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Leone & Sirius #02

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Sam 11 Avr - 18:25
49 heures et 51 minutes. C’est le temps qu’est resté enfermé Sirius dans une salle de détente du pôle psychiatrique de l’hôpital, pris en otage par un de ses patients, ayant complétement perdu la raison, et en présence de deux autres patients, plus calmes mais très fragiles. Plus de deux jours, sans dormir, sans manger, sans boire autre chose que ce qui est disponible dans la machine à café présente dans la pièce, et dans la limite de la monnaie disponible dans sa poche… Un calvaire. Une horreur.

Les premières heures avaient été ponctuées de cris et de larmes, principalement, entrecoupés par des pétages de plomb du preneur d’otage, Isidor Romero. Sirius, à bout de patience, avait presque fini par lui lâcher qu’avec un nom pareil, il aurait dû rester coucher dehors. Au moins, le psychiatre n’aurait pas été ainsi mis à rude épreuve. Puis, était arrivé le moment où les médicaments ne faisaient plus effet et l’horreur avait pris une autre dimension. La discussion ne fonctionne plus assez et trois personnes à surveiller, c’est compliqué. Faire attention à sa propre vie, tout en prenant soin que celle des autres est épargnée, qu’aucun d’eux ne s’en prend à lui-même ou aux autres… Impossible pour le brun de fermer l’œil, surtout quand sans savoir d’où lui vient cette force, le fameux Isidor est incapable de trouver le sommeil pendant deux jours…

Le temps passant, Sirius avait fini par se demander si quelqu’un remarquerait son absence. Le reste n’est que trop flou dans sa tête, en dehors du couteau. Ce couteau introduit par Isidor, puis passant de mains en mains au fil des heures, au fil de la non efficacité des médicaments, la peur prenant le dessus chez les autres otages. Même Sirius avait peur. Peur de ne pas sortir de là vivant surtout. Cette envie de changer de métier grandissant d’un coup en lui. Comment voulez-vous ne pas finir traumatiser après tout ça ? N’avait-il pas subi assez de drames dans sa vie comme ça pour en mériter encore ? Et puis, ce fichu téléphone resté dans son bureau…

Au bord du désespoir, au bout de deux jours, Leone derrière la porte à essayer de raisonner les patients, bien que ce ne soit pas sa discipline, tout ça pour venir en aide à son frère, Isidor Romero s’était enfin assoupi, laissant tomber le couteau qu’il tenait en main. A bout de force, Sirius s’en est emparé, tout doucement, et a réussi à libérer la porte pour enfin sortir de cette pièce de torture dans laquelle il ne remettrait pas les pieds de si tôt.

Il prend alors Leone dans ses bras, tenant à peine sur ses jambes. Son ton est désespéré. Son estomac se tort. « Je peux venir chez toi, stp ? » Simple demande. Impossible de rester seul après tout ça. Ce besoin d’avoir quelqu’un pour veiller sur lui, voir pour lui faire à manger ou même pour le mettre au lit, parce que le brin ne se sent plus capable de rien.

Finalement, une heure passe entre le temps de passer dans son bureau chercher ses affaires et de prendre quelque chose à manger au distributeur de plus consistant qu’un café, et surtout de faire un rapport aux autres médecins psychiatres, ayant pris le relais auprès des patients. Ils montent en voiture en direction de chez l’italien et c’est là que le brun regarde ses textos, tombant sur celui de Lyzianna. Il avait espoir de messages sympas, qui lui réchaufferaient le cœur et au lieu de ça un « Pourquoi on se parle autant déjà ? » Tout ce qu’il faut pour l’énerver après une telle fatigue et une telle épreuve. La conversation dégénère quelque peu. Sirius se frustre et reste prostré pendant tout le trajet.

C’est arrivé devant la porte de chez Leone qu’il explose enfin. « Putain, je manque de mourir à cause d’un cinglé et elle, elle trouve rien d’autre à faire que de m’envoyer chier… On peut vraiment plus accorder son amitié à personne ! » Il grogne dans sa barbe de trois jours. « En dehors de toi, bien sûr. » Il tente un sourire auprès de son compagnon. Ce n’est pas à lui qu’il en veut. Pas du tout.

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Mer 20 Mai - 21:56
Leone n’avait jamais compris le besoin des hommes de prier. Dès l’enfance, il s’était demandé pourquoi sa grand-mère demandait à quelqu’un qui n’était pas là de les aider, alors que ce qui les aidaient, c’étaient d’autres personnes en chair et en os, qui se tenaient aussi à porter de remerciements. Il n’avait pas non plus compris pourquoi certains éprouvaient l’envie de se confier à une oreille qui ne répondrait jamais. Le réconfort que pouvait provoquer la croyance lui paraissait réelle et intangible. Il s’était souvent senti un peu à part à cause de cela, dans leur quartier de Little Italy. Il lui semblait que chacun était responsable de son propre destin, et que le changement venait d’actes, et non pas de demandes formulées dans le creux des pensées intimes. Avec le temps, il avait grandi, affirmant davantage cette part de lui-même qui affirmait sa seule foi en l’individu. Alors, à cet instant de tension extrême, le trentenaire refusait farouchement de prier ou d’accabler un dieu qui ne le concernait pas. Seul comptait ses tentatives d’aider, ainsi que le professionnalisme des femmes et hommes qui l’entouraient, dans leur uniforme impressionnant. On eut des matamores modernes, des guerriers partant à l’assaut, ou du moins s’y préparant. Depuis tant d’heures, ils analysaient chaque détail que les collègues de Sirius et lui-même avaient pu fournir sur Isidor Romero. Lui-même avait indiqué aux enquêteurs où chercher dans l’appartement de son meilleur ami pour trouver ses notes personnelles, avant de leur donner un double des clés. Et pendant ce temps, parce qu’il avait été le premier sur les lieux, tout bêtement, voulant apporter un café à son frère de cœur et trouvant porte close, il était resté là, refusant de partir. Les négociateurs avaient considéré que sa présence rassurerait les otages, en même temps qu’elle pouvait aider à discuter avec le forcené, qui réclamait à peu près tout et son contraire, tout en ayant conscience que se trouvaient à quelques mètres de lui les forces de l’ordre qui n’hésiteraient pas, au moindre angle de tir possible, à le neutraliser.

Il était impossible de décrire précisément ces heures à la fois extrêmement longues et terriblement courtes : longues par l’attente insupportable, courtes par l’incertitude et la peur de, peut-être, ne plus avoir de réponses. Parce qu’alors, cela voudrait dire que tout était fini. L’aile avait été bouclée. L’hôpital ne pouvait être évacué entièrement : les blocs étaient occupés pour des opérations, il y avait de nombreux patients intransportables. Il avait fallu limiter les accès, transmettre les bonnes informations, éviter la panique. Combien de fois le téléphone de Leone avait-il sonné ? Tenir un compte eut été impossible : Sirius était aimé dans l’hôpital. Et tous s’étaient tourné vers lui. Au début, il avait envoyé quelques messages. Puis il avait arrêté, par manque de temps, par peur de dire quelque chose qui serait devenu faux quelques minutes plus tard. Par envie, aussi, de tout envoyer valser et de crier sa rage et sa frustration de se retrouver derrière cette maudite porte, dans ce fichu couloir, au milieu de ces montagnes de protections qui discutaient dans leurs radios de la marche à suivre, et qui le laissaient dans le noir la plupart du temps. C’était la procédure, s’entendait-il dire. Il aurait voulu invoquer quelque chose, trouver du réconfort ailleurs. Mais ce n’était pas possible, cela n’avait jamais été sa voie. Il se contentait donc de parler, comme il le pouvait, d’instaurer ce lien étrange entre un damné de la terre et l’allié de ses bourreaux futurs, car l’issue ne faisait aucun doute. Et pourtant, en un sens, elle avait été différente de la chronique annoncée qui se profilait de plus en plus, alors que les négociateurs perdaient patience et constataient l’impossibilité d’avoir une discussion raisonnée avec Isidor, compte tenu de son délirium tremens de plus en plus prononcé, probablement à mesure que l’effet de ses médicaments s’estompait.  

Soudainement, la porte avait bougé, très lentement, et Sirius était apparu, le couteau à la main, Leone indiquant vite de baisser les armes braquées sur lui, que c’était un otage. Alors, pendant que les agents entraient dans la pièce, procédaient à l’arrestation et prenaient en charge les deux autres personnes retenues, lui s’était contenté de serrer son meilleur ami dans ses bras, comme pour s’assurer qu’il était bel et bien réel, que le pire était passé, qu’ils étaient à nouveau l’ensemble pour une éternité de cafés froids.  Il avait encore fallu négocier pour l’emmener juste après le check-up médical et la prise de déposition première.

Sa grand-mère avait déjà changé les draps, dans sa chambre. Comme elle occupait la chambre d’amis elle-même, Leone savait qu’il occuperait le canapé. Elle avait préparé du thé, des litres en vérité, des serviettes chaudes, douces, beaucoup de nourriture – en deux jours et demi, elle avait eu le temps de transformer la cuisine en véritable usine de l’agro-alimentaire. Aussi, quand Sirius laissa éclater sa colère face au message reçu durant le trajet de retour de Crowley, son « amie-flirt pas net » comme l’italien disait parfois, ce dernier se contenta de poser un bras autour de son meilleur ami et de dire :

« N’y pense plus. Tu vas être comme un roi ici. »

Ils entrèrent, et furent immédiatement attaqués par une Anna Castelli aux cent coups, pressées de vérifier si ses garçons allaient bien, et sous toutes les coutures. En dix minutes, sans trop suivre le déroulé des événements, ils s’étaient retrouvés sur le canapé, une montagne de plats divers sous le nez, avec une serviette sur les épaules réconfortante et une tasse de thé fumante – le tout après avoir survécus à une tentative d’étouffement, enfin plus exactement de câlins à leur broyer les os de la part de la vieille dame, qui leur avait également donné des vêtements propres amples et tout justes repassés, là aussi agréablement chauds. Et là, enfin, Leone finit par demander ce qui lui brûlait les lèvres :

« Ça va ? Je veux dire, non je sais mais … ça va aller ? Tu vas rester quelques jours à la maison, Mamie ne te laissera pas repartir de toute manière …

J’ai prévenu ta famille aussi … Je ne me voyais pas ne rien leur dire. »

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Lun 25 Mai - 13:16
Il aurait aimé ne pas y penser, être en mesure de faire comme si ça n’était jamais arrivé mais comment ? Lyzianna avait pris une place importante dans sa vie ces derniers mois. Une relation indéfinissable s’était construite entre eux, alors qu’encore quelques mois plus tôt, ils se détestaient, tout bonnement. Ils s’étaient trouvés des similitudes dans leurs passés difficiles, dans leurs blessures. Ils se comprenaient bien plus que quiconque, contre tout attente. Et au-delà de ça, c’est la première personne nouvelle que le psychiatre a laissé entrer dans sa vie depuis la mort de sa femme. Cela lui avait demandé une certaine dose de courage afin de pouvoir de nouveau faire confiance, accepter des changements et donc d’une certaine manière, accepter de laisser le passé derrière lui. Ca avait été un premier pas vers la guérison, vers un retour à la vie. Et voilà que quand les choses deviennent vraiment difficiles pour lui et que plus que jamais, il ressent le besoin d’avoir la blondinette près de lui, elle est aux abonnées absentes. Pire, elle ne semble plus le connaitre. De quoi faire s’écrouler tout le nouveau monde de Sirius. La seule constante dans tout ceci : ses amis de longue date et en particulier Leone et Mamie Castelli. Également Meghan.

Meghan… Elle ne doit même pas être au courant de ce qui est arrivé à l’homme. Et ses parents ? Peut-être valait-il mieux qu’ils ignorent la vérité afin de minimiser leur peine. Sirius va bien, c’est le principal. Mais Leone finit par le rassurer, indiquant qu’il a prévenu sa famille. Sirius hoche de la tête. « Merci. Tu as bien fait… Meghan aussi ? » Leone avait été le témoin de mariage du brun quand la jeune éditrice avait été celle de Nyla. Soutien à toute épreuve dans le deuil, la blonde et le psychiatre n’ont pas manqué de se rapprocher après la mort de leur proche commun.

Avant ça, à peine arrivé, Mamie avait étouffé Sirius de ses bras et de ses baisers, visiblement très inquiète pour lui. Il lui avait caressé les cheveux pour l’apaiser, lui faire comprendre qu’elle ne se débarrasserait pas de lui comme ça, malgré son grand état de fatigue. Il l’avait toujours aimé, d’aussi loin qu’il se souvienne, la considérant comme sa propre grand-mère. Il n’en avait connu qu’une parmi ses véritables aïeux, et elle avait toujours habité loin, donc les entrevues étaient restées rares tout au cours de sa vie. Naturellement, mamie avait pris la place qui lui revenait et encore une fois, elle le montrait. Tout plein de plats emplissaient la cuisine, de quoi donner faim à n’importe qui, sauf à Sirius qui avait le ventre presque trop vide pour manger. Et contre toute attente, le sms de Lyzianna lui avait coupé l’appétit. Il ne rêve alors que de dormir.

Dans l’attente, il se pose sur une chaise, ses jambes en ressentant un grand besoin. Il peut lire sur le visage de son frère de cœur que lui aussi est inquiet. « J’ai pas trop envie de rentrer chez moi tout seul de toute façon. » Il ne refuserait pas l’aide des Castelli et ne ferait aucun effort pour dire non, bien au contraire. Trop sonné par la réalité des derniers jours de toute façon… Il a plus que jamais besoin de ses repères. « Mais t’en fais pas, je pense que ça va vite passer. » Tente-t-il d’un sourire rassurant. Vite, c’est pas dit, mais il sait que ça ne le rongera plus d’ici quelques semaines, ou au pire quelques mois. C’est traumatisant sur le coup, mais ça fait partie des risques du métier, il le sait parfaitement, et il s’y était déjà préparé psychologiquement depuis le début de ses études. « C’est surtout épuisant moralement. A vrai dire, c’est comme si j’avais déjà un trou noir de ces deux derniers jours… Un cerveau qui ne veut plus rien savoir… » Et ces mots suffisent à faire jaillir les larmes des yeux du psychiatre, les nerfs à vif, la fatigue le ravageant.

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Jeu 11 Juin - 13:13
Honnêtement, Leone ne savait pas exactement comment gérer ce moment où, libéré du danger imminent et reprenant peu à peu pied, du moins partiellement, Sirius allait encaisser brutalement la prise de conscience de ce qu’il avait traversé. Dans les manuels de médecine, on apprenait à soigner des centaines de pathologies, mais rarement à gérer l’après : la rééducation, le traumatisme, les difficultés de la vie de tous les jours. Ici, c’était exactement le même constat : passé l’adrénaline, l’angoisse extrême, l’attente insupportable de la délivrance, il y avait la suite à prendre en main, et sincèrement, il n’avait que sa bonne volonté en bandoulière pour l’aider. Comment, on faisait, dans le cas particulier d’un meilleur ami ayant survécu à une prise d’otages ? C’était quoi, la marche à suivre, pour qu’il aille mieux ? Il aurait voulu qu’un livre existât sur le sujet, précisément. Oh, bien sûr, il connaissait ce que tout le monde avait en tête : le suivi psychologique, le pas à pas. D’accord, mais … concrètement ? Immédiatement après, qu’est-ce qu’il pouvait faire, dire, pour que ce soit plus simple ? Il n’y avait rien là-dessus, et il se sentait tristement démuni. Oui, il avait envoyé des messages aux contacts principaux de Sirius, évidemment, il avait acquiescé à sa question. Cela dit … déjà, il était resté vague, parce qu’il lui manquait des informations, pour ne pas rendre complètement dingue les personnes en face, pour ne pas se rendre fou à devoir répondre derrière alors qu’il n’avait aucune certitude. Et puis, il y avait un monde entre annoncer, avec autant de tact que possible, et réellement l’appréhender. Comme il y avait un fossé entre attendre derrière la porte et être dans la même pièce qu’un forcené. Il se demandait comment le combler. Déjà, son cœur se fendait en voyant son meilleur ami essayer d’être brave mais … il n’avait pas besoin de l’écouter pour entendre les ombres dans sa voix, et dans ses yeux aussi. Qui finirent par couler, alors qu’il essayait de mettre des mots sur l’indescriptible. Doucement, Leone prit Sirius dans ses bras, l’attirant contre son torse, comme une mère pouvait bercer son enfant, passant sa main dans ses cheveux, caressant sa tête doucement, délicatement, en lui murmurant des bêtises au coin de l’oreille, parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre, hormis être présent. Il avait la faiblesse de penser que ce serait suffisant, au moins pour un temps. Ils restèrent là, enlacés, l’italien essayant de transmettre à ce frère qu’il avait choisi toute sa tendresse, tout son amour, parce qu’une amitié aussi forte ne pouvait qu’être une forme de cette émotion si particulière, il n’en doutait aucunement, et tenter vaillamment mais sans doute vainement de partager sa peine, sa peur, sa fatigue. Il finit par lui murmurer à l’oreille :

« Tu peux prendre tout le temps qu’il te faut. On n’est pas pressé. On a le temps maintenant. Tu es en sécurité Sirius, ici. »

« Il a raison, bambino. »


Anna Castelli s’était glissée à côté d’eux et, silencieusement, enlaça à son tour son second fils, elle aussi paraissant avoir besoin de lui offrir cette même chaleur humaine, cette envie de lui montrer qu’il pouvait tout faire à son rythme, qu’ils étaient là pour lui, avec lui, qu’ils l’aimaient, et qu’ils pouvaient lui reconstruire des souvenirs pour effacer ceux des deux jours précédents. Il était chez lui, autant qu’il le voudrait, qu’il le faudrait. Puis après un long moment, elle se releva, se dirigeant vers la cuisine pour, vraisemblablement, préparer un festin et noyer ses appréhensions dans ses marmites, comme à son habitude. Leone, lui resta dans la même position, serrant toujours son meilleur ami contre lui avant de déclarer, peut-être pour apaiser la tension, ou pour essayer de faire penser à autre chose Sirius :

« Normalement, demain, elle va me dire que tu es l’homme idéal, tu sais. Ce dont j’ai conscience, mais j’attends qu’on ait cinquante ans pour faire ma demande. »

Un léger rire lui échappa, amusé malgré lui par cette perspective franchement étrange. Se détachant finalement de son meilleur ami, il chercha que faire, que dire, pour continuer sur cette lancée, et, ses yeux tombant sur une manette égarée, il proposa :

« Tu veux aller dormir ? Ou sinon … en attendant de manger, ce qui te ferait du bien … une partie de ce que tu veux ? Promis, compte tenu des circonstances, je te laisserai gagner, dans mon immense mansuétude. »

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Ven 19 Juin - 11:45
Entendre une voix familière, à la fois douce, apaisante et réconfortante, peu importe la tonne de bêtises qu’elle peut déclamer à la seconde, a le don de vous faire sentir en sécurité. Cela fait du bien à Sirius, le berçant presque. Son cocon se forme, l’englobant dans un amas d’ondes positives qui ne peut que lui fait du bien. Sirius suit encore le son de la voix de Leone, qui l’emporterait presque vers un monde lointain où les prises d’otage n’existent pas. Celle de Mamie qui vient s’y apposer a le même effet de rondeur et lorsque le psychiatre remonte les yeux, ce sont deux regards plein de bienveillance et d’amour qui sont posés sur lui, ce pour quoi il est reconnaissant. A cet instant, il aurait pu être avec ses parents, mais c’est avec cette deuxième famille qu’il préfère être. Jamais il ne pourra leur faire comprendre à quel point il est reconnaissant de les avoir dans sa vie et à quel point il les aime. Il espère juste qu’ils en ont conscience, au moins un petit peu. Un sourire silencieux suffit à les remercier pour leurs paroles et leur soutien. Puis les bras de Mamie viennent entourer les deux amis et le brun s’imprègne de la chaleur de ceux-ci, se laissant aller entièrement au réconfort que cela lui procure. Il la serre à son tour de ses bras. Peut-être un peu trop fort, mais il sait bien qu’elle est robuste malgré son âge avancé.

Vient un temps où il faut se séparer malgré tout. Anna retourne dans la cuisine, sans que Sirius ne suive vraiment du regard ce qu’elle va faire, et Leone choisit ce moment pour tenter de lui changer les idées. D’une voix presque rouillée, abimée par les émotions vécues au cours des derniers jours, le brun articule : « Ça fait pas déjà 15 ans qu’elle te dit que je suis l’homme idéal ? » Le ton de la plaisanterie se veut présent bien qu’il soit difficile à cerner dans le flot de larmes qui a coulé sur les joues de l’homme et qui sont actuellement en train de sécher comme elles peuvent. « Si je suis encore célibataire, je te promets de dire oui. » Promesse en l’air, dans le sens où le psychiatre ne pourrait pas donner à son ami tout l’amour que ce dernier mérite ; mais par là, il veut lui faire comprendre qu’il veut l’avoir dans sa vie pour toujours et que pour cela, il serait littéralement prêt à tout.

Ces paroles plus légères ont le mérite de faire effet, sortant Sirius de ses lamentations. La première vague est passée et si la deuxième ne manquera pas de suivre à un moment donné, il a sans doute un peu de répit avant qu’elle n’arrive. La fatigue est là, bien présente, mais il sait pertinemment que s’il s’allonge dans un lit, aussi douillet soit-il, jamais il ne parviendra à trouver le sommeil. Non, les images vont lui revenir les unes après les autres et face à sa solitude, il ne fera que tourner et tourner encore entre les draps.

« Une partie. Mario Kart ? » Un truc qui ne demande pas de réflexion et auquel on peut jouer facilement sans trop se poser de questions. Certes, il faut de la dextérité, ce dont Sirius risque de manquer à cause de la fatigue, mais peu importe. « Fais-moi au moins le plaisir de faire semblant de te défendre ! » Un sourire fragile se pose sur ses lèvres alors qu’il se penche pour attraper la manette, faisant attention à ne pas renverser les plats autour d’eux. « Mamie va me tuer mais… j’ai envie de chips, en fait. » Il y a encore quelques minutes, il aurait été incapable d’avaler quoi que ce soit mais son cœur se sentant un tout petit peu moins lourd qu’auparavant, l’envie de grignoter se faire ressentir. Pas quelque chose de chaud, car il sent que ça ne passerait pas. Juste des chips. Ou au pire des gâteaux apéros. Un truc salé et gras. « Et pas des chiffres de betteraves au four faites maison… » Il grimace.



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Ven 10 Juil - 17:19
« Si. Et comme ça, trente ans plus tard, on pourra aller dans la même maison de retraite et râler sur tous les autres résidents. »

Evidemment, Leone et Sirius n’avaient pas besoin d’un mariage pour cela, mais c’était dans la continuité de ce genre de promesses un peu ridicules que de meilleurs amis avaient coutume de se faire, pour se dire qu’ils seraient toujours là l’un pour l’autre, qu’ils étaient « leur personne », pour reprendre un concept hérité d’une célèbre série télévisée médicale qui, hormis sa détestable manie de faire croire à tout le monde que les médecins passaient leur temps à se sauter dessus entre deux interventions, ce qui faisaient lever les yeux au ciel de l’italien à peu près deux fois par semaine, avait eu le mérite de montrer une amitié d’une force indescriptible entre deux personnes, qui, quelque part, rivalisait avec l’amour censé tout résoudre. Leone aurait pu être sincère en disant que Sirius était l’homme de sa vie, juste, pas dans le sens communément attribué. C’était autre chose, plus profond, différent, tout aussi doux. Il ne savait pas s’il était sa Meredith et sa Cristina, mais peu importait : ils étaient un duo indissoluble, depuis un quart de siècle. Il ne savait pas ce que l’avenir leur réservait à tous les deux, mais il était certain qu’ils seraient toujours dans la vie de l’autre. S’ils avaient des enfants, le parrain était tout désigné. Et donc, un jour, quand ils seraient vieux, ils s’assiéraient sur un banc, cinq minutes avec l’autre, pour regarder la vie tant qu’elle était là. Ils commenteraient la jeunesse, ses inévitables nouvelles coutumes incompréhensibles et autres salutations étranges, parleraient du passé, de la famille, des dernières nouveautés médicales – médecin un jour, médecin toujours, le serment d’Hippocrate avait un côté tenace. Oui, c’était ce à quoi il aspirait, in fine. Et il avait eu peur, durant ces longues heures, de ne pas y parvenir, à ce banc du futur. Mais ça, il le gardait pour lui. Le plus important, en ce moment, c’était Sirius, et uniquement ce dernier. Même si Leone laissa échapper une grimace quand il entendit son choix de jeu …

« Si tu choisis la Route-Arc-en-Ciel, je vais pas vraiment faire semblant de perdre … Je passe mon temps à finir dans l’espace … »

Hochant la tête en entendant la demande de Sirius, qui lui fit terriblement plaisir, parce qu’elle était si anodine et si … normale qu’il aurait pu en pleurer de joie, Leone affecta un sourire complice, avant de se lever et de dire :

« Mission recherche de gras, en action. Je reviens avec. »

Des chips, des gâteaux apéritifs plus salés qu’une venaison et de la charcuterie étalée sur un plateau plus tard, Leone revint, partant du principe que pendant ce temps, son meilleur ami avait lancé le jeu. Il enleva les affaires qui se trouvaient encore sur la table pour les remplacer par les nouvelles victuailles et déclara :

« Y a des natures et des goût barbecue. Décadent au possible. Tout ce qu’il nous faut. »

Il y en aurait sans doute trop, mais ce n’était pas grave. Lui aussi s’était rendu compte, en farfouillant dans les placards, qu’il avait faim. Ce qui était logique, puisque son dernier repas datait de quarante-huit heures plus tôt. Avec l’adrénaline, il ne s’était pas vraiment rendu compte du manque, l’estomac du reste trop noué pour y loger quoi que ce soit. Mais maintenant que tout retombait, qu’il était entre les murs familiers de son appartement, brusquement, tout ce qui avait été balayé revenait en force, et son estomac se faisait entendre douloureusement. Empoignant sa propre manette, Leone choisit son personnage – Luigi, comme d’habitude et déclara :

« En voiture ! Enfin, en kart, plus exactement … »

Ce fut donc un déluge de carapaces, peaux de bananes, dérapages plus ou moins contrôlés, courses poursuites folles et jurons bien sentis suite à une énième sortie de route, entrecoupé de bruits de mastication et de moqueries peu amènes qui s’ensuivit, redonnant à la scène, pendant quelques minutes, l’illusion de la normalité. Oui, cela aurait pu être une soirée normale, comme ils en avaient connu et connaîtraient probablement des centaines encore. Sauf que ce n’était pas le cas, parce que Leone pensait au moment où il faudrait arrêter, aller dormir. Ils en avaient besoin. Lui-même sentait ses paupières s’alourdir, malgré la lutte pour les garder ouverts et l’aide bienvenue pour se faire de l’écran lumineux. Finalement, la partie se termina et Leone attendit, se demandant si Sirius voudrait relancer, encore parler, ou aller au lit.

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Dim 9 Aoû - 10:52
« Je ne pourrais pas rêver mieux. »

Sirius lâche forcément un petit sourire. Penser à un avenir aussi lointain ne lui est pas coutumié et pour cause, il sait que la vie est courte depuis la mort de Nyla. Il sait désormais que peut-être, il ne sera jamais un retraité qui ne sait plus vivre seul chez lui et s’assumer en toute autonomie. Du coup, il n’y pense pas. Plus précisément, il se refuse à y penser, mais si une chose est sûre, c’est qu’en effet, s’il arrive jusque-là, il espère qu’il sera avec Leone et sa femme dans cette maison de retraite. Il n’y a qu’ainsi qu’il serait totalement heureux. Et Leone aurait également sa moitié à ses côtés, ainsi ils seraient le nombre parfait pour jouer à la belote, au tarot, ou à tout autre jeux qui occuperait leur journée. Il les imagine parfaitement, aussi, se réveiller avant tout le monde, aller en avant-première dans la salle du petit déjeuner et se mettre à une table un peu reculée, tous les deux. De là, ils observeraient les gens qui arriveraient et râleraient, ou feraient des plans sur la comète pour les soigner – parce qu’à défaut d’exercer, ils auront peut-être envie de se l’imaginer. Ils seraient certainement très heureux, ainsi. C’est indéniable.

Il écoute l’argument de son ami et sans lui dire, se promet qu’il ne choisira pas la route Arc en Ciel. Lui aussi est trop fatigué après la journée qu’il a passée. Bien qu’ils en aient que peu discuté, Sirius se doute de ce qu’a vécu son ami pendant les dernières 48 heures, à tout prendre sur ses épaules, cette peur que son meilleur ami ne s’en sorte pas. Ce n’est pas à minimisé. Pour autant, il préfère ne pas y réfléchir ce soir. Il le remercie davantage en temps voulu, lorsque les esprits seraient apaisés.

Il fait bientôt part à Leone de son envie de manger des chips. L’idée semble la bienvenue et alors que le brun disparait dans la cuisine, le psychiatre met en place le jeu.

« J’ai opté pour le Circuit Luigi. C’est censé être le plus facile… »

Un petit sourire en coin se dessine bientôt et d’un signe de tête, il remercie son ami pour le plateau. Il y a plus que ce qu’il a demandé mais pour tout dire, ça le met en appétit bien plus que ce qu’il aurait imaginé. La charcuterie, c’est parfait. Il pioche dans le plateau, à plusieurs reprises successives, sans même savourer le gout des aliments. Puis, la partie commence. Sirius se concentre, mais quand il a un peu trop d’avance sur Leone, il pioche une chips qu’il porte à sa bouche, le temps qu’il le rattrape. Et le temps passe vite, bien plus vite que dans la salle d’attente dans laquelle il était pris en otage. Trop vite, peut-être car la partie se termine et une certaine appréhension monte dans le cœur du brun. Que va-t-il se passer une fois qu’il sera seul ? La boule grossit, rien qu’au fait de se poser la question. Alors, il avale une nouvelle tranche de jambon italien pour tenter de faire passer la pilule. Il pose la manette sur la table basse.

« Tu t’es pas si mal défendu. » Finit-il par lâcher, le cœur plus lourd qu’il n’y parait. « Je te proposerais bien la revanche, mais je crois que ce n’est pas raisonnable. On est aussi fatigué l’un que l’autre. » Il voit bien les orbites de son ami qui ont autant de mal que les siennes à rester en état d’éveil. Un petit silence se met en place. « Tu… Je… peux dormir avec toi ? » C’est pas une proposition qu’il fait fréquemment car d’ordinaire, l’un ou l’autre dort soit dans la chambre d’amis, soit sur le canapé. « J’ai une de ces peurs de faire des cauchemars… Je le sens pas. » La sincérité dans sa voix est déconcertante.

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Ven 14 Aoû - 22:35
« Bien sûr. »

Sans qu’il ait besoin de réfléchir, Leone avait parlé. Sirius et lui ne dormaient presque jamais dans le même lit – pas en raison d’une gêne quelconque, mais tout simplement parce que depuis la mort de Nyla, son meilleur ami avait énormément de mal à supporter que l’autre côté du lit soit occupé par quelqu’un. Il respectait cela, ayant pris l’habitude du canapé. Et puis, se disait-il, ils n’avaient plus dix ans, à se glisser sous la même couette et à se raconter des histoires pour se faire peur très tard. Avec la lampe torche en prime, pour que ce soit encore plus effrayant. Ni même quinze, à se raconter leurs rêves pour le futur, leurs angoisses, et aussi, entendre Sirius parler de filles. Puis Leone, un jour, parler de garçons. Ni même vingt, à s’écrouler sur un matelas après une soirée à réviser pour les partiels de médecine, et à ne plus avoir la force de se traîner ailleurs. Mais là, ils étaient brutalement retombés en enfance, à chercher les monstres dans la pièce, pour exorciser ceux du dehors, qui n’en étaient pas, et qui pourtant, pouvaient, l’espace d’un instant, d’une perte de contrôle, changer une vie et la peupler de cauchemars. C’était à ça que servait un meilleur ami, aussi : à prendre en charge les moments de faiblesse comme de victoire, les joies comme les peines. Et, comme présentement, à avoir à nouveau huit ans. Rangeant les manettes, l’italien donna une petite tape sur l’épaule à son ami, comme pour lui faire signe qu’il était temps, avant de le prendre par le bras et de l’emmener dans sa chambre. Un instant, il hésita, puis récupéra la peluche planquée dans un coin, le vieux Mickey rabougri acheté dans la boutique de l’hôpital quand il était enfant par sa grand-mère, pour le consoler, parce qu’elle ne pouvait pas vraiment offrir autre chose. Il était conservé comme un totem, rapiécé, raccommodé.

« Tu veux Monsieur Mickey ? »

Il avait dit ça avec un léger rire, mais en même temps, il savait aussi que parfois, on avait besoin des odeurs, des sensations de l’enfance, des choses douces du passé, qui rassuraient, qui enveloppait dans un océan de gentillesse. Ce n’était pas idiot, que de reporter ses difficultés sur un objet inanimé, quand on avait vécu de telles épreuves, comme adulte. Tout le monde avait besoin d’une soupape de sécurité, de lâcher-prise, de se sentir en sécurité. Et Leone avait beau se considérer comme un homme mature, adulte … il ne trouvait pas ridicule que de chercher de la consolation dans une vieille peluche, en cas de chocs importants. La fourrant donc dans les bras de Sirius, il lui passa un vieux t-shirt pour faire pyjama, lui-même enlevant son haut pour garder son éternel marcel couvrant avant de récupérer un jogging informe mais très confortable. Une fois qu’ils furent habillés, Leone attendit que son meilleur ami s’allonge pour se glisser à ses côtés et poser une main sur son ventre, en lui caressant le bout des cheveux de l’autre, insensible à sa position peu confortable, pour qu’il s’endorme. Avant de lui souffler gentiment :

« Dors, je suis là. »

Je veillerai sur toi. Il ne t’arrivera rien. Je t’aime. Leone avait dit toutes ces choses-là sans les prononcer, il n’en avait pas besoin, elles étaient là, entre eux, au bout de ses doigts qui passaient et repassaient sur sa tête, agrémenté parfois d’un gentil baiser amical, pour l’apaiser, tandis qu’il lui disait des bêtises au creux de l’oreille, pour le bercer. Il resta longtemps ainsi, attendant que la respiration de Sirius s’apaise, occupé à chasser les mauvais rêves et les monstres. La fatigue le tenait, mais il n’y cédait pas, attentif à sa mission. Et quand, enfin, il fut certain d’être parvenu à ses fins, il ferma ses yeux, cédant enfin aux bras de Morphée, si doux et accueillant, serrant son meilleur ami dans ses bras et s’endormant doucement, à son tour.

Comme quand ils étaient enfants, finalement.

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