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requiem. -- pace

@ Invité

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Mer 6 Nov - 22:21

Le Requiem ou messe de Requiem
est une messe de l'Église catholique
qui a lieu juste avant un enterrement
ou lors de cérémonies du souvenir.
-wikipedia.

@pace simoes

non.

tu ne t’es jamais entendu prononcer ce mot aussi souvent. encore moins d’une manière plaintive. les mains dans l’eau trop chaude. des résidus alimentaires qui t’effleurent les doigts. tu regardes ton patron dans les yeux, avec ce mot qui pend entre vous. t’avais l’impression d’avoir fait une gaffe en l’disant. sans réfléchir. c’était pas ton tour. t’étais pas prêt. tu pouvais surtout pas te l’permettre. toi qui tentais d’guérir les résidus d’bagarre déjà présent sur ta pauvre gueule. pour ton frère. pour la fierté dans ses p’tits yeux endormis. parce t’étais le « parent » à amener à l’école pour écouter les professeurs déblatérer sur les mêmes trucs. t’étais le « parent » à amener à l’école pour la journée des métiers. les gamins, ils s’intéressaient toujours qu’à tes tatouages. pas la fois qu’t’as cassé une assiette par terre. pas la fois qu’t’as cassé la gueule d’un collègue.

pas la fois qu’t’as cassé ta vie entre tes deux mains.

non.
t’as pas l’choix.

t’attrapes la serviette pour t’essuyer les mains, jurant tes vices et ta lâcheté entre tes dents serrés. c’que tu ne donnerais pas parfois à amener ton patron sur le ring. l’amener là où il serait écrasé comme une vermine. la vermine qu’il est. la bestiole dégueulasse, pathétique.  tu jettes la serviette sur le jeune qui attendait que tu t’bouges. que tu fasses un homme de toi. un homme qui devra dire à son frère, la gueule en sang, qu’il pourra pas aller à l’école demain. un homme. un vrai.

t’as jamais été un homme Nox.
tu mérites même pas ton nom.
P R I N C E.

tu bouscules le gérant et tu enfonces tes talons dans la tuile. tu t’guides par cette porte maudite, à l’arrière du restaurant. cette porte maudite, trop illuminée pour la noirceur qu’elle enferme. l’odeur de saleté. l’odeur de sueur. l’odeur de mort. d’honneur et d’égo mal chié. tu descends les marches. ces marches qu’un autre mec aurait du effleuré. l’père malade. la mauvaise défaite. tu sais pas contre qui t’allais t’battre. tu sais pas contre qui t’allais p’t’être perdre. parce que t’as pas pu t’échauffer comme tu l’as toujours fait. t’as pas pu amener l’pansement à ton genou pour t’tenir debout. soutenir les coups qui l’ont saccagé y’a deux combats.

t’allais p e r d r e.

tu l’sentais déjà dans l’fond d’ta gorge. tu l’sentais déjà dans ta respiration. t’allais être perdant. et toutes les enflures qui s’tenaient autour du ring avec leur beau veston et leur cravate de mauvais goût allaient s’enrager. ils allaient vouloir t’tabasser eux aussi. parce que la moitié aura misé sur ta gueule de champion. ta gueule de con. tu longes les chaises. tu t’amènes dans cette petite pièce réservée à vous soigner. réservée à vous dénuder. à baiser. à faire c’que vous voulez de votre peau lacérée, putride. tu détaches ton p’tit tablier. t’enlèves ta ceinture. ton chandail blanc tâché d’gras. taché d’mauvaises décisions. tu lances ton pantalon sur le comptoir en d’sous du miroir sale. on dirait une loge d’artiste. loge de bêtes de cirque. manquait qu’le foin dans l’coin.

tu le regardes ton reflet déformé. tu vois juste la déception d’avoir encore bafouillé une promesse. promesse légère que t’étais certain d’parvenir à tenir. mais tu pouvais pas tenir tête à la seule personne prête à t’embaucher. à t’mettre un peu d’argent dans l’fond des poches. tu pouvais pas t’révolter à cause d’une sortie scolaire. t’aurais du dire qu’ta mère est morte.

ça aurait p’t’être eu d’l’impact.
même si c’est pas l’cas.

tu penches la tête vers l’arrière et tu prends une grosse goulée d’air. tu t’tournes pour sortir de la pièce avant que ton adversaire entre. t’étais pas vraiment du genre à sympathiser avec ceux qui vont t’couter ta vie. où ceux que t’envoies trop rapidement sur une civière. t’aimais faire connaissance au premier coup de poing. au premier regard enflammé. vous êtes des poules. des chiens. des armes de guerre. pas d’conscience. l’simple fait d’être un homme vous fait avancer. ou l’fait d’être enflure.

hein Nox.
que t’en est u n e.

tu t’poses devant un monsieur qui a déjà trop vu d’merde dans sa vie. il tient dans ses mains les bandages et il te regarde avec un certain ennuie. t’aimerais être autant détaché d’tout ça, comme ce monsieur-là. tu tends la première main pour qu’il camoufle tes jointures et la paume pour atténuer les coups. ou les renforcer. t’as jamais trop su. d’toute manière, le bandage fini toujours par s’prendre une raclée et tu finissais toujours avec les jointures découvertes, ouvertes. tu sers le premier poing une fois terminée et tu l’laisses faire sa besogne sur la seconde main. t’entends les voix s’élever. et tu l’sais, que l’action allait commencer. sans savoir à quel point, l'action allait éclater.

les lumières plus ou moins tamisées s'concentrèrent sur le centre du ring. y'avait déjà l'bolosse là pour faire les présentation. d'mander aux individus d'miser. d'parier leur petite richesse d'fond d'tiroir. t'avais la peau trop froide pour le combat. t'avais l'esprit trop fermé pour le combat. tes pieds nus qui effleurent le béton. parce que l'ring, il avait peut-être une belle petite clôture, mais ils se sont pas fait chier avec le sol. l'impact. c'était l'impact au sol le plus important. les os, ils se brisent plus facilement, sur du béton. la vie, s'arrêtait bien, sur c'béton.

mais c'est dans ses yeux.
qu'la tienne s'arrêta.

t'avais arrêté d'regarder autour de toi. d'faire le frais, que tu le veuilles ou non. t'avais finalement porté tes iris sombres sur la personne que t'allais affronté. et c'est tout ton corps. ton passé, ton présent et ton futur qui s'figea dans l'océan d'ses yeux. c'est toute tes respirations qui allaient s'buter à des dents serrés. à une mâchoire crispée. c'est tous tes clignements d'yeux qui allaient s'accélérer pour n'pas perdre la vue d'se visage une seconde de plus. des années. A N N É E S. des années derrière. des années perdus dans la maturité de son visage.

dans la fermeté.
animosité.
coeur blessé.

n  o  n.

t'avais perdu d'avance.
dans le commun d'vos souvenirs.

« pace. »

@ Invité

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#
Jeu 7 Nov - 0:25
requiem
@nox sawyer

tes jambes tremblent, tu contrôles pas. tu t'es assis un instant et c'est parti en live. tes talons qui s'agitent, sous le coup d'une émotion que t'es pas capable d'identifier. t'es pas excité à l'idée de te battre, pas vraiment. aucune hâte, aucune nervosité. c'est vide, dans ta caboche, désertique. et ta carcasse, elle est vide, elle aussi. t'es pris au cœur, pris au corps. pris au piège. tes doigts posés sur tes paupières closes, ton visage dissimulé. y'a du rouge qui danse devant tes yeux, sans arrêt, quand tu devrais être plongé dans les ténèbres. et le visage de malone qui passe quand tu ne l'attends pas. son regard, sa haine. t'aimerais t'en nourrir pour ce soir, pour le combat. t'aimerais puiser dans toute cette colère pour sortir les crocs. pour bomber le torse, pour agir en paon, récolter les honneurs, quand ta fierté se traîne dans la boue.

mais tu n'y arrives pas

alors tu te redresses dans un soupir. et t'inspires, à t'en détruire les poumons. si fort, si violemment que dans le miroir, tu distingues tes côtes ou plutôt ce qu'il en reste, de ton corps souillé, détruit, ruiné. faudrait que tu fasses une pause, que tu lâches l'angoisse des combats quelques jours, quelques mois. mais tu t'y refuses. il y a trop de choses à exprimer, trop de sentiments qui palpite sous ta chair. alors, tu te lèves. t'ouvres ta bouteille, tu bois une gorgée, t'arroses négligemment ton visage. l'eau se mêle à la sueur, glisse le long de ton cou, navigue entre les pores de ta peau, suit avec douceur les courbes de tes tatouages. la porte s'ouvre à la volée. un type qui te beugle d'y aller. ton murmure, dents serrées. un j'arrive tout juste articulé. tu reposes la flotte dans un mouvement sec. t'es sûr qu'il y a que de la flotte là-dedans, pace ? tu sors.

t'es aspiré par ce flot de monde, cette foule en noir et blanc que tu ne daignes même pas regarder. tes yeux sont happés par les bandes que tu enroules autour de tes mains, mimique concentrée, tes sourcils à peine froncés. elles sont blanches. elles finiront rouge. tu le sais. tu les resserres de tes dents, les ajustes avec une aisance déconcertante. ça fait combien d'années, que tu fais ça. combien de commotions cérébrales tout juste évitées. combien de victoires et combien de défaites. tu ne comptes plus. tu ne les as jamais comptées en vérité. comme si tout ça n'était d'un prétexte. pour déverser ce trop plein de tout. pour soulager cette incapacité à rester rangé.

les voix résonnent à tes oreilles. elles beuglent, bruissent, croassent. agitation grandissante qui pourrait te faire suffoquer d'angoisse si tu n'étais pas si détaché. si loin de tout ça. tu bouillonnes. littéralement, t'as la peau bouillante. brûlante. fiévreuse. et les silhouettes s'éloignent un peu sur ton passage. sur le ring, l'adversaire te tourne le dos, alors que t'y grimpes. tu ne vois que ses larges épaules, les tatouages qui dégueulent de ses bras, de sa nuque. t'observes ses muscles, tu les jauges, tu l'évalues. il est impressionnant, mais tu n'as rien à lui envier. l'arbitre, le garde-fou s'agite, s'affole. y'a des billets qui te frôlent. mais t'es focus. concentré. tu te baisses, ajuste ta chevillère comme si c'était important, avant de te redresser, d'étirer ton dos, tes épaules. t'étouffes, tu suffoques, t'as chaud. tu devrais te sentir rassuré pourtant, c'est pas malone, ton adversaire. ( c'est bien plus terrible en vérité ) d'ailleurs, tu lèves le regard quand tu le vois se retourner.

son profil
l'arcade sourcilière
l'arrête de son nez
la courbe de ses lèvres

ça explose, dans ta tête
et ça se meurt, dans ton cœur

y'a toute la salle qui se reflète, dans ses yeux noirs. la lumière jaunâtre, ta propre silhouette, ton propre reflet. c'est ça, pace. c'est ton visage que tu dévisages au fond de son regard. son regard. à lui. L U I. lui qui était mort, lui qui tout à coup revit. et malgré le temps, l'encre sur sa peau, les cernes, les coups reçus. malgré la fatigue, le regret, la haine, l'incompréhension, la stupeur. tu le reconnais. tu l'aurais reconnu entre mille, en vérité. t'aurais reconnu jusqu'à son parfum, jusqu'au timbre de sa voix. et elle a dû changer. elle a dû changer, après tout ce temps.

t'en as la confirmation
quand il prononce ton nom

et ça te glace le sang. ces lettres entre ses lèvres. p a c e. ton nom, il a jamais sonné ainsi à tes oreilles. pace. comme une promesse, comme une rédemption, comme des excuses prononcées sans conviction. comme si t'étais apte à trouver la paix en sa présence. alors, tout à coup, tu te retrouves projeté à la place qu'a occupé malone, il n'y a pas si longtemps. tu te retrouves à devoir affronter tout ce qui t'effraies, tout ce que tu es. tout ce qu'il incarne. alors que t'as pas encore formulé son prénom.

mais tes lèvres restent closes
scellées

t'avances, automatisme. t'avances au centre du ring, en pleine lumière. ta poitrine qui s'abaisse et se soulève à un rythme trop profond, trop infernal pour que tu puisses prétendre ne rien ressentir à sa vue. et t'as pas quitté son regard. l'iris si sombre de son œil qu'on le croirait noir. mais il l'est pas. il l'est pas. tu le sais, toi. tu le connais. t'as envie de fuir. de faire demi-tour, immédiatement. tu peux pas, tu peux pas. t'as le regard qui vacille, un instant. tu peux pas. tu peux pas. il a souillé son visage avec un tatouage. toi aussi. et le retrouver là, c'est pas si anodin. vous avez pris la même voie. le même chemin impraticable. et maintenant, t'es là. immobile. à lui faire face. à le toiser comme si t'allais le mordre, le bouffer. à le fixer, l'insulte au bord de l'âme et le souffle court, rongé par la colère. afflux de sang à tes tempes, t'entends même pas le type rappeler les règles. quelles règles ? tous les coups sont permis.

tu entends, N O X, tous
nox, la lâcheté à fleur de peau
nox, la médiocrité dissimulée par de beaux discours
elle est où nox, ta famille ?
elle est où, celle qui partage pas ton sang ?
celle que t'as abandonnée ?

devant toi
c o n n a r d
on échappe pas à son passé

et tout à coup. tout à coup, le combat a commencé. y'a ce moment de flottement. très court. ce moment où tu lui bondis pas à la gorge. pas tout de suite. non. pas encore. t'as envie de continuer à le regarder. voir à quel point il a changé. grandi. mûri. t'imprégner de sa présence, graver son image dans ta mémoire. cette silhouette, là, qui efface les souvenirs qui te restaient. cette violence pour remplacer l'absence. nox. nox. allez pace. dis-le. dis son nom. il te brûle les lèvres depuis quatorze ans. sourcils qui se froncent, visage qui s'assombrit. le cœur qui se ferme quand t'enfiles ton masque de rage. ou peut-être que justement, tu le ôtes, le maquillage qui camouflait tes balafres. peut-être qu'il est là, le véritable gamin abandonné. dans toute cette haine. quand tu lèves le poing. et quand tu l'abats enfin.

mais tu le frappes pas au visage
et tu tiens à peine ta garde

c'est la colère pure qui dicte tes actes. à peine raisonnée. tu vises son torse. c'est pas anodin. tu cherches pas à le blesser, t'es même pas dans l'optique de lui faire vraiment mal. mais tu t'acharnes. sur le lettrage sur sa peau. hope, que tu ruines de tes poings. tu ne le regardes même plus dans les yeux, t'as baissé le menton, la tête. t'as chargé comme tu foncerais dans un mur. il va résister. il va tenir le choc. il va sentir fourmiller dans tes doigts, dans ton être, toute cette rancune. toute cette souffrance. tu vas t'épuiser. tu vas t'épuiser et tu t'en branles. t'as un message à faire passer. des choses que t'as jamais pu formuler. des mots qu'il t'a empêché de prononcer. t'es parti nox. t'es parti. t'as fermé ta porte. t'as fermé ton cœur. t'as fait comme les autres, comme tous les autres connard, connard, connard. les coups se répètent. encore et encore. au même endroit. frapper si fort.

à t'en briser les phalanges
à les exploser
sur son torse
sur sa poitrine
sur son c o e u r

et vous savez. vous savez que c'est un autre combat qui se joue
que le fric, les parieurs, le ring, le néon dégueulasse qui surplombe vos têtes
tout ça n'existe plus
y'a plus rien autour
que tes larmes ravalées
et ta fierté souillée

n o x
n o x
n o x
t'étais planqué où, depuis tout ce temps ?

@ Invité

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Jeu 7 Nov - 3:46
p a c e.
tombé dans l'néant.

tu manques de couilles. tu manques de culot. tu manques de force. de courage. d'prendre tes responsabilités dans le creux de tes mains moites. de tes doigts tremblants. de ton corps raide. pace. pace. pace. la preuve vivante. debout sur deux jambes. devant toi. que t'as échoué. que t'as toujours échoué. qu't'as pris des décisions d'martyre. de con. t'es un con. un enfoiré. un roi d'une vie de misères. aux fondations d'coup bas, d'terre retournée. d'faiblesses dissimulées. son regard te bouffe le corps. t'enflammes l'âme. te souffle en cendre. loin. dans le mutisme du moment. dans cette nécessité de ne pas parler. mais d'vouloir crier d'arrêter. arrêter de clamer; de miser; de s'amuser. arrêter d'faire de ça. Ç A. leur divertissement. il n'y avait rien de gratuit dans l'courant qui vous rapprochait.

3. faible.
2. couillon.
1. e n c u l é.
FIGHT
le décompte qui t'amenait à ce moment. à ce combat. à quelques pas de côté. à quelques pas à l'avant. tu te surprends même de faire un pas de recul. un pas de refus. de dénis. t'étais encore bloqué devant la porte qui menait à cet enfer, y'a pas l'choix. ça, c'est un mirage. un fantasme. une torture flanquée dans ton esprit pas au bon moment. jamais au bon moment. tu voulais l'effleurer. ce miroir. cette sensation si puissante et si étrange d'être sculpté dans la même pierre fissurée. pace. pace t'as changé. ou t'es resté l'même. pace t'es devenu quoi. qu'est-ce qui t'as amené jusqu'ici, dans ce bordel ? p a c e. tu viens. on va faire du vélo.

pace.
j'suis désolé.

tu sens ton corps t'protéger. toi et tes sentiments merdiques. ton mal mensonger. ta douleur dorée. tu sens ton corps s'fermer pour encaisser. ses coups de ses deux poings fermés. ses deux poings d'enfants après une frousse. ses deux poings d'gamins, après une bonne blague. ses deux poings d'humain, après l'coeur fracturé. l'esprit malade. tu réagis si peu. malgré le regard bas. tu réagis si peu et tu le ressent dans l'ambiance externe. dans tous ces regards qui attendent. alors tu bouges. que tu attaques. que tu empires la situation. t'allais rien atténuer. t'allais rien régulariser. t'allais juste empirer. EMPIRER le mal que t'as déjà implanté dans son crâne. piocher le trou béant. le trou des années. qu'est-ce que tu pouvais faire, vraiment. l'frapper ?

c'était pas ton droit.

alors tu lui attrapes un poignet pour interrompre l'énième coup qui semblait vouloir t'creuser l'torse. faire son chemin jusqu'à ton organe vital putride. moisi d'l'intérieur. tu lui aurais calé dans l'creux de la main, si c'était si simple. mais tu ne savais pas quoi faire. comment réagir. alors tu l'maintiens une seconde de trop. une éternité physique. une porte ouverte de votre réalité. et ça s'voyait dans ton regard qui cherchait juste à s'accrocher au sien. à l'ouragan qui sévissait dans l'fond de ses pupilles. et tu l'croises une seconde de trop. une seconde que t'aurais pas voulu. parce que ce regard allait s'imprégné dans ton esprit. et t'étais pas prêt à t'attacher à cette image si poignante. viscérale.

pardonne-moi.

ils avaient beau cotonner vos mains pour atténuer le choc des corps. tu ressens l'angle de sa mâchoire embrasser tes jointures lorsque tu te décides de l'éloigner de cette manière, relâchant automatiquement le poignet que tu ne voulais pas laisser partir. t'avais l'impression de t'voir refermer la porte pour la dernière fois. fermer tes rideaux pour la dernière fois. te fermer toi, pour la dernière fois, lorsque tu assimiles l'arrière de son crâne. sa silhouette à laquelle tu t'éloignes discrètement d'un glissement habiles et mous des pieds. c'était encore la silhouette d'un enfant abandonné. g a m i n  qu'on ignore les appels. les roches. les sonnettes et les cognements. le gamin que l'on ignore les larmes, les cris et les douleurs. tu savais que t'avais activé quelque chose en lui, au dépend des spectateurs. tu ne voulais rien de ça. mais eux, ils payaient pour. et tu ne savais si.

tu devais piétiner ton honneur.
ou piétiné ton humanité.

« pace, putain. »

t'allais piétiner.
les d e u x.

t'avais l'impression d'revêtir tes attributs de chien sale. d'enfant d'chienne. redevenir la bête que tu as toujours été. à grogner son nom. à l'mâcher d'ta colère. colère après qui, après quoi ? après vous. après votre présent. à l'voir lui dans l'même bordel que toi. à lui avoir souhaité silencieusement un meilleur avenir, en l'éloignant d'toi. sans peser ton importance. sans assimiler ta force en tant que pilier. tu prenais finalement ta défensive. l'poil hérissé. parce que oui, t'avais envie d'te défendre. t'avais envie d't'expliquer. mais les dollars ne vous pleuvent par sur la crête parce que vous parlez. ils existent parce que vous saigner. ils pleuvent pour votre douleur. pour votre violence. alors tu l'invites, presque. à bras ouvert.

« qu'est-ce que t'attends pace. d'être un homme.»

et toi nox. nox. qu'est-ce que t'attends d'être un homme. t'en as jamais été un . t'as jamais agit en homme. juste en gosse qui ne comprend rien à la vie. à la réalité. qui nie ses défauts. qui rejette ses qualités. quelles qualités ? quel mensonge. fausse parure des sourires derrière un lait frappé partagé. une frite volée. mensonge sur les âges pour regarder un film d'horreur. c'était ça, ta réalité. ta vérité. loin de tes défaites fétides. loin de votre rancoeur commune. tu t'perds tellement dans ton crâne. que t'encaisses sa hargne. t'es loin d'pouvoir calculé ses attaques. d'toute manière, vous agissez d'émotions. pas d'devoirs. tu t'demandes juste.

pace.

j'vais t'débarrer la porte, pace.
j'vais t'ouvrir la fenêtre, pace.
j'vais répondre au téléphone pace.
j'vais t'ouvrir les bras pace.
pace.
j'suis là.
r'viens.

@pace simoes

@ Invité

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Jeu 7 Nov - 23:33
requiem
@nox sawyer

donne-moi une raison. une raison supplémentaire de te haïr. donne-moi une raison de haïr ce que tu m’as fait devenir. de haïr ce que ton silence a réussi à créer. parce que je n’y arrive pas, nox. j’arrive pas à n’être que ça. que cette créature que t’es parvenu à modeler. à coups d'ignorance, de doutes. nox. nox et son monstre. et pourtant pace, t’as tout fait. tout, pour attirer son attention. te conformer à ce qu’on attendait de toi. pour incarner toute cette colère, qu’elle se lise sur ta peau. tatouages comme étendards. et détruire ta gueule, encore et encore, pour un regard. rien que ça, qu’un putain de regard. t’en demandes trop ? t’en demandes trop. t’as jamais fait dans la demi-mesure, t’as jamais su te rendre indispensable. et t’aimerais murmurer que tout ça n’a aucune importance. que ça en vaut pas la peine. que c’est du passé. mais elle est là, la vérité. ça s’accroche, ça se cherche des excuses. t’es un parasite sur son dos, un parasite dans ses souvenirs.

ça fait quoi, pace, d’être aussi insignifiant ?
t’en sais quelque chose, pas vrai ?
l ‘ h a b i t u d e

pourtant, il aurait pu t’aider. il aurait pu ouvrir la porte de l’appartement. il aurait pu accueillir ta gueule ensanglantée. tu demandais pas grand-chose. rien de plus qu’un peu de solidarité. à être rassuré, comme simon le fait chaque jour. t’inquiète pace, j’vais lui défoncer la gueule moi. une preuve, même ridicule, que t’étais pas tout à fait seul dans tes merdes. et que si demain tu crevais, y’aurait quelqu’un au-dessus ton cercueil. une personne au moins au-dessus de ta tombe. une fleur fanée sur la surface lisse et humide, presque putride, de ton cœur. t’es stupide. tu l’as toujours été. aveugle, aussi. ça te saute pas à la gueule, qu’il recule au lieu d’avancer. ça te ferait trop de peine de l’assimiler, de comprendre qu’il veut peut-être pas te frapper. de voir que ça lui fait quelque chose, au fond, de te recroiser. non. c’est pas concevable, qu’il puisse ne pas t’avoir totalement oublié. t’as changé, pourtant. t’es plus tout à fait le même. c’est pourri, moisi à l’intérieur, au-delà de tes yeux d’enfants. y’a quelque chose qui s’est brisé. et il y a contribué.

et t’es comme malone putain
t’es comme malone, à le tenir responsable de tout ça
alors que c’est toi le seul fautif
tu t’es ruiné tout seul

et c’est ça, qui vous faut ? c’est de ça dont vous avez besoin ? de colère, de haine, de regrets, pour enfin oser vous affronter ? parce que t’es hypocrite, pace. depuis tout ce temps, tu aurais pu, tu aurais pu revenir, passer à brooklyn, passer le voir, essayer, encore. mais ta fierté a toujours été mal placée, t’as pas supporté le rejet. tu t’es dit que tu lui ferais plus ce plaisir de ramper à nouveau à ses pieds. et qu’est-ce que tu fous, là ? c’est pas exactement ce que t’es en train de faire ? regarde, nox, regarde-moi qu’ils hurlent, tes poings. qu’elle hurle, ta douleur. la sueur qui perle sur ton front parce que tu te laisses submerger par tes émotions. parce que dans la chaleur de la cage, tu suffoques. animal. monstre. et la porte est close, tu peux pas sortir. tu peux pas fuir. tu te sens agressé, par sa seule personne. tu le hais si fort que ça te déchire la poitrine, ça te brûle la gorge. et tu te hais de le haïr encore, après tout ce temps. après toutes ces pages tournées, ces chapitres effacés, oubliés.

il saisit ton poignet
une seconde de trop
u n e . é t e r n i t é

il brise tes ailes en plein vol, t’abat en pleine course, alors que tu fuis tes angoisses. il te force à relever les yeux, regard assassin, regardé éclaté, brisé, anéanti. à te plonger dans les siens. et tu te figes. il hésite, toi aussi. à vous toiser comme deux clébards incertains quant à l’issue du combat. l'océan de tes yeux qui glisse sur son visage. ses pommettes, le creux de sa mâchoire, ses sourcils froncés, les cils courts, le petit pli sur sa joue, celui qui se creuse quand il sourit. il l’a encore ? t’en sais rien. tu te demandes comment il est arrivé là. ce qu’il s’est passé depuis. s’il a évolué ou s’il est comme toi. à l’arrêt. à avancer dans la vie à reculons, à te prendre des murs sans arrêt. mais t’es trop happé par l’obscurité de son regard, trop concentré sur ses doigts autour de ta chair. ses doigts à ton poignet. qui te tiennent, fermement, qui te dissuadent de continuer. et quand tu t’accroches enfin à son regard, tu l’entends.

tu l’entends, ton cœur qui se fissure.
ta respiration saccadée qui se bloque à tes lèvres entrouvertes.
cette détresse qui agonise dans tes entrailles.
je te hais

t’es tiré de ta torpeur par son coup, rapide, précis. violent ? tu recules, titubes d’un pas en arrière, surpris et bouillonnant de rage, parce que tu l’as pas vu venir. t’as ce moment de flottement, où tu secoues brusquement la tête, d’un mouvement sec, comme si ça pouvait te remettre les idées en place. et quand tu relèves le regard, tu ne rencontres que le vide qu’il a laissé et il te faut un court instant pour faire volte-face. pour rencontrer à nouveau son visage. autour de vous, ça beugle, ça fanfaronne. qu’ils sont beaux, ces parias déchaînés. ces hommes qui vous boufferaient pour quelques billets. ça insulte, aussi. pas assez de spectacle, pas assez de technique, pas assez de beauté dans tes gestes. pourtant tu leur offres ce qu’ils désirent. la haine viscérale. la colère à l’état brut. toute cette rage animale qui règne en chaque homme. mais tu le fais pas pour eux. c’est à peine s’ils bourdonnent à tes oreilles, si tu les entends. tu agis égoïstement, dans ton propre intérêt pace.

honneur mort
e n t e r r é

pace. pace. pace. p u t a i n. et toi de froncer les sourcils, de relever le menton à l’entente de ton nom. ça t'assaille, ça te brise, ça bourdonne dans ton crâne à t'en donner l'envie de vomir. tes sentiments se sont comme suspendus sans que tu ne puisses plus les maîtriser. ton souffle se perd dans toute cette tension, et les sermons sifflants des spectateurs n'y feront rien. tu es devenu comme sourd, sourd aux représailles, sourd aux menaces, sourd à toute logique, à toute pensée. l'incohérence à son paroxysme. à aucun moment tu te dis qu'il va peut-être hésiter à te frapper. hésiter à te combattre. hésiter à lever la main sur toi.plus maintenant. parce que si il est là c'est pour une bonne raison. il est sans doute aussi hargneux, aussi enragé que toi. et parce que toi tu peux pas rester stoïque, que tu peux pas continuer à le regarder sans rien faire, t’avances. tu tiens ta garde aux aguets et t’avances. t’encaisses sa nouvelle provoc’ et t’avances. franchis la ligne de trop. tu le toises et tu t’arrêtes si proche de sa silhouette, si proche de son visage.c’est irréel, ça fait hurler les spectateur. tellement de tension. veine dans ton cou, veines sur tes tempes. tout le corps tendu prêt à éclater.

— j’attendais p’t’être après toi, n o x
pour ça, nox, que j’en suis jamais devenu, un homme
juste un gosse
à la rue

venu frapper une dernière fois à cette putain de porte, venu attendre une dernière fois, sur ce putain de palier. la gueule ensanglantée par la rage du père ( amen ) gosse resté dans le silence, à devoir affronter un vulgaire regard par le judas de la porte. qu’il porte bien son nom, le judas. et ton poing clos contre le battant. figé. et ta voix blanche. lointaine, quand tu le suppliais. nox, nox, nox t’as plus jamais prononcé son nom après ça, plus jamais, jusqu’à ce soir. c’est plus simple de changer la peine en haine, pace. plus simple que d’avoir à l’affronter. plus simple. alors, sans prévenir, tu frappes, encore. nox. l’amertume entre tes lèvres. N O X.
où t’étais passé, nox ?
quand j’étais presque mort
où t’étais passé
ton poing heurte son cou, l’autre sa clavicule. tu veux lui couper le souffle, tu veux le foutre à terre. non, tu veux le voir se plier en deux et te demander pardon. te supplier. tu prends pour cible sa mâchoire. ses lèvres. il était ton modèle. tu redoubles de violence, de force. ton m o d è l e. tu vises les côtes, tu vises ses genoux. tu vises ses tripes, son âme sous toute cette chair. souffle qui se perd. angoisse étouffante. haletant. t'en as mal aux mains, mal aux doigts, les phalanges qui se fracassent un peu plus à chaque fois. et le pire. le pire c'est ton regard. que tu détaches pas du sien. jamais. tu veux qu'il la voit, ta rancune.
qu'il la lise, ta déception.
qu'il se prenne à la gueule toute
cette putain de
t r a h i s o n


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#
Ven 8 Nov - 1:27
qu'est-ce que la réalité à ce point. pas la vôtre. il n'y a plus de vous, de nous. deux entités aux mêmes racines. déracinées d'une manière différente. pour être deux fleurs épineuses plantées dans le même pot. dans la même terre afin de s'affronter de nouveau. se présenter d'un revers de la gauche, se refuser d'une défense de la droite. se parler par la friction des chairs. qu'est-ce que la réalité, maintenant. t'avais l'impression d'planer. d'planer sur ton mirage. sur ta vie. comme si ce moment précis te permettait d'revenir en arrière. comme si ce moment précis, voulait t'prouver à quel point tes bonnes décisions, sont les pires décisions. et la fierté dans ton miroir, elle commençait à t'répugner. ton reflet s'décomposait. et tu demandais comment ton p'tit frère pouvait t'regarder comme son modèle. comme son héro. tu l'sais maintenant.

you're no hero

tu vas le décevoir. comme les autres. comme lui. plus que les autres. lui, pace. pace avant tout le monde, pace avant les émotions. pace avant la faim, avant le sommeil et la tristesse. pace avant les filles, avant les études, avant les émissions télés. pace avant ta vie. pourquoi. pourquoi. pourquoi t'avais ouvert la porte, un soir, et tu avais regardé les gouttelettes de sang sur le perron, avec regret, sans jamais faire un pas vers l'avant. un pas vers chez lui. tu savais où il vivait nox. pourquoi. pourquoi tu t'étais détaché à ce point d'une source autrefois vitale. tu pouvais continuellement mettre cette détresse sur le départ de ton père. mais maman ne t'avait jamais demandé de prendre sa place. elle ne t'avait pas passé le flambeau. qu'est-ce que tu avais tenté de fuir, en devenant comme l'être que tu méprises le plus depuis quinze ans. comme l'être que tu croyais mépriser le plus, avant aujourd'hui.

tu fuyais ce rapprochement.
tu te fuyais toi.

la réalité, elle est dans son regard. dans la palpitation de ses signes vitaux. dans la teinte rosée qui parcoure l'angle de sa mâchoire. dans le souffle brûlant des enfers qui te parcoure le visage. qui s'imprègne en toi comme une brûlure au tison dans l'coeur. sa voix te sidérait sur place. ramollissait le sol pour t'y absorber. toute la douceur de ton surnom, avec une rudesse jamais anticipée, jamais imaginée. ses lèvres rejetaient tous les éclats de sa rancoeur. dans une seule phrase. une seule phrase qui tient tout le conflit sur ses épaules. une seule phrase qui fait de vous, deux adversaires. deux aimants négatifs qui se repoussent. qui se révulsent. c'était pas cette idéologie que tu avais tant cherché ? pourquoi y faire face, t'renversais l'estomac de cette manière.

t'évites de justesse le poing qui visait ta gorge. dans une intention de vie. tu te donnais encore le droit de respirer. de pouvoir parler. peut-être le supplier. ton poignet écope de cette force, de cette haine accumulée sur quatorze ans. une haine, que tu estimes plus grande que tout espoir qui pouvait s'alimenter dans cette échange. l'espoir de prendre le pas de recul nécessaire pour mettre fin à ce combat. à cette folie singulière. t'aurais préféré que le ciel et le silence des rues soient témoins de votre conflit. de votre hargne. t'aurais préféré que l'architecture absorbe vos cris, votre sang. plutôt que de laisser les riches saliver sur votre situation. tu voulais tous les envoyer chier. crever en enfer. dans votre enfer, si ardent.

tu recules. tu recules. tu encaisses. tu souffres. un poing pour l'argent s'accepte plus facilement qu'un poing de blessure ouverte. saignante, encore fraîche malgré le temps. tu encaisses. tu recules. tu te butes aux brûlures à vif du métaux froids contre tes omoplates. tu souffres platoniquement. de surface. car ta conscience te tient responsable de tout ça. tu n'as rien à lui excuser. pas même les coups qui te brisent les os. qui te froissent le corps. tu lui offres cette joie dans la fracture de la neutralité de ton visage. tu lui offres cette joie, dans ta vision embrouillée, dans ta tête qui vacille, dans tes muscles qui se contractent. tu pourrais recevoir une lame entre deux côtes. et tu le remercierais nox. t'en es justement à te demander s'il te voulait mort. ou s'il cherchait seulement le contrôle qu'il avait perdu. pendant. tout. ce. temps. t'as l'impression d'avoir toujours été une ombre derrière son crâne. l'ombre devant son appartement même quand tu t'es promis de ne plus le revoir. l'ombre dans la rangée adjacente au super-marché, l'souffle court. l'ombre derrière l'arbre du parc, pour éviter l'affrontement. l'ombre dans son regard. dans ses pupilles dilatées. dans ses moments de joies jetés aux oubliettes. l'ombre pesante.

tu finis par chuter, sans perdre le contrôle du bas de tes jambes. tu laisses tout ton corps glisser vers le sol pour permettre à tes talons de s'implanter dans le béton. tu entends l'écho de son poing se buter sur le métal au-dessus de ta tête alors que tu glisses tes bras de chaque côté de son bassin, ton visage se pressant sur ses côtes et tu projettes tout ton poids vers l'avant afin de le propulser au sol. le maintenir de la sorte faisait réagir chaque particule de ton être. chaque intensité de tes souvenirs. lorsque tu le serais contre toi pour l'calmer. lorsque tu t'tenais debout sur l'articulation de sa roue arrière, appuyé contre lui, contre ses épaules, parce que tu t'étais fait voler ta bicyclette. combien d'fois tu t'es fait piller tes biens et qu'il a fallu que tu te retournes vers lui. combien de fois que ton regard cherchait le sien, avant que l'inverse ne survienne. tu as l'impression d'entendre les battements de ces moments, contre sa peau embrasée.

quand tu reviens à toi. t'avais les genoux éclatés contre le sol. t'avais le battement de ton coeur qui bondissait dans chaque marque qu'avait laissé ton ami adversaire sur le corps, sur la gueule. tu te tenais au-dessus de lui, sans avoir la force pourtant de reprendre le contrôle. s'il voulait te meurtrir de son regard, c'est le tien qui fusillait amèrement le sien. t'aimerais lui dire que tu ne lui en veux pas. que c'est correct. qu'il a pas besoin de te pardonner. qu'la noirceur entre vous deux pouvait être aussi vivante qu'inexistante. qu'il avait le droit de te vouloir lapider. crevé dans l'ravin d'à côté. et pourtant. tu lèves le poing Nox. tu l'lèves comme si tu voulais faire disparaitre l'art de sa vie. l'art de son vécu. mais il y a quelque chose en toi qui t'disait.

t'es pas ton père.
t'es pas son père.
t'es rien
pour . l u i
pour . t o i

ton poing effleure sa joue, son oreille et rencontre le sol. il n'était pas celui qui devait laisser une preuve de faiblesse et de vie sur le sol gris. tu sens l'énergie, la douleur électrifié l'ensemble de ton bras. l'engourdissement de ta main annonçait le pire. une sensation inexistante dans le bout de tes doigts. tu t'étais fracturé les jointures de la main droite, d'un seul coup contre le sol. et tu t'imagines l'impact qu'il aurait eu sur le visage de pace. pace. pace. tu sens tellement d'pression dans tes poumons. dans tes entrailles. qu'tu lui cris à la gueule. tu gueules cette colère que tu accumules depuis ces quatorze ans. une colère qui pourrait tellement lui faire écho. une colère qui pourrait répondre à la sienne si seulement deux mains se joignent, au lieu de deux poings. tu te relèves en prenant une respiration. une reprise de contrôle alors que tu lui flanques (sûrement par habitude) un coup de pied dans les côtes.  et tu t'éloignes.

parce que tu sais faire que ça.
t'éloigner.
lui tourner le dos.
pendant qu'il souffre.
pendant qu'tu saignes.
pendant qu'tu perds la conscience.
pendant qu'il perd espoir.
pendant qu'vous vous perdez.
mutuellement.


@pace simoes

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#
Ven 8 Nov - 18:56
requiem
@nox sawyer


certains coups se perdent, d’autres pourraient t’arracher des gémissements de douleur, tant ils rencontrent leurs objectifs. mais t’arrives. t’arrives à le faire reculer, encore. encore et encore. comme si c’était le but recherché. alors que tu sais pas ce que tu cherches, ce que tu attends exactement. ce que t’aimerais l’entendre dire, ce que t’aimerais qu’il fasse. ses excuses, t’en voudrais pas. ses regards te donnent la nausée. et tu ne sais plus rien de ses envies, de ses rêves, de ses regrets. c’est un inconnu. tu ne le connais plus. t’es sorti de sa vie quand il l’a décidé. t’as rien à quoi te raccrocher. rien de plus que des souvenirs qui te font trop de peine. qui te poignardent le cœur. que t’occultes à chaque minute. soudain, ton poing embrasse le grillage. t’as un sursaut de stupeur, mais pas un instant pour reprendre tes esprits. déjà, t’as le souffle coupé par sa prise. tu sens tes pieds quitter le sol, tu te sens basculer, entraîné par sa prise, par sa force. tu ressens le moindre muscle qui palpite sous sa peau, son souffle près de tes côtes, ses bras autour de ta taille. ça te paralyse. électrochoc. t’essaies même pas de te dégager de son emprise, quand ton dos heurte le sol.

B A M

et ta respiration bruyante, agitée, panique. parce que c’est ça, qui se lit dans ton regard, quand tu te retrouves à terre. maîtrisé. comme lorsque tes bourreaux t’attendaient à la sortie de l’école. t’as des souvenirs de genoux sur ton torse, de genoux contre ta gorge. tu clignes des yeux, effaces ces images et plonge ton regard dans le sien. ta poitrine se soulève au rythme de ta respiration essoufflée. t’es sourd. sourd à tes pensées, sourd à tes souvenirs, sourd à ton amour propre. et quand son poing se lève, tu fermes les yeux. tu les f e r m e s de toutes tes forces, de toute ton âme. tu les fermes pour pas voir, pour pas avoir cette image. pour pas remplacer tes souvenirs souillés par celui-là. celui de ton ami devenu agresseur. et dans le noir, dans le noir, tu sens sa main te frôler. t’entends le craquement quand son poing rencontre le sol. s’explose sur le béton armé. et son hurlement. tu respires plus. il te déchire. il te détruit. entièrement. tu te sens vide. épuisé. mort à l’intérieur. tu crèves ou t’as envie de crever. quand tu rouvres les paupières, c’est juste pour le voir s’éloigner. pour accueillir le coup dans tes côtes, que t’amortis en te recroquevillant, en te ramassant sur toi-même. plié par la douleur. celle à l’intérieur

et il s’éloigne
il t’abandonne
il te laisse
t o m b e r
et ignore ta douleur
tes appels au secours
ta détresse
alors, tu te redresses. happé par son dos, ses omoplates. dans ton esprit, ça se bouscule. ça se perd. tu te noies. tu peux pas. le plat de ta main frappe le sol dans son dos. t’es même pas sûr qu’il capte, qu’il l’entende, au milieu du chaos. tu t’en fous en vérité, qu’il y réagisse ou pas. tu t’en fous. à genoux sur le béton glacé, tu perds la raison. mâchoire serrée à s’en exploser les dents. le souffle qui se coupe, le temps qui se fige, encore.

une fois. regarde nox
deux fois. regarde elle est là
trois fois. ton éclatante victoire

y’a un moment de flottement, d’incrédulité. sur des visages inexpressifs passe pourtant l’incompréhension. une vague qui grimpe sur l’échine de la foule, les submerge. et l’instant d’après, elle se met à beugler. ça hurle, ça siffle, ça s’exclame. ça frappe la cage, ça parle d’argent, de pari, de combat truqué. toi t’as repris possession de ton corps. t’as bondi sur tes pieds, titubé sans doute un peu en le faisant. t’as a b a n d o n n é le combat. la victoire est sienne, bravo nox, t’as remporté la victoire. mais qu’a-t-il vraiment gagné dans tout ça ? — ouvre la porte. aboyé la gueule contre la grille, aboyée au type chargé de coordonner la mise à mort, alors que tu détaches précipitamment les bandes à tes poignets. comme si tout à coup, elles t’entravaient, te brûlaient, t’arrachaient la peau. — ouvre cette putain de porte. alors qu’elles tombent négligemment au sol, qu’elles tombent à tes pieds nus. mais tu te heurtes à un mur, à un visage fermé, à des voix que tu n’entends pas, que tu prends pas la peine d’écouter.  — OUVRE CETTE PORTE OÙ J’LA DÉFONCE FILS DE PUTE. et le plat de ta main frappe la cage. une fois, deux fois, trois fois, à t’en ouvrir la chair. et la grille se déverrouille. à peine entrouverte, tu l’as déjà chargée pour passer, la repoussant avec tout ton corps, écorchant ton épaule qui se heurte de plein fouet au crochet sur le montant. c’est à ton tour. de f u i r. d’être lâche. d’être incapable de faire semblant.


t’es dans ta bulle, quand tu fends la foule. afflux de sang à tes oreilles, assourdissant. de battements de cœur à tes tempes. des doigts accrochent ton corps, que tu dégages de violents coups d’épaules. on tente de te parler, de te bousculer. peut-être de te retenir. mais personne ne le pourrait à part lui tu vas si vite que tu vois à peine les formes, les silhouettes et les couleurs défiler. ils n’ont pas leur place ici. ils n’auraient jamais dû voir ce spectacle. t’as qu’une idée : sortir. tu peux pas. tu peux plus rester. la porte de la petite salle s’ouvre si fort sur ton passage que son battant heurte le mur, le fait presque trembler. tu réfléchis pas, t’enfiles ton jean, tu mets tes pompes par-dessus tes chevillères. tu saisis ton t-shirt et tu le fous dans ton sac. la bouteille, elle, tu l’abandonnes là. t’y penses même pas. t’es aussi rapide que le jour où tu t’es barré de chez toi, il y a dix ans. peut-être plus encore. avant qu’il ne te rattrape. ton père. nox. les silhouettes et les visages se mélangent dans ta tête.

alors tu sors de là un bras dans la manche de ton blouson, l’autre qui repousse violemment un homme venu t’arrêter. t’as déjà un pied sur la première marche des escaliers quand tu le reconnais comme étant l’arbitre. il te menace, il te semble. tu le regardes sans vraiment le voir. si tu pars, tu reviendras pas. tant mieux. tant pis. tu prends ce risque. t’as jamais eu peur de prendre des risques. tu t'engouffres dans les escaliers, tu les grimpes quatre à quatre. tu tournes le dos aux odeurs de morts, de sang, de sueur. à la crasse poisseuse du ring. à l’homme qui s’y tenait il y a un court instant. et tu jaillis au-dehors. dans l’obscurité du soir, la pénombre de la ruelle à l’arrière du restaurant. loin de la lueur tamisée de la cave, loin de son visage.

le froid est mordant, assassin. t’es torse nu sous ton blouson ouvert, mal mis, mal ajusté, ton sac négligemment balancé sur ton épaule. la peau bouillante dans le froid glacial. ça te saisit instantanément, te prend à la gorge. dans ton dos, la porte s’est claquée. même si tu le voulais, tu pourrais plus rentrer. alors, tu souffles. coupé du bruit, de l’agitation. un soupire avorté, quand tu fais un pas dans la ruelle, deux, trois. tu rases le mur comme si t’anticipais le moment où tu vas t’y appuyer. écrouler mais ça vient pas. tu t’éloignes encore un peu, dans la rue à peine éclairée. et dans un hurlement, tu balances ton sac, le plus loin possible en avant. de rage. de colère. de regret. d’amertume. tu t’en veux de pas lui avoir réglé son compte ou d’avoir commencé à le faire. tu lui en veux de pas t’avoir rendu la pareille. de t’avoir épargné, en bon P R I N C E. le sac s’écrase plus loin, t’entends le choc, ton téléphone qui s’éclate sûrement. t’as envie de chialer. ça t’était pas arrivé depuis des années. ce sont tes mains sur ton visage pour étouffer ton grognement de détresse. et ce sont tes mains à plat contre le mur de béton, que tu frappes, encore.

une
deux
trois fois

avoir mal pour oublier la douleur intérieure. t’as envie de vomir, tu te forces à respirer profondément, mais ton souffle est entrecoupé de hoquets de colère. tu sais même plus contre quoi t’as la haine. alors tu te répètes que tu le hais. tu le hais. tu le hais. tu te hais au milieu du drame. ta silhouette fait volte-face, ton dos s’appuie contre le mur, y pèse de tout ton poids, alors que tu t’es éloigné du restaurant. pace. pace aux yeux brillants. pace qui a ravalé sa fierté, sa haine et sa colère. pace, t’es si lâche. l’intérieur de ta main ouverte laisse une vague trace de sang quand tu la passes dans ton cou, sur ta nuque. t’as même pas pris la peine de fermer ton blouson, encore ouvert sur la putain de croix sur ton torse. t’as fermé les yeux. y’a pas d’étoiles gravées sous tes paupières.

avec un peu de chance pace
tu vas chopper
l a . m o r t


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Ven 8 Nov - 20:32
la pression de la salle forçait tes tympans à t'en faire devenir sourd. tu ne savais plus où canaliser ta douleur. comment la canaliser. l'impression que chaque centimètre carré de chair et d'os se liquéfiait dans l'acide. que chaque centimètre carré de pensés et de souvenirs s'enflammait dans le brasier. tu étais un tout de douleur lacérante. d'inexistence. de noirceur. tu ne t'appartenais plus. détaché de toi-même, mais recroquevillé en boule ravageuse dans ton propre estomac. tu voyais l'usure de la cigarette dans ta trachée. l'usure de ta lâcheté dans certaines veines cardiaques. l'usure de ton amour, dans le massacre de tes sentiments. dans l'assèchement de tes larmes. dans tes cauchemars persistants. tu sentais déjà le goût de l'alcool sur ta langue. la déchirure nasale de la cocaïne. tu savourais l'idée.

l'idée d't'envoler.
l'idée d'c r e v e r.

ta tête bascule vers l'arrière et les regards inertes des spectateurs te propulsent tout droit dans la réalité. la tempête s'était calmée. c'est ce que tu croyais. les ravages avaient été absorbés par le sol. c'est ce que tu croyais. tu l'avais cloué. tu l'avais écrasé. piétiné. brisé. encore. les corps se mettent à se mouvoir et tu tournes toute ta masse corporelle molle et saccagée vers une explosion. un champion de radioactivité qui se soulève autour de sa silhouette. et tu ne parviens pas à bouger. pas à le retenir. pas à tenter de contenir la grenade. goupille que tu lui avais arraché du dos depuis trop longtemps déjà. pace. pace t'es un danger. pour toi-même. tu le comprends dans ses mouvements. dans tous ses signes vitaux. mort. déjà mort. et tu sens le raz-de-marrée d'affolement et de confusion déferler dans la cage. pour des réponses. pour une justice.

y'en a pas d'justice.
y'en a jamais eu.

tu bouscules tout le monde. d'une main. d'une épaule. et en le faisant. tu savais que tu risquais trop. que tu risquais la vaisselle sale. que tu risquais le tablier gras. que tu risquais les coups sur la mâchoire et les sorties payantes à l'hôpital. tu risquais l'image. ton costume de mascotte des combats illégaux. tu risquais les paies maigres dans ton compte en banque. tu risquais ton honneur d'homme. de bête. à quel prix. au prix d'une main cassé. à quel prix, nox. au prix de - p a c e. ça toujours été, au prix, de pace. au prix de ta honte, devant pace. au prix de ton regret, devant pace. au prix de tes mauvaises décisions, concernant pace. au prix des éclats dans son regard. de son sourire en coin. de sa force si ardemment acquises. toujours pour les mauvaises raisons. au prix de violence. d'abandon. de trahison.

y'a pas prix plus cher.
à payer.

c'est ce que tu crois. lorsque le vent t'accueille allègrement. parce que pace. pace, c'est ton seul drame jusqu'à maintenant. c'est la seule corde à ton cou, métal dans les veines. et tu n'avais pas peser toute l'importance de ce drame avant aujourd'hui. parce que tu ne l'as jamais laissé te le faire comprendre. parce que tu ne voulais pas le comprendre. et tu ne comprenais sûrement pas les nuances si puissante, dissimulée derrière ses paupières. derrière l'engourdissement de sa mâchoire trop serrée. derrière l'encre dans sa peau. poison dans son coeur. c'est à cause de toi, tout ça, nox ? tu y crois ? tu bouffes l'idées jusqu'à la décomposition d'tes entrailles. qu'est-ce qui se s'rait passé si t'étais resté à rire à côté d'lui ? une tape dans l'dos. une main sur l'épaule. qu'est-ce qui se serait passé. si t'étais resté. à ses. côtés, les deux pieds dans l'eau. t'avances. t'avances parce que d'toute manière, tu peux plus reculer. même si les cris, au fond bout d'la rue, t'glaçait l'âme autant qu'la température.

tu tiens ta main sous ton autre bras. coincée contre tes côtes et tes muscles endoloris. l'adrénaline t'empêchait encore de te plaindre de douleur. de t'écrouler. elle te tirait par le collet et elle te poussait à avancer. à regretter ce que tu anticipais comme un venin dans tes veines sinueuses. tu suivais les échos de sa blessure intérieure. vive. pure. t'as même pas compris comment t'as fait pour t'vêtir. même que tu ne te souviens même pas de ce moment précis. t'es pleinement conscient qu't'aurais du prendre ton manteau. qu'le soleil n'était plus de ton bord. et que la lune vous faisait la moral. ce que tu vois au bout, les signaux t'interdisait de t'approcher. de ce cas social raté. ta vie, nox. elle était pas trop mal. t'avais fini par t'habituer, à ta merde. à son odeur. t'étais un cas social raté, toi aussi. et là, tu regardais un conduit électrique à découvert. et les étincelles n'étaient pas encore prête à s'éteindre.

pas les - t i e n n e s.

t'avais l'sentiment que le vent te poussait. ou le ressentiment. un automatisme dans chaque pas pesé silencieusement sur le sol. être l'ombre de toi-même. être l'ombre de la situation. et t'étais si près. si près de son odeur aigre. de ses yeux clos. de son besoin de solitude. que ce que tu trouvas le mieux à faire c'est de prendre ton élan de ta main aux os bien en place et d'écraser un poing serré, fermé, tremblant, sur son visage encore trop beau, malgré la colère. malgré ses émotions enfouie. toi, tu ne l'avais pas terminé, le combat. ce combat. votre combat. toi, tu l'avais encore qui bouillait contre ta nuque, dans ton cerveau, dans ton regard. t'avais jamais voulu de ça. mais tu ne voulais pas que ça se termine si gracieusement. avec encore deux dos tournés. alors, oui. t'étais prêt à voir le sang couler.

même si c'est le sien.
c'est pas une nouveauté.
de toute manière.

« il est où ton honneur, pace ?! »

t'aimerais pouvoir manier tes deux mains. le maintenir sur place. l'empêcher de partir. parce que peut-être que tu ne voulais pas vivre ce que tu lui as fait vivre. peut-être que tu n'avais pas le coeur pour voir un dos se tourner. pas le sien. parce que tu vois les ravages que ça créer. agression complète du système humain. de la conscience. de la respiration. de l'envie d'être. alors tu tords tes doigts sur le collet de son blouson. même si l'emprise serait d'une aisance particulière à dégager. tu sers ce bout de tissu si fort que ton bras en tremble.

« tu crois qu'tu peux v'nir faire ton p'tit spectacle et t'enfuir si lâch'ment après, pace ? »

oui, nox.
répond nox.
pourquoi t'as fait tout ce spectacle, nox.
pendant douze ans.
et que t'as si lâchement.
fuit.

n o x.

@pace simoes

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Ven 8 Nov - 22:14
requiem
@nox sawyer


tu suffoques, t'étouffes, pris à la gorge par des angoisses d’enfant qui surgissent hors de l’ombre. comme quand, gamin, tu venais te réfugier sur son palier, dans votre planque, au coin de la rue, ou dans le garage à vélos de l’immeuble. le visage intact, mais le corps couvert de bleus, camouflés sous des pulls trop grands, d’avoir trop tiré sur les manches pour dissimuler la douleur. cette manière que t’avais de t’asseoir, le cul par terre à même le béton et les genoux ramenés contre ton torse. et tes sanglots muets, qui ne se devinaient que par les larmes qui roulaient sur tes joues, qui s’écrasaient au sol. sans voix, quand il s’agissait d’expliquer ce qu’il s’était passé, incapable de reprendre ton souffle. te renfermer, chaque seconde un peu plus. jusqu’à ce qu’il te rejoigne. cauchemars d’enfants. crises que tu vivais plus, jusque là. auxquelles tu étais parvenu à tourner le dos, au fil des années. enterrées à l’ombre de ton passé, dans les entrailles de ton histoire. avec l’aide de simon, d’abord, qui avait su te coller la rage au ventre, suffisante pour relever le menton. et avec l’aide de trop nombreuses absences, qui avaient forgé une armure faite d’amertume et de rancune taillée sur mesure. jusqu’à maintenant. jusqu’à ce soir, cette ruelle, cette rencontre. son visage marqué par le temps. et le tien, miroir suffoquant.

tu tressailles.

à cause du froid, peut-être. à cause de la sueur qui glisse dans tes yeux, que tu sens sur tes paupières, qui te brûle, et que tu ne prends même pas la peine d’ôter. tu es toujours essoufflé par le combat. ton cœur te donne l’impression de jaillir perpétuellement hors de ta poitrine. à chaque battement, un peu plus. tes poumons s’emplissent douloureusement d’air, que tu souffles entre tes lèvres entrouvertes. et ta mâchoire te lance, tes phalanges, tes côtes aussi. t’es bien moins amoché que certaines fois, physiquement, tu t’en es plutôt bien sorti. parce qu’il l’a bien voulu. parce qu’il a épargné ton visage, ta chair. parce qu’il n’a pas voulu verser ton sang. sans que tu ne puisses expliquer pourquoi. ou peut-être que tu refuses d’y réfléchir. t’as pas envie de savoir qu’il y a un être humain, derrière sa carcasse. t’as pas envie de te rappeler qu’il y a un enfant sous ses tatouages. c’est plus simple de le haïr, de nier qu’il a été important qu’il l’est.

l e n n o x

t’arrives pas à croire que c’était lui dans ce sous-sol. que ce qu’il vient de se passer est bien réel. ça t’affoles, ça te tue. tu relèves le menton quand tu sens un courant d’air glisser sur son cou, dans lequel t’avais résolument laissé ta main. toujours plongé dans le noir. ce besoin d’obscurité pour te calmer. t’en dépends. tu dépends que de ça. mais tu sais que tu dois pas traîner. les hommes ne resteront pas éternellement dans la crasse du ring. et tu n’as aucune envie de les croiser. toi, le paria. toi, le lâche. ce n’est pas que la victoire qui t’a échappé ce soir. c’est bien plus que ça. l’honneur, l’égo qui se meurt. ta fierté piétinée. elle va te suivre cette rumeur, longtemps. une réputation déjà fragile qui s’écroule en un instant. t’as foutu un coup de pied dans la fourmilière. alors tu t’étonneras pas, si ton cadavre se fait bouffer. tu l’as cherché. t’as a b a n d o n n é un combat. t’as pas pu aller au bout. t’as pas pu le frapper davantage. t’aurais préféré le mettre k-o dès le premier coup, pour ne pas avoir à l’affronter. pour ne pas entendre ce hurlement qui résonne encore dans ton crâne. cette colère. cette rage. cet écho à ta propre détresse. on dira de toi que tu as manqué de couilles, que t’as pas eu le courage. que ta force n’a pas suffit. qu’il te manquait la détermination. la vérité, c’est que t’as la sensation d’avoir fait ce qu’il fallait. pour lui, pour toi. te sacrifier, te coucher sur le tapis. t’écraser et sortir de sa vie. tout ce qu’il attendait. tout ce dont il a rêvé. tes mains tremblent, des chocs trop violemment reçus ou trop violemment donnés. t’as le dos raide, endoloris, et t’es à peu près certain que le coup de pied à tes côtes a réveillé une douleur endormie. un précédent massacre. car à ce niveau, il n’y a plus de combat. vous n’êtes que de la chair à canon, des clowns et des fauves qui amusent la galerie, pour une poignée de billets. tu l’entends à peine arriver. à peine prendre son élan.

tu ressens à peine le coup dans ta gueule
qui projette ton visage de côté
mais il r é s o n n e longtemps en toi

parce qu’il n’y a plus de combat. que vous n’êtes plus dans l’arène. que ça, c’est le résultat de la colère. c’est faiblesse à son état pur, dans toute sa brutalité.tu t’es mordu l’intérieur de la bouche, t’as du sang plein les lèvres, le goût de fer dans la bouche, que tu craches par terre et tu relèves le regard. l’visage qui se ferme qui perd ses couleurs. livide de haine. et au fond de ton iris, l’incompréhension à la dérive. la rancune, fidèle alliée. et tu écarquilles les yeux, quand il daigne enfin parler. ton honneur pace. ton honneur. comment peut-il oser parler d’honneur. tu le foudroies tu regard, autant que t’as envie de le cogner, de le fracasser contre le mur pour le faire taire. et il te fait rire. il te fait marrer. et t’exploses, sans prévenir. — tu m’parles d’honneur ? toi, lennox, tu m’parles de d'honneur et de lâcheté ?! il a bon dos, son prénom entre tes lèvres. t’as saisis ton poignet et tu serres, pour le faire lâcher.  — tu crois qu’tu peux disparaître d’ma putain de vie et rev’nir m’faire la morale ? t’inverses le rapport de force. c’est facile, avec sa main défoncée. tellement simple. d’un mouvement brusque, tu t’esquives sur le côté et l’instant d’après, c’est son dos contre le mur, ton avant-bras qui lui barre le coeur — et c’est pas c’que tu voulais ? la victoire ! ta main libre se glisse, tremblante, précipitée, dans ta poche intérieure. et tu lui balances les billets qu’elle contenait à la gueule. de l’argent liquide, d’un précédent combat. comme si ça n’avait aucune espèce d’importance pour toi. — tiens, la v’là ta victoire ! félicitations nox ton honneur est sauf et l’mien est baisé. y’a du sang qui glisse de ta lèvre inférieure. t’as envie de dégueuler. c’est trop fort, trop intense dans tes veines, dans ta tête.

tu l’relâches
( brutalement )
et recules d’un pas

tu craches ton venin et ton sang, essuies ta bouche du dos de la main. t’aurais dû fuir, partir en courant. pas lui laisser l’occasion de t’insulter, de te détruire un peu plus. mais t’es là, figé, à le fixer, à le dévisager comme si t’essayais de retrouver en lui le gamin qu’il était. et tu le cherches, tu le cherches dans ses yeux noirs.

s’il te détruit
c’est qu’il est
c’est qu’il est v i v a n t
c’est qu’il est revenu
pour le meilleur
pour le pire


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#
Ven 8 Nov - 23:20
l e n n o x.

c'est ton père, qui le disait. le prince foudroyé. jamais assez bien pour effleurer ses lèvres. pour lui effleurer l'esprit. lennox. toujours. durement, puissamment. lennox sawyer, pour t'faire comprendre que t'étais rien. pour t'rafistoler la gueule. pour détester tout ce qui provient de son sang, ou qui ne provient pas du sien. lennox. le bouclier, le bâtard. l'gamin qui doit protéger les autres. lennox, c'est une torture, une obligation, la froideur et la distance. c'est une identité méprisé, un garçon enragé, un animal déformé. lennox, on le prononce pour la distance. pour la maîtrise. pour s'sentir fort, pour chasser l'affinité. la moindre seconde. la moindre source familière, amicale, tendre. pour oublier les moments heureux. pour t'oublier toi et tes possibles bon côtés. lennox. tu suffoquais dans cette appellation. dans son rictus. dans ses mots. tu étouffais.

« m'appelle pas comme ça. »

que tu réussis à exhaler, à coeur lourd, à coeur ouvert. tu l'sentais, le poids de ce prénom, au surnom enfui. à l'amitié dissimulée, là, dans la présence de quelques lettres. vibrantes, massacrantes. si innocente. mais il n'y avait aucune conviction dans ta demande. qu'un râle collé à ta respiration lorsque ton dos se butta à ce mur. un soutient pour lui. une restriction pour toi. mais tu ne faiblissais pas. même si tout ton corps te criait de laisser tomber. à chaque spasme. chaque éclat de douleur. à chaque regard qui se délogeait du sien pour lorgner sur la chaude coulée vermeille sur son menton. et t'étais responsable. indifféremment. ça ne t'avait rien fait, de le frapper. que jeter l'huile sur le feu à coup de mots déplacés. et tu le conçois sous chaque réaction. sous chaque pièce qui se butte à ton corps sous ton visage tendu. ta mâchoire se crispant de manière visible sous ton épiderme.

tu restes là. contre le mur. à moitié enfoncé d'dans, si la brique pouvait faire d'la place. tu restes planter là. parce que tu comprends, qu'il y a tout à comprendre, mais qu'il n'y a rien de compris. deux exhalations des âmes sans que personne ne comprenne. deux incompris. tu percevais encore le son d'une pièce qui hésitait à se coucher et tu l'écrases sous ta semelle lorsque tu reprends les droits du pas qu'il avait abandonné, reculé. et une main sur le haut de sa poitrine, tu le repousses. « va falloir qu'tu t'sortes la tête du cul un peu, pace.»  ta voix restait aussi gargarisante. aussi rocailleuse. aussi imprégnée d'misère, d'foutaise. t'avais l'besoin d'prononcer son prénom. encore et encore. te le rentrer entre les deux tempes. te l'imprégner au fer rouge dans l'âme. te faire comprendre que tout ça, c'était vrai. bouillant. impitoyable. et tu le pousses, une seconde fois. « va falloir qu't'arrêtes de jouer la putain d'victime. »

tu pestes au sol, tu craches à côté d'ses souliers. c'était clair. c'était plus clair que ce que tu avais fait surgir contre une joue. contre des lèvres qui n'ont jamais rien demandés. et les tiennes, elles remuaient avec tous les droits qu'elles cherchaient à attraper. de manière inconsciente, de manière blessante. t'en avais rien à foutre. même si ça te faisait mal. t'en avais rien à foutre qu'il t'exècre. même si t'avais l'espoir, qu'il y a peut-être quelque chose, en d'dans d'vous, présent, à déterrer. que tout n'était pas complètement perdu. et t'espérais l'voir dans la lueur du lampadaire qui reflétait sur l'angle de son visage. tu gesticules. malgré le mal qui semble te fouetter d'plein fouet. parce que d'l'adrénaline, y'en a plus. y'a juste le moment présent. y'a juste la déception.

« va falloir que t'enlèves la merde de tes oreilles et qu't'écoutes un peu ! Parce que j'suis vainqueur de rien. » ta main molasse pointe l'argent reluisante sur le sol. qu'un itinérant trouvera sûrement plus passionnant que l'un de vous. l'argent sale. argent insensée. « ton argent, tu te l'enfonces bien profond. j'veux rien savoir de tes états d'âmes d'drama queen. » tu montrais les dents comme le ferait une bête. t'étais énervé. tu siffles entre tes dents conjointes. écrasées. « c'était TON combat ! LE TIEN. j'serais même pas censé être encore capable de t'crier par la tête. de te faire la putain d'morale. parce que t'es qu'encore qu'un gamin. pas capable d'faire face à ses démons, faut qu'il dégage la queue entre les deux jambes. » tu l'aurais voulu plus fort, pace. le menton plus haut. car dieu seul sait ce qui se trame dans son crâne. toi, t'es trop con pour réellement figuré. et tu t'tournes un peu en passant une main contre ton visage pour te rendre compte que tu arborais toujours tes bandages.

tu n'osais pas les enlever, en fait. comme si tu étais encore dans le ring. toujours prêt à contre-attaquer. tu ne voulais pas l'enlever, pour pas voir l'étendu monstrueux dans ta main que tu devrais faire soigner. tu ne pouvais pas les enlever. ce n'était même plus une question de vouloir. ton corps semblait t'empêcher de faire plus. t'empêcher de mettre une fin à ce moment. à ton corps si tendu. à tes émotions bousculés. tu toisais tes deux mains, paumes impossibles vers le haut. qu'est-ce que t'as fait, de ces deux mains. tout ce mal.  et tu les ramènes une énième fois vers ton visage épuisé. ton visage qui ne parvenait plus à soutirer une colère que tu puisais contre une haine singulière. une haine envers toi-même. ton souffle était trop bas. peut être trop sincère. ou trop poussé.

« fuck pace...i'm so fucking sorry...»

c'était peut-être trop tard.
pour dire.
qu't'étais content d'le r e v o i r.
quand même.   
trop tard même pour t'excuser.

@pace simoes

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#
Sam 9 Nov - 0:34
requiem
@nox sawyer


t’aimerais lui dire. t’aimerais en avoir la force. que les mots ne se bloquent plus dans ta gorge comme ils le font. lui dire que tu lui en veux, pour son absence. qu’elle t’a manqué, sa présence. que tu t’es senti perdu, paumé, abandonné. que t’avais besoin de lui, de son épaules sur laquelle t’aurais pu t’appuyer. mais il est parti, alors que tu tentais de déployer tes ailes. il a pris ses distances quand t’arrivais enfin à te projeter dans un rôle. un avenir. fragile. comme ta gueule d’ange. quand t’arrivais enfin à croiser ton regard dans un miroir. évidemment, évidemment tu t’es déjà dit que c’était normal. qu’il en avait le droit. que son père n'était plus là et qu’il a dû gérer sa fratrie. comme un homme. il s’est fermé au monde pour sa famille. pour ses proches. et toi pace, t’as fait quoi ? t’as agis pour qui, dans quel but ? rien. rien d’aussi admirable. rien d’aussi noble. quels sacrifices pour ta sale gueule. même ta mère s’est pas battue pour toi. même elle a préféré crever. t’as pas le droit de lui en vouloir pour ses silences passés. tu peux que le haïr pour son comportement présent. pour les pics qu’ils te lancent, les coups de poignard que tu reçois en plein cœur. et que t’encaisses, au lieu de te tirer.

tu le laisses
s ‘ a c h a r n e r

c’est peut-être ça ce que tu cherches, ce que t’attends à l’arrivée. qu’il te détruise, définitivement. qu’il te fasse si mal que tu ne sois plus capable de te relever, plus capable d’avancer. que te jambes te lâchent, que ton cœur s’arrête enfin de battre. arrête de ressentir des émotions si différentes de la haine ou de la colère qu’elles te sont étrangères. c’est toi, celui qui frappe. t’as pas l’habitude, de recevoir des coups si violents à l’âme. t’as perdu l'habitude d’être celui qui a mal. ces plaies que tu n’es pas capable de recoudre ou de soigner. mais il est là, nox. devant toi. il te remet tout ça en évidence. tout ce que tu avais enterré. il te le balance à la gueule. c’est mérité. l e n n o x. provocation, mise à distance. comme si tu tentais de lui prouver qu’il n’est rien, qu’il ne compte pas. l’ombre du regret. on le voit pas dans tes yeux, on le distingue à peine. mais il est là, noyé dans ton iris océan. et c’est tellement dur d’affronter la tempête dans ton esprit. de l’affronter, lui c’est pas de ta faute, tu l’as aimé si fort, son prénom si fort que t’aimerais l’oublier.

tu survivras plus, à la déception

il te repousse, tu recules. les sourcils qui se froncent, mais l’expression qui reste figée. la déception gravée dans ta peau. et il reprend. et t’as l’impression d’être un gamin qu’on engueule, t’as l’impression d’être à nouveau l’enfant à qui on règle son compte derrière l’école. et t’appréhendes. et t’as pas envie de vivre ce moment. il te pousse, encore et toi, tu recules, toujours. bien incapable de faire autrement. en fait, t’esquisses même deux pas en arrière, lorsqu'il te touche à nouveau. comme si tu le fuyais. comme si tu refusais qu’il ne te touche, qu’il ne te frôle. pas comme ça. et ses mots, ils se plantent dans ta tête, dans ta gueule. et tu brûle à l'intérieur. victime. tu l’as toujours été. toujours. et t’as toujours tout fait pour t’arracher cette étiquette, cousue à même la chair. et il le sait. et ça le rend d’autant plus cruel. et tu lui en veux. et t’essaies de comprendre pourquoi. pourquoi il cherche à te blesser à ce point. ce que toi tu as bien pu faire de mal. et tu le regardes s’agiter, statue de sel face à son état second. son énervement.

tu sais
tu sais que tu vas craquer

et ses mots pleuvent sur toi
u n e . é t e r n i t é

tu l’as laissé avoir l’ascendant. il l’a toujours eu. alors tu te tais. tu te tais et tu le regardes se détourner. cacher son visage dans ses mains. se réfugier dans sa lâcheté. non. et ses excuses. ses excuses sont le coup mortel. le coup de trop. t’inspires profondément, ton regard qui fuit, qui regarde le mur derrière, qui se lève vers le ciel, qui balaie le sol. t’es tout à coup incapable de le fixer. et dans ta gorge, étouffé, étranglé, y’a ce hoquet, ce sanglot qui crève, avorté avant d’avoir réellement existé. non. tu refuses. tu refuses. pas cette fois. plus jamais. il n’a p a s . l e . d r o i t de te faire si mal. tellement mal. tu n’es que douleur. ta tête, ton cœur, ton corps. t’avances. un pas. deux. ton torse entre presque en collision avec le sien quand tu saisis ses poignets dans tes mains. quand tu les écartes de son visage, quand tu le forces à t’affronter. — regarde-moi. murmure. — REGARDE-MOI. hurlement. regarde-moi bien nox. regarde tout le mal que t’as fait, regarde ce que tu continues à faire. regarde le sang sur mes lèvres et la peine au fond de mes yeux. regarde-moi comme tu l’as jamais fait. regarde-moi comme si c’était la dernière fois.

— j’m’en branle que t’en aies rien à foutre de mes états d’âme. j’m’en branle parce que tu piges que dalle. et t’vas les écouter. jusqu’au bout, mes putains d’états d’âme. parce que c’est à cause de lui que t’es en train de devenir fou. — ta morale à deux balles tu peux te la garder salopard, j’t’ai rien d’mandé. j’attendais rien. j’attends plus rien de ta part, plus rien. et t’as pas l’droit, t’as pas l’droit de me dire ça, t’as pas l’droit d’ouvrir ta sale gueule, t’as pas l’droit d’me parler de fuite et de lâcheté quand c’est le seul truc que t’es capable de faire. monologue murmuré, monologue esquinté, qui se change en sifflement, qui se change en hurlement. — mon combat hein ? quel combat. t’es un fantôme, nox, t’existais plus. t’entends ? t’as disparu, tu m’as dégagé. de ta putain de vie de merde. t’étais où ! t’étais où depuis tout ce temps ! t’étais où quand j’ai eu besoin de toi, moi, t’étais où ! tu le forces à reculer, encore, jusqu’au mur. ses poignets toujours en main. — ça non, t’es vainqueur de rien. tu s’ras jamais vainqueur de rien. parce que t’es que dalle. t’es qu’un lâche. un putain de LÂCHE et tu l’seras toujours. parce que t'es PAS FOUTU de t’excuser en soutenant mon regard. REGARDE-MOI PUTAIN. tu lâches son bras blessé et t’abats ton point sur son torse, sans conviction. ta voix se brise à chaque parole prononcée. parce que t’y crois pas. et ça se voit, que t’y crois pas à tout ça. que t’aimerais y croire, mais que tu peux pas. parce qu’après tout ce temps tu continues à l’admirer. tu continues à le prendre pour ton modèle. et ça te tue. ça te bouffe, d’être aussi faible. — j’arrive pas. j’peux pas. c’est quoi ça, pace, sur tes cils ? ces gouttes que tu ravales, qui s’estompent à chaque fois que tu clignes des yeux. qui n’existent pas vraiment, que l’obscurité dévore. — j’peux pas te mettre à terre. et j’suis trop con putain. j’suis trop con parce que j’ai envie d’y croire, à tes putains d’excuses. ton regard qui se relève, vers le sien. son poignet toujours entre tes doigts, ton poing serré, toujours contre son cœur, dont tu sens les battements à travers la chair.

tes mains, tes doigts, ton corps
tu trembles. tu trembles à en crever
s i l e n c e

ton regard dans le sien. tes yeux bleus baignés de larmes, qui refusent de rouler sur tes joues. comme quand t’étais gamin. parce qu’il a raison, t’es encore un gamin. mais nox, nox, il a tort sur un point. t’affrontes tes démons. t’en tiens un dans ta main. tu sens jusqu’à son cœur palpiter sous tes doigts.

le goût du sang.
ta voix qui se meurt
— il est où ton honneur, nox ?
silence



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#
Sam 9 Nov - 3:00
les voix se transportaient tel un ouragan dans ton crâne lourd. des rires, des cris, des blagues, des larmes. des prénoms qui s'entrechoquent, toujours à la recherche, l'un de l'autre. au travers des herbes hautes. dans le labyrinthe automnale. dans les centres d'achats, cachés derrière un amas de vêtements. petites bêtises glissées dans les poches. la présence. l'entraide. communication. amitié. plus ? t'avais l'impression de te taper une commotion cérébrale, sans le coup de grâce. à chaque bribe d'innocence. à chaque souvenir jamais effacé. à chaque moment qui venait adoucir tes traits. les tirer lentement vers le bas. comme si tu peignais sur ton visage, les attraits d'un clown triste. d'un pierrot fracturé sur une étagère. tu entre-ouvres les lèvres pour reprendre ton contrôle. dans une respiration. dans une syllabe et tu te fais capturer par son corps. par son regard. par ses mots.

il te dévore par sa - t r i s t e s s e.
il te digère par sa vérité.

s'il avait encaissé tes sottises en silence, tu pouvais accepter sa souffrance de la même façon. ça ne servait à rien de revêtir la muselière et japper jusqu'à l'épuisement. tu ne pressentais pas le danger de l'heure précédente dans l'emprise qui te maintenait si près, et pourtant si loin. qui te forçait à te gaver de ses émotions. du poids de son âme, de ses épaules creusées. ça te donnait mal au coeur, pour le peu qui te restait à faire battre. pour le peu qui te restait, à lui offrir. à lui faire voir, toutes les nuances. t'espérais qu'il ressente l'affolement qui sévissait en d'dans toi, à chaque contact. qu'il écoute avec ses mains. pas ses oreilles. encore moins ses yeux. car tu le soutenait mal, son regard. même si tu cherchais à t'y noyer, à y perdre le souffle. tu avais mal. cherchant le soutient dans la noirceur, avant d'être alimenté à sa tourmente. encore. toujours. et la nuit te fit cadeau de ses rayons. pour voir les perles humides sur la racine de ses cils. dans le creux de ses iris.

et tu te vois de l'autre côté du judas. tu le vois, le drame familial partout sur la figure. tu vois le sang descendre au gré des larmes discrètes. tu l'entends ton nom, demandé, quémandé. et la vibration de ses coups contre ton front qui se pose sur la porte. cette journée-là. tu as senti une partie de toi mourir dans ses reniflements. et tu savais qu'il avait laissé son coeur, sur le pas de ta porte. et tu ne l'as jamais ramassé. t'as juste foutu l'tien à côté et t'as laissé le temps les prendre au vol. cendre grise. sang rouge. honneur moisi. honneur. ton honneur. quel honneur. tu laisses ton bras retomber. tu prends appuie sur le mur, tu te soutient. tu en as de besoin. tu te sens partir. tu te sens faiblir. tu sens ton énergie s'égarer dans le creux de ses mains. tu te sens réagir à chaque exclamation. tu pinces les lèvres. les ouvres pour parler. pour ne rien dire. pour laisser le silence. le silence répondre. parce que ce silence est fort. mais pas assez. tu sers le poing qui reste sous son emprise.

« enterré six pieds en d'sous d'tes sentiments. »

ta voix était si basse. un souffle dans la rue. à peine perceptible. t'avais même tourné la tête. tu épiais la vie inexistante autour de vous. comme si votre confrontation vous avais envelopper d'une bulle personnelle. une bulle conjointe de remise en considération. de remise en question. de questions. t'avais tourné la tête, parce que t'étais pas prêt de t'excuser à nouveau.  pas dans cette seconde bien précise. pas après avoir vu le garçon, tourner son dos sur le monde, sur son enfance, son adolescence sur sa vie. voir le petit garçon devenir adulte, sans savoir ce qu'est être adulte. effleurer et embrasser les méfaits de la dépression à un âge improbable. t'es mort, nox. à douze ans. t'es mort, directement. pas d'cortège, pas d'fleurs, pas d'chants funèbres. tu t'es jeté en bas d'tas chaise. et t'as jamais remis l'pied au sol.

« on t'as pas d'mander pace... un jour... si t'avais à choisir entre l'argent, l'amitié ou la famille ? » tu savais que cette intention de conversation n'allait mener à rien. n'allait même pas expliquer ton attitude. ni d'hier, ni d'aujourd'hui. tu tournes ton visage vers lui en tentant tout bêtement de descendre ta main. qu'il te lâche. de toute manière, il n'attend plus rien de toi. et tu te demandes, juste une seconde de trop, qui était le plus égoïste entre les deux. « j'ai jamais eu l'choix d'la zone grise. si j'voulais pas qu'mom crève. j'ai jamais eu l'choix pace. » tu te l'faisais croire. ce manque de choix. cette idée s'coince à ta gorge et tu lèves les yeux au ciel. t'allais prier quoi que ce soit, n'importe quel dieu, pour pas sentir ta vie s'égarer dans tes mots. pour pas que ce fait. ce simple fait, se réalise. parce que tu souhaites le contraire. « et...»

tu l'aperçois plus que tu le ressens. cette main qui ne semblait plus faire partie de ton corps. de tes ressentiments. de ta sensibilité. tu la montais, parce qu'elle le pouvait pourtant. tu la grimpais vers l'impossible. et du revers de tes doigts presque désarticulés, tu effleuras sa joue endolorie. et tu vis chaque parcelle de douleur. comme si la vie voulait te faire regretter ce contact irrégulier. la vie, elle était prête à tout te faire regretter. jusqu'à la moindre parole que tu laisseras tomber dans l'air. « j'pouvais pu supporter ça. j'pouvais pu supporter ton regard contre ma nuque. cette douceur que j'pensais pas qu't'avais. je... fuck... f u c k.»

ça te fâchait. d'avoir été aussi con. et de l'être encore. d'avoir le besoin, de dire cette connerie. de jeter lui. de le jeter lui dans ce bateau aux planches cassées. ce bateau de défaites. tu retires rapidement ta main avec un râle si creux. tout t'élançait. le calme, que t'avais eu l'impression d'instaurer après avoir lentement capituler, semblait te revenir à la gueule. ce que tu ne donnerais pas, d'avoir encore le même regard derrière ton crâne. dans tes yeux. d'avoir le même regard sincère. le même regard pur. tu serais prêt à faire un pacte avec le diable. un instant. pour vivre un instant, cette sensation. mais elle était si loin. enterrée. ce sentiment de douceur ne reviendra plus à la vie. t'allais jamais connaître mieux, nox. tu l'sais. et t'avais finalement décidé d't'agripper de nouveau à son manteau. parce que tu savais. tu savais que tes mots. ces mots. allaient être la raison de votre fin. parce que tu le pointas lui du doigt.

@pace simoes

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Sam 9 Nov - 12:22
requiem
@nox sawyer


tu crèves dans son regard, tu crèves dans ses yeux noirs. tu te prends un revers à chaque respiration. c’est pas simple pour toi, pas simple d’être là, pas simple de mener ce combat. même après plus de dix ans, t’étais pas prêt, pas prêt à l’affronter. tu l’aurais probablement jamais été, si la vie ne t’avais pas foutu un coup dans la gueule. un énième coup. et il est là, ton némésis. immobile. v i v a n t. debout. au pied de votre mur des lamentations. tu sens sa chaleur au creux de tes mains, son pouls, son rythme cardiaque, jusqu'à son sang circuler dans ses veines. il n’a jamais été aussi proche, aussi réel, depuis des années. aussi tangible, ce fantôme de ton passé. parce qu’au fond, c’est ça le pire. nox incarne bien malgré lui ton enfance, tes souvenirs, ton quartier. tout ce que tu as laissé en arrière, tout ce que tu n’as jamais revu. tout ce que tu as été obligé de quitter, pour ta propre survie. et c’est douloureux. peut-être est-ce pour ça que tu t’accroches désespérément, pour ça que tu lui en veux et pour ça que tu as décidé de te construire sur les fondations moisies de l’abandon. pour rester à jamais proche de ton background putride. de son image. de sa silhouette perchée sur ton vélo rouge.

mais t’es qu’un con
un con d’avoir avoué tout cela

tu te confortes dans la place du martyre, du faible, du type qui n’a eu de cesse de tout foirer malgré ses luttes perpétuelles. à le chercher du regard dans les rayons d’un magasin, à le guetter au coin d’une rue, à surveiller les vitres des voitures en espérant y apercevoir sa silhouette. mais t’es plus courageux. plus courageux qu’il l’a jamais été. parce que ta complainte sonne vraie. parce qu’elle est vraie. et qu’il t’a fallu beaucoup d’adrénaline, beaucoup de rancœur et beaucoup de souffrances pour mettre des mots dessus. et tu la vois, l'expression de son visage. qui change, qui s'adoucit, qui crève entre tes doigts. au rythme infernal de ta langue qui claque sur ton palais. tu cherches pas à lui faire mal, mais tu ne sais faire que ça. blesser. répondre aux coups qu’on te porte. faire ta propre justice, une justice dégueulasse dont personne ne voudrait. t’aurais préféré de rien avoir à dire de tout ça, qu’il le sache déjà. qu’il ait déjà pris conscience des répercussions de ses actes, des conséquences de sa disparition. et quand t’y penses, quand t’y penses vraiment, tu te rends compte que simon a été la seule chose positif de ton adolescence. ta seule prise, la seule bouée à laquelle s’accrocher pour pas sombrer. alors que le souvenir de nox te tenait par la cheville et t’attirait inexorablement sous la surface.

et tu le voyais
peur panique
cœur panique

dans sa façon de fuir ton regard, dans ses mimiques, dans le tressaillement de ses paupières. ses lèvres scellées, sa peau livide à la pâle lumière d’un réverbère dans le lointain. son profil comme une sculpture de bronze que tu t’es retenu de détruire, il n’y a pas dix minutes. dont t’as plus envie d’abîmer la patine, que t’as plus envie de rayer, que t’es plus foutu de toucher. mais à chaque fois, à chaque fois qu’il ose se heurter à tes yeux, ses pupilles contre les tiennent te font l’effet d’une langue de feu sur la chair. une brûlure qui enflamme ton âme. ton bras retombe le long de ton corps, en même temps que le sien. d’un même mouvement. tu te sens épuisé par la confrontation, coquille restée vide sur une plage à marée basse, quand l’écume a tout emporté autour de toi. t’entends. t’entends le poids de tes pas dans les escaliers quand tu fuyais son palier. ça bat dans ton crâne, ça te rend mutique, ça te rend paumé. ça te hante et quand tu sens ses muscles se contracter, quand tu sens qu’il serre son poing, entre tes doigts fermés, tu admets que lui aussi, n’a pas oublié.

tes
s e n t i m e n t s
exposés à la vue de tous

elle tombe, elle tombe brutalement, ta dernière barrière, ta carapace fissurée, le dernier rempart derrière lequel tu venais de te barricader. en silence, toujours. mais cette chute se lit, à la manière dont tes yeux vacilles, dont tes paupières s’ouvrent, un peu plus grand que d’ordinaire, comme un gosse pris sur le fait, comme lors de ta première arrestation pour vol à l’étalage. et tu pourrais nier, comme à l’époque. non m’sieur, non, c’pas moi, j’ai rien fait alors que t’as été pris sur le fait. la main dans l'sac. le cœur en vrac. tes sentiments. ta poigne s’est desserrée, immédiatement. comme si t’avais plus la force de le maintenir, de l’empêcher de partir. de fuir, de te fuir. c’est ça, c’est ça le problème ? tes sourcils qui se froncent, ton regard qui cherche le sien, alors qu’il l’a détourné. qui cherche des réponses. argent. amitié. famille. y’a qu’un concept sur les trois que tu maîtrises. qu’un qui te parle. les autres n’ont fait que empoisonner ta vie. mais tu vois, où il veut en venir. tu comprends, ce qu’il veut dire. tu peux pas lui en vouloir. t’as pas le droit de lui en vouloir. il a fait ce qu’il fallait,au fond. pour les gens qu’il aime.

les gens qu’il aime vraiment
d o n t . t u . f a i s . p a s . p a r t i e

tu le sens bouger entre tes doigts et tu le lâches, sans lutter. ton bras retombe, sans plus aucune résistance, le long de ton corps. ton corps à la respiration tout à coup silencieuse. pas le choix. pas le choix. quel choix ? quel choix ? — je t'ai jamais demandé de choisir. dans un souffle, en écho à ses paroles. comme si cette précision pouvait avoir la moindre importance. (mais elle en a) tu ne lui aurais jamais demandé de choisir. tu voulais juste une place, minuscule. dans un coin de sa vie, dans ses douleurs, sur le paillasson de sa porte, dans un morceau de son cœur, sous le ciel ombragé de sa vie. et il aurait oublié jusqu'à ton existence tant tu aurais su te faire discret. l'aider peut être aussi. le soulager du poids d'une famille, fardeau que toi tu ne connais pas. tu connais rien pace. rien de rien à la vie. r i e n . à . s a . v i e

et tu la vois, cette main se lever, en périphérie de ton regard. t’es happé par son mouvement, tu ta regardes avec un on ne sait quoi d’appréhension, avant de revenir à son visage. un instant, tu te demandes s’il a su. s’il a su ce qu’il s’était passé dans ta tête avec les années ? la manière dont ton regard glissait dans son dos dès qu'il l'avait tourné. c'est ça qui l'a repoussé ? c'est ça sans doute. invasif, dépendant petit pace. et ses doigts frôlent ta joue. et ça se bloque dans ta gorge. on t’a jamais fait aussi mal. on a jamais porté un coup plus douloureux à ton visage. et ses mots. ses mots te poussent dans la tombe. et la chute ne s’arrête pas. et t’aimerais le heurter, le sol, te briser les os dessus, de désarticuler les membres. mais ça ne vient pas. parce que t’es resté immobile, pétrifié par l’horreur, la surprise, la peine. c'est pas seulement toi, qu'il a repoussé. c'est ta nature, ta vraie nature et ta sincérité. en réponse t'as occulté vos jeux d'enfants. tu n'as gardé en mémoire que ses silences. et ses yeux noirs. ces yeux qui auraient effacé les moindre maux. il le voit nox ? il voit à quel point ça se bouscule dans ta tête ? à quel point t'en perds la raison ?

alors c'était ça
il ne pouvait pas supporter ta douceur
celle que t'étais parvenu à préserver, péniblement
m i r a c u l e u s e m e n t

il est injuste
tellement injuste

et l'espace d'une seconde tu te sens coupable. coupable d'avoir été toi-même, coupable qu'il soit là le résultat, coupable alors que tu le mérites pas. t'as jamais rien fait de mal jusqu'à présent. et tu comprends pas, tu comprends pas que nox t'en veuilles pour la seule chose de beau en toi. pour la seule chose qui te rend un peu humain, un peu plus humain. tu te dis qu'il aurait préféré la détruire, cette beauté. que ça aurait été mieux ainsi. pour tout le monde. mais y'a comme un bug dans la matrice. parce que même au milieu de la violence, au milieu du chaos, projeté hors de ta poitrine, couvert de sang, de gravas et baignant dans une mare de sang, ton cœur a continué de battre. ton cœur il s’est jamais totalement cristallisé. t’essaies de le prouver chaque jour à livio. t’as même essayé de le prouver à malone, comme si ça pouvait de sauver. et ça suffit pas. ça suffit j a m a i s.

malone disait qu'il est plus simple de te haïr
nox te rejette la faute à la gueule
c'est toujours toi le problème à l'arrivée

tu pinces les lèvres, et l’instant d’après, elles forment les contours d'un ok silencieux, que tu prends pas la peine d'articuler. la voix trop blanche, trop inaudible, le cœur trop noir. ok. tu as compris. tu as bien compris. ok. il n’avait pas peur de toi, il n’était pas effrayé par des sentiments naissants que t'étais trop jeune pour comprendre. il ne pouvait PAS LE SUPPORTER. incapable d’encaisser, d’endurer, d’accepter. quoi que tu fasses, tu auras toujours le mauvais rôle. ils riment à rien tes efforts. t'as plus qu'à étouffer ta vraie nature pour survivre. à la renier, à la détruire. pour le bien de tous, apparemment. de tous, sauf du tien. tu esquisses un mouvement de recul, avant de te rendre compte qu’il t’a fait prisonnier de sa poigne. qu’il a à nouveau agrippé ton col. et t’es désemparé. tu sais pas quoi faire, tu sais pas pourquoi il te retient, encore. il te faut d’interminables secondes pour trouver tes mots. pour être capable d’articuler à nouveau. — alors, c’était ça, le problème ? l’amertume d’un sourire, d’un éclat de rire que tu avortes, rictus de douleurs qui disparaît au creux de tes tripes. — tu m’parles de choix, tu t’mens à toi-même. te cherche pas d’excuses. utilise pas ta famille comme prétexte. c’était moi, l’problème, c’est ça ? désolé d’avoir été un fardeau si lourd à porter, nox. désolé.

tu te détournes de son regard. lui présentes ton profil, tes yeux se perdent, glissent jusqu’au bout de la rue. errent un moment avant que de se fermer. avant que t’arrives enfin à demander, plongé dans le noir. — lâche-moi. ta main tremblante qui se perd sur ton visage, qui masse tes paupières, qui efface les rares larmes qui persistaient encore. la seconde qui la rejoint, qui étouffe tes mots. et tu l’enterres, ton ego. tu l’enterres un peu plus quand tu reprends. — j’t’en supplie, nox. lâche-moi. et tes mains qui retombent. et tes yeux qui s’ouvrent, qui se perdent sur son visage. t’as fait assez de dégât. lâche-moi nox, mais me laisse pas partir. ouvre la porte, cours moi après dans la cage d’escalier. excuse-toi. et si. et si. et si t’étais resté, pace, une minute de plus, et si t’avais hurlé à t’en briser la voix. et si t’avais chialé jusqu’à ne plus avoir d’air dans tes poumons. et si.

et si à ton procès, au procès de ton enfance,
tu finissais condamné à mort pour un simple regard.


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Sam 9 Nov - 16:09
i t - h u r t s.

il t'avait semblé, si longtemps, comme un grand homme avant d'être un connard. ton père. comme quelqu'un d'si fort. indestructible. comme le cadre de la porte que tu maintenais dans ta petite main. une main blanche d'une accumulation de rejet émotionnel. de perte d'humanité. de perte d'identité. l'voir lui, son dos qui parlait à ta gueule, en silence. le voir de tes yeux rouges. de ton âme irrité. tu comprends pace. et il semblait si petit, tout d'un coup. piétinable. écrasable sous tes poings d'enfants. ses pas qui raisonnaient comme les larmes de maman dans ton système vasculaire. comme ses cris dans la nuit. sa solitude. son épuisement. la détresse d'un simple soupire. tu t'étais dit si longtemps, que tu n'allais pas être comme lui. que tu allais être mieux que lui. parce que si jeune, les décisions se prennent sans penser. sans peser le pour et le contre. sans voir les possibilités.  sans voir la vie après. sans voir la vie derrière. t'as jamais pensé, que t'allait t'oublier si longtemps. comme si tout l'monde s'est habitué à ça. ce système loufoque. comme si tout l'monde était parvenu à détonner. à contourner la maladie sawyer.

sauf toi.
et maman.
deux coeur.
sans écho.

t'as le sentiment, de te voir dans les yeux ébahis de pace. t'as l'impression d'être derrière ce regard. derrière ce sang séché. derrière ces émotions avortés. et tu te dis, que cette boule de feu, tu aurais la même face à ton père. homme que tu insistais être le seul défaut de l'équation. mais que tu es toi-même, la notion défectueuse dans l'équilibre des choses. ça t'aurait demandé quoi, de tendre une main à un jeune garçon bourré de mal de vivre et garder la seconde dans la maison. ça t'aurait donné quoi de plus, de lui laisser un coin sur ton lit, plutôt que de le laisser dormir dans sa cage émotionnelle. tu ne pouvais pas te poser cette question. pas avant. pas avant aujourd'hui. avant les trésaillemments de son corps. avant la défaite creusée dans ses traits.

tu l'as achevé.
son c o e u r.
sans coeur.

tu te mords la langue. tu mâches tes mots. t'aimerais revenir en arrière. ne jamais lui ajouter ce poids sur son existence. parce qu'il n'a jamais été ce poids. il a toujours été le contraire. toujours l'élévation de ton corps. de ton bonheur. et toi tu l'enfonces, tu le noies. et t'aimerais lui dire. le lui crier. le laisser tomber en larme acide sur ses pieds. l'blesser dans cette réalité. t'aimerais lui dire et ça s'bloque dans ta gorge. ça s'bloque sur le goût de fer qui couvrait le dessus de ta langue. « non. » tu le tenais. tu le maintenais. et le gargouillement dans ta gorge n'parvient pas à dire autre chose. et c'était sorti naturellement. trop naturellement. et surtout avec tant d'rudesse. une décision. ça devenait de plus en plus difficile, de mettre des mots sur des choses à laquelle t'en a jamais mise. de la chose, laquelle t'as jamais parlé. pour l'évidence même. t'avais du mal, à fouiller en d'dans d'toi. à t'vider les tripes dans ses mains.

« j'ai toujours été con, pace. toujours. comme si j't'ais né avec c'te défaut. tellement con. j'ai été lâche comme mon père. » tu broyais son jacket dans tes mains. malgré la douleur. malgré l'incapacité. mais tu puisais dans l'goudron qui s'remettait à bouillir en toi. qui t'alimentait de nouveau. répugné par toi et tes mots sur quelqu'un qui n'a jamais mérité autant de mal. qui n'a jamais mérité la venue des connards dans sa vie. forcé à être la victime. à être la bête à la patte cassée. à l'honneur remballé. - tu tires lentement son haut pour te donner l'effort de rompre finalement l'engourdissement du mur sur ta colonne. voir si t'étais toi, capable de te tenir, sans le monde derrière toi. tu t'rapproches. conscient. « c'est pas toi. ça jamais été toi le problème. t'as jamais été un problème pace. pas l'mien. j'voulais pas qu'ça sonne comme ça. c'est tellement plus complexe.»

vous vous rejetiez, avec tant de vigueur. sans savoir quoi faire de ce moment. sans savoir si vous en faites une torture personnelle, ou une rédemption. tous tes défauts ne sont pas à pardonner dans un simple égarement de deux regards singuliers. toutes tes mauvaises décisions ne sont pas à effacer dans les remous de l'océan. tu ne peux pas lui demander ça. d'oublier ses souffrances, ses blessures. tu ne peux pas lui demander de te prendre dans ses bras, et t'insuffler des promesses sur lesquelles t'aimerais t'accrocher. parce que si y'a un truc qui pourrait finalement faire du sens dans ta vie nox, tu l'tiens dans tes mains. s'il y avait seulement une possiblité de devenir un homme. de venir un nox unique, oublié. il se tenait devant toi. et tu relâchais ton emprise. tout l'emprise que tu as eu sur sa vie. sur sa colère.

« t'es pas une défaite. »

et les mots se tordent, de nouveau. se perdent dans la nuit. planent lentement avant de s'écraser au sol alors que ta main grimpait sur son visage. comme si tu espérais qu'on oublie tes mots, mais qu'on comprenne tes gestes. t'as toujours parlé d'actions. aussi dégradantes pouvaient-elles être. mais pace te donnait envie de parler. de t'expliquer en vain. ton pouce s'appuyait sur la base de son menton alors que tes autres doigts s'enroulèrent contre sa mâchoire. tu voulais qu'il te regarde. toi. qu'il n'admire plus la nuit. qu'il se confonde dans ton obscurité à toi. dans ton regard une fois si perçant. si indéniable. tu murmures même un regarde-moi aussi doux qu'un respire. « pace, j'suis désolé. tellement. »

tu n't'étais pas rendu compte que les commissures de tes lèvres s'imprégnaient du rouge. que tu t'étais lacérée la langue à coup de canine. comme si inconsciemment, tu voulais souffrir autant que lui. te flageller pour le mal que tu as commis. mais ça ne sera jamais comparable. jamais atteignable. même si lentement une pellicule de sueur prenait en otage le haut de ton front. ton corps incapable de soutenir cet effet mortel qu'encerclait ta main qui pendait au bout de ton corps. tu combattais. ton mal, sous toutes ces formes. tu laisses chuter tes doigts et tu penches lentement le visage. parce que cette rencontre. cette rencontre te faisait comprendre quelque chose de lourd. de si imposant dans le haut de ton dos.

« j'ai fait ça...j'ai tout fait ça pour rien. »

t'es si près d'la mort.
maman - a g o n i s e.
la famille se fractionne.
et la seule lumière de ton enfance.
tu l'as éteinte sans considération.

t'es s e u l.
et tu le mérites.

@pace simoes

@ Invité

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Dim 10 Nov - 12:02
requiem
@nox sawyer


tu ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête, exactement. s’il comprend à quel point ça déconne, à quel point tu déconnes à l’intérieur. si au final, il est capable d’admettre qu’il s’est planté, que vous vous êtes plantés tous les deux. parce que toi aussi, pace, t’as tout foiré. t’as pas su voir sa détresse, égoïstement. t’as pas su comprendre que se fermer au monde entier était sa manière, à lui, de se protéger. n’importe qui l’aurait compris sans doute. aurait su lire dans ses actes que c’était là une façon comme une autre de préserver l’équilibre fragile de sa famille. et tu la connaissais, sa famille, de loin. tu aurais dû savoir à quel point sa mère était fatiguée, à quel point son père était un salaud à hauteur du tien. mais tu avais seize ans. seize putain de minuscules années. et t’oscillais entre une franche envie de crever et une rage au ventre qui te poussait à continuer. tu pensais qu’à ta gueule. et quand tu pensais à la sienne, c’était dans le noir, le visage enfoncé dans l’oreiller, à te dire que quelque chose clochait chez toi. elle est là, la vérité. t’as pas assumé. et il t’y a pas aidé.

ton regard n’a de cesse de revenir vers lui
alors que tu fais tout pour le fuir

tu peux pas t’en empêcher, parce que t’es attentif aux expressions sur sa gueule. t’as besoin de les lire, de te prouver que tout ça c’est pas un rêve. qu’il est là, lennox, des années en plus dans la gueule, mais qu’il est là. v i v a n t. arrogant. fier. con. comme avant. pire qu’avant. et combien de fois t’as cherché à le capter son regard. entre sa progressive disparition et ton grand départ. combien de fois t’as attendu dans le froid au bas de l’immeuble, combien de caillasses balancées à sa fenêtre, combien de tentatives désespérées pour le croiser à la sortie de l’école. pour un regard. et tu peux pas t’empêcher de penser que ça en valait pas la peine. pire, que t’es pas si heureux, de l’avoir retrouvé. parce qu’il est différent. parce qu’il a changé. parce qu’il en est toujours au même stade, au même point, parce qu’il n’a pas évolué. exactement comme toi. tu lui aurais souhaité de s’en tirer, de devenir quelqu’un. de réussir sa vie, en somme. et tu le retrouves sur un ring, dans une cage, dans le sous-sol miteux d’un bâtiment pourri. mais qu’est-ce que tu en sais, de sa vie ? qui te dit qu’il a pas fini par faire quelque chose ? pire, qui te dit qu’il n’est pas heureux. t’en sais rien

( ça te ferait chier, pace )
( de savoir qu’il s’est épanoui loin de toi ? )

non t’as ce nouveau mouvement de recul, vide de conviction, juste pour augmenter la tension sur le tissu, pour qu’il sente, dans les plis de ton blouson que t’es comme un animal en cage. un clébard attaché à un poteau. prisonnier de son regard et que ça te rend fou. qu’il refuse de t’écouter, qu’il refuse de t’obéir malgré ta supplique. t’es pas prêt à te mettre à genoux, mais ça te traverse bêtement l’esprit un court instant. avant que tu ne réalises qu’il te suffirait de reculer, pour le faire lâcher. et que si t’es toujours immobile ici, c’est que t’en as envie. que t’es content de t’être pris ce non en pleine face. même si t’es pas si important.

et il se met à parler
et c’est comme si vous vous étiez jamais quittés

t’as envie d’acquiescer. de lui balancer que oui, c’est vrai. un sale con, une ordure. qu’il vaut rien, pas mieux que son géniteur. même si c’est faux. parce qu’il a pris sa place. parce qu’il a tout sacrifié pour sa famille. parce qu’en réalité, il vaut dix fois plus que lui, que toi, que n’importe qui. il mérite pas ta colère empreinte de jalousie, la rancune formelle dont tu fais preuve, comme si ça justifiait l’échec que t’es devenu. comme si tout le désastre de ta vie était de son ressort. alors, tu te tais. tu serres les dents et tu te tais. tu lui dois le silence, tu lui dois le respect. ce garçon en qui t’as toujours vu un aîné, alors que vous êtes de la même année. issus du même enfer. quand il s’appuie sur toi pour se relever, quand il utilise sa poigne pour se redresser, tu t’y attends pas et tu dois durcir ton corps pour t’empêcher de chuter sur lui. tu te sens tellement à bout, exténué. tellement crevé. t’as qu’une envie c’est de rentrer, de te laisser tomber sur ton lit et de plus t’en relever.

— complexe, hein. que tu souffles en écho à sa voix, que tu répètes comme si t’y croyais pas. comment peut-il penser que tu le croiras, alors que t’as encaissé toutes ses réflexions, qu’il a réussi à te convaincre du contraire, à te faire entrer dans le crâne à coups de poings que t’es qu’un gamin et que jamais ça changera. que t’es trop stupide, trop fragile pour changer. mais il se plante. il se plante sur un point. avec tout ce que t’as enduré, t’es plus fort qu’il le sera jamais. et ça se voit. ça se voit, alors que ton visage se ferme, alors que tes yeux parviennent enfin à se caler dans la contemplation d’un tag à quelques pas de là, perdus dans l’obscurité. loin. loin de ses maux. loin de ses paroles, qui glissent sur toi, sur ton cœur que tu veux hermétique, mais qui s’insèrent pourtant dans toutes les failles de ton âme et qui se gravent là, sans que tu ne puisses réagir. pas une défaite. soupir entre tes lèvres entrouvertes, alors que t’as cet imperceptible mouvement de tête, négatif, comme si tu niais, comme si tu t’y opposais. incrédulité à son paroxysme. tu déglutis, ravales ta bile et ton sang, ce goût de fer dans ta bouche qui persiste, que t’as en horreur en cet instant. t’as jamais pensé à ces retrouvailles, mais t’aurais aimé qu’elles aient lieu sous ton meilleur jour. pas comme ça.

t’es pas son adversaire
t’as jamais été son ennemi

un frisson le long de ton échine quand ses doigts frôlent à nouveau ton visage. ta tête qui ne résiste pas bien longtemps à sa demande silencieuse. tu le sais. c’est plus fort que toi, ça l’a toujours été. alors, tu te plonges. dans l’encre de ses yeux noirs. dans lesquels brillent à peine les lumières de la ville. et tu respires plus. parce que tu les as désirées, ces excuses. t’as voulu que ça, au début. et maintenant que tu les as. maintenant qu’il dépose son honneur, son ego, à tes pieds. maintenant, tu sais plus quoi faire, quoi dire, comment réagir. alors, tu retiens ta respiration. et tu comptes. tu comptes les années, tu comptes les appels restés sans réponse. tu comptes la peine, les nuits à regarder le plafond, à guetter un signe. et tu te demandes si ça les vaut. si ça vaut tout ça. s’il limite les dégâts ou si c’est déjà trop tard pour toi. t’as pas la réponse.

il te lâche et ton regard suit le mouvement de sa main, descend le long de sa silhouette et rencontre ses doigts inertes, sa peau enflée, une blessure que tu devines dégueulasse à l’intérieur, sous toutes ces bandes. et tu relèves les yeux quand il reprend, sans savoir de quoi il parle exactement. t’entends juste la galère, t’entends l’injustice, t’entends la détresse dans ses mots. et tu vois le sang au bord de ses lèvres et tu sais toujours pas quoi lui dire. parce que tu peux pas lui promettre que ça va aller. tu peux pas le prendre dans tes bras, le pardonner. t’aimerais, mais t’y arrives pas. il te faudra du temps, calmer l’amertume qui affole ton cœur et les plaies sur ton corps. t’entrouvres les lèvres après un silence, inspires, prêt à formuler quelque chose quand t’entends la porte du restaurant s’ouvrir brutalement. le claquement résonne dans la ruelle, suivi d’éclats de voix, nombreux. t’as tourné la tête vers eux, vers les silhouettes que tu vois bouger au loin. — j’sais pas c’qui s’est passé pour toi, d’puis dix ans, nox. j’sais pas quel genre de type t’es devenu. et j’sais pas si j’peux t’croire. ou si tu mérites que. ta langue passe sur tes lèvres, tu cherches des mots, comme s’ils avaient la moindre importance. (ils en ont plus que tu ne le crois)

— j’aurais voulu qu’ça s’passe autrement. voilà. rien de plus. autrement. mieux du coin de l’oeil, tu le fixes à nouveau. t’entends les voix qui s’animent, qui s’emportent. tu recules d’un pas, de deux. il faudrait mieux pas qu’ils ne vous voient là. t’as jamais été dans ce genre de situation, tu sais pas exactement ce que tu risques, à quelles représailles tu t’exposes. tu veux pas savoir. t’as juste conscience qu’il faudra que tu te battes ailleurs. que tu changes de réseau. alors, tu te baisses dans un soupir, ramasses ton sac abandonné là et le glisse sur ton épaule. la mécanique de ton corps souillée, le moindre mouvement douloureux. et le froid qui te bouffe les poumons. lentement, tu fermes ton blouson. — et j’te connais plus. j’peux pas dire qu’ça en valait la peine. mais. j’imagine qu’t’as essayé. t’as choisi ta famille et t’as essayé. et rien qu’pour ça, t’es pas vraiment comme ton père. t’as gardé la tête baissée vers ton col, que t’ajustes, comme si t’assumais pas tout à fait tes paroles. et sur tes lèvres, un rictus, ironique. putain. t’es con. t’es tellement con. à essayer de le rassurer. il le mérite pas. il te mérite pas. éclats de rire ou de colère au fond de la ruelle tu te sens épié. tu relèves le menton, regardes les silhouettes, avant de revenir à lui. t’es paumé, ça se voit dans tes yeux, que tu sais plus quoi faire, comment te sortir de cette foutue impasse. alors que c’est toi, qui lui barre la route.

c’est comme ça, que ça doit finir ?
tourner le dos, encore, fuir
( et si t’en as plus envie ? )
plus la force


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