munroes - Anything is possible when you have the right people there to support you.

Les images ne cessent de tourner encore et encore dans sa tête et Adrian n'arrivait tout bonnement pas à se les ôter de la tête. Pourquoi avait-il allumer sa télé pour regarder la course du jour ? Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas suivi tout cela sur les réseaux sociaux comme il le faisait si bien ? Il avait fallu qu'il change son programme et voilà que maintenant il s'en mordait les doigts. Il tournait dans son appartement tel un poisson dans son bocal, ses mains derrière la nuque et il se jetta sur son téléphone quand ce dernier vibra, mais rien. Un message de Clare qui lui demandait si tout allait bien, il répondrait plus tard, quand il serait sûr que tout va bien. Il serra les dents, tenta une nouvelle fois d'appeler son beau-père, le numéro a contacté en cas d'urgence mais rien. Personne ne répond, personne ne décroche. A deux doigts de prendre un billet d'avion, il se rendit compte de l'absurdité de son envie et envoya un message à Elior à la place. Heureusement, il savait qu'll pouvait compter sur ses voisins, qu'il qualifiait surtout d'amis, et il se pressa jusqu'à deux étages en dessous et entra sans demander son reste, sans toquer, comme s'il était chez lui Je vais finir par tuer quelqu'un annonça t-il en entrant dans le salon avant de voir Adam Enfin pas vraiment tuer, salut mon pote ! tenta t-il de prononcer avant de prendre le petit garçon dans ses bras je dérange pas les tourtereaux, ça va ?

Les imprévus n'étaient pas exactement un concept que Jay appréciait, loin de là même. Certes, rationnellement, elle avait parfaitement conscience que ça dépassait les limites de son contrôle et qu'elle ne pouvait pas vraiment forcer son existence à demeurer banale et prévisible à la seule force de sa volonté — but a girl could dream. Ou, du moins, s'estimer à l'abri de toute surprise une fois sa journée terminée et la sécurité de son canapé retrouvée. C'était sans compter sur Adrian Dawkins, voisin, ami de longue date et accroc du jour que Janet n'avait vraiment, vraiment, vraiment pas prévu au programme. Et qui, manifestement, se sentait suffisamment à l'aise chez eux pour entrer sans prévenir. Pas qu'il y avait de grands risques qu'il interrompe quoi que ce soit de particulièrement intime — mais ça restait une possibilité, si infime fût-elle. Right? Right.

L'irritation de Janet face à l'arrivée inopinée de son ami se transforma en vague inquiétude devant l'annonce un rien brutale d'Adrian. Elle haussa un sourcil, ses yeux glissant par réflexe sur Adam qui quitta le canapé pour les bras ouverts d'Adrian, lequel sembla réaliser où il se trouvait mais surtout avec qui. Tu viens d'interrompre une movie night de la plus haute importance, je sais pas si on pourra un jour te pardonner, lâcha-t-elle avec l'ombre d'un sourire. Tout va bien ? ajouta-t-elle ensuite, toujours soucieuse. As extra as Adrian could be sometimes, débarquer chez eux en étalant des envies de meurtres ne figurait pas exactement dans ses habitudes, surtout en présence d'Adam.

Adrian était déjà un bon ami il y a quelques années, mais on ne peut pas nier que notre amitié n'a fait que se solidifier lors de l'absence de Jay. Adrian m'avait écouté à plusieurs reprises parler, ruminer. Il avait tenté de me remonter le moral, m'avait donné un coup de main pour m'occuper d'Adam quand c'était la galère entre le lycée et la conception de l'album -album qui, après le long retard que les complications ont causé, devrait enfin sortir bientôt- Bref, Adrian avait été un excellent ami. Il fait partie de ce genre de noms qui, dès qu'il s'affiche sur l'écran de mon téléphone, je regarde tout de suite le message dont il s'agit. Alors, quand je reçois un sms de lui qui ne me dit rien qui vaille, je lui dis de passer à l'appartement s'il en a besoin. Il ne se fait pas attendre, parce que je n'ai pas le temps de rejoindre Jay et Adam dans le canapé, ni même de prévenir ma femme de l'arrivée de notre ami que j'entends sa voix dans le salon. Je sors alors de la pièce dans laquelle je me trouvais pour retrouver Adam dans les bras d'un Adrian particulièrement agité.  « Hey... Qu'est ce qu'il se passe ici ? » Je rejoins tout le monde dans le salon et mets en pause le film qu'on avait lancé, parce que j'ai l'impression qu'Adrian va nous annoncer quelque chose avec un peu plus de conséquences que "un oiseau a encore chier sur ma voiture !".  « Je ne te propose même pas un café vu comment t'es agité... Un thé peut-être ? Comme ça tu pourras nous raconter ce qui te met dans cet état. » Je propose alors.

Il savait dans quoi il s'engageait Adrian quand il s'était remis avec Liz, il savait ce que cela impliquait. Réellement. Les courses, l'angoisse. Tout ça et heureusement, il savait suir qui comptait. Les Munroes qu'il pouvait considérer comme ses amis, étaient de bonnes personnes qui l'aidaient quand ça n'allait pas fort. Comme le Dawkins a fait pour Elior quand Janet est partie, comme il le ferait pour Janet si jamais elle avait besoin d'aide. Il savait qu'il pouvait compter sur eux plus que sur n'importe qui d'autres. Il serra Adam dans ses bras et regarda tour à tour les tourtereaux. Conscient qu'il ne devait pas en parler devant Adam, il réfléchit alors à un stratagème et regarda Adam « Dis mon pote, elle est où ta super peluche Dino ? » Il regarda le petit garçon qui s'échappait et il soupira « Liz a eu un accident de voiture, dans la course. Elle a foncé, la voiture est broyée et personne me répond. Personne répond à mes putains d'appel. Personne. Pas un connard qui me répond alors que je sais même pas si elle est en vie. » Il secoua la tête et serra les poings si fort que les jointures de ses mains blanchirent à vue d'oeil. « Et euh, je veux bien un thé. Ou une tisane, un truc pour me calmer sinon je vais devenir dingue. »

Le regard de Janet passa d'Adam dans les bras d'Adrian à son mari lorsque ce dernier les rejoignit. Mrs Byrne aurait sans doute été horrifiée d'apprendre que sa fille cadette n'était pas exactement l'hôtesse parfaite dont elle rêvait mais Elior remplissait cette fonction parfaitement et, après tout, il s'agissait d'Adrian. Il les avait certainement vu, l'un comme l'autre, au plus bas. Il n'avait pas exactement besoin qu'on lui déroule le tapis rouge et qu'on sorte les petits fours chaque fois qu'il passait leur porte. Et à en juger par son apparente détresse, il n'allait pas leur en tenir rigueur ce soir. Janet fronça les sourcils devant son subterfuge pour se débarrasser d'Adam sans le heurter. Manifestement, c'était sérieux. Assez, du moins, pour éloigner les oreilles sensibles. Janet avait encore les yeux rivés sur la porte que son fils venait de refermer lorsque son ami expliqua la raison de sa venue. Oh. Oh, shit. Elle se leva subitement, mue par un réflexe qu'elle était bien en peine d'expliquer. She wasn't a hugger, touch was definitely not one of her love languages or whatever shit the Internet was going on these days. Elle lança un regard paniqué à Elior avant de se rappeler sa proposition. Je vais faire du caf- mettre en route la bouilloire, se rattrapa-t-elle au dernier moment, assieds-toi, assieds-toi ! lança-t-elle par-dessus son épaule avant de s'éclipser à la cuisine pour remplir la bouilloire et sortir des tasses, un rien tremblante. Old Liz n'était peut-être pas sa meilleure amie — no one was, really — et l'empathie n'était pas son fort non plus, mais elle savait très bien qu'elle serait probablement incapable d'aligner deux mots à la place d'Adrian, encore moins d'être en capacité de demander de l'aide à des amis si quoi que ce soit arrivait à Elior.

Je n'ai jamais vu Adrian dans cet état. Paniqué, apeuré, énervé. Un mélange de sentiments semblent tourbillonner dans les yeux de mon ami, et dieu sait que je connais ça. Alors qu'Adam part chercher sa peluche, je fais quelques vers mon ami dans le salon, et me stoppe net quand Adrian annonce la raison de sa venue. Je prends le temps de déglutir un coup, comme pour littéralement ingérer la nouvelle. Non, je ne suis pas le plus grand fan d'Elizabeth Haas, mais les affinités ne rentrent jamais dans l'équation quand il s'agit d'un accident grave. La réaction d'Adrian face à la situation ne me semble pas disproportionnée du tout; la vie de Liz pourrait être en danger. Jay se rut dans la cuisine afin d'aller faire chauffer de l'eau pour faire des tisanes, je sais qu'elle n'est pas à l'aise dans une situation comme celle-là. Alors, je pose ma main sur l'épaule de mon ami, et réponds de la voix la plus calme possible. « Elle a raison, asseyons-nous. » Et je pose mes fesses sur le canapé, les bras plantés dans mes cuisses, chaque index placé sur mes tempes. « Tu l'as vu à la télé ? » je lui demande, avant de me reprendre. « Bien sûr que tu l'as vu à la télé, quel con. » Je me pince les lèvres, et une partie de moi s'étonne de ne pas avoir déjà revu Adam courir dans notre direction, Dino dans les bras, avant que je me rappelle que j'avais dû, le matin même, mettre la peluche dans la machine à laver suite à un accident de chocolat chaud. Tant mieux, ça nous laissera un peu de temps pour discuter avec Adrian avant que le petit ne se souvienne de ce détail. « Nan, la vraie question c'est, la voiture, t'es sûr que ce que t'as vu à l'écran était clair ? Elle est vraiment euh... broyée.. broyée ? » On ne sait jamais, peut-être que la caméra est passé rapidement dessus avant de changer de vue, avec un peu de chance, Adrian a mal vu...

Ça tourne trop vite dans sa tête, les images se superposent une à une, rapidement. Il a l'impression qu'il va finir par étouffer s'il n'a pas de réponses tout de suite. La voiture qui s'écrase, lui qui téléphone, les tonalités qui sonnent encore et encore avant que le répondeur ne vienne faire son affaire. Il est impuissant Adrian, trop loin du circuit, trop loin d'elle. Alors il trouve réconfort auprès de ceux qui sont le plus près. Même s'il se doute qu'il doit sûrement déranger, ce n'est pas ce qui le préoccupe le plus à l'instant T. Adam envoyé ailleurs pour ne pas le traumatiser, il peut laisser ses pensées sortir. Et c'est pas beau, mais il a évolué Adrian, quand il y a quelques années, il aurait abusé du whisky, c'est une tisane qu'il demande, signe que la thérapie a fait son oeuvre. Il s'installe sur l'un des fauteuils du salon, ses coudes posés sur ses cuisses et ses mains jointes autour de sa nuque, la tête baissée. Il sourit un instant face à la remarque d'Elior mais le sourire ne contamine pas le regard. Il essaie de se concentrer sur autre chose, il essaie d'écouter, de se concentrer sur le bruit de la bouilloire, mais ça bourdonne dans sa tête. Il se relève alors pour faire les cent pas, et il ne s'arrête pas pour répondre à Elior « Je te jure, j'ai jamais vu un truc pareil. » expliqua t-il, des trémolos dans la voix. « Putain, je vais faire quoi moi si elle est plus là, j'les déteste tous ces bandes de fils de pu... de fils de poulpes. » Il serra la mâchoire et les poings, à deux doigts d'en mettre une dans le mur qui n'a rien demandé « Personne me répond, j'suis coincé ici comme un connard et ça se trouve elle est... ça se trouve elle est... » Incapable de prononcer le mot, il se laissa tomber sur le canapé, la tête valsant en arrière, les mains sur les yeux pour ne pas craquer. Il se redressa quand Janet revint dans le salon « Je vais faire comment moi ? » demanda t-il en les regardant tour à tour. Et tout lui revint à la gueule quand il regardait les deux tourtereaux, la détresse qu'il avait ressenti quand sa mère lui avait apprit sa maladie, quand on lui avait annoncé que son père était mort. Tout. Et la colère grondait, se mélangeait à la détresse, ce qui n'était pas un combo facile à vivre mais il essayait. Il avait demandé de l'aide, c'était déjà une nouveauté en soi pour celui qui ne disait jamai rien.

Se cacher dans la cuisine sous prétexte de préparer du thé n'était pas une solution viable sur le court comme sur le long terme. Pas parce que ce n'était pas ce qu'on attendait d'elle mais parce qu'il s'agissait d'Adrian. Janet pouvait compter ses amis, ses vrais amis, sur le doigt d'une main et Adrian n'était pas loin de la tête de liste. Il méritait donc un petit effort. Et une tasse de thé, excuse ou pas. Elle retourna donc au salon après quelques minutes, un plateau en main. Elle le déposa sans un mot sur la table basse avant de se percher sur l'accoudoir du canapé non loin d'Elior, gardant un œil sur Adrian. Elle n'était peut-être pas la personne la plus habilitée à le réconforter, principalement parce que ses propres émotions restaient un mystère pour elle-même la plupart du temps mais Jay était plus que capable d'être raisonnable. Ou, du moins, rationnelle. When she wasn't spiralling, at least. Tant qu'on a pas de nouvelles, tu vas juste te torturer l'esprit avec ce genre de questions. Respire et prends une tasse, c'est pas le moment de paniquer, lança-t-elle, abrupte. Quand tu auras fini ton thé, tu vas prendre deux minutes pour réfléchir et me dire si tu as un contact. Un numéro, un mail, je sais pas, même un stagiaire fera l'affaire. On va trouver une solution, ok ? T'as pas idée ce qu'on peut accomplir avec une petite menace de poursuites judiciaires ou deux. En attendant, on respire, ok ? Et bois ton thé. And while Elior would be busy tending to the emotional needs, she'd just go put the fear of God — or, in American terms, of a SLAPP lawsuit — in some racing team executives.