6 février 1997 : Dès ta naissance, ça a été compliqué. Tu es née d'une courte relation entre un homme bien trop perdu dans sa vie et une femme accro à un autre homme inconsciemment. La relation entre tes deux parents a duré peut-être un an, le temps d'être ensemble et te mettre au monde. Puis, ta mère, s'est remise avec sa fameuse addiction, et ton père, Javier Garceller, a alors préféré te prendre avec lui plutôt que tu supportes cette famille bien trop peuplée et bizarre. Tu n'avais que un an quand tu es partie vivre avec ton père. Mais le pauvre homme bien trop gentil et généreux, et surtout perdu, avait du mal à subvenir à tes besoins. Il travaillait dans un refuge pour animaux, ça ne payait pas beaucoup malgré les heures supplémentaires, tu restais beaucoup à la maison, gardée par des amies ou ta tante. Il t'aimait tellement, il était si doux. Il faisait de son mieux, vraiment. Il a tout fait.

16 octobre 2003 : Seulement voilà, à tes six ans, tu as atterri dans cette famille malgré toi. Javier n'avait vraiment plus les moyens de te garder. Il avait été viré de son travail parce qu'il a essayé de dealer pour arrondir ses fins de mois. Il a été mis sous surveillance par les forces de l'ordre et ta garde allait presque lui être retirée. Alors il a préféré te rendre à ta mère plutôt qu'un dossier soit fait et qu'on t'arrache à lui. Et puis il est parti, tu ne sais pas où, il ne te l'a jamais dit. Et tu étais désormais dans cette nouvelle famille, bien loin du petit cocon de ton père.
Une famille de quatre gamins, une mère bien trop absente car elle cumulait deux boulots pour avoir de quoi s'occuper de vous tous, et un beau-père bizarre, mauvais qui ne cachait pas sa haine contre toi. En fait, personne ne cachait son animosité envers toi. Les autres gamins, sauf le plus grand, ils étaient mauvais avec toi. Parce que tu étais la demi-soeur, t'avais rien à faire là, tu rajoutais du travail à maman, et elle qui voulait bien t'intégrer et prendre soin de toi, du coup, l'empêchait de passer plus de temps avec eux. Depuis toujours, ils t'ont mis de côté, ils ont plus pris à coeur le côté "demi" que "soeur". Alors, très jeune, tu t'es mise à l'écart, tu t'es effacée. Tu avais ta propre chambre, parce que les autres ne voulaient pas dormir avec toi, et c'était tant mieux, car c'était devenu ton scaphandre. Tu y passais tout ton temps, tu ne parlais à personne sauf ta mère, et alors, c'est là que tu as commencé à prendre du poids. Parce que même lors des repas, tu étais rejetée. Tu mangeais seule dans cette chambre, tu ne faisais même plus attention à l'heure des repas. Malbouffe, grignotage, heures irrégulières, sans oublier ce mal-être d'être tellement rejetée par ta propre famille. C'est ça qui t'as fait commencer à grossir et garder cette mauvaise habitude de ne pas manger correctement. A l'âge de 8ans, tu as dépassé la moyenne du poids d'un enfant normal, et tu as été alertée par les médecins comme étant une petite fille en surpoids.

8 juillet 2008 : A douze ans, tu entres au collège. Les pires années de ta vie, le début du harcèlement et de la grossophobie. Parce que tu n'étais pas une petite fille comme les autres. Tu étais grosse, mais aussi bien trop timide et gentille. On se moquait de toi, on te faisais des crasses. Tu te souviens surtout de ce fameux jour, où on a rigolé de toi toute la journée sans que tu ne comprennes pourquoi, et c'est arrivé aux toilettes que tu t'es rendue compte qu'on t'avais scotché une queue de cochon en papier sur les fesses. Tu en a encore des traumatismes. Encore aujourd'hui, tu es mal à l'aise lorsque tu croise le chemin de pré-adolescents, tu te sens visée lorsqu'un gamin rigole avec ses copains près de toi, et tu as beau être indifférente aux regards, tu ne peux pas t'empêcher de baisser les yeux lorsqu'un pré-ado te regarde. C'est ça, les traumatismes d'une gamine victime d'harcèlement scolaire.
Et pendant cette période, tu n'avais personne. Du moins, jusqu'à ce que ton grand demi-frère intervienne. Celui qui a vite commencé à travailler pour aider votre mère à payer les factures et vous nourrir, celui qui est devenu adulte bien trop vite. Lui, il a pris soin de toi, il t'as épaulé, et il a calmé le jeu de tes autres demi-frères et soeurs lorsqu'il a bien remarqué que tu étais aussi mal à l'école qu'à la maison. L’aîné, encore aujourd'hui, il est ton soutien. Tu l'aimes. C'est ton frère. Il t'as aidé à te sentir bien dans ta peau, à t'assumer, parce que t'es une belle fille malgré tes formes, t'es géniale. Il t'as beaucoup aidé, avec cette fille, Djenaba, également harcelée pour ses origines africaine et son fort accent, victime de racisme en tout genre mais qui avait ce sang chaud qui lui permettait de se défendre. Djenaba, elle est vite devenue ta meilleure amie, et a fait partie de ces personnes qui t'ont aidé à avoir confiance en toi, et non pas reprendre, mais prendre et serrer d'une main ferme le poil de la Bête.

2 septembre 2012 : /span>Quinze ans, tu entres au lycée. Et alors là, le collège, c'est derrière toi, le harcèlement qui te ronge également. Tu grandis, ton corps devient celui d'une jeune femme et des formes commencent à pousser et attirer le regard des hommes. Ca te surprend, parce que même si tu entends partout des "han moi je pourrais pas me taper une grosse" ben t'as des tas de messages privés sur les réseaux sociaux de ces mecs qui n'assument pas vouloir de tes grosses cuisses. C'est là, que tu t'es rendue compte que tu étais une femme à part entière et que sous ces gros hoodies et ces joggings se cachait un beau corps qui voulait s'exprimer. Djenaba t'as aidé, à faire du shopping, éviter le regard des gens, prendre les bonnes choses à prendre et laisser les mauvaises de côté. Tu te sentais bien, et c'était bizarre de voir que maintenant que tu t'assumais, les regards et les remarques n'étaient plus les mêmes. On passait de "tu comptes te faire opérer?" à "ouah on dirait pas que tu fais du 48". Les gens voyaient que tu t'en fichais, que c'était ton corps et que merde, si ils sont pas contents c'était pareil, alors ils n'avaient pas du tout cette même façon de penser que devant cette fille timide, cachée, honteuse.

Alors, tu as commencé à découvrir le monde de l'amour, du sexe et des relations compliquées. Tu as eu tes deux premières relations amoureuses au lycée. Un garçon, et une fille. C'était le garçon le premier, et également celui avec qui tu as fait ta première fois. Ca a été catastrophique, mais comme toute les première fois. Et finalement il t'as trompé pour une fille plus maigre mais c'est les aléas de l'adolescence. Quant à la fille, ça a duré plus longtemps et c'était plus sympa au lit, mais là, ça s'est terminé en commun accord parce qu'elle n'assumait vraiment pas son homosexualité pour le moment. Ca t'as fait mal, elle a été ton premier chagrin d'amour, mais tu t'en ai remise.

De plus, ton beau-père a commencé à lever la main sur ses enfants. Toi, il ne t'as jamais touché, il n'a fait que te lancer des remarques sur ton poids ou te faire des allusions sexuelles, mais c'est tout. Tu faisais toujours de ton mieux pour l'éviter et c'était bien comme ça. Alors, qu'il mette une bonne droite à l'un de ces sales gosses qui ne faisaient qu'appuyer les insultes de leur père à ton égard, t'en avait rien à cirer. C'était mérité.

24 décembre 2013: Ce fameux Noël, tu as gâché la fête. Ca faisait déjà quelques mois que tes règles te faisaient beaucoup trop mal. Tu séchais les cours pour rester au lit parce que tu avais bien trop mal pour t'y rendre, tu restais tordue dans ton lit durant des heures au point d'en hurler parfois. Ta mère ne voyait jamais quand tu souffrais à ce point, parce que tu faisais en sortes qu'elle ne le voit pas quand elle rentrait du travail fatiguée car tu ne voulais pas la tracasser. Seulement voilà, à Noël, elle était là, et tu as eu beaucoup trop mal comme à chaque fois. Elle a laissé l'aîné gérer la fratrie et elle t'as ramené aux urgences. Super le cadeau de Noël. Une endométriose de stade 3 diagnostiquée, une pilule de prescrite et des anti-inflammatoires. Mais au moins, tu as eu ta mère à toi toute seule pendant toute une soirée.

10 décembre 2015 : Dès que tu as eu 18ans, tu t'es barré. La liberté, la tranquillité, t'as pris le premier appartement dans tes moyens et qui n'était pas trop pourri ni cage à poule. Il était bien cet appartement, il avait son charme, et tu y étais bien. Enfin, tu avais l'esprit serein sous ton toit. Tu as également commencé à travailler pour payer ton loyer et tes courses. Mais à cause de ton endométriose, tu ne pouvais pas faire n'importe quel travail. Tu as tenté le temps partiel, mais ça ne suffisait pas, alors tu as fait de l'intérim. C'était le mieux pour ta situation.
Tu as coupé les ponts avec tout tes demi-frères et soeurs à deux balles sauf le plus grand. De tout façon, ils en avaient rien à faire de toi. Quant à ta mère, tu l'appelles de temps en temps, et elle vient te voir pour souffler un peu, c'est à ton tour de prendre soin d'elle maintenant.

8 septembre 2017 : Tu trouves ce fameux travail par le biais d'un ami qui en était client. C'était bizarre au début, t'étais pas à l'aise vu ton corps différent des femmes du milieu. Mais en fait, t'as fait un tabac. Parce que justement, tu sors du lot, tu as ta beauté à toi, t'es pas comme ces copier-coller dans les magazines de mode. Ca t'as libéré, tu ose même maintenant venir en corset, en body ou juste en belle lingerie sans trop te dénuder parce que tu aimes ces regards sur toi. Peut-être parfois un peu trop pervers, mais c'est peut-être ça qui te plait? Parce qu'on te regarde comme une femme normale. Parce que les hommes veulent te mettre dans leur lit tout autant qu'une fille qui porte un 36.
Mais t'en parle pas à ton entourage, sauf ceux que tu sens réellement ouvert d'esprit. Parce que ce club, il est un peu louche. Il y a de l'échangisme, mais également un peu de prostitution même si ce n'est pas explicite et que tout le personnel dont toi font comme si ils ne comprenaient pas. Il y a aussi parfois des gangs qui viennent fêter leur réussite mais ça non plus tu dis rien parce qu'ils te glissent toujours de gros pourboire et sont agréables avec toi. Ce sont même les plus respectueux parfois, alors bon.
C'est ton monde à toi, ton monde caché.

15 février 2018 : Tu rencontres ce mec. A. A est le mec parfait. Grand, beau, attentionné, indépendant, un peu friqué aussi parce qu'il faut avouer que tu aimes ça. Il t'as fait craquer, toi qui n'était pourtant pas dans une période où tu voulais du sérieux, tu t'es laissée faire prendre dans les mailles de son filet. Tout était très bien au début, mais cette histoire n'a duré que deux mois. Un mois très bien, puis le second étant une descente aux Enfers. Parce que au fond, tu es une fille douce, sensible, et bien trop gentille. Tu n'as pas compris les premiers signes, lorsqu'il voulait savoir qui tu allais voir, où tu allais à chaque fois, lorsqu'il faisait des crises à chaque fois que tu prenais du temps à répondre à ses sms ou que tu ratais ses appels. Tu n'as pas compris qu'il était un pervers narcissique. Il venait chez toi, bien trop souvent, il t'envahissait et parfois ses preuves d'amour te gênait, voire, te faisait du mal. Parce tu déteste les suçons par exemple, l'idée de montrer que tu appartiens à quelqu'un, et il t'en faisait des tonnes. Il t'embrassait trop en public, il te serrait trop fort contre lui, et puis au lit, il était bizarre. Il était soudainement brute à un moment donné, et c'était toujours quand t'en avais pas trop envie. Quand toi tu voulais de lui, il te repoussait, te disait que tu ne pensais qu'à ça, et te faisait culpabiliser. Et c'était pire quand t'en avais pas trop envie. Alors bon, tu captais pas, tu le laissais faire, même si parfois il te laissais des douleurs pendant plusieurs jours parce qu'il t'écoutait pas. Jusqu'à ce fameux soir.
T'avais vraiment pas envie, et puis tu comprends, t'avais jamais envie c'était dingue. Il y est allé fort, comme toujours. Sauf que t'étais déjà blessée à cet endroit, et il s'en fichait. T'en pouvais plus, t'as fini par le repousser, et alors là, tout était de ta faute. Parce que ton corps voulait plus de lui, c'était de ta faute, merde Lumi pourquoi tu veux pas de lui? Pourquoi il t'excite pas? Tu t'en rend compte, vu tout ce qu'il fait pour toi? T'as été clouée au lit pendant plusieurs jours tant tu avais mal, c'est Djenaba qui venait te ramener de quoi te soigner et des petits plats parce que t'avais maigri à vu d'oeil tout d'un coup. C'est elle qui t'as ouvert les yeux, c'est elle qui t'as aidé à te débarrasser de lui. Elle était devenue flic -trop probable vu sa force de caractère-, elle lui a fait peur, car ça a vraiment été dur de le faire partir, t'aurais pas réussi sans elle.
D'un côté, ce n'était peut-être pas grand chose. C'était une relation de deux mois, tu étais attachée, tu avais peur de le perdre et de te retrouver seule, mais tu n'étais pas amoureuse (par chance). Tout ça n'était pas du viol non plus, t'as juste été bête de te livrer à lui sans penser à toi. Mais voilà, t'es une fille sensible au fond, t'es fragile, et ça t'as traumatisé. Tellement, que ton intimité s'est bloqué. T'as compris que t'étais atteinte de vaginisme quand t'as réessayé de coucher avec un mec et qu'il n'arrivait à rien malgré ton envie. Quelle merde. Aujourd'hui, ça s'est un peu calmé, tu peux coucher avec une femme, mais avec un homme, bizarrement, c'est toujours bloqué. T'as aussi dû balancer des jouets et investir dans des plus petits. Ca te fait chier, mais bon. Tu penses à voir une sexologue pourquoi pas, mais au fond, tu penses que t'es bien mieux avec les femmes.
Aujourd'hui, tu parles rarement de A. Ca t'arrive, pour parler de ta dernière relation avec un homme, pour expliquer pourquoi t'y arrives plus. Et aussi parce que tu préviens quand tu couches que tu risques d'avoir mal, et que si la personne te force, elle finira à poil dehors même sous la pluie. Maintenant, tu connais ton corps, tu sais ce que t'aimes, ce que t'aimes pas, et tu ne te forces plus, tu ne te livres plus pour juste faire plaisir à l'autre. Si ça va pas, ça dégage, point barre. On peut dire que tu as repris ta sexualité en main, malgré ce traumatisme qui reste encré pour le moment.

28 janvier 2019 : Tu déménages, pas par besoin mais parce que tu avais envie d'avoir plus grand maintenant que tu as une bonne paye. Ca te fait du bien, tu es maintenant dans un beau F3 avec une chambre d'ami qui est également ton dressing. On peut dire que ta vie est agréable en ce moment. Bel appartement, travail stable, bien dans ton corps. Tu as même bizarrement maigri parce que tu as les moyens de manger un peu plus sainement, mais peu importe si tu maigri ou grossi tu t'en fiche. Tu as également de nouveaux amis à tes côtés. Tu as des histoires d'un soir aussi, parfois, mais plus avec des garçons, parce que c'est pratiquement impossible et qu'il faut y aller pour trouver un gars qui comprendra qu'il ne peut pas le faire "simplement" avec toi. Mais tu te prend pas la tête avec ça, à quoi bon.

15 août 2019 : Le mois dernier, tu as retrouvé ton père. Il a fait un peu de prison parce qu'il a fait des bêtises pour avoir de l'argent facile, mais il est toujours aussi doux et gentil, ce que tu as sans doute hérité de lui. Tu l'as accueilli à bras ouverts, il t'avais tellement manqué et tu comprenais pourquoi il avait dû te confier à ta mère. Tu lui en veux pas, tu es simplement heureuse de retrouver un père dans ta vie. On peut même dire que tu es devenue une fille à son papa, car tu passes beaucoup de temps avec lui et tu adores ça. Tu as appris à te débrouiller mais parfois ça lui fait plaisir de venir réparer un petit truc dans ta voiture alors tu l'appelle. Vous rattrapez le temps perdu, c'est adorable.

BONUS : anecdotes elle porte des lunettes, mais la plupart du temps elle mets des lentilles + son animal préféré est l'alpaga, et elle adore les cactus + elle a un piercing caché et un petit éclair tatoué sur la cheville droite + elle a réaménagé une pièce de son appartement en dressing, elle y a toute une armoire de lingerie + elle fume la cigarette électronique, rarement la clope + elle prend énormément soin de sa peau, elle a très peu de cellulite et est toujours bien épilée, sauf en bas parce qu'elle trouve que ça fait pédo quand il n'y a rien + il y a une sextape d'elle qui traîne dans un site porno après qu'un mec ait tenté de lui faire du revenge porn, mais elle a réussi à en récupérer les droits et elle y gagne un peu d'argent + elle joue aux jeux-vidéos et adore les films et séries, surtout d'horreur + elle sait parler espagnol + elle a de l'humour noir parfois un peu trop limite + elle est fan de Camilla Cabello + elle n'a jamais pensé à se faire opérer pour son surpoids + son endométriose la rendant infertile, elle est tout de même très mal à l'aise avec l'idée de grossesse et de bébés. peut-être son esprit qui fait exprès de l'en dégouter pour pas qu'elle n'en désire, elle est à la limite de la pédophobie. Voir un nourrisson la dégoûte, le ventre d'une femme enceinte la fait frissonner et elle est parfois méchante avec les enfants.