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Et pouf ça fait des chocapics - Howie

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Et
pouf
ça
fait
des
chocapics

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En terme de travail de nuit, il y a deux écoles. Il y a ceux qui vivent la nuit et dorment le jour et il y a ceux qui fragmentent leur journée pour vivre les deux.
Toi, tu es plutôt de la deuxième école mais c'est facile pour toi, tu n'as jamais eu besoin de beaucoup de sommeil.
Ta journée est réglée comme du papier à musique. Une fois rentré du travail, tu ranges les quelques courses de produits à date courte que tu ramènes de la supérette où tu les achètes à moindre coût et tu files te coucher après une courte douche. Parfois tu n'as pas le courage de prendre un douche, il est simplement tellement tard -ou tôt selon le point de vue- que la douche doit attendre que tu te lèves. Tu files ensuite te coucher pour quelques heures avant le petit déjeuner.
Pour certains, ta vie peut paraître ennuyeuse. Ce métro boulot dodo est après tout la première cause de suicide pour beaucoup mais pour toi, c'est ce qui maintient tes idées à flot. Tu es le seul maître de ta vie et c'est grâce à ça.

Le soir se déroule de la même façon. Tu te réveilles de la sieste que tu fais avant de dîner, histoire d'être frais et dispo au boulot. Tu peux être fier de ne t'être jamais endormi au travail mais est-ce vraiment quelque chose dont on peut être fier ? En tout cas, tu ne peux pas en dire autant de ton collègue qui lui, à l'air de se préparer à dormir à peine arrivé.
Allongé sur le dos dans ton lit, tu fixes le plafond une seconde. Tu en connais chaque détail mais les jeux d'ombre font varier le plaisir. Perdu dans tes pensées, tu t'inventes presque une nouvelle vie, non pas que la tienne te déplaise tant. Est-ce que ta vie te plairait sans Howard dedans ? Tu n'arrives pas à l'imaginer sans.
Alors tu te lèves et files en cuisine pour préparer le dîner car ce soir c'est pizza.  Les acheter toutes faites serait probablement moins cher mais tu aimes bien faire la pâte et puis, ça permet de les personnaliser, choisir ce que l'on met dessus, ce qui n'est pas du luxe lorsque l'on vit avec quelqu'un d'aussi particulier que Howie. Et puis, si maîtriser l'art de la pizza c'est se rapprocher de l'art de la tarte et lorsque l'on veut maîtriser la tarte au citron, c'est bien. Rien à voir ? On s'en fout.

Tu sors la pâte préparée ce matin que tu avais laissé reposer sous un linge le temps qu'elle monte bien. Tu l'as déjà retravaillée avant ta sieste afin qu'elle soit vraiment bien moelleuse. La pâte à pizza, c'est un art. Tu n'es pas pizzaiolo  mais si tu pouvais satisfaire Howie, ça vaudrait tout l'or du monde à tes yeux. D'ailleurs, tu lui prépares une surprise mais ce ne sera pas avant quelques jours voir semaines.
Et en parlant du loup, tu entendis le son de ses pas se dirigeant vers la cuisine.
Tu as mis du temps à t'habituer à sa nouvelle démarche d'ailleurs mais ça.. c'est un tout autre sujet et puis, ça s'est un peu amélioré depuis son réveil.. un peu. « Tu mettras quoi sur ta pizza ? »
tu l’interpelles.
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ET POUF ÇA FAIT DES CHOCAPICS


Raph & Howie  Et pouf ça fait des chocapics - Howie 151223673


Howard Kaddiks était une personne simple et complexe à la fois. Un peu comme chacun, à sa façon. Simple car il lui fallait peu de choses pour être satisfait, complexe car en dehors de ce peu de choses sa capacité d'adaptation était aussi flexible que son corps actuellement : pas du tout, donc. Le garçon pouvait se nourrir de chocapic et de macaronis en boite pendant des semaines sans éprouver de lassitude. Inversement chaque "nouveauté" déclenchait une certaine méfiance (pour ne pas dire du rejet), souvent infranchissable. Les papilles d'Howard s'apparentait fatalement à celles d'un pré-ado récalcitrant. Contradictoire malgré une binarité apparente de j'aime et de j'aime pas.

"heu... des saucisses ?" Pas du chorizo, non, non, Howie parlait bien de saucisses sous vide faites avec allez-savoir-quoi. Ca et une sauce sucrée tout aussi chimique. Et peut-être des cornichons et du fromage fondu, beaucoup de fromage fondu. Et pourquoi pas de l'ananas ? Oui, Howard pouvait manger cette satanée pizza à Hawaïenne sans se plaindre. Il était même capable de se dire qu'il faisait honneur à son colocataire.

La béquille avait trouvée une fois de plus sa place contre l'ilot, Howard s'était hissé sur un des tabourets de bar avec un peu moins de difficulté que la veille et que l'avant veille. Ce n'était pas une mince affaire pour lui mais le jeune homme était persévérant. Depuis le sofa on voyait beaucoup moins bien le cuisinier s'affairer aux fourneaux.  "Du cheddar aussi ?" Howard aimait beaucoup regarder son ami cuisiner.  "Saucisses et cheddar", affirma-t-il dans un sourire. Il aimait aussi le regarder ranger, faire le manage... En bref, regarder Raph était une source inépuisable de satisfaction pour Howard. Un peu comme un magasin de cravates où tout est parfaitement rangé par couleur... mais en mieux.

Ca l'était d'autant plus depuis l'accident et qu'il restait enfermé pratiquement 24h/24h, hormis les séances de rééducations auxquelles il voulait échapper par tous les moyens, ou presque. Certes on trouvait de quoi s'occuper, mais son paradis se transformait en un cauchemar d'ennui sitôt que sa solitude durait trop longtemps coincé entre ces quatre murs. Les nuits en particulier paraissaient de plus en plus longues, de plus en plus pesantes. En attendant de retrouver sa place de gardien il fallait trouver de quoi faire passer ces nuits interminables plus rapidement.

"Il reste des cornichons ? Je peux venir avec toi au magasin ce soir ?" Glissa-t-il frauduleusement comme s'il craignait déjà la réponse.

Ca faisait déjà quelques jours, voire même des semaines qu'il y pensait. Ne pas dormir ici ou ne pas dormir à l'épicerie c'était pareil en théorie, l'ennui en moins. Ça ferait toujours de l'exercice en plus et si ça pouvait lui éviter quelques séances de rééducation Howie était particulièrement motivé à trainer la patte tout le chemin. Cet état de fait reflétait bien la personnalité inégale d'Howard, jeune à priori sans ambition dont l'esprit débordait de toute part d'un appétit pour le monde qui l'entourait. Un monde théorique, fantasmé, décortiqué sous le prisme de son regard avide de détails singuliers. Tout ce qui lui manquait à présent.
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Tu as sorti les ingrédients en avance. Après tout, c'est assez facile de prévoir ce que Howard mettra sur sa pizza, tu peux compter les aliments qu'il mange sur tes doigts... ou presque. Quant à toi, ce n'est pas que tu es difficile mais tu aimes la routine, c'est un fait.
Tu commences par préparer sa pizza avant de t'occuper de la tienne, parce que tu fais passer les autres avant toi, c'est normal. Et puis aussi parce que sa pizza à moins de chance de ramollir pendant que tu fais la tienne, notamment parce que tu les cuits ensemble pour que vous puissiez les déguster en même temps et que ta pizza met généralement plus de temps à cuire.
Tu étales d'abord une fine couche de sauce ketchup mélangée à de la purée de tomate pour la base, un poil sucré mais pas trop. Tu rajoutes éparpille dessus des rondelles de saucisse et de cornichon, sans rien dire sur cette association. Tu as l'habitude et ce n'est pas - ou du moins plus - particulièrement choquant finalement. Quand on goûte, ce n'est pas si mauvais. Tu garnis généreusement le tout de cheddar pour faire bonne mesure et après avoir consulté du regard ton ami qui te regarde faire d'un œil attentif, tu ajoutes quelques dés d'ananas que tu as tranché pour ta propre pizza.
Sur ta pizza, tu étales le reste de la purée de tomate par dessus quoi tu déposes stratégiquement un peu de poulet déchiqueté que tu arroses ensuite de fromage - vu la quantité, on peut parler d'arroser - et des dés d'ananas parce que le poulet ne va pas sans l'ananas, sauf si on utilise du curry et encore... poulet curry ananas est un trio divin. Au final, tu te retrouves avec une couche épaisse sur la pâte et tu salives à l'idée que le fromage fondu coule de tes parts.
Tu te tournes pour mettre le four à chauffer rapidement et te retournes pour faire face à Howie à qui tu souris... enfin grimaces, tout dépend du point de vue. Le fait qu'il te fixe du regard te mets un tantinet mal à l'aise mais en même temps, tu as l'habitude de ça aussi. Si c'est Howie, ça te va. Sans rien dire, tu nettoies le bazar que tu as mis dans la cuisine - en réalité il s'agit juste de nettoyer les bols et la planche à découpée - et passe l'éponge pour la troisième fois sur le plan de travail depuis qu'il est arrivé. Tu aimes que les choses soient propres et rangées, c'est tout.

Tu t'étais attendu à cette question comme tu ne t'y étais pas attendu. Tu savais que l'ennui devenait pesant. Autant tu aimais t'ennuyer, autant tu acceptais que cela puisse être difficile pour un autre et pour avoir passé du temps avec ton colocataire, pendant ton séjour en hôpital psychiatrique tout comme ces derniers temps après son retour de l'hôpital, tu avais bien remarqué à quel point ça lui pesait. Tu lui aurais bien proposé des activités mais ta vie n'était clairement pas des plus palpitantes et on lui avait prescrit beaucoup de repos en dehors de toute forme de rééducation. Ce repos, tu comptais bien l'y faire tenir.
Ton visage se déforma en une grimace - non pas un sourire cette fois et une personne attentive pouvait voir la différence. Tu étais partagé entre refuser pour qu'il veille à se reposer et accepter pour d'une part, passer du temps avec lui et d'autre part, lui faire prendre l'air. Ton travail n'était pas si loin et une fois là-bas, il ne bougerait pas. Et puis... sa présence te manquait, vous n'aviez pas vraiment l'occasion d'être ensemble de nuit avant et après tout ce temps qu'il eut passé dans le coma, tu n'arrivais pas à combler le vide créé par son absence, même en sa présence. Enfin, tu savais pertinemment que même si tu refusais, il trouverait le moyen de te suivre alors autant que ce soit sous ta supervision.
En réalité, tu n'étais pas trop difficile à convaincre, surtout avec ces yeux là et encore plus si tu t'appelais Howie. « C'était les derniers cornichons. » tu réponds, désignant la pizza entre vous. Tu marques une pause le temps de mettre les pizza dans le four et de tourner la minuterie. Tu ne te retournes pas tout de suite alors que tu te mordilles la lèvre inférieure. Ta décision est prise mais tu pèses encore une fois le pour et le contre pour être sûr de ne rien louper. Tu baisses les épaules en te retournant pour ajouter. « Tu peux venir, oui. On partira juste un peu plus tôt pour que ce ne soit pas trop fatiguant pour toi. Ça te va ? » Tu esquisses un nouveau sourire qui ressemble déjà plus à un sourire qu'à une vilaine grimace. « Tu as besoin d'autre chose ? Je vais prendre un sac de course. » Tu t'éloignes pour aller chercher un grand cabas dans le placard du couloir et le déposer devant la porte d'entrée pour ne pas l'oublier. L'odeur de la pizza commence à embaumer tout l'appartement, réalises-tu alors que tu retournes dans la cuisine, te poster près du four pour vérifier la cuisson.
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Howard ne savait pas cuisiner. A peine avait-il le piètre talent de faire cuire des pâtes sans faire verser l'eau, ou en faire une masse informe après avoir oublié la casserole 30 minutes de trop. Pourtant les instructions il les connaissait par coeur, à la virgule près. Et ne serait-ce que pour cette prosaïque raison son ami était indispensable à sa subsistance quasi quotidienne. Allez savoir s'il n'en rajoutait pas un peu sans même s'en rendre compte. Au fond, était-ce seulement important ? Il aimait manger ce que Raphaël lui préparait et ça suffisant largement comme excuse. Enfin pas n'importe quoi certes, mais l'étudiant avait parfaitement confiance en son meilleur ami.

Cependant ce qui préoccupait vraiment Howard n'était pas spécialement le contenu du bocal de cornichon tristement vide sur lequel son colocataire tenta de détourner l'attention momentanément. Il sentait bien qu'un dilemme s'engageait dans l'esprit de son ainé tandis qu'un silence éloquent s'installait entre eux. Ce qu'il faisait dans ces moments là ? Rien, absolument rien, Howie attendait sagement sans lâcher du regard le dos de sa cible, comme si ça pouvait faire une différence dans son argumentation inexistante.

C'était un oui.

L'appréhension fit presque immédiatement place à une euphorie trop longtemps recluse dans un placard sans fond. Le jeune homme peinait néanmoins à l'exprimer pleinement car son corps se rappelait douloureusement à lui à chaque effusions gestuelles. Il grimaça après avoir un peu trop trépigné sur son perchoir sans que cela n'entache pourtant le large sourire qui découvrait ses dents, ni la lueur d'excitation infantile dans ses yeux. Il était content, aussi simplement et sincèrement qu'enfant devant ses cadeaux de Noël. "Oui, oui. Non, non." Ça manquaient peut-être de clarté mais ça traduisait bien ce sentiment de confusion extatique.

Son corps lui même sembla y trouver un appétit nouveau et son ventre cria famine brusquement alors que le fumée de la pizza s'insinuait jusqu'à son estomac par ses narines. Howard avait hâte, il se sentait d'humeur à dévorer n'importe quoi pourvu que cela remplisse jusqu'à raz bord sa jauge d'énergie. "J'ai drôlement faim." expliqua-t-il inutilement, traduisant par la même cette joie un peu idiote dont il contenait la ferveur.  Il en fallait finalement si peu pour lui redonner le moral. "A quelle heure on part ?" Son regard s'arrima à la course effréné des secondes sur l'écran du four. Elles lui semblèrent presque trop lentes à son goût.
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A peine as-tu dit oui que tu le regrettes déjà mais tu sais aussi que tu auras oublié toute appréhension dès que vous serez arrivés à la supérette, il suffisait de partir. Tu n'es qu'une boule d'inquiétude pour Howard mais sa réaction provoque un nouveau rictus chez toi, dénouant ta boule au ventre. A le voir ainsi, tu sais que tu as pris la bonne décision mais cela ne taira jamais totalement la voix parano au fond de toi. C'était déjà le cas avant l'accident mais c'est encore pire depuis. Tu es un peu comme un papa poule même si ce n'est pas la relation qui vous lie. Quelle relation vous lie d'ailleurs ?
Tu écartes cette question tandis que tu sors les pizza du four, les posant sur une grande planche à découper. Tu passes le couteau circulaire sur chacune avant de les poser entre Howard et toi. « Ne te brûle pas. » le mets-tu en garde alors que de la fumée s'élève des pizzas au fromage à la limite de la lave en fusion.
Du bout des doigts, tu prends une part de ta pizza que tu viens prestement poser sur ton assiette où elle refroidira plus vite. Un regard à l'horloge de la cuisine, tu calcules le temps qu'il te faut pour te rendre à ton travail, temps que tu multiplies par deux, tu y soustrais l'heure actuelle et tu obtiens le temps qu'il vous reste pour manger vos pizzas. « On part dans 20 minutes. » Juste le temps de manger sans se donner mal au ventre ou risquer de se brûler la langue.
Tu te déplaces jusqu'au frigo pour aller chercher la carafe d'eau fraiche que tu as mis à décanter et sans regarder ton ami, tu lui proposes à boire. « Tu veux quelque chose pour accompagner ta pizza ? »

Il t'aura fallu moins de 20 minutes pour manger ta pizza, ce qui te laisse le temps de faire la vaisselle et ranger le peu de choses qui trainent dans la cuisine. Tu en profites pour te brosser les dents. C'est un peu étrange mais tu n'aimes pas sortir sans avoir les dents propres. Certains ou plutôt certaines, comme ta sœur, ne sortent pas sans maquillage, toi c'est les dents.
Te voilà en tout cas fin prêt pour quitter l'appartement, le sac de courses sous le bras, en compagnie de Howie. « Faites que l'ascenseur fonctionne. » pries-tu mentalement.
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Howard ne s'était jamais vraiment posé de question à propos de sa relation avec Raph, sans doute parce que selon lui il n'y avait aucun besoin de définir ça autrement qu'avec le titre de meilleur ami. A son sens cela devait englober ce besoin informulé de l'avoir à ses cotés chaque jour, et ce aussi longtemps que son imagination pouvait le projeter dans le futur. Même les scénarios les plus farfelus qui surgissaient au milieu de la nuit n'excluaient jamais, au grand jamais, son compagnon. Compagnon... Peut-être était-il seul à penser en ces termes ? Pourtant Howard fuyait avec obstination toute perspective qui différait de l'état actuel des choses, déjà suffisamment contrariant ainsi.

Une petite exclamation de douleur accompagna la main trop leste de l'étudiant, et ce n'était pas faute d'avoir prévenu. Howard étira une grimace navrée en secouant ses doigts, ce n'était pas bien méchant heureusement, et il réitéra l'opération presque immédiatement avec plus de prudence. Néanmoins en regardant la part dans son assiette il constata attristé qu'il n'avait pas de couverts. Oui, Howard faisait parti de cette frange de la population souvent moquée pour manger la pizza avec un couteau et une fourchette. Cela l'embêtait beaucoup, tout en sachant qu'il ne restait que 20 minutes... le jeune homme était bel et bien incapable de croquer simplement dedans. "Des couverts" répondit-il donc comme une évidence à la question.

Si son ainé était rapide Howard n'avait jamais été une flèche, à croire que même le moindre cracker requérait d'être savouré comme un mets primé au Michelin. Bref, à peine sortait-il de table que l'heure était venue de partir et cela raviva son excitation. Depuis quand n'avait-il pas été aussi enthousiaste à l'idée de sortir de chez eux ? Probablement jamais en vérité. Une veste et une paire de chaussures plus tard, c'était parti pour l'aventure ! Aventure qui commençait avec appréhension en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. Howard se rappela alors que cela faisait presque deux semaines que Brad n'avait pas sonné à la maison.

"Tu crois que Brad est malade ?" Demanda-t-il brusquement. Alors certes, Howard avait une peur bleu de ce grand type large comme un camion de pompier, mais bon, ça ne l'empêchait pas de constater son absence et de s'en inquiéter un peu. Nana trouvait toujours une excuse... N'avaient-ils pas parlé d'aller à Ikea bientôt d'ailleurs ? Il était également vrai que leur chambre était étroite pour deux personnes. Changer pour un lit plus adapté était une bonne idée si l'occasion se présentait. On entendait l'ascenseur monter à grand fracas et enfin la porte s'ouvrît dans un grincement familier à défaut d'être parfaitement rassurant. Howard vérifia 3 fois que la cabine était vide et que personne n'arrivait avant d'y prendre place, au fond, dans le coin gauche, face à l'entrée, précisément.
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Tu es aussi speed que Howie est lent. Un peu comme la Fable du lièvre et de la tortue. Howie n'a jamais été une flèche mais c'est encore pire depuis son accident, ce n'est cependant pas de sa faute et tu ne lui en tiens pas vraiment rigueur. Mais tu stresses, tu as peur d'être en retard. Jamais tu n'as été en retard, contrairement au collègue qui prend ta relève et qui arrive toujours plus tard avec toujours une nouvelle excuse plus folle que la précédente. C'était quoi la dernière fois ? Un canard qu'il avait aidé à traverser ? Un canard en plein New York ? D'une certaine façon, ça te faisait bien rire mais tu aurais bien aimé qu'il soit ponctuel des fois, surtout pour pouvoir rentrer à l'heure.

Toujours était-il que des couverts et 20 minutes plus tard, tu filais en direction de l'ascenseur qui réagit comme tu l'avais espéré après que tu ais pressé le bouton d'appel. Une bonne chose qui réduisit sensiblement le stresse que tu ressentais. Mentalement, tu remercias Brad et son travail miraculeux. La question de Howie te fit sursauter. Dans un dessin animé, tu aurais probablement percé le plafond tant ta surprise était grande. Tu ne savais pas si vous étiez connecté à ce point ou s'il pouvait réellement lire dans tes pensées. Alors tu essayas d'arrêter de penser dans le doute mais ce fut un échec cuisant. Tu essayas donc de penser à une chanson qui te resta dans la tête quand tu essayas de penser à une autre chanson et le mal était fait. Pendant ce temps, tu avais fixé Howie d'un drôle d'air, un mélange de suspicion et d'incrédulité et puis tu avais fini par lui répondre quand même alors que vous montiez dans l’ascenseur. C'était Howie après tout, même s'il lisait dans tes pensées, il ne pensait pas à mal. « Je ne crois pas. Tu penses qu'on devrait demander à Nana de prendre de ses nouvelles ? Juste au cas où ? » C'est vrai que ça faisait un moment qu'ils ne l'avaient pas vu mais pas de nouvelles, bonne nouvelle, non ? Après tout, c'était l'homme de l'entretien et ils le voyaient chaque fois qu'il y avait un soucis dans l'appartement ou l'immeuble.
Instinctivement, tu retins ta respiration le temps de passer l'avant dernier étage, celui juste sous celui où vous vivez, celui avec l'équipe de production. Tu serras les fesses en espérant que l'ascenseur ne s'y arrête pas, pour ne pas voir leurs grosses caméras qui te font peur. « Il doit nous aider pour le futur nouveau lit, non ? » tu demandes à bout de souffle, ne sachant déjà plus si vous l'avez contacté à ce sujet ou non. Tu notes mentalement qu'il faudra poser la question à Nana, puisque c'est lui qui se charge de ces choses là. Comment vous feriez sans Nana ? Mieux vaut ne pas se poser cette question.

L'ascenseur parvient au pied de l'immeuble, arrêtant sa course en grinçant. Tu sautes hors de sa cage et attends que Howie te rejoigne. La supérette n'est pas excessivement loin, vous avez le temps devant vous. Tu le devances pour lui tenir la porte de l'immeuble et te cales ensuite sur son rythme. La nuit est fraiche mais pas trop. C'est agréable de se rendre au travail à pied, de profiter du calme de la nuit. Calme comparé à la journée. Il manquerait juste les étoiles dans le ciel mais les lampadaires sont trop lumineux pour ça. « Tu n'aurais pas envie de vivre dans une autre ville des fois ? Une ville où on voit les étoiles. » tu demandes timidement. Tu n'as jamais vécu ailleurs qu'à New York mais tu es curieux. Tu n'as jamais quitté cette ville, trop effrayé à l'idée de ce qu'il peut y avoir en dehors. Tu aimes le confort de sa familiarité. Et puis, si c'était vrai, s'il n'y avait rien à l'extérieur de la ville ? Tu en as déjà discuté avec ta soeur, avec ton psy, mais tu te poses toujours la question sans oser vérifier. Tu n'as déjà pas parcouru toute la ville alors aller ailleurs. « On devrait peut-être aller avec Nana faire du camping. » tu proposes avant de te raviser. « J'ai rien dit. »

Tu n'as jamais autant parlé que sur ce trajet, preuve que la présence de Howie à tes côtés te mets en joie. Tu lui tiens la porte de la supérette et salue d'un petit signe de la main la personne qui tient à la caisse avant de foncer poser tes affaires là où tu les poses toujours, derrière le comptoir. Tu retires ton manteau, dévoilant ton sublime uniforme, puis le plie et le poses sur le sac de course avant de t'enregistrer sur la caisse.
Tu fais signe à ton colocataire de s'installer sur un tabouret où il veut. Il y en a un près de toi, derrière la caisse mais aussi une rangée de tabouret surélevé face à la fenêtre où les gens mangent ce qu'ils ont acheté et réchauffé sur place. Les places sont surtout utilisées la journée, la nuit, la supérette est beaucoup plus calme même si tu croises toujours quelques énergumènes venant acheter de l'alcool ou des choses insolites comme des bonbons à 2 heures du matin.
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La cabine descendit sans encombre bien qu'un bruit désagréable persistait; bruit auquel Howard ne prêtait pas vraiment attention tant il lui paraissait familier. Un peu comme l'absence de respiration émanant de Raph à un certain étage. Même les choses les moins communes étaient parfois d'une banalité sans nom, alors naturellement la même blague éculée franchissait les lèvres de l'étudiant pour détendre l'atmosphère. Si Howard avait été "normal" sans doute se serait-il contenté de prendre la main de son colocataire pour le rassurer. Ce n'était cependant pas une chose anodine ou facile à faire dans son cas.

"Oui, c'est ce que j'ai compris aussi. Mais Nana doit déjà tout savoir", acquiesca-t-il avant d'ajouter sur le ton de la confidence. "Je crois qu'il le fait exprès, pour Brad..." Ça semblait de plus en plus évident, même si accuser le professeur ainsi avait quelque chose d'une peu gênant. Ça faisait un moment cela dit qu'Howard ne se faisait plus d'illusions au sujet de son colocataire et de son penchant avéré pour le réparateur. Après tout, du moment que le lit était monté... Le principal était surtout que chacun y trouve son compte.  

Cette ville, la nuit, elle avait quelque chose grandiose et de décharné. Peut-être était-ce ce dépouillement, comme si brusquement ces bâtiments souffraient dans cet éclairage factice, si étrange et pourtant si humain. La ville, la nuit... Howard l'appréciait d'autant plus qu'il s'y sentait à l'aise, à la maison. "Je ne sais pas... J'aime bien, ici, avec toi." La franchise du jeune homme se perdit quelque part entre ses réflexions. Lui aussi n'avait connu que cette ville. Les devantures clignotantes, les néons projetant des couleurs singulières sur le bitume usée, vide, tous ça lui manquait tellement pourtant. Eux, ils étaient les gens de la nuit. Non pas les fêtards alcoolisés, non. Ces autres, ces invisibles dont l'existence se déroulait à contre sens du commun des gens. Des anonymes solitaires, de véritables autochtones urbains. Enfin, c'était ainsi que le blond le voyait.

La proposition de Raph n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd cependant. Howard la ressentit comme un véritable désir, ce qui l'inquiétât presque sur le coup. Certes, sortir de cet enchevêtrement d'immeubles n'était peu être pas raisonnable actuellement. Rappelons qu'Howard se trainait déjà sur ce trottoir et que son cher ami n'était sans doute pas près à voir au delà des limites de son monde. Ça n'empêchait pas de cogiter sur une alternative réalisable dans un futur très proche pour se prémunir d'un abandon inopiné. "Ils font des machines pour projeter des étoiles de ce que j'ai entendu."

Le trajet lui avait semblé finalement assez court. Etait-ce l'euphorie de sortir un peu ou que la si fameuse rééducation portait ses fruits ? Howard n'aurait su l'estimer avec justesse et ça n'avait pas grand importance. Il trouva naturellement place coté fenêtre, pas très loin de la caisse. C'était une position stratégique pour profiter de la vue et pouvoir échanger avec son ami en même temps. La nuit serait sans doute calme, mais pas plus que coincé dans un appartement à compter les minutes. "Et si on campait dans le jardin de ma soeur ?" Une tente, une machine à étoiles et de la nourriture sous vide dans un cadre clair et net. "Ou sur le toit de l'immeuble... Pour s'entraîner." Non, Howard n'avait toujours pas lâché l'affaire.
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La réponse de Howard tournait encore et encore dans ta tête. Une part de toi était curieuse de savoir ce qu'il pouvait y avoir en dehors de la ville mais une part de toi préférait garder le mystère. Il te faudrait cependant, un jour, lointain tu l'espérais, procéder à cette thérapie d'exposition et tu ne te voyais pas t'y soumettre sans la présence de Howie à tes côtés. Ce jour lointain, ne le serait probablement jamais assez à tes yeux et toujours trop aux yeux des gens qui te sont cher.
Une machine à projeter les étoiles semblait être un bon compromis mais un achat dont vous ne pouviez pas vous permettre actuellement. Peut-être plus tard, après l'achat du lit.

Perdu dans tes pensées, c'est à peine si tu saluas ton collègue en retour, collègue qui en avait probablement l'habitude. Lorsque tu relevas la tête, un client te faisait face, un paquet de chewing gum posé devant lui. Tu n'avais pas remarqué sa présence jusque là. Mécaniquement, tu t'empressas t'attraper le paquet de cigarette qu'il te demandait et l'encaissais sans dire un mot si ce n'était le total.

« Camper sur le toit, c'est bien. » répondis-tu comme s'il ne s'était pas écoulé plusieurs minutes depuis cette proposition. Vous ne seriez pas loin de l'appartement et même si vous ne verriez probablement pas beaucoup d'étoiles, cette expérience serait toujours valide en terme de camping. « On essaye ce soir ? » tu demandes, un trait d'hésitation dans la voix. Après tout, il ne faut pas trop repousser les choses au lendemain au risque de ne jamais les faire. Vous avez couvertures et oreillers, Nana avait sûrement un matelas ou deux dans son bazar que vous pouviez emprunter. Le ciel était dégagé, c'était le moment d'en profiter.

Une cliente entra, faisant tinter la clochette de la superette. Tu la saluas d'une grimace aimable avant de saisir une caisse pour remettre certains articles en rayon. Tu devais attendre minuit pour étiqueter les périssables mais au vu du frigo, le sac de course n'allait peut-être pas suffire pour tout ramener. A la limite, tu pourrais toujours en laisser pour ton collègue, s'il était à l'heure cette fois, même s'il n'était pas à l'heure finalement.
Tu commenças à préparer mentalement la liste des courses en encaissant la demoiselle, saluant son départ d'un petit geste de la main. Elle venait souvent faire ses courses à cette heure alors tu avais fini par te sentir presque à l'aise avec elle, sans non plus sentir le besoin de lui adresser la parole.

« On pourrait même pic niquer. »
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ET POUF ÇA FAIT DES CHOCAPICS


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Howie n’était pas ce qu’on pouvait appeler quelqu’un de dépensier. Sans doute parce qu’il ne sortait pas tellement de chez lui d’une part, et n’avait aucun intérêt pour le télé-achat d’autre part. Cependant, il n’avait rien non plus d’un riche héritier et n’avait hélas plus son salaire de gardien de nuit. Cela n’avait rien de surprenant mais l’étudient n’était pas vraiment du genre à s’inquiéter d’éventuels problèmes financiers à moins que sa soeur, ou son banquier, ne vienne lui tirer les oreilles. Il était sans nul doute bien que Raph fût là pour apporter un peu de pragmatisme pécuniaire.

Pendant que le caissier s’occupait d’un client, Howie attendait patiemment, s’imaginant déjà détail après détail cette soirée camping urbain. Il était tellement absorbé par sa réflexion que c’était à peine si le pauvre et solitaire petit paquet de chewing-gum attira son attention. Car après tout, qui pouvait donc sortir de chez lui à une telle heure pour effectuer un achat aussi insignifiant en apparence… Et surtout, pourquoi ? Voila un sujet qui aurait pu tenir éveillé le jeune homme toute une semaine avec des suppositions plus farfelues les unes que les autres. Mais non, réfléchir à l’orientation la plus Feng Shui pour poser son oreiller gonflable dans une tente était apparement beaucoup trop intense.

« Ce soir ? » C’était bien trop d’enthousiasme, si bien que Howard fixa son ami un long instant comme s’il avait mal entendu. A vrai dire, c’était effectivement le cas. « Ce soir… » Mais ils n’étaient absolument pas prêt ! « On a pas de tente. Et pas de duvet. On va mourir de froid. » Ça ne semblait pas l’inquiéter outre mesure, c’était plus une constatation tinté de déception. Ce n’était pas vraiment du camping sinon, si ? Connaissaient-ils seulement quelqu’un qui pouvait répondre à toute ses questions… Probablement pas Nana, qui n’avait pas l’air du genre feu de camp et matelas pneumatique en terrain hostile. Une personne avec un couteau suisse, genre Brad, qui était réparateur, donc avait logiquement un couteau suisse. « On a qu’à commencer par le pique-nique, c’est un bon début. »
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Et
pouf
ça
fait
des
chocapics

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Peut-être t'étais-tu un petit peu trop emballé. Connaissant Howie, c'était plus que probable. Tu avais peur de rater cette expérience d'une vie. Peur étant un bien grand mot, craindre plutôt ? Pas vraiment mieux. Qui pouvait se venter d'avoir campé sur un toit en pleine ville ? Personne, probablement. Ça en faisait des suppositions dans ta tête en une si courte soirée.

« Une... tente. » Tu n'y avais même pas pensé mais il n'avait pas tort dans le fond. Qu'est-ce que le camping sans tente ? Dormir à la belle étoile. Alors ton cerveau tourna à mille à l'heure. Qui, parmi tes connaissances, possédait une tente et pouvait te la prêter ? Brad, aussi sportif soit-il, était-il du genre à camper ? Ta soeur en avait peut-être une sinon, ou tes parents. Que diraient-ils si tu leur mentionnais ton envie de camper sur un toit ?

« Juste un pic nique alors, pour commencer. » Pour ne pas griller des étapes, pour ne pas aller trop vite. Mais un pic nique sur le toit ? Ou un pic nique dans un parc ? Des parcs, il y en a plein en ville mais tu y mets rarement les pieds. Tu essayes, pour respirer l'air pur des arbres plutôt que les pots d'échappement, surtout qu'il n'y a pas de caméra dans un parc mais il y a des gens, qui courent, des gens quoi.

Un pic nique ce serait. Tu commenças à réfléchir à ce que vous alliez manger. Enfin surtout à ce que Howie pourrait y manger. Qu'est-ce qui pourrait lui faire envie ? Est-ce qu'on peut emmener des céréales et du lait à un pic nique ? Des sandwich au ketchup et aux knackis ?

« Ce weekend alors ? » Ca te laissera le temps d'organiser, de planifier et d'annuler. Non, tu y tenais à ce pic nique, une petite activité d'extérieur avec ton ami. Tu avais tellement hâte que tu avais déjà constitué le menu dans ta tête, si tu ne l'avais pas oublié d'ici là. Vous alliez passer un bon moment et peut-être même remettre ça régulièrement.

Minuit arriva, tu t'empressas de retirer les produits périmés de la vente et d’étiqueter ceux à venir. Comme tu l'avais deviné, le sac que tu avais apporté était loin d'être assez grand pour tout contenir. Tant pis. Tellement de pertes...
Tu avais encore quelques heures devant toi avant la fin de ton service mais comme à ton habitude, tu avais terminé tes tâches.

« Tu as faim ? » tu demandes à ton ami alors que ton ventre s'active légèrement. Le choix d'encas ne manquait pas en magasin.
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