i'm ready to dig into all of it, abandonnement issues, dissociative episodes, my dad...
Et si rien n'arrivait par hasard ? Et si les coïncidences n'existaient pas ? Que tout était déjà écrit ? Alors qu'elle court, le souffle vacillant et douloureux d'une fuite effrénée, les tripes emmêlées par la peur et l'esprit incapable de mesurer ce qu'il vient de se passer, Alléluia se le demande. Elle avait des idées, des envies, des projets, cette volonté de les concrétiser. Elle avait une famille qu'elle aimait malgré cette amertume qu'elle lui avait toujours inspirée. Elle se pensait responsable, après tout elle n'avait qu'à être comme ceux qui la composait. Mais dès sa naissance, elle avait été différente. Une fille déjà, alors qu'elle devait être garçon, comme ses frères aînés. Quatre, éparpillés sur la quinzaine d'année forgeant le mariage de ses parents. Des immigrés qui ont eut crû au Rêve Américain avant de devenir le cliché de ceux qui ont échoués. Des Mexicains pauvres, dans un quartier pauvre où la mixité n'existe pas. Le pays est différent mais la vie y est la même. Passer les frontières n'étaient pas suffisant à s'ouvrir les portes d'un avenir radieux. Comme partout, pour se l'offrir il fallait de l'argent. Son père enchaîne les boulots comme les enfants, il perd les premiers, bat les seconds, boit pour oublier qu'il est incompétent autant à garder ses jobs, qu'à élever ses gosses.

Luya sait qu'il la détesté dès qu'elle est née. Alléluia, ce nom qu'il lui a donné est la réponse ironique à sa femme, qui avait murmuré au miracle. Elle avait toujours voulu une fille sans jamais le dire à son mari qui ne l'aurait pas comprit. Lui ne désirait que des garçons. Il n'y avait qu'eux pour devenir des hommes. Qu'eux pour devenir forts. Une fille ne rapportait que des ennuis, il avait déjà du mal à supporter les faiblesses de sa femme, alors avoir en prime une pleurnicheuse entre les bras... Alors il a d'abord nié sa féminité. Elle était habillé comme l'avait été ses fils, traité pareil et châtié autant si ce n'est plus. Ainsi, il pouvait se plaindre qu'elle encaissait moins bien. Elle ne le voyait sourire que lorsqu'il la frappait. Les raisons ne manquaient pas, il les guettait. Il les attendait même avec patience, pour légitimé cette violence qu'elle lui inspirait. Alléluia en a apprit deux choses: La première comment cacher. Cacher les émotions, les douleurs, les larmes et les peurs. Mais aussi comment se cacher. Une artiste à disparaître dans les recoins insoupçonnés. A se contorsionner pour se terrer. La seconde comment encaisser. Les coups, les brimades, les échecs, les désillusions. Une force de caractère pour tout supporter.

Elle pense à ses frères. Il n'y aura plus de femme à la maison pour s'en occuper. Après la mort de sa mère, sortie faire les courses, jamais revenue de l’hôpital où les secours l'avaient emmenée quelques minutes après qu'une voiture l'ait percutés, c'est elle qui avait du reprendre le flambeau. Veiller au foyer et plier sous l'autorité masculine. Finit les pantalons et les baskets, les tenues sont strictes et austères. Elle doit quitter le collège, elle sait lire, écrire et compter, c'est déjà bien pour une fille que l’instruction abrutie de toute façon. Un quotidien devenu routine monotone. Le ménage, la cuisine, la lessive,.. Une nuit, semblable à celle ci, mais plus vielle de quelques semaines, c'était une autre tâche réservé aux femmes, que son père avait voulu lui imposer. Bourré et violent, puis ivre et concupiscent. C'est l'aîné de la fratrie qui était intervenu et c'est elle qu'il avait été punit d'avoir éveillée de pareils envies. Maintenant qu'elle y repense, elle aurait vraiment du se méfier quand il avait fait venir ses tantes pour la maquiller et l'habiller plus tôt dans la soirée.
                           
La journée avait pourtant commencé semblable aux autres. Elle était la première levée pour préparer le petit déjeuner. Le repas devait être prêt quand les hommes de la maison se réveilleraient et elle s'y prenait toujours plus tôt pour parer à ses maladresses culinaires. La cuisine ou elle, il y en avait forcément une des deux pour finir dans un sale état, même en faisant attention. Aujourd'hui, ça avait été l'avant bras, brûlé en retirant la casserole du feu, après avoir manqué de la renverser. Une broutille. C'est en mangeant que son père avait calmement annoncé que ses soeurs viendraient pour l'aider à se préparer. Que ce soir serait un soir important et qu'elle l'accompagnerait. Une première qui avait aussitôt attisée sa curiosité. Elle a tut les questions, sachant qu'elles ne trouveraient aucune réponse. Peut être qu'elle aurait dû essayer quand même.

Elle ne saurait dire quand elle a finalement comprit, à cet échange de regard qu'ils avaient eut. Au moment où l'ami de son père, qu'ils étaient venu rejoindre, lui avait prit le poignet pour la tirer dans le hall d'un Motel. Mais à un moment, Luya a paniqué. Elle a prit peur et s'est débattue. Peine perdue. Elle y serait encore si cet homme n'était pas intervenu. Un inconnu. C'est avec lui qu'elle fuit. L'hôtel, son père, cet ami, sa vie,... Elle n'est pas sûr d'encore bien le comprendre, de bien saisir la situations et ses conséquences et tandis qu'elle serre un peu plus cette main qu'il lui a prit avant de partir en courant, elle sait au moins qu'elle s'en moque. De tout ceux qu'elle laisse, de tout ce qu'elle quitte. Elle a cet instinct qu'avec lui les choses iront mieux. Les choses iront bien.

Alors elle l'a suivit, jusqu'à se poser quelques mois plus tard dans une nouvelle ville. Alors elle est resté. rapidement amoureuse de lui. Simplement une évidence. Sa place est dans ses bras et lorsqu'elle y pense, elle a vraiment du mal à croire à une coïncidence. Ça ne pouvait être qu'écrit.