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1 résultat trouvé pour TeamOlivia

(marisol) people can go from people you know to people you don't

Invité
1 r ; 217 v.
Dim 19 Fév - 13:08
tw : mention d'adultère

Pourquoi exactement a-t-elle envoyé un message d'anniversaire à Benjamin Hampton? Une excellente question s'il en est, à laquelle elle n'est même pas certaine d'avoir la réponse. Du moins, pas une réponse nette, facile à expliquer, qui prend tout son sens. Déjà, il fait partie de ces gens nés à des dates symboliques qu'on ne peut jamais tout à fait oublier. Le 4 juillet, le 25 décembre. Le 1er janvier. Au milieu des appels et messages sur diverses plateformes lui souhaitant une bonne année, Marisol a pensé à Benjamin. Son voisin pendant des années, un ami de la famille. Un homme qu'elle connaît depuis près de vingt ans. Un homme qu'elle a associé à son ex-mari après le divorce et qui ne l'a jamais pleinement accepté avant ça. Ils avaient - lui et John, elle et Olivia - cette dynamique de couple où les deux femmes sont amies, les deux hommes sont amis, mais ça s'arrête un peu là. Puis elle et John ont divorcé. Puis Benjamin a trompé Olivia et ils ont divorcé. Le parallélisme de leurs vies pourraient être poétiques, s'il n'était pas un triste reflet de la mondanité de leur existence, vivant le parcours type des gens de ces classes sociales supérieures, jusque dans leurs petits drames personnels. Heureusement pour elle toutefois, son divorce a été bien différemment de celui des Hampton, à la fois dans son motif et dans son exécution.

Dire que la journaliste est {#}TeamOlivia{/#} est un euphémisme. Il n'a jamais été question d'autre chose, elle est une de ses rares amies dans le nid de vipères de Dawson Circle, leurs filles sont très proches, jamais il ne lui viendrait à l'esprit de ne pas la soutenir, de ne pas être là pour elle. Et pendant des mois, elle n'a même pas pensé à Benjamin. Il n'est pas entré dans l'équation. Pourquoi perdrait elle son temps et son énergie avec lui? S'il y a une chose que les catholiques n'apprécient pas, c'est l'adultère et s'il y a des éléments archaïques de sa foi auxquels Marisol n'adhère pas, ce principe là n'en est pas un. Mais, malgré tout, c'est une personne empathique, compréhensive. Encline à voir le meilleur chez tout le monde, à accorder le bénéfice du doute. Et si, au nom d'Olivia comme au nom de la morale, elle ne peut pas pardonner la trahison et le mensonge, elle peut comprendre. Comprendre qu'un homme qui a grandi comme Benjamin a grandi ne puisse pas accepter sa sexualité, n'ai pas d'autres moyens de se libérer des carcans sociaux, ne puisse pas gérer ses sentiments autrement que dans le secret. Et pour l'avoir vu se renfermer sur son travail pendant des mois, voire des années, avant même que les choses prennent un tournant pour le pire, la brune soupçonne qu'il n'a pas grand monde vers qui se tourner. Maintenant que le tourbillon est passé et que la poussière tombe, il doit se trouver bien seul.

Alors, peut-être a-t-elle était prise d'un élan de sentimentalité, peut-être que le passage de la nouvelle année lui a donné envie de tendre la main, peut-être que le temps a fait son travail et qu'elle se sent capable d'étendre sa bienveillance à quelqu'un qui ne la mérite peut-être pas. Toujours est-il qu'elle a envoyé le sms, sobre, souhaitant un bon anniversaire et une belle année. Et elle s'est retrouvée à lui proposer de prendre un café. En chemin, Marisol ne peut se défaire totalement de l'impression d'agir dans le dos d'Olivia, de trahir son amie en pactisant avec l'ennemi. C'est un raisonnement enfantin, elle sermonnerait d'ailleurs sa propre progéniture s'ils venaient à elle en parlant comme ça. Mais ça ne l'empêche pas de le ressentir. C'est donc un rien nerveuse qu'elle entre dans le coffee shop, où Benjamin est déjà installé. Elle jette un coup d'œil à sa montre, constatant qu'elle est pourtant pile à l'heure. Elle ne doit pas être la seule à être un peu stressée.

Benjamin lui adresse un sourire maladroit, comme s'il manquait d'entraînement. Il n'atteint pas tout à fait ses yeux, qui semblent légèrement enfoncés dans son crâne tant ses cernes sont profondes et son visage encore plus blanc qu'à l'ordinaire. Il a l'air malade. Il n'a pas l'air d'un homme qui a quitté un mariage de façade pour vivre sa vie de façon authentique et épanouie. Mais loin de lui procurer une satisfaction un peu perverse, cette observation l'attriste et provoque une pointe de colère. Tout ce gâchis pour en finir là? Mais, se sachant émotive et à cran, la journaliste réserve son jugement et s'approche un peu pour serrer celui qu'elle a longtemps considéré comme un ami dans ses bras. L'étreinte est brève et un peu austère, mais elle a le mérite d'exister. « Good to see you too. » Ce n'est ni un mensonge, ni une vérité. En tout cas, elle ne peut pas encore le déterminer.

A la question, aussi banale que lourde de sens dans ce contexte, elle répond simplement. « I'm good, you know, busy. Took over El Halito, been getting more freelance work, Miguel's finishing high school and Sofia's brilliant as ever of course. » Un silence s'instaure quelques instants, le serveur choisissant le moment opportun pour apparaître. Marisol commande un cold brew avec un double shot, ne faisant pas confiance au café américain pour avoir l'impact nécessaire et ayant besoin de caféine pour traverser cette conversation. Même si la réponse est évidente, elle demande à son tour. « How are you Benjamin? Really. » Une précision peut-être inutile, mais elle n'a pas spécialement envie de tourner autour du pot avec des banalités. Elle n'est pas venue jusqu'à lui pour qu'il continue à mentir.

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