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La pêche à l'anguille.

@ Invité

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Sam 14 Déc - 10:58


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra

Elle savait qu’il ne viendrait pas. Du moins, pas de son plein gré. Pourtant, l’invitation au petit déjeuner avait tout pour plaire. Croissants français (provenant d’un pâtissier du pays de la baguette lui-même), confiture, pancakes traditionnels, un peu de salé pour les estomacs fragilisés par tout ce sucre matinal, jus d’orange pressé, café arabica péruvien, conversation entre fils et mère, qu’est ce qui ne faisait pas rêver dans ce programme ? Rien. Mais Dexter était Dexter, lui qui avait été élevé par un requin avait pourtant tout d’une anguille. Il filait aussi vite que ce petit animal à peine sa mère avait mis les pieds dans le couloir du Scarlet. Sacré Dexter ! Mais Ornella Sciarra était fille de pêcheurs (de poissons et de corps) et la pêche à la plombée n’avait aucun secret pour elle.  L’heure était primordiale pour attraper l’anguille et 8h lui semblait une heure adéquate : Dexter n’avait jamais été du matin, tout comme les anguilles.

Enfilant une veste de coton douillette, Ornella préférait le confort d’un vêtement à son tombé. Elle gardait les jolies robes et les froufrous pour ces hommes qui ne voyaient d’elle qu’une paire de sein à dompter. Dommage pour eux qu'elle fasse un petit 80A, ça ne donnait pas grand chose à chasser !

- Dexter arrive bientôt ?

Une tasse de café en main, les pieds nus sur le plancher de chêne lustré, elle se rapprocha d’Andréa, son agent de sécurité personnel. L’homme avait la cinquantaine et travaillait pour elle depuis ses 18ans. Il était aussi froid qu’elle était tempétueuse, une parfaite alliance en somme. Attrapant son téléphone portable, il appela rapidement un collègue pour plus d'informations. Elle était si excitée à l'idée de voir son fils unique débarquer avec ses cheveux fous indomptables et son air mal réveillé. Petite anguille sortie de sa tanière, aussi mignonne qu'un petit chaton réveillé pour une coupelle de lait !

- Ils sont en-bas Signora

Abandonnant un large sourire, elle reprit une gorgée de café chaud avant de se positionner en plein centre du salon, pile en face de la porte d’entrée qui s’ouvrirait d’ici quelques instant. À la pêche plombée aux anguilles, Ornella était la meilleure car en plus d’être le pêcheur, elle était le plomb vers qui toutes ses victimes filaient sans se douter du danger qu'elle était.

@ Invité

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Dim 15 Déc - 21:25
Il est convoqué. Il n’a pas l’intention de répondre à la convocation informelle de sa mère, mais Dexter n’est pas idiot, il sait qu’elle ne l’entendra surement pas de cette oreille. Depuis qu’il est rentré de San Francisco, il a plus ou moins réussi à l’éviter, ne la croisant que dans des hypothèses où cela était obligatoire, pour échanger des banalités sans aucun rapport avec le fond de leurs pensées respectives. Cette relation distante et reposant sur un équilibre fragile, c’est ce qui semble leur réussir le mieux. Il ne comprend pas bien l’intérêt de se lever pour aller partager un petit-déjeuner avec sa mère comme le ferait une famille normale. Ils n’ont rien d’une famille normale.

Il n’a pas mis son réveil, s’est enfoncé dans les couvertures la veille, tard, imprégné de whisky, fermant les yeux sur la douleur et le monde qui l’entoure sans s’imposer la sonnerie stridente du réveil. Parce qu’il ne veut pas répondre à la convocation. Il aurait dû être plus intelligent que ça, cela dit, et savoir qu’il ne s’en tirerait pas à si bon compte. Voilà qu’on tambourine à sa porte, qu’on l’ouvre à la volée pour lui intimer des ordres en italien. Lève-toi, habille-toi. Un sbire comme un autre, qui porte un flingue à la ceinture histoire de l’impressionner un peu, ce qui ne fonctionne pas. Ce qui ne fonctionne plus. Pourtant, Dexter se lève, et s’habille. Glisse une main dans ses cheveux en bataille et asperge de l’eau glacée sur son visage fatiguée. Il a encore la joue un peu gonflée, une cicatrice sur l’arcade sourcilière gauche – quelques jours plus tôt, il a passé un sale quart d’heure dans une ruelle du Bronx.

Il marche dans les couloirs, un peu anxieux, un peu las. Il aurait préféré passer la journée au lit à se morfondre, la fatigue grignote le moindre de ses muscles. Il suit, machinalement, sans réfléchir, détaillant le dos de celui qui l’escorte, se demandant quel est son nom, déjà, et pourtant on l’a tiré du lit pour jouer les baby-sitters. Quelques pas, quelques marches, et le voilà face à elle, cette femme qui n’a de mère que le titre qui a été imposé sur ses épaules peu volontaires.

- Bonjour Maman.

Il marche jusqu’à elle, s’arrête à quelques centimètres, droit comme i. Aucune marque de tendresse entre ces deux-là. Dans son dos, Andréa, l’agent de sécurité, se tient dans un coin. L’escorte de Dexter s’est déjà éclipsé. Ses yeux errent dans la pièce jusqu’à croiser la table du petit-déjeuner, dressée pour l’occasion. De l’extérieur, ils offriront sans doute un idyllique portrait de famille.

- Que me vaut l’honneur ?

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Ven 3 Jan - 19:43


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra

Lorsque Dexter rentra, Ornella eut du mal à cacher sa joie. Aujourd’hui, elle était d’humeur enjouée, presque trop quand on connaissait la signora. Mais il lui arrivait parfois d’avoir ses humeurs, qu’importe la réalité de la situation. Ici, la colère devrait l’habiter en sachant que son fils unique la fuyait depuis son retour comme une pestiférée. Ici, l’agacement devrait se lire sur ses traits fins en comprenant qu’il ne se serait pas montré s’il n’avait pas été amené par sa garde rapprochée. Mais non, il est trop tôt pour être en colère, Ornella aurait tout son temps pour l’obliger à lui présenter des excuses entre deux pancakes et un café bien chaud. Et puis, elle ne lui en voulait pas, elle comprenait son envie de vouloir une vie simple et loin de ce monde qui ne l’avait jamais passionné. Mais avant d’être mère, elle était le parrain de la mafia et laisser un mouton noir faire sa vie hors de ses pâturages n’était pas acceptable. Dexter avait beau être son fils, elle le traiterait comme tout soldados de la Cosa Nostra. Mais ça, ça serait après le petit déjeuner !

Il avait l’air fatigué, pas énervé lui non plus. Aussi neutre que sa mère était souriante ! Caressant tendrement sa joue, elle finit par tapoter les ridules qui se frayaient un chemin près de la courbe des paupières de Dexter. Il marquait plus qu’elle, c’était intriguant.

- Ne soit pas aussi chafouin, tu as déjà bien assez mauvaise mine pour en rajouter avec ton mélodrame.

Le sourire qui suivit les mots aussi piquants qu’un trident greco-romain, la donna se recula avant de l’inviter à entrer dans le salon pour reprendre quelques couleurs - et peut-être quelques kilos vu la silhouette longiligne que son fils lui présentait. Les yeux froncés en s’imaginant les repas qu’il devait se faire, elle se nota dans un coin de la tête de faire venir un employé doué en cuisine pour lui préparer quelques mets appétissants. Ça ne lui plaisait pas que son enfant montre une telle image de son nom. Aucun respect pour son patrimoie en plus de ne pas en avoir pour sa mère !

- Vu que tu ne venais pas à moi, je suis venue à toi ! Du moins...

Avançant en retirant la veste des épaules de Dexter sans lui demander son aval, Andrea se rapprocha pour la lui prendre des mains et alla la ranger.

- Mes hommes ! Nous allons avoir un peu de temps pour discuter, tu as surement beaucoup de choses à me raconter vu que tu n’as jamais daigné répondre à mes invitations. Ton deuil t’occupait tant l’esprit que ça ?

Lui souriant en passant devant lui, les pans de sa robe de chambre volant au rythme de ses pas, chaque mot était aussi inquisiteurs que provoceurs. Ornella savait en jouer, piquant toujours là où ça faisait mal sans avoir peur du retour de bâton : Dexter pouvait l’attaquer sur toute son existence, elle ne plierait pas. Elle ne connaissait peut-être pas bien son fils, mais lui ne la connaissait pas non plus..


@ Invité

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Dim 12 Jan - 12:39
Dexter s'autorise un sourire narquois, à peine déguisé. L'histoire le dirait si c'était lui, le mélodramatique de sa famille. Elle est bien mal placée pour parler, avec ses mises en scène recherchées et son sens inée des comédies dramatiques ; comme si elle ne pouvait pas se contenter de laisser son fils tranquille, alors qu'il est de notoriété publique qu'elle ne lui porte qu'un intérêt très limite qu'il a du mal lui même à définir. Il n'esquisse pas un pas, l'idée d'un geste de tendresse quelconque ne lui effleure même pas l'esprit. Il n'a pas été élevé comme ça, avec un modèle familial normal qui aurait pu lui laisser croire que des parents sont là pour aimer leurs enfants même s'ils le font maladroitement. Lui, il a été élevé dans la peur de la hiérarchie et dans l'apprentissage de l'inconstance.

Il s'avance sous les remarques charmantes de sa mère ; elle lui retire la veste des épaules. Le consentement n'a pas sa place dans les échanges des Sciarra. Elle impose, et lui, il doit être assez rusé pour ne pas trop courber l'échine ; pour adopter la bonne dose de rébellion. Celle qui n'entraînera pas qu'on l'assomme pour l'emmener finir ses jours quelque part où personne ne le cherchera, parce qu'à part la donneuse d'ordres qui se tient devant lui, personne ne chercherait Dexter.

Il s'installe au moment où elle ouvre le jeu. C'est une des raisons pour lesquelles il a longé les murs pendant des mois. Pas parce qu'il a fondamentalement peur de sa mère. Ca, ça aurait été vrai avant, quand Dexter tenait à la vie. Mais aujourd'hui, il n'a plus peur de mourir ; il n'a rien à perdre. Il n'a pas peur de souffrir non plus - rien de ce qu'il a traversé ne vaut la douleur qu'il a ressenti quand Evan est mort. Mais elle, évidemment, elle fonce droit dans la brèche, avec son port de tête altier et ses yeux clairs ; le visage de l'innocence habité par un esprit de bourreau. L'avantage, c'est qu'il a eu des semaines pour s'y préparer, et que s'il ne fait pas le poids face à sa langue acerbe, il est persuadé d'une chose ; il ne courbera pas le dos. Pas ici. C'est trop facile ; il est adulte, maintenant, il n'a plus peur. Et même si un étau lui enserre le coeur quand il songe à l'horrible deuil qu'il doit traversé tout seul, sans soulever le moindre grain de compassion, sans arracher la moindre tendresse à une mère qui n'en n'a que le nom ; même s'il a envie d'hurler, même si la douleur revient, sournoise, aigüe, pire que ce qu'il a pu connaître d'autre ; malgré ses démons intérieurs qui hurlent de douleur, sa rage qui gonfle ses muscles, ses poings qui veulent se serrer, tout casser, courir, s'évader -- malgré tout ça, il reste stoïque, droit comme elle sur sa chaise, attrapant un grain de raison qui traîne sur la table, et lui offre un sourire léger, peut-être un peu sadique.

- Le deuil ? On connait ce mot, chez les Sciarra ? Tu m'en apprends une nouvelle.

Il hausse une épaule et, délibérément lentement, se verse une tasse de café. Quitte à être ici, autant apprécier les mets qui s'offrent à lui.

- Le deuil ne m'occupe pas, excuse-moi de te décevoir également sur ce point. Retrouver New-York, en revanche, c'est une occupation qui prend du temps, mais j'imagine qu'il faut avoir quitté la ville pour s'en rendre compte.

Il provoque, inconscient. A double titre ; parce qu'il ne sait pas quand elle a quitté la ville pour la dernière fois, et parce qu'il lui rappelle le fait que lui, il est parti. Mais il s'en fiche - il ne veut pas parler d'Evan. Elle ne le mérite pas.


@ Invité

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Mer 15 Jan - 9:10


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra


Sa remarque piquante vallait tous les pleurs du monde. Au moins avait-t-il hérité du talent de sa mère pour les joutes verbales à défaut d’hériter du reste ! Ornella gardait son sourire, plus amusée que touchée. Bien-sûr que le deuil touchait son fils, elle aurait été sotte de le croire. Dexter n’était pas sans coeur, elle non plus à vrai dire bien que sa vie lui ait permis de passer outre le chagrin et les larmes. Quand on tuait dans son entourage, c’était soit par vengeance, soit par obligation. La première raison, elle pouvait retourner la faveur avec un poil plus d’originalité - tout le monde n’était pas Ornella Sciarra. Pour la seconde, elle s’y faisait allègrement, sachant parfaitement qu’un animal malade restera toujours un poids dans une meute de loup. Autant s’en débarrasser au plus vite, pour lui et pour eux. Donc oui, Dexter avait probablement raison, le deuil chez eux n’était pas de coutume mais le fils n’était pas totalement un Sciarra. Il avait du sang venant de ces terres,  de l’ADN provenant d’un homme qui n’avait ni la rage de vaincre, ni le courage de se tuer lui-même. Ahlala, les hommes aux États-Unis, toujours aussi drama queen !
Prenant l’exemple sur son fils, mais avec du thé, la maitresse de maison prit place à table, une tasse fumante à la main. Le regard curieux alors que son enfant parlait toujours, ses prunelles le détaillèrent lentement : il était devenu un homme depuis son départ, bien que physiquement il n’avait pas énormément changé, quelque chose dans sa façon de parler et de réagir était différente. Il avait l’air épuisé mais surtout, vide. S’il le voulait, Dexter pourrait s’en servir de ce coeur pillé, devenir un vrai membre de la Cosa Nostra et faire tomber les têtes avec la même vigueur que ses ancêtres. Quand un organe tel que le coeur était affaibli, c’était un moment propice pour utiliser ce silence et se battre sans rien ressentir. Ornella avait toujours agit ainsi, n’ayant jamais de coeur tambourinant la chamade pour un amant, ni pour un membre de sa famille. Sans émotion, elle pouvait faire ce qu’elle voulait sans avoir peur d’avoir le palpitant brisé par une décision stupide. Dexter pourrait faire pareil, devenir un héritier convenable (non, jamais digne car il n’était pas entièrement sicilien), suivre ses pas mais vu ce qu’il lui racontait, il y avait encore du chemin.

- Assied toi au lieu de raconter des âneries et prends un toast, ça te fera du bien.

Qu’il mange pour reprendre des forces, sa maigreur ne convenait pas à sa mère. Elle attrapa l’assiette de pancakes pour s’en servir, ainsi que le pot de confiture. Ornella n’avait aucun soucis à manger, bien au contraire même et beaucoup de femmes de son âge lui demandaient souvent comment elle faisait pour ne pas prendre 20kg en se nourrissant ainsi. Ça l’agaçait souvent, car ses réponses devaient toujours être enrobées dans du papier doré pour éviter un carnage parmi ses invités mais la vérité était simple : quand on était chef de mafia, malgré les idées préconçues, on ne restait pas assis toute la journée sur son fauteuil. Son énergie, elle l’utilisait à tout va, souvent trop longtemps, sans prendre de pause. Alors oui, elle mangeait plus que ce qu’on s’imaginait vu sa silhouette fluette mais était-ce important de lui faire constamment la remarque ? Non.

- Et si tu t’intéressais réellement à mon métier, tu saurais que je suis très souvent en dehors de New York mio pulcino. Il faut bien que j’aille rendre visite à nos cousins, amis, ennemis et tout les autres vu les temps qui courent.

Oh oui, et quelle période ! La cosa nostra était attaquée de partout, surtout sur leurs terres natales. Ici, ils étaient plus en sécurité mais malgré tout, ça n’était jamais simple. Prenant une bouchée de son pancake, elle releva les yeux vers Dexter.

- Et Dexter… Pour information, tu ne me déçois pas. Tu m’inquiètes, tout simplement.

À faire son mouton noir alors qu’elle-même en est déjà un dans la mafia sicilienne. Et il n’y avait qu’une place pour un être qui n’en faisait qu’à sa tête, sinon, une nouvelle meute se créerait et ce n'était clairement pas ce qu'Ornella voulait.


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Dim 19 Jan - 22:15
La mise en scène est travaillée, c'est certain. Les répliques le sont aussi, tout comme ce semblant de relation mère/fils qu'elle cherche semble-t-il à instaurer sans que Dexter ne sache trop pourquoi. Il est évident que la femme assise en face de lui est incapable du moindre sentiment maternel ; quand à lui, il a fait le deuil d'une figure maternelle depuis bien longtemps. C'est un sujet qu'il abordait très peu avec Evan, d'ailleurs. Sa famille. Le jeune homme avait compris bien rapidement que Dexter venait d'une famille particulière et qu'il valait mieux laisser ce sujet un peu de côté. Jamais il n'aurait fait courir le risque d'une rencontre à son mari ; il s'est demandé, d'ailleurs, et se demande toujours, si la mort soudaine d'Evan n'était pas lié à ses propres origines à lui. Elle aurait été capable, la louve, d'envoyer ses valets jusqu'à San Francisco pour trancher quelques gorges. La seule chose qui permet à Dexter de ne pas complètement sombrer dans la paranoïa, c'est qu'il imagine difficilement quel but elle aurait poursuivi en lui envoyant un tueur. D'autant qu'il sache, elle se portait aussi bien avec son fils à distance.

Il attrape un croissant - par esprit de contradiction - et quelques fruits qu'il avale entre deux gorgées de café, pour éloigner son esprit de ces souvenirs qui n'ont vraiment pas leur place à l'heure d'un petit déjeuner placé sous le signe des retrouvailles. Il ne peut pas se laisser déstabiliser par le souvenir de son mari mort. Il ne peut pas lui donner cette opportunité, à elle.

- Tu m'en vois ravi. La prochaine fois, on devrait aller voir la mer en famille.

C'est une réponse infiniment sarcastique, évidemment. Elle parle de ses déplacements comme s'il s'agissait de petites promenades de santé alors qu'ils savent très bien tous les deux de quoi il retourne en réalité. Il lui offre un sourire entendu en se versant un verre de jus de fruit et jette un regard par la fenêtre. Le paysage est enneigé. Des images qu'il avait perdu l'habitude de voir à San Francisco, où l'hiver n'est caractérisé que par un épais brouillard et une légère chute des températures habituelles. La neige, en revanche... Elle est typiquement New-Yorkaise.

- Inquiète ?

Il relève le mot et ne peut contenir une pointe d'étonnement - heureusement, son esprit est vif même si son corps semble malade, et il se reprend bien rapidement en comprenant qu'il se méprend.

- La seule chose qui t'inquiète, ce n'est pas moi. C'est la façon dont tous les autres vont s'imaginer ton fils. Ce qu'ils pensent de moi dans l'ombre, hein ? Ce n'est pas être inquiète pour moi, ça. Tu ne t'inquiètes que pour toi-même.

Sinon, elle l'aurait élevé différemment. Sinon, elle aurait réagi à la mort d'Evan. Si ce n'est pas elle qui est derrière cette histoire, elle pourrait aisément lâcher les chiens. Que quelqu'un, quelque part, dans ce foutu pays, s'occupe de faire payer l'homme qui lui a pris son mari. Il aurait pu s'en occuper lui-même, mais sans ressource, sans indice, il ne voit pas comment.

- Tout simplement, il ajoute dans un sourire.

Il la sait incapable de sentiments, et ne voit pas tellement comment son petit séjour à San Francisco aurait pu changer sa mère.

@ Invité

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Mar 21 Jan - 10:06


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra



Il se trompait. De bout en bout. Ornella n’avait que faire des avis des autres, des regards pleins de sous entendus ou des ouï dires sur son compte et sa vie. Si elle écoutait tout ce qui trainait autour de sa personne, elle n’aurait plus beaucoup de temps pour les affaires de la Cosa Nostra. Peut-être qu’elle ne le connaissait pas bien, qu’elle n’avait jamais pris le temps de le faire mais c’était la même chose de son côté. Ça la fit souffler intérieurement, de se dire que son propre fils, la chair de sa chair, n’avait juste aucune idée de qui elle était et de ce qu’elle vivait chaque jour de son existence : qu’il la critique pour ça, au moins, ils avaient ce trait de personnalité en commun, ne pas feindre l’intérêt quand ils étaient ensemble.

Attaquant son second pancake, Ornella garda le silence quelques instants - histoire de ne pas s’étouffer en mangeant, avant de reprendre avec toujours ce même sourire, quelque peu faux mais qu’on lui avait appris à garder quand elle s’exprimait. Une femme doit sourire Ella, sinon à quoi sert-elle ? Elle se souvenait encore de ces mots difficiles à accepter que ses nourrices ou que les hommes de sa famille lui répétaient gamine. Oh, maintenant elle souriait très souvent, tous les jours même quoique, parfois un peu plus discrètement. Mais elle servait aussi à autre chose aussi, à détruire pas exemple.

- Tu penses vraiment que je m’inquiète de ce qu’on imagine de toi ? C’est te donner une importance que tu n’as pas Dexter.

La phrase fut rude, comme celles de son fils avant sauf qu’à la différence de lui, Ornella était réellement capable de ne rien ressentir. Une maladie ça se soigne normalement, sauf quand on a aucune conscience qu’on en est le porteur. Elle pourrait essayer, de se sentir coupable, gênée, triste mais ça ne fonctionnerait pas. Son cerveau en est incapable, son coeur non plus. Mais ça, ni Dexter ni elle n’en sont conscients. Ça n’excuse pas, ça explique juste un peu.

- Et pour ta gouverne, je ne m’inquiète même pas pour moi. Un chef de clan fait passer les siens avant lui. Tu le saurais si tu t’y intéressais un tant soit peu. Il n’y aurait que moi que tu avais abandonné, ça ne serait pas grave. Mais tu as laissé tout les autres, tout ceux qui t’ont élevé, accepté, aimés.

Ce n’est pas dit avec de la rage, non, Ornella use du même ton que si elle lisait le dictionnaire. Et elle le sait, que malgré ce que dit Dexter, il y a certaines personnes auxquelles il devait tenir ici, une nourrice, des amis, quelqu'un. Une gorgée de café, et elle reprend aussitôt.

- Tu les as tous trahis…. Tout simplement.


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Sam 29 Fév - 22:37
Elle tente de s'exonérer des pensées des autres, mais Dexter n'avale pas son argumentaire. Il n'a plus l'âge de s'imaginer que sa mère a parole d'évangile, que tout ce qu'elle dit est juste et doit être pris pour argent comptant. S'il est parti d'ici, c'est précisément pour se détacher d'une pression familiale malaisante dont il ne voulait plus rien savoir. Dexter ne sait pas ce qu'il retrouvera ici ; il sait juste qu'il n'a plus envie de se laisser avoir par les bassesses familiales. Ce monde n'est pas le sien, et s'il doit faire sembler d'y appartenir pour survivre, il le fera. Mais ce n'est pas lui, toutes ces choses-là, tous ces détails.

Evidemment, la lionne doit mordre, mais il ne laisse rien transparaître de la piqure qui titille son coeur à l'instant où les mots passent ses lèvres.

- Ne t'inquiète pas, Maman, personne ne m'a jamais laissé croire que j'avais la moindre importance. Aucune chance pour que je me méprenne sur le sujet.

Il avale une gorgée de café et attrape une pomme qui traine pour mordre dedans. Si elle veut le nourrir, il se laisse faire bien volontiers. La plupart du temps, il a bien trop la flemme de faire le moindre effort pour subvenir à ses propres besoins ; ces derniers temps, l'alcool fait bien mieux le travail que la moindre nourriture.

- Tu n'es pas sans savoir que c'est précisément le fait de quitter ces personnes là qui s'est trouvé difficile. S'il n'y avait eu que toi, je n'aurais même pas eu besoin de réfléchir.

Lui aussi, il sait être dur - mais la différence c'est qu'elle n'en tirera rien, pas le moindre sentiment de gêne ou d'embarras. Son coeur est de glace, il a cessé depuis longtemps d'essayer d'obtenir d'elle le moindre sentiment.

- Mais je fais comme toi, au fond. Je me suis battu pour survivre.

Il hausse une épaule, concédant cette similitude. Il serait faux de dire qu'il n'admire pas chez sa mère cette capacité qu'elle a à survivre dans un monde difficile.

- On aurait finalement quelques points communs. N'en tombe pas de ta chaise, je suis le premier surpris.

La joute verbale l'amuse ; il a pris en âge, en maturité. Il s'est endurci, c'est ça que vous fait la mort d'un proche. Vous endurcir.

@ Invité

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Dim 15 Mar - 11:55


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra


Le regardant mordre dans sa pomme, Ornella ne pu s’empêcher de rouler des yeux. Son fils n’avait que la peau sur les os - du moins d’après son oeil aiguisé et quelque peu mauvais - et se nourrir d’un simple fruit n’allait pas aider ! Elle, un 3ème pancake était déjà généreusement tartiné de noisette crémeuse. Mais comparer la faim d’Ornella à celle de son fils, c’était comme comparer leur esprit, il n’y avait aucun trait en commun.
L’écoutant attentivement, elle ne réagit pas à la remarque acerbe sur sa fuite simplifiée s’il n’y avait eu qu’elle. Oh, Ornella n’était pas stupide pour se dire que son fils avait eu quelques remords en la quittant mais tout de même, s’il savait ce qu’elle avait fait pour le garder en vie, peut-être qu’il n’oserait pas dire ça à voix haute. Pas mal de personnes de la Cosa Nostra avait souhaité sa mort, au cher Dexter. Sa disparition avait été perçu comme un outrage à la famiglia. Ornella ne l’avait pas défendu, non, elle était restée silencieuse et avait simplement conclu par un « je suis la Donna, je décide. Dexter restera en vie. » qui n’avait pas pu recevoir de refus de la part des sous-boss et autres soldats de la mafia.

Reprenant une gorgée de boisson, elle resta muette quelques instants face à la réplique finale de son fils. Souriant discrètement, ce qu’elle venait d’entendre et de voir la rendait plus heureuse qu'elle ne le laissait voir. Dexter qui se rebellait, c'était beau à voir. Peut-être qu'au final, elle ferait quelque chose de lui dans les futurs mois.

- On a plus en commun que ce que tu peux croire, figlio mio.

Un petit regard par dessous ses longs cils, les lèvres déjà pincées sur le rebord de la tasse, Ornella prit quelques instants de silence avant de reprendre du même ton.

- Tu sais qu'au lieu de nous battre, on pourrait faire quelque chose de bien ensemble ? Qu'avec ton...

Elle chercha son mot, le poignet faisant un petit moulinet avant de le trouver, tel un éclair de génie.

- Empathie et mon talent pour les affaires, on pourrait créer quelque chose nous convenant à tous les deux. Je peux faire des efforts parfois tu sais. Et si ça te… permet d’arrêter de faire ta tête de bougon, ça ne peut être qu’intéressant, non ?

Elle n’essayait pas d’être sympathique, ni aimante comme une mère pouvait l’être. Ornella voulait juste lui montrer qu’elle était capable d’écouter les autres, de les intégrer réellement dans son entreprise. La Cosa Nostra tournait parfaitement sans Dexter mais il avait une intelligence émotionnelle que sa mère n’avait pas et qui était forte utile dans ces temps où la mafia à col blanc portait si bien son nom.

@ Invité

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Dim 15 Mar - 17:33
Dexter écoute sa mère avec une attention qu’il n’a pas l’habitude de lui porter. Il ne peut pas dire qu’il ressente quoi que ce soit pour elle. Autrefois, de la frustration, du manque affectif sans doute. Mais Evan l’a écarté de toutes ces choses là. Il lui a redonné de la paix. Et depuis qu’Evan est mort, de toute façon, Dexter n’a pas l’impression qu’il soit en mesure de ressentir quoi que ce soit. Il attrape un pain au chocolat sur la table qu’il coupe en deux pour en manger une bouchée, sans détacher son regard de sa mère qui lui fait une démonstration de leurs intérêts communs. Dire qu’il est revenu ici pour faire sa propre vie loin de sa famille serait se foutre du monde. Il savait très bien à quoi s’en tenir en remettant un pas ici. Il a cru un instant qu’il allait mourir, d’ailleurs, et c’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’il est venu.

- Tout ça est très prometteur, en effet.

Il répond, calme. Il n’a plus envie d’être dans l’ombre. Il n’a plus envie de ne pas être capable de réagir aux agressions extérieures. Il est en colère, Dexter, plus en colère qu’il ne l’a jamais été. Il a le poing serré la plupart du temps.

- Avant qu’on célèbre la réunion familiale, et qu’on parle de nos projets, réponds à une seule question, tu veux ?

Il sourit légèrement, d’un sourire ironique, marquant une pause pour avaler une gorgée de café. Il termine son pain au chocolat et soupire.

- Tu peux retrouver la personne qui a tué Evan ?

Si ce n’est pas elle, il va sans dire. Il ne laisse apparaître aucune forme de déstabilisation. Il sait qu’elle appréciera particulièrement la tournure revancharde des évènements.

C’est un peu comme une proposition. Il fera ce qu’elle veut si elle peut lui rendre ce service ; de toute façon, il n’a plus rien d’autre à faire de sa vie qu’embrasser son destin. Son destin, et son nom de famille.

@ Invité

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Sam 21 Mar - 10:10


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra


Le voir attraper le pain au chocolat la rassura sur sa santé mentale : au moins il savait encore prendre des décisions correctes pour ne pas mourir de faim ! Ça l’amusait beaucoup, de le voir ainsi, aussi rebelle et taquin alors qu’elle l’avait connu ennuyeux au possible. Toujours à accepter sans broncher, sans élever la voix. Même pas par respect pour la famiglia, non, juste par manque de caractère. Au moins, ce décès avait servi à quelque chose, tout comme sa fuite à la roméo et roméo.
Écoutant attentivement ce qu’il lui disait, de ses mots au ton mordant utilisé, Ornella sentit son coeur se gonfler de contentement face à la question de son fils. Ah, enfin, ils en étaient là où elle avait espéré arriver depuis le retour de son petit garçon. Et ce petit sourire juste avant, discret, moqueur surement mais qui prouvait bien que l'enfant avait grandi. Il ne serait jamais l'homme qu'elle espérait, personne ne pouvait réellement convenir aux envies de la Donna mais au moins, il reprenait du poil de la bête.

- Je n’attendais que ton accord Dexter.

Car elle ne mettait rien en place inutilement, que si son fils ne lui avait pas demandé, elle n’aurait pas pris le temps de chercher un pauvre petit braqueur de pacotille. Car elle le savait déjà, Ornella, que ça n’avait rien à voir avec la mafia, que son nom n’avait pas été visé. Qu’elle, en tant que parrain, elle n’avait jamais été en danger.

- C'était un joli prénom, Evan.

Un sourcil arqué lentement, ses fines lèvres posées sur la tasse pour en finir la boisson, il y avait du bon dans cette situation : cet homme, qu’elle n’avait pas connu, avait au moins participer à la naissance d'un véritable héritier, quoi que Dexter en dise.

- Tu voudras participer à son procès quand je le trouverai ?

La tête relevée, les cheveux ondulant légèrement sur ses épaules sous le geste, il n’y avait pas de si dans cette phrase. Ornella trouverait cet homme, ça n’était qu’une question de temps. Si le rôle de cheffe de la mafia italienne ne lui avait pas posé de problème à atteindre, ça n'était pas un stupide voleur de boulangerie qui allait lui rendre la vie difficile.

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Sam 21 Mar - 20:55
Il peut presque voir la satisfaction s’afficher sur ses traits. Oh, c’est une satisfaction contenue, il ne dira pas le contraire. Pas d’effluves de sentiments.  Pas de façon expansive de s’exprimer. De toute façon, il n’attend rien d’elle. Pas de fierté, pas de compassion - rien. Il a grandi à bonne école, il a appris à la connaître, à anticiper ses réactions bien qu’elles soient souvent incontrôlables. Petit à petit, il s’est fait une raison. Mais s’il y a bien une chose sur laquelle il sait qu’il peut lui faire confiance, c’est ça. Ce sale type qui a décidé de foutre sa vie en l’air un matin pour un portefeuille et quelques courses. Et quiconque viendra lui dire qu’Evan n’était pas du genre à souhaiter une revanche aura raison ; mais Evan est mort, et lui n’est pas son mari décédé. Il veut que ce type paie. Il ne sait pas encore comment, il ne sait pas quand, mais sa rage ne trouvera de repos que quand cette question là sera réglée. Si tant est qu’elle le puisse.

Il éprouve d’ailleurs une forme de soulagement à ce qu’elle acquiesce à sa demande.

- Je te remercie.

Il avale la fin de son pain au chocolat et se ressert une tasse de café. Il ne relève pas la remarque sur le prénom d’Evan, cela ne sert à rien. Il s’est toujours débrouillé pour compartimenter sa vie ; en ça, Evan était au courant des affaires de sa mère, mais n’a jamais mis les pieds dans ce monde corrompu qui détonnait en tous points avec sa personnalité douce et artistique. Maintenant qu’il est mort, entendre son prénom prononcé dans la bouche de sa mère n’a pas d’importance ; ce d’autant qu’elle peut lui donner ce qu’il cherche.

- Bien entendu.

Il lui offre un sourire en biais ; plus menaçant qu’à l’accoutumée. La vérité, c’est qu’il ne sait pas comment il réagira quand il y sera confronté. Il n’a pas envie d’anticiper cette question ; il sera là, point final. Elle saura sans aucun doute mener parfaitement la danse de toute façon.

Comme le temps semble propice à une forme instable mais inédite d’équilibre relativement paisible, il se risque à tendre une perche. Quitte à faire partie de ce monde qu’il voulait tellement fuir, autant y jouer ses cartes comme il le peut. C’est une question de survie, sans doute.

- Tu voulais discuter d’autre chose ?

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Sam 28 Mar - 13:45


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra



La réponse lui convient, lui donne même un frisson de joie qu’elle a du mal à contenir. Ornella n’est pas connue pour ressentir fortement mais quand c’est le cas, elle a toujours du mal à cacher ses sentiments. Trop vifs, la surprenant elle-même, ces moments sont rares mais d’une intensité folle pour quelqu’un de ce milieu. Ailleurs, cette façon de réagir aurait fait tiquer. Mais ici, dans un univers mafieux où la violence n’a d’égale que la froideur, les réactions d’Ornella Sciarra sont toujours expliquées par son rang et non sa santé défaillante.

Croquant dans un pain au chocolat, elle arque un sourcil en entendant la question de son fils. Autre chose ? Oui, des tas de choses mais est-ce le moment, la matriarche n’en est pas certaine. Elle peut toujours tenter, n’a rien à perdre à pat la joie d’avoir gagné.

- Je vais être absente quelques jours par ci par là pour des soucis de santé. Serais-tu intéressé pour me remplacer pour ce temps ou dois-je demander à Andrea de faire mon travail ?

Andrea, son garde du corps, le seul ami qu’elle a toujours eu, celui qui connait Dexter son enfance sans pour autant avoir pris un rôle important dans son éducation. Du moins pas officiellement ni dans la tête du jeune homme. Quant à son absence …. Ornella ne voit pas l’utilité d'évoquer son utérus et les soucis que sa condition de femme lui créé. Dexter a bien d'autres choses à penser.

- Je sais que tu as des inspirations différentes des miennes mais comme je te l’ai dis, je ne crois pas qu’elles soient impossible à assembler. De plus, nous avons quelques nouveaux contacts sur le marché d’art que j’aimerai que tu analyses. Ça a toujours été ton domaine et je te pense...

Elle hésite un instant, tapotant de l’index le bout de son pain au chocolat qui lui reste. Elle a encore si faim qu'il lui est difficile de réfléchir correctement.

- … le plus à même de me conseiller là-dessus.

Si ça ce n'est pas un compliment, Ornella ne saura plus quoi dire dans le futur.

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Sam 28 Mar - 19:39
Dexter avance ses cartes et place ses pions. Il le sait parce qu’il toise les réactions d'Ornella, et que si lui-même se force à ne pas réagir avec trop d’expression au comportement de sa mère, il croit déceler une furtive once de joie dans ses yeux, dans sa façon de se tenir. Il gagne du terrain, progressivement. Pas contre elle. Pour lui-même. Pour s’assurer un avenir, pour se sortir de la situation dans laquelle il se trouve à l’heure actuelle et qui ne lui promet qu’un avenir grisâtre sans saveur. Et aussi parce qu’il a gagné cette capacité à ne plus ressentir les choses avec autant de force et de violence qu’il ne le faisait auparavant. Il a gagné en froideur - ou perdu, peut-être, c’est selon.

Et sa proposition de remplacement lui confirme qu’ils sont tous les deux engagés sur un terrain rendu glissant par l’euphorie que génère cette situation inédite. Dexter la dévisage presque, pendant de longues secondes ; il a toujours été clairement établi qu’elle n’imaginait pas son fils pour la remplacer ou lui succéder, et il a toujours été clair que lui n’envisageait pas de le faire. Cette redistribution des cartes l’interroge ; et il ne peut s’empêcher de se demander s’il a un intérêt à accepter cette proposition ou pas. Il prend son temps, pour répondre. Et elle reprend la parole pour le convaincre, lui semble-t-il. Et quelque part, aussi, pour lui accorder sa confiance sur quelque chose.

Il pourrait en profiter, ce serait le moment idéal. Pour éteindre la joie qu’il a vue passer dans ses yeux, il pourrait se reculer dans sa chaise, se lever. Jeter sa serviette sur le bord de la table, lui répondre Non merci d’un ton nonchalant et faire volte-face pour partir. Il ignore si elle aurait mal, si elle serait contrariée, énervée, ou indifférente ; mais il pourrait s’offrir la satisfaction de l’avoir encore coiffée au poteau. Au lieu de ça, il attrape son café, le porte jusqu’à ses lèvres et acquiesce.

- C’est d’accord.

Il concède du terrain ; il offre une victoire. Il ne s’agit même pas de savoir qui a tort, ou qui a raison, simplement de compter les points de qui a réussi à convaincre l’autre. Elle a gagné ; mais Dexter songe à la conversation qu’il a eue avec Bloom, quelques soirs auparavant, sur les sièges du bar, aux conseils qu’il a osés lui donner alors qu’il est sans doute le moins à même de le faire.

- Rien de trop grave, j’espère.

Il n’espère pas. Il s’en fiche. Elle le sait. Il ne souhaite pas sa mort, il ne souhaite pas non plus qu’elle vive ; avec le temps, il a appris l’indifférence. Mais le destin est peut-être en train de redistribuer les cartes, et ce jeu d’équilibriste lui donne des frissons. De toute façon, il n’a plus rien à perdre.

@ Invité

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Ven 10 Avr - 14:13


la pêche à l'anguille.
feat @Dexter Sciarra


La réponse lui convient. Dexter ne tergiverse jamais trop longtemps, c’est toujours ce qui lui a plu chez son garçon. Il décide rapidement et efficacement, qu’importe si la réponse est positive. Au moins, ça ne fait jamais perdre de temps à Ornella, la donna n’ayant pas que ça à faire que d’attendre les bras croisés, qu’on se décide à opter pour l’un ou pour l’autre. Souriant discrètement, elle finit par prendre un autre pain au chocolat, laissant les pancakes de côté, l’appel du chocolat étant trop fort.  Ornella et son bec sucré, même enfant on n’arrivait pas à la contenter. Tu vas grossir qu’on lui murmurait, tu vas prendre du poids là où il ne faut pas, les hommes aiment les formes mais pas celles-là.  Les femmes de Sicile avaient beau avoir une certaine indépendance sur le papier, les hommes toujours loin dans leurs magouilles à deux balles, elles étaient faites pour être jolies, plantureuses, prêtes à être déballés comme tout cadeau qu’un époux attend avec impatience. Même adolescente, Ornella a toujours refusé ces préceptes, sans se douter une seule seconde qu’elle était aux prémices d’un combat qui allait durer plus longtemps qu’elle se l’imaginait. Si elle veut manger du chocolat, elle mangera du chocolat. Si elle veut se maquiller, elle se maquillera. Si elle veut déambuler en petit short dans la rue, elle le fera. On ne lui a pas donné l’autorisation, elle l’a prise toute seule tout comme celle de devenir cheffe d’une mafia centenaire.

- Tu n'as pas d'utérus, tu aurais du mal à comprendre. Mais promis, je ne suis pas mourante.

Du moins, pas à a sa connaissance. Elle sait que les examens qui suivront dans les semaines seront décisifs. Mais on ne s’appelle pas Sciarra pour prendre peur à la moindre petite épreuve se plaçant sur son chemin. Croquant dans le pain au chocolat, Ornella ne quitte pas des yeux son fils, un tantinet trop heureuse de le savoir à ses côtés pour la toute première fois. Cette erreur de parcours aura au moins servi à une chose : Dexter a compris que sa voie est déjà toute tracée même s’il pense l’opposé.

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