i'm ready to dig into all of it, abandonnement issues, dissociative episodes, my dad...ANECDOTE UN (Isolde, 23 ans) (TW fausse couche) Assise dans son grand salon, sa maison ne lui a jamais semblé aussi immensément vide. La main d'Isolde repose sur son ventre plat, la jeune femme n'a pas bougé de sa place depuis qu'ils sont revenus de l'hôpital, il y a cinq heures maintenant. Ses cernes habillent son visage dont le regard fixe un tableau sans le voir. Elle n'aurait jamais pensé vouloir à ce point être mère. Elle est tellement plus, une jeune femme, une artiste intelligente, elle se pensait différente. Et pourtant, là voilà qui souffre de l'absence d'un petit être qu'elle n'a jamais rencontré. C'est la troisième fois que son corps lui fait défaut, et l'on pourrait penser qu'elle s'y attend maintenant, mais à chaque fois le coup est aussi violent, aussi bien physiquement que psychologiquement. Son moral est au plus bas.

Deux bras forts s'entourent autour de ses épaules et elle sent des lèvres qui se posent délicatement contre sa tempe. "On y arrivera." Il est plein d'espoir, toujours, là où celui d'Isolde s'étiole à chaque essai infructueux. "Et si je n'y arrive pas ? Je n'en peux plus d'essayer à chaque fois, d'avoir de l'espoir et de... " Elle ne termine pas sa phrase, il sait très bien de quoi elle parle. Pas une seule seconde la blonde ne pense à la douleur de son époux tant elle est ensevelie dans sa souffrance. Un nouveau baiser est déposé contre sa joue, Isolde ferme ses paupières fatiguées et s'enfonce dans le réconfort apporté par Arthur. "On passera par d'autres méthodes, l'adoption par exemple ? Si tu ne veux pas réessayer mon amour on trouvera un autre moyen." Il est ainsi, conciliant et attentionné. Une larme orpheline glisse le long de sa joue, Isolde finit par tourner son visage pour embrasser les lèvres d'Arthur. "Laisse moi juste un peu de temps pour y réfléchir et pour me remettre." chuchote-t-elle contre les lippes douces de son mari.

Il ne dit rien de plus, hoche la tête et s'éloigne, la laissant de nouveau seule dans ce salon vide. Après quatre années, il la connaît déjà si bien. Arthur sent quand elle a besoin d'être seule, quand elle a besoin de compagnie. Isolde se lève après un temps et se dirige vers son atelier. Ce dont elle a besoin maintenant, c'est de peindre, de jeter sur une immense toile ces émotions qui l'animent et l'abîment. Elle est ainsi faite et a toujours éprouvé dans son art la catharsis nécessaire. A chaque coup de pinceau, c'est la tristesse et le vide qui disparaissent, à chaque tracé, c'est l'espoir qui renaît. Ce n'est pas en une nuit que le désespoir s'évaporera. Mais dans son esprit germe l'idée d'un autrement, d'un peut-être possible dans des démarches alternatives. Elle s'y connaît Isolde en différence et en décalage, l'adoption c'est n'est pas si inconcevable que cela. Et puis, cet enfant, qu'il soit d'elle ou d'une autre, elle l'aimera. Oh que oui, et tellement, tellement..

ANECDOTE UN POINT CINQ (Tristan, 10 ans)
Les bruits des rires d'enfants se transforment en une cacophonie bienvenue. Partout dans la maison transformée pour l'occasion en presque véritable île paradisiaque, des bruits de pas résonnent dissimulés à peine par les cris des pirates improvisés. C'est une chasse au trésor organisée par ses soins en l'honneur des dix ans de son fils et Isolde n'a pas lésiné sur les dépenses. Des costumes ont été mis à disposition de tous les gamins invités, toute la classe de son fils et ses camarades du cours de piano, et bien sûr la famille et les enfants d'amis d'Isolde et Arthur. Le nombre dépasse la dizaine et la blonde a eu besoin de renforts pour organiser les enfants en groupe et faire en sorte que les indices ne soient pas dispersés n'importe comment. Elle-même a revêtu une tenue de sirène qui a fait apparaître sur le visage de son mari ce sourire qu'elle aime tant et sur celui de son fils un regard qu'elle ne comprend pas. Qu'elle ne veut pas comprendre. À mi-chemin entre la frustration et la désapprobation peut-être. Ou une gêne qui est si éloignée de l'artiste qu'elle n'en comprend pas les tenants ni les aboutissants.

Cependant, la soirée d'anniversaire se déroule avec succès et quand les enfants quittent la fête en fin de journée et que Tristan est envoyé dans sa chambre, les lumières se tamisent et les adultes prennent le relais. Tout aussi déguisés, mais avec une herbe verte et un tout autre trésor à découvrir. Au bout d'une heure ou deux, les joues rosies, Isolde se rend dans la chambre de son fils. Il est déjà dans son lit mais ne semble pas endormi. "Alors, mon pirate préféré a apprécié sa fêre d'anniversaire ?" Son fils hoche doucement la tête, mais ne saute pas de joie comme elle l'aurait souhaité. Après tout le mal qu'elle s'est donnée. Son visage pailletés et ses lippes bleuies par le maquillage se retroussent délicatement alors que sa main caresse doucement les cheveux noirs de son fils adoré. "L'année prochaine, on organisera quelque chose d'encore plus grandiose, peut-être sur les mousquetaires, ou sur les cow-boys. Je trouverais bien de quoi te surprendre. En attendant fait de beaux rêves et bon anniversaire." Isolde envoie un baiser théatral en sa direction avant de le border en déposant sur le sol de son lit le livre que Tristan était en train de lire, elle sort ensuite de cette chambre, le coeur réchauffé et refroidi à la fois. Comme s'il lui manquait quelque chose pour transformer cette fête en réussite, sans toutefois pouvoir mettre le doigt sur ce qui cloche.

ANECDOTE DEUX (Isolde, 42 ans) : "Comment faites-vous donc avec Arthur ? Quel est votre secret ?" Son amie n'a pas à développer, c'est une question qu'on leur pose souvent ; dans un monde où les séparations et les divorcent se produisent plus souvent que les mariages, ils font parfois office d'exception. Elle aime cela d'ailleurs, qu'on mette son couple sur un piédestal, qu'on les observe avec admiration. Elle apprécie d'autant plus qu'on lui pose la question, ainsi peut-elle répondre tout un tas d'inepties qui ne recouvrent que la partie émergente de l'iceberg. "Nous faisons beaucoup l'amour." Et de voir les visages s'empourprer, dans son milieu familial, on ne mentionne pas ces choses-là à voix haute. "Toujours surprendre son époux, j'ai tout un tas de jouet et nous nous adonnons aux jeux de rôle avec ardeur !" Et encore tout un tas d'autres réponses si honnêtes et malhonnêtes à la fois juste pour apprécier le soulèvement d'un sourcil ou la bouche béante de ses interlocutrices. Pourtant, aujourd'hui la question ne provient pas de n'importe qui, et sa réponse se veut plus sincère qu'elle ne l'a jamais été autrefois. "Je pense que l'on fait comme tout le monde, avec des hauts et des bas. Mais nous parlons, beaucoup, et nous nous faisons confiance. Je me demande souvent si les âme-soeurs existent, si c'est le cas, je pense que Arthur est la mienne. Pas parce qu'il me ressemble, mais parce que nous nous complétons quand il le faut et nous acceptons et accueillons la liberté individuelle de l'autre." Elle laisse une pause avant que n'apparaissent sur ses traits ce sourire joueur, ce regard farceur. "Et bien sûr nous faisons beaucoup l'amour." Pas forcément ensemble, ajoute-t-elle pour elle, et peut-être que cela joue. Peut-être pas. Chaque couple est différent, le leur a simplement trouvé un mode de fonctionnement qui leur convient. Du moins, son époux ne s'en est-il jamais plaint.


ANECDOTE TROIS (Isolde, 45 ans) : Le froid de l'hiver n'atteint jamais la confortable demeure que le couple Hastings habite depuis bien des années maintenant. Les premiers rayons du soleil s'infiltrent à travers la fenêtre dont les rideaux n'ont pas été tirés. Depuis quelques semaine, ce n'est plus seulement le corps de son époux qui est blotti contre le sien et la réchauffe de cette chaleur que seul lui semble dégager. Entre ses bras à elle se tient également le corps chaud et malléable de leur amante. Cette femme qui est entrée dans leur vie sans qu'ils ne s'en aperçoivent réellement et qui s'est faite une place dans leur maison, dans leur lit et dans leur cœur. Pas nécessairement dans cet ordre là d'ailleurs. Voilà donc plusieurs semaines qu'Isolde se réveille entre ces deux être et s'endort à leur côté. L'artiste ouvre ses yeux sur ce jeune corps qui est tourné vers elle, contemple le soulèvement de sa poitrine au rythme d'une respiration lente et apaisante, suit l'épaule et le brars qui repose sur son ventre à elle, au même endroit que la main d'Arthur. Et Isolde au centre, le pont qui relie l'un et l'autre, sans qui il n'y aurait pas eu cette avancée. Isolde sourit, épanouie, dépose un baiser sur le front de la jeune femme puis se retourne et s'enfonce dans les bras de son mari. Elle peut fermer les yeux un peu plus longtemps.