Elle traîne sa carcasse la rousse, scène digne de bridget jones qui se déroule dans le salon bien trop immaculé de poussière, pas une trace de poussière, rien qui traîne, parce que le chaos qui règne dans le coeur de Noé n'empêche pas que son appartement doit être bien rangé, elle a eu une crise de rangement à une heure du matin en rentrant du théâtre et fort heureusement, aujourd'hui est un jour off. Parce qu'elle n'aurait pas pu. Elle n'aurait pas pu faire semblant une fois de plus. Depuis une semaine, elle a l'impression que sa vie est mise sur pilote automatique. Depuis qu'elle s'est pointée à l'appartement de Samia, qu'elle est tombée sur une de ses colocataires qui était adorable, au passage, mais qui l'a prévenu qu'elle était partie. Partie où ? Elle a été incapable de lui dire. Incapable de lui dire la destination qu'avait choisie celle qui faisait battre son coeur un peu trop vite, depuis trop longtemps. Et le numéro n'est plus attribué, comme si elle avait tout simplement disparu de la surface de la terre. Comme ça. Évaporée. Disparue. Plus rien. Le message de Soledad était arrivé à point nommé et elle était plus qu'heureuse de savoir qu'elle allait passer du temps avec son amie. Elle s'était enfermée dans un carcan, Noé. Dans sa bulle, avec Samia. Et voilà que maintenant, sa bulle avait éclatée et elle s'était retrouvée seule. Sa tendre soeur qui avait d'autres soucis à régler, sa mère qui n'avait pas été au courant du retour de Samia dans la vie de sa rouquine de fille, elle ne savait pas à qui en parler et elle ne savait même pas à qui en parler. Et elle ne voulait pas en parler, au fond. Elle tirait sa carcasse de sous la couette, se glissait sous la douche et elle se préparait, enfilait la dernière combinaison blanche qu'elle avait acheté, elle attachait ses cheveux en un chignon serré avant de se maquiller pour cacher les valises qui avaient prit place sous ses yeux. Ses lèvres habillées d'un rouge carmin, elle enfilait sa veste en cuir avant d'attendre que Soledad n'arrive ce qui ne tarda pas, régler comme sur du papier à musique, elle ouvrit alors la porte en attrapant son sac à main et un grand sourire naissait sur ses traits alors qu'elle offrait une accolade chaleureuse à son amie « Tu tombes à point nommé sinon je ne serais pas sortie de mon lit. » avoue Noé en replaçant machinalement une mèche de cheveux derrière l'oreille de la latina avec un sourire en coin « Alors, où m'emmènes-tu ? » demande t-elle avec une voix qui trahissait son impatience grandissante. Fermant à clé la porte de son appartement avant de vérifier à trois fois, si elle était correctement verrouillée. « Je suis prête ! »

Les pans de sa vie qui se morcelle peu à peu, Noé ne peut s’empêcher de trouver en Soledad, une présence réconfortante, et un salut invisible pour ne pas craquer et ne pas finir par faire une bêtise. Elle n’a jamais penser cela, n’a jamais eu de pensées néfastes et nocives mais elle ne pouvait s’empêcher de se dire que la vie était bien trop compliqué en ce moment et qu’elle avait besoin de réconforts qu’importe ou elle le trouverait. « Mon preux chevalier aux cheveux longs. » rétorqua Noé en riant avant de se laisser attirer vers l’extérieur, la ou elle n’aurait définitivement pas mis un pied et la ou elle aurait passer sa journée à se morfondre, voila que le programme était tout autre. Et ça lui faisait le plus grand bien.

A l’entente de la destination, Noe gloussa comme une adolescente amourachée avant de serrer les poings de contentement « Oh oui ! ça fait bien longtemps que je n’ai pas profité d’un pique nique dans le parc. » À vrai dire elle ne prenait plus le temps de rien Noé, métro, boulot, dodo (si on excluait du programme les séances intensive de ménage et les envies de brancher avec des amis qui ne lui répondait qu’une fois sur quatre) était devenu son quotidien pour s’empêcher de penser au fait que tout allait bientôt se terminer et que Samia avait prit le large loin d’elle, prétextant que tout n’était qu’une erreur et qu’elles devaient en rester là. Noé n’en avait parler a personne pour ne pas abîmer encore plus son amour propre, mais elle avait besoin de parler, c’était certainement aussi pour cela qu’elle avait accepté de voir Soledad parce qu’elle savait qu’elle trouverait du réconfort et en son amie, une présence réconfortante.

Noé déposa une main sur le bras de Soledad qui était crocheté au sien, inspirant l’air frais (quoique pollué) de la ville, tout en posant son regard partout autour d’elle. Son regard s’attarda sur un couple qui s’embrassait, deux femmes qui semblaient se retrouver après une longue séparation, et Noé ne put s’empêcher de penser que ça aurait pu être Samia et elle, mais elle fut ramener à la réalité par Soledad qui prit la parole et un sentiment d’apaisement prit place dans le palpitant de la rouquine. « je dois avouer que tu m’as manqué aussi. » Leurs étreintes lui avait manqué, leurs retrouvailles autour d’un verre lui avait manqué, le franc parler de Soledad aussi, tout en elle lui avait manqué au fond même si elle ne l’avouait pas totalement. Après tout elle pourrait tout gâcher et elle avait déjà perdu bien trop pour continuer à perdre encore. « Je te le répète mais ça me fait du bien de te voir. » prononça Noé d’une voix légère avant de rentrer dans le parc pour s’installer sur l’herbe, après avoir déposé sa veste sur le sol, à cause d’une météo clémente et d’un temps relativement doux « Alors quoi de neuf sur la plante Castellano ? » Elle espérait secrètement que ce soit plus réjouissant que sa propre vie, mais elle n’en était pas bien sur.

Noé n'avait jamais été du genre pessimiste, le genre de personne qu'on ne voit pas sans son sourire, sans sa bonne humeur légendaire mais il faut se dire que les aléas de la vie commencent à lui peser sur le moral, et à affaisser ses épaules. Bientôt, elle n'aura plus cette routine, celle qui veut qu'elle se lève pour aller rejoindre Broadway, avant de s'échauffer, avant d'enfiler la robe d'Anna et de faire rêver les petites filles. Bientôt, elle n'aura plus rien, pas même Samia pour la réconforter, Samia pour venir chez elle avec son sourire et sa joie de vivre, Samia pour venir se perdre dans ses bras. Noé a perdu tant de choses en si peu de temps qu'elle se demande bien encore comment elle parvient à se lever le matin. Mais Soledad est sûrement l'une des raisons pour laquelle elle a traîné sa carcasse à l'extérieur. Un sourire sincère se dressa sur les lèvres de Noé quand Soledad lui annonça que ça lui faisait autant de bien à elle qu'à la rousse. Elle en était ravie, si elle pouvait au moins faire quelque chose de bien de sa journée, ça l'arrangeait. Ses jambes qu'elle croisait une fois au sol, elle ne put s'empêcher de rire à la réaction de Soledad quand le bouchon venait de s'échapper et elle la regardait avec attention, remplir les deux gobelets en carton. Et elle écoute avec une attention certaine les dires de son amie, avec un petit sourire qui s'étire sur les lippes avec que le sourire ne se fane un instant et qu'elle se mordille la lèvre inférieur « Oh... » Elle ne s'attendait pas à ça. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle lui annonce ça mais en même temps elle aurait dû s'en douter, Owen l'aurait sûrement prévenu qu'il avait rompu avec Hope et elle ne sait même pas si elle aurait été capable de faire comme si de rien n'était. « Alors si tu penses que tu as fait le bon choix, écoute ton coeur. » Noé boit une gorgée de la boisson avant de regarder Soledad « Et honnêtement, je pense qu'il faut qu'Hope fasse le ménage dans sa tête et peut-être qu'après ça ira mieux. » Noé se doutait qu'il avait fallu beaucoup de courage à Soledad pour prendre cette décision et elle déposait alors une main sur celle de son amie comme pour l'apaiser et prendre la mélancolie qui a dû faire place au creux de son coeur. Et elle hausse les épaules simplement quand on lui demande ce qu'elle a bien pu avoir de nouveau dans sa vie depuis tout ce temps, elle prend alors une gorgée de boisson pour se donner du courage et elle grimace « Hum, disons que je suis retournée à la case du célibat, que je ne serais plus Anna d'ici la fin du mois de Janvier et que je ne sais pas où va ma vie. » prononce Noé en riant -faux, bien évidemment- et elle soupire un peu avant de se gratter la nuque « Mais sinon, rien de bien neuf. » Après tout, elle appréciait la tranquillité et elle aurait voulu ne rien se rajouter.

Sa psy lui avait dit qu'il ne fallait pas qu'elle se laisse couler, qu'il ne fallait pas qu'elle se laisse abattre et qu'elle devait voir du monde, pour ne pas se renfermer dans sa coquille, pour ne pas se renfermer dans son cocon qui n'était autre qu'une spirale infernale qui ne faisait qu'empirer le mal être et l'envie de disparaître. Mais elle avait d'autre choses à penser, comme son amie et ses relations qui n'étaient sûrement pas autant au beau fixe qu'elle ne l'espérait et une grimace s'étira sur ses lèvres quand elle lui disait qu'elle ne l'attendrait sûrement pas « Si tu penses que c'est le choix à faire alors... » prononça t-elle sans vraiment réfléchir. Elle devrait peut-être plaider la cause de Hope, parce qu'elle ne voulait pas que Soledad soit malheureuse et elle savait que si elle prenait cette décision, elle le serait sûrement.

Noé sortit la bombe avec tant de nonchalance, qu'elle ne reprit même pas ses mots, elle haussa simplement les épaules, comme dépitée par ses propres paroles « C'était plus ou moins officiel. Enfin c'était surtout caché en fait. On a essayé de se trouver un jardin secret et elle est partie comme ça, du jour au lendemain. Peut-être que c'était un signe du destin. » Parce qu'après tout, Samia et Noé ça avait toujours été comme ça, une histoire entre parenthèses, des instants suspendus dans le temps, à l'abri des regards, tapis dans l'ombre. Et voilà que maintenant, leur relation ne verra jamais la lumière. Malheureusement.

Elle ne savait pas où elle allait, elle ne savait pas de quoi les prochains mois seraient fait, peut-être qu'elle se reposerait, qu'elle prendrait des vacances, de réelles vacances, ailleurs. En Californie, en Floride, ou quelque part dans le monde. Ou peut-être qu'elle ne quitterait pas son travail, qu'elle continuerait encore et encore à faire des auditions dans le seul et unique but de ne jamais s'arrêter. « Je pensais auditionner pour le moulin rouge potentiellement. Enfin je n'en sais rien. » prononça t-elle d'une voix lasse et triste, elle leva les yeux au ciel pour ne pas laisser la tristesse s'emparer d'elle. Elle prit une gorgée de sa boisson pour penser à autre chose avant de sourire à la vue du pouce de Soledad contre sa main. « C'est le plus important. » répéta t-elle, avant de s'avancer pour prendre Soledad dans ses bras, pour l'enlacer, comme pour laisser partir toute cette sensation étrange qui n'avait de cesse d'augmenter en elle, la tristesse, la mélancolie et toutes ces choses qu'elle avait toujours détester. « Un jour, on ne sera plus laisser pour compte. Je te le promet. » murmura t-elle, avant d'embrasser doucement sa joue. « Et ça ira, pas aujourd'hui, pas demain, mais ça ira. »

S’il y avait bien quelque chose que Noé détestait par dessus tout, c’était la solitude et tout ce qui venait avec. Personne a qui parler, personne avec qui discuter. Se dire que finalement, tout n’est que chimère et que rien ne remplacera cette sensation qui a prit au creux du coeur quand en pleine nuit, les songes deviennent mesquins. Quand les songes deviennent de pire en pire, provoquant insomnies, malgré une routine quotidienne chronométrée au millimètre près. Mais voir Soledad lui faisait le plus grand bien et elle chérissait cet instant pour le garder en mémoire et se dire que non, elle n’était pas seule. Quel l’esprit facétieux n’avait pas à tenter de convaincre qu’il n’y avait que la solitude qui accompagnait la vie de la comédienne. Elle n’avait pas spécialement envie de parler de ses projets parce qu’ils étaient flous, parce qu’ils n’étaient pas certains, mais elle tentait tout de même de se projeter dans une vie qu’elle n’avait pas l’impression d’être sienne « J’essaie de prendre soin de moi, crois moi, mon psy ne m’a jamais autant vu qu’en ce moment. » prononça t-elle avec une telle ironie dans la voix qu’on pourrait se demander si elle était sincère. Un sourire en coin s’étira sur ses lippes et une douce sensation de plénitude empara son corps à l’instant où elle venait de trinquer avec Soledad « A ce jour ! Et à nous ! » Noé cogna son verre contre celui de la brune et prit une gorgée de boisson, ses yeux qui se perdirent dans l’immensité du ciel bleu qui baignait la ville de New York de sa lumière et elle ferma les yeux un instant pour laisser l’apaisement la gagner. « Tu sais, je pense que tu es la personne avec qui j’arrive à me confier le plus aisément. Ce n’est pas chose facile à faire, parce que j’ai du mal à parler, à part à mon psy. Et je suis ravie de savoir que je peux compter sur toi. » expliqua Noé avec des trémolos dans la voix. « Et au moins, je suis sûre que tu ne juge pas. » Et ça, c’était ce qui comptait le plus.