Coincée dans une maison hantée, il faut croire qu’il n’y a qu’à Bloom que ça arrive ce genre de choses. Elle était venue à la fête foraine après ses cours, ayant entendu que ça vallait le détour, mais n’ayant pas pris la peine de se renseigner avant, elle ne s’attendait pas réellement à participer à un escape game. Elle a pourtant payé 20 $ l’entrée, mais cela ne lui a même pas fait tilt. Du coup, la voici qui déambule dans un couloir sombre, trop sombre. Quelque chose lui touche bientôt l’épaule et elle ne peut s’empécher de sursauter en laissant échapper un petit cri. Bientôt, une lumière s’allume. Enfin, lumière, c’est un bien grand mot, juste de quoi comprendre que Bloom doit sortir de son espèce de couloir / cage / caisson en poussant une porte. Elle s’éxécute, disciplinée et arrive dans une pièce où se trouve une autre jeune femme qui doit avoir son âge. « C’est quoi ce bordel ? » Dit-elle en regardant autour d’elle. Le décor est effrayant et cela lui donne la chair de poule. « Tu saurais me dire dans quoi j’me suis encore embarquée ? »

C’est vrai que vu sa tête, la jeune femme a l’air aussi surprise que Bloom. Elle espérait visiter une maison hantée à la base, et elle se retrouve coincée, comme quoi il y a un loup quelque part. Bloom hausse les épaules et accompagne sa partenaire de galère dans son rire, plus nerveusement qu’autre chose. « J’y vais. » Propose-t-elle alors que la brune lui pose la question. « Ils auraient pu nous prévenir avant qu’on allait être coincées comme des rats quand même. » Un brin agacé ? Oui, sans contestation possible. Bloom avait envie de faire un tour de grande roue avant qu’il ne fasse nuit, ce qui risque d’être compromis si les deux femmes ne sortent pas de là rapidement… Bloom décachette la lettre sur laquelle est apposée un sceau sur de la cire rouge, puis elle commence à lire le texte inscrit en calligraphie ancienne. « Pour sortir d’ici, il vous faudra trouver ce qui vous fait enrager à la première personne du passé simple. » Elle repose la lettre. « Hum… Ok… Ils pouvaient pas faire encore plus compliqué ? Dis moi que t’as une idée ! » A part fouiller partout en espérant trouver quelque chose…

Enigme:

Ce que l'on découvre:

Blondie. Elle déteste qu’on se permette cette familièreté avec elle, alors elle gromelle en silence pour elle-même. Cette fille ne l’a pas dit méchamment et elle ne lui en tiendra donc pas rigueur, tant qu’elle ne recommence pas trop souvent. Elle a presque l’air de croire que c’est sympa et mignon comme surnom, alors Bloom décide de ne pas lui casser son trip, pour l’instant ; surtout qu’Hazel est d’accord avec elle. Et comme qui dirait, les ennemies de mes ennemis… « C’est censé en tout cas. » Ronchonner à deux, faut avouer qu’il y a quand même pas beaucoup mieux pour faire passer sa frustration !

La blonde écoute attentivement quand Hazel conjugue le verbe. Elle fait bouillir ses neurones, pour essayer de décortiquer le mystère. Elle fait le tour de la pièce, mais sans savoir quoi rechercher, elle ne sait pas vraiment où donner de la tête. Heureusement, sa coéquipière est plus productive. « Purée, j’aurais jamais trouvé ! » Elle doit bien admettre sa défaite. « T’as l’habitude des escapes game ? » Elle, n’en a jamais fait et ça doit se ressentir, sans aucun doute. Un frisson la parcoure à l’idée que des araignées puissent être utiles. « Bloom. » Elle s’avance aussi et sourit à sa partenaire. Puis, un pas en avant, vers cette nouvelle étape de leur calvaire. Ses yeux s’équarquillent. « S’ils croient que de me voir en multiples exemplaires va me faire peur. » Elle éclate de son rire cristallin. Elle s’est toujours trouvée jolie et l’assume. « Je propose qu’on aille tout le temps à gauche ? »

Bloom se contente de rire à la boutade de sa nouvelle amie, prétextant qu’on dit peu souvent qu’elle est censée. Elle n’a pas trop envie de s’étendre avec une inconnue qu’elle est incapable de juger sur le sujet pour l’instant. Bloom, tout ce qu’elle voit, c’est que cette partenaire d’escape game est loin d’être inutile et franchement, ça lui convient parfaitement car elle aurait eu du mal à se sortir de ce bordel toute seule. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’Hazel est d’une maladresse infinie, à en croire ce qu’elle raconte et le fait qu’elle se soit pris un miroir en pleine figure. Fallait bien que ça arrive et la blondinette est heureuse que ce soit tombé sur Hazel et non sur elle, dans son égoïsme naturel.
« Ca me donne pas vraiment envie d’être à ta place tout ça. »
Paroles débordants de sincérité. Bloom aime sa vie dans le luxe, même si elle se pose parfois des questions sur sa légitimité à occuper une telle place dans le monde. Elle se considére chanceuse et fait tout pour que la roue ne tourne pas. La brune montre un bouton et Bloom est sceptique. Elle a comme un mauvais pressentiment, mais bon quels choix ont-elle ?
« Ca m’a l’air trop évident pour ne pas être un piège. »
Elle fronce les sourcils. Elle non plus n’a pas vraiment envie de savoir mais l’envie de sortir de ce lieu, l’espoir d’en sortir rapidement surtout, l’emporte sur tout le reste. La voilà qui pousse le bouton, et qu’un flot de trucs visqueux leur tombent sur la tête.
« Putain ! Putain ! Putain ! »
Des vers de terre. Ignoble. Bloom s’agite dans tous les sens, panique. Elle déteste ces trucs là, même si elle sait pertinemment que c’est inoffensif.
« C’est dégueulasse. C’est dégueulasse. Faut m’enlever ça tout de suite ! »
Elle saute sur elle-même, lève un membre après l’autre quand ce n’est pas tous en même temps. Son regard est plein de dégoût et elle sent déjà qu’il y en a qui tombe dans son décolleté. Mon Dieu. C’est l’enfer sur Terre pour elle, ici. Si seulement elle avait lu le petit panneau à côté, écrit en tout petit : "Nous vous conseillons de ne pas appuyer. La curiosité est un vilain défaut."

Des étincelles auraient parcouru les yeux de Bloom dans d’autres circonstances, à cause de l’arrogance de sa partenaire de jeu, mais c’est la frayeur qui continuait de se lire sur son visage, jusqu’à ce qu’enfin, Hazel ait terminé de la débarrasser des vers de terre. Sans doute la pire expérience de sa vie jusqu’à ce jour. La sensation gluante contre sa peau, cette impression d’être plus sale que jamais, comme si on avait abusé de son corps. Ce corps qui est parcouru de frissons de dégout, encore et encore.

« Je vais me débrouiller. » Le ton est cinglant, plus que ce qu’il n’aurait dû et plus que ce que Bloom aurait voulu surtout. Elle baisse le regard pour ne pas affronter celui d’Hazel. Elle ne s’excusera pas pour ça, même s’il le faudrait. Elle est déjà bien sympa de l’avoir aidée. « C’est des séances de psy qu’il va me falloir après ce supposé jeu de merde ! » Et le pire, c’est que c’est la vérité, parce qu’elle sent un réel traumatisme grimpé en elle.

Le traumatisme grandit encore quand Bloom découvre la dernière pièce. Si le soulagement d’enfin voir le bout du tunnel est là, il n’est que de courte durée quand elle prend conscience de l’épreuve qui l’attend désormais. Et dire qu’elle est en talons hauts, comme d’habitude. Ses yeux fulminent de colère. Sans plus attendre, elle se déchausse, prenant ses chaussures à la main, ce qui ne va pas être bien pratique mais toujours moins dangereux pour ne pas se tordre une cheville ou se casser une jambe (yeah nous !) sur ces plateformes de malheur.

« Tu rigoles ? Dès que je sors d’ici, je fonce prendre une douche ! » C’est catégorique, même si franchement, elle aurait bien aimé sympathiser davantage avec la jeune femme en d’autres circonstances, et que ça aurait été bien sympa. Une princesse, une vraie de vrai. Là-dessus, Hazel ne s’est visiblement pas trompée. « Tu peux m’attraper ça stp ? » Alors que la blonde a toujours une longueur d’avance sur Bloom, elle lui tend ses chaussures pour réussir à grimper. Pas très sportive mais heureusement, tout de même relativement souple et très fine, les deux femmes finissent par arriver en haut.

C’est un profond soupir de soulagement que lâche notre étudiante alors qu’elle revoit enfin la lumière du jour. L’employé qui se pointe sur son chemin ensuite se prend une soufflante pendant deux bonnes minutes, manière pour la blondinette de se défouler et de calmer ses nerfs pour retrouver une certaine sérénité d’esprit. Au moment où elle revient enfin vers Hazel. « On n’aura qu’à aller se partager une pomme d’amour une prochaine fois s’tu veux. T’auras qu’à me chercher sur Insta : @PrincessBloom. » Et sur ces belles paroles, elle se tarde pas à rentrer chez elle pour filer sous la douche.

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