Oh si elle avait accepté le café, Grisha lui aurait offert sans problèmes. S'il ne se promenait pas avec des gros billets dans les poches, il emportait toujours assez de monnaie, au cas où il aurait un petit creux. Parce qu'il aimait bien passer dans l'épicerie du coin et dévaliser tous ses bonbons. Bref, elle ne dit pas vraiment non, elle ignora simplement sa proposition avec un tournure subtile et ironique. Comme quoi elle allait finir par croire que sa mine possédait une couleur un peu inquiétante. Et lui il aurait très bien pu lui recommander des vacances au soleil pour continuer dans la même veine.

Mais il ne le fit pas, et préféra la rassurer, bien qu'il fût certain qu'elle n'éprouva aucune angoisse à ce sujet "Certainement pas, c'est vous qui parliez de pause, moi je vous encourageais juste un peu, et si jamais vous êtes vraiment fatiguée ça n'apparait pas du tout sur votre visage. Bien qu'il ait une expression un peu contrariée ..." Grisha ajouta la dernière remarque car il n'avait pas l'intention de lui donner l'impression de lui conter fleurette en la complimentant un peu trop. En vérité s'il la perturbait dans son travail elle le cachait très bien !

Une fois qu'ils eurent accordés leurs violons, enfin une toute petite partie, le brun se poussa doucement sur le côté. Pas trop loin, au cas ou qui que ce soit essayerait de dérober sa place. Pas que ce que les suivants pouvaient avoir à dévoiler l'intéressa aucunement. Dans son royaume il n'existait que lui, et parfois il s'autorisait à ouvrir une fenêtre - ou même un porte - pour s'adresser à ceux qui se tenaient dans le pays voisin. Pas parce qu'il possédait un ego surdimensionné, bien que certains eussent pu en être persuadé facilement, mais il s'agissait de son sas de sécurité.

Alors oui il s'occupait avec la demoiselle mais tous ceux qui suivaient il n'en avait cure. Sans pour autant leur souhaiter aucun mal. Celle avec qui il débattait depuis quelques instants s'absenta pour conduire un client à son rendez-vous, son regard se porta alors sur la dernière qui passerait avant lui. Juste comme ça, parce que l'autre venait de s'éclipser, sans véritable curiosité. Il tomba sur un regard aussi noir que la nuit bien que la couleur de ses yeux fussent d'un très joli bleu. Il lui fit un petit signe,ce qui n'apaisa absolument pas la dame !

Cependant il ne prit pas ses distances quand elle manifesta un certain dédain à expliquer la raison de sa venue. Et lui il ne s'impliqua pas à leur conversation, parce que ça ne le regardait pas. Tout ce qu'il espérait c'était qu'on ne lui chipe son tour, qu'il estimait mérité. Chacun ayant fait ses concessions. Qui arriva parce que tout à une fin - ou un commencement -, aussi il vint se remettre à sa position d'origine "Euh moi tout ce que je veux ce que je veux c'est un rendez-vous, j'aurais pu téléphoner mais je passais justement dans le coin ... Voilà"

Puis il se pencha un peu plus vers elle pour lui faire une confidence "A Propos de mon problème je ne peux en parler qu'à elle, parce que ... Humm c'est très privé" Puis il se recula doucement en lui offrant un sourire désarmant.



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Quelque part, cette jeune femme là, lui rappelait un roc, elle ne se décomposait pas complétement, même s'il voyait bien qu'elle n'appréciait pas son insistance. Qu'elle crût ses élucubrations ou non, Grisha s'en contrefichait un peu. La plupart du temps indifférent à ce qu'on pensait de lui, ce qui lui permettait de se ridiculiser sans même s'en apercevoir. Il la regarda avec un léger pétillement dans le regard quand elle l'assura qu'elle ferait savoir à la dite Malina Wells combien il se préoccupait pour elle.

D'ailleurs l'esprit dont son interlocutrice faisait preuve, il n'allait pas le laisser le démonter "Bah je vous propose un deal, vous faites une pause après moi, et je vous paye un café, ou tout ce que vous voulez tant que c'est dans mes moyens" Pas qu'il fut pauvre mais il ne transportait jamais beaucoup de monnaie avec lui. Ça se cambriolait trop vite une poche un peu trop rebondie. Et quand on aimait voyager léger comme lui, sur roller ou skate, on ne s'encombrait pas de tout et de rien. Bref il trouvait sa proposition honnête, et le voilà prêt à l'honorer si elle l'acceptait, mais il doutait réellement qu'elle puisse faire preuve d'une telle spontanéité !

Tout ça après qu'elle ait raccroché de son prétendu coup de fil. Toujours appuyé contre le comptoir il écoutait les petites remontrances qu'elle lui fait comme un enfant à qui on expliquerait comment fonctionne un jouet. Et lui il à bien envie de répliquer *Et si vous m'aviez dit oui tout de suite ...* Mais il se contient parce qu'il suppose qu'elle arrivera à broder autour de cette réplique puisqu'elle semble très en forme pour le faire.

Et puis elle garde une certaine courtoisie, et comme Grisha n'a que l'apparence d'une personne sans gêne, mais qu'au fond de son cœur, bien qu'il s'en défende, se cache un gros nounours, il se contente de hocher la tête comme s'il lui offrait la victoire. Néanmoins il n'a pas réellement cédé, il ne partira pas tant qu'il n'obtiendra ce pourquoi il réclame aussi ardemment. Il sait maintenant que crier ou faire un scandalisé n'avancera pas beaucoup son cas.

Il entend les chuchotements de ceux qui s'impatientent derrière lui. Alors une fois de plus elle rebondit sur ses propres paroles, elle est la maligne la donzelle. Elle ne tombe pas dans les pièges, bon d'accord il sont aussi large que des météorites mais quand même ... Et lui il hausse les épaules avec désespoir !

"Je viens juste de dire que mon téléphone à rendu l'âme" Si elle va lui intimer de vider ses poches elle ne trouvera rien, parce que tout simplement il ne prend jamais son gsm avec lui. Grisha il n'aime pas cet accessoire "Et je ne retiens pas les numéros de tout le monde !" Pas comme s'il en avait des tas sur sa liste de contact, mais ça elle n'en a aucune idée.

Alors il se pousse un peu de côté "Mais ok je veux bien attendre que vous vous occupiez des deux suivants, sauf que je reste là, je ne bouge pas, et je mettrais mes mains sur mes oreilles s'il faut" Faut pas non plus le comparer à une cruche, s'il s'éloigne elle ira lui dire qu'il a perdu sa place dans la file, et il refuse de la faire une seconde fois ...

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Parfois - souvent - Grisha abordait les relations avec les autres personnes comme un jeu. Un jeu où ils auraient été de simples pions. Non pas que le brun se prit pour un marionnettiste, en réalité il les déshumanisait comme des personnages non joueurs qui ne servaient qu'à recevoir et exécuter sa demande. Cette habitude prise, tout au long des années, après sa fuite, n'avait probablement plus aucun lieu d'être. Mais lui, l'écrivain en herbe, il n'en prenait pas conscience parce que ça déraillait rarement. Parce que la plupart des gens derrière un bureau ou un comptoir ont très souvent une envie folle d'en finir très vite. Ou alors ils n'approfondissent pas le fond du problème s'il y en à un. Parce qu'ils sont déjà bien trop préoccupés par leur but, leur vie qui s'en va à vau l'eau, ou un futur rendez-vous très important.

A vrai dire, ça tenait du miracle la manière dont Grisha était passé à travers les mailles du filet jusqu'à présent. Fallait bien qu'il se coince la patte un jour au moment le moins opportun qui soit, ou le plus inattendu, ou encore l'instant précis où il ne ressentait que le seul désir de se barrer - Oui comme chaque fois qu'il supputait la venue d'un hic -. Donc, le brun nota cette expression qui étincela dans le regard de la femme, et il sut que les emmerdes allaient se pointer !

Le sourire qu'elle lui accorda n'annonçait rien de bien éblouissant, elle l'attaque directement, frontalement. Trop. Néanmoins il continua à tapoter sur le comptoir pour garder une certaine contenance. Ses pensées se chevauchant à tout vitesse pour lui offrir la plus belle des raisons à ses accusations. D'ailleurs il s'empressa de la donner alors qu'elle tentait de joindre la fameuse sexologue "Et bien ce n'est pas possible ! je n'ai pas ... PLUS de téléphone, je l'ai malencontreusement lâché dans la rue et une voiture à rouler dessus" Après ça aurait sans doute été plus judicieux de ne pas trop en rajouter, mais son besoin viscéral de tout enrober d'une aura brouillardeuse prit le dessus.

"Et pour le moment j’ai pas assez d'économies pour en racheter un. Mais je suis bien content si j'ai pu l'aider à avoir un peu plus de liberté. Les gens ne prennent plus le temps de décompresser. D'ailleurs ça vous ferait du bien de prendre une petite pause" Non mais elle avait l'air drôlement sous pression. La faute à tous ces gens qui piétinaient derrière lui, ils semblaient s'être donner le mot pour s'agglutiner exactement maintenant. Quelle poisse, ça le démangeait de raccrocher le téléphone afin qu'elle ne prît pas cette peine. Putain ce n'était quand même pas chinois de regarder dans son agendât pour un simple rendez-vous.

Mais le voilà concentré sur l'échange qu'elle a avec la  Wells. Certain, tout va s'arranger, le profit passait toujours par-dessus tout. Du moins c'est ce qu'il rencontrait depuis sa plus tendre jeunesse, alors pourquoi en aurait-il était autrement cette fois ? Ça avait eu l'air de déraper un peu, mais tout se remettrait dans le droit chemin. Une exception, c'est tout ce qui en découlerait ... Grisha se pencha plus fort dans l'espoir d'entendre lui-même la réponse. Hum ...

D'abord il fut légèrement perplexe, il ne saisissait pas complétement la suite logique de cette conversation. Ah oui ... D'accord, elle voulait être la reine plutôt qu'un pion. Elle se révoltait, le jeu lançait une révolution contre lui "Oh ... Mais c'est un peu vous la fautive à perdre du temps avec des faux coup de fil non ?" Lui aussi il pouvait se révolter et perdre toute notion de réalité. Et en plus elle souhaitait qu'il aille s'assoir et poireauter tout le reste de la journée ? Parce que forcément elle s'amuserait à le laisser là au moins une heure, si pas deux "Bah oui ça me dérange, il y quelqu'un qui m'attends, c'est super important, c'est UNE QUESTION de vie ou de mort, vous ne voulez pas avoir ça sur la confiance ?" La culpabilité ça fonctionnait toujours, et lui Grisha, il n'offrirait sa place à personne. Absolument pas !


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Assit sur un banc, les yeux dirigés vers le ciel, Grisha sifflote tranquillement. Son regard redescend pour se fixer sur le bâtiment dressé en face de lui. Le complexe médical. Une fois de plus il faut qu'il prenne le taureau par les cornes, et aille prendre un autre rendez-vous chez le sexologue. Ça ne l'enchante pas trop, mais cette tâche continue à s'agrandir, et ce serait dommage de se retrouver dans une situation dramatique parce qu'il s'y serait attaqué bien trop tard.

Évidement ça lui demande l'effort de quitter son petit monde, ses rêves, ses écrits... Pour affronter la réalité et prendre ses responsabilités envers lui-même. Donc s'il est venu jusqu'ici ce n'est pas pour faire demi-tour, de plus il n'obtiendra jamais la visite pour aujourd'hui. Donc ça lui laisse un peu de marge pour s'y préparer. Allez, il quitte le banc, il traverse la rue sans trop se préoccuper des voitures qui klaxonnent, puis il pousse la porte comme il l'a déjà fait un bon nombre de fois. Oui il sait directement ou se rendre, d'ailleurs il ne doute pas que tout se passera très rapidement. Ici ils sont efficaces mais parfois un peu procédurier. Bon pas trop, parce qu'il n’a jamais véritablement rencontré de problèmes, mais par moment ça chipote quand même.  

De toute façon, il trouvera bien une excuse si on lui fait une remarque, Grisha n'est jamais vraiment à court de ce côté-là. Par contre les gens se sont donnés le mot, car on dirait bien qu'il va devoir faire la file. Le brun laisse échapper un soupir assez bruyant, car il n'apprécie pas d'être retenu. Puis il y a trop de monde pour lui, mais s'il s'en va, ça risque de s'éterniser encore, et lui Grisha il a très envie d'en finir une bonne fois pour toute. Enfin voilà ce qu'il se dit dans sa caboche, en se promettant de résister à l'envie sournoise d'oublier la date fatidique.

Alors qu'il rêvasse pour éviter l'impression d'étouffer parmi la foule, un impatient le pousse dans dos pour qu'il avance plus vite. Ah oui ... C'est son tour. D'accord. Super, finalement la demi-heure a dû se transformer en minute, comme quoi être un adepte de la lune aide à la patience. Il reconnait la demoiselle qui se charge de toute cette paperasse, il a dû lui adresser la parole régulièrement. Peut-être pas à chaque fois, il l'ignore, il ne tient pas un agenda des horaires du personnel en ces lieux. ll fait en sorte de lui offrir son plus beau sourire, parce que ça met généralement les gens de bonne humeur, au contraire de ceux qui tirent la gueule.  

"Salut" Grisha s'appuie sur le comptoir, tentant d'apercevoir ce qu'elle fabrique, pour que ça ait pu créer une si longue attente. le brun se penche légèrement vers elle "J'aurais besoin de prendre un rendez-vous avec la sexologue" Sa langue n'a pas fourchée, ni même le ton de sa voix. Tandis qu'il a l'impression que l'haleine trop chaude de celui qui se tient derrière lui envahit sa nuque. Maintenant elle va certainement s'enquérir de son nom, prénom etc. ... "Je m'appelle Grisha Kerouac si ça peut vous aidez à aller plus vite"

Well. Dit comme ça, sous-entendrait presque qu'il estime qu'elle possède la vitesse d'une tortue. Certes, il ne souhaitait pas insinuer une telle comparaison. Peut-être qu'il devrait se rattraper pour arrondir les angles "Je veux dire comme ça vous pourriez faire ça directement" Non. Dans sa tête ça sonne juste, mais tout haut ça ressemble à un piano désaccordé. Finalement il va probablement se taire, et la laisser prendre l'initiative. Ou simplement terminer ce début d'accroche à sa mode. De toutes les manières d'ici dix minutes il sera dehors avec les détails de sa future entrevue dans les poches.


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