère qui résonnaient encore dans tes oreilles. la femme t'a dit que c'était juste pour quelques jours, que ta mère allait bientôt venir te chercher. elle avait tort, ta mère est jamais revenue.

c'était fini, la belle vie.
ça avait jamais vraiment commencé.

dans le passé, t'as la tête qui résonne. dans le présent aussi, mais pas pour les mêmes raisons. c'est pas cassé, ni même fissuré, mais t'es presque sûr que y'a un endroit de ta tête qui se met à saigner. enfin, tu crois, t'es pas trop sûr. c'est un peu brumeux dans ton esprit, ça vibre aussi. beaucoup. y'a pace qui se bat avec le vigile en fond sonore et tes yeux qui s'égarent sur le plafond et sa fissure. t'es un peu à l'ouest malone, parce qu'à un moment, t'es en train de fixer le plafond à la recherche d'un peu de contrôle sur ton corps et sur ton esprit, et celui d'après, t'es dans la rue. la main de pace est accrochée à tes habits, et il te traîne avec lui. tes pieds courent, ta tête rame toujours et tu te laisses faire. l'air glacé te gifle le visage tellement fort que tu réalises enfin, que le sillon chaud qui coule le long de ton crâne et jusqu'à ton cou, c'est du sang. ton sang. celui que le vigile a fait couler. tu glisses tes doigts le long de ta nuque, jusqu'à tes cheveux et quand tu ressors ta main, il y a tes doigts écartés qui percent à travers ton esprit embrumé.

nets,
vibrants,
écarlates.

tu restes planté au milieu du parc d'enfants, là où pace t'a lâché. il s'est reculé immédiatement, et il te jauge. tu le sais, parce que ta tête a cessé de résonner autant et tu cours après tes sentiments pour les remettre dans le bon ordre. tu t'accroches désespérément à la colère familière au creux de tes entrailles et c'est si facile de t'y plonger à nouveau. y'a qu'à penser à ta mère, au goût amer de trahison d'il y a six ans. à pace qui baisse les armes face à toi. et ce fauve enragé qui griffe à l'intérieur de toi. ta mère t'a abandonné dans le système, elle est plus jamais revenue. (t'as pleuré pendant des jours d'abord.) puis tu t'es mis à la détester, tellement fort que tu l'as rayé de ton existence – comme ton père l'avait fait avec toi. c'était pas de sa faute pourtant, à ta mère. c'était pas elle qui avait des os qui se brisaient sans raison et cette peau si facile à marquer – c'était la tienne. c'était toi que t'aurais dû détester, déjà cette fois. mais tu l'as pas fait, c'était tellement plus simple de la détester elle. de détester toutes ces familles qui ne voulaient pas de toi alors même qu'ils ignoraient ta foutue maladie. comme ça a été tellement plus simple de détester pace.

la colère
qui vit en toi,
depuis toujours.

vous vous faites face, seuls dans le vide du square pour enfants. t'as plus le cerveau embrumé par le choc, mais la colère et le goût amer d'avoir été trahi sont toujours là. accrochés à toi, comme s'ils n'arrivaient pas à partir. comme si tu refusais de lâcher prise. parce que si tu laisses tomber, malone, il te reste quoi ? t'es comme un animal blessé qu'on a fait reculer contre un mur, tu sais plus quoi faire pour te sortir de là. de toute cette colère qui tu ne maîtrises plus. alors tu montres les crocs et tu attaques. pace. qui se tient devant toi et qui ne réplique pas. vous tombez sur le sol, lui en dessous, toi dessus. tu vas glisser tes mains autour de son cou, tu vas serrer jusqu'à ce que tes doigts deviennent blancs, jusqu'à ce que la colère s'apaise. tu es si proche de le faire que le sang sur tes doigts, ton sang, tâche la peau du cou de pace. tu croises son regard, océan contre jais. et tu réalises. tu veux le tuer. tu vas le tuer.

fureur,
panique,
onde de choc.

t'arrives plus à réfléchir. ni à bouger. les doigts figés à quelques centimètres du cou de pace, le corps recroquevillé au-dessus du sien. tu cherches désespérément à calmer la tempête qu'il y a dans ton crâne. t'as envie de vomir tes tripes tellement tu te dégoûtes. t'es passé par-dessus bord, malone. tu gères plus rien, ni la colère qui s'échappe de ta prise, ni la panique qui t'envahit brutalement. tu cherches un peu de stabilité où te raccrocher, en vain.

et
tu
étouffes.

@pace simoes

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#
Mar 5 Nov - 23:51
painted me blue
@malone oaks


il fait froid. glacial, tout autour de vous. on entend le bruissement du vent dans les branches des rares arbres qui entourent le square pour enfants. au loin, une voiture passe, un gyrophare hurle l'urgence. une vie en danger, quelque part, au-delà de la banlieue de new york. l'obscurité rend ta silhouette menaçante. pourtant, pace, tu ne te tiens pas droit, bien au contraire. tes épaules sont voûtées, ton dos légèrement arqué, le buste en avant, comme si tu cherchais ton souffle. comme si t'attendais quelque chose. un signe, de sa part, une décision. n'importe quoi en vérité, qui puisse vous sortir de la torpeur  dans laquelle vous semblez plongés. tous les deux, en cet instant. t'es saisi par le froid et tu bouillonnes de rage tout à la fois. et y'a aucun témoin, pour assister à votre déchéance. rien d'autre que le silence et des silhouettes qui glissent derrière les rideaux aux fenêtres des immeubles environnant. des fantômes d'ombres et de lumières qui ignorent jusqu'à votre existence.

seules vos respirations vous ancrent à la réalité. elles seules réduisent à néant les ténèbres. il n'y a guère qu'un éclat jaunâtre du réverbère le plus proche, pour mettre en lumière vos visages. le tien, du moins. dans un rayon diffus, ton profil se détache ; l'arrête de ton nez, malmené par les coups reçus, les quelques mèches sur ton front, ton arcade sourcilière encore miraculeusement intacte, tes lèvres, au bord desquelles on peut encore deviner le sang. et les tatouages sur ton visage qui se détachent. des tatouages que tu n'avais pas, il y a de cela six ans. des cicatrices, nouvelles elles aussi. la pénombre fait ressortir toutes ces aspérités qui t'ont forgé, depuis tout ce temps. elle fait ressortir toute cette douleur en sommeil, toute cette violence que tu portes à même la peau, toute cette rage qu'on t'a balancé dans la chair. toute cette hargne. statue d'argile modelée par la haine, par les coups de ton père, puis par ceux d'inconnus. et pourtant pace, pourtant tu te tiens là, immobile face à lui. encore debout.

et t'attends.
tu peux pas faire autrement.

t'as jamais pu rien faire d'autre que ça. attendre. attendre que ta mère se rétablisse, attendre que l'orage passe, attendre après les autres, attendre de devenir quelqu'un ou quelque chose d'important. et y'a tout, dans ton regard. toutes ces émotions qui se bousculent et qui t'agressent. agressent ton esprit et refusent de te laisser en paix. alors quand malone te bondit dessus, tu ne bronches pas. ton corps bascule, entraîné par le sien et l'arrière de ton crâne heurte le béton. tu serres les dents, fermes les yeux un instant à cause du choc, mais rouvres les paupières la seconde qui suit, pour le voir en face. pour croiser son regard. et tu y lis tellement, tellement de haine.

le sang qui glisse sur son front attire ton attention. mais t'entrouvres juste les lèvres, sans prononcer le moindre mot, sans tenter de l'avertir, sans tenter de reprendre le contrôle. tu sens ses doigts frôler ton cou, le sang poisseux, encore tiède. et tu le fixes. et tu te rends compte que t'es le seul à voir ce théâtre des horreurs, le seul à assister au drame qui se joue en son être. malone qui perd les pédales, malone qui perd le contrôle. malone qui craque. ses épaules qui s'agitent au rythme infernal de ses tremblements, le poids de son corps sur ta pauvre carcasse. et toi, qu'est-ce que tu peux faire, face à tout ça ? qu'est-ce que tu as à lui offrir en vérité ?

rien
t'as rien

tu ne peux pas le rassurer, tu ne peux pas lui dire que ça va aller. tu peux pas l'aider, t'en es tout bonnement incapable. ton iris brillant reste fixé sur son visage, la détaillant avec une constance sans faille. le dévisageant avec violence, l'océan tempétueux de tes yeux qui tente de décrypter son comportement. qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête, malone que t'aurais envie de demander. et la question brûle tes lèvres toujours entrouvertes. mais tu ne dis rien, te contentes de respirer. respirer comme si c'était la seule chose possible en cet instant. t'as pas peur, t'as jamais eu peur des êtres humains. mais la faiblesse des autres, elle, elle t'échappe. autant que la tienne.

je suis désolé.
qu'ils hurlent, tes yeux.
qu'il hurle, ton regard.

je suis désolé que tu sois devenu comme ça, désolé d'en être le seul témoin, parce que t'es à peu près certain qu'il aurait préféré craquer dans les bras de n'importe qui d'autre que toi. t'es désolé que ça soit ça, le résultat. le résultat de ton passage dans sa vie. qu'il ait gardé toute cette violence de votre passé. comme si tu ne pouvais que détruire tout ce que tu touches, tout ce que tu frôles. et pourtant. — tu t'es jamais demandé pourquoi c'était parti en couille ? et cette fois, ça sort dans un murmure, un souffle. tu beugles plus, tu t'adresses plus qu'à lui rien qu'à lui. personne n'a à entendre ce que t'as à lui dire. la voix qui se brise, qui s'éclate, comme ses os sous tes mains. lentement, sans le quitter du regard, t'es venu saisir ses poignets, fermement, mais sans violence. — tu t'es jamais dit que j'étais p't'être pas le seul responsable ? tu maintiens ses mains, comme si tu l'encourageais. toute cette hargne, toute cette colère dans ton souffle. tes doigts qui tressautent, se resserrent à peine.

son regard te transperce
autour de vous, le chaos

— vas-y, malone. tes propres émotions t'effraient mais tu l'avoueras jamais. — vas-y, fais le. ton esprit qui se perd dans un soupir. — si t'es certain que j'le mérite. fais le. et tu continues à le fixer. en souvenir de vous. tes doigts sur sa peau, contact électrisant tout droit sorti du passé. le goût de sang dans ta bouche, le sien qui glisse sur sa tempe. l'arrière de ton crâne qui te lance autant que ton cœur. t'es pas certain qu'il s'arrêtera à temps, qu'il réalisera ce qu'il est en train de faire, le monstre qu'il est devenu. mais t'as envie de croire que celui que t'as connu, celui que t'as pas foutu totalement en l'air est encore là, quelque part. et que toute la haine ressentie à ton égard n'est qu'un écran de fumée. que t'es pas si détestable.

et tu te demandes
qu'est-ce qu'il reste de vous ?
( plus grand-chose en vérité )

@ Invité

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Mer 6 Nov - 1:42
point de rupture : degré limite où quelque chose se casse. tout le monde a un point de rupture, même s'il n'en a pas conscience. toi, malone, tu viens de le franchir. tu t'es même fracassé la gueule en le dépassant, et la chute n'a pas été des plus jolies. t'es là, toujours penché au-dessus du corps de pace – les doigts encore à osciller près de son cou, couverts de ton propre sang. le résonnement dans ta tête est plus ou moins là, mais y'a cet afflux de sang, d’adrénaline qui se précipite contre ton crâne. et qui cogne, cogne, cogne. ça, plus le début d'une crise de panique, et t'es dans un état lamentable malone. le vent glacial vous balaie tous les deux, il t'arrache un frisson qui te hérisse la colonne vertébrale. t'es toujours recroquevillé, à cheval sur pace. tu combats à la fois les tremblements qui t'agitent et la panique dans ta tête – et crois-moi, t'es loin de gagner. tu sens vois pace ouvrir la bouche, pour dire quelque chose, t'insulter peut-être, te traiter de taré. tu sais pas, tu le sauras jamais parce qu'il y a rien qui sort de sa bouche. que le silence et sa respiration calme que tu ressens à travers vos corps. et ton inconscient s'occupe de faire le boulot à ta place, de te tirer loin du précipice. ta mémoire connaît tellement pace qu'il s'adapte immédiatement, et toi, tu t'en rends pas du tout compte, mais ta respiration se cale sur celle de pace. et enfin le silence, dans ta tête. dans ton corps. c'est le grand vide, y'a plus personne au bord du précipice, ni même en bas. c'est le vacarme assourdissant du vide qui se glisse dans ta tête, et ça non plus, tu ne sais pas quoi en faire.

t'es redevenu complètement lucide quand pace murmure sa question, et t'as envie de répliquer d'un ton cassant que bien sûr que si, tu t'es demandé pourquoi c'était parti en couilles. t'étais pas complètement con à l'époque, t'y tenais à cette histoire, à ta première histoire. à votre histoire. t'as jamais voulu que ça finisse comme ça, dans les coups et la colère. t'avais pas prévu que ça te flingue autant l'esprit, que la fureur se creuse une place dans tes entrailles, qu'elle ne te quitte plus jamais après ça. t'aurais voulu prévoir, pour parvenir à empêcher l'explosion – parce que pace méritait pas ça, et toi non plus au fond. mais t'as rien vu arriver malone, et t'as tout laissé se fracasser entre vous. t'y as même participer, et tu sais plus si c'est pace ou toi qui as craqué la première allumette, mais toi, t'as absolument balancé un bidon d'essence dessus. c'est toi qui la créée, cette fureur animale qui gronde en toi depuis. c'est de ta faute si elle est là, c'est aussi de la tienne si tu détestes la mauvaise personne. c'est tellement plus simple de rejeter la faute sur les autres, de croire que le taré, c'est lui.

pas toi,
jamais toi.

il a glissé ses doigts autour de tes poignets, sans serrer, mais avec fermeté, et ça te catapulte des années en arrière. quand l'orage colérique dans ton ventre n'existait pas, que c'étaient ses lèvres sur tes poignets et non ses doigts, quand le calme régnait en toi. c'est un souvenir tellement familier et tristement inconnu à la fois, et ça te donne envie de t'enfuir loin. si tu t'écoutais, si t'arrivais à mettre assez de volonté dans tes jambes pour les faire se déplier, tu partirais en courant. tu veux continuer à le détester, tu ne veux pas croiser ton propre regard dans le miroir. t'es pas prêt, t'es pas sûr de l'être un jour en réalité. mais c'est pace. pace qui t'a fait grandir, pace qui connaissait ton moi d'il y a six ans par cœur, pace qui a laissé une marque indélébile dans ta vie. dans ton esprit. dans tes entrailles.

tu te redresses un peu, et tu réalises qu'il te fixe. qu'il a pas cessé de le faire. tes yeux se posent, enfin, dans les siens et t'as le regard de quelqu'un qui a déraillé. tu te forces à reprendre pied, ça se voit dans tes pupilles qui s'assombrissent – dans la lueur d'animal sauvage qui recule peu à peu. pace continue de parler, et tu l'écoutes. vraiment. t'écoutes chacun de ses mots et tu réalises. tu réalises qu'il est prêt à te laisser faire. pas parce qu'il n'a pas peur de mourir, mais parce qu'il sait que tu iras jamais jusqu'au bout. il sait qu'il y a une part de toi, celle qu'il a connue et aimée il y a six ans de ça – que cette partie-là de toi va t'en empêcher. et tu as un peu de mal à respirer, à l'idée que pace te connaît encore si bien. six ans après. c'est tellement plus simple de te détester, toi, que tu lui dis. juste à lui, rien qu'à lui. pace, il est intelligent. il va forcément comprendre ce que tu lui dis, ce que tes mots veulent vraiment dire. il va réaliser que la vérité est plus moche qu'il n'y paraît, que le malone qu'il a laissé il y a six ans est en train de perdre pied. (c'est peut-être trop tard même. déjà.)

tu t'effondres

en
mille
morceaux.


@pace simoes

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#
Mer 6 Nov - 20:59
painted me blue
@malone oaks


t'avais oublié ce que ça faisait. de regretter. t'avais oublié la tiédeur de sa peau, que tu retrouves au creux de tes mains. tu ressens son pouls, les battements affolés de son cœur. des battements assourdissants qui transpercent ta chair et résonnent dans ta propre carcasse. à deux pas de vous, la balançoire rouillée et taguée du parc s'agite lentement dans un grincement et tout à coup, tu ne te sens tout simplement pas à ta place. pas dans le bon quartier, pas dans le bon rôle. t'as dans le nez l'odeur âpre du béton. celle du sang, du regret et de la haine. ça te prend à la gorge autant que le goût de fer sur ta langue.

ça t'échappe pas
son mimétisme soudain

il a calqué sa respiration sur la tienne, silence après que la bombe ait touché le sol. silence qui s'éternise après que la dernière note ait résonné. le silence après le couvre-feu, le silence d'un enfant lors d'un jeu. ce silence qui hurle et qui prend aux tripes. les nuisances sonores de la ville, l'obscurité persistante, les mouvements de la vie, l'humidité prenante du square et son atmosphère étouffante. plus rien n'existe. tu traverses un no man's land en temps de guerre. il n'y a guère que la lumière des lampadaires qui brille dans tes yeux, les fait ressembler à une nuit étoilée de van gogh. comme si tu pouvais prétendre à la beauté. un éclat de voix, au loin, comme un rire qui s'éloigne. et les bagnoles qui passent.

tu fais l'effort de calmer ta respiration
et la sienne en même temps

t'es presque calme. presque apaisé. quiétude artificielle pour ne pas péter un câble. c'est pas toi le plus atteint dans l'histoire, quoique tu sois probablement heurté par la situation. choqué au fond profond de ton âme d'avoir assisté à ça. d'avoir réalisé ce que t'avais fait. parce que malgré tout, t'en portes la responsabilité. tu la porteras longtemps. mais c'est comme ça. t'as pas le choix, tout comme tu peux pas faire autrement qu'être calme en cet instant. tu dois l'être pour deux. pour lui et pour toi, aussi. mais il finit par soutenir ton regard et tu réalises qu'il lutte, encore et toujours. tu sais pas quels monstres il est en train d'affronter exactement, mais tu pressens. tu pressens qu'ils sont identiques à ceux qui te bouffent.

la trahison
l'abandon

et tu repenses à ton père. à nox. à raf. à aidan. et à tous ces salopards passés par là, venus te donner un sentiment de sécurité avant de te l'ôter d'un violent coup à la gueule. comme si tu valais rien. comme si t'étais pas si important. comme si t'étais rien, au fond. et alors, alors que t'es paumé dans tes sombres idées, malone parle et ça te prend à la gorge.
plus simple
de te détester
toi

oui. oui, tu comprends. tu comprends à quel point malone est abîmé. tu vois parfaitement où il veut en venir. qu'il confesse à demi-mot qu'il préfère haïr ce que tu incarnes, plutôt que d'affronter ses propres démons. plutôt que d'affronter son reflet dans un miroir fissuré. ce que tu fais tous les jours de ta vie. ce que tu fais et que t'enterres toujours plus, sous toute cette rage. oui, tu comprends. tu comprends aussi que c'est plus simple, parce que tu t'es rendu détestable. tu comprends que c'est sûrement ce que les gens perçoivent. peut-être même qu'ils adorent te haïr, t'en sais foutrement rien. et t'aimerais comprendre d'où ça te vient, toute cette bonne volonté. comme si t'étais juste capable de te définir par le nombre de personnes qui t'ont en horreur.

mais ça fait tellement mal
de l'entendre ainsi formulé

plus simple de te détester. ça t'arrache un rictus, l'ombre d'un sourire, l'amertume au bord des lèvres que t'as tout à coup envie de dégueuler. il peut le sentir, malone, ainsi au-dessus de toi. cet éclat de rire muet dans ta poitrine, tes abdos qui se contractent, alors que tu laisses reposer ton crâne sur le bitume. tes yeux rencontrent les nuages. y'a pas d'étoiles, le ciel est noir. t'inspires. longuement. sans prévenir, d'un mouvement brusque, tu te redresses. ton buste droit, malone qui se retrouve, là, sur tes jambes. tu pourrais le prendre dans tes bras, alors que t'as toujours ses poignets dans tes mains. tu pourrais le faire. peut-être que t'y penses. il est si proche, si proche de ton visage. y'a ton regard qui soutient le sien, vacille un instant sur le sang sur son front. t'es pas sûr que ça le rassurerait. si tu l'embrassais, là, maintenant. si tu le serrais fort entre tes bras. si tu lui disais que ça va aller. parce que c'est pas de toi qu'il attend ça désormais. il l'a bien dit : c'est tellement plus simple de te détester.

et il a raison
et c'est vrai

— c'est plus simple, hein... que tu articules à peine. l'ego en miette, le cœur en vrac. tes lèvres qui se pincent, ce rictus douloureux qui se dessine au coin de ces dernières. qui creuse cette légère fossette sur ta joue. celle qui donne à ton visage un air d'enfant. celle que tu hais tant. alors, tu le repousses. d'un bras, d'un unique geste, tu le fais descendre. tu laisses le béton l'accueillir. sans violence, sans douceur. froidement. tu es cruel, peut-être. sûrement. mais il sait. il sait sans aucun doute que t'as tellement, tellement mal que tu peux pas faire autrement. que t'as pas la force, pas le courage de le rassurer, de lui dire que ça va aller.

et tu te tiens debout, malone à tes pieds, à presque lui tourner le dos. et ça tambourine dans ta poitrine. elle empeste, ta provoque, ta colère. non. t'es pas haineux, t'es blessé. et t'aimerais fermer les yeux, mais tu peux pas t'en empêcher, tu peux pas t'empêcher de le dévisager, de le toiser, par-dessus ton épaule, quand tu reprends enfin. — alors, déteste-moi. ouais. continue à me détester. t'y arrives tellement bien. et ça t'a tellement réussi jusque-là... vas-y. et s'il te faut une raison, j'me ferais un plaisir de te rappeler à quel point j'ai ruiné ta vie et à quel point t'es pas foutu d'me le faire payer. y'a pas de soucis malone. aucun. putain. de problème. j'suis formaté pour ça. et si ça suffit pas... regarde malone,
regarde à quel point je me rends détestable pour toi.
après tout, c'est ce que tu attends non ?
c'est ce que tu attends de moi ?

tu te tournes vers lui, t'accroupis pour être à sa hauteur. ton regard plongé dans le sien, si sombre. ta main glisse vers sa clavicule et du bout des doigts, tu ré-ajustes le col de son haut. y'a pas de tendresse, dans ton geste. y'a pas de colère non plus. il est vide, vide de tout, de chaleur comme de haine. — dis-toi qu't'es pas le premier à tout me foutre sur le dos. qu't'es pas le premier à pas avoir les couilles d'affronter c'qui te met dans cet état. qu't'es pas l'premier à trouver ça plus simple d'me détester. et si tu parles ouvertement de ton géniteur, tu en tais le nom. si tu parles ouvertement de tes blessures et du mal que ça te fait, tu en dissimules résolument les émotions. d'ailleurs, te voilà à nouveau droit dans tes baskets, debout, immobile, devant lui.

et sans trop y croire
tu tends la main dans sa direction
pour le remettre droit
sans savoir s'il osera la saisir

@ Invité

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Jeu 7 Nov - 23:42
inspire, expire. inspire, expire. repeat. pace s'est presque immédiatement rendu compte que tu avais calé ta respiration sur la sienne. et parce que tu le mérites définitivement pas, il a calmé ses inspirations jusqu'à ce que tu fasses de même. tu lui en mets plein la gueule, tu lui répètes que tu le détestes, t'étais même prêt à le tuer il y encore quelques minutes de ça, et le mec t'empêches de perdre pied. ce mec qui devrait te laisser perdre la boule – parce que c'est ce que tu mérites au fond – ce même mec prend sur lui pour devenir ta bouée dans la tourmente qui fait rage dans ta tête. t'as envie de t'effondrer encore un peu plus, malone. mais t'es probablement déjà au fond du trou. pace, il en a aucune idée, mais il est en train de voir la pire partie, celle dont même toi, tu ignorais l'existence jusqu'à aujourd'hui. celle qui est tapie si profond en toi que t'es choqué pendant un instant. c'est comme regarder un ouragan balayé une ville entière – l'impuissance horrible qui te paralyse. parce que dans l'histoire, c'est toi la ville. et t'es pas sûr d'en sortir vivant. mais pace, peut-être qu'il se rend compte de tout ça, peut-être que ça lui fait pas peur – cet aspect noir de toi, cette partie qu'il n'a jamais connue. peut-être que pace, il a connu que ça, pire que toi.  c'est ce que tu te dis, dans un coin lointain de ta tête. t'essaies de t'en convaincre, de te rassurer. parce que si pace part, ça veut dire que personne d'autre acceptera de rester. et t'es figé à l'idée, terrifié même.

t'as beau croire le contraire, t'es le même qu'il y a six ans – t'as pas changé, malone. t'es juste un peu plus esquinté à l'extérieur et dangereusement fissuré à l'intérieur. t'étais ce gamin qui se décorait les bras d'un arc-en-ciel de bleus malgré les reproches de ta mère, le même qui mettait parfois plusieurs heures, jours, à dire à ta mère qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec ton bras ou ta jambe. tout ça parce que tu t'étais cassé quelque chose, encore, et qu'elle allait paniqué, encore, et que vous alliez finir à l'hosto, encore. (et que le dossier officieux sur les mauvais traitements que ta mère te faisait subir continuait d'augmenter, encore. mais ça, tu le savais pas.) et maintenant encore, tu continues de te taire malone. les bleus te couvrent les bras sans que tu bronches et tu fais des atèles ou des plâtres digne d'un médecin urgentiste. t'es débrouillard malone, tu l'as toujours été. tu n'sais aussi pas accepter l'aide des autres – à croire que ça te fait peur, de devoir compter sur quelqu'un, d'être abandonné à nouveau. faut croire que t'es plus abîmé par ton enfance que ce que tu pensais.

pace se redresse et tu bascules sur ses jambes. vos yeux ne se quittent pas et vous êtes si proches que si tu t'avançais juste un peu, tu pourrais l'embrasser. là, maintenant, tout de suite. c'était quelque chose que vous faisiez souvent il y a six ans de ça – il y en avait toujours un de vous deux pour venir embrasser l'autre au beau milieu d'une engueulade. pour faire mourir la colère et les insultes sur la langue de l'autre. se fracasser l'un contre l'autre, c'était votre manière de fonctionner. celle que vous choisissiez en premier. votre mode de défaut. et si pace te connaît toujours aussi bien, il en va de même pour toi. alors oui, tu ne peux pas passer à côté du moment où ses abdos se contractent sur ce rire muet. ce moment précis où tu le blesses. et l'instant d'après, t'es déjà à courir après tes regrets. mais c'est trop tard malone, c'est putain de trop tard. fallait réagir avant, fallait pas cracher ta rage sans réfléchir. fallait pas le haïr, tout simplement.

tu te retrouves le cul sur le sol, le dos de pace au-dessus de toi, la noirceur du ciel derrière lui. il s'est remis debout, il t'a repoussé et s'est détourné de toi. il y a un battement de silence. un cri muet qui pue la douleur. la tête légèrement tournée, le regard jeté par-dessus son épaule, il te balance tes quatre vérités. c'est tout ce que tu vaux, malone, tout ce que tu m é r i t e s. tu dis rien, tu fermes ta gueule pour une fois. il a le droit d'être en colère lui aussi – même si tu sais qu'il l'est pas, pas vraiment. il est juste blessé. tu l'as blessé. ça te coupe presque le souffle, tellement tu regrettes. de vous deux, c'est toi le plus détestable – t'as juste mis six ans à t'en apercevoir.

t'as envie
de fracasser ta tête
sur le macadam.

un col remis en place, des doigts qui frôlent ta clavicule, ton cerveau qui divague. il pourrait glisser ses mains autour de ton cou, serrer jusqu'à l'étouffement, te rendre la pareille, et tu ne bougerais pas. tu as envie que tout ça cesse, malone. t'en as besoin. tu comprends pas pourquoi pace reste là, pourquoi il continue de vouloir faire quelque chose, pour toi, alors que tu sais très bien que tes mots ont résonné avec ceux qu'il a probablement entendus mille fois par le passé. tu comprends pas, mais tu fixes pace qui se redresse. de toute sa hauteur, de ce corps que tu connaissais si bien. lui aussi, il t'observe. et t'as l'impression tu sais qu'il lit en toi comme dans un livre ouvert. t'as pas changé, malone, mais tu peux au moins essayer. et enfin, tu poses les armes. tu capitules.

tu attrapes la main tendue
et tu t'y accroches.
like it's a freaking lifeline.

(maintenant, quoi ?)

@pace simoes

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Ven 8 Nov - 18:57
painted me blue
@malone oaks

t'aurais voulu être un peu plus que ça, un peu mieux que ça. que toute cette merde, que ce rien que t’as à offrir. c’est pas de la pitié, pas vraiment, quand tu tends la main dans sa direction. quand le temps se suspend dans ton geste faussement désintéressé. t’essaies de te racheter. t’aimerais te racheter. t’attends pas son pardon, au fond, c’est toi-même que t’aimerais pouvoir pardonner. prendre l’enfant en toi dans tes bras et lui susurrer que ça va aller, que c’est pas grave de se planter. que l’important finalement, c’est de continuer. cette main, c’est une invitation. à avancer. à tourner la page. mais c’est pas si facile, c’est pas si aisé. et tu vois pas d’autre moyen. t’as pas d’autres moyens que d’aider malone. de toute façon, tu peux pas le laisser si misérable, tu peux pas le laisser dans cet état. t’es pas inhumain, tu l’es pas à ce point du moins. et t’espères le lui prouver, te le prouver dans le même temps.que tu vaux plus que ce qu’il peut penser.

que t’as toujours eu cette valeur
c e t t e . h u m a n i t é

il faut dire que de ce que tu perçois de sa silhouette aux épaules voûtées, malone est resté le même, après toutes ces années. et tu ne parles pas de la galaxie colorée sur ses bras, des bleus sur sa peau. tu penses à ses plaies intérieures, aussi visibles qu’avant, si ce n’est plus. il faisait le fier, malone, mais il était aussi détruit que toi. quand t’y penses, livio est bien le premier être équilibré que tu rencontres. que tu penses connaître peut-être pour ça, que tu t’accroches à votre relation chaotique, à sa silhouette de gamin, à ses boucles brunes. t’espères qu’il te tirera vers le haut et que tes pieds quitteront enfin tes foutues galères. et ça te fait de la peine, de le voir comme ça. ça te fait mal au cœur, à ce putain d’organe vital que tu prends garde à ne jamais écouter. t’as peut-être peur d’être déçu à l’arrivée. et lui aussi. mais tu fais des efforts. et t’as l’espoir qu’il en fasse au moins autant que toi. parce que tu ne lui es en rien supérieur, tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais. même si ta posture lui hurle le contraire à la gueule. elle hurle un mépris inexistant, comme un mensonge sur ta gueule. comme si malone n’était rien, ne valait rien. tu lui imposes ta grandeur, quand tu lui proposes dans le même temps de se relever. y’a rien de fier, dans la courbure de ton dos, rien de beau, sur les contours de tes épaules. ta silhouette se détache à peine dans la pénombre. et tu lui tends la main. comme si t'avais le pouvoir de le tirer de là, de le préserver,, de le sauver de ses démons. comme si c'était ta main qu'il pouvait souhaiter saisir entre toutes.

ta main tachée de sang
ta main dégueulasse dont personne ne voudrait

si livio te voyait, il gueulerait. sur ton état, sur ton penchant sur la violence, sur ton incapacité à être un individu ordinaire, civilisé. il le fera sûrement en voyant ton visage. demain. après-demain. quand vous trouverez du temps pour vous. et tu diras rien à ce sujet. tu tairas ce chapitre de ta vie. cette violence inouïe que t'as pas été foutu de contrôler. tu ne parleras jamais de malone et de cette vie foutue en l'air, de ces os brisés. il n’y a rien à dire sur le sujet. t’as épuisé tous les mots que t’avais. le reste, tu fais le choix de le garder pour toi. et t’as pas peur, d’affronter la colère de ton mec. comme t’as pas peur d’affronter l’état de malone. et de continuer à le regarder dans les yeux. t’as rien à perdre que tu n’aies déjà perdu, dans cette histoire.

et alors que t’y croyais plus
malone glisse ses doigts dans les tiens

pourquoi t’es encore là, pace ? parce que malone, il a compté pour toi, à un moment de ta vie. parce que c’est lui qui t’a fait grandir, peut-être pas de la façon dont tu l’avais imaginé, mais tout de même. parce que tu payes une dette que t’as toujours nié. parce que t’avais plus vraiment repensé à lui, depuis six ans, et que tu t’en veux presque, de l’avoir oublié. et t’as besoin de reprendre le contrôle. alors, tu refermes ta main sur la sienne et tu le forces à se lever. assez lentement, pour pas le briser, mais sans lui laisser le choix cependant. et quand il est debout, face à toi, tu gardes sa main un court instant qui te fait l’effet d’une éternité dans la tienne. avant de le lâcher. parce que t’as pas le droit d’être un pilier pour lui. c’est plus ton rôle, ça le sera plus jamais. d’un geste vif, tu passes le dos de la main contre ton nez, essuyer ce qu’il reste de sang, comme si ça avait une quelconque importance. — y’a pas un endroit où tu pourrais aller ? quelqu’un à aller voir, qu’il hurle ton regard. des amis, un mec, t’en sais rien. n’importe qui, n’importe quel lieu dans lequel il se sentirait en sécurité. plus que dans ce square déserté, sans doute plus occupé par des dealers et des camés que par des gosses. — ou… j’sais pas, t’habites loin ? comme si t’allais le ramener. ou lui proposer de rester. abruti. il veut plus de toi dans sa vie. et si livio se pointait, tu saurais pas expliquer. tu pourrais pas. ta main a glissé sur ta nuque douloureuse après tous ces chocs. — tu peux p’t’être appeler quelqu’un.

pour pas rester seul
parce qu’il doit pas rester seul

@ Invité

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Dim 10 Nov - 1:58
on dit qu'il y a toujours un avant et un après quand on fait face à une période difficile de sa vie, un élément perturbateur, un truc qui laisse une trace. toi, malone, t'as plutôt l'impression d'être coincé entre le avant et le pendant. t'as même la sensation que, parfois, au lieu de stagner dans le pendant, tu retournes à l'avant. ce soir, encore plus que tous les autres jours, t'as le sentiment de gravir une montée si pentue que toi dois lutter pour faire le moindre pas, pour pas redescendre aussitôt. tu dois combattre chaque fibre de toi-même rien que pour rester sur place, sans vaciller. c'est tellement dur malone, et t'es pas sûr d'y arriver. t'es pas sûr d'avoir le courage de continuer. pourtant, il y a pace face à toi, pace qui te surplombe, pace qui te remet debout. pace que tu sais plus si t'es censé détester ou remercier. tu l'as tellement détesté, pendant toutes ses années, que t'es à bout de souffle désormais. tu t’asphyxies sur un oxygène inexistant. y'a pas que le coup de matraque du vigile que t'as brouillé l'esprit, ça c'est clair. reste à savoir en combien de temps tu vas te remettre de ce moment, physiquement et psychologiquement. vos mains tenues ensembles, paume contre paumes, violence face à violence. t'as l'impression que ça dure une éternité, que le temps s'est arrêté. tu ne sais plus qui est qui.

sauveur ou bourreau,
bourreau ou sauveur,
rédemption.

il lâche le premier, une fraction de seconde avant que tu fasses de même. la manche droite de ton sweat a glissé le long de ton bras et la faible luminosité jaunâtre d'une lampadaire vient éclairer le bleu qui décore ton avant-bras. il est récent, de la même couleur sombre que le macadam sous vos pieds et forme cinq longs traits. t'as la main d'un client bourré et insistant ancré sur la peau pour les jours à venir, malone. et comme t'es à la recherche d'un peu de stabilité, d'un moment de te concentrer sur le présent, tu fais la seule chose qui te passe par la tête – t'appuies dessus jusqu'à avoir mal. tu bronches pas pourtant, pas vraiment. un minuscule froncement de sourcils que quelqu'un qui ne connaît pas ne verrait pas. pace le remarquerait probablement, s'il t'observe – alors t'espères que ton visage est assez dans l'ombre pour dissimuler ta réaction. déjà qu'il doit te prendre pour un taré, ça ne viendrait pas arranger ton cas. les yeux fixés sur pace, tu continues d'appuyer sur ton bleu jusqu'à ce que la douleur soit tellement présente qu'elle disparaisse. elle devient ce bruit de fond dont t'as eu tellement l'habitude étant enfant – c'est tellement familier comme sensation que ça en devient presque réconfortant. presque, t'es pas taré à ce point malone. pas encore du moins. t'es tellement concentré sur pace que tu devines le sang qu'il essuie sa main plus que tu ne le vois, et ça te fait penser au tien. au sang qui a séché sur ton crâne et le long de ta nuque, et tu dois avoir un sacré air, avec ta gueule abîmée et tes yeux assombris. heureusement que ce qu'il se passe dans ta tête ne se voit pas sur ton visage parce que tu ferais fuir tout le monde. sauf pace. parce que pace, il est toujours là. t'es pas sûr de savoir pourquoi, de savoir si tu le mérites, mais t'as envie de lui dire merci. tu le fais presque, mais le mot vient mourir sur tes lèvres.

perpétuel renoncement,
vérité inavouée.

tu entends ses mots, lis ce qu'il veut vraiment dire dans ses yeux et t'as un rire ironique qui meurt sur tes lèvres. t'as personne malone, personne aux épaules assez solides pour supporter de te voir comme ça. t'imposerais ça à personne, pas même à pace. tu pensais le détester y'a un moment de ça. il s'est juste trouvé là quand il fallait pas, et il a fait face. il a pas fui. toujours pas. j'ai dit à eileen qu'elle pouvait avoir l'appart jusqu'au matin, que tu finis par lui répondre. t'as pas fait attention, mais t'as arrêté d'appuyer sur ton bleu pendant que tu parlais et la sensation de douleur a disparu – elle est remplacée par le froid qui vient se glisser sous ton sweat, jusqu'à tes os. il commence à faire réellement froid et vous allez devoir bouger de là, rapidement. c'est pour ça que pace cherche à te mettre quelque part, qu'il te demande si t'as quelqu'un a appelé. tu pourrais appeler orion, mais il connaît pas la vérité. ni sur toi, ni sur pace, ni même sur ta maladie. il a compté pour toi, vraiment, mais tu lui as tellement menti que t'es plus sûr que t'es un jour mérité son amour. alors, non, tu vas pas l'appeler. ni lui, ni livio que tu connais plus ou moins, ni harriet avec qui tu es pas assez proche pour aller squatter chez elle. et ça t'étonne pas trop, de voir que t'as personne pour affronter, mais c'est quand même tristement drôle à admettre.

t'es
tout
seul


ouais, j'vais appeler mon ex, il va être ravi de voir que j'suis ravagé au fond, tu lâches avec un rire ironique. pace a pas idée, il sait pas à quel point tu t'es barricadé depuis que vous vous êtes quittés. y'a eu personne pour prendre sa place après son départ, personne a qui tu as confié ton plus précieux secret. personne pour lire entre tes mots quand tu parlais de ton enfance. malone, tu t'es tellement bien protégé après votre rupture, que t'as plus laissé entre personne. pas aussi loin, pas aussi près. j'vais aller boire jusqu'à oublier qui je suis, et je trouverai bien quelqu'un de pas trop regardant qui acceptera de finir dans un lit avec moi, tu finis par ajouter. ce soir, t'as envie de voir personne qui tu connais. t'as envie d'oublier – que le flou dans ta tête reprenne ses droits et que tes pensées cessent de ressasser le passé. tu peux y aller, j'te retiens pas. j'imagine que t'avais mieux à faire aujourd'hui ou quelqu'un à aller rejoindre. tu sais pas pourquoi tu continues de parler, malone. ça te regarde pas. plus. ça te regardera plus jamais.


@pace simoes

@ Invité

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Dim 24 Nov - 23:50
painted me blue
@malone oaks

tu perds la notion du temps. ça se brouille dans ta sale gueule, ça se meurt sur tes lèvres. sur ton visage qui se ferme, un peu plus à chaque seconde, un peu plus à chaque instant. encore fissuré des mots prononcés, encore blessé par son regard, par son attitude, sa propension à te traiter comme si t'étais un putain de monstre, une créature ignoble, comme si tu pouvais n'inspirer que ça, le dégoût. ça changera pas. c'est trop tard pour lui, pour toi. vous qui n'existe pas t'es prisonnier de tes actions passées, comme un condamné qui n'aurait jamais l'occasion de s'excuser. un criminel aux lettres restées sans réponse, aux pardons tombés dans l'oubli. qui se raccroche à l'espoir vain d'être devenu quelqu'un. ou du moins d'essayer. mais y'a qui pour le constater, qui pour le voir ? à tes yeux, malone est resté le même et aux siens, tu dois aussi être le même. six ans. six ans pourtant.

six ans de silences.
et d'oubli.

ton regard glisse à son bras, à la manche relevée, se pose sur un bleu qui apparaît presque noir à la lueur jaune des réverbères. l'ombre d'une main, le dessin de doigts fins. tu sais pas ce que ça te fait, de t'arrêter là-dessus. sur ce détail. si ça glisse sur ton âme sans t'atteindre ou si ça piétine un peu plus ton cœur. tu te cadenasses, pour cesser de penser. de ressentir. ça fait trop mal, d'avoir des émotions. c'est trop violent, d'avoir du cœur. alors tu vois sa main à lui se glisser sur sa blessure. et quand tu relèves le regard, c'est pour croiser le sien. cette expression qui se peint, la douleur subtile que tu connais si bien, qui naît dans un froncement de sourcils. tu le remarques. fais pas ça que t'aimerais sermonner. mais tu te tais. tu fermes ta gueule, comme s'il t'était interdit de parler. comme si t'avais pas à t'en mêler. et tu soutiens son regard. comme si t'étais aveugle, comme si tu niais avoir vu. mais vous savez, hypocrites que vous êtes. vous savez. et ça n'empêche pas la mascarade de continuer. jouer aux cons.

t'es comme lui au fond
à te faire mal pour occulter la vraie douleur
celle à l'intérieur

alors t'ignores. t'ignores ce qu'il s'inflige, parce que ça serait trop difficile de lutter contre ça, parce que t'as pas à t'en mêler. ses états d'âme ne devraient pas être les tiens, ne devraient pas être partagés. toi qui étouffe tes hurlements dans le sifflement des coups de poings. son sourire résonne un instant avant de se perdre dans la nuit. tu t'en détournes, comme si son ironie pouvait t'atteindre. est-ce que tu peux dire que t'es seul, toi ? t'en sais rien. simon. livio. ça rime à quoi. sa réponse te fait comprendre qu'il peut pas rentrer chez lui. qu'il veut pas, sans doute, aussi. la solitude qui effraie, qui angoisse. prétexte. parce qu'il pourrait, en vrai. ne pas tenir sa parole, se mettre à l'abri, loin de tout ça. loin de toi. alors, il parle de son ex. et tu prends conscience que c'est pas de toi, qu'il parle. que le temps s'étiole, mais qu'il n'a pas fait son job. qu'il n'a pas apaisé sa peine. qu'il ne lui a laissé aucune chance de se reconstruire. mais t'es à l'origine du chaos.

toi pace
tu sais à quel point il est ravagé

tu pinces les lèvres. et à la fin de son discours, tu laisses planer le silence. pesant. lourd. tu le fixes, le cerveau en ébullition. les pensées qui se bousculent, qui analysent, décortiquent, décryptent ses maux autant que ses paroles. t'es con malone. t'es con, t'es tellement con, qu'il hurle ton regard. t'as la main qui se glisse sur ton crâne, ton visage qui se détourne pour se lever vers le ciel, ton cou exposé au froid mordant, glacial. ton cou qu'il voulait tordre, étrangler, il n'y a pas si longtemps. — putain. que tu souffles à peine, te détournant suffisamment de lui pour lui présenter ton profil. la silhouette de tes lèvres, de ton nez, de ton arcade sourcilière, qui se détache à contre jour, à la lumière du lampadaire. tu te sens coupable, responsable et ça te bouffe. ça te déchire les entrailles.

— j'ai un canapé, s'tu veux. que tu t'entends articuler comme dans un rêve. et quand tu plantes ton regard dans le sien, tu prends même pas conscience de la portée de tes mots. de l'invitation que tu formuleras jamais. comme si tu pouvais le protéger. comme si c'était une bonne idée, alors que c'est sans doute une des pires que tu aies eues. et si livio vient ? mais livio ne viendra pas, tu le sais déjà. et malone, de ton hospitalité, de ton aide, il n'en voudra pas. il l'acceptera pas. pourtant, tu continues à le fixer. t'as de l'alcool, t'es pas regardant. tu le veux pas dans ton lit, non, tu t'en fous. mais tu peux pas le laisser sombrer dans sa détresse sans tenter une dernière fois de lui tendre la main. il l'a déjà saisie une fois, ça ne coûte rien d'essayer à nouveau. — si tu m'butes pas dans ton sommeil.

et étrangement
t'es on-ne-peut-plus sérieux

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Mer 27 Nov - 22:55
@pace simoes

t'es planté là, face à pace, dans le froid de la nuit qui tombe. et tu sais pas quoi faire de toi-même malone. tu savais déjà pas quoi faire de toi-même avant de rencontrer, puis t'as pas non plus su quoi faire de toi-même quand il s'est mis à bouleverser ta vie tellement fort que t'en es tombé amoureux. tu pensais savoir quoi faire de toi-même quand vous vous êtes battus et que t'as passé deux nuits entières entre les murs affreusement blancs de l'hôpital. en fait, tu savais pas. t'as fait n'importe quoi. c'est précisément dans cette chambre qui puait le désinfectant que tu t'es mis à le détester, là où c'était toi, la vraie personne que tu détestais – celle qui refusait d'apparaître dans le miroir. il a disparu de ta vie, toi de la sienne et six ans ont passé. t'as tenté d'après à faire quelque chose de toi-même durant toutes ces années. t'as réussi, un peu. assez pour te laisser aller à un peu de bonheur aux côtés d'orion, mais pas assez pour lui confier tes secrets. pourtant ils étaient là, partout sur ta peau, partout dans tes os. y'avaient ceux cachés aussi, ceux que, même toi, tu refusais de voir. et désormais, t'es face à eux, t'es face à pace. pace face à qui tu sais pas quoi faire de toi-même, comme si tu savais déjà pas quoi faire de toi-même il y a six ans de ça. même bien avant en réalité. à croire que t'as jamais su quoi faire de toi-même, malone.

il y a toutes une palette d'émotions qui se dessinent sur le visage de pace, que tu parviens à lire parce que t'es pas n'importe qui, malone – tu le connais, tu l'as connu, et toutes ces émotions, ces sentiments sourds, c'est toi qui les crées, qui les provoquent. ça te fascine. et tes yeux retracent chacun des traits du visage de pace comme s'il allait s'envoler, là, maintenant, d'une seconde à l'autre. l'arcade sourcilière, l'arrête de son nez et le sang séché qui en a coulé, la courbe de ses lèvres, les creux de ses yeux, la forme de son crâne. tu adaptes ce que les traits de son visage que tu connaissais par cœur il y a six ans de ça avec ceux que tu vois aujourd'hui. tu modifies dans ton esprit les petits changements que cette saleté de vie ont eu sur lui. c'est presque inconscient au début, mais quand tu réalises ce que tu es en train de faire, y'a un battement. un temps de pause, un moment de silence dans ton esprit. et puis, tu continues. volontairement, consciemment, cette fois. t'es pas sûr de le revoir un jour après ce soir, pas après ce que tu lui as fait, ce que tu lui as dit, alors tu veux garder son visage, ce visage six ans plus vieux, dans ton esprit. ton inconscient. tu veux pouvoir le voir dans ton miroir quand t'es sûr le point de t'écrouler. et cette fois, quand tu le verrais, tu repenseras à tout ce qu'il t'a apporté. cette stabilité bancale qu'il a créé pour toi sans même que vous vous en rendiez compte. ces instants de bonheur figés dans le temps, cet amour ravageur qui t'a percuté tellement fort que t'as pas su y faire face. et t'espères, tu pries, pour que plus jamais, ce soit son visage qui remplace le tien dans le miroir quand tu es en colère. tu veux que la prochaine fois que la colère te balayerait, si quand ça arrive, ça soit pour les bonnes raisons. parce que tu te détestes toi, le gamin que t'étais et le mec que t'es devenu. pas quelqu'un d'autre, pas pace. plus jamais pace. t'as déjà assez fait de mal comme ça.

il te propose son canapé. c'est sous-entendu, mais c'est clairement une invitation. et t'es pas vraiment sûr de qui de vous deux est le plus choqué par ces mots. lui, ou toi. lui qui propose alors qu'il n'a aucune raison pour le faire, qu'il ferait même mieux de rien dire, de te laisser te démerder tout seul. toi qui réalises avec un temps de retard la vraie portée de ses mots. pace te propose son aide. encore. alors que tu la mérites définitivement pas. pas après lui avoir dit vouloir le tuer, avoir tenté de l'étrangler. pas après tout ça, pas après ce soir. d'ailleurs, ses derniers mots te rappellent ce que tu as fait et toi, tu répliques rien. parce qu'il a raison pace, peut-être que t'es assez fêlé pour le tuer dans ton propre sommeil. peut-être que y'a quelqu'un qui t'a fracassé la tête tellement fort qu'elle est fissurée désormais, que ce que t'as désespérément tenté d'enfouir toutes ces années est désormais à la surface.

tu
acceptes
la main tendue

tu dis d'accord.

(pour l'aide)
(pour le canapé)
(pour tout ce qu'il a à proposer)

@ Invité

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Dim 8 Déc - 18:32
painted me blue
@malone oaks

la nuit vous enlace comme une mère enragée, une mère ingrate. une chienne qui mettrait à l'épreuve ses tendres petits, au cœur d'une nuit trop éprouvante. et le silence bat à tes tempes plus violemment encore que le froid ne te saisit la gorge. t'es dans cet état second, incertain, l'attente au creux des reins et les pensées qui se précipitent. tu aurais dû p a r t i r. sans te retourner. partir et oublier. pour lui, pour toi, pour ce vous qui n'existe pas. partir pour ne pas souffrir davantage de ces non-dits et des maux qui vous hantent. à peine as-tu refermé les lèvres que déjà, tu regrettes amèrement tes paroles. tu te sens responsable de lui, alors que vous n'avez plus rien à vous dire. plus rien à souffler, rien à articuler. le froid et la violence ont bouffé ce qui vous restait de sincérité. (mais y'a tellement de mots qui en valent la peine)

et s'il accepte ?
e t . s i
est-ce que tu auras assez de contrôle,
pour combattre les m o n s t r e s dans ta tête ?

dis non. dis non, malone. N O N. refuse de souffrir, encore et encore, refuse la main maladroitement tendue et la lumière qu'elle semble apporter dans cette foutue obscurité. (t'es pas si terrible, pace, tu sais ?) mais ça serait tellement plus simple, d'en rester là. de se perdre, encore une fois, une dernière fois. de remplacer le portrait d'il y a six ans par celui-ci, fissuré, grossièrement rafistolé. sans que tu ne t'en rendes compte, ton visage s'est remis dans l'axe de ton corps. lentement, tu as glissé vers lui, pour lui faire face. pour l'affronter, encore et encore. il ne s'agit que de ça, au fond. d'un combat de f a u v e s dans une cage bien trop étroite. et sa surprise, muette, est à hauteur de la tienne. et son regard, qui capte le tien. ça ne dure pas longtemps en vérité, une pincée de secondes, un cycle de respirations mesurées, quelques battements de cœur désordonnés. mais c'est bien suffisant et t'es pas certain de pouvoir en supporter beaucoup plus. de sa détresse. comment pourrais-tu le sauver, pace, toi, qui ne parviens pas à protéger ce foutu gamin que t'(es).

d ' a c c o r d

souffle qui se tait, le temps de digérer. et ce mouvement de tête, incroyablement lent, quand tu acquiesces. le menton qui s'abaisse, en silence. et ça se bouscule dans ta tête, de préoccupations plus ou moins importantes, de faits plus ou moins graves. est-ce que c'est rangé ? est-ce que livio a oublié quelque chose ? est-ce qu'il viendra t'achever dans ton sommeil ? est-ce que t'as de quoi le recevoir ? est-ce que c'est vraiment une si mauvaise idée ? t'aimerais savoir. mais la réponse arrivera quand ça sera bien trop tard. — ok. tes mains ont distraitement glissé dans tes poches. — ok. comme si tu n'avais que ça à articuler. et t'anticipes. tu lui laisses pas le temps de changer d'avis ou de se dégonfler. tu murmures un — viens. et tu bouges lentement. un pas. après l'autre. tu l'emmènes. tu l'emmènes chez toi. malone va passer le seuil et va entrer dans ton univers.

celui que tu as bâti
s a n s . l u i

un appartement qui a vécu, malgré l'absence, bien vite comblée par les aléas de la vie, les rencontres, ce que tu devrais appeler reconstruction, mais que tu ne nommes pas, toi qui passes ta vie à ériger des murs sans arrêt soumis à l'épreuve de ce foutu océan d'angoisses. il la connaît pas, ta nouvelle adresse, à quelques rues de là. pas tout à fait à côté, pas vraiment éloigné. tu calcules pas le temps qu'il te faut ou le chemin le plus adapté. ton pas frappe le pavé à un rythme soutenu, ta carcasse rase les murs, ignore les quelques silhouettes qui hantent les trottoirs. les prostituées qui vous saluent, les dealers qui vous interpellent. tu sens sa présence à lui, dans ton dos, comme une ombre, un fantôme au souffle glacial. et tu fais le trajet muré dans le s i l e n c e. tu en as besoin et tu le lui imposes, persuadé qu'il a lui aussi, besoin de faire le point.

code
porte
hall

la chaleur du bâtiment t'assaille le visage. tu passes sans t'arrêter, lui tiens à peine la porte, elle met de toute façon une éternité à se fermer. sans hésitation, tu prends les escaliers, évitant soigneusement un ascenseur pourtant en état de marche, pour une fois. sans doute es-tu angoissé à l'idée de partager le même espace étriqué que lui. c'est pourtant ce que tu t'apprêtes à faire quand, arrivé sans être essoufflé au bon palier, tu déverrouilles la porte abîmée de ton modeste taudis. et c'est le moment que tu choisis pour briser le silence. tu entres le premier, bien sûr, mais tu tiens la porte en attendant qu'il pénètre à son tour dans le lieu, pour la refermer derrière lui, un doigt qui vient claquer l'interrupteur. — fais comme chez toi. tu t'en souviens malone ? de cette odeur de clope et de parfum ? des sourires et des engueulades ? t'es resté le même, pace, mais les murs ont changé, les meubles aussi.

s a u f . u n
tu t'en rappelles, malone ?
c'est toi qui l'avait

rayé


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Mer 11 Déc - 23:36
@pace simoes

la nuit s'étire autour de vous et le froid vient vous prendre dans ses bras encore un peu plus. t'es plus vraiment sûr de sentir ta peau malone, ou même tes os. tu sais pas si c'est le froid qui te fait ça, ou le fond de douleur qui réside en toi depuis que t'as appuyé sur le bleu de ton avant-bras. peut-être aussi, que c'est le bordel qui règne actuellement dans ta tête qui t'a anesthésié de la tête aux pieds. t'es vide. tu ressens rien et trop à la fois. tu sais pas trop. tu sais juste que t'as emboîté le pas à pace, que tu t'es mis à le suivre dans ce silence qu'il a choisi de vous imposer. t'as envie de lui dire merci, putain. pour tout. un pied après l'autre, tu avances. tu y prêtes même pas attention, mais tu as le regard fixé entre les omoplates de pace et tu réalises. rien n'a vraiment changé. t'es toujours plus petit que lui, pas de beaucoup, mais assez pour que ta ligne de vue soit à la hauteur du milieu de sa nuque. ce soir, t'as la nuque légèrement baissée quand tu le suis en silence. tu courbes presque l'échine, et ça colle bien à la situation. tu as décidé de baisser les armes après tout. t'es pas sûr d'être prêt à accepter toute l'aide qu'on te propose, mais tu es prêt à essayer. enfin tu crois, t'espères. tu sais pas combien de temps vous marchez, pas longtemps en réalité, mais tu bronches pas. tu fonctionnes qu'à moitié, de manière mécanique. t'essaies de réaliser ce qu'il s'est passé ces dernières minutes, heures même, peut-être. ça fait beaucoup à la fois, et t'as la nette impression d'être vidé. éreinté. achevé. t'as ouvert des blessures si profondes que tu les avais oubliées, et désormais, elles suintent dangereusement. et toi t'es là, agonisant en bord de route. on a ré-ouvert tes plaies à grands coups de couteaux avant de te balancer sur le bord. si tu devais imaginer le visage de la personne responsable de ça, elle aurait eu les traits de pace et tes yeux. l'illusion qui cache la vérité quand on la regarde réellement. les montres qui se cachent dans tes yeux, ceux-là qui ont passé six ans de ta vie à se déguiser sous les traits de ton ex. t'as un sérieux problème quand il s'agit d'affronter la vérité, malone. mais tu le réalises seulement maintenant. à vingt-cinq ans. après avoir dit au premier mec que t'as aimé à quel point tu voulais le tuer. t'es fêlé malone, et t'es pas sûr qu'il reste quelque chose à sauver chez toi. pas sûr non plus que quelqu'un veuille le faire, consciemment. c'est ce que t'es, malone,

une
cause
perdue

tu marches les yeux dans le vague, le regard posé sur le dos de pace, sans te rendre compte où vous allez. tu sais que vous allez dans son appartement, dans cet endroit qu'il a construit pour lui sans toi, mais tu as du mal à le réaliser. l'information est là, dans ton crâne, elle peine juste à s'imprimer dans ton esprit. parce que c'est tellement le bordel dans ta tête que tu as préféré faire le vide dans tes esprits et tu ne penses plus. à rien. tu te contentes d'avancer, les yeux ancrés entre les omoplates de pace. t'es tellement à l'ouest que t'es surpris de sentir soudainement de la chaleur sur ton visage. tu relèves la tête sur une porte de hall qui avale pace et tu te dépêches de te jeter à ton tour à sa suite. tu peux plus reculer désormais. tu es dans la gueule du loup, littéralement. t'as aucune idée de sur quoi tu vas tomber, mais t'es presque sûr que rien ne peut t'y préparer. tu suis toujours pace. vous montez les marches des escaliers une à une, dans ce silence presque apaisant qui vous accompagne depuis que vous avez quitté le parc. il y a un bruit de clé dans la serrure, une porte qui s'ouvre et pace qui te la tient ouverte. tu marques un temps d'arrêt, sans vraiment le regarder. tu fixes le noir devant toi, cherchant à voir en avance ce qui t'attends. tu n'y arrives pas, bien sûr. parce que rien n'est jamais facile, rien n'est jamais gagné.

tu entres,
souffle suspendu,
cœur en sourdine.

t'es pas prêt malone. pas prêt pour cette odeur de clope et de parfum, cette sensation d'être retour là où t'étais six ans plus tôt. de retour là où tu te sentais si bien. de retour à la maison. c'est si différent pourtant. les murs sont différents, les meubles aussi, les circonstances surtout. vous. vous êtes différents. mais pas tellement en réalité, juste plus abîmés. plus écorchés vifs. plus humains malmenés par la vie. vous êtes vous, six ans plus tard et toute une histoire entre vous. tes yeux balayent la pièce où vous êtes lentement, comme si tu voulais te rassurer. que pace a changé ? qu'il ne l'a pas fait ? tu ne sais pas. tu ne sais plus ce que tu veux en fait. t'es perdu, malone. et tu te remets difficilement d'être là, chez pace, quand tes yeux s'arrêtent sur une table basse. une putain de table basse. votre table basse. tu la reconnaîtrais entre mille, tu sais que c'est celle que vous avez acheté quand vous étiez ensemble. celle que tu as rayé. tu t'en rappelles encore. comme si c'était hier. le souvenir est là, ancré dans ta mémoire. t'as le cœur au bord des lèvres.

(tu t'assois sur la table basse, face à pace qui est posé dans le canapé. il regarde un truc à la télé, tu sais pas trop ce que c'est, si c'est important ou pas – tu t'en fous pas mal à vrai dire. tu veux pace pour toi. tu veux que ses yeux te regardent toi, que ses mains glissent contre les bleus qui décorent ton corps, tu veux que sa bouche arpente chaque morceau de ta peau. tu veux venir mourir contre lui, que tes soupirs s'échouent contre son corps et que ton esprit vient heurter le sien. tu veux faire taire tous ses sentiments qui crient dans ta tête, tout ce bonheur que tu ne contrôles pas. tu veux apaiser cette électricité qu'il fait vibrer en toi, et tu veux le faire de la seule manière que tu connais. celle que vous maîtrisez le mieux. celle charnelle, brûlante et exaltante. installé sur la table basse, tu bascules vers l'avant, les coudes appuyés sur tes genoux. tu as ce petit sourire en coin, celle qui te crée une fossette, et tu fixes pace jusqu'à ce qu'il détourne le regard du coin de la télé que tu n’obstrues pas. vous vous observez un moment, sans dire un mot, et puis tu te penches encore un peu plus vers l'avant. ton t-shirt glisse vers le bas et dévoile une partie de ta clavicule. pas parce que ton t-shirt est trop grand, mais parce que c'est celui de pace. et tu ne sais pas si c'est ça le déclencheur ou si pace en avait juste autant envie que toi, mais la seconde d'après, il n'est plus sur le canapé. il te domine de toute sa hauteur, prédateur qui surveille sa proie. tu recules en arrière, ton jean raclant la surface de la table basse. pace se penche encore un peu plus vers toi et tu bascules jusqu'à poser tes coudes sur la table. t'es à la merci de pace, qui a appuyé ses bras de chaque côté de toi. et t'adores ça, bordel. t'attends que ça.)

t'es tellement fixé sur la table basse, obnubilé à l'idée de glisser à nouveau les doigts sur la rayure que tu y as dessiné (la trace que t'as laissé dans la vie de pace), que tu ne regardes pas où tu vas. et tu percutes le dos du canapé. oh merde, qui t'échappe.

et ouais,
oh, merde,
comme tu dis

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