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hot mess in the cereals aisle w/ Samia

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Dim 14 Juin - 17:52
Vivre dans un fuseau horaire complètement différent du reste de ses collègues avait ses inconvénients mais Joan et son rythme de sommeil complètement fucké n'y voyait que des avantages mais, surtout, l'excuse parfaite pour éviter sa famille et toute obligation sociale. Elle vivait à moitié à l'heure de LA, à moitié sur New York, somnolait sur le confortable canapé du salon quand le reste de la ville passait à table pour le déjeuner et finissait par aller se coucher aux premières lueurs du matin. Pas vraiment ce qu'on faisait de plus sain en matière d'hygiène de vie mais après tout, Joan était une grande fille qui n'avait de compte à rendre à personne. Excepté son boss, lequel semblait plutôt inquiet à en juger par le ton de ses emails réguliers et les zoom calls pour lesquels elle faisait l'effort de passer un pyjama propre. En quittant la Californie, la jeune femme était restée évasive, invoquant sa santé et des problèmes familiaux sans jamais mentionner sa rupture et le besoin pressant de partir. Disney aurait tout aussi bien pu la virer pour faute puisqu'elle était partie sans vraiment prévenir mais on tenait manifestement à ses services et avec quelques ajustements, elle avait pu continuer à travailler. Du moins jusqu'à ce que son supérieur la mette en congés forcés via un mail reçu la veille qui n'appelait guère à la négociation. Joan aurait voulu s'en offenser, arguer qu'elle était simplement enceinte et non pas malade, mais elle savait pertinemment qu'on la mettait sur la touche pour la protéger. Oh, cette vague humanité ne s'appliquait évidemment pas à toute l'entreprise et elle doutait sincèrement qu'on applique la même politique à tous les employés dans sa situation mais elle n'avait pas cherché à discuter, préférant noyer sa frustration dans un pot de glace qui n'avait pas survécu à l'expérience. Un pot de glace dont l'absence avait été tout de suite remarquée par daddy dearest. La cohabitation se passait plutôt bien jusque-là et Joan n'était pas prête à laisser Ben & Jerry's ruiner sa tranquillité en la forçant à avoir la moindre conversation, si futile fût-elle, avec ses parents. À tous les coups, ils profiteraient d'un point état du frigo et partage des denrées pour parler de son mariage, de ce qu'elle comptait faire et tout un tas de sujets épineux que Joan n'était pas prête à aborder.

C'était la seule et unique raison qui l'avait poussée à s'éclipser en fin de journée new-yorkaise jusqu'au supermarché du coin. Ça et le fait qu'elle n'avait techniquement plus le droit de bosser. Et le besoin de prendre l'air aussi. Pas la seule raison donc mais toutes finissaient par se rejoindre derrière ce réflexe qu'elle avait développé très jeune : la fuite en avant.

La fuite du jour s'était terminée au rayon céréales, un arrêt obligatoire pour tout adulte normalement constitué désireux·se d'oublier ses responsabilités pour retomber en enfance. Ou peut-être juste pour Joan ? Sûrement, oui. Elle flânait sans réel but, les yeux perdus dans l'horizon de boîtes colorées aux noms un peu trop familiers, quand son caddie rencontra un obstacle, heurtant légèrement son ventre. Rien de violent, ni de douloureux non plus et elle avait appris à ne plus s'inquiéter du moindre petit choc, au contraire de certains de ses proches, Nahele en tête.

Tout va bien, murmura-t-elle par habitude, les mains sur l'abdomen avant de se redresser pour évaluer les potentiels dégâts, loin d'imaginer que c'était une autre cliente sur laquelle elle avait failli rouler et non pas une pile de céréales en promo. Mh, désolée ? lança-t-elle à l'intention de l'inconnue avant de reculer, tirant le caddie d'une main maladroite. Vraiment, désolée, je vous avais pas vu, je suis, mh, pas très attentive aujourd'hui, je sais même pas ce que je fais ici. Enfin, si, si, j'étais venue acheter de la glace mais ensuite je me suis un peu perdue, ce qui est vraiment stupide quand on y pense parce que je viens ici presque tous les jours. C'était vaguement pathétique, dit comme ça, mais après tout un moment de honte était vite passé. Peu importe. Désolée, je parle beaucoup, mauvaise habitude. Vous n'avez rien ? Un de ces jours, sa maladresse finirait par faire de vrais dégâts mais avec un peu de chance, pas aujourd'hui.

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Mer 17 Juin - 11:26
Enfin, Samia a l’impression d’y voir un peu plus clair dans la maison. Sans doute que beaucoup des rangements effectués ne seront pas définitifs, mais vivre au milieu des cartons, à devoir fouiller dedans sans cesse, dès qu’ils avaient besoin de quelque chose, ce n’était pas vivable. Alors en attendant de savoir exactement comment sera agencée la maison – elle compte sur Nash pour cela – mieux vaut déballer. Et puisque demain, elle va à El Halito, pour proposer quelques activités artistiques, mieux vaut avancer dès aujourd’hui. Même si clairement, elle est loin de voir le bout. De quoi presque la faire regretter d’avoir déménagé. Elle l’avait déjà fait auparavant, mais en restant relativement proche de son ancien logement. Là, déménager à l’autre bout du pays, ça n’a rien à voir, forcément. Toute leur vie emballée dans des cartons, il y a sans doute du tri à faire. Mais encore une fois, Samia sait qu’elle doit prendre les choses dans l’ordre.
C’est en rangeant leurs livres de cuisine dans un placard qu’elle se découvre une envie de guacamole. Et évidemment, elle n’a pas ce qu’il faut dans la cuisine. Mais en même temps, elle n’a pas grand-chose. Ils n’ont fait que des petites courses depuis leur arrivée, le temps de savoir où tout ranger. Alors elle peut bien profiter de n’avoir rien prévu aujourd’hui pour faire de vraies courses, comprenant les fameux avocats nécessaires pour cette envie soudaine. Une excuse comme une autre pour ne pas ranger encore et encore les cartons. Pourtant, faire les courses n’a jamais fait partie de ses choses préférées. Elle privilégie les commandes quand elle le peut. Mais pour une fois, elle prend une veste et monte en voiture, en direction du magasin le plus proche.
N’ayant pas pris le temps de faire une liste, son caddie se remplit au rythme de ses envies, et elle passe plusieurs fois dans les mêmes rayons. Mais elle a tout son temps. Fait auquel elle est en train de s’habituer, après des années à bouger sans arrêt. Alors elle traîne et ça ne la dérange pas tant que ça. Elle est en train de regarder la différence de recette entre deux mélanges de céréales, quand un caddie lui rentre dedans. Pas un gros choc, mais assez pour qu’elle fasse tomber les boîtes qu’elle tenait et qui, heureusement, restent fermées. Elle se baisse rapidement pour les ramasser, avant de reporter son attention sur la personne qui l’a percutée, et qui s’excuse. Une femme, gênée et clairement enceinte. Samia n’a même pas le temps de lui demander si elle va bien, qu’elle se lance dans des explications. En effet, elle parle beaucoup, et qu’elle en soit consciente fait sourire la pakistanaise. « Non, je n’ai rien, ne vous inquiétez pas. » Elle aura peut-être un léger bleu à l’endroit où le caddie l’a touchée, mais même ça, ce n’est pas certain. « Ça m’arrive aussi de ne pas faire attention… mais si vous connaissez bien le magasin, vous pourrez peut-être me dire où sont les œufs. J’ai l’impression d’être une incapable, j’ai déjà dû faire le tour du magasin deux fois. » Si cette femme peut parler beaucoup, Samia également. Et autant en profiter pour lui demander un peu d’aide. « Vous en êtes à combien de mois ? Si ce n’est pas trop indiscret. » Vu la façon dont sa main est posée sur son ventre arrondi, elle ne peut pas faire de gaffe. Mais elle est tout de même un peu curieuse, de savoir ce qui l’attend pour les prochains mois.

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Sam 27 Juin - 0:47
C'était peut-être un peu bête, surtout considérant qu'elle avait pris elle-même la décision d'entrer en hibernation sociale, mais cette toute petite interaction, différente des questions soucieuses de son père et des regards curieux de sa mère, la fit sourire immédiatement. La solitude avait du bon, certes, mais Joan avait passé la majeure partie de sa vie entourée. Par la famille d'abord, sa fratrie surtout, puis par les ami·e·s, de Californie ou d'ailleurs. Se retrouver toute seule dans sa chambre d'ado avec son bébé et ses angoisses était une nouveauté qu'elle avait encore du mal à gérer. Et si elle sautait avec un peu trop d'enthousiasme sur la moindre occasion d'échanger avec des inconnu·e·s, eh bien, personne ne pouvait vraiment le prouver.

Juste après le lait normalement, s'empressa-t-elle donc de répondre, ravie d'être relancée et non plantée là comme la nana un peu étrange qu'on fuit à toutes jambes dans la rue, mais entre nous, je suis quasiment persuadée qu'ils changent l'agencement régulièrement pour garder les gens à l'intérieur plus longtemps et optimiser les chances d'achats impulsifs. Une petite théorie du complot, anyone ? Voilà où menaient les insomnies et les balades nocturnes sur YouTube après un excès de sucre. Joan allait glisser une plaisanterie sur le sujet lorsque l'attention de l'autre femme se posa sur l'évidence de sa situation. Par réflexe, elle baissa les yeux sur son ventre, l'ombre d'un sourire triste tordant un instant sa bouche. Elle n'oubliait pas sa grossesse, bien sûr que non, elle l'avait voulu cet enfant et même si sa condition n'était pas de tout repos, ni agréable tous les jours, Joan était à peu près sûre qu'elle ne changerait absolument rien si on lui avait offert la possibilité de revenir en arrière. Toutefois elle avait encore du mal à accepter que c'était là tout ce qu'on voyait, tout ce à quoi on la réduisait mais comment en vouloir à une simple inconnue ? Son ventre arrondi était littéralement la première chose qu'on remarquait et l'habitude qu'avait prise Joan d'avoir toujours une main ou l'autre en guise d'armure à bébé n'aidait clairement pas à dissimuler quoi que ce soit. Elle l'avait voulu, ce rôle de mère, elle l'avait voulu si fort qu'elle n'avait pas réalisé qu'elle était la seule, que son ex était à des années-lumière de ses projets de maternité.

Presque six mois, lâcha-t-elle finalement en se redressant, bien plus calme lorsqu'il s'agissait du bébé que de ses mésaventures de ménagère au supermarché, honnêtement, c'est la question la moins indiscrète qu'on m'ait posé à propos de tout ça, ajouta-t-elle avec un bref éclat de rire sans joie. Si elle avait jusque-là réussi à éviter ses ami·e·s, le voisinage et sa mère s'en donnaient à cœur joie. Tout le monde voulait tout savoir, absolument tout, à commencer par ses plans d'avenir.

Vous allez finir par trouver vos marques. Sauf si vous n'êtes que de passage ? Subtilité de la ménagère de moins de cinquante ans, option fausse innocence. Tout un art autour duquel Joan avait grandi et, toute agacée qu'elle était par les grandes langues du quartier et les oreilles qui traînaient un peu trop, elle avait assimilé quelques trucs et autres mauvaises habitudes. Comme embêter des inconnu·e·s qui lui accordaient ne serait-ce qu'une seconde ou deux d'attention entre deux allées colorées d'un supermarché.

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Mar 7 Juil - 12:01
Même si Nash est à la maison tous les soirs, même si Samia va deux fois par semaine à El Halito et un soir à un cours de danse, elle est globalement assez seule le reste du temps. Elle partage son temps entre les cartons et les sorties assez fréquentes. Mais la plupart du temps, elle s’isole pour dessiner, et ne va pas spécialement vers les autres personnes. Alors que quelqu’un lui fonce dedans avec son caddie au supermarché, c’est sans doute une chance. Surtout que la femme en question semble bavarde. Et aussi très enceinte. Deux points en commun déjà. Elle profite d’ailleurs d’avoir quelqu’un pour demander où sont les œufs. Tous les magasins se ressemblent mais quand il s’agit de savoir où chaque aliment se trouve dans chaque magasin, c’est plus compliqué. Sa nouvelle rencontre a d’ailleurs une explication, sans doute un peu tirée par les cheveux. Mais après tout, ça expliquerait beaucoup. « C’est peut-être pour ça… Enfin pour moi, c’est plutôt que c’est la première fois que je viens. D’ailleurs, je n’ai pas encore trouvé le lait non plus. » Elle hausse les épaules et fait la moue, se sentant un peu ridicule. Elle finira par trouver toute seule, mais elle préférerait éviter de faire cinq fois le tour du magasin. Et puis ça lui plait d’avoir de la compagnie, alors elle interroge la femme sur sa grossesse. Six mois… Par réflexe, Samia baisse les yeux vers son propre ventre. Pour l’instant, sa grossesse n’est pas visible. Mais dans quatre mois, sa silhouette ressemblera donc à cela. Elle a encore du mal à l’imaginer. Elle se demande quelles questions indiscrètes on a pu lui poser mais, pour le coup, elle sait que ça serait indiscret, justement. Sa curiosité restera inassouvie. « Félicitations alors, c’est super. » Elle hésite un instant, puis ajoute : « J’en suis à deux mois pour ma part. Ça ne se voit pas encore. » Elle n’a pas l’habitude d’en parler, encore moins à une inconnue. Mais peut-être que justement, c’est plus simple parce qu’elle ne la connait pas. « Oh non, je viens de m’installer… Enfin j’ai grandi à New York, mais je viens d’y revenir. Sauf que je ne connais pas trop Staten Island, et encore moins ses supermarchés. » Ce n’était pas vraiment les endroits où elle allait le plus quand elle était adolescente. « Je ne connais pas grand-monde non plus, pas pour l’instant. » Se sent-elle obligée de préciser, justifiant ainsi le fait qu’elle soit encore en train de discuter avec une parfaite inconnue. Dont elle ne connait même pas encore le prénom d’ailleurs. « Au fait, je m’appelle Samia. »

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Sam 1 Aoû - 6:19
Qu'elle veuille bien le reconnaître ou non, grandir à Staten Islands entre les voisin·e·s un peu trop curieux·ses et les garden parties où gossip et demi-compliments incisifs étaient légions avait préparé Joan à une vie entière de small talks. La solitude et l'ennui avaient exacerbé ce besoin de conversations sans fin mais la grande majorité de ses interlocuteurs·ices finissait généralement par afficher certains signes de malaise, regards fuyants et sourires gênés en tête. Pas chez cette femme. La logique aurait peut-être voulu que Joan s'éloigne avant que ça n'arrive mais les Forbes n'étaient pas spécialement réputés pour être raisonnables.

Oh, je peux vous emmener, proposa-t-elle avec l'enthousiasme d'une animatrice de camp d'été prête à guider une bande d'adolescents·tes dans l'aventure de toute une vie. Ou de trois jours à une petite heure de marche de la propriété, whatever.

Toute sourire, certainement trop heureuse pour pareille situation — blame it on the ho-o-o-o-o-o-ormones, suggéra son cerveau qui servait de jukebox pour combler le silence entre deux angoisses — Joan se calma néanmoins à l'évocation de sa grossesse, l'une de ses mains trouvant naturellement son ventre. Tentative de protéger le bébé ou de se rassurer elle-même, elle n'en était pas sûre et toute introspection la laissait épuisée, souvent au bord des larmes et prise de se cacher au fond de son lit. Pas vraiment le genre d'expériences à vivre en public, encore moins si loin de chez ses parents. Par bonheur, l'inconnue lui présenta une alternative sans s'en rendre compte, l'arrachant à ses pensées pour l'amener à sa propre situation. Par réflexe, Joan baissa brièvement les yeux sur son abdomen avant de se redresser, les joues teintées d'un rose soutenu. Elle maudissait chaque personne qui avait le malheur de fixer son propre ventre mais de toute évidence, l'être humain semblait être programmé pour réagir ainsi face à l'annonce d'une grossesse.

Félicitations, s'empressa-t-elle de lancer, avec un sourire qu'elle n'eut même pas à forcer. Ça se verra bien assez tôt, rassurez-vous. Après, ce sont vos pieds que vous ne verrez plus. Oh, qu'il lui manquait, le temps où elle n'avait pas à se contorsionner des minutes durant et à tâtonner vainement pour enfiler une paire de baskets.

Oh, oui, pardon, Joan, se présenta-t-elle à son tour, secouant la tête en souriant comme s'il s'agissait de la situation la plus ridiculement drôle qui soit — social skills level 100, Dawson Circle style. C'est fou, j'ai grandi ici aussi et je viens de rentrer, quelle- elle s'arrêta une seconde, se demandant si elle allait sérieusement prononcer pareil cliché. Quelle coïncidence. Yup. Mh, ça va sûrement avoir l'air d'une proposition bizarre et vous pouvez tout à fait dire non, promis je ne vous suivrai pas jusqu'à la fin de vos courses en marmonnant — oddly specific mais après tout, on avait vu plus étrange à NY — ça vous dirait de prendre un café à l'occasion ? Enfin, non, non, j'ai arrêté le café, mais je sais pas, un smoothie ? On avait aussi vu plus smooth à NY, ha, ha, ha. Ou n'importe où ailleurs. J'ai beau avoir grandi ici, on se lasse vite des voisins, surtout quand ils ont l'âge d'être votre mère et vous rappelle qu'ils vous ont vue courir toute nue dans le jardin à deux ou trois ans. La solitude, un vrai fléau.

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Ven 21 Aoû - 16:17
« Oh merci, avec plaisir. » Samia ne s’était pas attendue à entamer la conversation avec quelqu’un en partant faire des courses, et encore moins à ce que cette personne soit aussi gentille et souriante. Elle dégage une telle énergie, et Samia se demande si elle est ainsi tout le temps ou si sa grossesse y est pour quelque chose. Dans tous les cas, elle apprécie la compagnie de cette future maman, et pourrait même se demander si elles ne pourraient pas devenir amies. Peut-être après tout. Elle garde l’idée dans un coin de sa tête, tout en parlant de sa propre grossesse. Chose qu’elle ne fait pourtant pas régulièrement. Il faut dire qu’elle ne connait pas beaucoup de monde à New York, ou plus. Les personnes principales sont au courant. Cette inconnue rencontrée au rayon céréales n’avait pas forcément besoin de le savoir, mais Samia réalise que ça lui fait du bien d’en parler. Surtout à quelqu’un qui peut la comprendre. Sa remarque sur les pieds la fait rire, d’un rire léger et sincère. « Oh mes pieds n’ont jamais été la partie de mon anatomie que je préfère. Même si je suppose que ça peut être pratique de les voir, pour mettre des chaussures. » En effet, ça parait logique. Mais Samia sait que son ventre la dérangera bien assez tôt, elle n’est pas plus pressée que ça par cette idée. Et puis ses pieds ne sont pas non plus si moches qu’elle ne veuille plus les voir du tout.
En chemin vers le lait et les œufs, elle réalise qu’elle ne connait pas le prénom de celle qui l’accompagne, tout comme elle ne connait pas le sien. Ce qui semble pourtant être la base d’une rencontre n’est pas apparu comme une évidence entre elles. Mais Samia rattrape le tir, en donnant son prénom, estimant que c’est une perche pour qu’elle lui donne le sien. La dénommée Joan semble, elle aussi, réaliser seulement maintenant qu’elles n’avaient aucune information l’une sur l’autre, et ça semble l’amuser. C’est sans doute assez risible, voire ridicule, mais au moins, elles sont dans le même panier. Un autre point commun entre elles. Décidemment, ça parait être une belle coïncidence en effet. Même si ça pourrait arriver à beaucoup de monde, et que leurs points communs ne sont pas si spécifiques, tout cela est assez surprenant. Et Samia aurait envie de penser que ce sont des signes qu’elles pourraient bien s’entendre. Aussi, quand Joan parle d’une proposition, elle ne comprend pas tout de suite, surtout quand elle parle de la suivre pendant qu’elle fait ses courses. Creepy much ? Finalement, elle propose un café, ou un smoothie – plus adapté à leur situation – et l’idée est beaucoup plus intéressante. « Oh mon dieu ! » Dit-elle en riant. « Je préfère ne pas imaginer. » Même si Samia a aussi grandi à New York, elle n’a pas ce même problème. Mais elle ne s’est pas installée dans le même quartier, et n’a pas gardé de point d’ancrage en ville. Les personnes qui connaissaient son père sont tombées dans l’oubli, et ne doivent plus se souvenir d’elle de toute façon. « Mais avec plaisir pour un smoothie, ou n’importe quoi d’autre. J’ai l’impression horrible de n’avoir que mes cartons comme vie sociale en ce moment. Je ne suis pas encore au point de leur parler, mais vous me sauveriez sans doute. » Joan n’est pas la seule à avoir besoin d’une amie. Et à vrai dire, Samia accueille avec plaisir cette potentielle échappatoire à ses moments de solitude. Même si elle ne connait pas Joan, elle a l’impression que ça leur ferait du bien à toutes les deux. « En plus, je suis sûre que tu es aussi douée pour les bonnes adresses en ville, que pour trouver les rayons du supermarché. »

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Dim 23 Aoû - 3:30
From Disney songwriter and hitmaker to supermarket tour guide, la chute aurait pu être rude mais curieusement, Joan avait momentanément oublié sa situation professionnelle et l'ennui, surtout, qui grignotait jour après jour son équilibre mental au fur et à mesure que les murs de sa chambre d'ado semblaient se refermer sur elle. À croire qu'un peu de conversation et quelques sourires suffisaient à éclipser ses angoisses — sans doute aurait-elle tenté l'expérience plus tôt si elle avait su mais le timing n'aurait probablement pas été aussi bon. C'était presque trop beau, finalement, de tomber sur quelqu'un avec qui elle partageait un si grand point commun. Certes, sa grossesse n'était pas tout ce qui définissait Joan mais si ses cours prénataux lui avaient appris quelque chose — en dehors du programme, obviously — c'était bien qu'elle appréciait cette complicité entre futures mamans.

J'ai compris à quel point je tenais à mes pieds le jour où j'ai dû demander à mon père de faire mes lacets. À trente-deux ans, précisa-t-elle avec une brève grimace. Mais ça reste des petits tracas, ça vaut le coup, reprit-elle avec un bref coup d'œil pour son ventre et un nouveau sourire attendri. Elle se demandait, parfois, si iel pouvait le sentir, ce sourire. Si iel comprenait les éclairs de joie qui secouaient régulièrement Joan à la simple pensée de son existence. Et, par extension, si ce genre de réflexions était normal. C'était là typiquement le genre de questions qu'elle aurait pu poser à sa mère mais maternité rimait avec avenir et responsabilités dans la maison familiale et Joan préférait éviter le sujet. C'était un peu pour ça, aussi, qu'elle s'était inscrite à ces cours réservés aux futurs parents mais les couples l'effrayaient un peu. Qui aurait cru qu'elle finirait par croiser le chemin de quelqu'un susceptible de compatir et de comprendre ses inquiétudes en pleine mission sauvetage de frigo vide ? Enfin, si elle ne faisait pas fuir Samia avec son trop-plein d'enthousiasme et ses invitations farfelues.

Pour être honnête, j'ai beaucoup plus de recommandations sympa pour la Côte Ouest mais la Californie juste pour un smoothie, ça fait un bout. J'ai encore quelques adresses de mes années fac sous le coude cela dit, glissa-t-elle avec un grand sourire, plus heureuse qu'elle ne l'aurait cru d'entendre la jeune femme accepter sa proposition. Voilà les œufs, le lait devrait être sur la droite, indiqua Joan avant de s'arrêter, perdant un peu de sa superbe. Ça doit faire beaucoup de changements. Je veux dire, j'ai débarqué chez mes parents avec une valise et je sais plus où donner de la tête, alors déménager complètement ici, j'imagine même pas à quel point ça doit être stressant. Surtout avec ce qu'on vit. Elle était peut-être douée pour le small talk mais pour ce qui était de s'y tenir, c'était clairement une autre affaire.

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Mer 23 Sep - 16:13
Samia est loin de pouvoir dire qu’elle est bien entourée à New York. Elle l’avait été, avant. Mais après près de dix ans sans y vivre, et surtout dix ans à faire sa vie ailleurs, elle ne connait plus grand-monde. Elle ne s’inquiète pas pour autant. Ça se fait, doucement. Elle retrouve des personnes qu’elle connaissait, en rencontre de nouvelles, surtout par l’association dans laquelle elle s’est portée bénévole. Mais dans Staten Island, elle ne connait pas beaucoup de monde, encore. Rapidement les voisins à gauche et en face, qui sont venus se présenter et proposer de venir boire un thé chez eux. Mais elle ne s’est pas sentie complètement à l’aise. Rien à voir avec cette rencontre au hasard d’un rayon de supermarché.
Elle est sans doute plus proche en âge de Joan que de la plupart de ses voisines, qui ont déjà des enfants et une vie installée. Elles ont déjà plusieurs points communs et la spontanéité de la future maman lui plait. Samia rit d’ailleurs en l’entendant parler d’une anecdote à propos de ses lacets et de son père. « Je suppose qu’après, on se trouve d’autres chaussures. » Rit-elle, imaginant la scène et l’embarras qu’on doit ressentir. Sans doute que ça lui arrivera, qu’elle devra demander de l’aide pour des choses dérisoires. « Et oui, ça vaut le coup. C’est votre premier ? » Vu la façon dont elle en parle, Samia suppose que oui, mais elle préfère être sûre et ne pas faire de gaffe. Même si elle a l’impression que Joan en rigolerait plutôt que s’en offusquer.
« Oui, en effet, et ça ne serait pas le même budget ! Même si j’ai encore des réductions, de quand j’étais hôtesse de l’air. Enfin ça prendrait quand même beaucoup de temps, pour juste un smoothie. » Et même si elle a du temps libre, autant aller à Manhattan pour prendre un verre. Enfin au moins, elle aura du lait dans son frigo, parce que Joan a réussi à trouver plus facilement qu’elle le bon rayon. Elle sourit, et en met un pack dans son caddie. « Merci beaucoup. » Au-delà du lait, elle la remercie pour la compagnie. Mais elle est aussi heureuse que leur conversation ne se termine pas si tôt. « Oh oui, ça peut l’être certains jours. Mais je me dis que c’est quand même mieux de le faire avant qu’il ou elle arrive. On a encore quelques mois pour que tout soit prêt. Même si parfois, le temps passe trop vite. » Enfin même si elle est parfois un peu stressée, elle se dit toujours que ça pourrait être pire. Son bébé aura un super papa. Elle a un toit au-dessus de sa tête. Elle a des affaires – qu’elle doit ranger certes. Elle ne peut pas vraiment se plaindre. Ou bien de choses qui ne peuvent que s’arranger avec le temps. « Mais si tu veux passer à l’occasion, ça serait avec plaisir. Enfin une fois que la maison ressemblera vraiment à une maison. Il faudra que je te donne mon numéro de téléphone. »

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Ven 2 Oct - 20:50
Étrange comme il semblait si simple, soudain, d'échanger avec quelqu'un d'autre, surtout après des mois à éviter le moindre contact humain en dehors d'un cercle familial très réduit. Peut-être que la solitude facilitait les choses, peut-être que cette jeune femme avait ce petit quelque chose en plus qui rendaient les gens avenants, mélange de bienveillance et de sympathie au premier regard qui rassurait. Joan esquissa un nouveau sourire, large et lumineux, du genre à creuser les joues et à faire apparaître précocement des plis aux coins des yeux. Sincère. Mon premier, oui, le grand saut dans l'inconnu, répondit-elle, avec un calme qu'elle n'avait pas ressenti depuis un moment en évoquant sa grossesse. Il y avait toujours l'angoisse qui traînait dans un coin, tapie dans l'ombre de son déni, à propos du futur et de ce qui arriverait après son accouchement. Il fallait toutefois reconnaître qu'elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'échanger avec quelqu'un qui pouvait comprendre, dans une certaine mesure, sa situation. Elle avait l'habitude de feindre les sourires, de se contenter d'un ça va quand on prenait de ses nouvelles et de jouer le jeu de la politesse, peut-être un peu trop et il fallait que ce soit ici, en plein supermarché, qu'elle trouve une connexion, une vraie, avec quelqu'un d'autre quand elle n'était pas capable de trouver sa tablette de chocolat préférée une semaine sur deux. Le hasard était un sacré petit farceur mais pour une fois, il ne semblait pas s'amuser à ses dépens. Joan se laissa donc aller à un éclat de rire devant le ridicule de la situation, dans sa globalité, et celle, moins réelle, plus fantasque, de monter dans un avion pour une simple envie de smoothie, notant au passage — et non sans une once de surprise un peu émue, les joies des hormones — que Samia semblait suffisamment à l'aise pour partager des détails personnels. Hôtesse de l'air, ce devait être excitant. Sans doute moins glamour que ce que la pop culture laissait entendre, un peu fatiguant aussi, d'être en mouvement, perpétuellement. Pas franchement du goût de Joan la casanière mais il fallait de tout pour faire un monde.

Oh, de rien, c'est normal, fit-elle avec un nouveau sourire et un bref geste de la main. Ce n'était que du lait après tout, un menu coup de main qui lui offrait, à elle, l'opportunité de respirer un peu. La solitude pouvait être oppressante parfois, le silence aussi. Le temps passe vraiment trop vite, elle hocha la tête, la mine solennelle. Les journées avaient beau s'étirer en longueur parfois, elle avait l'impression que c'était hier qu'elle avait fait ses bagages pour quitter Venice. Il y avait l'âge aussi, un peu. Les années lui semblaient plus longues à seize ans qu'à trente-deux, la vie plus douce aussi.

Vraiment ? Joan s'arrêta, légèrement incrédule. L'invitation ne paraissait pas forcée, ni formulée par une quelconque obligation d'être polie. Je veux dire, oui, oui, pourquoi pas, ça me ferait plaisir. Je renverrais bien l'invitation mais je vis encore chez mes parents. Pour l'instant. Elle laissa échapper un bref éclat de rire, un rien gêné, avant de plonger dans son sac à main pour en ressortir son téléphone. Un peu vite ? Peut-être. On échange ? proposa-t-elle en le déverrouillant avant de le tendre à Samia. Je dirais bien que ce serait plus simple pour trouver le lait la prochaine fois mais je passe un peu trop de temps ici, on serait capable de retomber l'une sur l'autre. Enfin, ça reste quand même plus facile pour communiquer. Et si tu as, je sais pas, des questions sur la grossesse ou même juste envie de parler, c'est mieux des fois, avec des inconnu·e·s. Clearly, oui.

@ Invité

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Ven 23 Oct - 9:55
Samia est loin d’avoir toujours eu des facilités à se faire des amies. Ça s’est amélioré au fil du temps, et elle va plus facilement vers les autres désormais, mais de là à rencontrer une nouvelle amie peu de temps après son retour à New York, dans un rayon du supermarché, elle n’aurait pas pensé. Sans doute que leurs grossesses sont un élément qui les rapproche. En tout cas, Samia est heureuse d’avoir trouvé une amie, également enceinte qui plus est. Elle a bien certaines amies qui y sont passées avant elle, mais elles ne sont pas là. « C’est mon premier aussi. Tu pourras me donner des conseils, puisque tu es en avance sur moi. » Peut-être la rassurer un peu sur certaines questions qu’elle peut avoir. Même si là, elle n’en a pas spécialement en tête. Elle se demande plutôt ce qui est pire, entre demander à son père de faire ses lacets, ou de le demander à son fiancé. Et elle n’est pas bien sûre d’avoir la réponse.
En tout cas, elle trouve ça facile de parler avec Joan, plus qu’elle ne le fait d’habitude. Elle a l’impression d’être davantage elle-même que depuis qu’elle est arrivée – ou revenue – à New York. Une sensation très agréable, qu’elle voudrait forcément retrouver. Et visiblement, Joan ne serait pas contre, puisqu’elle propose aisément qu’elles se revoient pour un smoothie. Quand à Samia, elle lui propose de venir chez eux, quand la maison sera un peu plus installée. Elle semble s’étonner de cette invitation, pourtant spontanée. Elle n’a jamais été du genre très casanière, à accueillir des invités et à se mettre en quatre pour eux. Il faut dire qu’elle n’était pas assez souvent dans son petit appartement pour ça. Avoir une maison ne veut pas dire qu’elle va le devenir par magie, mais elle peut essayer avec une personne, au moins. « Pas de problème, je comprends bien. En attendant d’avoir ton chez-toi, on pourra boire un smoothie chez moi. Normalement, j’ai un mixeur quelque part, il faut juste que je le retrouve. » Autant dire que rien n’est encore rangé. D’ailleurs, ça serait plus facile pour le guacamole aussi, même si elle peut se débrouiller sans. Elle sort son téléphone de son sac quand Joan lui tend le sien. « Ça sera plus simple pour t’inviter. Déjà que je dois ranger la maison, si après je dois te chercher dans tous les rayons du supermarché, je n’ose pas imaginer mon état de fatigue après. Ça ne serait plus la peine de venir chez moi, à part pour faire une sieste. » Elle ne peut que supposer que Joan connait aussi cette fatigue liée à la grossesse. Enfin elle espère quand même que celle-ci diminue avec le temps, ou qu’on s’y habitue. Elle écrit rapidement son numéro sur l’écran de Joan, et le lui rend. Cela ne fait pas grand doute que les deux femmes peuvent devenir amies. Tant qu’elles osent s’appeler ou s’envoyer un message. « Merci en tout cas. Tu es de loin la personne la plus gentille que j’ai rencontrée depuis que j’ai emménagé à Staten Island. Et même si je n’ai pas encore rencontré grand-monde, je le pense. »

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Sam 14 Nov - 19:15
Dans une autre vie, peut-être qu'elles auraient pu se rencontrer à un cours pré-natal ou sur l'un de ces (trop) nombreux groupes Facebook où se retrouvaient futurs parents angoissés et habitué·e·s des couches que Joan arpentait sans oser poster dans la quiétude de sa chambre d'ado. Des conseils, elle s'imaginait mal en demander — ou en prodiguer — à des inconnu·e·s mais sa mère remplissait ce rôle avec tout l'enthousiasme et la sagesse de ses multiples grossesses. Elle acquiesça sans un mot, se retenant à grand peine de s'épancher sur la matriarche envahissante et la qualité parfois douteuse de ses recommandations. Après tout, elle avait partagé suffisamment d'informations peu utiles. Par chance, ça n'avait pas fait fuir Samia. Elle était soit très ouverte aux rencontres incongrues et peu regardante sur la qualité de la conversation, soit aussi seule que Joan et cette dernière n'allait certainement pas refuser une oreille attentive. Il était plus simple de parler à des inconnu·e·s de toute manière.

Ah, les joies du déménagement. Joan se souvenait encore de son arrivée à Venice, entre les cartons mal étiquetés et ses anciens colocataires qui avaient jugé bon de garder certaines de ses affaires. Alors débarquer dans une autre ville, à l'autre bout du pays ? Well, elle l'avait fait aussi, en abandonnant tout ce qui lui appartenait en dehors de ses vêtements et de son laptop. Bon courage. Sincèrement, ajouta-t-elle après une seconde, craignant de n'avoir l'air sarcastique. Un problème récurrent dans sa vie professionnelle, même si Joan préférait penser que Disney avait le chic pour caster des gens sans la moindre jugeotte. Fort probable aussi. Oh, la sieste, ma nouvelle passion dans la vie. Je sais pas comment je vais faire pour revenir à une vie sans sieste. Je vais être obligée de travailler de chez moi, plaisanta-t-elle en abandonnant son téléphone à Samia. Ce serait sans doute possible. Pas qu'elle ait vraiment réfléchi à son avenir professionnel et il aurait été très hypocrite de cracher dans la soupe que lui avait servi Disney pendant dix ans mais si la dernière décennie lui avait enseigné quoi que ce soit, c'était bien qu'elle ne voulait pas passer sa vie enchaînée à un énorme label. Peut-être que ce serait le début d'une nouvelle vie sur tous les fronts.

Elle secoua la tête, chassant ces idées-là — ce n'était pas vraiment le moment après tout — et se redressant pour faire face à Samia. Son sourire se transforma en une moue émue, attaquée qu'elle était par cet élan de gentillesse adorable qu'elle n'attendait pas. Merci, c'est- c'est adorable. Les gens d'ici sont très gentils aussi cela dit, reprit-elle après quelques secondes de battement. Un peu curieux, c'est vrai mais pas méchants. J'espère que tu auras l'occasion de le voir par toi-même, c'est vraiment un bel endroit où vivre. Et où élever des enfants aussi. Donc, um, bienvenue dans le quartier j'imagine ? Promis tout le monde n'est pas aussi bavard que moi et la plupart des gens te laisseront faire tes courses sans te tenir la jambe pendant deux heures. Les moins en manque de compagnie, en tout cas.

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Lun 28 Déc - 13:33
Samia ne saurait dire pourquoi les deux femmes se sont aussi bien trouvées. Solidarité féminine. Solidarité entre futures mamans. En tout cas, il lui semble que c’était exactement ce dont elle avait besoin. Déménager à l’autre bout du pays n’avait pas été facile, même si elle avait pensé que ça le serait davantage, ayant déjà fait le trajet inverse, dix ans plus tôt. Mais dix ans suffisent à changer beaucoup de choses. Et, si à San Francisco, elle avait quelques amies qui étaient devenues maman, ce n’est pas tellement le cas ici. Alors qu’une femme comme Gaby lui rentre littéralement dedans par hasard au supermarché, ça semble parfait, tout simplement. Et les encouragements ou mots de compassion de la jeune femme ne lui paraissait pas du tout faux ou forcés. Parce qu’elles peuvent comprendre ce que chacune vit. Même si leur situation semble tout de même un peu différente.
Quand elles parlent de sieste, cela se sent qu’il n’y a pas de plaisanterie dans leur ton. Et cela, il faut être une femme enceinte pour le comprendre. Et sans doute un jeune parent aussi. « C’est vrai ça. Je vais le mettre comme critère pour mon prochain travail. Enfin quand je serais prête pour me lancer. » Et autant dire que ça attendra encore quelques mois après la naissance du bébé, donc rien ne presse. Elle a de la chance que Caleb gagne assez pour deux. Mais elle ne s’imagine pas rester mère au foyer pour autant. Une réflexion pour plus tard, mais à l’heure actuelle, elle ne réfléchit qu’à une possibilité de sieste. Point important dans son quotidien en ce moment. Et si Gaby en est encore là alors que sa grossesse est plus avancée, Samia ne peut qu’anticiper ce qui arrive.
Leurs courses touchant à leur fin, elles échangent leur numéro, et Samia espère réellement qu’elles se reverront. Ça lui donne peut-être des airs désespérés, mais elle a l’impression que Gaby et elle ont déjà dépassé ce stade. Si elles s’apprécient et peuvent se soutenir dans leurs galères, pourquoi s’en cacher ? « Oh je n’en doute pas. Je n’ai pas encore pris le temps de rencontrer tous mes voisins, mais j’ai surtout l’impression que la plupart ont leur vie déjà installée et toute faite. J’ai l’impression de faire tâche. Enfin j’imagine que ça va changer quand le bébé va arriver. » Elle n’a jamais eu une vie très posée, alors pour l’instant, tout cela lui parait étrange. Mais à l’aube de ses trente ans, il est sans doute temps. « Enfin tu ne m’as pas tenu la jambe, du tout. Tu m’as plutôt sauvée pour les œufs, et ça m’a fait plaisir de parler à quelqu’un d’autre qu’à mes cartons. » Elle parle à Caleb quand il est à la maison, mais changer un peu de compagnie lui a fait du bien. « Au plaisir de te revoir bientôt. » Et chacune se dirige vers une caisse différente, pour reprendre son chemin après cette rencontre fortuite au rayon cérérales.

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