Ton plus gros problème à l’heure actuelle ? Vous voulez dire outre la relation avec sa mère qui est à présent comparable au néant ; le fait qu'elle soit probablement la honte de sa famille depuis qu'elle ait abandonné l'université ; qu'elle soit toujours célibataire à 27 ans et qu'elle ne fera probablement jamais son coming-out à sa famille ; qu'elle ne trouve toujours pas le temps de commencer son projet de faire exposer ses clichées ?.. Mmh... En repassant tout ces petits détails, Mia vous répondrait très certainement l'argent. Elle a prit un très gros risque en se lançant en tant que photographe. Elle le savait et son compte en banque s'en ressent. Mais pour rien au monde, elle n'aurait laissé passé cet excès de courage qui l'avait traversé ce jour où elle décida de tout plaquer.  

Une addiction à déclarer ? (Le café et les réseaux sociaux comptent aussi bien entendu on est là pour être honnêtes). Dire que c'est une addiction serait quelque peu exagéré. C'était un bien grand mot. S'il le fallait réellement, Mia saurait s'arrêter. Mais elle ne pouvait nier qu'elle passait un temps non-négligeable sur les réseaux sociaux. Pour sa défense, c'est en grande partie pour s'informer sur les différentes luttes auxquelles elle participe elle-même à petite échelle... Puis aussi pour suivre beaucoup de photographes dont elle aime beaucoup le travail... Puis tous ces modèles si photogéniques... Et BEAU. Ne nous mentons pas.

Comment s’est terminée ta dernière relation ? "Rela-" quoi ? Entre nous, nous nous aventurons là dans une partie assez chaotique de l'histoire de Mia. Dire qu'elle n'y connaissait rien serait un tantinet exagéré, mais on ne pouvait nier le peu d'expérience complète auquel elle avait pu faire face.


Cette période, à présent si éloignée, lui semblait bien plus facile à gérer à ce niveau. Un joli mot envoyé, quelques fautes d'orthographe et voilà un couple formé. La fragilité de ces relations était probablement ce qu'il y avait de plus excitant à l'époque. Maintenant, cela se résumait à une rencontre, des flirts à tout va et... Rien de plus. C'était comme s'il n'y avait pas de suite. Le livre ne pouvait se rendre au chapitre suivant. Ce n'était pas faute de le vouloir, mais... Elle se sentait comme déconnectée. Tout semblait en décalage avec ces attentes. L'idée qu'elle puisse être le problème lui avait traversé l'esprit, mais elle se refusait d'y songer. Comment pourrait-elle être la seule à ne pas s'y retrouver ?
Elle se rappelait de ce dernier date comme si c'était le mois derniers. Il fallait dire que cela était arrivé il y a peine deux semaines... Une étudiante en dernière année de littérature, un peu effacé au dernier abord. Puis un sourire qui vous faisait perde la notion du temps. Elle l'avait rencontré par hasard dans les transports alors que celle-ci était en retard. Étonnement, elle fut en retard chaque jours qui suivait ce dernier. Mia se douta que c'était pour elle. Et puis, comme ça, au bout de deux semaines de jeu de regard, la photographe lui avait proposé ce fameux rendez-vous. Aussi magique que leur rencontre... Jusqu'à sa fin. Les pressions incessantes de sa main sur le cuisse de Mia et la tactilité grandissante de cette fille lui laissa un goût amer. Était-ce trop demander ? Un simple rendez-vous sans promesse d'un tour au lit ? Cette fois-ci, Mia eu la sagesse de garder son calme et de feindre la fatigue. Tout simplement. Elle ne rappella définitivement jamais cette fille.

Le dernier texto que tu as envoyé ?

"Pour la dernière fois, non. Elle lit même pas mes messages (si encore elle a pas bloqué mon numéro hein...)"

Ce message fut accompagné d'un screen des derniers sms envoyés à sa mère. Effectivement, aucun "lu" ni de réponse n'accompagnaient les nombreux messages de Mia... Son beau-père sautait sur la moindre occasion pouvant permettre de régler cette histoire et d'arranger la relation entre son épouse et sa fille. Cette fois-ci, c'était pour son anniversaire. Il ne demandait qu'un simple message de la part de Mia, pas plus. Il savait sa femme trop fière pour emboîter le pas, mais il avait espoir que cette petite attention lui fasse plaisir et la rende plus à enclin à oublier toute cette histoire.

Malgré son agacement, Mia ne pouvait ignorer à quel point cela était gentil de sa part de s'en préoccuper. Mais la page était tourné depuis maintenant 5 ans. Pouvoir s'entendre à nouveau, ou bien ne serait-ce qu'obtenir la moindre parole de mère lui semblait impossible. Dans une utopie, sans doute...

Ta relation avec tes parents on en parle cinq minutes ? Vous l'aurez compris, Mia pourrait vous écrire un essais sur sa relations avec ses parents. Chacune est unique, et... Particulière.  Mia a d'abord grandi auprès de ses deux parents japonais. Tout se passait pour le mieux pour l'enfant qu'elle était. Elle n'aurait jamais pu prévoir que le couple volerait en éclats. Chose qui était assez commune au Japon lors de séparation et de disputes, bien que Mia a toujours autant du mal à le concevoir, sa mère l'arracha à son père. Cela est un bien grand mot, mais tout aussi adéquat à la situation. Son père n'avait pas eu le choix. Un soir, il était rentré du travail et... Rien. Les affaires de Mia et sa mère ne se trouvaient plus là. Elles étaient parties pour de bons. Nous sommes aux États-Unis, pas le Japon. Le père de Mia aurait donc pu faire appel à la police et à la justice. Mais non-conscient de cette différence dans les deux cultures, il ne fit rien. Il pensa tristement que c'était trop tard. Quelques années plus tard, il put enfin contacter et revoir Mia. Mais le temps les avait complètement éloignés et leur avait à présent échappé. Les visites ralentirent. Elles furent de moins en moins fréquentes, jusqu'à s'arrêter sans que personne ne le réalise vraiment. Pour Mia, son père n'était plus qu'un simple inconnu.

Mia fut terrible à l'entrée dans l'adolescence. Il fallait dire que c'était le bon moment qu'avait choisi sa mère pour rencontrer quelqu'un et se remarier avec : Miles. Elle en fit voir de toutes les couleurs à ce nouveau couple, et en particulier à son beau-père. Il en entendit des horreurs, toute aussi blessantes les unes que les autres. Mais jamais il n'abandonna. Il s'en refusait. Si Mia ne pouvait le considérer comme de la famille, au moins, pouvait-il faire le maximum pour être présent. Le jour où elle aurait besoin, il sera là. Et il était là. Il est toujours là. Peu importe tout ce qui avait bien pu se dire et se passer. Mia en fut toujours reconnaissante. Si à ce jour, et probablement à jamais, elle n'était toujours pas capable de l'appeler "papa" ou autrement que par son prénom, il faisait néanmoins bien partis de sa famille.
Pour ce qui était de sa mère, malheureusement, ce fut l'inverse. Si elle avait toujours était présente même sous sa pire période, l'adolescence, aujourd'hui tout avait changé. Elle aurait été prête à protéger sa fille pour n'importe qu'elle crime commis. Mais devenir la honte de la famille était un crime bien trop grand... Ou bien peut-être était-ce l'accumulation ? Mia ne le savait plus vraiment. Il ne voulait plus y réfléchir : sa mère n'existait plus. Après tout, elle en avait fait de même. Auprès de n'importe qui, Mia dirait qu'elle la déteste, qu'elle était comme morte à ses yeux. Mais son entourage le plus proche savait. Toute cette rage, toute cette haine qui bouillonnait en elle n'était là que pour oublier à quel point elle souffrait. Perdre la personne censée vous aimer de façon inconditionnelle laissait un tel vide que ça en devenait bien trop douloureux d'y penser. Elle avait faim d'amour, mais cette fin ne pouvait être comblée.

En dehors du boulot, des études, tu fais quoi ? Eh bien, pour commencer, ce n'est pas pour rien que Mia a choisi de devenir photographe. Même en dehors de son boulot, elle aime capturer ce qu'elle considère comme l'essence même de la beauté... On ne va pas se mentir, la beauté a quand même beaucoup d'essence selon elle. À côté de cela, Mia tient un blog. Ou plutôt un "site web" comme elle préfère l'appeler. Elle trouve que cela fait plus professionnel d'appeler cela de telle façon au vu de la connotation qu'a pu prendre le mot "blog". Sous le pseudo LoudSilence, dont elle regrette amèrement ce choix qui dénote d'un certain dramatisme inhérent à l'adolescence, elle expose et dénonce les discriminations encore bien trop présentes et pourtant si insidieuses dans la société. Mia profite de la visibilité que peut avoir son blog pour relayer les témoignages touchants des discriminations ne la concernant pas, mais ayant tout autant besoin d'être vu. Depuis qu'un contrat lui a permis de voir les derrières du rideau de Broadway, elle en profite pour dénoncer les facettes les moins connues...

Un fait peu glorieux à nous raconter ? Elle emportera très probablement ce secret dans sa tombe. Personne, pas même l'alcool ne lui ferait avouer. Si encore cela lui était arrivé enfant, elle en rirait. Mais ce fait... Mia n'éprouvait aucune fierté, aucun amusement.

Tout commença à Pâque. Tous ces chocolats qui vous lorgnent des yeux pendant des semaines dans les supermarchés... Mia avait craqué. Elle, pour qui cette fête ne signifiait rien, décida soudainement qu'il était temps que cela change. Elle aussi méritait ces lapins au chocolat. Traversée par un petit coup de folie, elle en acheta même deux pour l'occasion ! Sagement, elle attendit que ce soit officiellement pâque pour enfin s'autoriser quelques douceurs. QUELQUES.


Jusque-là, il n'y avait rien d'alarmant, si ce n'est le manque totale de contrôle de Mia. Mais soit. Cela pouvait arriver, n'est-ce pas ? Après tout, l'estomac de Mia était solide... Mais qui aurait cru que tous s'enchaîneraient de cette manière. Mia ne peut, à ce jour, pas se remémorait de quand cela commença : si cela était le jour suivant ou plusieurs après. Mais toujours est-il que ce jour-là, elle se trouva dans l'incapacité totale de bouger. Non pas qu'elle était paralysée, mais cette sensation qui se propageait dans tous son corps la tordait douleur. Elle passa la journée, allongeait sur le ventre, sans rien avalé. De toute façon, rien ne serait passé. Ce ne fut que le lendemain, non sans larme, qu'elle réussit à s'extirper de son lit pour atteindre l'hôpital. Elle ne sait honnêtement pas comment elle en a eu la force. Elle ne se rappelle de rien. Ni du trajet, ni de l'attente dans le fameux hôpital. Tout ce dont elle se rappelle était qu'elle se croyait faire une crise d'appendicite, cette eau qu'elle due se forcer à avaler puis le test d'urine.

Heureusement pour elle, ce n'était pas aussi grave qu'elle ne le pensait. C'était même assez ridicule en fait. À ces collègues et ses amis, elle présentait cela comme le fruit d'un "estomac retourné". Mais en réalité... Le coupable ? Cette quantité de chocolat avalé en si peu de temps. Qui aurait cru que cela constipait autant...