Truth be told - Lizbeth

Elle ne sait jamais vraiment ce qu’elle pense des privatisations Lizbeth, autant elle aime parce que c’est de la bonne adrénaline, autant elle a l’impression constante qu’elle manque de temps, qu’elle ne peut pas faire tout ce qu’elle a envie et tout ce qu’elle a prévu. Si bien qu’elle paraît encore une fois trop autoritaire, trop tout. Et ça la fatigue d’avance de devoir expliquer à son second que non, on ne peut pas perdre cinq minutes sur quelque chose, parce que c’est cinq minutes on en a besoin pour autre chose. Alors quand on lui annonce que les clients sont là, elle souffle et lance les entrées. Ses doigts de fées qui dresse l’assiette, elle tremble un peu mais s’en préoccupe guère. Et c’est ainsi jusqu’à ce qu’elle passe le relais au chef pâtissier qu’elle a briefé sur les intolérances alimentaires des clients. Elle enchaîne les assiettes, encore et encore jusqu’à ce que ce soit la dernière et elle souffle de soulagement. Le rush est passé, elle peut respirer. Elle commence à tout nettoyer, aider de son second et de deux nouvelles têtes, récemment recrutées. Un débriefing rapide les attend et une fois qu’elle a terminé, elle s’autorise à regarder s’il n’y a pas eu de soucis avec Roxanne, ni même de message de Katie qui a besoin de quelque chose avant que Lizbeth ne rentre ce soir. Quand elle entend son prénom, prononcé par un serveur, elle fronce les sourcils et se tourne vers lui « Un souci ? » Aucune information ne filtre, elle fait alors la moue et regarde le serveur avant de s’échapper de la cuisine après s’être débarrassée de son tablier, et s’être essuyé les mains. Elle pousse la porte de la cuisine et se hâte pour ne pas faire attendre le type qui l’a demandé, manquerait plus qu’un macho ne vienne gâcher ce service qui semblait s’être bien passé. « Monsieur ? En quoi puis-je vous… » Et quand il se retourne, Lizbeth cligne des. yeux, elle a l’impression qu’elle hallucine ou qu’on lui fait une mauvaise blague. Elle ricane un instant et cherche la caméra cachée avant de reprendre une contenance et de reprendre un visage sérieux « En quoi puis-je vous aider ? » reprend t-elle, s’éclaircissant la gorge pour ne pas montrer son étonnement et sa gêne. Elle ne veut pas qu’il voit qu’il la perturbe encore et qu’affronter les fantômes du passé n’est pas franchement ce qu’elle avait prévu de faire aujourd’hui.

Lizbeth n’était pas rancunière, mais il y avait des moments de vie, des instants suspendus qu’elle aimerait bien effacer de sa mémoire. C’est l’effet papillon, Wesley avait eu l’indécence de la quitter par message, mais s’il ne l’avait pas fait, elle n’aurait pas rencontre le père de sa fille et surtout, surtout, Roxanne ne serait pas là. Roxanne, sa lumière dans la nuit noire, la mélodie qu’elle veut entendre a chaque instant. Alors peut-être qu’elle pourrait le remercier, ou lui dire d’aller se faire voir, d’aller voir ailleurs si elle est là. Mais non, ils sont deux adultes et vont communiquer comme les deux adultes qu’ils sont. Elle ne déclarera pas la guerre, mais s’il souhaite qu’elle le fasse, alors elle le fera. « Il parait. » rétorque t’elle avec un air presque suffisant, un fin sourire qui se dresse sur ses lèvres. Après tout, elle peut au moins faire semblant qu’elle croit en elle. Meme si elle a du mal souvent, même si elle doute beaucoup. Lizbeth congédiait les serveurs qui attendaient ses directives, elle finira de ranger elle même, et puis, ils ont fait du beau boulot et il n’y a pas tant de rangement à finir. Son cœur manque un ou deux battements quand il dit qu’il veut discuter. « Je ne sais pas si j’aurais le temps. Ma fille m’attend. » prononce t’elle en haussant les épaules, avant de faire craquer sa nuque et elle le regarde avant de soupirer « Puis qu’est ce que tu- vous voulez qu’on se dise ? qu’on prévoit un nouveau repas ? » Ou que tu t’excuses. Mais elle sait que c’est peine perdue, que les excuses ne viendront jamais. Pas de toi, pas de cette personne qu’elle pensait connaître avant de se tromper complètement.

Il y a des êtres qui vous marquent, des êtres qui marquent au fer rouge, encre indélébile au creux du coeur, dans l’ame et dans la vie. La personne avec qui a à faire Lizzie est l’une de ses personnes, peu de temps, des retrouvailles charnelles, des moments intimes puis cette rupture, par sms. Mais au fond, cette relation avait eu pour but de tout changer dans la vie de Lizzie, si elle n’avait pas rencontré Wesley, elle n’aurait pas été quitté par sms, elle n’aurait pas rencontré Nicholas et si elle n’avait pas rencontré Nicholas, il n’y aurait pas eu Roxanne et Roxanne est la plus belle chose qui est arrivé dans sa vie, alors elle pourrait lui dire merci, mais ce serait accordé de l’importance, accorder de l’importance à ce qu’il lui a fait, alors qu’elle est passée au dessus depuis bien longtemps. Mais elle a aussi quelque chose au fond du cœur c’est qu’elle n’est pas rancunière pour deux sous, elle l’est. Mais elle sait aussi faire la part des choses. Elle ne répondait rien à sa question et se notait mentalement de lui en parler plus tard. Elle hausse les sourcils, un peu étonnée. Lui s’excuser ? Elle qui pensait que c’était une chimère, quelque chose qui n’arrivait jamais. Elle acquiesçait finalement avant d’aller s’installer à une table et de s’excuser avant de revenir avec deux tasses de café. « Et oui, ma fille. Elle a six ans. Elle s’appelle Roxanne. » Elle prend une gorgée de café avant de regarder Wesley, une main qu’elle passe dans ses cheveux qu’elle a détaché en revenant des cuisines. Son second qui s’approche, elle lui fait signe qu’il peut y aller avant de reporter son attention sur Wesley « Alors, tu avais quelque chose à dire ? » Parce qu’elle attend, avec une impatience certaine sans vraiment savoir si elle a envie de les entendre, ses mots d’excuse. Savoir si elle va rêver ou non. Savoir si va réellement s’excuser ou si ce n’était qu’une excuse pour passer un peu de temps avec elle et lui faire perdre son temps. Soit dit en passant

Il y a les regrets qu'on émet et ceux qu'on garde bien coincé dans un coin de la tête, silencieux, impassibles et qu'on aimerait bien oubliés, les regrets de s'être jeté à corps perdu dans une relation qui n'avait rien de bon. Elle aurait dû voir dès le début que ça n'aurait mené à rien, mais au moins, elle avait quelqu'un à retrouver le soir parfois, quand elle se sentait seule, elle pouvait avoir quelqu'un sur qui compter pour raconter sa journée et raconter ses déboires de jeune cheffe. Mais ça n'avait pas marché et peut-être que ça avait été un signe du destin, peut-être que ça avait dû se dérouler ainsi. Et Lizzie était prête à pardonner, à passer à autre chose même si elle l'avait déjà fait depuis bien longtemps. Quand elle avait rencontré Andrew, quand elle avait eu le plaisir d'accueillir Roxanne dans sa vie pour pouvoir donner l'amour qu'elle avait à revendre à un petit être qui était le fruit d'un amour qui avait été court mais intense. « Merci, je ne chantais pas Roxanne de The Police pour rien, à l'époque. » explique t-elle en riant avant de rajouter « Ma mère dit que oui, mon frère dit qu'elle ressemble à son père. Moi je n'ai aucun avis, mais en tout cas, elle a mon caractère, ça c'est sûr. » conclut-elle en riant avant de pincer ses lèvres, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle s'attendait à des journées compliquées quand la petite aurait atteint l'adolescence. Si elle avait autant de répartie que sa mère, ça risquerait de faire des étincelles. Lizzie écouta Wesley avec attention et elle hocha la tête pour lui faire comprendre qu'elle comprenait et imprimait ce qu'il disait « Et bien il faut croire que c'est un signe alors. » Elle ne croyait pas aux signes Lizbeth, même si diverses choses qui s'étaient passé dans sa vie la faisait remettre en questions ses croyances, elle ne croyait finalement que ce qu'elle voyait. Elle prit une gorgée de café et heureusement pour elle qu'elle avait avalé le café sinon elle aurait pu s'étouffer avec quand la question ou plutôt la proposition franchissait les lèvres de Wesley. Elle ne s'attendait pas à ça, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui demande ça. Son cerveau tournait à mille à l'heure et elle se demandait s'il fallait vraiment qu'elle le fasse ou plutôt qu'elle se taise et qu'elle arrondisse les angles. « Je t'ai détesté. » commence t-elle, sans vraiment prendre de gants. « Je t'ai détesté, je t'ai trouvé lâche, hypocrite et terriblement con. » continue t-elle en serrant la tasse de café entre ses mains « J'avais l'impression de n'être qu'une idiote qui n'avait pas été capable de te faire comprendre combien je tenais à toi, combien je pouvais t'aimer pour que tu ne partes pas. » Les trémolos dans la voix montraient à quel point elle pouvait être touché encore par cette rupture sans l'être vraiment, au fond. « Mais après, je me suis rendue compte que c'était peut-être un signe du destin. Parce que si tu ne m'avais pas quitté, je n'aurais jamais eu l'opportunité de connaître le père de Roxanne et jamais elle ne serait arrivé dans ma vie. » Elle soufflait finalement parce qu'elle avait enfin sorti tout ce qu'elle avait à dire sur cette relation qui l'avait fait souffrir. Et maintenant, elle se sentait mieux, enfin pour l'instant. Parce qu'elle savait qu'une fois seule, elle continuerait à gamberger sur ce qu'elle aurait pu dire ou ce qu'elle aurait mieux fait de ne pas dire. Et ça, c'est quelque chose qui ne changerait pas.

Les affres du passé qui lui reviennent en pleine figure, Lizbeth ne se doutait pas qu'il reviendrait un jour, ou même qu'elle pourrait le croiser. Mais c'était le cas, et elle ne croyait pas au destin. Alors s'il voulait qu'elle lui dise tout ce qu'elle avait sur le coeur, elle le ferait certainement. Mais pouvait-elle le blâmer de l'avoir quitté de la sorte ? Non. Parce qu'elle avait vécu des choses qui étaient indescriptibles, des choses pour lesquelles elle ne reviendrait pas en arrière. Parce qu'il a été, au fond, le déclencheur de quelque chose de beau, et la petite fille qui l'attend chez elle, après cette soirée est sûrement la raison pour laquelle elle ne lui en voulait pas. Enfin pas vraiment. « Hm, c'est vrai que tu n'as pas eu le loisir de rencontrer ma mère, crois moi c'est un sacré phénomène. » expliqua t-elle en riant, avant de boire une gorgée de café. Elle n'avait jamais eu un mauvais fond Lizzie, toujours à voir le beau chez les gens, toujours à voir le bon côté en laissant la noirceur de côté. Et peut-être qu'elle aurait dû voir le mauvais chez Wesley, ça lui aurait évité des larmes versées et de la rancoeur inutile. Alors Lizbeth essaya, du mieux qu'elle le pouvait, de ne pas passer pour la faible de service. Les mots sortirent simplement. Sans qu'elle n'ait à y penser. « Oui, ça aurait été sympathique de me prévenir, que j'évite de m'attacher. Mais c'est mon problème ça, me lancer à corps perdu dans des relations qui ne mènerait nul part. » rétorqua t-elle, d'une voix légère en haussant les épaules avant de prendre une nouvelle gorgée de café. Elle ne put s'empêcher de rire nerveusement, avant que le sourire ne se fâne en un instant, quand il se mit à parler du père de Roxanne. Si seulement il savait. « Je me suis quand même demandé si tu avais vraiment fait ça. J'ai halluciné au moins pendant cinq minutes, avant de t'insulter. » Elle avait la franchise de le dire, au moins. Tout les noms d'oiseaux avaient fusés ce soir là, avant qu'elle ne se jette sous sa couette. Et elle rajouta « Ce serait te mentir que de dire que je vis dans un conte de fées. » expliqua t-elle, enserrant un peu plus la tasse de café de ses mains, son regard qui se perdit dans le vide et elle déglutit en faisant craquer sa nuque « Je ne suis plus avec le père de Roxanne. Il- Il m'a quitté avant que j'apprenne que j'étais enceinte. Que j'attendais sa fille. J'ai eu la décence de le prévenir mais je me suis heurtée à un mur, il n'a jamais répondu à mes messages. Alors Roxanne porte mon nom. J'aurais voulu la faire grandir avec deux parents, deux parents qui s'aiment ou non. Mais deux parents. Sauf que ça ne s'est pas passé ainsi. Et- » Elle leva les yeux au ciel, sentant son menton qui se mit à trembler, elle souffla pour reprendre une contenance, pour ne pas se mettre à pleurer devant lui, ce n'était absolument pas le moment. « Ça ne s'est pas passé ainsi. Mais c'est la vie, c'est comme ça qu'on dit non ? Je lui expliquerais si un jour elle me demande pourquoi elle, son papa ne vient pas la chercher à l'école. Quoique, je ne le fais pas souvent non plus... Peut-être qu'elle n'aurait pas dû me choisir finalement. » Et pour laisser passer la mélancolie, elle but sa tasse de café d'une traite en baissant la tête, ses deux mains posées religieusement sur ses genoux. Consciente qu'elle inspirait la pitié, mais elle avait gardé ça tellement longtemps en elle, qu'elle avait besoin de le dire, mais peut-être qu'il n'était pas la bonne personne. Mais au moins, elle l'avait dit. Pour une fois.