Personne, n'aurait pu avancé qu'il avait aperçu Grisha dans un restaurant ou un salon de dégustation en bonne compagnie, entrain de bavarder. Parce que ça n'arrivait pas tout simplement. Déjà, s'il possédait le malheur d'apercevoir un visage connu, il faisait demi-tour avec une rapidité surprenante. Ensuite, il évitait les relations qui auraient tendance à se développer comme une plante grimpante, jusqu'à ce que les racines se fussent si bien implantées entre l'autre et lui que ça en deviendrait inextricable. S'il prenait le temps d'échanger avec divers êtres humains, il ne se le permettait qu'au centre, qu'il ne fréquentait que depuis une petite année.

Le brun avait lu un petit article à propos de ce lieu, puis la curiosité le poussa à s'y rendre. Et dès qu'il y posa le pied, il eut l'impression d'avoir trouvé un endroit sécuritaire ou il pourrait se détendre. Oublié cette obsession à toujours regarder derrière son épaule. Alors qu'en vérité, ses frères et sœurs beaucoup plus jeunes que lui, il n'eut sans doute même pas été capable de les reconnaître. Mais cette logique-là, il la réfutait, n'affrontant aucune des évidences de ce monde. Tout simplement parce que ça l'aurait mis en face d'une réalité qui eut balayé d'un coup de pied cruel toutes ses illusions.

La règle principale se résumait depuis toujours à "Pas d'exception" qui s'inspirait de cette injonction "Pas de prisonniers" sortant anciennement des lèvres des chefs de guerre. Cependant voilà exactement ce qu'il bafouait depuis qu'il menait Jadwiga un peu partout dans la cité pour lui rendre la vie plus facile. Et comme il pouvait faire preuve d'une mauvaise foi extrême, particulièrement envers lui-même, il n'avait absolument pas l'intention de se remettre en question. Parce que lui aussi mourrait d'envie de consommer une bonne glace. Et de ne pas creuser tous les petits détails agaçants de son existence.

« Enorme comment ? » Se renseigna-t-il avec un sourire espiègle « Vraiment ? Ben je suis peut-être médium alors, va falloir creuser ça un petit peu ! » Non pas qu'il prit cette affirmation au sérieux, mais il se félicitait d'être venu juste au bon moment. Pour son premier véritable pas en direction d'un autre, qui ne fut absolument pas calculé. Un simple désir, sans ombre caché derrière le cœur. L'envie de combler l'absence d'une personne à qui l'on tient. Finalement il ne s'agissait pas d'un sentiment si désagréable que ça, surtout quand celle-ci répondait présente ! Alors il déversa sans méfiance des petits morceaux de ses émotions, parce qu'il découvrait une "jolie" synchronicité entre eux deux.

« Alors faudra la manger trèèèèèèèèèèèèèèèèèès lentement » Approuva-t-il tandis qu'ils terminaient de descendre les escaliers. Comme il n'avait pas de voiture, ils allaient probablement prendre le bus, ou le métro parce qu'il n'allait pas être possible de déambuler avec elle sur sa petit planche.

« La santé ? » S'inquiéta-t-il au moment précis où elle lui offrit un peu plus d'explications. Sa première réaction fut de lui saisir la main pour la réconforter, car les mots dans ce genre d'occasion lui échappaient. Grisha il ne consolait jamais qui que ce soit, il ne savait pas vraiment y faire avec ce genre de chagrin. Comme il s'était séparé volontairement de sa famille, lui il se sentait soulagé de leurs disparitions. Bien que sa plus jeune sœur lui manquât, elle si petite quand il s'enfuit comme un voleur pendant la nuit ...

« Et vous vous êtes disputés pourquoi exactement ? » Peut-être qu'il aurait dû se taire, ou poser la question différemment. Mais avec Grisha c'était tout ou rien, ou il se carapatait très loin où il fonçait dans le tas. Le tact ne faisait pas réellement parti de ses qualités « 3 ans ce n'est pas vraiment quantifiable tu sais, il y en à qui de diront que c'est beaucoup mais pour d'autres ce sera juste le temps d'une simple respiration »



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D'une certaine façon, Grisha jouait au maître de son propre univers. Et normalement il ne permettait qu'à lui seul d'y circuler. Parfois des touristes parvenaient à franchir les lignes bien spécifiques qu'il créait entre cet univers et l'autre. Alors il les chassait, de manière pas toujours très courtoise. Jusqu'ici ça avait marché comme sur des roulettes. Mais pour des raisons qu'il ignorait, il se produisait de plus en plus de fuite par chez lui, on traversait les frontières sans aucun scrupule. Ce qui bien entendu lui donnait l'impression que son monde se déglinguait et qu'il n'arrivait pas à l'empêcher de s'effondrer.

Jusqu'ici on lui avait foutu une paix royale là où il dormait, mangeait, écrivait... Et, soudainement tout le monde se donnait le mot pour venir l'agacer. Ensuite, l'unique lieu après son studio bordélique ou il se sentait à l'aise - sans parler des excursions nocturnes -, se rebellait, et se mettait à vouloir se rapprocher de lui trop dangereusement. Alors oui, il sentait le besoin furieux de partager ça avec la seule à qui - virtuellement dans sa tête - il avait fourni un visa pour déambuler dans son petit pays. Sans doute que s'il eut été plus serein - comme il se persuadait l'être depuis des années -, il n'eut pas été ainsi à sa rencontre, directement la cueillir sur le seuil de sa porte.  

Cependant, lui, pouvait enfreindre les règles, pas les autres. De toute façon sur sa planète il n'existait pas de peuple pour se révolter. Ainsi il n'avait de compte à rendre qu'à lui-même, ce que Grisha se gardait bien de faire afin de ne pas se laisser influencer par une éventuelle stupide remise en question. Surtout il ne s'agissait pas d'une habitude que de s'en aller chercher de l'aide, une écoute ou que ce soit. donc il ne savait absolument pas comment s'y prendre.

Et il a tout simplement improviser quand elle à ouvert sa porte. Instantanément il fut rassuré par le sourire que Jadwega lui offrit, spontané, pas forcé, il ne la perturbait pas trop. Sinon il n'aurait pas insisté, car il est le premier à comprendre ce que ça représente de ne vouloir personne au pied de sa porte. Néanmoins elle parut étonnée par une partie de ses paroles, pour autant elle ne lui souligna pas lesquelles exactement, alors il ne s'en alarma pas. Oui parce qu'on ne va pas gratter pour aller faire surgir des problèmes là il n'est nul besoin d'en être.

« Et une sacrée chance ! » Non il ne lui débite pas un mensonge, oui elle fait un peu figure d'exception, et à part le fait qu'il la considère comme se petite sœur - bien qu'elle soit plus âgée que lui -, inutile de tenter de fouiller plus loin. Ça s'est imposée à lui et il ne l'a pas rejeté. Peut-être aurait-il du car elle à été la première faille et depuis des tas de fantômes sont entrain d'en profiter en s'y engouffrant. Mais lui, Grisha il n'irait pas faire le lien de la cause à l'effet, encore moins si la conclusion s'avérait de renoncer à cette relation unique.

« Oh mais attrape la seulement ta veste » Non il ne cache pas sa joie, celle qu'il se permet en la compagnie de Jadwiga. Alors il attend patiemment qu'elle s'exécute tandis qu'il vérifie que personne ne traîne dans les couloirs, qui iraient  potentiellement disperser des potins ridicules parce qu'il les verrait s'en aller ensemble « Ha ha ça se pourrait bien, tu as pensé si fort que je t'ai entendu de l'autre côté de la rue, et je n'avais pas le choix que te venir te chercher. Ça aurait été criminel de ma part de ne pas le faire » Plaisante-t-il tout en marchant dans le couloir avec elle. Évidement il se dirige vers l'escalier car il évite à tout prix l'ascenseur, puisque même quand on s'imagine qu'on sera seul, il y a toujours un hurluberlu qui décide de pousser sur le bouton, et monter avec vous en cours de route « Ben écoute, j'avais moi aussi besoin de me changer les idées, et on dit toujours que dans ce cas-là une bonne glace c'est un peu comme un pansement, ça refroidit un esprit qui bouillonne un peu trop. Mais et toi ? C'est surtout ça qui m'intéresse »


{@=533}Jadwiga Jackowska{/@}

Se faire du mouron pour quelqu'un ce n'est très certainement pas la tasse de thé de Grisha. Pas plus que de fréquenter assidument les mêmes personnes. Néanmoins il a remarqué cette nouvelle tendance à faire des exceptions ces deux ou trois dernières années. Le brun ne se penchait jamais sur ce problème, parce qu'il estimait que ce n'en était pas un. Et en vrai de vrai ça n'effleurait même pas ses pensées. Puis depuis la violente altercation avec cette femme du centre médical, {@=460}Erin Myers{/@}  il se surprenait à avoir envie d'en converser avec Jadwiga.

Ce qui l'emmenait directement au fait essentiel, elle ne lui donnait plus de nouvelles depuis un petit moment. Il ne relevait pas ça chez les autres, mais elle oui. Ça commença par le déranger, et il se fit la leçon en se promettant de ne plus y porter attention. Malheureusement, ça le tenaillait d'aller voir si tout se passait bien pour elle. Grisha résistait à se l'avouer, mais il la considérait comme une petite sœur dont il se devait de garder un œil dessus. Alors qu'en vérité il ne se rappelait même plus le nom de sa véritable frangine. Pour le moment un joli ciel azur éclairait cet après-midi, il défilait sur son skate devant le miranda Height juste au cas où elle passerait par là. Histoire de pas avoir l'air de faire le guet !

Et puis zut ! il effectua un demi-tour à la limite du suicidaire sur son skate pour retourner vers la porte d'entrer puis s'en aller monter les étages. Parce vraiment dans l'ascenseur, il y à parfois des drôles de types qui veulent toujours faire la causette. Évidemment, il ne se justifiait pas,  qinon ça voudrait dire qu'un truc cloche quelque part, et ça il refuserait de l'admettre. S'il dérogeait à ses saintes règles, forcément ce serait la faute de l'autre. On s'en fout qui, tant que ça ne tombais sur ses épaules.

Ainsi il toque à la porte, parce que oui, elle à un téléphone portable, mais il abhorre ce genre de truc. Grisha il ne l'utilise que rarement même si son éditeur hurle toujours qu'il n'est pas assez ... Bref ! Pour lui ce machin là c'est un piège. On vous fait croire que ça donne la liberté mais après vous avez des gens qui s'accrochent et ne cessent de vous envoyer des messagers. Alors la moitié du temps il l'oublie - exprès - dans son petit studio bordélique.

Bon ça ne répondait pas. Grisha priaitt pour que ce ne fut pas le colocataire qui vienne lui ouvrir, tout en frappant une nouvelle fois avec force son poing sur la porte. Il ne le connait pas, il n'a pas envie de lui parler. Bon ça ne change pas de la majorité des gens, mais il fera un effort, parce qu'il ne veut pas se le mettre à dos non plus.  

Quand elle apparait, Grisha lui sauterait presque au coup, mais il va se retenir, il n'a pas envie de l'effrayer. Parce que lui il ne tolérerait pas un tel comportement. L'écrivain il n'apprécie pas qu'on se montre tactile avec lui. Ça ne veut absolument pas dire qu'il ne le serait pas. Oui tout ça c'est un peu complexe et il n'est nul besoin de l'approfondir tout de suite "Ah te voilà ! j'ai cru qu'on t'avait enlevée ! Tu te rends compte je n'aurais pas eu l'occasion de t'emmener dans un endroit super. Ça te dit que je te sorte de ton appart, et que je te paye un petit café accompagné d'une glace ?"

Il n'a pas été sans noter sa triste figure, mais il évite de le souligner, parce qu'il n 'est pas homme à soutirer des informations qu'on ne désirerait pas lui offrir. D'ailleurs elle peut refuser la proposition, il ne s'en offusquera, le voilà déjà bien content s'assurer qu'elle ne s'est pas envolée sans un petit mot. Il ne tenterait pas de la retenir, il la respecte trop pour ça, mais il lui dirait certainement, pour ne pas rater l'occasion, à quel point elle lui manquerait. Parce que finalement, à part le centre LGBT, il n'a pas de vrai repère constant.


{@=533}Jadwiga Jackowska{/@}