Les minutes défilent, Malte est clairement en retard pour aller travailler et pourtant, il prend le temps de s’arrêter au café au coin de la rue pour prendre de quoi manger. Il vient de déposer Mael en cours, s’il l’a fait manger lui il n’a pas eu le temps de se faire couler un café. Le quotidien qui s’est instauré entre eux est toujours le même : se lever au dernier moment, se préparer en deux trois mouvements, et pendant que Mael prend son petit dej, lui il prend sa douche. C’est tout le temps la même routine, quelle que soit la ville dans laquelle ils vivent, même maintenant qu’ils viennent à peine de poser leurs valises à New York, ville qu’ils connaissaient bien, ville qu’ils ont quittée il y a des années mais qu’ils vont devoir réapprendre à vivre ici. Des années maintenant que sa vie à pris un grand tournant : s’occuper de son neveu, tout en se faisant passer pour son père, pour lui tout comme pour les autres. Prendre la place de son jumeau n’a pas été chose aisée. C’est bien loin de l’époque de l’école où ils jouaient à ça tous les deux, surtout au lycée où il faisait les contrôles à la place de son frère quand il le pouvait. La vie est bien plus compliquée, devoir s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien, tout quitter sur un coup de tête pour remplacer ce frère qui a tout quitter à son tour, sans regard en arrière. Il ne pouvait pas laisser son neveu seul, il se devait de faire ça pour son frère alors que lui-même avait l’impression de l’avoir abandonné des années auparavant, en n’étant pas là alors qu’il plongeait petit à petit dans la drogue. S’il avait décidé de réapparaitre dans la vie de son frère pour l’aider, ce n’était pas pour l’abandonner en laissant son fils avec les services sociaux. Les choses auraient pu se dérouler de différentes façons mais aujourd’hui encore, il ne regrette pas ses choix. Si ce n’est peut-être le fait d’avoir dû tout abandonner et tout mettre derrière lui. Arrivant donc au café du coin, il souffle en voyant la file, tout le monde a dû se donner le mot pour prendre une boisson à la même heure et au même endroit. S’il pourrait prendre de quoi se mettre sous la dent ailleurs, il décide de prendre son mal en patience et de commencer sa journée de boulot sur place, en regardant les mails pro reçu depuis la veille. Ca l’occupe, tout en lui permettant de gagner du temps sur les tâches qui l’attendent dans ce job qui ne l’épanouis pas du tout. Les yeux rivés sur son téléphone, la file avance petit à petit, avant de se stopper net. La personne devant lui semble chercher encore et encore dans son sac, sans doute à la recherche de monnaie ou tout autre moyen de paiement. Malte il ne dit rien, alors qu’il entend des signes de mécontentement dans son dos. Sans trop réfléchir il finit par tendre un billet « Tenez, c’est pour moi » il en profite pour passer sa propre commande ; il joue peut-être aux héros, mais un héros qui a faim.