i'm ready to dig into all of it, abandonnement issues, dissociative episodes, my dad...

Je suis né il y a vingt-neuf ans ici à Manhattan. J’ai toujours grandi dans cet univers, les fêtes, les soirées mondaines, les faux semblants, c’est ça ma vie. Mon père était directeur d’une entreprise de textile, il a créé une marque de vêtement aujourd’hui connu. Sa mère est une comédienne connue dans le milieu du théâtre. Je n’ai jamais manqué, j’ai même toujours eu tout ce que je voulais. Il suffisait que je leur demande pour l’avoir et s’ils ne voulaient pas j’avais une astuce pour les faire céder quand j’étais plus jeune. Je piquais des crises de colère et ils finissaient par me donner ce que je voulais en grandissant j’avais d’autres techniques. J’étais un peu un enfant roi je le reconnais et mes parents étaient tellement peu présent que c’était un moyen pour eux de se faire pardonner.

Mes parents n’ont pas souvent été présent. Ils ont même été absent une partie de mon enfance, mon père était à son bureau et il en profitait pour s’envoyer d’autres femmes et ma mère était à son théâtre où elle m’emmenait parfois avec elle et j’aimais beaucoup quand je devais partir avec et que pouvait voir ses pièces et les loges. J’ai toujours aimé ce milieu. Les seules fois où j’ai été au travail de mon père il me laissait dans son bureau ou avec une secrétaire en pensant que je ne le voyais pas roucouler où que j’étais trop jeune pour comprendre.

Je l’ai toujours détesté, mon père. Il était hautain autoritaire et égoïste. Il ne pensait qu’à lui, à croire qu’il ne nous a jamais vraiment aimé. Je me suis souvent posé la question. Les choses ne se sont pas arrangées dans mon adolescence. J’étais un peu rebelle, je leur répondais sans arrêt et j’avais adopté un style moitié rockeur moitié gotique. Je me suis d’ailleurs fait tatoué à dix-sept ans en soudoyant le tatoueur avec de l’argent. J’avais déjà le sens des affaires. Il trouvait toujours un moyen pour me reprocher que je n’avais pas d’ambition et que j’étais un poids pour lui et ça a été un enfer de mes quatorze ans à mes dix-sept.

La première fois qu’il a commencé à lever sa main sur moi j’avais quatorze ans. Je rentrais du collège et le directeur l’avait appelé pour une bagarre à laquelle j’avais participé et déclenché, mais ça le directeur de l’école avait du mal à le prouver et je n’ai jamais avoué. Quand je suis rentré à la maison il m’a attrapé et m’a giflé. Ce n’était pas grand-chose, mais il avait l’air énervé après moi. Les fois suivantes ont étés pires. Il avait toujours des excuses et je ne trouvais pas la force de lui répondre, parce qu’il me faisait flipper quand il était là. Je ne sais pas comment ma mère à fait pour rester avec lui.

Je me suis rendu compte peu de temps après que je n’étais pas le seul à subir ses coups. J’entendais parfois ma mère pleurer dans sa chambre quand je passais devant pour aller dans la salle de bain au bout du couloir et ça me mettait en colère mais je n’osais pas aller la voir, parce que si elle était comme elle avait honte et elle n’avait pas envie qu’on la voie dans cet état-là.
J’avais dix-sept quand j’ai enfin décidé que ça devait s’arrêter. Ma mère était tombée enceinte. J’allais avoir un petit frère et l’idée ne m’enchantait pas vraiment, mais ce n’était pas à moi de décider. Je suis rentré un soir après le lycée et je l’ai entendu hurler sur elle. J’ai monté les marches quatre à quatre jusqu’à leur chambre et je l’ai surpris sur le fait. Je lui ai sauté dessus. On s’est battu et il s’est cogné la tête contre la table basse. Il ne s’est pas relevé.

Je ne voulais pas le tuer, je voulais juste qu’il arrête de s’en prendre à nous et j’ai un peu trop réussi. Ma mère a appelé la police. Ils ont débarqué. J’ai été arrêté pour homicide involontaire, mais les charges n'ont pas été retenues vu les circonstances. Ils ont bien vu que ce n'était qu'un accident.

Ma mère a hérité de l'entreprise de mon père. J'ai eu un petit frère quelques mois après tout ça. La mort de mon père à été à la fois une libération et un enfer. Depuis cet incident je fais sans arrêt des crises d'angoisses où je me retrouve à croire que je vais tuer tout le monde. Je n'en parle pas beaucoup.

C'est la musique qui m'aide à me sentir mieux. J'ai appris seul. Il y avait un grand piano à queue dans la maison et j'y jouais souvent. J'ai fini par avoir des livres pour apprendre et j'ai appris le solfège. J'ai même fini par aller au conservatoire de New-York. J'ai fait le reste de mes études là-bas. J'ai été sélectionné comme les autres. J'ai été propulsé sur le devant de la scène si on peut dire, mais mes travers sont souvent plus fort que moi et la musique ne peut pas tout arranger.

J'essaie d'oublier, j'essaie de passer à autre chose, mais je n'y arrive pas. Il est toujours là à roder en permanence dans mes pensées, si bien que j'ai l'impression de devenir complètement dingue. J'ai en plus appris il y a peut que j'avais un demi-frère, un fils qu'il avait eu avant moi avec une autre femme et je me demande s'il y a d'autres surprises de ce genre que je vais découvrir.

Ma mère est tombée malade, elle est en dépression depuis la naissance de mon petit frère et c'est souvent moi qui m'en suis occupé quand je pouvais, quand la nounou n'était pas là. Je m'occupe de ma famille comme je peux et je m'oublie souvent. J'ai bientôt trente ans, je vis toujours chez ma mère et je n'ai jamais eu de relations assez longue pour espérer fonder un jour une famille. Je suis de toute manière bien trop instable pour ça, mais parfois j'aimerais bien avoir quelqu'un sur qui me reposer. Parce que c'est loin d'être simple et même si ne le montre pas je souffre.

J'ai également hérité de l'entreprise de mon père, même si je déteste jouer les directeur. J'essaie de participer, mais je n'ai pas vraiment de connaissances dans ce domaine, bien que j'ai suivi une formation accéléré. Je participe aux réunions importantes, mais j'aimerais la céder à quelqu'un qui en a vraiment envie, seulement elle fait partie de la famille, même si elle me le rappelle beaucoup trop.