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Quiet night | Ornella

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Dim 29 Mar - 16:45

« Vous me parlez bien de ce soir, là ? Dans une heure, carrément… Mmh… Bien… Oui oui, entièrement, j’avais compris… Parfait. » Eryn raccroche, intriguée par la conversation qu’elle vient de tenir. Et en temps normal, il faut bien le dire, elle aurait hésité plus longuement avant d’accepter une telle proposition. Mais le pactole proposé est plus qu’intéressant et les temps sont durs. La pandémie a fait fermer son bar pendant plusieurs semaines et maintenant qu’il est rouvert, il semblerait que les clients soient timides et peinent à revenir. Les effets secondaires d’une panique générale qui finira par se tasser, suppose-t-elle. En attendant, il faut trouver un moyen de payer les factures, et la brune compte bien ne pas se reposer sur papa qu’elle cambriole déjà bien assez. Alors, elle gribouille un mot d’excuses – « fermeture exceptionnelle, rendez-vous demain même heure » - qu’elle plaque à la porte et se tourne vers son unique client, un habitué faisant peu de problèmes et qu’elle connaît bien, pour lui annoncer la nouvelle. « Je vais devoir fermer pour la soirée, désolée. » Elle grimace. « Finis ton verre à ton aise, mais ce serait cool si tu pouvais me libérer d’ici une demi-heure. »

Pas de détails – pas besoin. L’homme comprend, commande une dernière pinte pour la route qu’il promet de boire rapidement, et Eryn l’en remercie. Il faut dire qu’on ne lui propose pas tous les jours l’équivalent de plusieurs soirées de chiffre d’affaire afin de privatiser le bar pour quelques heures à peine. De quoi se remettre à flots en attendant que les choses se tassent, c’est chose certaine, sans compter que personne ne semblait se bousculer au portillon, ou plutôt à la porte d’entrée de l’Overkill aujourd’hui. Le client se lève et salue Eryn, remet sa veste et s’en va.


La brune fait un saut par la cuisine et prévient ses cuistos. Elle n’a pas besoin d’eux et leur fait savoir, elle pourra se débrouiller seule ce soir. Évidemment, elle les paiera. En attendant, elle fait un peu de ménage, tâchant de ne pas se poser trop de questions. Car si elle a bien compris, elle n’aura qu’une seule cliente, ce soir. Et décidément, certaines personnes ont en leur possession bien trop d’argent. Elle ne s’en plaindra pas aujourd’hui, mais ne peut s’empêcher de sentir son estomac se nouer de stress. Que ledit unique client soit en réalité une femme la rassure, finalement. Pourtant, les questions se bousculent dans sa tête, et si l’une d’entre elle, bien enfouie au fond de sa caboche, se porte sur les raisons qui pousseraient une femme riche à privatiser un lieu comme l’Overkill, la plus importante à ses yeux reste de savoir ce qu’elle va bien pouvoir raconter à cette même femme riche pendant toute une soirée. Assez étrangement, les foules la dérangent moins qu’une interlocutrice isolée.

L’heure tourne. Plus que quelques minutes qui lui semblent des heures. Alors, elle se sert un whisky qu’elle descend en deux secondes, puis attend.

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Sam 4 Avr - 19:14


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Elle sentait son coeur battre la chamade, ses doigts trembler et sa colère prendre le dessus sur toutes les autres émotions. Assise dans la voiture blindée, son garde du corps, Andrea l’avait obligé à s’y engouffrer pour filer ailleurs qu’au Scarlet. Il la connaissait par coeur, savait que lorsque la matriarche Sciarra perdait le contrôle, ça n’était bon pour personne. Ni pour elle, ni pour ses employés, ni pour quiconque rentrait dans son champ de vision.
C'était un secret bien gardé entre tous les deux, la santé mentale d'Ornella. Personne n’y faisait attention à vrai dire. On mettait ça sur le compte de son métier, de sa position au sein de la mafia, de son rôle de cheffe d’une famille difficile à tenir dans les rangs, surtout quand on était une femme. Jamais on ne s’était posé la question si son comportement et ses façons de faire étaient liés à un tempérament fougueux ou une maladie mentale. Jamais. Une simple consultation avec un psychiatre aurait pourtant suffi à donner un diagnostique de psychopathie qui aurait pu expliquer toutes ses réactions violentes, son manque d'empathie, sa froideur et son manque de culpabilité. Oui, expliquer mais pas pardonner.

Alors ce soir, quand la colère et l’agacement étaient montés, Ornella avait failli déraper une énième fois contre des employés. Heureusement, l’idée d’Andrea les avait sauvé (littéralement) et la voiture roulait à vivre allure vers un des bars que la Donna s’était notée de visiter, un soir. Hard Rock. Ça n’était pas trop son style de musique mais elle aimait le whisky et les alcools européens. Les cocktails colorés, très peu pour Ornella ! Il lui fallait quelque chose de fort pour la détendre et l’Overkill lui avait plu par sa devanture, un jour où elle était passée devant. C’était le moment de tester et surtout, de boire sans trop penser à la suite de la soirée !

Vêtue d’un tailleur pantalon bleu nuit et d’une paire de ballerine, elle avait attaché ses cheveux rapidement avant de partir. Les traits tirés sous la fatigue et les émotions fortes, elle ne faisait pourtant pas encore son âge. C’était fou, à quel point Ornella Sciarra gardait ce visage poupin malgré cinquante ans bien tassés. Sortant de la voiture à peine était-elle garée, la porte claqua trop fort à son goût. Tout l'énervait, tout la faisait sortir de ses gonds.

- J’espère qu’il n’y a personne.

Le ton était dur, quasi claquant dans le silence nocturne. Andrea avait beau être son seul ami, quand Ornella n’était pas bien, il se retrouverait lui aussi sous le joug de sa padronna.
Poussant la porte, le tintement d’une clochette lui arracha une grimace agacée. Le bar était vide, seule une femme, brune, passait un petit coup de chiffon sur le comptoir.

- Vous avez du whisky Pikesville ?.

Pas un bonjour, pas un merde, pas un merci, rien alors qu’elle s’asseyait un  tabouret en ayant pris soin de l’épousseter avant. Elle attendait, comme une reine qui avait du mal à cacher son dégoût pour la plèbe comme elle l'aimait l'appeler.

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Lun 27 Avr - 14:25
Lorsqu’elle entre dans le bar, Eryn la jauge discrètement. Elle semble bien trop habillée pour un pub comme l’Overkill, mais cela lui paraît à peine étonnant. Lorsqu’on est prête à claquer l’équivalent de plusieurs soirées de chiffre d’affaire pour privatiser un bar et s’y pointer seule, c’est qu’on a autre chose à foutre que d’aller se fringuer dans une fripe. La femme ne semble pas commode, ni même prête à passer une soirée légère. Ça tombe bien – Eryn non plus n’a pas envie de raconter de blagues ni de jouer au clown de service. « Vous avez du whisky Pikesville ? » Les paroles claquent en même temps que la porte. La dame prend place sans même un bonsoir, ce qui a le don d’agacer Eryn.

La brune ne prend pas la peine de répondre, se contente de hocher la tête. Elle fouille son bar, n’a pas à chercher bien longtemps. Les clients réclamant du Pikesville ne sont pas monnaie courante mais elle aime exposer ainsi des bouteilles chères. Décoration à cachet, non seulement, mais permettant à un public parfois plus distingué de comprendre que leur place est également ici. Eryn lui sert une double dose. Sa cliente semble en avoir besoin. « Friquée ou pas, chez moi, la politesse rudimentaire veut qu’on se salue. » Elle pousse le verre dans sa direction. « Bonsoir, donc. » Un rictus déforme le visage de la brune qui n’a aucun mal à être désagréable lorsqu’on l’est avec elle. Elle ne souhaite pas juger, cependant. Sa cliente a l’air au bout du rouleau. « Je peux faire quelque chose pour vous être agréable ? Changer la playlist, vous servir un burger ? Casser un nez ou deux ? » La barmaid n’a aucune idée de comment sa petite blague sera reçue, mais elle tente de détendre l’atmosphère. Après tout, si la soirée doit se passer comme ça, pense-t-elle, on va vraiment se faire chier.

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Sam 16 Mai - 10:47


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Elle relève les yeux à la mention du bonsoir. Dans sa tête, l’équation est pourtant simple : elle paye, elle fait ce qu’elle veut. Qu’importe si la politesse n’est pas dans le package ! elle aligne les dollars pour le plus grand plaisir de la gérante. Sinon, cette dernière n’aurait pas accepté. Alors son respect de la politesse, elle peut se le mettre où elle pense.
Ornella ne cille pas, regarde la bouteille être sortie, un verre, servi. La gorgée est longue, elle ne prend pas son temps pour profiter de la saveur du whisky. Sa seule envie en venant dans ce lieu : se bourrer la gueule et ne plus penser à rien. Anesthésier son esprit ainsi que les quelques émotions qui toquent à la porte sans qu’elle ne l’ai demandé. Pourtant, elle ne peut s’empêcher d’avoir un petit rictus en entendant la barman. Le burger lui dit bien, la playlist est sympathique et casser des nez…. Peut-être que la gérante mérite un bonsoir finalement.

- J'ai déjà une équipe qui s'en charge pour les nez cassés mais je recherche quelqu'un pour briser des genoux, ça vous intéresse ?

Si elle est sérieuse ou pas, personne ne saurait le dire même l’agent de sécurité qui ne bouge pas d’un millimètre au fond de la salle. Rapprochant son verre de la bouteille, les yeux sombres relevés vers la barman, Ornella se feint d'un autre léger sourire, plus provocateur que sincère cette-fois ci.

- Un autre, per favore… Et servez-vous en un si ça vous dit, c’est moi qui invite.

Et la nuit ne fait que commencer. Vider une bouteille est clairement dans son objectif de la soirée, seule ou à plusieurs.

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Dim 21 Juin - 12:09
Eryn jette un œil au fond de la salle, sur le molosse aux bras croisés à l’air imperturbable, lorsque son invitée du soir mentionne une équipe chargée de casser des nez. La brune n’a pas la moindre idée du sérieux ou non de la remarque, ne veut d’ailleurs rien savoir. Ça ne l’intéresse pas, tout d’abord, mais surtout, elle ne veut pas se retrouver mêlée à des histoires, quelles qu’elles soient. Eryn est douée en sarcasmes, un peu moins en violence physique, alors elle se contente de ce qu’elle sait faire, tout en lui servant un autre verre, demandé poliment, cette fois : « Trop dommage, j’avais justement bossé mes crochets pour une opportunité comme celle-là. Pas sûre de manier les battes assez efficacement pour m’occuper de genoux. »

Et puisque la dame lui avait proposé de se servir, Eryn décide de ne pas se faire prier. Ce n’est pas tous les jours qu’on a le droit de se faire plaisir avec du whisky hors de prix, après tout. On pourrait croire que bosser à la source soit d’une quelconque aide en la matière, mais franchement, la brune débute et pense un peu trop à son chiffre d’affaire – d’autant qu’elle est à peine intéressée par l’idée de boire seule. « On peut dire que vous avez du goût, en tout cas. », conclut-elle en levant son verre dans la direction de son interlocutrice. « A votre santé. »

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Mer 24 Juin - 21:53


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Ornella ne peut que sourire face au bagout de la jeune femme. Elles sont rares, du moins dans son entourage, a être douées d’un tel sarcasme et sans perdre la face qui plus est ! Ça lui plait, même si la donna sait pertinemment que l’alcool qu’elle sirote comme un café l’aide à être moins sur ses gardes. D’où la présence d’Andrea et de ses autres hommes de mains.
Attrapant la bouteille elle-même, reprenant un verre et en servant un autre à la propriétaire du lieu, Ornella déboutonne un bouton de sa combinaison pour se sentir plus à l’aise. La colère est toujours là mais autre chose a capté son attention bien plus efficacement que ses propres émotions !

- Comment vous appelez-vous ? Et depuis quand une propriétaire de bar sait envoyer de bons crochets ? Ça fait parti de la formation de la barmaid féministe du 21ème siècle ?

Elle est un peu sardonique mais ne s’en cache pas. Son sourire, un brin moqueur et son oeillade quelque peu insistante prouvent qu'elle ne bougera pas avant d'avoir toutes ses réponses. Même si la bouteille doit y passer !

rigolo:

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Dim 23 Aoû - 20:38
L’invitée d’un soir s’enfile le whisky comme on siroterait un diabolo menthe – trop vite et pas assez attentivement. Eryn suit la cadence pour le premier verre, se laissant même resservir sans sourciller alors qu’elle n’est plus maîtresse de son excellente bouteille de Pikesville. Oh, elle n’a pas grand-chose contre l’idée de s’offrir le luxe d’y goûter, mais elle est toujours au travail. Aussi vide soit l’Overkill ce soir, la brune se doit de rester assez sobre pour gérer les lieux. Elle décide donc de ralentir sur le suivant, quand bien même sa cliente garderait la même cadence. Eryn lève son verre dans une tentative probablement peu convaincante de ne pas sembler impressionnée par le regard insistant de son interlocutrice et ricane à la fin de son interrogatoire. « Oh wow, c’est à la barmaid de jouer les psys de comptoir, en temps normal ! Vous n’avez donc rien d’ordinaire, vous ! » Amusée, elle porte le verre à ses lèvres et se prête au jeu. « Eryn. Et pour ce qui est de mes crochets, disons qu’en effet, ma fierté de féministe commence lorsque je me sais capable sortir un énorme relou par la peau du cul moi-même si je le veux. »

Un grand sourire empli de fierté illumine le visage de la barmaid qui espérerait pourtant plutôt vivre dans un monde où il ne serait pas nécessaire d’avoir les capacités physiques d’empoigner quelqu’un pour se sentir en sécurité. C’est pourtant le cas, et elle avait très vite appris à se défendre seule faute de pouvoir compter sur les autres.

« Bon, et vous, dans tout ça ? », finit-elle par lancer à l’attention de la cliente. « Comment je dois vous appeler ? Et surtout : qu’est-ce qui vous amène à l’Overkill ? Pas que je ne sois pas flattée par votre choix, mais j’ai comme l’impression que votre projet ce soir n’est pas de triper sur ma super playlist de heavy metal des années ’70. D’ailleurs, c’est dommage : en terme de heavy, les seventies, c’est clairement ce qu’on a fait de mieux. » Eryn hausse les épaules, sirote à nouveau un peu de Pikesville. « Bref, ce que je veux dire, c’est : que fête-t-on ce soir ? »

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Dim 30 Aoû - 9:52


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La réponse de cette Eryn lui arracha un sourire. Ornella appréciait les femmes fortes, encore plus quand elle n’avait aucune gêne de le signaler. Si les hommes prenaient toute la place à coup de « moi je » et de manspreading, pourquoi les femmes n’en feraient pas autant ? Ornella cochait les cases depuis des années, prenant ce qui lui était dû sans se demander si elle passait devant un homme entamait sa pseudo-virilité.
Reprenant une gorgée de whisky, bien trop longue pour son estomac, elle resta quelques instant silencieuse face aux question de la barmaid. Ornella ne craignait rien mais elle n'avait plus l'habitude qu'on lui demande aussi aisément qui elle était et la raison de sa venue. Souvent, on se taisait quand elle déambulait dans les couloirs ou arrivait dans un nouveau lieu.

- Appelez moi Ornella et… non je n’aime pas le heavy metal mais j’aime le whisky. J’avais noté le nom de votre bar dans mon carnet après être passé devant en voiture un jour. Il a bonne réputation.

Et surtout, était loin des lieux où ses ennemis attendaient de la voir ou même la police. Parfait pour boire un verre sans être ennuyée, même si rien ne pouvait la raccrocher à la Cosa Nostra en dehors de son nom de famille. Dodelinant de la tête, l’alcool aidant à calmer sa colère, Ornella reprit :

- Et je vais vous décevoir mais on ne fête rien de particulier. J’étais juste…. agacée par certains de mes employés qui font n’importe quoi.

Agacé…. Le mot était minime vis à vis de la situation violente qui avait failli éclater au Scarlet quelques heures auparavant. Levant son verre vers la jeune femme, elle lui adressa un large sourire, comme si de rien était !

- Mais nous pouvons célébrer notre indépendance dans ce monde d'hommes qui se croient tout permis, non ?

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Lun 12 Oct - 11:22
L’inconnue sourit et Eryn s’en félicite. Jusqu’à présent, son invitée d’honneur avait brillé par ses capacités à avoir l’air de mauvaise humeur. Oh, elle aurait parfaitement le droit de l’être, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. La barmaid respecte sans poser de questions, les jours « sans » sont monnaie courante même pour elle. Mais il est également vrai qu’il est satisfaisant de voir ce visage dur, aux traits fatigués, s’adoucir quelque peu le temps d’un sourire. Eryn se prend à imaginer la vie que doit avoir cette femme et si elle est à mille lieues d’imaginer la vérité, elle n’en est finalement pas si loin, en un sens : pour elle, il est évident qu’elle a un poste à responsabilités. Cheffe d’entreprise au minimum, dans la politique, peut-être ? Les possibilités sont nombreuses.

C’est à son tour de sourire lorsqu’elle entend cette Ornella confirmer la réputation de son bar. Elle avait mis du temps à la construire, d’autant qu’il s’en retrouvait parfois fréquenté par quelques noms influents du genre musical mis à l’honneur dans les lieux et, de fait, parfois bondé de fans qui semblaient dénués de la bienséance la plus élémentaire. Qu’une personne jusqu’alors inconnue, n’y ayant jamais mis les pieds, confirme la bonne réputation de l’Overkill la remplit de joie.

Eryn se tait et écoute religieusement Ornella, sirote un peu de whisky, hoche la tête. Une femme d’affaires, donc, du moins c’est l’impression que ça donne. « Au féminisme, dans ce cas ! », ponctue-t-elle en levant son verre. « Et aux incroyables boss bitches de ce monde. » Les verres s’entrechoquent, se vident. La brune en ressert deux, non sans se noter intérieurement de s’arrêter ensuite si elle veut pouvoir fermer les lieux en toute sécurité – rentrer chez elle, à l’étage, ne sera pas bien compliqué. « Vous semblez avoir pas mal d’histoires à raconter, ça m'intéresse. », conclut-elle. Ensuite, elle pointe l’écriteau derrière elle, le fameux « règlement » qui sert d’excuse valable lorsqu’elle décide de sortir un con pour le simple fait d’être un con, « J’essaie de me battre au jour le jour pour faire de ce lieu un endroit sécurisé et, comment dire ? C’est un job à plein temps. Et ce sont souvent les mêmes qui refusent de faire un effort. Alors les hommes qui se croient tout permis, personnellement, je me comporte avec eux comme ils se permettent de se comporter avec moi et je les mets dehors. Très peu pour moi. »


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Sam 7 Nov - 16:50


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Pendant un instant, Ornella se plut à écouter les mots de la barman, bien contente d’avoir poussé la porte du bar sans s’être trompée de ce qu’elle y trouverait : du bon whisky et quelqu’un de pas trop ennuyeux pour la servir (ou à défaut, quelqu’un qui se tairait). Et visiblement, c’était encore mieux que ce qu’elle aurait pu imaginer en lisant l’écriteau que la tenancière du lieu lui montra du bout des doigts. Au moins étaient-elles d’accord sur un sujet : l’imbécilité de la gente masculine quand ils se pensaient plus intelligents que leur consoeurs !

Le verre a nouveau rempli, elle en prit une gorgée, pas sans un regard vers son agent de sécurité qui s’était assis au fond du lieu.

- Ne vous inquiétez pas pour lui, c’est un homme mais il m’écoute ! Comme la majorité !

Elle eut un sourire sardonique avant de finir son verre, d’un cul sec. On lui avait appris à boire lentement l’alcool versé - ou à ne pas boire tout court quand elle ne connaissait ni d’ève ni d’adam la personne qui la servait - mais après 35ans à savourer les liqueurs et autres spiritueux, Ornella tenait plutôt bien l’alcool. Heureusement.

- Mais je suis comme vous, je déteste voir un homme qui se sent obligé d’écraser un homologue simplement parce qu’il s’agit d’une femme… Deux de mes employés se sont dit que parler de mes règles comme explication rationnelle de ma mauvaise humeur du jour était une bonne idée.

Dommage pour eux, Otto s’était occupé de leur cas. Il aurait mieux valu que ça soit Ornella, peut-être aurait-elle été plus rapide que son garde du corps principal. Attrapant la bouteille déjà bien entamée, elle en remplit son verre.

- Quelle est la pire chose qu’un homme vous ait dit à cause de votre genre Eryn ?

Elle, la liste était bien trop longue pour l’évoquer. Il leur faudrait toute la nuit pour recouvrir à peine une partie de l'existence d'Ornella. Alors celle d'Eryn la barman, ça semblait plus adéquat !


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Sam 28 Nov - 11:55

Eryn jette un œil discret vers l’homme qui garde la porte, stoïque et droit. Il ne sourcille même pas lorsqu’Ornella l’évoque. La brune n’apprécierait pas être ainsi suivie, pour être tout à fait honnête. Elle ne pose pas de questions pour autant. Il y a des moments où se taire semble plus indiqué et cet instant en est l’illustration parfaite. Lorsqu’on ne connaît pas son interlocutrice, on ne saute pas aux conclusions – et, surtout : on évite d’imposer son point de vue. Alors, Eryn se contente de jauger l’homme d’un sourire et de revenir à ses affaires.

La soirée s’annonce plus intéressante que prévu pour Eryn qui n’aurait pas imaginé, quelques heures plus tôt, qu’elle passerait la soirée portes fermées à discuter féminisme avec ce qui a tout l’air d’être une consœur patronne.  Un sifflement ennuyé s’échappe des lèvres de la brune lorsqu’elle écoute l’anecdote d’Ornella. Chaque femme s’est déjà retrouvée dans une situation où ses règles sont mises sur le tapis pour une remarque de travers. Comme si elles n’avaient pas le droit d’être de mauvaise humeur sans que le contenu de leur utérus soit littéralement en train de s’écouler dans leur culotte. La brune grimace. « Il n’y a rien qui me mette plus en rogne que d’entendre parler de mes règles pour justifier mon caractère de cochon. » Et à la place d’Ornella, elle les aurait également bien remis à leur place – bien que la brune soit à mille lieues d’imaginer le sort de ces deux hommes.

La pire chose qu’on lui ait dite… Vraiment, il y a beaucoup d’exemples. Depuis qu’elle gère son entreprise, déjà, elle a eu droit plus d’une fois aux remarques concernant son activité – les bars, c’est pas pour les femmes, elle devrait embaucher plus d’hommes et surtout bien se protéger. Lorsqu’elle était avec Marley, également. « Il y a beaucoup d’exemples, vous savez. » Elle ressert un verre à la brune, s’offre également un coca pour éponger un peu sa propre consommation. « J’ai été fiancée à un sportif. Connu. Ce n’est pas tant le sujet, mais je peux vous assurer que les pseudo-journalistes ne sont pas des enfants de chœur. » Pas toujours des hommes, d’ailleurs, mais certaines femmes sont enfouies si profondément dans une vie rythmée par le sexisme ordinaire qu’elles en deviennent égales. « Je suis passée par tous les quolibets avant, pendant, et après aussi, d’ailleurs. La plus sympathique d’entre elles étant lorsqu’un torchon a trouvé que ce serait une bonne idée d’analyser les raisons pour lesquelles j’ai décidé de le quitter. On m'a reproché de ne pas l'avoir assez soutenu, de ne pas souhaiter apparaître en public outre mesure, et de n'en avoir que pour son argent. Il semblerait que le rôle d’une femme soit de faire la greluche au bras de son homme et certainement pas d’aspirer à d’autres choses qu’au succès. Mais pas le sien, évidemment. Celui de son mari. »

Elle hausse les épaules. Elle avait aimé Marley autant qu’elle avait haï le feu des projecteurs, les mêmes qui n’avaient pas manqué de faire remarquer à plusieurs reprises ses absences répétées sur le bord du ring. Comme si elle n’avait pas le droit de ne pas vouloir encourager Marley à se faire tabasser. Ni d’aspirer à autre chose pour sa vie que de la passer au chevet d’un homme, comme engluée à son bras. Là ou d’autres le vivent très bien, Eryn, elle, ne ressent pas une once de nostalgie pour cette époque. « Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. » Autant vous dire qu’elle pourrait passer la nuit à les énumérer.

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Mer 9 Déc - 19:06


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feat @Eryn O'Hare


Elle ne peut s’empêcher de sourire en entendant le début de l’anecdote. Être fiancée à un sportif connu, ça, ça risque de l’amuser. Pour s’être retrouvée à de nombreuses reprises aux côtés de certains grands noms du sport de la nation lors de galas et autres diners, Ornella peut attester que plus ça crépite autour d’eux et plus ils en demandent ! L'impression que leur art était surtout celui de briller ! Bien loin de ce qu’elle apprécie elle-même. La mise en lumière, les spots tournés vers sa petite personne, très peu pour la sicilienne. Plus que l’ennuyer, ça serait la mettre en danger, elle et son casier judiciaire aussi vierge d'un côté que long comme le bras quand on regarde au verso de son identité. Et qu’elle n’est pas sa non-surprise quand elle apprend des lèvres de la barman que ses impressions sur le genre masculin-sportif n’étaient pas que des illusions.
Buvant une dernière gorgée, elle repose le verre d’un geste presque brutal.

- Comme si une femme pouvait aspirer à la célébrité et à la réussite ! Eryn, tout de même, quelle imagination ! C'est trop difficile à s'imaginer pour les hommes, leur esprit sont si étriqués qu'ils n'ont de place que pour trois choses : eux-même, leur carrière et leur queue. L'ordre n'est pas tout le temps celui-ci bien sûr.

Elle ponctue la remarque d'un sourire narquois, qui a le mérite d'être plus lumineux que ses premières esquisses envers Eryn. L'alcool a tendance à la rendre plus joviale - et son language plus cru aussi !

- J'espère au moins qu'on ne vous a pas suivi pour vous photographier ensuite dans des situations intimes. J'ai la chance de ne pas être une personnalité publique malgré ma petite fortune et c'est une vraie liberté que de pouvoir aller s'acheter un hamburger sans se faire montrer du doigt pour un appel à la malbouffe.

Quoi que, Ornella ne va jamais chercher son burger seule. Otto y va ou un autre de ses hommes. Pas par peur de sortir dehors, juste par volonté de ne pas perdre du temps pour une tâche aussi ennuyeuse !
Montrant du doigt une bouteille de tequila derrière la vitrine, elle continue du même ton :

- Si je vous demande de me faire un cocktail avec de la tequila, pour voir vos talents en mixologie, vous accepteriez ? Je suis sûr que sur ça, personne ne peut vous voler la vedette... Pas même moi !

Ni un sportif qui n'a pas su la retenir.

@ Invité

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Ven 15 Jan - 19:45
L’invitée du soir d’Eryn lui plaît bien. Etre littéralement payée pour lui faire la discussion ne l’enchanterait pas des masses si cette dernière n’avait pas au moins le mérite d’être intéressante, mais la tournure de la soirée lui ferait presque oublier ce – minuscule – détail. C’est donc sans grand mal qu’elle accepte de livrer ces anecdotes tout droit sorties de sa vie antérieure, lorsqu’elle partageait le lit de Marley Burberry. Après s’être esclaffée face au sourire narquois d’Ornella, elle hausse les épaules. C’est du passé. Depuis, elle a appris à ne plus se laisser faire et à jouer avec le sexisme plutôt qu’à le laisser l’abattre.

La brune secoue la tête, s’emparant du verre de whisky vide d’une main pour lui donner un petit coup de propre. Une cliente à la fois, c’est tout de même bien plus facile à gérer. « J’ai eu la ‘chance’ d’être une anonyme avant de le rencontrer. Je le suis bien vite redevenue. L’anonymat, c’est une vraie force, vous n’avez pas tort là-dessus. » D’un rictus affable mais narquois, elle jauge son interlocutrice de haut en bas. « Vous pourriez faire attention, cela dit – l’alcool, c’est au moins aussi mauvais pour la santé qu’un burger. Rien de bon pour une dame, enfin ! »

Un clin d’œil ponctue la fin de sa boutade. Il ne faudrait pas non plus qu’on pense qu’elle est sérieuse ! Mais elle a bien peu de temps pour continuer à blaguer, c’est un défi qu’Ornella lui lance. Eryn n’a que peu d’occasions de prouver ses talents de mixologie dans un bar plutôt orienté autour de la bière, mais l’idée lui plaît bien. Aussi, elle s’empare de la bouteille pointée du doigt. « Je suis toujours partante pour un challenge. » Aussi, elle se détourne quelques instants, attrapant d’un geste vif son shaker et lorsqu’elle refait face à sa cliente, c’est pour lui faire glisser un cocktail aux nuances émeraude. « Je ne suis pas une experte en mixologie, mon truc, c’est plutôt la bière. Mais j’ai quelques notions et je pense que ça pourrait vous plaire. Frais et punchy. »

D’un signe de tête, elle invite Ornella à goûter sa mixture. « Vous avez aussi le droit de me dire que c’est imbuvable, je ne vous en voudrai pas. », plaisante-t-elle. Ce n’est qu’une demi-boutade, cependant : Eryn préfère amplement la franchise à la politesse élémentaire. « Et au fait, » elle continue, « je parle beaucoup, jusqu’à présent, mais je vous retourne la question de tout à l’heure : qu’elle est la pire chose qu’un homme vous ait dite, Ornella ? »

cocktail:

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Sam 13 Fév - 11:45


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feat @Eryn O'Hare


Heureusement pour Ornella, son organisme est un roc, et ce, depuis sa plus tendre enfance. Elle était surement la seule à pouvoir passer de l’entrée au dessert sans louper aucun plat des grands repas familiaux de la Famiglia. Tous les autres enfants et même adolescent·e·s ne tenaient pas la route face aux dizaines d’assiettes posées sur la longueur de la table. Jamais la Donna n’a eu ce soucis. Jamais elle n’a laissé une bouchée dans son assiette et jamais elle n’est allée se coucher le ventre creux. Elle ne tiendrait pas debout la connaissant ! Et l’alcool agit de même sur elle. Pas qu’elle en ait besoin mais ça glisse aussi bien qu’un plat de pasta ou qu’un hamburger du fast-food du coin !

Posant ses lèvres sur le verre, une première gorgée est prise. C’est sucré. Du sirop d’érable? Non… Il y a du citron, sans aucun doute ! Et de la tequila. C’est rafraichissant et surtout ça cache bien son jeu, comme la tenancière des lieux.

- Oh c’est loin d’être imbuvable…

Une autre gorgée, plus longue cette fois-ci, est prise avec grand plaisir. Oui, ça lui plait et la Donna espère fortement qu’Eryn saura lui refaire ce cocktail ! Reposant le verre, un doigt sous le menton, la question posée est assez simple à répondre. Et même si ça devient extrêmement rare qu’un homme ose lui dicter sa conduite - souvent, cette personne ne sait pas qui elle est -, il lui arrive parfois de tomber sur des imbéciles qui osent encore se croire plus doués qu’elle.

- Vous allez peut-être être surprise mais ce fut à mes 16ans. Je viens d’une famille assez… patriarcale. Mais surtout, d’une famille qui refuse de laisser son héritage tombé entre les mains de cousins éloignés diront nous. Mon frère devait reprendre l’entreprise familiale mais il est décédé trop tôt. Alors mon père a dû décider entre laisser notre…business tomber dans les mains de personnes extérieurs ou dans les miennes. Il a pris la meilleure des décisions en me donnant les rênes mais très vite, on m’a bien fait comprendre que c’était pour l’apparence.

Ornella se souviendra toujours de cet instant où même les siens se sont retournés contre elle. Reine mais seulement pour garder la face. Reine prise au cou par sa propre famille.

- On m’a dit que je n’y arriverai jamais. Que je n’avais qu’a laisser mes subalternes gérer le principal et faire ma belle lors des réceptions ou des galas. Tu n’y arriveras jamais… Je crois que oui, c’est la pire chose qu’un homme m’ait dit. Tous à vrai dire. Aucun ne se rend compte que ce sont les femmes qui gèrent depuis toujours, même si c’était dans l’ombre. J'ai hâte de l'instant où nous allons toutes nous lever en même temps pour leur montrer qui dirige le monde.

Elle prend une seconde de pause, un sourire en coin de bouche et attrape son verre.

- Sirop d'agave et basilic, non ?


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Dim 28 Mar - 11:29
Eryn n’est pas une experte en mixologie. Elle a bien pris quelques cours pour dire de tenir la route, mais elle a toujours préféré le whisky et la bière aux cocktails et l’Overkill a été conçu pour renvoyer cette image. Le breuvage qu’elle sert à Ornella ce soir, par contre, lui est directement inspiré de son raffiné de père et de ses petites soirées. Elle connaît la recette par cœur – le seul moyen pour elle de s’amuser lorsqu’elle n’avait d’autre choix que d’accompagner David O’Hare, au grand dam de ce dernier, d’ailleurs. Aussi, que la mixture plaise à son invitée du soir fait plaisir à la barmaid qui s’est elle-même renvoyée une dizaine d’années en arrière. La brune esquisse un sourire pas peu fier avant de revenir au sujet de conversation principal.

La brune hausse un sourcil exaspéré, de plus en plus haut en fonction de l’avancée du récit d’Ornella. Elle n’a pas tous les détails mais ça ne l’empêche pas de comprendre ce dont parle son invitée – honnêtement, l’idée est très claire et Eryn n’a de toute façon pas forcément envie d’en savoir plus que ce qui la regarde. Le fait est qu’en tous temps, on a empêché les femmes de croire en leurs possibilités de succès. Trop faibles, trop frêles, trop femmes, pas suffisamment membrées pour réussir autre chose par elles-mêmes que la gestion d’un foyer. Comme si la réussite ne tournait qu’autour d’une espèce d’idéal de mâle cisgenre – de quoi agacer la digne fille de David O’Hare, qui aura transmis au moins un trait de caractère à l’enfant qu’il a adopté. « Sirop d’agave, basilic, concombre et piment, très exactement. », elle précise. « Je vous donnerai la recette si vous aimez, c’est loin d’être un secret familial. » Après tout, elle n’a rien inventé. Autant partager ses trouvailles.

« De ce que j’en déduis, vous avez prouvé à tous ces hommes qu’il vaut mieux se taire lorsqu’on n’a rien d’intelligent à dire, cependant. » Un sourire satisfait se dessine sur son visage. « Les victoires personnelles sur le patriarcat sont les premières pierres à l’édifice. Ils n’ont déjà plus le choix que d’accepter notre présence, reste à leur faire accepter leurs privilèges. » Elle s’appuie, dos contre le bar, bras et jambes croisées. « C’est ça, qui pique le plus. Demander aux personnes privilégiées d’accepter qu’elles le soient pour pouvoir travailler dessus. Ça vaut pour les hommes, c’est aussi le cas pour le reste du monde, cela dit, j’ai conscience d’être bien plus privilégiée que bien d’autres sur la Terre. Mais pour eux, tous ces hommes blancs qui gèrent le monde depuis toujours et n’ont pas la moindre idée de ce qu’est une oppression, c’est plus compliqué encore Comment voulez-vous leur faire comprendre que leurs petits tracas du quotidien n’ont rien à voir avec ce que subissent d’autres communautés ? »

Mais Eryn divague. Elle divague toujours lorsqu’on la lance sur ces sujets et elle est persuadée que sa compagne du soir n’a pas besoin de recevoir un cours. Aussi, elle s’arrête. « Enfin. Ça n’est pas à vous qu’il faut dire ça. » Elle se penche, complice, et murmure en jetant un regard amusé au molosse qui se tient stoïque à l’entrée : « Quoiqu’il y en a peut-être un qui aura appris des choses, ce soir. »

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Sam 19 Juin - 20:42


You should know, I'm the one who's in control
I'll let you come take the wheel, long as you don't forget
feat @Eryn O'Hare


Ça amusait toujours Ornella de voir à quel point les problèmes de sa jeunesse étaient encore présents. Bien entendu elle n’aurait jamais cru qu’ils disparaitraient ses 30ans passés, ni qu’elle serait témoin de la fin du patriarcat. Pour autant… elle avait espéré plus de progression. Moins de couillons. Mais c’était bien trop demandé à la société occidentale. À la société tout court certainement. Elle qui ne se disait pas féministe malgré sa position de femme d’affaire et sa réussite au sein de la mafia italienne en avait tout de même certains comportements. Et bien qu’elle avait conscience sa propre toxicité, elle n’allait pas en parler ce soir devant cette  femme qui semblait être la parfaite activiste féministe de l’année 2020 ! Pas le moment de se prendre la tête sur des questions de classes et d’avis personnels. Ce soir, elle allait rester silencieuse, converser autour d'idées et d'envies communes, à boire son verre et à profiter du ralentissement de son esprit grâce au whisky et aux cocktails. Rien de plus, rien de moins. Une vie bien loin de ce dont elle avait l'habitude.

Un coup d’oeil lancé à son garde du corps suite à la remarque d’Eryn la fit sourire.

- Oh ne vous inquiétez pas, il sait parfaitement qui est la cheffe. Les hommes qui me servent personnelement n’ont aucune… notion de putsch ou de fierté mal placée.

Et surtout, ils étaient parfaitement conscients que de s’attaquer à elle signifiait la conclusion de leur propre existence. À choisir entre la peste et le choléra, ils choisissaient souvent la peste sous les traits d’Ornella.

- Et je veux bien la recette ainsi que…
- Patrona, Eric a appelé, un soucis avec la dernière livraison

Andrea s’était rapproché à pas de velours. Un soucis. Il ne manquait plus que ça. Et si on la faisait appeler elle et pas un de ses subalternes, c’était qu’il s’agissait d’un vrai soucis et pas d’un oubli de marchandise.
Terminant d’un cul sec le verre, elle posa son regard sombre sur la jeune barmaid.

- Je dois vous abandonner là. Andrea ?

La liasse de billets fut posée sur le comptoir, sortie du caban sombre du garde du corps.

- Merci pour la privatisation et… le whisky. Et le cocktail. Et la conversation. Je reviendrais avec grand plaisir Eryn.

Même si l’alcool rendait son esprit légèrement plus groggy, elle n’en perdit ni ses mots, ni son sourire. Aussi froid que sincère. Oui, elle reviendrait, pour continuer la conversation et profiter comme elle le pouvait de la naïveté de ceux et celles qui ne savaient rien d'elle.

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Dim 4 Juil - 19:55
Elle a l’air d’un sacré personnage, cette Ornella. Bien loin de tout ce qu’Eryn aurait pu imaginer avant qu’elle ne passe la porte de son bar, mais pas une mauvaise surprise pour autant. Honnêtement, elle a passé une bonne soirée. Elle qui pensait se retrouver l’esclave d’un soir d’un vieux riche dont elle aurait du mal à se débarrasser apprécie la conversation qui lui est offerte. On l’a entraînée dans un débat qu’elle connaît bien, par contre, et elle ne peut s’empêcher de se lancer dans un monologue qu’elle finit par écourter, son public n’est pas à convaincre.

La brune ouvre la bouche, prête à répondre à son interlocutrice lorsque le garde du corps s’approche, marmonne quelque chose qu’Eryn n’écoute pas. Elle se retourne pour faire un peu de rangement jusqu’à ce qu’Ornella lui adresse à nouveau la parole. Elle secoue la tête d’un air entendu lorsque cette dernière annonce son départ. Un coup d’œil vers l’horloge lui indique qu’il est loin d’être aussi tard que l’heure à laquelle elle pensait terminer, et elle doit s’empêcher de sourciller devant la liasse de billets qu’on dépose sur le comptoir à son intention. « Merci, » elle murmure. « Merci à vous. »

La soirée avait été agréable. Aussi, Eryn sourit à la dame qui se lève et s’en va. Naïvement, elle lance : « Vous êtes la bienvenue ici ! », bien loin d’imaginer à qui elle a eu à faire ce soir. « Bonne soirée. », elle termine chaleureusement, les raccompagne à la porte et ferme derrière eux.

Quelle drôle de soirée. Certainement pas inintéressante, plutôt rentable, et contre toute attente, agréable. Une anecdote à raconter, pour sûr.


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