La pression de la journée retombe et Ahmed, il ne pense qu’à dormir. Il est à peu près certain qu’après une journée comme celle-ci, il pourrait dormir pendant vingt-quatre heures d’affilée. Le problème, c’est qu’il doit encore travailler demain. Et il a faim, aussi. Avec toute la charge de travail, il n’a pas vu le temps passé, n’a pas pensé à se nourrir. C’est bizarre, venant de lui. Le ventre sur pattes qu’il est ne rate pourtant aucun repas, pas même le goûter. Une habitude qu’il garde depuis ses années en France, sans doute. Ecouteurs dans les oreilles, Ahmed marche tranquillement dans la rue en faisant mentalement l’inventaire de ce qu’il a chez lui. Il lâche vite l’affaire quand il réalise à quel point il a envie de viande. C’est bête, mais il n’en a pas mangé depuis longtemps. L’inconvénient de vivre dans une coloc vegan. Mais est-ce qu’il peut vraiment se plaindre ? C’est lui qui a dit oui à ce plan, parce que c’était plus simple pour lui sur le moment. Il ne le regrette pas spécialement, sauf quand il a envie de s’enfiler dix kebabs d’un seul coup. Heureusement que Chris et Sheru ne lisent pas dans ses pensées. Plus il pense à cette histoire de kebab, plus il a envie de s’en prendre un sur le chemin du retour. Ou deux. Ou quatre. Il s’arrête un bref instant et commence à envisager la possibilité de squatter chez Elena avec ses kebabs. Il se pince les lèvres, puis finit par céder à ses envies. Le kebab n’attend que le marocain, qui s’en commande quatre sans une once d’hésitation. Il discute un peu avec le proprio du kebab, plaisante gentiment avec lui, et repart heureux comme un prince avec un sachet dans chaque main. Il n’est pas fou le garçon, il ne va pas prendre le risque de ramener ça chez lui pour manger comme un gros enfermé dans sa chambre. Il est sûr que ses colocs le grilleraient, en plus. Alors à défaut de prendre la direction de chez lui, il prend celle de chez Elena. Ahmed est prêt à sacrifier un kebab pour qu’elle soit au moins heureuse de sa soirée. L’africain utilise les transports en commun et arrive à destination une petite demi-heure après avoir récupérer sa nourriture. Il s’invite allègrement chez la brune, sans aucune gêne et lui présente les kebabs comme de véritables trophées. Bon, il frappe quand même à la porte. Il est poli. « Y’en a un pour toi et trois pour moi, » qu’il dit en se glissant à l’intérieur de chez elle. Ahmed fait comme chez lui, se dirige jusque dans la cuisine et dépose la nourriture sur la table. Il retire sa veste dans la foulée et tire une chaise sur laquelle il s’installe. « Tu faisais quoi ? Je t’ai manqué ? D’ailleurs, j’ai vu ta dernière vidéo. Le montage est vraiment pas ouf. » En tant que monteur professionnel, Monsieur se permet souvent de critiquer le travail de l’influenceuse. Il aime bien la faire sortir de ses gonds. Le grand moqueur qu’il est se sent toujours puissant quand il parvient à agacer ses victimes.

☆ ☆ ☆Elena est en révolution depuis ce matin. En effet, la mexicaine a eut une drôle de surprise en prenant sa douche : plus d'eau chaude. La faute à son ballon d'eau qui a rendu l'âme durant la nuit. S'il parait que l'eau froide et bonne pour la peau, qu'elle raffermit cette dernière, Elena n'est pas prête à prendre ce risque. Il fait encore beaucoup trop froid à l'extérieur pour pouvoir se permettre de se laver à l'eau froide. C'est donc un poil sur les nerfs qu'elle rentre en contact par téléphone avec la société de dépannage. La dame à l'autre bout est charmante et lui promet qu'un technicien passera dans la journée, sauf qu'elle est incapable de lui donner une heure précise. Autrement dit, Elena est contrainte de rester gentiment chez elle jusqu'à ce qu'on vienne la dépanner. A défaut de pouvoir prendre une douche, Elena fait tout de même sa toilette et utilise un shampoing sec sur ses cheveux. Ce n'est qu'une fois après avoir hydrater sa peau et s'être rendue présentable, qu'elle décide d'aller se plaindre un peu auprès de ses abonnés de sa mésaventure du matin en story. Elle passe même l'heure suivante à faire la promotion de produits de beautés qu'elle a reçu au cours de la semaine et qui lui semble intéressant, faisant ainsi profiter ses followers d'un code promo pour leur futur achat. Les heures s'allongent et à force, Elena trouve le temps long. Elle aurait aimer sortir de son appartement pour aller faire quelques achats. En ce moment, elle a envie de refaire la décoration de sa chambre. Si elle s'inspire des styles qu'elle trouve sur pinterest, la mexicaine adore flâner dans les boutiques à la recherche de la perle rare. A défaut de pouvoir sortir, la brune se perd donc sur internet. La nuit tombe et toujours pas l'ombre d'une trace de ce technicien. Quand elle entend qu'on frappe à la porte de son appartement, son visage s'illumine. Sauf que la porte s'ouvre sur Ahmed et non sur l'homme qu'elle attend. La déception. « Y’en a un pour toi et trois pour moi. » De ? L'information met plusieurs secondes avant de monter jusqu'à son cerveau. Le temps que l'odeur parvienne jusqu'à ses narines. « Juste trois ? » demande-t-elle assez surprise. « Oh, très bien fait comme chez toi. » dit-elle avec étonnement en le voyant rentrer chez elle le plus naturellement du monde. En même temps, devait-elle être surprise ? Non, c'est Ahmed. Après avoir fermer la porte, elle le suit jusqu'à la cuisine, sort deux verres au passage. « Tu faisais quoi ? Je t’ai manqué ? D’ailleurs, j’ai vu ta dernière vidéo. Le montage est vraiment pas ouf. » Le regard noir qu'elle lui lance, c'est cadeau. « Tu es le seul à me dire ça, tu es juste jaloux. » lâche-t-elle en lui tirant la langue. Elle remplit les deux verres vides d'eau. « Mes conseils étaient utiles pour illuminer ton teint ? » demande-t-elle avant de rire. La plupart de ses vidéos portent sur des tutos make-up alors ça la surprend toujours d'entendre Ahmed lui avouer qu'il les regarde. « J'attend depuis ce matin quelqu'un qui doit venir réparer mon ballon d'eau chaude mais vu l'heure, je pense que c'est mort. » Le soleil s'est couché. « Tu avais envie de quoi ce soir pour que tu viennes te réfugier chez moi ? » demande-t-elle curieuse en passant la tête par dessus l'épaule du brun afin de voir ce que pouvait contenir les sachets de nourritures. Une habitude qu'il avait prise et qui était loin de déplaire à la brune, au contraire, elle apprécie toujours la compagnie d'Ahmed. « Et bien sûr que je me suis ennuyer de toi, je me demande même comment j'ai pu faire pour tenir autant de jours sans te voir. » annonce-t-elle en posant sa main sur son épaule avant de se mettre à rire. Avant de prendre place sur l'une des chaises vides, elle dépose un baiser sur la joue sur brun. « Du nouveau de ton côté ? »

Ahmed se montre rarement raisonnable quand il s’agit de kebabs. Il a souvent les yeux plus gros que le ventre, et c’est d’autant plus vrai quand on sait que sa colocation le prive de viande. Non pas que ce soit un élément essentiel à l’alimentation d’Ahmed, qui a souvent dû se contenter de plats végétariens quand rien de ce qui lui était proposé n’était halal. Mais les kebabs… Ils sont sacrés, pour le marocain. Bon, il s’est quand même un peu emballé le garçon. Quatre kebabs, ce n’était pas nécessaire. Quand bien même son estomac soit capable d’engloutir une quantité importante de nourriture, il est assez peu probable que l’africain parvienne à manger tout ce qu’il a acheté. « J’ai faim, » dit-il pour justifier la quantité de kebabs. « J’ai pas mangé de la journée et je sens que j’ai la peau sur les os. » Il aime bien en faire des caisses, Ahmed. Grossir un peu le trait pour que les gens le prennent en pitié. Même si avec Elena, ça ne marchera pas. Ils ne se connaissent que trop bien, tous les deux. Ce n’est pas demain la veille qu’ils se prendront au sérieux l’un et l’autre. Ahmed s’installe, sans tellement se soucier de ce que la brune faisait avant son arrivée. Tant pis s’il la dérange. Il estime que si c’était vraiment le cas, elle lui aurait claqué la porte au nez ou empêché d’entrer chez elle. Le marocain prend ses aises et, comme souvent, ne rate pas une seule occasion de critiquer le travail d’Elena. Juste pour pimenter un peu la discussion. Évidemment qu’il ment. En tant que monteur pro, il trouvera toujours quelque chose à redire mais globalement, il ne peut pas dire que ses vidéos soient nulles. Sauf qu’il le sous-entend quand même, parce qu’il s’agit d’Elena. « Désolé d’être honnête, contrairement à toute ta grande communauté. Mais si tu préfères vivre dans le mensonge, alors tant mieux pour toi ! » Un sourire moqueur vient étirer ses lèvres. « J’dois avouer que j’ai pas encore eu le temps de les appliquer. Faudra que tu me redonnes la marque de ta poudre magique. Celle qui brille, t’sais, celle que tu mets juste là… » Du bout de son index, il pointe le haut de sa joue, au niveau de l’os. Il ne comprend rien aux vidéos d’Elena, mais il les regarde. Peut-être parce qu’elle est jolie et que ça lui fait plaisir. Pendant qu’il sort la nourriture des sachets, il l’écoute parler de son ballon d’eau chaude. La question qui vient ensuite lui arrache un grand sourire. « J’avais envie de toi, bébé. » Jamais Ahmed ne cessera les allusions au sexe. Plutôt mourir que d’arrêter. « J’peux te montrer comment prendre une douche chaude, en plus. » Le brun lâche ça comme ça, l’air de rien, sur un ton trop détendu pour être sérieux. Et dans le fond, il n’est pas sérieux. C’est devenu une habitude de balancer ce genre de vanne dans les airs. « C’est pour ça que je suis là. J’ai senti ta tristesse, vois-tu. » La main de la jeune femme qui glisse sur son épaule et le contact de ses lèvres contre sa joue, ça ne le laisse pas complètement indifférent. Elena l’a toujours attirée et elle ne sent probablement pas compte d’à quel point ses gestes peuvent parfois perturber le marocain. Le regard rivé sur les quatre kebabs, il prend une légère inspiration comme pour reprendre le fil de ses pensées. « Non, pas tellement. C’toujours la même chose. Le travail, la coloc, les sorties… Normal quoi. » Il pousse une barquette vers Elena et garde le reste pour lui. « J’y connais rien en ballon d’eau chaude, mais tu voudras que j’y jette un oeil ? » Qu’il demande, plein de bonne volonté. Il se dit qu’avec un peu de chance, il trouvera la panne. « Mais d’ailleurs… C’est toi, cette sale odeur ? Si j’avais su, je t’aurais plutôt ramener de quoi te laver. » Ahmed lui lance un regard empli de moquerie, le tout en prenant une énorme bouffée de son sandwich. Et soudain, le phénix renait de ses cendres.

☆ ☆ ☆« J’ai faim. » En même temps, quand cet homme n'a t'il pas faim ? C'est un mystère qu'Elena tente de résoudre depuis des années, mais sans succès. « J’ai pas mangé de la journée et je sens que j’ai la peau sur les os. » Au moins. Bon en même temps, Ahmed n'est pas gros ni même enrober. Mais de là à dire qu'il n'a que la peau sur les os, c'est Ahmed quoi. « Un peu plus et je ne te reconnaissais même plus. » dit-elle en riant. Un peu plus et il aurait pu même passer à travers la porte. Bref comme souvent quand Ahmed vient lui rendre visite c'est parce que son estomac crie famine. Certes, il pourrait manger tranquillement chez lui. Mais s'il est là c'est parce que son estomac hurle d'envie de viande ce qu'il ne peut pas se permettre dans sa colocation. Un mystère encore irrésolu et qui le restera encore longtemps. Elena ne va pas se plaindre, elle peut manger à l’œil et en plus ça lui évite de devoir soit se faire livrer ce soir, soit se faire à manger. Dans un sens, Ahmed arrive au bon moment. Par contre, il n'était pas obligé de critiquer sa dernière vidéo. « Désolé d’être honnête, contrairement à toute ta grande communauté. Mais si tu préfères vivre dans le mensonge, alors tant mieux pour toi ! » « Tu me vexes, Ahmed. » avoue-t-elle en croissant les bras contre sa poitrine tout en affichant une petite moue boudeuse. « La prochaine fois que tu auras faim, je ne t'ouvrirais peut-être pas la porte. Ou je peux envoyer une photo de toi à tes colocs, je suis sûre qu'ils seraient ravis de découvrir ce que tu dévores en leur absence. » lance-t-elle. Ceci ressemble fortement à une menace ! Le ferait-elle ? Non. Mais si Ahmed peut y croire un brin de seconde ça sera sa plus belle victoire. « J’dois avouer que j’ai pas encore eu le temps de les appliquer. Faudra que tu me redonnes la marque de ta poudre magique. Celle qui brille, t’sais, celle que tu mets juste là… » Le simple fait d'imaginer Ahmed prendre des notes pendant une de ses vidéos ça la fait rire. Elle l'abandonne d'ailleurs quelques secondes avant de revenir vers lui et de lui tendre la fameuse poudre magique. « Tiens c'est cadeau, c'est pour toi, ça me fait plaisir vraiment. » annonce-t-elle. « Ça s'appelle de l’highlighter. » précise-t-elle. Mais la poudre magique c'était pas mal comme nom aussi. Curieuse, Elena demande à son invité qui s'est inviter tout seul ce dont il avait eut envie ce soir. « J’avais envie de toi, bébé. » Elle venait de lui tendre une perche et était-elle surprise de sa réponse ? Non. Au contraire, Elena, elle est du genre à en redemander. « Oh, on passe directement au dessert alors ? » suggère-t-elle. A ses yeux, c'était uniquement un jeu entre eux et jusqu'à preuve du contraire, ça n'avait jamais été sérieux. « J’peux te montrer comment prendre une douche chaude, en plus. » « Et si j'avais envie d'un bain, on fait comment ? » demande-t-elle. Dans les deux cas malheureusement la brune n'avait plus d'eau chaude, bien qu'elle ne doute pas des performances de son ami, elle doute que ça soit suffisant pour réchauffer l'eau. « Non, pas tellement. C’toujours la même chose. Le travail, la coloc, les sorties … Normal quoi. » Autrement dit, la vie quoi. Bien qu'elle prête une oreille aux dires du brun, la curiosité la pique de plein fouet quand elle voit cette belle barquette devant ses yeux. D'un ça sent bon et de deux ça a l'air bien chaud. Ses yeux pétillent quand elle défait le papier qui entoure le sandwich. « J’y connais rien en ballon d’eau chaude, mais tu voudras que j’y jette un œil ? » Oh ? En même temps qu'avait-elle à perdre de plus ? « Si ça te dérange pas. » dit-elle. Elle ne veut pas l'obliger à faire quoi que ça soit, mais puisque ça part de sa propre initiative, elle ne va pas dire non. « Mais d’ailleurs … C’est toi, cette sale odeur ? Si j’avais su, je t’aurais plutôt ramener de quoi te laver. » MEH ! Ce garçon est un sale gosse ! Alors qu'elle venait de croquer un morceau de son kebab, Elena se démène pour trouver quelque chose à lui lancer dessus. Ça sera une serviette qui tombe comme une crêpe à un mètre du marocain. Pour la peine, elle lui offre un joli doigt d'honneur remplit de grâce. « Je sens bon, je sens même la noix de coco ou la papaye. » clame-t-elle pour se justifier. « Je ne te ferais pas me sentir parce que ça serait un peu étrange. » enchaîne-t-elle. Ou alors c'était l'ananas, elle ne sait plus. Elle-même trouve ses propos étranges en bouche. Ce que sa bouche ne trouve pas étrange c'est ce délicieux kebab qu'elle dévore. Dévorer est un large mot, elle ne sait pas si elle sera capable de le finir. « Tu vas vraiment réussir à en manger trois ? » demande-t-elle. Parce qu'elle n'a même pas finit le sien qu'elle se sent déjà pleine. « Il y avait vraiment un soucis dans le montage ou tu dis ça juste pour me taquiner ? » questionne-t-elle. « Si tu as des conseils, je ne dis pas non. » avoue-t-elle. Accepter la critique c'est une chose, apprendre de ses erreurs c'est un point qu'Elena ne néglige pas.

Quand Ahmed apprécie sincèrement une personne, il la taquine sans relâche. C’est sa manière à lui de montrer son affection, aussi tordue soit-elle. Elena n’échappe malheureusement pas à cette règle. Il utilise son statut de monteur professionnel pour se permettre de critiquer la dernière vidéo de la YouTubeuse, sans en penser le moindre mot. A vrai dire, il l’admire. S’il sait monter une vidéo de manière propre et efficace, c’est parce qu’on lui a appris. Ahmed a fait les études pour, et a par la suite eu la chance d’être suivi par des professionnels. Elena, elle a tout appris d’elle-même, sur le tas. La brune a certainement plus de mérite que lui, mais ça, il n’est pas près à l’admettre. C’est plus drôle de se moquer d’elle, histoire de la faire sortir de ses gonds le temps de quelques secondes. Le marocain esquisse un sourire victorieux, à peine touché par ce qu’elle lui dit. « Tu peux pas me résister, Elena. » A la rigueur, il est plus inquiet de savoir qu’elle serait capable d’envoyer une photo de lui en train de manger de la viande à ses colocataires. « Envoie la photo si tu veux. Sache juste que si tu fais ça, il y aura des conséquences. Genre un arabe qui squatte ton canapé jusqu’à la fin de tes jours. » Elena ne devrait pas prendre ce genre de menace à la légère. Le jour où elle devra héberger Ahmed, elle rigolera peut-être un peu moins. Le sourire d’Ahmed disparaît lorsqu’il voit la brune se lever de sa chaise pour disparaître quelque part dans l’appartement. Il se demande ce qu’elle lui réserve et en vient à se demander s’il ne devrait pas cacher les kebabs avant qu’elle ne le surprenne avec un appareil photo. Heureusement pour celui, elle ne lui tend qu’une poudre inoffensive et aussitôt, il retrouve son sourire. Ahmed attrape l’highlighter et l’ouvre, par curiosité. « Mashallah, qu’est-ce que je ferais sans toi ! » Sans doute qu’il n’utilisera jamais cette poudre, et qu’il oubliera même son utilité avant demain. Mais le geste d’Elena le fait rire. Il dépose le maquillage dans un coin et se concentre sur la nourriture. La question que la brune lui pose ensuite, Ahmed la perçoit comme une perche. Il ne lui faut pas plus de deux secondes pour la saisir, sachant pertinemment qu’elle va rentrer dans son jeu. Il la connait autant qu’elle le connait. Les blagues de ce genre n’ont plus aucun secret pour eux. A l’évocation du dessert, Ahmed ne répond rien. Il se contente de sourire et incline la tête sur le côté. Il enchaîne, rebondit sur cette histoire de douche sans la quitter des yeux. « Ça marche aussi. Douche, bain… C’est la même. » Il a comme l’impression que la tension monte d’un cran. Ou peut-être que c’est juste lui qui s’emballe. Il n’était pas sérieux, à la base. Mais le fait de voir Elena réagir réveille en lui quelques envies difficiles à ignorer. Quoi qu’elle le ramène vite sur terre, en le questionnant sur les banalités de la vie. Du coup, sans arrière pensée aucune, il se propose pour jeter un oeil à son ballon d’eau chaude. En tout et pour tout, Ahmed aura été sérieux deux secondes et demi. Il retrouve son air moqueur et attaque Elena sur son hygiène, bien qu’elle sente très bon. Sa tentative désespérée de riposter avec une serviette le fait rire. « Moi aussi je t’aime, » dit-il en faisant mine de lui envoyer un doux baiser. « Ça tombe bien parce que j’avais pas spécialement envie de te renifler. » Elle semble apprécier le dîner, et c’est la même chose de son côté. Ahmed ne dit plus rien, pleinement satisfait des saveurs qui explosent dans sa bouche. Il reporte son attention sur la brune quand elle l’interroge sur sa capacité à manger trois kebabs. « Me sous-estime pas, j’en suis capable. » C’est sa fierté qui parle. « Enfin je sais pas. J’avoue, je me suis emballé. J’ai rien mangé de la journée et je mange tellement rarement des kebabs que j’ai voulu marquer le coup. Au pire tu pourras garder ce qui reste. »  S’il arrive à terminer son premier, ça sera déjà beau. Il repose d’ailleurs le sandwich et repose son dos contre le dossier de la chaise quand Elena s’inquiète de la remarque faite sur la qualité de son montage. « Ça dépend, tu veux que je te dise la vérité ou que je t’inonde de compliments ? » Il la sonde, parce qu’il n’a pas envie de se mettre Elena à dos au prix de sa franchise. « Sérieusement, ton montage était top. Il y a quelques bugs, mais je suis sûr que personne ne les a remarqués. Après… T’sais que je peux venir t’aider quand tu veux avec ça. » C’est une partie de plaisir, pour lui. Il serait même plutôt content qu’Elena le sollicite un jour. Le marocain attrape la petite bouteille de coca et en boit une gorgée. « En échange, tu peux m’apprendre à mettre de la poudre magique et à faire des stories de BG sur instagram. P’tete que grâce à toi, je vais trouver la femme de ma vie. » Il reprend son kebab et croque à nouveau dedans, sans la moindre retenue. « J’suis sûr que tu reçois plein de DM chelou de mecs affamés. » Il faut dire qu’Elena, c’est une belle femme. Il ne préfère même pas imaginer le nombre de pervers qui fantasment sur ses photos.

☆ ☆ ☆Pour une raison qu'elle ignore, il existe entre Ahmed et elle, un jeu de séduction. Dans ce jeu, le sérieux n'est pas permis. Elena sait que son ami n'est pas un homme sérieux et c'est beaucoup trop facile pour elle d'entrer dans son jeu. Ça la fait rire. Peut-être qu'un jour, elle comprendra qu'il n'est pas si innocent que ça mais pas aujourd'hui, ni même ce soir. « Tu peux pas me résister, Elena. » Il n'a pas tord, Ahmed est un charmant jeune homme qui ne laisse pas Elena de marbre. Mais dans son esprit, cela ne lui vient pas que leur relation dépasse le stade de l'amitié. « Envoie la photo si tu veux. Sache juste que si tu fais ça, il y aura des conséquences. Genre un arabe qui squatte ton canapé jusqu’à la fin de tes jours. » La menace ultime ! Finalement, Elena va revenir sur ses propos et garder cette photo pour elle. « Okay, je vais m'abstenir. Mais sache que je le fais pour le bien être de mon canapé, c'est du cuir italien. » dit-elle. Malgré tout si un jour Ahmed venait à être virer de son appartement, Elena ne le mettrait pas à la porte. Elle lui proposerait bien évidement son canapé ou le lit de la chambre d'ami à défaut de proposer le sien. Elena n'est peut-être pas prête à vivre avec quelqu'un, mais elle est prête à donner des conseils beautés et faire cadeau de sa poudre à Ahmed. « Mashallah, qu’est-ce que je ferais sans toi ! » Il serait perdu ce petit être, c'est sur ! « Je le sais que tu serais perdu sans moi. » confie-t-elle. Tout le monde à besoin d'une Elena Paredes dans sa vie et Ahmed plus que n'importe qui. « Ça marche aussi. Douche, bain … C’est la même. » Moui, Elena n'est pas aussi convaincu que le jeune homme. Elle réfléchit même à la question avant de reposer le regard sur son ami. « Je trouve ça très différent, on ne peut pas bouger de la même façon dans l'un et l'autre, ni utiliser les mêmes positions. » avoue-t-elle. Oui, Elena avait mûrement réfléchit à la question de cette douche chaude / bain chaud. En parlant de douche, Elena n'a pas pu en prendre une ce matin à cause de ce fichu ballon d'eau chaude qui fait des siennes. Pour la peine, Ahmed l'accuse de sentir mauvais. Se sentant vexé, elle tente de l'attaquer avec une serviette. C'est un fail. « Ça tombe bien parce que j’avais pas spécialement envie de te renifler. » Très bien. Elena aurait trouver ça très étrange s'il avait accepter de le faire. Au moins, elle a apprit une chose supplémentaire sur Ahmed ce soir, ça n'est pas dans son truc de renifler les gens. Par contre si elle sait une chose à son propos c'est qu'il a souvent les yeux plus gros que le ventre. Trois kebabs pour un seul homme c'est peut-être beaucoup. « Me sous-estime pas, j’en suis capable. Enfin je sais pas. J’avoue, je me suis emballé. J’ai rien mangé de la journée et je mange tellement rarement des kebabs que j’ai voulu marquer le coup. Au pire tu pourras garder ce qui reste. » Pour elle ? « Tu peux très bien repasser demain pour les finir. » suggère-t-elle. C'est une solution comme une autre qui ne déplaît pas à la brune, elle ne l'aurait pas proposer sinon. Ce qui lui déplaît par contre, c'est de connaitre le sentiment de l'homme sur son montage vidéo. « Ça dépend, tu veux que je te dise la vérité ou que je t’inonde de compliments ? » « Non, non soit franc. » déclare-t-elle. Les compliments c'est bien certes mais Elena préfère avoir une critique construite plutôt qu'on lui cache la vérité. « Sérieusement, ton montage était top. Il y a quelques bugs, mais je suis sûr que personne ne les a remarqués. Après… T’sais que je peux venir t’aider quand tu veux avec ça. » Vraiment ? La brune écarquille les yeux quand elle entend les paroles du marocain. « C'est vrai ? Je m'attendais à ce que tu me dises que c'était horrible, en tout cas venant d'un pro comme toi, ça me touche. » dit-elle en souriant. « La prochaine fois je t'appelle pour me donner un coup de main, si ça ne te dérange pas. » ajoute-t-elle. Bon en même temps c'était lui qui s'était proposer alors ça ne devait pas le déranger. Comme il venait de se proposer à regarder son ballon d'eau chaude. « En échange, tu peux m’apprendre à mettre de la poudre magique et à faire des stories de BG sur instagram. P’tete que grâce à toi, je vais trouver la femme de ma vie. » La femme de sa vie, elle est juste en face de lui. « Tu fais déjà des jolies photos, tu sais je suis jalouse quand je regarde ton compte insta. » avoue-t-elle. En même temps, Ahmed est beau. Il n'a pas besoin de faire grand chose, il a la chance d'être photogénique en plus. « Tu devrais te présenter au casting du prochain Bachelor, je suis sûre que tu aurais toutes tes chances ! Je suis même d'accord pour être l'une de tes prétendantes. » relève-t-elle accompagné d'un sourire. Si Elena tente de croquer un morceau de plus de son assiette, elle se sent déjà pleine. Elle préfère boire de l'eau, c'est plus sage. Elle savait que ce kebab était trop gros pour son estomac. « J’suis sûr que tu reçois plein de DM chelou de mecs affamés. » Oh ça ? « Entre ça et recevoir des photos de bites, je suis servie. » ironise-t-elle. « Au début c'était un peu surprenant puis avec le temps, tu t'y fais du moins je n'y fais plus attention. Mais j'en ai eut un weird dans la semaine, il m'a demandé d'envoyer une photo de mes pieds. Il m'a même appeler maîtresse Elena. » confie-t-elle avant de se mettre à rire. « Je suis désolé, Ahmed mais je suis vraiment pleine. » finit-elle par avouer en repoussant la barquette du kebab sur la table. « Tu as déjà réussit à charmer une femme en lui envoyant un nude, toi ? » demande-t-elle sérieusement. Elena cherche à comprendre les hommes et notamment ceux qui pense que les femmes sont séduites quand elles reçoivent une partie de leur anatomie.

D’ici à ce qu’il répare le ballon d’eau chaude de la brune, Ahmed va devoir terminer son dîner. Effectivement, engloutir trois kebabs s’avère ambitieux. Quoiqu’il soit capable de se forcer à tout manger, juste par fierté. Ahmed relève les yeux vers Elena, alors qu’elle lui propose de revenir le lendemain pour terminer ce qu’il sera incapable de manger ce soir. « Faut pas me le dire deux fois. » Dans sa tête, il réserve déjà sa soirée pour la brune. « Sinon, mon plan c’était de manger au point de plus pouvoir bouger et être obligé de dormir chez toi. » Il lance ça d’un air faussement innocent, juste avant de dévorer une autre bouchée de son kebab. La moitié des ingrédients s’échappent du pain mais il s’en fiche, c’est tellement bon qu’il n’a pas peur de manger comme un enfant de cinq ans.

La discussion reprend un ton sérieux avec l’évocation de la dernière vidéo d’Elena. Bien qu’il soit admiratif de son travail, Ahmed ne peut retenir son avis d’expert. Le marocain passe ses journées à parfaire des montages, à l’affut de la moindre incohérence. Son côté perfectionniste le pousse à vérifier chaque seconde de chaque vidéo. Évidemment qu’il reprend ses habitudes de pro quand il regarde les vidéos qui sont publiées sur YouTube. « Sérieux ? J’suis si con que ça à tes yeux ? » Demande-t-il, réellement surpris. « J’imagine assez bien le travail que tu passes sur tes vidéos. Juste pour ça, j’serais vraiment le pire des enfoirés si j’disais que ta dernière vidéo était horrible. » C’est qu’il serait presque vexé, le garçon. Il n’aime pas passer pour le mec prétentieux qui se croit tellement supérieur qu’il peut se permettre de dénigrer le travail des autres. Au contraire : s’il doit soumettre une critique, Ahmed fera en sorte que celle-ci soit constructive. « Je t’aurais pas proposé de t’aider si ça me dérangeait. » Conclut-il simplement, en haussant les épaules.

Il retrouve un ton un peu plus léger assez rapidement, et propose à Elena un deal : s’il l’aide à monter sa prochaine vidéo, elle lui dévoile ses secrets pour être le roi d’instagram. Le marocain marque un temps d’arrêt face à l’aveu de la brune. « Jalouse ? De quoi ? De toutes les filles qui likent mes photos ? » Elle était facile, celle-là. Elena lui a tendu une perche, et il aurait été bête de ne pas la saisir. Néanmoins, il peine à croire qu’elle soit véritablement jalouse de ses talents inexistants. Il veille à poster de belles photos, mais on ne peut pas dire qu’il fasse beaucoup d’effort quant à l’esthétique. « J’ai toujours su que tu voulais me mettre dans ton lit ! » Dit-il en référence à son affaire de Bachelor. Il ne dit rien, mais il est touché. Les compliments d’Elena ne passent pas inaperçus, d’où son large sourire jusqu’aux oreilles. Peut-être que finalement, il lui plait aussi. Ahmed se montre curieux et questionne la jeune femme sur le type de messages qu’elle reçoit. Quand on voit les spécimens qui trainent sur Instagram, il imagine assez bien ce qu’elle pourrait recevoir. Le marocain rit franchement en entendant les histoires d’Elena, tout en se disant qu’il n’aimerait vraiment pas être à sa place. « Maîtresse Elena… » répète-t-il, amusé. « Les mecs comme ça devraient même pas exister. Je sais pas comment tu fais pour ne plus y faire attention. À ta place, j’aurais envie de tous les défoncer. » Il secoue la tête de gauche à droite, blasé de ce genre de comportement sur les réseaux. Tandis qu’elle abandonne le kebab, Ahmed termine le sien dans le plus grand des calmes. « Je refuse le gaspillage. Tu permets ? » Il récupère les restes de la brune sans aucune gêne, bien déterminé à finir ce qu’elle ne peut plus manger. « Je préfèrerais mourir plutôt que d’envoyer des photos de moi à poil. » Même lorsqu’il était en couple, ça n’a jamais été le truc d’Ahmed de se prendre en photo sans le moindre vêtement sur lui. « J’préfère tout donner en vrai, c’est mieux. C’est sans doute pas aussi beau en photo en plus. » Il lance à Elena un regard taquin, accompagné d’un mince sourire en coin qui révèle tout de son côté joueur. « D’ailleurs, il va falloir que tu me montres ce fameux ballon d’eau chaude. » Annonce-t-il en avalant sa dernière bouchée de kebab. Ahmed se lève et lave le gras de ses mains à l’évier de la cuisine. Elena le guide ensuite jusqu’à la bête, qu’il observe dans un premier temps en inclinant la tête sur le côté. « Je vais tout faire pour pas te décevoir, Elena. » Même s’il n’a jamais touché à un ballon d’eau chaude de sa vie. Ahmed dégaine l’arme ultime : son portable. Sans aucune gêne, il lance une recherche Google à la recherche d’une solution. « Ah, j’ai trouvé un truc bien. » Dit-il en levant l’index en l’air. Il parcourt l’article et lit à voix hautes les parties qui lui semblent être importantes. Jusqu’au paragraphe final : « Faites appel à un plombier. » Après cette annonce, il se tourne vers Elena. « Tu veux que j’appelle un plombier ? C’est dans mes cordes, ça. Et si tu veux, tu pourras venir prendre ta douche chez moi. » Pour une fois, il n’y a aucune arrière-pensée dans sa suggestion. Lui-même apprécierait de pouvoir compter sur quelqu’un s’il se retrouvait sans eau chaude. Hors de question pour l’homme qu’il est de laisser couler ne serait-ce qu’une micro goutte d’eau froide sur son corps.

☆ ☆ ☆Ahmed utilise peut-être souvent l'excuse de sa colocation vegan pour venir dîner autre choses que des légumes chez Elena, mais cela ne dérange en aucun point la brune. Au contraire, elle apprécie énormément la compagnie d'Ahmed. Il l'a fait toujours rire et avec lui, au moins, elle sait qu'elle n'a pas besoin de se prendre la tête. Alors le fait de savoir qu'il va revenir dès le lendemain, ne la gêne pas au contraire ça l'enchante. En même temps c'était son idée aussi. « Sinon, mon plan c’était de manger au point de plus pouvoir bouger et être obligé de dormir chez toi. » Elena ne rajoute rien, elle se contente de sourire à sa remarque. S'il tient à vouloir dormir chez elle, ce n'est pas la mexicaine qui le jettera dehors. Cependant avant que la nuit n'arrive et que cette situation se mette en place, les deux amis discutent de la dernière vidéo d'Elena. L'influenceuse se questionne sur le montage de sa vidéo et si celui-ci est réellement bien fait ... Mine de rien face à Ahmed qui est un pro dans le domaine, ça lui met un poil la pression. « Sérieux ? J’suis si con que ça à tes yeux ? » « C'est la dernière chose que je penserai à ton égard. Je ne veux pas que tu le prennes comme ça. » enchaîne-t-elle rapidement. Loin d'être l'envie de blesser Ahmed. Si parfois, elle le trouve idiot, c'est un idiot mignon qui prend toujours son sérieux quand le sujet est intéressant. « J’imagine assez bien le travail que tu passes sur tes vidéos. Juste pour ça, j’serais vraiment le pire des enfoirés si j’disais que ta dernière vidéo était horrible. » Oh ? C'est donc un compliment venant de sa part ? Elle est soulagée et elle se sent même encore plus fière de ses montages. Cependant, elle n'est toujours pas contre à un coup de pouce d'Ahmed. En contre partie, elle accepte de lui donner un petit coup de pouce pour ses prochains posts Instagram. Enfin a-t-il vraiment besoin d'aide ? C'est un beau garçon, c'est un beau modèle et il a un don pour prendre des belles photos. Elena, ça la charme. « Jalouse ? De quoi ? De toutes les filles qui likent mes photos ? » « Je sais que je suis plus jolie qu'elles. » dit-elle dans le plus grand des calmes. Elena, elle s'aime autant qu'elle sait qu'elle est une jolie femme. « Tu visites toujours des jolis coins, ça, ça me rend jalouse ou plutôt envieuse. » avoue-t-elle. Elena sous entend directement que la prochaine fois, elle aimerait être là ! Et si Ahmed décide de faire le casting du Bacherlor, elle tient aussi à être de la partie ! « J’ai toujours su que tu voulais me mettre dans ton lit ! » Ce garçon voit toujours du sexe où il n'avait pas lieu d'être. « Si j'avais vraiment envie de te mettre dans mon lit, je ne chercherai pas à t'inscrire à une émission. » confie-t-elle après avoir finit son verre d'eau. « A défaut d'être le prochain Bachelor, mon lit est toujours présent, lui. » lance-t-elle, son sourire espiègle au bout des lèvres. Elena est joueuse et à force, elle risque de se faire prendre à son propre jeu. La conversation autour du kebab tourne désormais sur les messages que reçoit la brune. Ils sont tous différents et parfois surprenant. Ahmed ne manque pas de la charrier face à sa dernière confession. Elle est à court de munition à lui envoyer alors il a juste droit à un faux sourire. « Les mecs comme ça devraient même pas exister. Je sais pas comment tu fais pour ne plus y faire attention. À ta place, j’aurais envie de tous les défoncer. » C'est ce qu'elle faisait au début, puis plus les abonnés augmentaient, plus elle en perdue le fil. « C'est sans fin. Quand tu en bloques un, il y en dix autres qui rappliquent. » explique-t-elle. « Mais si tu veux te faire plaisir, tient va y. » annonce-t-elle avant de déposer son téléphone juste devant Ahmed. Libre à lui d'en faire ce qu'il veut. Tant qu'il ne poste pas de photos de lui à poil, ça devrait le faire. Et chance pour elle, ce dernier lui avoue n'avoir jamais prit de nude. « J’préfère tout donner en vrai, c’est mieux. C’est sans doute pas aussi beau en photo en plus. » Ahmed marque un point. C'est toujours mieux en vrai, les photos c'est juste le petit avant goût avant le festin. La brune était prête à surenchérir, mais voilà que Ahmed se décide à enfin l'aider pour son ballon d'eau chaude. Elena nettoie rapidement son plan de travail et guide le marocain jusqu'au ballon d'eau chaude qui prend place dans un placard près de l'entrée. « Je vais tout faire pour pas te décevoir, Elena. » Oh oui ! Elena, elle est même prête à le récompenser s'il règle son problème! Quelque peu en arrière, elle l'observe se mettre à l'oeuvre ... avec son téléphone portable ? Pourquoi elle n'a pas penser à regarder avant un tuto ? Quand il lui annonce avoir trouver quelque chose de bien, elle s'avance et tente de regarder par dessus son épaule. « Faites appel à un plombier. » C'était donc ça, la solution dans son article ? « Tu veux que j’appelle un plombier ? C’est dans mes cordes, ça. Et si tu veux, tu pourras venir prendre ta douche chez moi. » « C'est vraiment la solution qu'on te propose ? Faire appel à un plombier ? » lâche-t-elle avant de rire nerveusement. « Le plombier, je l'attend depuis ce matin. Vu l'heure de toute façon, je ne pense pas que le relancer serve à quelque chose ... » précise-t-elle en remarquant à travers les fenêtres que les étoiles commencent à briller dans le ciel. « Je ne vais pas te déranger pour une douche quand même ... » indique-t-elle, même si l'envie de prendre une longue douche chaude est en train de prendre place dans son esprit. « T'es sûr ça ne te dérange pas, ni même tes colocs ? » demande-t-elle alors qu'elle est sérieusement en train de réfléchir à la question. « Je ne vais pas venir, prendre une douche et rentrer chez moi, c'est ridicule. » continue-t-elle. « Tu as de la place pour deux ... dans ton lit ? » conclue-t-elle en plantant son regard dans celui d'Ahmed. Elena s'invite de son propre chef dans le lit du marocain et pour une fois, elle est sérieuse, elle n'a pas envie de jouer.

Ahmed ne serait plus lui-même sans son côté séducteur. Flirter avec les femmes pour le plaisir de vivre, sans penser que ça puisse aller plus loin, c’est sa spécialité. On peut facilement le lui reprocher, d’ailleurs. Ahmed s’est plus d’une fois retrouvé dans des situations délicates, simplement parce qu’il n’est pas doué pour trouver ses limites. N’importe qui peut le constater en se basant sur ses relations avec les femmes. C’est le cas avec Dahlia, mais aussi Elena. La différence entre les deux femmes, c’est que l’une d’entre elles l’attire vraiment. Avec Elena, il a tendance à penser la plupart des choses qu’il lui dit. Elena lui plait, c’est un fait. Autant du point de vue de son physique que de sa personnalité, elle l’attire. Le problème, c’est qu’à force de jouer avec elle, il n’a aucune idée de ce qu’elle pense de lui. Ahmed a la sensation de n’être qu’un ami pour elle, alors par peur de plonger dans un piège, il reste sur la retenue et prétend blaguer. La mexicaine n’a aucune idée d’à quel point ses répliques peuvent le perturber. Parfois, il se laisse volontairement berner en se disant qu’elle est autant attiré par lui qu'il l’est par elle. C’est peut-être pour ça qu’il prend un malin plaisir à la chercher. Elena le régale en termes de sous-entendus et quelque part, ça le flatte. Une partie de lui a envie de tout donner pour la faire tomber sous son charme, et jouer les plombier peut l’y aider. S’il pouvait se positionner en héros, en réparant un ballon d’eau chaude, Ahmed en serait plus que ravi. Le problème, c’est qu’il n’a aucune compétence en matière de plomberie. Google lui-même indique plutôt de faire appel à un professionnel, ce qui ne semble pas ravir Elena. Alors à défaut de réparer la pièce défaillante, le marocain propose à la brune de venir prendre sa douche chez lui. « Mes colocs sont des êtres gentils, tu sais. » Sheru et Chris ne peuvent se montrer que compréhensifs, il en est certain. Seulement, Elena hésite encore. C’est vrai que prendre une douche et rentrer chez elle, c’est un peu idiot. Et alors qu’une proposition émerge dans son esprit, Elena le devance. « Mais c’est qu’elle s’invite dans mon lit maintenant ! » Qu’il s’exclame, à la fois surpris et amusé. « J’aurais toujours une place pour toi, habibi. » Et pour le coup, c’est une vérité qu’il lui dit là.

Après avoir rassemblé ses affaires, Elena se tient prête à partir. Ils rentrent ensemble chez Ahmed et croisent l’un des deux colocataires. Le marocain guide la jeune femme sans plus tarder jusqu’à la salle de bain et sort une serviette de bain propre. « Fais comme chez toi. Si jamais t’as un problème, t’as qu’à crier mon nom. » Un sourire taquin inscrit au coin des lèvres, il laisse Elena profiter d’une douche bien chaude. De son côté, il rejoint sa chambre et range les deux ou trois affaires qui traînent. Dans ces moments-là, il se remercie d’être un fan du ménage. Il ferme sa porte et retire ses vêtements pour une tenue plus confortable, à savoir un t-shirt simple et un short de sport. Puis il se laisse tomber sur le lit, un bras calé derrière la tête, et se plonge sur les réseaux sociaux en attendant qu’Elena termine.

☆ ☆ ☆Ahmed ne s'étant pas découvert des talents de plombier, ce dernier propose à Elena de venir prendre une douche chez lui. Si la mexicaine hésite pendant un moment, finalement elle accepte avec grand plaisir la proposition de son ami. Il est même question qu'elle passe la nuit chez lui, trouvant inutile de faire un simple aller-retour pour une douche. Une fois ses affaires faites, les deux amis se rendent ensemble jusqu'à l'appartement qu'Ahmed occupe. Elena espère que le plombier ne va pas se pointer alors qu'elle n'est plus sur place. Mais vu l'heure, elle doute que ce scénario arrive. Une fois dans l'appartement, ils croisent l'un des colocataires d'Ahmed qu'Elena gratifie d'un sourire. Quelques mots échanger plus tard, Ahmed l'abandonne dans la salle de bain. « Fais comme chez toi. Si jamais t’as un problème, t’as qu’à crier mon nom. » Elena ne dit rien face à cette remarque, mais le sourire qui s'installe sur ses lèvres parle pour elle. Quand elle est enfin seule dans la pièce, la mexicaine se défait de ses vêtements, qu'elle laisse traîner au sol. Elena allume dans un premier temps l'eau qu'elle laisse couler sous la douche afin d'obtenir une température agréable. En attendant, Elena nettoie sa peau avec soin. Quand elle commence à ne plus voir son visage sur le miroir, elle file sous l'eau chaude. Elena profite des dix prochaines minutes pour laver son corps ainsi que ses longs cheveux bruns et même derrière les oreilles. Une fois toute propre et satisfaite de sa douche dont elle ne manquera pas de remercier Ahmed pour celle-ci, Elena sèche ses cheveux puis enroule son corps dans la serviette propre que le marocain lui a auparavant donner. Un lavage de dents et un brossage de cheveux, Elena réalise à cet instant en regardant ses affaires qu'elle n'a pas penser à prendre une tenue confortable pour passer sa nuit. Elle a oublier son pyjama, enfin ce n'est pas réellement un oubli, Elena n'en a pas. Plutôt que de crier le prénom Ahmed comme ce dernier l'avait gentiment proposer, Elena rassemble ses affaires dans ses bras et prend la direction de la chambre de ce dernier. « Ahmed ? » demande-t-elle. Finalement, Elena est un poil perdue, elle ne sait plus quelle direction prendre. Fort heureusement en entendant le son du timbre de sa voix, Elena en prend la direction et parvient jusqu'à la terre promise. Elle dépose ses affaires sur un espace libre et se retourne vers le brun. « Tu vas me prendre pour une chieuse aujourd'hui, mais tu n'aurais pas quelque chose à me prêter. J'ai pas penser à prendre un pyjama. » avoue-t-elle. « Non, ce n'était pas fait exprès. » dit-elle pour se justifier. Elena n'arrive pourtant pas à garder son sérieux, cette affaire la fait rire. Son sauveur du soir lui tend quand même des affaires. « Je te fais confiance pour pas que tu regardes. » dit-elle simplement en lui tournant le dos, laissant glisser la serviette jusqu'à ses pieds, tout en enfilant ses nouveaux vêtements, un peu trop large pour elle. « C'est bon, tu peux ouvrir les yeux. Je ne suis pas sexy comme ça ? » demande-t-elle en tournant sur elle-même amusée, Elena récupère son téléphone au passage avant de s'installer aux côtés du marocain. « C'est quoi le programme de la soirée ? » interroge-t-elle, curieuse de savoir ce qu'ils allaient pouvoir faire et si Ahmed avait des idées en tête. Ils n'allaient pas dormir quand même, c'était beaucoup trop tôt pour ça.

Ahmed attend sagement et patiemment l’influenceuse, tout en se questionnant sur les perspectives de la nuit à venir. Va-t-il avoir le courage de faire le premier pas ? Ou rester fidèle à lui-même et enchaîner les blagues sans jamais laisser transparaître le fond de sa pensée ? Le marocain n’a pas envie de risquer son amitié avec la brune. Il n’a pas envie qu’un pas de travers le prive de passer du temps avec elle. Alors une partie de lui le convainc de ne prendre aucun risque. Mais, il y a cette autre partie de lui qui lui souffle qu’il serait peut-être temps de faire le grand plongeon. Parce que s’il ne fait rien, il restera bloqué au statut d’ami aux yeux d’Elena. Et il se dit aussi qu’il ne pourra pas se taire indéfiniment. Il va bien finir par se dévoiler, un jour ou l’autre.

Le marocain sort de ses pensées lorsque la douce voix d’Elena se fait entendre dans le couloir. « Oui ? » demande-t-il depuis son lit, incapable d’en bouger. Il est calé, Ahmed. La brune fait irruption dans sa chambre, le corps enroulé dans une simple serviette de bain. Il se force à ne pas la détailler de manière trop insistante, même si Instagram ne le captive plus autant. Pour une fois, aucune remarque salace ne s’échappe de sa bouche. Elena est une belle femme et sur le coup, ça lui cloue le bec. Ahmed abandonne son portable et sa position confortable pour lui trouver des vêtements. « Je vais rien dire, ça restera entre nous, » dit-il simplement non sans rire. Il fouille dans ses affaires et attrape un T-shirt ainsi qu’un short. « Tu vas être une fashion victime avec ça. » Il lui tend les affaires et quand elle lui intime de ne pas regarder, il lui tourne le dos. « C’est pourtant pas l’envie qui m’en manque… » souffle-t-il assez bas pour qu’elle ne comprenne rien. Ahmed se racle la gorge et attend le feu vert pour se retourner. Elena s’habille en quelques secondes, après quoi elle l’autorise à la regarder de nouveau. « Bof, je te préférais avec la serviette de bain. » Pourtant, la voir dans ses vêtements à lui le satisfait.

Ahmed reprend sa place initiale dans le lit et Elena le rejoint. Le fait d’avoir la jeune femme dans son lit le calme, étrangement. Il y a toutes les questions de départ qui reviennent à la charge, une à une. Il n’a pourtant pas envie de lui sauter dessus, le garçon. Elle l’attire, certes, mais il la respecte trop pour tenter une approche mal placée sous prétexte qu’elle soit dans son lit. « Tu m’excuseras, j’ai pas eu le temps de planifier les activités, » lâche-t-il sans se défaire de son sourire. « On a toujours Netflix, si tu veux. » A vrai dire, il n’attend pas son approbation pour attraper la télécommande. « Juste choisir un film va nous occuper toute la soirée, tu vas voir. » Lui-même passe une soirée sur trois à étudier les propositions de la plateforme, avant de finalement réaliser qu’il est trop tard pour regarder un film de presque deux heures. Il attend donc les suggestions d’Elena, au cas où elle aurait une idée plus précise de ce qu’ils pourraient regarder ensemble. En attendant qu’elle choisisse, Ahmed retourne sur Instagram. Il regarde les stories de la journée et tombe sur celle d’Elena, qu’il n’avait pas eu l’occasion de regarder avant maintenant. Comme d’habitude, elle le fait sourire. La voir se plaindre de ne plus avoir d’eau chaude en lâchant des expressions espagnoles lui arrache même un petit rire. « Tu sais que tu me plais vraiment ? » C’est bon, c’est sorti. Spontanément. Il s’en rend compte mais ne paraît pas forcément dérangé. Il fallait bien qu’il le dise un jour, non ? À force de tourner autour du pot…