Ce qui l'épate un peu, sans pour autant qu'il le laissa paraître sur son visage, était bien l'apparence insouciante que dégageait ce qu'il considérait comme un ennemi mortel - Devait-il réviser ses jugements ? -. Sur l'instant, alors que l'autre cherchait qui il pouvait bien être, dans son esprit il s'imagina lui envoyer un sacré coup de poing suite à une éventuelle insulte qui serait sorti de sa bouche. Et ça il aurait vraiment adoré, il priait presque pour que ça arrive. Mais non ... Titus assistait à un spectacle complétement différente.

Et se rappelant que ses vingt ans avaient au moins pris deux décades dans la gueule, il se retenait d'agir comme un gosse et d'aller provoquer son vis-à-vis. Du coup ça le laissait un peu dépourvu, silencieux, sans un seul sarcasme à servir à celui qui l'avait tourmenté pendant si longtemps parce qu'il continuait à le voir à l'écran alors que lui vivait sa descente aux enfers. Méritée ... Peut-être - certainement. Aussi un étrange calme s'installa quand l'autre concéda que oui dix ans - ou plus - ça passait vite. Un peu en terrain inconnu, il fallait l'avouer, et ça lui déplaisait particulièrement, il hésitait entre tourner le dos ou .... Rien du tout, et ça ne lui paraissait pas très idéal.

Un regain de fierté l'envahit quant à sa précédente activité, qu'il n'a jamais réellement abandonné « Mais je pratique toujours ! » Sauf qu'avec sa conduite, plus personne ne croit en lui désormais dans le monde du spectacle, et ça il n'a pas envie de l'aborder « Bah tu sais comme j'aimais beaucoup dessiner, m'occuper des affiches ... Bref je suis devenu Tatouer » Et il se débrouille bien, même si son humeur n'aide pas forcément à venir lui rendre visite.

En congé sabbatique ? Ça veut tout et rien dire ça « Ah ... Bah écoute si jamais tu veux qu'on se fasse une cession ensemble, tu peux toujours passer chez moi pour faire danser les voisins » Pourquoi vient-il de lui proposer une telle chose ? A-t-il encore envie de se mesurer à lui ? De lui prouver qu'il est encore plutôt bon ou simplement offre-t-il une vraie trêve à son adversaire de toujours ? Titus l'ignore lui-même et il n'a pas très envie de fouillé dans la raison de ses actions. Oui ça le caractérise assez bien, agir puis réfléchir - ah non, surtout ne pas réfléchir -.

Cependant il a toujours fait dans la sincérité alors ... « Oh oui ... Bah si, mais c'est assez irrégulier en fait, je préfère le vélo et la course à pieds, mais quand j'ai besoin d'évacuer trop de trucs je fais une petite visite ! On a dû se manquer quelques fois »


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Pendant quelques instants ils sont face à face, soumis à diverses émotions. Beaucoup plus intenses chez le tatoueur apparemment. Il serait presque déçu de ne pas être reconnu instantanément. Ce qu'il préfère pourtant désormais. Toutes ces anciennes histoires, ces années mouvementées, gâchées par ses propres comportements. Et ceux des autres - Oui parce qu'il n'aime pas prendre le blâme pour lui tout seul, même si dans les thérapies qu'il a suivies, on le lui recommandait -, Bref tout ça ... Titus aimerait bien le rafistoler en une autre histoire.

D'ailleurs ça lui inspire souvent des écrits qu'il ne partage avec personne. Oui ça le pousse à frapper comme un malade sur sa batterie à en déglinguer les oreilles des voisins. Mais ça s'arrête là, Il finit par transformer tout ça en dessins un peu psychédéliques qu'il imprime sur la peau des autres. Ils n'en savent rien, mais d'aucuns se crapahutent dans leur vie avec les cauchemars et les regrets, ou les colères de Titus, décorant leur derme. Ceci dit là ne se loge pas la question, lui il n'a pas mis plus d'une seconde à reconnaître sa Némésis. Il en aurait espéré de même de la part de ce dernier, mais sur l'instant il a plutôt l'air de se demander qui lui adresse la parole. En s'assurant que rien de ne passe derrière son dos.

Alors, le tatoueur il patiente, un peu, parce qu'il faut avouer que là, tout de suite, il n'a aucune réplique cinglante à lancer. Il ne s'agit pas d'un moment qu'il a imaginé des tas de fois, non. Quels que fussent, soient ses ( res ) sentiments pour celui qui lui fait face, il n'a pas pensé qu'ils se retrouveraient un jour en face de lui d'une manière aussi banale. Dans une salle de sport, ou nulle part ailleurs. Ce souvenir-là, il le planquait dans une zone d'ombre ou il ne désirait plus se rendre. Parce qu'il y avait bien trop de choses qu'il devait affronter dans sa vie et d'autres qu'il devait fuir. Ou s'abstenir d' abuser pour être plus claire.

Et cette idée-là ne l'aidait pas du tout à s'en tenir loin. Conscient que le temps a passé, il l'est pourtant. Parce que s'il s'autorise un instant à l'observer il peut voir que les années ont fait leur œuvre sans pour autant l'abimer. puisqu'à lui, il ne lui a pas fallu dix minutes pour le remettre. L'inverse ne doit pourtant pas être réciproque. Il n'a certes plus la même coupe de cheveux, ni la même manière extravagante de s'habiller, même que ça ressemblerait facilement à du n'importe quoi. Mais quand même ... Il ne s'est pas transformé non plus en un être venu d'une autre planète. Alors le euh le déstabilise un peu, si bien que sa langue ne se délie toujours pas.

A la limite, Titus se voit prêt à faire un pas puis un autre, pour finalement passer indifférent à côté de son "ancien" ennemi. Après tout, il n'a pas atterri dans la meilleure journée de sa vie, tant soit peu qu'il en ait existé une. Ok, ça paraitrait probablement un peu capricieux de sa part, mais ça ne l'a jamais arrêté jusqu'à présent.

Quand finalement contre tout attente il se voit reconnu. Se découvrant un peu ébahi par le ton qui se dégage de la voix de l'homme. Puisque oui, à présent il ne s'agit plus d'un adolescent mais bien d'un homme. Et que ça doit éventuellement changer la donne, il n'en sait, il demeure indécis quant à la marche à suivre. S'énerver ce ne lui parait pas la meilleure solution. Ça le chatouiller de relancer *c'est une blague ? * avec une toute autre signification mais un simple "Oh" s'échappe de ses lèvres.

Et pour celui qui se révèle attentif on pourrait y découvrir une subtile contrariété. Mais bon. Comme ses yeux s'abaissent vers le sol pour tenter de ne pas exploser, la flaque de lait qui s'y étale s'impose à lui « Ah merde, va falloir nettoyer ça ! » Voilà une bonne diversion pour ne pas entrer dans le vif du sujet, pour grignoter quelques minutes afin de ne se pas décomposer « Dix ans ? Autant ? Dis dont je n'ai pas vu le temps passé » Quel jolie mensonge « Bah je me suis reconverti et toi ? » Comme si c'était possible de l'ignorer...


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Spoiler:

Quelques mèches sombres indociles lui balayent les yeux tandis qu'il inspecte le frigo. Dans lequel on ne trouve pas une multitude de nourriture. Ce qui l'intéresse lui, Titus, c'est le carton de lait. Malheureusement quand il le saisit avidement, il ne peut que remarquer la légèreté de l'objet. Peu importe, il va tout de même se chercher une tasse et retourner le contenant pour en tirer le maximum. Autant dire une simple gouttelette. Pourquoi Diable l'a-t-il rangé alors qu'il n'ignorait pas que ça condamnerait déjà sa journée à moitié ? Et pour tout dire entièrement.

D'un mouvement agacé il repousse son agenda de la main. Non il ne regardera pas dedans pour s'assurer de l'heure de son rendez-vous. Le Tatoueur n'a absolument pas la motivation pour s'occuper d'un éventuel client qui va certainement vouloir lui faire la conversation. Rien que d'y penser il attrape mal à la tête ce qui parait suffisant pour terminer de le mettre de la plus mauvaise des humeurs. Titus retournerait bien dans son lit, mais il n'a plus sommeil, et avec cette chaleur il s'agite bien trop pour retomber dans les bras du marchand de sable. Il s'en va ouvrir un tiroir de sa commode pour prendre son portefeuille, et ses doigts frôles quelques factures qui attendent d'être réglées. Un soupire profond s'échappe de sa gorge alors qu'il déchire les papiers en question pour les jeter dans la poubelle.

Qu'on essaye de lui couper l'électricité ! Pour l'instant il a descendu les marches de son immeuble pour se rendre à vélo aux complexe sportif. Parce maintenant il ressent le besoin urgent de se dépenser. Il y que comme ça que les pensées noires, sombres et affamées fichent le camp. Et d'ailleurs il en a profité pour s'arrêter au petit épicier situé sur son chemin. Ainsi il peut mordre dans une pomme avec toute la contrariété qui l'a gagnée dès le matin. Il s'occupera des divers problèmes qui sans aucun doute le rattraperont d'ici peu, plus tard. Quand il aura le feeling pour se poser un petit moment.

Ceci dit, quand il aperçoit le Lift, Titus se sent déjà d'aplomb, ça le réconforte mais il n'a pas véritablement le désir de s'escrimer sur les appareils sportifs. Aussi en rangeant sa bécane, après l'avoir sécurisée avec un cadenas, il s'appuie sur une barrière pour réfléchir à ce qui lui procurerait le plus de plaisir. Tout en rongeant son fruit jusqu'au trognon. Une fois finit il l'envoie dans une pelouse un peu plus loin. Il n'a pas vu de poubelle, ou en vérité il n'en à pas cherché. Et c'est à l'instant où il voit un des habitués sortir avec des gants de boxe qu'il s'enflamme intérieurement pour une petite remise à niveau.

Au début de sa désintox, il la pratiquait régulièrement. Mais les aléas de la vie l'en ont un peu éloigné, bien qu'il continuât activement le vélo et la musculation. Régulièrement il songeait à recommencer, mais il ne s'en donnait pas réellement la possibilité. Et bien aujourd'hui il va foncer. Titus sait qu'on peut pratiquer librement alors il suit les indications et pénètre dans la salle. La problématique première étant qu'il n'est venu avec aucun équipement adéquat.

Le tatoueur constate la présence de matériel un peu plus loin. Il hésite à se servir ou chercher un moniteur mais avant toute chose il lui est absolument nécessaire d'étancher sa soif. Aussi ouvre-t-il son petit carton de lait et commence à l'ingurgiter tandis qu'une silhouette franchit la porte. Il n'y porte pas une grande attention tout d'abord mais devient plus méfiant quand elle arrive vers lui. Soudain il se fige, comme une statue alors que le reste de son récipient se déverse sur le sol.

Impossible.

Bien qu'il ne l'ai plus vu depuis des années il ne peut décemment pas manquer d'identifier son "adversaire". Celui à qui il voue un haine - le mot est sans doute trop fort - irrationnelle. Ou alors il s'agit de son clone « C'est une blague ? » Questionne-t-il tout haut inconsciemment ...



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