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rencontre hebdomadaire au théâtre (alexis)

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« ¡mamá! » eva soupire en glissant son téléphone dans son sac à main. c'est toujours la même chose, lorsqu'ils sont en retard tim perd systématiquement son doudou. ils sont complètement perturbés tous les deux depuis plus d'un an et rares sont les choses qui tournent ronds. elle retrouve son fils dans sa chambre, le petit garçon pleure sur son lit. la gorge d'eva se serre et elle se met à chercher la dernière peluche que son mari a offert à leur fils. il faut dix minutes, ponctuées des sanglots de tim pour retrouver le doudou qu'eva glisse dans la petite valise de son fils qui va passer la nuit chez ses grands-parents, comme tous les mardis après le cours de théâtre de la brune. elle est encore plus en retard mais ce n'est pas grave, tim passe bien avant son plaisir. elle ne s'attarde pas chez ses beaux-parents en y déposant son fils. après le décès de john, eva est restée proche de sa belle famille, ils se sont entraidés. quand elle est avec ses beaux-parents, elle s'autorise quelques faiblesses, elle se sent entourée et elle retrouve un semblant de structure familiale lorsque sa famille espagnole lui manque. la situation n'est facile pour personne mais elle sait que tim parvient à se changer les idées quand il est chez ses grands-parents, cela change de la morosité qu'eva traine toujours derrière elle. toujours en retard elle embrasse longuement son fils avant de lui dire qu'elle l'aime et qu'elle viendra le chercher le lendemain après le service midi. elle finit par partir et sauter dans un taxi en donnant au chauffeur l'adresse du petit théâtre où elle prend ses cours.

le cours a déjà commencé quand elle arrive enfin, foutu doudou pense-t-elle avant de s'en vouloir. elle referme discrètement la porte derrière elle avant de s'avancer dans la salle sur la pointe des pieds. des personnes sont déjà sur la scène alors que le professeur donne des indications. eva ne connait pas vraiment les autres participants. elle arrive toujours au dernier moment, voire en retard et repart toujours vite à la fin du cours, épuisée par les longues heures passées au restaurant. elle repère une chaise vide et s'y dirige toujours discrète. elle prend place à côté d'un homme un peu plus vieux qu'elle, alexis si sa mémoire est bonne. elle glisse son sac sous sa chaise tout en retirant sa veste. elle se penche vers son voisin. « bonjour. désolée je n'ai pas pu arriver à l'heure, où en est le cours ? »
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Dans la petite salle de spectacle où nous répétons, sur la scène, les différents élèves forment un cercle autour du professeur. Si nous sommes tous largement adultes - entre vingt-trois et soixante-douze ans pour être précis - on est aussi dissipé que des gosses.
C'est l'effet classe. Ça, et le stress. Léger. La pression de ces séances de mise à nu.

Ainsi, à la fois absorbé par les consignes et trépignants d'impatience, d'excitation, nous échangeons sur nos semaines de travail, les idées de scénettes qui nous traversent l'esprit ou encore la recette du dernier gâteau réussi.
Bref, c'est un moment de vie, dans un lieu de magie. J'adore ces minutes d'improvisation, de complicité nouvelle, de douce terreur, honte louable.

Finalement, les consignes données, nous quittons l'espace théâtrale et prenons place sur les chaises installées face aux planches. Tous, sauf deux volontaires qui souhaitent expérimenter l'exercice du jour. Libre à eux. Le visage déjà fendu en deux par un sourire moqueur, je n'entends pas arriver Eva à mes côtés. Je manque de sursauter et me penche vers elle pour ne pas déranger les acteurs en herbe.

" Salut ! Tout va bien ? "

La jeune femme paraît, comme d'habitude, débordée, navrée, un peu à côté il faut le dire. Elle m'intrigue depuis le premier jour et je suis peiné de constater une nouvelle fois que ses traits si charmants n'affichent que fatigue et course contre le temps.

" Eh bien le thème est scène de couple. Livia et George sont donc en pleine "dispute" ! "

Dis-je en les lui désignant d'un geste du visage. Puis, l'idée me vient immédiatement :

" Tu veux être ma binôme ce soir ? "

Pourquoi pas ? Nous avons rarement eu l'occasion d'échanger en tête à tête, je crois même que ça n'est jamais arrivé, la plupart des exercices partagés mettaient en scène le groupe entier d'amateurs ;
Je nous imagine déjà en faux couple colérique, mais le sujet ayant été choisi par le premier binôme, il va falloir trouver autre chose... Ou attendre que notre cher prof nous en impose un.
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eva a le regard un peu perdu quand alexis lui demande si tout va bien. « oui, tout va bien merci, juste une histoire de doudou récalcitrant et d'enfant paniqué à l'idée de l'avoir perdu pour de bon... enfin bref... » elle parle vite et souffle pour reprendre un débit de parole adapté à la situation. pourquoi raconte-t-elle ça ? à nouveau elle adresse un sourire d'excuse en haussant les épaules, rien d'anormal pour son quotidien en somme. donc le cours est dédié à l'improvisation, ce n'est pas ce qu'elle préfère mais elle n'a pas cela en horreur non plus. « scène de couple, ils jouent une dispute... ok merci ! » elle s'attache les cheveux en essayant de récupérer le fil de ce qu'il se passe. les scènes de couple... définitivement pas son sujet de prédilection. pour être tout à fait honnête, elle appréhende déjà son tour et une boule de stress commence déjà à se former dans sa gorge. il faut qu'elle se détende, ce n'est rien, juste une scène d'improvisation, tout va bien se passer. il est temps d'avancer, elle essaye de s'en convaincre et pourtant elle a peur. peur de se mettre dans la peau d'un personnage qu'elle n'est plus depuis un an et demi, elle qui n'a côtoyé personne depuis john. elle réalise qu'alexis lui parle à nouveau et reporte son attention sur lui. « euh... si tu veux, oui d'accord ! » son binôme trouvé, elle prend à nouveau une grande inspiration, elle doit absolument se ressaisir elle est complètement à la masse ce soir.

la scène de livia et george touche à sa fin et eva applaudit comme les autres bien qu'elle n'en ai rien suivi. quand le prof appelle deux nouveaux volontaires, eva cherche le regard de son binôme avant de se diriger vers la scène. autant faire ça vite. « allez, soyez romantiques. sortez le grand jeu ! » eva grimace à la fin de cette consigne, elle aurait préféré jouer une dispute elle aussi. elle souffle un grand coup encore une fois, décidemment ce soir... et fixe son regard dans celui d'alexis avant de se composer tant bien que mal une expression d'amoureuse transie. ce n'est pas un rôle facile pour elle, mais elle veut y arriver, cela serait sa victoire personnelle de la journée. elle ouvre la bouche pour parler de mariage, quoi de plus romantique. l'image de john dans son plus bel uniforme le jour de leur mariage s'impose directement à elle. elle referme la bouche. pas une bonne idée le mariage. elle ferme les yeux quelques secondes. quand elle les ouvre à nouveau, elle se sent encore plus perdue. gardant la face elle adresse un léger signe de la main à alexis, espérant qu'il réalise à quel point elle a besoin que ce soit lui qui débute la scène.
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Sortez le grand-jeu, nous dit-il après avoir choisi pour nous l'option romantique. Je grimace, conscient que ce thème ne sera pas évident. Je ne suis pas un animal mais le romantisme, je m'y connais assez peu - c'est ce que j'aime penser. Qu'en est-il de Eva ? Elle s'est presque précipitée sur la scène, comme si elle avait énormément envie de se prêter au jeu... ou se débarrasser de l'exercice compliqué.

Sur ces planches surélevées, on n'est pas seulement observé, on est mis en lumière. C'est intimidant, je crois que je ne m'y habituerai jamais. Pour autant je ne suis pas un grand timide et le plus difficile pour moi c'est de garder mon sérieux ;
J'ai déjà envie de rire à l'idée de devoir être, l'espace de quelques minutes, l'amoureux de la jolie Langton.

Quand je cesse de regarder mes camarades déjà moqueurs - qui ont la politesse de rester silencieux - mon attention se pose enfin sur ma partenaire de jeu. Et, autant dire qu'elle paraît paumée. Je suis le genre de type qui prend les initiatives, dans ce cours aussi. Je ne suis pas gêné par son appel à l'aide muet.

" Eh... ça va ? Je n'étais pas sûr de te trouver chez toi, je suis content. "

Dis-je en misant sur un amour naissant. Je feins l'homme épris qui vient frapper chez sa belle pour tenter d'entamer les choses sérieuses. Ou du moins, déclarer sa flamme et obtenir une réponse ; un signe ?

Je dépose une main sur son épaule et approche mon visage pour déposer sur sa joue un baiser chaste. Allons-y doucement, le prof aime nous dire qu'il n'y a pas de limites mais je veux d'abord prendre la température de Eva qui a l'air gelée.

" Je ne viens pas pour te souler promis, mais j'ai emmené des bières. "

Grand sourire fier et amusé, j'attrape en vitesse l'un des nombreux accessoires à disposition : un pack de six. En espérant qu'elle puisse enchaîner avec ça.
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le sourire un peu crispé, eva essaye de se reprendre, de poser sa respiration, d'avoir l'air naturel. c'est sûrement pas très réussi. tout ce qu'elle veut c'est pouvoir sortir quelques mots sans être submergée par l'émotion. elle se trouve ridicule à faire une montagne de cette simple scène de théâtre d'improvisation. cela fait plus d'un an et demi que john est décédé, elle devrait être capable de tenir le coup lors d'évènements anodins, elle voudrait pouvoir tenir le coup. mais entre ce qu'elle veut et ce qu'elle peut, eva se rend compte qu'il y a un monde. elle se dit rapidement qu'elle aurait dû continuer à aller chez le psy et ne pas tout envoyer valser au bout de quelques séances. elle écarte cette pensée de son esprit, elle est assez forte pour se reconstruire seule, elle n'a besoin de l'aide de personne. dans le fond, elle sait que c'est faux mais elle a réussi à s'en persuader quand-même. elle a conscience que ne rien faire pour aller mieux, c'est refuser d'aller mieux et qu'elle n'arrivera pas à combattre ses démons si elle refuse de les apprivoiser dans un premier temps. à nouveau, elle souffle un grand coup se reconcentrant sur ce qu'il se passe lorsque les lèvres d'alexis entrent en contact avec sa joue. léger frémissement de malaise, elle n'a jamais été amatrice des contacts physiques avec les personnes qu'elle connait peu, encore moins avec les hommes, moins encore depuis la perte de son mari. « salut, entre ! » dit-elle enfin avec un léger sourire en se forçant à plonger dans la scène. « j'ai pas pris le risque de cuisiner quelque chose, ça vaut mieux pour nos estomacs. je me suis dit que ce serait plus sympa de commander. » elle se laisse tomber sur une chaise en entrainant son binôme, comme s'il s'agissait qu'un canapé présent depuis toujours. banal, trop banal. elle n'aime pas ça, avoir l'air incompétente dans un domaine et pourtant elle fait ce qu'elle peut pour se raccrocher aux branches. son regard tombe sur sa main gauche et le vide que l'alliance qu'elle porte désormais autour du cou a laissé sur son annulaire. à nouveau son cœur se serre et sa gorge s'assèche. « tu as passé une bonne journée ? » elle se retient de lever les yeux au ciel en réalisant son manque d'imagination et en entendant sa voix légèrement fébrile. elle se tourne un peu vers alexis, s'autorisant à poser une main légère sur son épaule afin de coller un minimum à la consigne. son sourire est bancal mais elle tient encore le coup.
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Un instant j'ai l'impression d'être sur le seuil de son appartement. De m'être pointé chez Eva Langton sans autres ambitions que celles qu'on me prête si souvent : la séduire, passer du bon temps. La voir sourire.
Un instant j'ai l'impression que son sourire est vrai ;
Un instant, son jeu opère une forme de magie convaincante.
Puis je retourne à la réalité de la salle de théâtre, sur ces planches où nous essayons de jouer un romantisme crédible.
En vain ;

Ne faut-il pas se connaître un peu mieux pour cela ? Être amis ? S'entendre un minimum ! Voire même se plaire ? Non, bien sûr que non. Certains acteurs se détestent hors caméra et pourtant, la passion entre leurs personnages crève l'écran.

« tu as passé une bonne journée ? »

Me dit-elle une fois que nous avons pris place dans son faux salon. Je devine par ailleurs le regard attentif du professeur. Attentif et déçu. Il agite le bras pour nous encourager à faire mieux tandis que le reste du public paraît s'ennuyer.

" Oui. Oui, très. Comme je savais que j'allais te voir... "

Bon sang. Je ne suis pas romantique. Je pense savoir m'y prendre d'ordinaire - à moins qu'il s'agisse plutôt d'humour et de séduction pure.

" Pause : les scènes romantiques peuvent mettre du temps à s'installer, simplifions les choses. Soyez torrides ! "

Les rires de nos camarades me tirent un large sourire mais lorsque mon attention revient à ma binôme, je prends conscience que la "simplification" évoquée par le comédien expérimenté n'aura rien de simple.
Tant pis, le sujet ne m'embarrasse pas vraiment et je réduis la distance entre nous, portant ma main à sa joue pour une caresse tendre. Avant d'aller plus loin néanmoins je murmure pour lui demander :

" On s'embrasse ou... tu préfères un autre partenaire ? "

L'exercice est une première et le reste du groupe se montre indulgent, patient. Ils retiennent presque eux aussi leur souffle afin de voir si oui ou non nous parviendrons à faire monter la température...
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la scène n'est vraiment pas une réussite et eva s'en rend compte. mais elle n'arrive pas à se reprendre, elle ne parvient pas à se concentrer. du coin de l'œil, elle voit le professeur s'agiter, elle sait que s'il n'est pas mécontent, il est au minimum déçu. elle comprend bien qu'il ne s'attendait pas à une prestation d'une banalité si affligeante. il voulait voir du professionnalisme, une véritable performance. et jusque là, c'est un échec. eva sait que la situation est foutue, elle a conscience qu'elle ne parviendra pas à faire mieux. parce que son esprit est bloqué. elle n'a connu personne depuis le décès de son mari. rencontrer à nouveau quelqu'un l'effraie déjà en temps normal. cette fausse atmosphère détendue, cette ambiance construite de toute pièce qui n'a rien de naturel la perturbe d'autant plus. non, elle n'est pas prête à flirter avec un homme que ce soit dans la vie de tous les jours comme dans un stupide théâtre. elle vient de s'en rendre compte et cela lui fait mal. la réponse d'alexis est aussi banale que la question d'eva. le prof finit par prendre à nouveau la parole pour relancer ce désastre. eva laisse échapper un hoquet de surprise en se tournant vers le prof. elle est déjà mal à l'aise sur une simple conversation, comment être torride ? elle est figée, elle ne pensait pas que la situation lui échapperait à ce point. si elle avait su, elle serait restée chez elle ce soir, avec tim ou bien seule avec un verre de vin rouge et ses cigarettes. elle se retient de souffler d'exaspération, se concentrant pour ne pas laisser l'angoisse la gagner et se mettre à pleurer devant son public qui s'amuse du malaise. le contact de la main de son binôme sur sa joue la fait tressaillir et elle se retient de se reculer vivement. la question qu'alexis pose à mi-voix la désarçonne. elle ouvre plusieurs fois la bouche sans qu'aucun son ne passe la barrière de ses lèvres. elle ferme les yeux un instant. « ce n'est pas un question de partenaire... » finit-elle par chuchoter à contre cœur. la proximité est troublante, elle a chaud, elle veut juste s'éloigner, regagner sa zone de confort loin de interactions sociales trop poussées avec des inconnus.

« je crois qu'on va en rester là. » sa voix est légèrement plus forte alors qu'elle rompt le contact et se lève de sa chaise. « désolée... » elle regarde alexis presque timidement, s'en voulant de le priver de l'exercice. « je ne peux pas. » dit-elle au prof en regagnant sa chaise et cherchant dans son sac son paquet de cigarettes. quand elle le trouve enfin, elle laisse ses affaires derrière elle, elle n'a pas prévu de partir sans donner un minimum d'explication, elle a seulement besoin d'air frais et de nicotine. une fois dehors, elle  s'appuie contre le mur en allumant sa cigarette avant de tirer une bouffée salvatrice. d'un geste un peu absent, elle essuie les larmes qui ont roulé sur ses joues sans qu'elle ne s'en aperçoive et machinalement, elle vient jouer avec l'alliance qui pend autour de son cou. l'air du soir lui fait du bien et elle reprend enfin une respiration régulière tout en se maudissant de se laisser autant affecter par son deuil et son incapacité à remonter la pente.
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La timidité, l'introversion, la mauvaise journée, l'anti-masculinité, le dégoût de ma personne - hypothèse un peu vexante - ou juste l'ultime fidélité - la soumission ? - envers un conjoint envahissant... Des tas de raisons pourraient expliquer l'attitude de Eva. Sa gêne. Sa fuite.
Si elle est sincère, si le problème ne vient pas du partenaire, qui étouffe à ce point sa vie pour l'empêcher de feindre quelques minutes intimes à mes côtés ?

« désolée... »

Dit-elle avant de s'adresser au prof sans que je n'écoute ses propos. Je reste interdit, encore penché sur la silhouette absente. J'ai cru lire de la crainte dans ses beaux yeux et, allez savoir pourquoi, je me sens coupable.

Lorsque je rejoins mes camarades, tous tournés vers la porte empruntée par une Eva bouleversée, je plonge les mains dans mon jean et me mords la lèvre. Partagé entre un embarras honteux et une envie profonde d'aller me renseigner sur son état.
Les camarades me dissuadent " laisse la un peu seule. " Mais connaissent-ils ses ennuis ? Parce qu'elle en a forcément. Personne n'a cette attitude sans soucis.

Je fais semblant d'être patient environ trente secondes, une minute parce que  Livia me retient par le bras pour m'annoncer qu'elle veut bien remplacer ma binôme disparue. Je m'efforce de lui répondre avec un sourire :

" Euh ouais ok, on voit ça tout à l'heure. Je reviens. "

Une fois à l'extérieur, dans le dos de la jeune femme, le parfum de tabac me parvient et j'en profite pour assouvir mes besoins de drogué. Une bonne excuse pour m'approcher.

" Tu as du feu, s'il te plait ? "

Les fines étincelles près de ses lèvres se reflètent dans ses yeux remplis de larmes. Ma culpabilité augmente encore. Je déglutis, tire sur ma cigarette désormais embrasée et me place à ses côtés. Pas trop proche. Juste pour qu'elle me devine sans que je sois de trop.
J'espère.

" Je suis désolé. Je ne voulais pas être... déplacé. "
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le cœur d'eva bat un peu moins vite alors qu'elle se concentre sur sa cigarette, les yeux plongés dans l'obscurité. ses mains tremblotent encore légèrement mais elle n'y fait pas attention. elle s'en veut. john aurait probablement rigolé de la voir jouer une telle scène, il aurait voulu qu'elle y parvienne, ça l'aurait amusé mais elle, elle a la lourde impression de trahir la mémoire de celui qu'elle a aimé. et c'est ridicule, eva en a conscience, cela n'a rien à voir avec de la trahison. mais le sentiment s'est installé et elle n'arrive plus à le faire reculer. eva se retient de lever les yeux au ciel quand elle entend la porte du théâtre s'ouvrir et des pas s'approcher d'elle. d'un bref regard, elle reconnait alexis. elle espère réussir à se composer un visage à peu près serein tout en sachant que ses joues humides ne peuvent tromper personne. elle tend son briquet à l'homme d'un air un peu absent. il s'installe à la fois suffisamment proche d'elle pour engager une conversation et suffisamment loin pour éviter de récréer un malaise. « t'as pas à être désolé. » commence-t-elle en secouant la tête. elle prend le temps de terminer sa cigarette déjà bien entamée et d'en allumer une seconde avant de reprendre la parole. « c'était pas déplacé et je te remercie d'avoir posé la question au lieu de m'embrasser. » elle tourne enfin vers lui. « c'est moi qui suis désolée de pas avoir été à la hauteur. si t'avais su tu m'aurais probablement pas demandé de faire équipe avec toi. » elle laisse un sourire un peu triste étirer doucement ses lèvres. elle est embarrassée, ne sait pas vraiment où se mettre. elle se sent obligée de donner quelques explications mais n'a pas envie de parler de sa vie privée pour autant. « j'étais mariée. » elle balance ça comme ça autant pour commencer à se justifier que pour verbaliser les différentes émotions qui l'ont traversée sur la petite scène. « il est décédé il y a un an et demi. » elle fuit le regard d'alexis peu désireuse de se remettre à pleurer devant lui, ne voulant pas voir de la pitié dans ses yeux. « je... je suis pas vraiment à l'aise à propos de ce qui concerne... le couple, depuis. en général j'évite ce genre de situation. » elle fait un geste de vague de la main comme si elle voulait englober tout ce qui s'est passé depuis qu'elle est arrivée en retard au cours. « je suis désolée de t'avoir entrainé dans tout ça. si tu veux retourner à l'intérieur et te choisir un autre binôme, je comprendrais. » elle étouffe un rire mi ironique mi gêné. « c'est gentil d'être sorti me voir. » elle continue à tirer sur sa cigarette en appuyant sa tête contre le mur derrière elle, essayant de ne pas penser au bazar qu'elle a causé à l'intérieur et aux nombreuses interrogations que doivent désormais avoir les autres membres du groupe.
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Contre toute attente, Eva n'est pas effondrée dans un recoin sombre en train de larmoyer. Oh j'ai bien compris que les pleurs viennent tout juste de s'arrêter. Je l'imagine avec tristesse les larmes aux yeux régulièrement et l'explication m'est encore inconnue.
Je m'en veux un peu moins lorsqu'elle s'excuse. Visiblement consciente de mon propre malaise. De ses réactions étonnantes pour toute l'assemblée. Personne n'a compris et j'ose espérer que personne n'a soupçonné un comportement déplacé de ma part.

Je me fous de ce que pensent les autres. Ce serait simplement dommage de ternir l'ambiance si bonne dans ce club de théâtre.
La voix douce et à la fois dure de Eva interrompt le cours de mes pensées :

j'étais mariée. »

Sans savoir comment réagir je me contente d'acquiescer même si, en vrai, j'aimerai lui présenter mes condoléances. Ah, le mariage... Quelle erreur. C'est donc là sa souffrance ? Un divorce ?
Ce qu'il lui faut, c'est tourner la page et quoi de mieux qu'un...

« il est décédé il y a un an et demi. »

...
Je déglutis l'information. Difficile d'être peiné, on se connait peu. J'ai juste l'impression d'avoir encore loupé l'occasion de me taire. De me tenir éloigné.
Heureusement pour moi, Eva décide d'expliquer un peu. La sincérité de ses excuses est touchante.

« c'est gentil d'être sorti me voir. »

Je secoue la tête, incapable de retenir un sourire :

" Oh ce n'est pas pour te voir, j'avais vraiment envie de fumer. "

Bien sûr que non.
Je lui offre un clin d’œil et replace la clope entre mes lèvres, posant un regard rêveur au loin. Eva a perdu son mari. C'est triste, elle est toujours traumatisée plus d'un an après. Ce n'est pas juste. Elle aurait du pouvoir vivre son bonheur sans s'inquiéter ; son type était probablement quelqu'un de bien et ils avaient la vie devant eux ...
Mais elle a encore tout à vivre. J'ose une légère bousculade entre nos épaules.

" ... j'ai pas envie d'un autre binôme. Mais on peut remettre l'exercice à plus tard. Quand tu iras mieux. "

Parce que l'espoir ne m'abandonne jamais et que j'aime le communiquer, je lui souris à nouveau et profite du calme ambiant pour finir cette cigarette au goût de confidence.

" En attendant, je ne sais pas toi mais, je vais... aller faire un tour. On n'est pas à une séance près. Et je connais un bar sympa. "

J'aimerai qu'elle vienne, mais la miss Langton paraît plus du genre à aller s'effondrer sur le canapé devant un film niais. Remarque, savoir qu'elle est veuve et endeuillée ne me dit rien sur son caractère ;
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eva est reconnaissante qu'alexis ne cherche pas à en savoir plus, ne pose pas de questions auxquelles elle n'a aucune envie de répondre. elle est soulagée qu'il ne dise rien, qu'il ne lui sorte pas les phrases bateaux qu'elle a déjà entendu des centaines de fois sans que cela ne fasse écho dans ses pensées. il continue à fumer tout en dédramatisant la situation et ça la fait sourire. le sujet est plus ou moins clos et ça la rassure. « l'irrésistible besoin de nicotine, bien-sûr. » répond-elle avec le même sourire entendu. elle sursaute quand leurs épaules entrent en contact puis elle hoche la tête. « ouais, peut-être plus tard... » elle s'abstient de préciser que vu où elle en est, elle n'est pas prête d'arriver cette prochaine fois. tant qu'elle ne laissera pas john partir, ce sera impossible, elle le sait, mais elle n'est pas prête à le laisser s'en aller. c'est pas si long un an et demi, le temps viendra. et pour l'instant, elle n'a pas le moindre désir de le voir venir.

elle prend le temps de réfléchir un instant lorsqu'alexis lui propose de se rendre dans un bar. elle culpabilise légèrement, après tout elle prend sa soirée et fait garder tim pour se rendre à son cours de théâtre, pas pour aller boire un verre avec un homme qu'elle connait à peine. elle jette un coup d'œil vers le théâtre. se sent elle capable de retourner s'installer à l'intérieur ? d'écouter les questions de tout le monde ? de faire comme si de rien n'était ? comme si elle n'avait pas été tant ébranlée ? non, bien-sûr que non. « pourquoi pas, ça me changera les idées ! laisse moi seulement récupérer mes affaires. » elle lui lance un sourire avant de rentrer la tête dans les épaules et de se faire toute petite pour aller chercher son sac et sa veste. elle ne fait attention ni aux regards, ni à la scène qui est en train de se jouer. elle adresse seulement un signe de la main au prof pour lui faire comprendre qu'elle viendra s'expliquer la semaine suivante.

une fois dehors, elle adresse un nouveau sourire timide à alexis. « on peut y aller. » peu désireuse de laisser un silence gênant s'installer et de passer pour la veuve éplorée enfermée dans son deuil, eva reprend la parole au bout de quelques pas. « alors, c'est ce que tu fais après le théâtre ? tu vas finir ta soirée dans un bar ? » un sourire moqueur étire ses lèvres même si elle est bien contente de cette proposition. depuis combien de temps n'est-elle sorti prendre un verre ailleurs qu'au bar de son propre restaurant ? elle préfère ne pas compter.
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Quelques secondes d'hésitation légitime, puis Eva soulage mon impatience :

« pourquoi pas, ça me changera les idées ! laisse moi seulement récupérer mes affaires. »

Surprenante. Je lui fais signe de ne pas bouger, je l'attends même très sagement. J'ai tout sur moi de toute façon : un portefeuille et mes clopes. Lorsque la jeune femme revient, je prends un instant pour dire au revoir aux camarades en passant tout juste la tête par la porte ;
Allons-y.

Décidée à faire la discussion - je soupçonne derrière son interrogation une réelle envie balayer sa mélancolie, le temps d'un verre au moins - la miss m'imagine comme le parfait bon vivant que je suis.
Effectivement, nombreuses sont les soirées que je termine - ou commence - un verre à la main.

" Est-ce un jugement que je vois sous tes airs de femme innocente ?! "

Loin d'être vexé, je m'amuse de l’atmosphère léger qui plane entre nous, très loin de la tension subie sur les planches dix minutes plus tôt. Non, Eva n'est pas une veuve éplorée. Ses forces sont probablement dissimulées, volontairement étouffées, mais réelles.
Il faut que le temps fasse son œuvre, après quoi elel ira mieux.

" J'adore l'ambiance de certains bars, j'avoue, j'y passe du temps. "

Mais je suis trop actif pour passer tout mon temps à la beuverie. Le comptoir, c'est juste l'un des meilleurs moyens que je connaisse pour faire de nouvelles connaissances. J'aime rencontrer sans cesse d'autres personnalités et bavarder, échanger, débattre sur tout et rien.
La variété me fascine.

" Viens, ils ne mettent ici que de la bonne musique ! "

Dis-je en posant une main dans son dos pour lui faire prendre la première ruelle à droite qui débouche sur la terrasse d'un établissement fort chaleureux. Trois tables sur six sont occupées par plusieurs amis joyeux, leurs rires cachent presque les tonalités émanant de l'intérieur.

" Tu veux te mettre où ? "

Il fait bon ce soir mais je n'ai aucune préférence et attends que la belle choisisse pour nous.
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elle frissonne dans l'air du soir tout en resserrant sa veste sur sa poitrine. elle se laisse aller à rire. « qui t'a dit que j'étais une femme innocente ? » demande-t-elle avec une moue faussement vexée qui ne le trompe sûrement pas. elle hausse finalement les épaules, oui elle est sûrement une femme innocente. mais qui a été suffisamment courageuse pour laisser sa famille derrière elle et construire sa vie sur un autre continent. « mais non, ce n'est pas un jugement, je comprends ce qu'il y a de plaisant. » ce n'est pas forcément ainsi qu'eva aime passer son temps libre, quand elle en a, mais elle imagine très bien les sensations et la satisfaction que les gens peuvent trouver dans les ambiances de bar. eva se laisse docilement guider, se demandant si elle a raison de laisser tomber sa garde ce soir. son estomac est légèrement noué, sentiment qu'elle essaye de cacher derrière une aisance un peu feinte. à nouveau le contact avec alexis la met mal à l'aise mais elle se retient de se dégager et se laisse entrainer vers la terrasse qu'il a choisi. bien évidemment elle ne connait pas l'établissement et doit faire confiance au goûts musicaux de son compagnons qui ne sont certainement pas les mêmes que les siens. elle voit mal son vis-à-vis écouter des chansons de lovers en espagnol et elle retient un sourire en préférant se taire. à la demande d'alexis, elle choisi une table au hasard et se laisse tomber sur l'une des chaises. elle se sent complètement vidée. d'un air absent, elle jette un rapide coup d'œil à son téléphone, un sms de sa belle-mère s'affiche pour lui indiquer que tim dort. elle sourit et range l'objet au fond de son sac, l'échangeant avec un paquet de cigarettes qu'elle pose entre elle et alexis. « ça a l'air sympa ici, c'est vrai. » commente-t-elle en regardant autour d'elle. quand un serveur s'approche elle commande un verre de vin blanc et attend qu'alexis passe également sa commande. elle prend à nouveau la parole alors que le serveur s'éloigne. « alors, dis moi, qui es-tu alexis ? » demande-t-elle finalement en rigolant légèrement.
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Nous prenons place et j'inspire profondément, détendant les muscles de mes épaules et de ma nuque, comme pour entamer le début d'une séance de relaxation. C'est un peu ce à quoi correspondent les soirées en terrasse avec des amis - ou des conquêtes. A mes yeux du moins.
La jolie Eva n'entre dans aucune de ces catégories. Mais, qui sait, elle deviendra peut être une amie...

Alors que la voix chaude de Amy Winehouse, via les enceintes judicieusement déposées ci et là, enrobe discrètement notre duo, nous prenons commande. J'accompagne docilement la jeune femme pour le vin blanc - commençons sagement - avant de replacer mon attention sur elle et son amusante question.

« alors, dis moi, qui es-tu alexis ? »

Ça dépend des jours, ai-je envie de dire. Nous sommes tous plus ou moins différents selon l'humeur et nos interlocuteurs. Mais sa question a un sens néanmoins. Qui suis-je dans les grandes lignes ?
Je souris.

" Oh comme tu as déjà pu le voir pendant les séances de théâtre, je suis un bon vivant toujours prêts  à rire ou critiquer. "

Un peu lourd parfois, sans doute. A force j'ai tendance à remarquer les réactions lasses autour de moi et, j'espère, je change alors d'attitude pour calmer un peu mes ardeurs. J'aime la vie mais je ne veux pas que cela devienne dérangeant pour autrui ;

" Je suis aussi professeur d'histoire, à la fac depuis quelques années. Je suis amateur de moto, de guitare et de tout ce qui donne à la vie un goût meilleur."

Épicurien, gourmand, bavard et j'en passe.
A cet instant, j'ai l’étrange mpression que nous sommes deux opposés. Est-ce possible ? Sinon, elle cache très bien son jeu. Le deuil qui la hante doit avoir modifié en partie sa personnalité.

" Et toi alors ? Tu prétends ne pas être une femme innocente, hm ? Permets-moi d'en douter ! "

Dis-je, taquin, tandis que nos verres sont servis.
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cigarette au bord des lèvres et verre de vin blanc dans la main, eva dodeline de la tête au rythme de la musique. elle a toujours trouvé qu'amy winehouse avait dans la voix quelque chose d'envoutant. c'est le genre de musique sur lequel on peut se laisser aller, se poser tranquillement et écouter sans rien faire, juste en pensant à la vie et aux problèmes. mais eva laisse pour l'instant ses problèmes de côté. préférant donner l'impression qu'elle est une bonne compagnie. c'est pas forcément le cas, elle est souvent un peu lourde à tirer la tronche en laissant sa mauvaise humeur et sa morosité la gagner. mais elle ne veut pas inspirer la pitié. elle veut avoir l'air d'une femme forte, elle n'a pas envie que la première chose que l'on pense d'elle c'est qu'elle est une personne sacrément amochée par la vie. alors elle lance une conversation, la plus banale qui lui vient à l'esprit. et en même temps, la plus appropriée. que faire d'autre que d'apprendre à connaître son partenaire d'un soir. elle sourit en écoutant la réponse de son aîné. « attention au karma » ne peut-elle s'empêcher de commenter avec un léger clin d'œil alors qu'il dit aimer critiquer. elle n'y croit pas vraiment au karma, plus vraiment en vérité. eva a longtemps pensé qu'en étant une bonne personne, seulement de bonnes choses pouvaient arriver. la vie lui a donné tort. elle ne pense pas avoir été une mauvaise personne et pourtant elle a reçu son lot de malheurs. enfin, peu importe. « l'histoire ? pas mal. j'aimais bien ça quand j'étais à l'école. mais enfin, rien de comparable. » eva lève son verre en direction de son binôme « à ce qui donne à la vie un goût meilleur alors. » elle sourit en haussant un sourcil alors qu'alexis déclare ne pas la croire quand elle dit ne pas être innocente. « très bien » concède-t-elle  « je te permets d'en douter un petit peu alors. » elle boit une gorgée de son vin, pas aussi bon que celui qu'elle consommait en espagne, mais toutefois appréciable. « j'élève mon fils tout en essayant de maintenir une carte correcte dans mon restaurant et je sors prendre des cours de théâtre une fois par semaine. j'imagine que oui alors, ça peut faire de moi une femme innocente. » elle hausse les épaules comme si ça n'avait pas d'importance. « il ne se passe pas grand chose dans ma vie pour être honnête. et apparemment, il peut m'arriver de me laisser entrainer dans un bar par un quasi inconnu. » elle lance un clin d'oeil moqueur tout en continuant à sourire.
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Le karma ? Le karma est mon ami, il m'apprécie et ne fait qu'enchaîner les joyeuses surprises dans mon quotidien !
Je lui rends sa moue insolente avec un sourire confiant. Non, vraiment, le karma ne viendra pas me faire payer les quelques ironies, sarcasmes et autres traits d'humour un peu délicat qu'il m'arrive de prononcer ... Je n'ai pas l'impression qu'il l'ait fait une seule fois. Ou alors mon éternel optimisme est tel que je me rends à peine compte des éventuelles emmerdes déposées sur ma route.
Je ne veux pas les voir.

Tant de choses donnent bon goût à la vie. Lorsque j'ai énoncé certaines d'entre elles, Eva lève son verre et je l'imite pour cette excellente raison de trinquer.
Ce tête à tête inattendu et engendré par une drôle de tension est sans doute l'un de ces moments que j'adore.

" A ce qui donne à la vie un goût meilleur, et à notre binôme improbable de comédiens amateurs ! "

Dis-je en portant le verre à mes lèvres.

J'ai donné quelques unes de mes passions et les grandes lignes de mon caractère, c'est en toute logique que je m'intéresse aux siennes.
Veuve, donc, et adepte maladroite de l'improvisation, voilà tout ce que je sais de la plus charmante fille du club de théâtre. J'entends alors son rôle de mère seule, cheffe dans un restaurant ? Sans visible honte, sans grande appréhension, la belle insinue paisiblement que la monotonie de son existence l'entraîne, parfois, à la suite d'un quasi inconnu ...

Je profite de ce clin d’œil amusé pour rebondir. C'aurait été compliqué de ne pas sombrer dans le dramatique si elle n'avait pas fait l'effort d'une note moqueuse. Je l'en remercie d'un signe de tête et hausse à mon tour les épaules :

" ...Hm, faut faire gaffe avec les quasi inconnus. Certains sont sans doute mal intentionné...  " Bah, on a toujours dit ça. " Puis t'en as qui sont complètement inintéressant. Après tu peux avoir la chance de tomber sur un de ces rares séducteurs intellos au charisme envoutant ! J'sais pas si tu vois ; "

Prenant un air angélique ridicule, je fais mine d'observer la clientèle environnant avant de revenir à la miss Langton.

J'peux être stupide, mais son histoire me touche. Je ne devrais pas m'en mêler, pas même me pencher sur le sujet, et refouler les indiscrétions entêtantes qui naissent déjà sur mes lèvres. Cependant la curiosité est réelle et une forme d'empathie me pousse :

" Il a quel âge, ton p'tit bout ? "
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clin d'œil. à ce duo improbable de comédiens amateurs alors. eva sirote son vin tout en écoutant son vis à vis parler de sa vie. quand vient son tour, elle reste vague, peu désireuse d'entrer dans les détails. il faut vraiment qu'elle sorte plus si elle en est à confier la monotonie de son existence à un homme  qu'elle connait seulement de vue. elle est contente qu'alexis ne commente pas cet aveux quelque peu triste et préfère rebondir sur son trait d'humour maladroit. « est-ce que je dois m'inquiéter alors ? » demande-t-elle inutilement, sachant pertinemment que si son compagnon est mal intentionné elle est déjà foutue avec son verre d'alcool à la main. il y a longtemps qu'elle ne s'était pas comporté un peu inconsciemment et pour être tout à fait honnête, cela lui fait du bien de déconnecter un petit peu. d'habitude, eva laisse peu de place à l'imprévu dans sa vie, elle a toujours peur qu'il lui arrive quelque chose et évite toutes les situations qui pourraient l'éloigner de tim plus de quelques instants. mais ce soir, pendant l'improvisation, les barrières qu'elle érige autour d'elle pour se protéger se sont fissurées et elle accepte étrangement de laisser un peu ses émotions s'échapper tout en prenant garde à ne pas laisser la brèche s'agrandir plus que nécessaire. « rare séducteur intello au charme envoûtant ? ça va la modestie indiana jones des temps modernes ? » elle rit avant de rougir, la séduction et le charme envoûtant ne sont définitivement pas son terrain de prédilection. elle se râcle la gorge avant de prendre une nouvelle gorgée de son vin pour se redonner contenance, dios il faut vraiment qu'elle sorte plus ! elle se sent bien plus à l'aise quand la conversation revient sur fils. « tim a huit ans » répond-elle avant de soupirer. « déjà... » il grandit bien trop vite, elle a toujours l'impression qu'il est né hier, quand tout allait encore bien et que la famille était complète. déjà deux anniversaires de son fils sont passés depuis le décès de john, et ça la mine, sans qu'elle ne puisse s'empêcher de se demander quels souvenirs de son père tim gardera, lui qui était si jeune. nouvelle cigarette, encore, elle ne préfère pas compter sa consommation, elle se ferait peur. une nouvelle fois, eva éloigne la tristesse en faisant l'autruche, n'ayant vraiment pas envie de craquer pour la deuxième fois en une seule soirée. avec l'aisance que confère l'habitude lorsqu'un sujet la met mal à l'aise, elle redirige la conversation vers son interlocuteur. « et toi ? tu as des enfants ? »
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« est-ce que je dois m'inquiéter alors ? »

Pas vraiment, non. Certains diraient, en plaisantant, qu'il m'arrive d'être un véritable chasseur. J'admets que comme la majorité de mes confrères, j'aime prendre les jolies inconnues pour cible. Je suis en quête de proie assez régulièrement, mais rassurez-vous, toutes finissent par être consentante - sans quoi j'abandonne la traque avant de devenir pénible. Promis
.
Je me demande pourquoi cette sensation de chasse n'a pas la même saveur ce soir. Sans doute parce qu'elle n'existe pas. En fait. Je n'ai pas invité Eva pour espérer la séduire - bien qu'elle soit parfaitement séduisante. Exactement mon genre ;
Je voulais surtout me faire pardonner l'improvisation en cours de théâtre et m'assurer de ne pas avoir condamné sa soirée aux larmes...

J'esquisse un sourire modeste à sa moquerie avant de reprendre une touche de sérieux. L'exercice en terrasse s'avère plus complexe que sur scène, pour moi. Il s'agit de lui changer les idées, de montrer un intérêt sincère pour sa personne sans risquer de provoquer trop de peine face aux sujets délicats de sa vie.
J'apprends alors que son fils, Tim, a seulement huit ans. J'aurai parié plus petit, la demoiselle paraît elle-même si jeune.

" ... Il a déjà atteint l'âge de raison, comme on dit. Sept ans c'est ça ? Alors maintenant, ce doit être un vrai petit bonhomme ! "

Une drôle d'appréhension me pousse à porter mon verre à mes lèvres, le regard au loin. J'aurai presque préféré qu'Eva évoque son mari disparu - bien qu'il s'agisse d'un thème embarrassant pour nous deux - plutôt que de poser cette fatale question.

« et toi ? tu as des enfants ? »

" Non. Non je ne pense pas avoir d'enfants ! "

J'en souris, mais je passe probablement pour un vrai salop. Elle doit se demander si je suis le genre de coureur de jupons qui ne sait même pas s'il a déjà engrossé une amante ou si je fais partie de ces personnes étranges qui ne veulent absolument pas de descendance ;
La vérité, c'est que je suis les deux à la fois.

" Ça n'a jamais été un projet et... et tant mieux. Je suis un éternel célibataire, ça n'aurait pas été juste de faire des enfants. Par rapport à la maman, je veux dire. "

J'assume, mais je sais que la société bâtie telle qu'elle est aujourd'hui me jugera quoique j'en dise. Il n'y a pas d'excuse ni d'explication, juste une position qui me convient ;
Je crois.
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le terrain devient quelque peu glissant pour eva lorsque la conversation s'engage sur la famille. mais elle ne se braque pas, fière de parler de son fils. il est son rayon de soleil de tous les jours. elle est heureuse de le voir grandir autant qu'elle est triste qu'il ne soit plus son petit bébé. il est à la fois si petit et si grand. « ça lui ferait plaisir d'être qualifié de petit bonhomme » dit-elle dans un sourire. « il a hâte d'être grand et moi je trouve que cela arrive bien trop vite. » elle retourne la question, à la fois pour éloigner la conversation autour de sa pathétique existence mais aussi pour apprendre à connaître alexis. eva trouve qu'il commence à en connaître beaucoup de choses sur elle en si peu de temps et elle tient à rééquilibrer quelque peu la balance. la réponse d'alexis la désarçonne et elle cache sa surprise derrière son verre de vin. elle sent ses sourcils se lever et tente de regagner un visage neutre. comment est-il possible de penser ne pas avoir d'enfants ? elle se mord la lèvre pour retenir une remarque acerbe. alexis se dit séducteur, mais l'est-il au point d'utiliser les femmes, de les voir une fois et ne pas savoir si l'une d'elles a pu tomber enceinte ? eva hoche lentement la tête alors qu'il se justifie, son enthousiasme douché par la façon d'alexis de formuler les choses. être un éternel célibataire, ne pas vouloir d'enfants, eva peut le concevoir. ce n'est pas sa façon de voir la vie mais chacun fait ce qu'il veut de son existence. sans doute vaut-il mieux ne pas avoir d'enfants que ne pas pouvoir les élever. c'est certainement mieux de ne pas se marier si l'on est incapable d'être fidèle. mais entre cela et ne même pas savoir si l'on a des enfants quelque part, il y a un monde. eva fronce les sourcils en pinçant les lèvres. « ne pas vouloir d'enfants et penser ne pas en avoir, c'est différent » ne peut-elle pas s'empêcher de marmonner. elle ne sait pas si sa voix parvient jusqu'aux oreilles d'alexis, peu importe. « pas juste par rapport à la maman ? ça veut dire que tu te serais tiré en apprenant que ta partenaire était enceinte ? » jolie mentalité... pour eva, profondément féministe, cette façon de penser est à vomir. « enfin, chacun fait ce qu'il veut de sa vie. » sa voix est froide, son attitude beaucoup plus distante. appuyée sur le dossier de sa chaise, elle fume en laissant son regard courir sur la terrasse, se demandant pourquoi elle a pensé que ce serait une bonne idée de se laisser entraîner dans un bar par un inconnu, qui se révèle misogyne.
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Avant même qu'elle réagisse à mes propos maladroits, je sais que Eva prend de travers ce que mes mots et les silences qui les accompagnent sous-entendent. De camarade occasionnel de théâtre j'entre soudain dans la case des hommes suspects dont il vaut mieux se tenir éloignée ;
Sauf qu'elle est assise là, sirotant un verre de vin, clope entre les lèvres, trop polie pour me fausser compagnie si brutalement.
Trop polie. Ou a-t-elle l'espoir que je rattrape quelque chose ?

« ne pas vouloir d'enfants et penser ne pas en avoir, c'est différent »

Dit-elle en envoyant son joli regard le plus loin possible comme pour s'épargner le spectacle d'un imbécile de trop, un imbécile qui s'est immiscé dans sa bulle dorée.

Je déglutis, puis hésite. Je doute avoir quoique ce soit à lui expliquer quant à mon point de vue ni mes méthodes ou ma conception de la vie. Je ne lui dois rien. Pas de raisons, encore moins d'excuses ! Sa statut de mère célibataire lui donne peut être l'impression qu'elle a le droit de juger ceux qui parviennent à évoluer en dehors des carcans de la société.

Allez savoir, sa contrariété palpable me dérange quand-même.

" Pas juste de faire des enfants en sachant que je n'étais pas capable d'être un père - ou un conjoint - stable. "

J'attrape mon verre dans un geste légèrement nerveux, transcendant un semblant de colère, puis avale une gorgée avant de préciser :

" Je ne me serai pas tiré. Je ne l'ai jamais fait. J'ai préféré ne pas faire d'enfant. "

Comprend-elle ? Il n'aurait pas été juste d'avoir des gamins, même si l'idée s'était avérée tentante - jamais - car j'aurai condamné une femme à partager la parentalité avec l'incapable adulte que je suis.

Ses conclusions hâtives, condamnations gratuites, me blessent. J'essaye de les balayer. On ne s'est pas compris, ça arrive. Ce n'est pas pour ça qu'on se déteste. Pour en arriver là, il faut d'abord s'apprécier.
Non ?

" ... Excuse-moi, j'suis malhabile. "

Et incertain. Est-ce que j'aurais abandonné une amante enceinte ? J'ose espérer que non, malgré l'horreur qu'aurait été l'horizon dès lors. J'aurais juste fait de mon mieux.
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il faut qu'elle se détende, qu'elle respire et qu'elle prenne le temps de réfléchir à ce qu'elle va dire. les mots employés par alexis la révolte mais elle n'a pas envie de déclencher une dispute pour autant. eva a le sang chaud que l'on associe aux caractères méditerranéens et pourtant, elle n'aime pas les situations de conflits, la plupart du temps, elle les fuit comme la peste. c'est sans doute pour cela qu'elle est toujours assise son verre encore à la main. elle pince les lèvres alors que son compagnon tente de s'expliquer, de justifier les formulations employées. elle a envie de croire à de la maladresse mais ne sait pas quoi en penser. pourquoi se prend-elle autant la tête de toute façon ? rien ne l'oblige à rester à cette terrasse, à trouver des excuses à un type un peu macho. elle se retient de répliquer qu'il n'en sait rien, si ça se trouve il a laissé une jeune femme derrière lui sans le savoir. c'est plutôt ce que voulaient dire ses premières paroles, mais eva ne relève pas. ce ne sont pas ses affaires et elle n'a aucune envie de se lancer sur un débat mettant en scène différentes conceptions de la famille. eva termine sa cigarette et reprend la parole en écrasant nerveusement son mégot dans le cendrier. « désolée, c'est moi qui n'aurait pas dû juger, ce ne sont pas mes affaires. » elle termine son verre, tentant de se détendre mais c'est peine perdue. « je suis fatiguée et à cran, je ferais mieux de rentrer me reposer. » la soirée a été longue et éprouvante et eva justifie sa fuite par la fatigue. elle dépose sur la table de quoi payer sa boisson avant de refermer son sac. « merci pour la soirée et encore désolée pour la scène au théâtre. j'imagine qu'on se voit la semaine prochaine. à mardi ! » dit-elle avant de se lever.
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Je pensais pouvoir la faire sourire. Pas lui faire oublier ses fantômes, évidemment, mais au moins les renvoyer loin dans ses pensées, si loin derrière ses souvenirs afin qu'elle puisse passer quelques minutes avec gaieté et sérénité.
Je pensais - comme souvent - être en mesure d'être un divertissement agréable pour la jolie Eva.

Outrageusement confiant, j'étais persuadé que le léger vent de tristesse qui a soufflé sur la scène du théâtre allait être remplacé par un tête à tête sympathique.  

« je suis fatiguée et à cran, je ferais mieux de rentrer me reposer. »

Son verre vide et ses mots ne laissent aucun doute quant à l'issue de ce rendez-vous improvisé et raté.

" Non, laisse ! "

Dis-je tandis que la jeune femme dépose sur la table de quoi payer son verre. Je n'arrive même pas à attraper la monnaie pour la lui rendre, un billet s'échappe de mes doigts et je suis obligé de contourner ma chaise pour le rattraper. Finalement lorsque je lui tends la poignée de dollars, Eva s'est levée et me remercie - par politesse uniquement. Je grimace, hoche la tête et attend que ce moment désastreux prenne fin ;

" ... ouais, à mardi. "

Désolé, confus, honteux ; je mets les mains dans les poches et envisage bêtement de rentrer pour m'ennuyer. Comme si je n'avais, après ça, plus le droit de m'amuser ce soir.
Je pensais pouvoir être intéressant.
Pour une fois, non seulement j'ai eu tort, mais je m'en rends compte. Double effet de gifle.
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