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somebody to lean on | leone

@ Invité

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Mar 28 Avr - 17:15
La scène est plutôt incongrue. Marisol Murphy-Paredes, mère de famille exemplaire et membre active de deux associations de parents d'élèves, bénévole à El Halito, catholique pratiquante, journaliste en plein redémarrage professionnel, installée sur une banquette en vinyl, une bière - "fruitée et légère" d'après la jeune serveuse - posée devant elle. Pas son cadre habituel, ses vêtements un peu trop bien taillés, son visage trahissant qu'elle dépasse la moyenne d'âge de plusieurs années, elle ne se fond pas tout à fait dans la masse des afterwork et amateurs de baseball rassemblés ce soir.

Mais, elle a le sens pratique. Et il s'avère que ce pub ni trop loin de chez elle, ni trop loin de l'hôpital est l'endroit idéal pour réussir à passer un peu de temps avec Leone. Toujours occupé, toujours en train de donner du temps et de l'énergie quelque part, la brune a bien du mal à lui mettre la main dessus, d'autant qu'elle doit disputer son temps précieux avec son frère, entre autres. Néanmoins, doucement mais sûrement, ils ont réussi à se réunir plusieurs fois ces derniers mois afin de finaliser un projet dont Marisol a beaucoup parlé, sans parvenir à le faire aboutir. Mais ça y est, les dernières corrections sont faites et il ne reste plus qu'à espérer que Castelli accepte son angle de rédaction. Certes, il ne veut pas se mettre en avant, mais elle rédige un portrait, pas une liste des associations en recherche de fonds et de bénévoles.

Marisol attend donc patiemment, étant arrivée avec un peu d'avance, pour s'assurer de trouver un coin de table propre en cette happy hour. Ce ne fut pas une mince affaire et elle a dû faire appel à son expression de mère courroucée pour dissuader une bande de jeunes garçons de lui passer devant au bar. Il faut bien que vieillir apporte quelques privilèges. En voyant tous ces jeunes gens, le passage brutal du temps lui saute aux yeux. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, sa fille fera partie de ces étudiants bruyants et enthousiastes. La mexicaine frémit, ne souhaitant pas s'aventurer sur la pente glissante de la nostalgie. Elle prend une gorgée de bière, tant pis pour la politesse.

Finalement, elle aperçoit la silhouette de Leone et lui adresse un signe de la main, puis se résout à l'interpeller. « Hey, Leone, par ici! » Un large sourire illumine son visage alors que le médecin s'approche et elle l'enlace chaleureusement. Vraiment, ils ne se voient pas assez à son goût. « Comment vas-tu? Pas trop fatigué? » Elle observe son visage perpétuellement tiré et fronce les sourcils, ses instincts de grande soeur débordant de façon inappropriée envers un homme adulte qui ne fait pas officiellement partie de sa famille. « Tu manges correctement au moins? » Se rendant compte qu'elle dépasse les bornes - et commence à parler comme sa mère - Marisol se reprend. « Pardon, pardon, je m'emballe et me mêle de ce qui me regarde pas. Bref, qu'est-ce que je t'offres? » Hors de question qu'il paie, il ne manquerait plus que ça.

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Mer 13 Mai - 15:19
" Ok, je t'ai tout laissé, tu peux prendre la garde. Encore navré de devoir partir aussi vite, mais j'ai un rendez-vous. Non, pas ce genre de rendez-vous ..."

Sa collègue ravala son sourire pour lever les yeux au ciel avant de marmonner qu'elle aurait dû s'en douter, tandis que Leone en profita promptement, ne prenant pas la peine de la détromper sur la nature non-professionnelle dudit rendez-vous. Encore que, fondamentalement, c'était en partie le cas. Ordinairement, quand il croisait Marisol, c'était essentiellement chez Alej et Nate, dans un cadre amical tout ce qu'il y avait de plus classique, ou éventuellement dans des couloirs associatifs, voire parmi certains galas de levée de fonds. Néanmoins, là, c'était différent, puisque le but de leur entrevue était l'écriture d'un article sur sa propre personne, chose qui le mettait encore mal à l'aise. En un sens, la proposition avait vite émergée, puisque la quadragénaire cherchait à reprendre le fil de sa carrière, et c'était une chance d'obtenir une meilleure exposition pour ses associations, si du moins le papier était publié quelque part. D'un autre côté, il avait du mal à parler de lui, véritablement de lui, et avait tendance à bifurquer sur ses engagements pour préserver son intimité, ou du moins, certaines vérités sur lesquelles il s'apesantissait peu, finalement. Pourtant, il avait conscience de représenter quelque chose, et s'il acceptait de dévoiler certains pans de sa vie, notamment ce qui avait trait à sa séropositivité, ce qui n'était pas une mince affaire compte tenu de son travail, c'était aussi en pensant au gamin de dix-huit ans à qui il avait annoncé la nouvelle, la semaine dernière, et qui avait paru voir son monde s'écrouler. Il avait envie de lui montrer, au-delà de ses longues minutes emplies de mots censés le réconforter, qu'il existait un futur, là, à portée de mains, où il pouvait mener une vie normale, où il pourrait s'accrocher à ses rêves. Mais il y avait un monde entre le penser et réussir à faire abstraction de son envie de ne pas être mis en avant, et de continuer à mener son train-train quotidien, ou plutot sa course perpétuelle contre la montre, dans les ombres familières des petites mains obstinées qui faisaient tourner la machine moderne.

Arrivant à grandes enjambées jusqu'au bar où ils avaient rendez-vous, Leone chercha le visage familier de Marisol et la trouva à quelques pas de jeunes gens manifestant très heureux de se retrouver, ce qui le fut plutôt sourire, des souvenirs d'années ... qui commençaient mine de rien à remonter refaisant surface, même s'il avait encore l'habitude de sortir. Pour faire de la prévention, certes, mais tout de même ! Techniquement, cela comptait. Une fois à sa hauteur, il lui rendit chaleureusement son étreinte, riant légèrement face à ses inquiétudes : une vraie mère poule ! Encore que, étrangement, à peu près tous les gens qui le croisaient finissaient par lui poser la même question. A croire qu'il avait une mine horrible ... Pourtant, il se trouvait en forme, en dépit de son rythme de vie et des dernières semaines difficiles sur le plan personnel. Mais tout rentrait peu à peu dans l'ordre. Aussi décida-t-il de faire contre mauvaise fortune bon coeur, et répondit gentiment :

" Je me demande vraiment pourquoi tout le monde me pose ces questions lorsque j'arrive. Pour un peu, je vais finir par me demander si je ne peux pas me présenter au casting de The Walking Dead. Une carrière florissante de zombie professionnel me tend manifestement les bras."

S'asseyant suite à sa boutade, il ajouta, clin d'oeil à l'appui :

" Toujours de la limonade, on ne change pas une équipe qui gagne."

Leone et ses limonades, on finirait par en faire tout un poème ! A force, il était certain que le patron gardait une caisse en réserve uniquement pour sa consommation personnelle. Mais c'était frais, acidulé et un peu fruité suivant les versions, ce qui lui convenait parfaitement pour se désaltérer et changeait du reste des sodas habituels ... ou de l'alcool qu'il ne consommait jamais. Tout en détendant discrètement ses jambes sur le côté, étant resté debout plusieurs heures au bloc durant la matinée, le trentenaire reprit les questions dans l'ordre, histoire de rassurer son interlocutrice :

" Et oui, je te rassure d'emblée, je mange très bien. Tu as déjà vu ma grand-mère laisser mourir quelqu'un de faim ? Elle serait capable de cuisiner pour un régiment si je ne l'empêchais pas de mettre définitivement ma cuisine sans dessus dessous."

Leone était certain qu'Alej avait raconté le cambriolage d'Anna Castelli à sa soeur, d'où le fait qu'elle ne serait pas surprise en l'entendant parler ainsi. Encore que : étant donné qu'elle vivait à l'étage au-dessus de lui, il n'était pas rare en temps ordinaire qu'elle passe une bonne partie de son temps dans son appartemment. Sauf que maintenant, c'était une occupation permanente, puisqu'ils avaient engagé des travaux de réfection et de sécurisation de son logis, pour la tranquiliser quant à son retour seule dedans, ce qui les obligeait à continuer leur cohabitation prolongée. Si on ajoutait la présence de Sirius ... Son chez-lui était en ce moment bien plus rempli que d'habitude. C'était probablement à cause de cette avalanche de mauvaises nouvelles qu'il était marqué : l'inquiétude devait avoir creusée quelques nouvelles rides sur ses traits.

" Donc ne t'inquiète pas, je vais bien. Les dernières semaines ont été un peu mouvementées, entre ma grand-mère et mon meilleur pote qui a eu des ennuis avec un patient, mais au moins, ça fait du monde à la maison."

Bon, il y avait pas mal d'euphémismes dans cette phrase, mais Leone ne comptait pas s'apesantir sur sa situation personnelle, voire même sur les problèmes des autres dont il n'était pas le dépositaire. Aussi s'empressa-t-il de déporter la conversation sur Marisol, l'interrogeant à son tour :

" Et toi ? John a réussi à s'extirper du marécage démocrate ?"

@ Invité

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Ven 22 Mai - 13:34
Marisol rit un peu et se trouve gênée quand Leone se compare, très injustement, à un figurant de The Walking Dead. « Oh non, ce n'est pas ce que je voulais dire, tu es rayonnant comme toujours! » Et c'est vrai, même s'il n'a pas le teint glowy d'une gourou de beauté, Leone fait partie de ces gens qui irradient la bienveillance et la chaleur humaine. « Mais tu me connais, je suis une mère poule avec tout le monde, pas juste mes enfants. » Elle esquisse un petit sourire, ayant suffisamment de recul pour voir ses défauts. Mais bon, elle est l'aînée d'une fratrie, mère de deux enfants, fait de la cuisine bénévolement et a brièvement été coach de softball remplaçante. S'occuper des autres et s'assurer qu'ils mangent sainement et à leur faim est une seconde nature pour la brune. Même s'il serait sans doute de refréner un peu ses ardeurs quand elle ne s'adresse justement pas à des enfants. Que voulez-vous, il y a pire comme trait de caractère.

Leone opte pour une limonade — elle aurait dû s'en douter, même si cela ne se fait pas de commander pour quelqu'un sans demander — et parvient à intercepter un serveur qui n'a pas le coeur de lui dire qu'elle est sensée commander au bar. Une fois cela fait, Marisol se concentre pleinement sur les réponses Leone, qui s'efforce de la rassurer, évidemment. Et la mère de famille s'en veut un peu, mais elle a oublié qu'il héberge actuellement sa grand-mère. Elle sait qu'elle habite dans le même immeuble de toute manière et ne manquait sans doute pas de lui faire à manger avant ce déménagement forcé. La brune sourit, imaginant fort bien Mrs Castelli s'affairer aux fourneaux en lançant des ordres/remarques/conseils à son petit fils, en italien bien sûr. Elle ne l'a que rarement croisée aussi, peut-être projette-elle sa propre expérience familiale sur celle de son ami, mais quelque chose lui dit qu'elle n'est pas si loin de la vérité.

« Je me doute qu'elle te fait de bons petits plats, d'ailleurs, si vraiment tu as trop de restes, n'hésite pas à m'appeler hein. La cuisine authentique des Castelli, ça vaut de faire un détour jusqu'à Little Italy! » D'autant que Marisol est régulièrement dans le Bronx, pour aller à l'église, rendre visite à sa mère ou donner son cours hebdomadaire à El Halito. Le détour est donc bref. Elle fronce toutefois un peu les sourcils face à la situation compliquée de Leone, qui jongle ses mille et une obligations et sacrifie maintenant son espace personnel. Elle sait que ce n'est pas la peine de lui demander si cela lui pèse ou si ça va aller, cet homme donnerait un rein et refuserait qu'on le dorlote une seconde. Cela n'empêche pas Marisol d'essayer. « Je me doute que ça doit être assez chaotique, j'espère que ça va aller pour ton ami. Tu sais que si tu as besoin de quelque chose, il ne faut pas hésiter hein, un coup de téléphone et je suis là. »

Ce n'était pas tout à fait vrai, puisqu'elle n'avait pas pu venir l'aider pour tout nettoyer après le cambriolage. Mais elle est plus que prête à compenser ce manquement, même si la mère de famille sait qu'elle ne peut offrir guère plus que du soutien moral. Oh, elle pourrait sans doute payer pour une partie des travaux ou aider son ami à se reloger. Mais Leone n'accepterait jamais une telle offre, ce qu'elle comprend tout à fait. Les moyens financiers dont elle jouit — qui ne sont pas pleinement les siens, mais bien ceux de son époux — provoquent toujours une réaction complexe chez Marisol. L'ascension sociale est très bénéfique, mais elle amène aussi sont lot de culpabilité et d'anxiété.

Leone lui demande justement des nouvelles de John et la brune contient une grimace en avalant une nouvelle gorgée de sa demi-pinte. « Oh, non, il est en plein dans les sables mouvants et ce n'est pas prêt de s'arrêter. » En cette année d'élection, le travail de son mari a pris plus d'ampleur que jamais. Surtout au vu de la controverse actuelle autour du candidat démocrate, John s'échine avec le reste du comité, afin de proposer un programme décent. A son humble avis, une campagne menée par quelqu'un d'autre que Warren ou Sanders est un affront à la base du parti. Mais, son mari se doit tout de même de plancher sur la question de la politique internationale du parti. Un épineux domaine s'il en est. « Il est débordé et va souvent à Washington, il prépare aussi la convention d'août... Je ne le vois pas autant qu'avant, dirons-nous. »

Elle sourit, un peu tristement, puis se reprend bien vite. « Mais, je m'occupe bien, entre les enfants, El Halito, mes articles... » Le propos de leur rencontre aujourd'hui, d'ailleurs. « Au fait, tu as pu lire ce que je t'ai envoyé? Il y a encore des détails à peaufiner, mais la structure y est et c'est le ton général que je veux donner. Si ça te convient, bien sûr. » Le moment de vérité. Marisol a bien trop de respect pour son ami pour publier quelque chose qui le mettrait mal à l'aise ou ne refléterait pas bien qui il est. Mais elle a aussi trop d'intégrité journalistique pour rédiger un portrait sur les directives de son sujet, malgré toute l'admiration et la tendresse qu'elle peut lui porter. Alors, si ça ne va pas et bien, tant pis, elle ne fera pas publier le papier. Néanmoins, elle a bon espoir qu'ils n'en arrivent pas là.

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Jeu 11 Juin - 13:12
« Comment, je ne suis pas ton fils ? Tu me déshérites donc à trente-quatre ans ? On m’aurait menti ? Voilà mon pauvre petit cœur tout chamboulé. »

A quatorze ans, Leone aurait ponctué son commentaire gentiment moqueur par un tirage de langue du plus bel effet, mais à son âge, il se contint, même si son expression ouvertement taquine avait probablement le même effet. Les élans protecteurs de l’aînée des Paredes n’étaient plus à prouver, et honnêtement, il était persuadé que si une alliance naissait entre Marisol et Anna Castelli, aucun de leurs proches ne se remettraient de la montagne de nourriture et de conseils qu’une telle association pourrait faire naître. Enfin, si, les vendeurs de farine risquaient de les bénir, vu la montagne de gâteaux qu’il pouvait presque imaginer voir naître dans leurs cuisines respectives … Cela dit, il avait coutume de répéter gentiment qu’il n’en avait jamais été dérangé. A vrai dire, il trouvait un tel comportement agréable, au sens où cela montrait simplement que la sœur de son ami, et en fait son amie de plein droit, tenait à lui, et s’inquiétait. Honnêtement, il ne voyait pas le mal, surtout qu’en toute honnêteté, s’il se connaissait … pardi, il s’inquiéterait pour lui-même ! Avec son rythme de bourreau de travail consommé, il y avait de quoi, tout de même ! Et puis, il avait l’habitude, avec sa grand-mère, et peut-être aussi que son expérience, plus jeune, de la solitude extrême, hormis les autres malades, l’avait conduit à apprécier ces démonstrations d’affection, un peu envahissantes pour le commun des mortels, mais si précieuses à ses yeux, car c’était la preuve qu’il avait de la valeur, qu’on tenait à lui. Il n’en doutait pas, non … cependant, n’était-ce pas mieux d’en avoir l’assurance, afin de rassurer le jeune Leone qui sommeillait encore dans son cœur, angoissé à l’idée de se retrouver, un jour, seul à nouveau, entièrement et désespérément ? Bien entendu, ce n’était pas une raison pour ne pas taquiner Marisol, mais … elle savait qu’il ne lui reprocherait jamais de vouloir prendre soin de lui. Maintenant qu’ils étaient installés, il en profita pour rire légèrement en entendant la quadragénaire vanter la cuisine de sa grand-mère, répliquant rapidement :

« Oh, tu sais, je peux t’inscrire sur notre liste d’attente … Déjà qu’on nourrit la moitié de l’immeuble, d’Act Up ET son église …

Sérieusement, si ta mère veut une cuisinière, je crois que je vais finir par te glisser son CV sous la main. Comme ça, tu auras ses bons petits plats beaucoup plus souvent. »

Leone plaisantait, car à son âge, Anna Castelli n’avait probablement pas la ressource pour encaisser une vraie journée derrière les fourneaux professionnellement, cependant, il y avait une part de tristesse dans ce constat, puisqu’il avait depuis longtemps la conviction que sans les accidents de sa vie, et si elle était née à un autre endroit, à une autre époque … Sa grand-mère aurait peut-être été l’une des meilleures cuisinières possibles, et qu’elle aurait été capable de monter sa petite affaire, ouvrir son restaurant … Bien sûr, à quatre-vingts ans passés, ce n’était plus possible. C’étaient ces sacrifices qu’il honorait, en travaillant autant, pour s’assurer qu’elle soit à l’abri, toujours, qu’elle ait tout ce dont elle avait besoin, afin qu’aucun d’eux ne regarde plus jamais à la dépense. Cette liberté chèrement acquise, il avait conscience qu’elle venait trop tard. Que les difficultés de son grand âge étaient entièrement liées à sa propre existence, ce qui lui pesait encore aujourd’hui. Mais au moins avait-il adouci la fin de sa vie, du moins, il aimait à le penser. Chassant ces considérations douloureuses, l’italien reprit le fil de la conversation, notant la moue de Marisol alors qu’elle mentionnait le trop-plein de travail de son époux. En même temps …

« Tu m’étonnes, entre les tractations pour trouver le ticket idéal et celles pour amender à la marge le programme de Biden, histoire de rallier les électeurs de Sanders et Warren … A mon avis, on doit même être plus proches du trou noir que des sables mouvants, à ce stade …

Faudra que je lui touche trois mots sur les campagnes pour la Chambre des Représentants, niveau remontée de terrain associative, au fait. »


Bien qu’il s’en soit longtemps défendu, Leone devait admettre qu’en raison de sa position au carrefour de plusieurs associations liées au parti démocrate, notamment le PP, et de son implication dans les précédentes campagnes comme simple militant, il aurait été malhonnête de dire qu’il était étranger au système politique. Compte tenu de la manière dont ce dernier fonctionnait aux Etats-Unis, il aurait menti, bien entendu, en affirmant le contraire. Par ses engagements, qu’il le veuille ou non, il avait une position particulière, et il avait conscience, également, que l’article de Marisol allait probablement continuer à le pousser dans cette voie, s’il avait du succès. Ce qui le ramenait à l’objet de leur rencontre, même s’il prit quelques instants pour essayer de l’égayer un peu :

« Si tu t’ennuies ou que tu as besoin de matière … Passe au PP. Franchement, on prend toute l’aide dont on a besoin, en ce moment, avec le confinement, il y a eu du retard dans les prises en charge, et niveau IVG, on se retrouve avec un surplus d’opérations à organiser … Un mois, ça peut tout changer, tu le sais aussi bien que moi. Rien que pour l’organisation des plannings, c’est un vrai cauchemar. »

Ceci étant dit …

« Oui, j’ai lu ton article, évidemment. En fait, attends … »


Sortant son ordinateur portable de son sac, Leone l’ouvrit et le tourna rapidement vers Marisol :

« Bon, je sais bien que l’article est sur moi, donc promis, je ne vais pas te sortir mon couplet ordinaire sur me fait de mettre plus avant les assos, hein … Mais, j’ai pensé, niveau maquette …

Voilà, j’ai fait des brouillons, avec quelques images. Là, tu as une version avec les logos des assos et des petits encarts pour expliquer en 3 lignes nos missions.
Et si c’est trop impersonnel, j’ai trouvé quelques photographies où je suis devant les locaux, en manif, enfin … On voit bien les logos, justement, alors je me disais …

Tu crois que ce serait possible de tourner ça comme ça ? »

@ Invité

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Lun 15 Juin - 20:00
tw: évocation IVG & religion

L'espièglerie de Leone fait rire la mère de famille, qui est ravie de le voir de si bonne humeur. Les choses n'ont pas toujours été simples pour lui — euphémisme du siècle — mais sa bonne humeur parvient encore à être au rendez-vous. Amusée, elle lui ébouriffe vaguement les cheveux, comme elle le ferait vraiment à un membre de sa famille et rétorque « Je ne veux pas briser tes illusions mais, il me semble peu probable que je sois ta mère, M. le gynécologue... » Elle rit un peu et ajoute rapidement « Mais tu seras toujours le petit frère n°3! » Après tout, elle a déjà Alejandro², qu'est-ce qu'un italien bonus dans cette joyeux fratrie latine? Et après tout, même si elle le voit moins souvent que son frère biologique — qui a au moins l'avantage de vivre à quelques pâtés de maison de la sienne — et que leur amitié ne remonte pas aussi loin que celle qu'elle entretient avec Jan, il n'empêche que le médecin fait tout autant partie de la famille. Il est le parrain de sa nièce, un ami de confiance et de longue date. Oui, un autre frère d'adoption, en somme.

Le sentiment est d'ailleurs réciproque, puisque Leone lui propose de venir récupérer quelques restes dans la montagne de nourriture que prépare Anna Castelli, voire de l'embaucher dans le restaurant maternel. Marisol manque de s'étouffer avec sa bière, l'image de cette digne grand-mère affairée aux fourneaux en plein rush du midi a quelque chose d'indéniablement amusant. « Autant, j'adorerai faire profiter de la cuisine Castelli au plus grand nombre, autant embaucher ta grand-mère serait sans doute considéré comme un acte de cruauté. Je suis sûre qu'elle mettrait tout le monde au pas, tu me diras, mais on se ferait huer! » Sa propre mère n'est plus vraiment dans la fleur de l'âge, même si aucun de ses enfants ne se risquerait à le lui faire remarquer. Une femme comme Maria Paredes ne prend pas sa retraite comme ça. Sans doute devraient-ils faire front, un jour, et tout simplement la forcer à accepter de passer le flambeau, au moins de la gestion quotidienne. Mais Marisol préfère ne pas s'imaginer ce moment fatidique.

La discussion se poursuit alors autour de son époux, la question de son engagement dans le camp démocrate suscitant bien plus d'enthousiasme chez Leone que la brune. Elle sait bien que John oeuvre pour le bien commun — quoique, la candidature de Biden n'a pas exactement exalté les foules ou inspiré la confiance — et qu'elle a de quoi être fière de lui. Mais elle préférait qu'il passe moins de temps à rédiger de la paperasse et faire des allers-retours sans fin à travers le pays et plus de temps chez eux. Auprès d'elle. De leurs enfants. Surtout qu'il est conseiller en politique internationale, à la base. Il lui semble qu'il se donne plus que ne l'exige son poste dans cette campagne. Toutefois, Marisol fait de son mieux pour ne pas montrer son air renfrogné et se contente de répondre d'un ton neutre « Pour tout te dire, j'essaie de ne pas trop lui demander ce qu'il traite dans le détail, les rumeurs de conflit d'intérêt et les attaques contre les journalistes de toute sorte vont bon train en ce moment. » C'est la dernière chose dont leur foyer a besoin, un pseudo scandale politico-journalistique. « Mais je lui dirais de t'appeler et tu pourras voir directement avec lui, il pourra peut-être t'orienter vers les bonnes personnes. » En effet, le milieu associatif n'est pas forcément le cheval de bataille de John Murphy, mais nul doute qu'il saura trouver la bonne adresse mail à contacter.

Leone a balayé l'air de rien la main tendue de son amie, pour ce qui est de sa situation personnelle. Mais, bien entendu, il n'hésite pas à l'inviter à venir l'aider sur le terrain militant. Marisol esquisse un sourire, le reconnaissant bien là. Et bien qu'elle l'écoute avec attention et se désole des délais entraînés par la crise sanitaire, elle manifeste bien moins d'enthousiasme que lorsqu'il s'agit d'El Halito. Les Murphy-Paredes donnent annuellement au Planned Parenthood, évidemment. C'est parfois le seul lieu de soin qui offre un accès à la santé sexuelle et c'est une institution nécessaire. Pour les minorités et les personnes LGBT, c'est parfois le seul lieu de soin disponible tout court. Mais parler de façon si crue et pragmatique de l'avortement met la mexicaine mal à l'aise. Elle se dandine un peu sur sa chaise, boit une gorgée. Marisol a grandi sur les bancs de l'église catholique. Elle croit en la dimension sacrée de la vie, insufflée par Dieu. Sur un plan émotionnel, presque physique, l'idée de l'avortement lui est inconcevable. Bien entendu, elle sait que c'est parfois la meilleure — la seule — solution. Intellectuellement, socialement, elle comprend la nécessité de défendre ce droit. Mais, c'est sans doute la question sur laquelle on l'entend le moins, le sujet sur lequel elle n'entrera pas en conflit avec un parent d'élève qui tiendrait des propos douteux. Elle n'en est pas fière, mais c'est un sujet qui demeure un peu tabou, un peu difficile. Alors, elle se contente d'un sourire et d'une réponse évasive. « Oui, ça ne doit pas être facile. Je vais voir ce que je peux faire... » Un chèque sûrement. A défaut de donner de sa personne.

Fort heureusement, ils en viennent à la raison de leur rencontre. Leone sort son ordinateur, évidemment préparé. On ne le refera pas. Marisol hausse un sourcil, craignant devoir encore le sortir du chemin sinueux de la modestie maladive. Mais non, le médecin semble avoir compris qu'il est essentiel qu'il soit véritablement le visage de cet article. Alors, évidemment, cette succession de logos ne fera pas du tout. La brune se penche vers l'écran, scrutant les photos. On le voit clairement, en action, en mouvement, au premier plan. Elle aurait bien vu au moins un beau portrait, à l'hôpital par exemple, mais cela lui semble un compromis raisonnable. Il faut savoir rendre les armes quand on a obtenu le nécessaire. « Je vois que tu as compris que je faisais un papier sur toi et pas sur toutes tes associations, c'est très bien! » Elle rit un peu et lui glisse un petit coup de coude dans les côtes. « J'aime bien les photos de toi en manifestation, ça apporte de la vie à l'article. Après, ce n'est pas moi qui ai le mot de la fin, c'est l'éditeur, donc je dois confirmer avec lui. Mais je pense que ça sera parfait! Et je présente les structures dans l'article donc, même si je pense que c'est bien d'avoir l'encart avec les numéros et tout, ce sera selon la place disponible dans le journal. »

Marisol a obtenu de faire publier son reportage dans un journal local du Bronx, un petit pas certes, mais la presse locale est le nerf de la guerre et de l'intégrité journalistique, dans ce monde de fake news et de conglomérat médiatique. Cela veut toutefois dire qu'il faudra que l'article attire les foules sur le site internet, pour espérer une diffusion plus large. Mais, après tout, Leone est au coeur d'une communauté et il est donc cohérent que ce soit celle-ci qui le célèbre. Elle lui adresse un sourire chaleureux et ajoute. « En tout cas, je ferais tout pour que tu aies au moins une page pleine. Tu mérites au moins ça!»

@ Invité

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Mar 30 Juin - 18:35
« C’est gentil merci, pour John et pour le reste. »

Sentant un ange passer sur les deux sujets, Leone préféra clore aussi délicatement que possible la discussion, du moins pour le moment en ce qui concernait le mari de Marisol. Il n’osait pas réellement lui dire qu’elle avait été plus enthousiasme, mais d’un autre côté, il se doutait que de tels allers-retours n’étaient pas évidents à vivre, surtout que leur fils était encore très jeune. Un peu comme la surcharge de travail de Nate de temps en temps pour Alej. A croire que le schéma était familier chez les Paredes. Sauf qu’il ne se sentait absolument pas légitime pour mettre le sujet sur le tapis, ayant toujours cette sensation d’être un simple ami qui n’avait pas à s’introduire dans l’intimité de ses proches, qui plus est sur un terrain, la conjugalité, qui lui était objectivement étranger, compte tenu de l’ancienneté de sa dernière relation réellement longue et sérieuse, et de son célibat très affirmé ces derniers temps. Sans parler du fond du problème, à savoir son goût très prononcé pour les horaires impossibles et son amour maladif pour son travail, qu’il soit professionnel et associatif. Il n’était pas dupe : depuis sa tentative de relation ratée avec Jan, il avait eu le temps de réfléchir. Pourquoi, après tant de mois, ne ressentait-il pas ce besoin impérieux que certains de ses proches semblaient avoir de chercher quelqu’un ? D’abord, il avait mis cela sur le compte de son cœur brisé, et de son ego particulièrement froissé. Mais depuis qu’ils s’étaient expliqués, qu’il savait qu’il n’avait jamais été vraiment été question de lui dans cet échec … l’envie n’avait pas pointé le bout de son nez. Et ce qui avait commencé comme un moyen de fuir ses problèmes, à prendre toujours plus sur ses épaules, continuait, que ce soit à cause des divers événements de la vie plus ou moins quotidienne, ou tout simplement de son incapacité pathologique à se détacher de ses passions, de ce bonheur qu’il trouvait dans ses recherches, ses opérations, ses consultations, ses permanences associatives … Et pourtant, il l’avait dit à Sirius, qu’être seul lui pesait, parce qu’il cherchait une présence, pour construire une communauté de destins. Mais paradoxalement, cette situation lui paraissait moins douloureuse qu’auparavant. Peut-être qu’il s’agissait encore et toujours d’un moyen de se protéger, sûrement même. En attendant, il ne savait comment aider ses amis comme Marisol, par crainte de ne pas trouver le bon mot, d’être ridicule. Alors à la place, il décida de se concentrer sur l’objet de leur rendez-vous, et de remiser dans un coin de sa tête ses questions, en espérant trouver le bon mot, plus tard. Après tout, il y avait des choses importantes à discuter.

« En toute honnêteté … j’avais déjà commencer à faire beaucoup de modifications, mais, j’en ai touché deux mots à ma grand-mère et elle était tellement heureuse que … je n’ai plus touché à rien. Elle a dit qu’elle allait montrer l’articles à toutes ses amies, qu’il fallait choisir des photos qui me mettent en valeur … Enfin, disons qu’elle était tellement enthousiaste que j’ai compris que c’était important.

Et les services de comm’ chez Act Up disent qu’on a besoin de refaire du storytelling, donc … je vais m’y faire. Même si ça me fait toujours aussi bizarre d’avoir un article sur moi, je ne te le cache pas. »


Leone ne se sentait pas légitime, pour prendre de l’espace de la sorte, estimant que d’autres le méritait plus, surtout pour porter de telles causes. Même la vie avec la VIH, qui le concernait au premier plan, lui paraissait pouvoir trouver mieux que lui comme porte-étendard, parce qu’il avait conscience que, malgré les apparences, il n’était pas représentatif de la majeure partie des contaminations sur le sol américain. De par son histoire, il s’était toujours senti à l’intersection entre les premiers militants de l’association, plus âgés, immergés dans les moments fondateurs de la culture gay de New York alors que lui n’avait été, à l’époque, qu’un petit garçon à qui ces questions échappaient en majeure partie. Et maintenant, il se retrouvait porteur d’une histoire qui n’était en partie pas la sienne, et en même temps, profondément sienne, parce qu’elle lui avait permis de vivre, et également de vivre pour ce qu’il était. Pour le reste … il était avant tout un professionnel. Mais au moins, si une personne s’égarait sur les pages du site, peut-être qu’elle ne lirait pas, que ça ne l’intéresserait pas – et honnêtement, il n’allait sûrement pas lui en vouloir. Sauf qu’elle verrait peut-être un encart avec des numéros utiles. Et ce serait déjà ça.

« Je sais, c’est juste que … c’est visible, pour tout le monde. Même quand on ne parle pas bien l’anglais, ou qu’on a cliqué sur le lien un peu par hasard. Après, j’ai conscience que tout ça obéit à des questions de paginations qui m’échappent. »

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Dim 2 Aoû - 20:23
Marisol ne peut retenir un sourire, imaginant tout à fait la scène entre Leone et sa fière mamie italienne. Elle s'imagine, affichant un article de journal sur l'un de ses enfants sur la porte du frigo. Elle voit les sourires de sa propre mère, toujours fière d'eux et de leur réussite. Et elle pense à toutes les familles qui soutiennent un proche vivant avec le VIH, à toutes ces personnes qui ont perdu des êtres chers trop tôt, à cause d'une médecine sélective, discriminatoire, de politiciens insensibles, d'une société archaïque. Ces gens qui verront, étalé en toutes lettres, le nom d'un homme qui les représente – un peu, beaucoup, pas du tout – qui les défend. Un numéro qu'iels n'auraient peut-être jamais appelé, une manifestation à laquelle iels n'auraient jamais pensé à participer. Une graine de changement, une motivation nouvelle.

La journaliste n'aime pas particulier le terme de storytelling, si cher aux communicants et marketeurs de tout poil. Elle trouve que cela souille un concept pourtant vieux comme le monde: on comprend mieux les choses par l'émotion, quand elles sont représentées par quelque chose qui nous parle, quelqu'un qui nous ressemble. C'est la raison pour laquelle les faits divers fascinent autant et attirent un nombre de clics probablement irrespectueux. Mais c'est aussi pour ça que l'on réalise des documentaires, qu'on filme les discours passionnés, que l'on cite quelqu'un dès que l'occasion se présente. L'émotion amène à la l'empathie, la réalisation. Ou, si on est un publicitaire, l'achat. L'expression peut donc lui déplaire, la réalité n'en est pas moins la même. Et c'est exactement ce qu'elle est en train de faire. Mais à bon escient, du moins l'espère-t-elle.

« Je dois un grand merci à Anna alors! » Marisol sourit et ajoute, avec autant de douceur que d'amusement. « Heureusement qu'il y a quelqu'un pour te faire entendre raison. » Elle fait une brève pause et reprend, plus sérieusement. « Et tu sais, ce n'est pas qu'un coup de com', ce n'est pas pour vendre du papier. Raconter son histoire, la partager et voir l'impact qu'elle peut avoir sur les autres, ça a un vrai pouvoir. J'espère que tu pourras le voir. » La brune se sentirait presque un peu coupable de mettre son ami en porte à faux, le forcer à se mettre en avant. Mais, elle croit sincèrement que cela peut beaucoup lui apporter. Elle pensait d'abord que voir son récit en toutes lettres aurait quelque chose de cathartique, mais ce n'est visiblement pas le cas. Alors, elle espère avoir au moins raison sur son deuxième argument et qu'il recevra des retours chaleureux. Sinon, elle aura vraiment mis le nez dedans.

Mais on ne le changera pas, Leone. Il argumente donc un peu, raisonnant comme un professionnel de santé. Et il n'a pas tort. « C'est vrai que l'encart avec tous les numéros est une vraie ressource. Je ferais en sorte qu'il apparaisse, en print et en web. » Il faudra négocier, peut-être acheter un espace publicitaire pour compenser. Mais, ce n'est pas grand chose. « Ah et le site est disponible en espagnol aussi. Ce n'est pas une publication Latinx à proprement parlé, mais bon, c'est un journal du Bronx, tenu par un Porto Ricain. » Pas besoin des derniers résultats du recensement pour comprendre le pourquoi du comment. « Ca ne fait pas tout, mais on atteint déjà plus de gens comme ça. »

Marisol lève ensuite son verre, tout sourire, en direction de son ami « Bien, si tu n'y vois pas d'objection, je pense que nous avons bouclé l'article. Alors, à nous et à un avenir où l'on arrivera à se revoir sans que ça implique le travail! » Elle rit légèrement, puis ne peut s'empêcher d'ajouter. « Mais très sérieusement, tu sais qu'on habite vraiment pas loin de l'hôpital, si tu veux passer un jour, ou que tu es trop fatigué pour rentrer jusque chez toi, n'hésite pas. Vraiment. » La prendra-t-il au mot et passera-t-il un matin, avec un sac de donuts et des cafés du Tim Horton au coin de la rue? Sans doute pas, mais ça ne coûte rien d'essayer. Un jour, il finira bien par comprendre qu'il fait partie de la famille.

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Ven 7 Aoû - 16:39
" Je le sais. C'est juste ... que je n'ai pas l'habitude. Je me dis toujours qu'il y a plus représentatif que moi. Encore, quand je parle en tant que médecin, c'est plus facile, parce qu'il y a une forme de compétence universelle, si j'ose dire, mais là ... c'est essentiellement Leone qui s'exprime, ce qui est un peu différent."

Ironiquement, en tant qu'homme ayant des relations sexuelles avec des hommes, Leone faisait certes partie de la démographie la plus touchée aux USA par le VIH. Cependant, sa contamination ne s'était pas faite par voie sexuelle, et pas maintenant. Alors, il y avait le poids des histoires qui n'avaient pas été dites, à l'époque où chacun luttait pour survivre, et désormais, il y avait celles qui méritaient peut-être davantage d'être sur le devant de la scène. Et pourtant, il avait conscience, au fond de lui, de représenter une forme de success story à l'américaine, d'avoir pavé la voie pour que d'autres comme lui puisse avoir accès à de nouveaux métiers, se projettent dans une vie active pleine et heureuse. Sauf qu'il n'était pas aveugle à certains avantages qui avaient joué dans ce parcours, et se demandait si certains publics se sentiraient réellement concernés par cet article. Pire, il avait peur qu'on pense qu'il s'agissait d'une campagne organisée, concertée, de battage médiatique pour le pousser en avant. Cela, cependant, il ne l'avait pas dit à Marisol, et, se mordillant les lèvres, se rendait compte qu'il ne manifestait peut-être pas assez sa reconnaissance, ou juste sa fierté de l'aider également à relancer sa carrière - et si en plus ce pouvait être pour quelque chose d'utile ...

" Mais si je n'étais pas d'accord, j'aurai dit directement. Te parler était plus aisé qu'à un journaliste inconnu, d'une part, et d'autre part ... je suis aussi content de t'aider à pouvoir écrire et publier à nouveau. Un prêté pour un rendu, en somme."

Il avait souri gentiment, en disant cela, tout en faisant tourner du bout des doigts son verre. Avant de lâcher, pensif et légèrement craintif :

" J'espère juste que ... personne ne me, ne nous prêtera d'arrières-pensées. Je ... je ne te l'ai pas dit, mais ... j'ai été approché pour avoir une part active dans la campagne à venir. Dans mon secteur du Bronx.

Je n'ai pas donné de réponse, encore."


Parce qu'il avait déjà un emploi du temps de ministre et qu'honnêtement, Leone commençait à ne pas voir comment rentrer tout dans une journée, sauf à arrêter entièrement de dormir. Ou alors, il allait falloir lâcher certaines activités militantes, ou réorganiser ses heures à l'hôpital, alors même qu'il espérait se placer pour la succession comme chef de service qui s'ouvrait doucement, puisque la retraite pour son occupant approchait. Là, on ne parlait pas uniquement de coller des affiches et de jouer au bénévole dévoué, mais de faire partie d'un organigramme, et de se présenter devant les électeurs, même pour une position aux pouvoirs limités. Ce serait un changement complet, il en avait conscience, de carrière comme de position. Alors, bien sûr, il pouvait se convaincre qu'il ne s'agissait que d'un engagement temporaire, éventuellement motivé par des points précis, mais ... sincèrement, est-ce qu'il y croyait vraiment ? Autant l'admettre immédiatement, la réponse était négative. Au moins, il en avait parlé, enfin, à quelqu'un. Au milieu des ennuis des uns et des autres, il n'avait pas réellement abordé cette conversation survenue en amont d'une levée de fonds pour le Planned Parenthood. Il s'en sentait presque soulagé, en vérité. Et il attendait, le nez dans son verre, ce que son interlocutrice pourrait en dire, si cela changeait quelque chose, si elle avait un avis ... Souriant à son explication sur la double-traduction, et content d'avoir obtenu gain de cause pour les encarts, il hocha la tête et déclara simplement :

" C'est parfait. Plus les ressources sont accessibles, mieux c'est. Et les populations hispanophones ne sont pas forcément les plus aisées à capter, pour nous."

Pour des raisons diverses : barrière de la langue, premièrement, mais aussi prégnance de traditions, y compris religieuses, le catholicisme étant fortement ancré, comme dans la communauté italienne, ce qui n'aidait ni à la conversation, ni à l'aide. Comme partout, il y avait des choses dont certains n'aimaient pas parler, en famille, avec des amis. Alors, dans un journal local qu'on ouvrait tranquillement, c'était plus discret que de se rendre dans des locaux, si jamais, éventuellement. Et peut-être que quelques personnes finiraient par faire un test, et que cela aiderait. Il n'y avait pas à espérer davantage.

Trinquant avec Marisol, Leone rit légèrement à ses propos, se disant que décidément, il avait de plus en plus tout du workaholic insatiable, si tous ses amis pointaient son incapacité à le voir et son côté plus glissant qu'une anguille. Ce qui, donc, risquait de ne pas s'arranger. Misère ... Le pire c'est qu'il calculait mentalement depuis combien de temps, en effet, n'avait-il pas organisé une journée de détente avec ses proches, minus les soirées jeux avec Sirius ou les permanences associatives, et le résultat était tellement abyssal qu'il en piqua un fard. Bon, il était temps de remédier à cela, en plus, il avait une montagne de jours de congés à poser, et normalement, l'été allait lui permettre de le faire.

" Je note, même si je ne suis pas certains que tu apprécies de me voir débarquer au milieu des préparatifs du matin avec ma tête de zombie ou pire, te déranger quand tu es occupée avec John ..."

Un clin d'oeil appuya ses dires, tandis qu'il contre-attaquait avec une proposition :

" Je vais prendre Lily une journée dans deux semaines, comme son frère part en vacances avec un ami si j'ai bien compris, histoire d'offrir une journée tranquille à ses pères, ça te dirait qu'on organise un truc pour Miguel et elle ?

Je suis un animateur hors pair, ton frère a dû te le dire. Ou je peux le prendre avec aussi, si tu veux être un peu libre pour un restaurant avec ton homme ..."

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Mar 13 Oct - 22:01
La vulnérabilité de Leone est touchante et rappelle à la brune combien elle aime et admire son ami. S'il y a une chose qui suscite chez elle le plus grand des respects, c'est l'abnégation de soi. Peut-être parce que c'est une qualité à laquelle elle aspire, voire qu'elle prétend posséder et qu'elle sait combien elle est hypocrite et égoïste, dans le fond. Certes, elle donne de son temps, son argent, son énergie. Elle aime aider, faire plaisir, trouve un sincère plaisir à tendre la main à son prochain. Mais, elle se demande aussi parfois pourquoi elle fait réellement tout ça. Cherche-t-elle reconnaissance des siens, approbation des milieux élitistes de son mari? Achète-t-elle son ticket d'entrée pour le paradis? Evidemment, ce n'est pas comme ça que ça marche. Et puis, il y a la culpabilité qu'elle éprouve quand elle préfère aller à un cours de sport plutôt que de passer par El Halito.

Leone n'est pas comme elle. Il y a une sincérité, une pureté dans ses actions et son engagement qui ont toujours émue Marisol. Il lui rappelle ses prêtres, qui ne possèdent rien et consacrent leur vie aux démunis. Elle ne se risquerait pas à formuler cette comparaison à voix haute, elle doute qu'il apprécierait ce qui est pourtant un compliment de sa part. La journaliste se contente donc de sourire et de répondre, une pointe de taquinerie ne dissimulant pas sa sincère tendresse « Si ça peut te faire plaisir de te dire que tu fais ça pour moi, j'accepte volontiers! Je te remercie d'ailleurs, c'est vrai que ce genre d'articles correspond beaucoup plus à ce que je voudrais faire par la suite. Et tu étais la meilleure personne avec qui me lancer. J'espère que ça aura un impact positif et que tu pourras le voir, en tout cas. » Il serait dommage que le pauvre docteur se soit plié à tout cet exercice pour n'en ressentir aucun des effets. Une hausse des appels, des personnes venant se faire dépister qui ne l'auraient jamais été sinon. Quelque chose de tangible, qui mérite tout le coeur que Leone a laissé transpirer sur le papier.

Il lui annonce alors qu'il a été sollicité — par les Démocrates, cela va sans dire — pour la campagne présidentielle. Marisol hausse un sourcil, pas étonné qu'il ai été démarché, mais plutôt qu'il ai l'air de sérieusement y songer. Non pas qu'il n'en serait pas capable, mais il faudrait qu'il sacrifie le sommeil et au moins un repas s'il veut faire entrer une nouvelle activité dans son agenda. « Oh, tu as été approché plus pour faire la campagne d'AOC ou les présidentielles? Et tu ferais quoi exactement? » Se rendant compte qu'elle sonne plus comme plus comme les RH à un entretien d'embauche qu'une amie empathique, la journaliste ajoute « Enfin, je veux dire, ça peut être une chouette opportunité et tu serais un atout pour n'importe qui mais... tu penses avoir le temps? Ton engagement bénévole te prends du temps mais la politique c'est particulièrement chronophage. » La femme de diplomate l'a d'ailleurs appris bien malgré elle. « Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il faut te ménager un minimum, sinon tu ne dormiras plus jamais. » Elle rit légèrement, ne voulant pas être une mauvaise amie qui ne le soutient pas dans ses choix. Mais, elle ne peut pas pleinement dissimuler son inquiétude dans une gorgée de bière ou un changement de sujet peu subtil.

Cela fonctionne toutefois et Marisol manque de s'étouffer en essayant d'avaler et rire à la fois, face aux remarques des plus taquines du docteur. Elle se contente d'hocher la tête en souriant, levant les yeux au ciel face à la remarque juvénile. La brune rit aussi un peu jaune, considérant le peu de temps qu'elle a passé, au lit ou ailleurs, avec son époux. La conversation se fait heureusement bien plus chaste et Leone fait la terrible proposition de prendre sous son aile son fils et sa nièce pour une soirée. Touchée par cette proposition de tester son seuil de tolérance à l'épuisement, elle pose une main sur celle de son ami. « C'est vraiment très gentil de ta part, mais je ne pourrais pas, en bonne conscience te laisser ces deux là à charge. Lily est un ange, mais Miguel est encore un grand bébé et gérer deux énergies aussi différentes à la fois serait un cauchemar. Par contre, je serais ravie que tu viennes à la maison avec elle, on s'amusera tous ensemble. »

Elle sourit largement, enjouée à l'idée de pouvoir passer du temps avec tous ces êtres chers à la fois. Et elle a bien conscience d'éviter la mention du dîner romantique avec John mais, peut-être qu'en ne disant rien, Leone ne remuera pas le couteau dans la plaie. Marisol surenchérit donc un peu, creusant sans doute le trou dans lequel elle s'enfonce. « On pourra faire une journée à thème ou un peu de cuisine, voire les deux, mettre à profit ces talents d'animation! »

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Sam 17 Oct - 18:16
« Je n’en doute pas. »

Peu importe les retombées, que ce soit pour Leone ou pour Marisol, le trentenaire espérait qu’il y en ait. Peut-être pas tout de suite, peut-être que cela prendrait du temps, mais c’était une pierre posée quelque part, alors, cela devait bien compter pour quelque chose, non ? C’était aussi, parfois, ce qu’il fallait se dire pour éviter d’être frustré, parce que rien ne changeait en un claquement de doigts, et le travail de fond n’était pas forcément le plus gratifiant. Mais, pas à pas, même si une seule personne trouvait de l’aide dans cette affaire … cela n’aurait pas été en vain. Voilà ce qu’il se répétait depuis des années, dans les moments de déprime, quand il avait l’impression de vider l’océan avec une petite cuillère. Et ça permettait de voir les choses différemment, avec un peu moins de fougue, sans doute, mais aussi moins de désillusion, de ces « burn-out » militants qui finissaient par ronger la santé mentale et/ou physique, à force de devenir des Don Quichotte des temps modernes, à se battre contre des moulins bien difficiles à faire bouger, de se préserver, et de ne pas transformer l’engagement en obsession, avec tout ce que cela pouvait amener en souffrances personnelles. Bien sûr, c’étaient là les réflexions d’un vieux militant parfois un peu désabusé, qui avait appris à prendre du recul, pour éviter d’être dévoré par toutes ses implications – et encore, il y sacrifiait sa vie personnelle, parce que l’équilibre parfait n’existait pas, et qu’il n’était sûrement pas un modèle. Y compris là, alors qu’il réfléchissait à ajouter une corde à son arc. Enfin, il l’avait déjà fait, cinq ans auparavant. Cependant, il y avait une nouvelle donnée à prendre en compte, qui changeait potentiellement certaines choses. Et il avait besoin des conseils de Marisol, de sa sagesse. Voilà pourquoi il expliqua, l’air un peu détaché au départ :

« Techniquement, ce serait comme il y a cinq ans : intervenir comme conseiller bénévole sur les questions de santé communautaire. Essentiellement un travail de production de fiches, connexion avec les associations du quartier, ce qui n’est évidemment pas très difficile dans mon cas, il suffit littéralement que je pousse les mêmes portes que d’habitude, et que je ressorte mes éléments de langage. Donc dans l’idée, ça me prendrait un peu de temps, mais j’avais réussi à gérer en fin de résidence et début de clinicat, donc je devrais y arriver comme titulaire. »

Mais, parce qu’il y avait un mais … Leone commença à se triturer les doigts, cherchant manifestement à se délester de son secret tout en essayant de le présenter au mieux.

« Mais c’est pas … enfin, on est plus du domaine du ballon d’essai, pour que je reprenne contact avec l’ensemble de la sphère démocrate locale.

Sa directrice de campagne aimerait pousser mon nom pour … les élections municipales, l’année prochaine, dans mon district.

Ce qui, pour le coup, ne serait vraiment pas sans conséquence en termes d’emploi du temps. »


Un rire un peu nerveux lui échappa. Certes, les conseillers municipaux n’étaient pas aussi sollicités que d’autres fonctions, bien entendu, néanmoins, cela représentait tout de même un investissement certain. Qui le contraindrait immanquablement à renoncer à de nombreuses activités qu’il adorait. La perspective, évidemment, d’avoir un poids pour tenter d’améliorer directement l’état de son quartier était alléchante, il ne pouvait pas le nier. Néanmoins, c’était aussi une exposition qu’il avait toujours fuie, des responsabilités supplémentaires teintées de renoncements.

« Bien entendu, je n’ai pas fait acte de candidature et je la laisse un peu … refroidir. Ce n’est qu’une piste, de toute façon. »

Quoique tout de même assez forte. Bref, Marisol saurait parfaitement voir clair dans ce qu’il disait. Autant, donc, se concentrer sur quelque chose de plus facile, de plus léger, comme les enfants – les siens, et ceux de son frère. Notant son refus, Leone laissa glisser avec un sourire gracieux, heureux tout de même de la perspective d’avoir les deux plus petits embarqués dans une folle journée et de voir son amie par la même occasion. Aussi déclara-t-il finalement, en tendant la main :

« Tope-là, on va faire ça. Tu penses à quoi comme thème ? Ma grand-mère a des moules fantaisies pour des gâteaux, on pourrait, aidés de nos fidèles marmitons, essayer tant bien que mal de cuire une pâtisserie La Reine des Neiges ou quelque chose dans ce goût-là ?

J’occuperai la cuisson avec le splendide karaoké que j’ai offert à Lily et qui hante les cauchemars de ton frère. »

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Mer 21 Oct - 23:05
Marisol sirote son verre en écoutant son ami lui expliquer le rôle qu'il occuperait dans cette campagne, hochant la tête ça et là pour manifester son intérêt. Le rôle semble parfait pour lui et apporterait sans doute beaucoup aux démocrates. Des personnes de terrain, qui savent de quoi elles parlent et produisent des données statistiques pertinentes, couplées à des plans d'actions concrets, c'est le socle de toute bonne politique. Même si, tristement, beaucoup choisissent d'ignorer tout cela pour se concentrer sur quelques projets tape à l'oeil ou une mesure tendance. D'autant que la santé et la vie associative ne sont pas des sujets glamour qui suscitent l'intérêt de la classe dirigeante et ont donc rarement les budgets mérités. Oh, il y a toujours quelqu'un pour matraquer qu'il faut manger des légumes, comme si cela pouvait résoudre la triste réalité que bon nombre de familles ne peuvent pas acheter de produits frais. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Pour autant, il ne faut pas perdre espoir et si quelqu'un peut convaincre d'investir intelligemment, c'est Leone.

La journaliste s'apprête à lui communiquer son enthousiasme et sa confiance mais le médecin enchaîne sur une nouvelle de taille. Marisol hausse les sourcils et il lui faut quelques instants pour assimiler l'information. Mais, tout compte fait, c'est loin d'être absurde. Un pilier de la communauté, un homme de terrain expérimenté, proche des gens mais éduqué et bon orateur. A l'ère de la fameuse "squad" de démocrates émergents, il a le profil parfait pour redynamiser la politique locale. Sans pour autant intimider la vieille école ou les modérés, contrairement à des personnalité comme AOC ou Ilhan Omar. La brune sourit donc chaleureusement et lève son verre pour trinquer au succès à venir de son ami. « Et bien félicitations! Tu es un conseiller technique hors pair et ils seront déjà heureux de t'avoir sur ce plan là, mais, je pense que c'est une très bonne idée que tu te présentes l'an prochain. »

Evidemment, elle a bien noté sa plaisanterie sur son emploi du temps, aussi elle ajoute. « Si c'est que tu veux faire et que tu te sens de réduire drastiquement ton activité. Mais, honnêtement, tu brilles quand tu travailles pour ta communauté et tu serais un excellent représentant pour ton district. » M. Castelli, conseiller municipal. Futur élu à la Chambre des Représentants ou maire? La progression ne semble pas illogique ou impossible à Marisol, mais elle se garde bien de mettre la charrue avant les boeufs, voyant déjà son ami rougir. Il n'empêche, la journaliste adorerait pouvoir voter pour lui, un jour.

Ils en viennent ensuite à parler des enfants, éternel sujet de conversation quand on est quasiment une mère au foyer. Mais c'est tout de suite beaucoup plus drôle avec Leone qu'avec les mamans BCBG du quartier. Elle lui tape donc dans la main avec un rire léger, s'amusant déjà du programme qu'il concocte. Heureusement, toutes les journées avec son fils ne sont pas aussi mouvementées, mais il faut bien que passer du temps avec un de ses tontons préférés se démarque du quotidien. « Un gâteau Reine des Neiges ou Moana aurait un énorme succès, c'est certain. Miguel baragouine plus qu'il ne chante, mais il adore les deux. » Pas de stéréotype de genre sous son toit, Marisol a appris à évoluer avec son temps. « Le thème s'impose donc de lui même: Disney! Costumes obligatoires et karaokés sur les classiques, comme ça Lily continuera à casser la tête à Ale et Nate toute la soirée! » Elle rit à nouveau, s'imaginant déjà les messages incendiaires que son frère lui enverra. Et qui en vaudront largement le coup. Elle ajoute avec un clin d'oeil. « Je maîtrise particulièrement bien C'est la Fête, à titre purement informatif. »

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Mar 19 Jan - 16:27
« Voyons comment tout se présente. Mais je te remercie pour ton soutien, ça compte beaucoup pour moi. »

La sincérité de Leone avait vibré à travers ces simples mots. La tentation était présente, évidemment, même s’il n’était pas encore certain de se lancer, compte tenu du chamboulement que cela représenterait pour sa vie et celle de sa grand-mère, sans parler de l’impact financier qu’il n’avait pas encore eu le temps de correctement calculer. Et d’opportunité de carrière. C’était peut-être le moment du choix, entre d’un côté son métier passionnant et de l’autre ses engagements qui étaient au cœur de sa personne et de son histoire. Et trancher s’avérait déjà cornélien. Parce qu’il le faudrait, du moins, un peu. Il ne pourrait accumuler autant d’heureux en étant efficace, même si ce type de mandat était infiniment moins prenant qu’une élection d’un rang plus élevé, de celles qui devenaient une profession à part entière et non plus seulement une occupation secondaire, prenante certes, mais n’empêchant pas complètement une évolution en dehors des clous politiques. Et puis, il y avait toujours la question de la légitimité. Avait-il quelque chose à apporter ? D’autres n’étaient pas mieux placés que lui pour porter ces thématiques, pour représenter toutes les facettes de son quartier ? Cela, aussi, le faisait hésiter. En quoi serait-il différent des autres ? Qu’est-ce qu’il mettait sur la table comme expérience, comme compétence, comme représentation, que les autres n’avaient pas ? Et le doute, souvent l’assaillait. La preuve, il n’en soufflait mot à personne, tiraillé entre ses appréhensions et l’envie de faire avancer, modestement, des projets locaux, sa spécialité. Il n’ambitionnait pas de tout révolutionner, et à vrai dire, y allait sans illusion sur les réalités de ses marges de manœuvre. A être lucide, cependant, il estimait gagner en efficacité, en se concentrant immédiatement sur des idées plus terre à terre, d’envergure modeste, mais bien plus faisable et qui auraient un impact immédiat sur les populations. Peut-être que c’était cela, sa plus-value : envisager cet éventuel engagement comme il pouvait imaginer ses projets associatifs, avec méthode et rationalité, sans se rêver un destin qu’il ne cherchait pas. Par conséquent, l’appui, l’enthousiasme même de Marisol lui réchauffait le cœur, et lui donnait envie de réfléchir plus avant à la question. Parce que c’était son amie, mais aussi et surtout parce qu’elle avait un avis éclairé sur la question, de par sa profession et ses connexions familiales. Il ne doutait pas que, si elle avait trouvé l’idée saugrenue ou en tout cas difficile, elle le lui aurait dit. Gentiment, certes, mais de son honnêteté, il était certain. Et c’était aussi cela qu’il attendait d’une relation amicale : le soutien, certes, et surtout la franchise. Bon, et quelques amusements aussi. Comme ceux qu’ils programmaient déjà.

Voir Marisol envisager avec plaisir cet intermède ludique le ravissait, et il se prit au jeu d’imaginer les scènes qui se matérialisaient peu à peu dans son esprit à mesure qu’ils échangeaient sur leurs projets. Oui, ce serait parfait, une respiration, pour l’un comme pour l’autre, et un moment de sociabilité très apprécié. Avec les petits, et sa filleule en particulier, mais aussi ensembles. Son emploi du temps lui en permettait peu, et il les chérissait d’autant plus, lui qui adorait les enfants comme ses amis. Alors, clairement, cette perspective le mettait en joie, et il se prit à rire doucement à sa conclusion, avant d’ajouter :

« C’est bien noté … nous verrons si ta maîtrise sera suffisante pour l’emporter contre le Karaoké King ! Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est ton frère. »

Rare moment de vantardise chez Leone, quoique, de l’avis général, le karaoké constituait en effet son talent caché, et il n’en était pas peu fier. Surtout que la plupart des gens ne s’y attendaient pas forcément, mais l’habit ne faisant pas le moine, il était prompt à les convaincre de ses talents en la matière, indéniables. Et puis, ça faisait une sacrée animation, ce genre de jeux ! Les petits allaient adorer, ne serait-ce que pour voir les adultes s’escrimer à des pas de danses et autres mouvements exagérés, sans parler de leurs vocalises, pour leur plus grand plaisir. Avisant cependant sa montre, à regret, Leone finit par déclarer :

« Je suis désolé, je vais devoir te laisser si je ne veux pas rentrer trop tard, pour une fois. Je dois avancer sur une présentation pour une conférence au CDC d’Atlanta, et la pauvre me résiste beaucoup trop, il va falloir que je ruse pour en venir à bout.

Je te recontacte vite pour qu’on se cale ça … et j’attends avec impatience des nouvelles pour savoir si après cet article, tu as été contactée pour d’autres piges ! »


Il savait qu’elle lui rendrait compte du succès de ce dernier, mais après tout, il l’avait fait aussi – et surtout – pour l’aider à revenir sur le devant de la scène journalistique, ou du moins essayer d’y parvenir, alors, il avait hâte de savoir si cela avait porté ses fruits. En tout cas, il ne manquerait pas de dire, si jamais on lui posait la question, à quel point il avait adoré travailler avec cette journaliste qui signait le papier. Et c’était sincère : professionnelle et passionnée, Marisol avait été réellement une perle pour l’interviewer et comprendre, même encore aujourd’hui durant leurs ultimes échanges de cadrage, ce qu’il désirait transmettre comme messages, et les raisons éventuelles de ses demandes de modifications. Il se leva, lui fit la bise chaleureusement et s’en fut à pas pressé, espérant regagner son logis avant la tombée de la nuit, et porté sur le chemin par la perspective de ces jours heureux à venir.

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