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Jeu 18 Juin - 9:19


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Si on lui demandait de choisir entre une soirée mouvementée et quelques heures de répit avec un livre, Ugo aurai opté pour la seconde option. Mais ce soir, l’idée de retrouver sa nouvelle maison vide de tout meuble, sans personne pour l’accueillir ou le rejoindre ne lui plaisait pas. Ça tombait à pique, son pot d’arrivé (qu’on lui avait organisé sans qu’il donne réellement son accord mais c'était toujours agréable qu'on pense à lui), était dans la soirée ! Ça n’était pas tous les jours qu’un chirurgien dont la bougeotte était aussi célèbre que ses faits d’armes se postait enfin dans un hôpital. Et puis, la direction ne disait jamais non à l’arrivée d’un nouvel expert dans son domaine !

À défaut d’avoir le temps de faire une sieste après quelques consultations et une opération de routine sur un accidenté de la route, Ugo avait pu se laver et s’habiller correctement. La blouse immaculée, il n’y était plus habitué. Lors de ses missions, il l’avait rapidement abandonné au profit d’une chemise couleur sable pour éviter les tâches et la salissure trop visibles. Et même si maintenant il devait changer de quotidien, il n’arrivait pas toujours à porter la longue blouse des médecins. Heureusement, Castelli, un ancien interne qu’il avait pris sous son aile en Ex-Yougoslavie, le soutenait quand on lui conseillait de mettre sa blouse et pas une simple chemise d’étudiant fraichement sorti de cours ! Ugo avait été ravi de retrouver Leone mais aussi son meilleur ami Sirius, aussi rencontré lors de ces pérégrinations. C’était rassurant, d’avoir quelqu’un sur qui compter quand on était nouveau et qu’on ne se connaissait personne. Et autant Ugo était un expert sur le terrain, autant la rigidité du carcan d’un hôpital de ville ne lui rendait pas la vie simple. Alors avoir deux co-équipiers d’un tel calibre, ça n’était pas de trop !

Une chemise sable, mais cintrée cette fois-ci, un jean, il n’était pas de service ce soir et pouvait se permettre une telle tenue ! La barbe avait été taillé avec précaution mais les cernes, eux, n’avaient pas été camouflé.  Heureusement que ses prunelles bleutées rehaussaient son teint sinon, on lui aurait fait surement remarqué son air exténué.
Les boots marrons enfilées, il se rendit dans la pièce centrale où tout attendait. Le brouhaha l’atteignit à peine était-il à la porte de la salle. Soufflant pour se donner du courage, les épaules redressées malgré la carrure déjà imposante, le chirurgien s’y engouffra avec un large sourire : ça allait bien se passer !

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Ven 19 Juin - 15:03
« Tu sais qu’il existe d’autres boissons que la limonade ? »

« Oui pourquoi ? »

« C’était pour vérifier … »

Eclatant de rire, Leone récupéra la bouteille ainsi que le décapsuleur et entreprit de l’ouvrir, tandis que son collègue secouait la tête d’un air désespéré, ce qui attira l’attention d’une partie de l’assistance, et le bruissement des conversations reprit avec quelques incises comme quoi, à force, le chirurgien devait avoir des actions dans les principales entreprises de production de limonade, car une telle addiction virait à l’obsession. L’italien, lui, avait conscience que sa vieille habitude avait quelque chose de déroutant, mais d’un autre côté, comme il ne buvait pas d’alcool et n’était pas non plus particulièrement friand des sodas plus traditionnels, bien qu’il lui arrivât d’en prendre, il avait fini par ne plus changer de commandes, et tant pis pour son côté prévisible. En plus, il y en avait avec des goûts fruités maintenant, donc c’était varié, et puis zut. Argumentaire brillant, mais hé, il ne commentait pas l’amour des uns et des autres pour les bières ou il ne savait trop quelle autre boisson alcoolisée. Qui, de son humble point de vue, avait parfois tendance à paradoxalement empêcher les gens de réellement s’amuser, alors qu’ils en buvaient pour se détendre, lâcher prise … Résultat des courses, ils n’arrivaient pas à être eux-mêmes et profiter avant d’avoir une sacrée dose dans les veines. Cela lui paraissait toujours un peu étrange, bien qu’il ait appris à garder cette opinion peu populaire pour lui. Et puis, cela concernait surtout les soirées à l’extérieur : les pots de bienvenue ou de départ ne duraient généralement pas assez pour dégénérer de la sorte. Encore que, parfois … vu le caractère stressant de leurs métiers, beaucoup compensaient par une consommation libérale de tabac, d’alcool … de sexe aussi, autant l’admettre immédiatement. C’était sans doute un moyen de continuer à ressentir l’adrénaline, à ou à se défaire de son trop-plein, il l’ignorait. En même temps, il avait plutôt tendance à piquer un petit somme bien mérité après une opération, donc clairement, il n’était pas le mieux placé pour avoir un avis. A croire qu’il était définitivement un horrible éteignoir, comme certains le lui disaient, de manière plus ou moins humoristique.

Tout en enfournant un petit four dans son bec, Leone se rapprocha d’un groupe d’infirmiers en pleine discussion et se joignit à eux, certains lançant déjà quelques ragots sur l’objet de leurs attentions et de cette petite réunion, qui n’était pas encore arrivé. Oh, ce n’était pas grave : on avait promis nourriture et boisson, ce qui ne se refusait pas. Certains passaient clairement entre deux interventions ou avant de rentrer chez eux, ce qui était compréhensible. Le trentenaire écouta donc les conversations, avant d’acquiescer quand l’une des personnes présentes dans le cercle l’interpella pour lui demander s’il l’avait bien côtoyé. Il acquiesça, les régalant d’une ou deux anecdotes sur Ugo Rojas et ses techniques d’opération en urgence, ce qui leur plut considérablement. En même temps, si on parlait volontiers des « dieux de la cardio ou de la neuro », les adeptes de la traumato avaient souvent cette aura de baroudeurs, d’hommes et de femmes capables de tout régler avec un stylo et trois sparadraps. Bien entendu, c’était très largement exagéré, mais il était vrai que leur travail réclamait un temps de réaction court, souvent une bonne dose de calme dans la tempête pour stabiliser les patients … et ce fait était rehaussé par le fait que la spécialité était très représentée au sein de l’armée américaine, des associations humanitaires … Bref cela faisait rêver.

Enfin, l’homme du jour arriva, déclenchant quelques vivats, des exclamations ponctuées de « un discours, un discours » alors qu’on lui mettait un verre dans la main, avant que d’autres ne calment les plus excités et rappellent que le principe du jour n’était pas de faire fuir la nouvelle recrue. Le tohu-bohu se calma donc rapidement, plusieurs collègues venant saluer plus posément Ugo, avant de retourner à leurs occupations ou d’aller saluer une tête connue dans la salle. Leone attendit son tour et finalement, arrivant à sa hauteur, il déclara :

« Alors, toujours en un seul morceau ? Ils ne t’ont pas encore assommé à coups de recommandations de colloques et autres ?

Ce serait dommage, parce que les petits-fours valent vraiment le coup. Tiens, je t’ai pris un assortiment, histoire que tu prennes des forces pour tenir la distance. »


Il lui tendit une assiette en carton où trônaient en effet quelques mignardises diverses et variées. Se grattant l’arrière de la tête avec un air d’excuse, Leone ajouta :

« J’ai fait avec mes souvenirs de ce que tu aimais Ugo … mais je ne suis pas certain que ma mémoire ne soit pas faillible sur ce coup-là. »

Parce que tout de même, cela faisait un sacré bail !

« Les premiers jours se sont bien passés ? Tu prends tes marques ? Je sais que c’est grand ici et qu’on s’y perd vite … En toute honnêteté, j’arrive encore à m’égarer à certains étages … »

@ Invité

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Mar 23 Juin - 19:58


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Il se sent happé par l’énergie collective sans vraiment le vouloir. Les habitudes reviennent au galop, le sourire est là, fier et heureux alors qu’on lui parle de tel évènement ou de tel cas à aller voir ou de… Non. Il se ment à lui-même. Ugo n’est finalement pas vraiment présent. Physiquement, oui, dans ses mimiques et son regard, son éternelle bonne humeur mais l’esprit est bien ailleurs. Oui, les habitudes reviennent aisément mais le cadre n’est pas le même. Il n’y a pas la poussière du désert ou la terre meuble de Johannesburg sous ses pieds. Les blouses sont parfaitement blanches, les cheveux bien coiffés. Les femmes sont maquillées, légèrement mais c’est quelque chose qu’il remarque rapidement Ugo. Oui, tout est comme avant sans pour autant que ça soit similaire. Ça n'est pas chez lui. Il n'est pas chez lui.

Pourtant, il n’en montre rien, accepte le verre, les compliments, tout au final, sans jamais que son anxiété se dévoile. Jusqu’à Castelli. Leone le connait depuis longtemps, l’a vu dans des situations bien plus à risque et sans jamais qu’il perde son éternel bonhomie. Là… Là, ça risque de le faire tiquer, son air de poupée Ken bloqué avec un sourire bien trop brillant statique. Quand on connait le monsieur, on sait qu'Ugo est tout sauf immobile. Son visage est aussi mouvementé que les océans.

- Merci…

Murmuré du bout des lèvres, les petits fours sont déjà dans le bec (foutue gourmandise) tandis que Leone continue de parler. Le chirurgien a gagné en confiance et Ugo se concentre là-dessus plutôt que sur les murmures et les regards appuyés de certaines personnes. Il faut que Castelli reste à ses côtés, ça lui donne une bonne excuse pour ne pas faire la conversation à tous ces inconnus ! Et puis, le chirurgien est assuré que Leone ne lui parle pas pour lui demander quelque chose plus tard au fil de la soirée !
Un rire le secoue quant à la question sur les étages et l’hopital. Clairement, Castelli n’est plus le jeune homme qu’il a entrainé dans les pays de l’Est ! Il a pris… du grade.

- Sincèrement, je vais surement avoir besoin de toi pour…

Il se penche vers Leone, se note que l’homme n’est pas si petit que dans ses souvenirs et tente au mieux de ne pas se faire entendre par le... voisinage.

- Me sauver de tout ce bordel ! Depuis quand les gens s’intéressent aux chir’ qui ont refusé toutes les propositions pour aller vadrouiller à droite à gauche ?

À son époque, ça n’était clairement pas si bien vu…

- J’ai l’impression d’être la nouvelle mascotte de la direction... Genre le gros nounours qu'on est content d'avoir enfin attrapé à la fête forraine.

Son ton, mi-bourru, mi-amusé, lui donne clairement la même allure !

@ Invité

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Mar 23 Juin - 21:36
« Mais tu ES un gros nounours ! »

Les yeux pétillants de malice, Leone ne résista pas à l’envie de taquiner Ugo qui avait de surcroît pris son ton le plus … eh bien, le plus digne d’un ursidé pour déclamer sa constatation. Honnêtement, avec son gabarit plutôt massif, sans parler de sa carrure et de la barbe noire qui allait avec, le surnom avait tendance à vite fuser chez les « poussins », soit celui qu’on donnait généralement aux internes. Le milieu hospitalier avait un petit côté animalier. Toute plaisanterie à part, il se souvenait clairement que l’homme face à lui avait été appelé ainsi à de nombreuses reprises par les plus jeunes, quand il était sous ses ordres. A vrai dire, outre le physique, le vénézuélien avait ce côté professeur rugueux mais attentif qui collait à la description, sans parler de sa voix de stentor. Sincèrement, de temps en temps, le jeune homme qu’il avait été s’était amusé de son côté « bear », pour reprendre cette catégorie, à défaut d’un meilleur terme, qui courait dans la communauté gay. Bon, évidemment, il avait gardé cette observation pour lui, pour ne pas mettre mal à l’aise son professeur. Il y avait des plaisanteries qui n’avaient pas la même signification au sein de la communauté LGBT et en dehors. Et puis, à l’époque, il n’aurait tout simplement jamais osé : ils étaient dans un pays étranger, objectivement plutôt homophobe socialement, à une autre époque mine de rien, car en la matière, dix ans représentaient à la fois une décennie, et un siècle mental presque. Il était aussi plus timide, plus maladroit, avec la peur au ventre de déplaire à quelqu’un qui ne semblait pas accorder d’importance – hormis au niveau du respect des normes sanitaires – à sa séropositivité et être prêt à lui enseigner. Alors, il aurait été impensable de faire quelque chose qui aurait pu entacher cela, d’une quelconque manière. C’était une chose d’aborder son petit-ami de l’époque, car il n’allait pas mentir dans le cadre privé, c’en était une autre que d’avancer sur cette pente-là. Les temps, évidemment, avaient bien changé, ne serait-ce que parce qu’ils étaient désormais sur un pied d’égalité, titulaires tous les deux, ce qui, mine de rien, induisait une transformation de la dynamique. Comme le fait de s’amuser sincèrement de son air de chaton perdu, enfin de chaton géant perdu au milieu de cette foule curieuse et de répondre avec bonne humeur, le visage décidément pétri de facétie :

« Et pour te répondre, les traumatos baroudeurs et mystérieux, ça excite l’imagination. La moitié de mon service a très hâte de te rencontrer. Quelque chose comme « le charme sombre de l’urgence », dixit l’une de mes collègues.

Accessoirement, je ne nie pas l’effet ‘série médicale à succès’. Même nous, on a nos petits plaisirs coupables … »


De son expérience, les policiers adoraient les séries … policières, alors pourquoi est-ce que les médecins auraient différé de cette loi générale – il n’osait pas dire des séries ? D’accord, c’était en partie davantage pour se moquer des incohérences en chaîne qu’autre chose, mais tout de même … C’étaient également des divertissements très honnêtes, et des séries comme Grey’s Anatomy avaient fait énormément pour la représentation de la diversité à la télévision, ainsi que pour aborder frontalement des questions difficiles. Bien sûr, il y avait toujours à redire mais, parfois, il fallait savoir se contenter d’un peu d’exposition médiatique empathique, pour espérer déclencher des discussions par la suite et dissiper beaucoup d’incompréhension chez la population. Et il l’admettait tout à fait sincèrement : oui, il avait mangé du popcorn devant sa télévision en suivant les épisodes, et râler sur un nombre de couples incapables de communiquer un nombre incalculable de fois. Ceci étant dit … il avait un « nounours » à sauver.

« Si tu veux, on papote un quart d’heures, je te présente quelques collègues sympas, et on fait genre qu’il y a une urgence pour que tu puisses fuir ?
Prends ces petits-fours, sérieusement, ça te fera marger ces zygomatiques qui sont bloqués en pause là. »


Lui mettant d’autorité un canapé à la tomate dans la main, Leone ajouta, décidé à se tenir à son plan d’action et à donner le change au reste de la salle, tout en saluant parfois de la main tel ou tel arrivant en disant son nom, sa spécialité et un commentaire pour le décrire à Ugo, histoire qu’il puisse se repérer un minimum dans les gens agréables ou à éviter :

« Honnêtement, ça m’a surpris quand j’ai vu le bulletin des annonces internes, de te voir venir ici. J’ai toujours pensé que tu ferais ta carrière chez MSF. On en parlait y a encore … je ne sais pas six mois, avec Sirius, en se demandant dans quel pays tu étais rendu ?

Cela dit, je suis vraiment content que tu aies choisi le Richmond. Toi qui adore enseigner, tu vas te sentir à l’aise ici je pense, avec tous nos internes à cornaquer … Et puis, on peut dire beaucoup de choses, mais niveau matériel, la direction n’est pas avare, du moins, dans les secteurs qui rapportent, et conserver notre rang en matière d’urgence, c’est une question de prestige, donc le service de traumatologie est vraiment bien fourni. Ça va te changer des lacets pour les garrots et des stylos pour maintenir les trachéotomies ! »


Que du vécu, tout ça ! Le pire, c’est que cela avait failli lui servir, lors de la fuite de gaz dans le Queens … Du moins, il s’était souvenu de certaines leçons sur les pneumothorax et autres dommages respiratoires appris « à la dure » avec Ugo. Et dans l’ensemble, il devait beaucoup à son enseignement son calme à toute épreuve au bloc … et souvent, en situation de stress, dans la vie.

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Mer 24 Juin - 21:25


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Il hésite à réagir à sa remarque, finit par simplement sourire et rouler des yeux. Oui, il sait Ugo, que sa carrure est un peu impressionnante, que sa barbe n’aide pas, et encore moins sa mâchoire carrée. Il sait qu’il donne toujours cette image à la fois douce et redoutable sans pour autant le chercher. Les stéréotypes ont encore de longues années devant eux même si le chirurgien sait parfaitement que Leone ne dit pas ça pour ça. Il le taquine, comme lui le taquinait plus jeune. Joli retour de boomerang.
Reprenant une longue gorgée de la boisson pétillante (pas de la bière, ça c’est sûr, peut-être du champagne ? Ugo a toujours été nul en alcool de ce genre), il reste aux côtés de Castelli, certain que son aura le protègera du reste du groupe. L’homme a l’air apprécié au Richmond tout comme Vandesky qu’Ugo s’est amusé à "espionner" en demandant quelques nouvelles ici et là. Savoir que ces deux jeunes médecins, dont l’un était son poulain, sont devenus aussi talentueux que réputés, ça gonfle son coeur de fierté. Ça lui permet de mettre un peu de positif dans la balance qui, depuis quelques années, a tendance à toucher le sol du mauvais côté.

Le petit four attrapé, la bouche toujours close par la confiance quelque peu saisissante de Castelli, Ugo répond finalement, après avoir avalé sa bouchée.

- J’avais besoin de me poser quelque part, de… D’avoir une vie plus stable. Je vais sur la cinquantaine, mon conseiller à la mutuelle commence un peu à paniquer !

Un rire lui échappe, moqueur envers lui-même. Leone l’a déjà vu, faire du skate comme un gosse pour quelques dizaines de minutes plus tard, être aussi professionnel et prêt qu’un chirurgien d’urgence doit l’être. Ugo aime ça, l’adrénaline, la saveur du risque, l’énergie demandée par un timing serré. Ici, dans un hôpital universitaire et avec de telles ressources, il retrouvera ces émotions mais… Ça ne sera jamais pareil qu’en première ligne.
Un autre petit four à la tomate est avalé tout cru. Leone le connait bien même s’il évoquait le contraire quelques minutes plus tôt.

- Et puis, j’vais pas te mentir, la direction m’a proposé de bosser sur des recherches en orthopédie. On doit encore valider tout ça mais l’idée serait de travailler sur de futures prothèses moins chères que celles qu’on a en ce moment grâce à un matériel plus léger et moins invasif. J’ai accepté de venir ici pour cette raison en particulier, en mettant dans le deal que ça ne serait pas commercialiser en privé mais pour des organismes comme MSF.

Il n’a pas autant parlé depuis quelques jours ! Ça le laisse silencieux quelques secondes, le professionnalisme et le sérieux retrouvé dès qu'on parle du travail. Leone doit savoir ce que ça signifie.

- Et si le matériel fonctionne comme je l’imagine, on pourrait aussi l’utiliser pour des instruments de chirurgie. Moins cher, plus simple d’accès, tout bénef pour mes confrères et les jeunes auxquels ils enseignent des procédures d'urgence. J'me voyais pas refuser... Et puis j'connaissais quelques noms dans le registre de l'hopital !

Le sourire charmeur que le chirurgien lance à son collègue a tout du soleil d’Italie.

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Mer 24 Juin - 22:34
« Oh, tu as encore de beaux restes, fringant futur quinquagénaire … pas comme moi qui confond encore les salles de sport avec un rassemblement satanique. »

Clin d’œil très canaille à l’appui, Leone ponctua la fin de sa phrase d’un léger rire, n’ayant aucun mal à passer d’un compliment sincère à une gentille moquerie envers lui-même. Certes, une hygiène de vie spartiate l’avait conduit à une ligne à toute épreuve, bien aidé par l’adrénaline brûleuse de calorie et une alimentation certes riche, mais aussi très équilibrée. A moins que ce ne soit ses kilomètres de course partout pour se rendre à tel ou tel rendez-vous chaque semaine. Et puis, il fallait être honnête : il ne buvait pas, ne fumait pas, et ne touchait – évidemment vu le début du tableau – à aucune drogue. En quelque sorte, son existence était presque monacale, quand on y pensait. Donc il n’avait pas une carrure d’athlète, et ne comptait pas vraiment faire grand-chose à cet égard : il se trouvait tout à fait bien de ce côté-là. Peut-être qu’il se mettrait vraiment sérieusement au yoga avec Dario, un de ces jours, cependant, il avait fait son deuil sportif depuis l’enfance, et éprouvait toujours une forme de malaise diffus face à cette activité. Mieux valait ne pas se faire violence donc. Même s’il n’égalerait jamais la carrure d’un Ugo, à côté de qui il se sentait presque freluquet. Peu importait au fond : c’était plus drôle à regarder qu’à construire !

Reprenant son sérieux, le chirurgien se concentra sur les explications d’Ugo, tout en organisant une descente impitoyable sur les canapés au concombre après les canapés à la tomate, parce que le traiteur choisi était sincèrement une perle et que le tout fondait dans sa bouche comme une glace fraîche, ce qui était absolument délicieux, surtout en cette période de l’année où la chaleur commençait à arriver. La nourriture était agréable, et la compagnie tout autant, que demander de plus à une soirée post-travail ? En plus, ce que lui disait l’ex de Médecins sans frontières était passionnant. Cela faisait écho à certaines de ses lectures dans les revues médicales, qu’il parcourait toujours avec assiduité, y compris dans les autres spécialités que la sienne, afin de se tenir au courant des avancées techniques … et aussi d’être toujours utile en cas de prise en charge pluridisciplaire, ce qui, sans être une occurrence journalière, n’était pas non plus si rare. Cela dit, il doutait fortement des promesses de la direction, tout du moins, à moyen terme. Sans parler des idées de reproduction de matériel, quand on connaissait les coûts pour un hôpital de leur taille … Mince, cela lui donnait immédiatement des idées. Enthousiaste donc, Leone répondit :

« Je vois tout à fait. Normalement, on a récupéré quelques imprimantes 3D, et j’ai lu des articles sur un gars en France qui a monté une petite start-up et a produit une prothèse de la sorte et qui fonctionne plutôt bien.

Si tu veux, je te retrouverai ça, et je te donnerai les contacts du service technique et informatique, ce sont des perles. Honnêtement, il y a moyen, avec un bon premier plan, de faire des tests assez rapidement. Et le mari d’une de mes patientes est un ex-marine qui a perdu sa main … il fait partie d’une association, je pourrai te donner leur numéro, on ne sait jamais, tu trouveras sans doute pas mal de types dans leurs cercles pour des essais. »


L’avantage d’avoir un esprit résolument pragmatique et d’être immergé dans des associations une bonne moitié de son temps, c’était que Leone avait souvent de la suite dans les idées. Parfois trop au goût de certains qui se retrouvaient submergés, mais il avait ce côté connexion entre les personnes, peut-être parce qu’il avait toujours aimé créer ce genre de liens sociaux, faciliter les rencontres … A défaut d’être chirurgien, dans une autre vie, peut-être aurait-il été un marieur d’élite ? Après bien sûr, ce n’était qu’une proposition pour l’aider à mettre le pied à l’étrier. Parce que l’envers du décor, il le connaissait aussi, et il viendrait bien assez vite : frilosité face à la prise de risque, financement, montagne de paperasse pour lancer de vrais tests sur des humains … Ugo n’en était sans doute pas au bout de ses peines, loin de là. Mais il avait une idée, qui de surcroît était dans l’ère du temps technologique, ce qui ne pouvait que faciliter la discussion avec les instances dirigeantes. Surtout si on mettait les vétérans dans la balance : niveau groupe de pression, on trouvait difficilement plus efficace, d’où sa suggestion. Son cerveau en ébullition s’arrêta cependant net face au sourire que son aîné lui envoya, ainsi que ses paroles qui le flattaient gentiment.

« Ah, je savais que tu n’osais pas avouer avoir traversé le monde uniquement pour nous voir … mais faute avouée, faute à demi-pardonnée. »

Son sourire se fit néanmoins plus franc, plus doux aussi quand il ajouta, la sincérité perçant sous les intonations de sa voix :

« Tu sais, ça me fait vraiment plaisir de te revoir … et de constater que tu ne nous as pas oublié. Je veux dire, ça fait dix ans, et tu as dû avoir des tonnes de jeunes gens avides de faire leurs preuves sous ton aile. Je n’aurai pas été vexé que ce soit le cas …

Enfin peut-être un peu de la ma part d’un de mes enseignants préférés. »

@ Invité

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Dim 28 Juin - 11:51


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Tentant de suivre comme il le pouvait les propos tous plus intéressants que les autres de Leone, Ugo ne fut pas surpris que l’esprit éclairé de Castelli soit aussi affuté que dans ses souvenirs ! Dix ans auparavant, il avait déjà été amusé par sa passion et son envie d’en découvrir toujours plus, du lever au coucher. Leone lui rappelait à la fois le médecin qu'il avait été (et heureusement, était toujours même si Ugo râlait beaucoup plus) et que la médecine avait encore de beaux jours devant elle ! Tout n'était pas perdu aux profits des actionnaires et autres géants du privé qui rachetaient les hôpitaux comme certains faisaient du shopping.

- Merci pour la proposition d’aide, je crois savoir de quel type tu parles mais par contre, les contacts au service technique, je les veux bien ! Et rencontrer le mari de ta patiente aussi, ça pourrait réellement faire avancer ma demande !

Un rire le secoua pendant quelques instants, sachant pertinemment qu’il se perdrait en voulant obtenir lui-même les bons contacts et les bons noms de ceux et celles qui pourraient l’aider dans l’avancement de ses recherches. Le directeur de l’hôpital lui avait dit qu’il l’aiderait « plus tard » mais Ugo n’avait pas de temps à perdre. Il se voyait comme une antenne de MSF, de tout ceux et toutes celles qui étaient encore sur le terrain pour aider en première ligne. Il devait progresser à bon rythme pour leur permettre de rester sur les rails. Le chirurgien avait trop souvent connu le manque de matériel pour laisser ses anciens collègues dans des situations similaires. Encore plus quand lui se trouvait à présent dans un hôpital où tout était disponible, parfois même en plusieurs exemplaires !

- Et pour info, Leone, j’ai eu beaucoup d’élèves mais tous n’étaient pas aussi passionnés et…

Il hésita quelques instants, dodelinant de la tête, la lèvre mordillée. Le dire ou ne pas le dire…

- … intéressants que toi. Y’a des rencontres et des relations qui ne s’oublient pas Castelli et tu en fais parti ! Et puis bon, tu as l’air connu comme le loup blanc ici. Je me sens comme un élève à côté de son prof ! Regarde comment ces internes te regardent au fond… Ou peut-être qu’ils me regardent moi ! Ou qu’ils comptent combien je m’envoie de petits fours depuis tout à l’heure…

Un autre rire, pour détendre l’atmosphère et éviter de rentre trop vite dans des révélations sentimentales. Oui, Ugo avait adoré être le tuteur de Leone mais plu que ça, il était heureux de le retrouver et de sentir qu’il aurait une vraie ancre au Richmond. Qu’il n’aurait pas besoin de jouer un rôle avec le chirurgien, à la différence de la plupart de ses relations.

- Aufait, c'est quoi le bar où tu veux m'amener après ?

Un autre petit four, sous les yeux ébahis des internes qui devaient réellement compter le nombre d'amuse gueule dévorés !

@ Invité

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Mer 8 Juil - 21:36
« Ok, j’arrangerai ça. Tu me donnes ton numéro de téléphone ? Pour que je t’envoie les coordonnées par SMS, et que je te tienne au courant ? »

Disant cela, Leone avait sorti son propre appareil et pianotait déjà vers l’annuaire pour enregistrer le contact d’Ugo, puisque l’ancien datait suffisamment pour que ce ne soit clairement plus le même. Les merveilles de la technologie … Souvent, l’italien ne pouvait s’empêcher de sourire en constatant à quel point tout était désormais plus facile, à portée de clic ou d’un petit tapotement du doigt sur un écran. Il était loin, le temps des appels avec le fixe, des lettres pendant les vacances … Il se souvenait de celles que Sirius lui écrivait quand il partait avec sa famille, et qui constituaient souvent une parenthèse bienvenue dans le morne calme de l’été, puisque sa grand-mère n’avait absolument pas les moyens de l’emmener quelque part. Au contraire, c’était le moment de cumuler les heures de ménage chez les particuliers qui laissaient leurs grands appartements vides mais tenaient tout de même à ce qu’ils soient entretenus, sans parler des sociétés qui refaisaient leur intérieur … Bref, elle était bien occupée, et lui devait trouver de quoi s’occuper, souvent en révisant pour l’année suivante. Et à l’adolescence, il avait à son tour pris des petits boulots, notamment en devenant serveur pour des restaurants de Little Italy, qui recrutaient des jeunes gens pour servir tous les touristes arrivant en masse à New York et désireux de visiter leur quartier si typique. Alors recevoir une lettre, c’était un grand événement, y répondre encore plus ! Quelque part, cela avait son charme, même s’il admettait volontiers qu’envoyer des SMS en permanence à ses proches, c’était nettement plus pratique. Les gens étaient désormais toujours en lien, que ce soit via leurs téléphones, les diverses applications de messagerie, les réseaux sociaux … La part d’ombre, c’était évidemment la difficulté à décrocher. Heureusement, Leone doutait qu’Ugo soit le genre d’hommes à passer son existence sur Instagram et compagnie. Foin de notifications intempestives donc ! Non pas qu’il s’imaginait déjà bombardé de messages, juste … Bon, ce serait plus facile aussi plus tard pour prendre un verre entre collègues, ou juste envoyer un bonjour de temps en temps. Maintenant que le vénézuélien était de retour à New York, cela lui ferait vraiment plaisir de reconstruire une relation, et cette fois davantage d’égal à égal, en tant que collègues, et pas avec cette barrière qui venait de la différence de statut entre un professeur et son élève.

Cependant, une chose était certaine, Leone était très flatté d’entendre autant de compliments de la part d’Ugo, notamment sur le fait qu’il l’avait autant marqué. C’était idiot mais d’une part, il n’avait pas l’impression d’être si intéressant que ça, et d’autre part compte tenu de la période qui avait suivi ce stage à l’étranger, il était heureux de constater qu’au moins un de ses enseignants l’avait apprécié. Il y en avait d’autres, bien sûr, mais … Le sujet de son internat restait particulièrement sensible, même des années après ce dernier. Il avait pu passer outre des paroles, des attitudes … Mais il n’avait pas oublié. Et honnêtement, pour beaucoup, il n’avait pas pardonné, et pensait sincèrement qu’il n’y parviendrait pas. Les humiliations lui revenaient parfois, et les visages de ceux qui en avaient profité pour lui marcher dessus, comme ceux qui avaient pensé écarter le moucheron importun … Eh bien ceux-là, désormais, curieusement, ils l’évitaient dans les couloirs, ou modérait fortement leurs conversations. Lui-même se contentait d’être strictement professionnel, pas un mot de plus ou de moins, ce qui contrastait avec son comportement ordinaire chaleureux, toujours à demander des nouvelles des conjoints, du petit dernier, du dernier match de sport vu ou joué, et caetera. Alors peut-être que cela contribuait à cette impression de popularité. Sauf qu’il n’oubliait pas qu’en premier, ce côté « connu comme le loup », il le devait au fait qu’il avait été « le séropositif » pendant des années et que chacun avait été au courant, qu’il le veuille ou non. Encore aujourd’hui, il s’en rendait compte, ce constat marquait une partie de ses relations avec ses collègues, car il lui restait ce fond d’appréhension. Cependant, il se voyait mal le dire, niveau discussion légère pour un pot d’arrivée, il y avait mieux. Alors Leone conclut qu’il valait mieux hausser les épaules comme s’il n’avait pas remarqué, et plaisanter sur la prodigieuse descente de petits fours du chirurgien :

« Oh, ils songent sans doute à prendre des actions chez la société de traiteurs, à te voir les gober de si bon appétit. En même temps, ils sont divins … »


Surpris par la question d’Ugo, un sourire malicieux lui vint alors et il répondit, un rien machiavélique :

« Qui a parlé de bar ? J’ai juste évoqué une fuite … Mais soit, puisque tu tiens absolument à me payer un verre, je ne vais pas dire non. »

Ce serait à n’en pas douter très sympathique de pouvoir échanger dans un autre cadre que celui de l’hôpital, sans leurs blouses blanches, le brouhaha et l’odeur particulière qui y régnait. Et puis, Dario ne lui avait-il pas dit qu’il devrait sortir davantage, profiter ? Voilà une excellente occasion pour se détendre, surtout qu’il n’avait rien de prévu, pour une fois. Sauf que … niveau bar … hormis celui qui se trouvait à quelques pas de l’hôpital et à l’ambiance tranquille, il connaissait … des bars gays. Ou des bars avec soirée musicale, pas le mieux pour discuter.

« Après moi les bars … passé le pub pas loin qui fait des hamburgers à tomber et où il n’y a pas grand monde … je vais peut-être pas t’emmener dans ceux avec la musique toute la soirée, c’est sympa mais on va se casser les cordes vocales pour s’entendre. Et sinon … je ne suis pas certain qu’un bar gay ça va convenir …

Le pub, du coup ? »

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Sam 18 Juil - 17:06


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Écrivant son numéro de téléphone sur le portable de Leone, Ugo se rendit compte que ça faisait un bail qu’il n’avait pas passé ce numéro à quelqu’un. habituellement, il utilisait son téléphone professionnel, celui dans lequel ses contacts de médecins sans frontière se chevauchaient aux rencontres médicales faites à droite et à gauche. Depuis son retour à New York, il avait essayé de mieux diviser ses multiples vies et avoir un portable personnel, avec les numéros de sa famille, de ses amis proches et de quelques personnes triées sur le volet était un des points important de son envie de faire mieux. Mieux pour lui, mieux pour Louisa, mieux pour être le père et l’ami qu’il voulait redevenir. Ugo ne s’était pas posé la question dans quel téléphone ranger le numéro de Leone : ça serait privé et amical, connaissant déjà bien assez l’homme sous des coutures professionnelles.

Rigolant à la remarque du chirurgien sur les petits fours et sa faim quelque peu gargantuesque, Ugo fit un pas en arrière pour éviter le reste des petits fours. Clairement, il allait devoir faire attention à son poids, sa vie d’ici serait bien moins énergivore que celle de Johannesburg ou d’autres pays ! Tournant un peu la tête vers Leone a l’évocation des bars et des pubs, Ugo eut un petit sourire en coin, amusé par la légère gêne du chirurgien.

- Qui te dit qu’un bar gay ne conviendrait pas ? Ils y servent des boissons et des trucs à manger, ça me semble être tout aussi bien que ton pub à hamburgers !

Il haussa des sourcils, un air un peu enfantin sur son visage buriné avant de reprendre, un petit four à la main (et oui, parfois la volonté d'Ugo est comme les bonnes résolutions du nouvel an).

- Je te laisse choisir mais je veux juste un endroit cool, avec un peu de musique pour danser si on en a envie et des coins tranquilles pour discuter avec un truc à manger si on préfère être au calme. Mais fais ton choix rapidement Castelli, je sens que tes collègues veulent me causer et… j’ai clairement aucune motivation à discuter de ma carrière et de mon futur après avoir dévoré la moitié du buffet.


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Jeu 23 Juil - 19:09
« Pour sa défense, ce sont d’excellents hamburgers ! »

Sauvé par son come-back facile, Leone profita du léger rire qui le prenait pour camoufler le léger coup d’œil qu’il avait envoyé à Ugo, comme s’il envisageait brutalement quelque chose, avant de se raviser. Peut-être qu’il avait menti à Dario, en fin de compte, et que la solitude lui pesait tout de même encore un peu, pour qu’il se prenne, tel un adolescent en pâmoison devant le premier sms venu et passant naturellement deux heures au téléphone avec tout un gang de meilleurs amis pour décoder la grammaire de l’objet de son affection, à trop lire dans une simple direction. Sirius n’avait jamais eu de problème à aller dans des bars LGBT avec lui – mais en soit, c’était par gentillesse, quand ils étaient plus jeunes, pour lui permettre de se sentir dans un environnement plus agréable pour lui, même s’il savait qu’il s’amusait de se voir draguer par pas mal de jolis garçons ou qu’on les prenne pour un vieux couple d’amoureux, au vu de leurs conversations. Et il en connaissait plein, des amis hétérosexuels qui suivaient volontiers le mouvement. Tout de même, le monde avait changé depuis le début des années 2000. Mais quand même, il n’avait pas pu empêcher son esprit, l’espace d’un quart de seconde, d’allumer une toute petite ampoule dans un tréfonds de sa tête, ce qui le rendait immédiatement gauche. Contrairement à certains de ses amis, il n’avait jamais aimé mélanger ses amitiés avec … autre chose. Ou alors, pas pour un désir malvenu, un feu de paille qui s’éteindrait bien vite. Alors, il prit une inspiration, pianota sur son téléphone pour envoyer discrètement quelques messages pour avoir des adresses sympathiques et quand les réponses, assorties de questions qu’il esquiva rapidement, arrivèrent, il tenta de retrouver sa bonhommie précédente, avec une relative facilitée, et déclara donc :

« Soit, même si j’accepte uniquement par égard pour ces malheureux petits fours honteusement razziés. »

Affectant de regarder son bipeur, il haussa légèrement la voix, histoire qu’on les entende :

« Oh, mince, une urgence … Il faut qu’on y aille. Venez, Docteur Rojas, je vais en profiter pour vous guider. »

Ses talents d’acteur n’étaient pas les meilleurs, mais les mines un peu déçues se vengèrent bien vite sur le buffet ainsi que sur le reste des conversations. La voie était donc libre. Sortant donc de la salle, Leone guida Ugo à travers les dédales de l’hôpital, expliquant qu’il devait récupérer ses affaires avant et se changer. Arrivé dans son bureau, à l’aile GYN/OB, il entra, enleva sa blouse et l’accrocha au porte-manteau, avant d’ouvrir les boutons de sa chemise pour la déposer ensuite sur le dossier de sa chaise et attraper un t-shirt manche trois-quarts noir sobre qui convenait mieux à une soirée décontractée, le tout passé sur l’éternel marcel qu’il portait sous ses vêtements ordinaires, habitude prise depuis les casiers des internes et les regards sur sa poitrine, et qu’il n’avait pas abandonné, se sentant finalement plus à l’aise ainsi, pouvant oublier cet aspect désormais à l’abri d’un mouvement involontaire, d’un accident … L’essentiel, c’était de se sentir bien dans sa peau, non ? Alors tant pis si parfois, il avait un peu plus chaud que les autres, si c’était le prix à payer, il y accéderait sans problème. Récupérant sa sacoche, il la passa en bandoulière avant de changer de chaussures pour prendre une paire de ville, et enfin, avec un grand sourire, il souffla :

« Voilà, maintenant, on peut passer au tien. »


Suivant à son tour Ugo, tout en l’orientant gentiment de temps en temps, il attendit sur le pas de la porte que l’homme récupère ses propres biens, histoire de lui donner un peu d’intimité, puis une fois qu’ils furent parés, le duo franchit les portes de l’hôpital et Leone le mena dans la longue litanie des transports en commun pour regagner le cœur de New York. Une fois arrivés à la bonne station, ils marchèrent dans des rues encore occupées avec le flot de personnes rentrant du travail, car il était encore une heure relativement décente. Finalement, il le mena jusqu’à la devanture d’un bar discret, avec un petit drapeau arc-en-ciel : friendly, mais rien de plus. Une fois à l’intérieur, dans une lumière légèrement tamisée sans que ce soit non plus trop suffoquant, avec une atmosphère un peu bourgeoise-bohème avec les poufs et les petites tables colorées, Leone indiqua qu’il désirait une table pour deux dans un coin tranquille, et une serveuse les mena jusqu’à un recoin proche d’une baie vitrée permettant de pouvoir faire entrer la lumière descendante du soir. Ils s’assirent donc, le chirurgien déposant sa sacoche au pied du pouf et tentant de ne pas s’y enfoncer comme une pomme de terre lâchée avec un manque d’élégance certain, ce qui échoua complètement. Une fois qu’il eut réussi à stabiliser sa position, il eut un mince sourire d’excuses avant de lâcher :

« Désolé … c’est piégeux ces engins … et bien trop confortables, on n’a ni l’envie, ni la possibilité d’en sortir !

Qu’est-ce que tu veux boire ? C’est pour moi, hein. »


Avisant la serveuse, il commanda rapidement :

« Alors, une limonade bio pour moi et … ? »

Oui, pour le coup, là-dessus, Leone n’avait pas changé d’un iota, toujours accroc à ses limonades. En même temps, quand c’est si délicieux et sans alcool, pourquoi abandonner ses bonnes habitudes ? Certes, il avait toujours l’air d’un gamin avec ses commandes, mais heureusement, la barbe démontrait si le besoin s’en faisait sentir qu’il n’était pas non plus né de la dernière pluie. Se tournant vers Ugo en attendant leur commande, il débuta donc la conversation :

« Alors, tu t’en sors dans la Grosse Pomme ? Tu es installé où ? »

Leone se demanda s’il était revenu chez sa femme, Ugo ne l’avait pas mentionnée depuis son retour mais en soit, certaines personnes n’aimaient pas parler de leur conjoint sur leur lieu de travail et séparait les amitiés professionnelles de leur vie privée, alors c’était bien normal. Mais il ne se voyait pas poser la question ainsi, par crainte de commettre un impair. Donc il avait opté pour une formulation neutre, qui permettrait au moins d’entamer leur petite réunion sur des termes moins « boulot-boulot ». Oh, il ne doutait pas que cela reviendrait sur le tapis, il se connaissait trop bien pour cela, à vrai dire. Déjà qu’il saoulait ses amis non médecins avec son travail, mais alors, un confrère … Cependant, autant profiter du changement de décor pour s’en départir un peu, quitte à mieux y revenir ?

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Lun 3 Aoû - 8:09


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Il avait suivi Leone sans se faire prier, prêt à disparaitre de cette petite sauterie qu’on lui dédiait sans que lui n’ait rien demandé. Ugo n’était pas de ces femmes et hommes qui aimaient la lumière et bien qu’il la prenait et la reflétait à merveilles, sa préférence allait vers l’ombre et à la discrétion. Sa réputation, son aura, il devait tout ça à son talent et à ses heures de travail, pas à autre chose. À ce qu’il laissait sur son passage aussi, telles que les images du Dr Rojas en pleine urgence, capable de gérer certains cas avec une facilité déconcertante. Comme si, sur lui, tout glissait sans qu’aucune épine ne s’y prenne pour que ça en devienne douloureux. Tout était faux, mais ça, seul Ugo le savait. Personne ne se doutait que dans l’intimité du chirurgien, la fatigue, l’anxiété et l’impression de ne plus rien gérer faisaient parti de son quotidien. Ugo n’avait plus confiance et pire, Ugo n’avait jamais eu réellement confiance.

Son passage au casier fut plus rapide que celui de Castelli, a qui il avait laissé un peu d’intimité. Il y laissa juste son badge en plastique et prit téléphone et clé. Sa chemise et son pantalon conviendraient parfaitement pour la soirée. Ils y furent en un claquement de doigt, l’ambiance chaleureuse et animée rendant à Ugo son sourire habituel. Oui, Ugo aimait l’ombre mais il aimait aussi la musique et la moiteur de certains lieux nocturnes. L’impression de n’être plus le même homme, de ne plus avoir à l’être en tout cas. C’était une des raisons qui lui faisait adorer les clubs et les bars. Il pouvait être lui, seulement lui, sans l'étiquette et sans la réputation.
Voir Leone s’avachir lui tira un large sourire ! Le flegme du chirurgien l’amusa autant que sa commande : une limonade, Ugo n’avait pas oublié. En réalité, il se rendait compte qu'il n'avait pas oublié grand chose du jeune Castelli. Qui n'était plus si jeune que ça à vrai dire...

- Une tequila s’il vous plait !

Prenant place dans un autre pouf mais avec un tantinet plus d’élégance - sa taille l’obligeant constamment à faire attention où et comment il s’asseyait - Ugo adressa un sourire en coin à Castelli. S’il s’en sortait dans la grosse pomme ? Pas le moins du monde !

- Je loue sur Staten, dans un quartier résidentiel mais je ne sais pas encore si je vais y rester. À voir si je trouve pas plus intéressant dans le centre même si ça m’éloigne un peu de l’hôpital !

Et peut-être se rapprocher de Louisa, à défaut de s’éloigner de son ex-épouse.

- Et je t’avoue être un peu paumé ici, la dernière fois que je me suis posé en ville plus de 2mois, c’était…. À la naissance de ma fille. Et elle a 22ans maintenant !

Un rire le secoua, sincère et surtout mal à l’aise d’avouer une telle énormité. Ugo se souvient avoir évoqué Louisa à Leone lors de son internat à ses côtés. Rapidement mais surement avec beaucoup de fierté. Les boissons arrivant, il prit la sienne et trinqua avec le verre de Leone. La tequila était sa boisson favorite, même s’il aurait aimé un contenant un peu plus large.

- C’est pour elle que je suis revenu et c’est… À vrai dire la seule raison qui m’a fait choisir New York et l’abandon de MSF. Enfin... Tu vis où toi ?

Le regard azur rivé dans celui du chirurgien, à demi-mots, il avouait être seul dans tous les cas. Que son mariage n'en était plus un et qu'il se sentait douloureusement abandonné.

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Lun 10 Aoû - 15:11
" L'avantage d'être proche de l'hôpital, c'est que tu ne risques pas de passer plusieurs jours comme moi sans voir ton sommier, et laisser le pauvre malheureux pleurer sur tes infidélités répétés pour de plantureux canapés et autres lits de salles de garde ..."

La plaisanterie était vieille comme la chirurgie, mais Leone la récitait complaisamment, compte tenu de sa capacité à ne jamais être chez lui, ou à y passer en coup de vent. Parce que, quand on finissait une garde ou une urgence à six heures du matin et qu'on était censé reprendre le service à huit heures, autant rester sur place plutôt que de perdre ces deux précieuses heures en transport. Alors que dans l'autre cas, un petit saut chez soi pour se rafraîchir, c'était toujours plus agréable. Ne serait-ce que pour le changement de vêtements, parce que parfois, les quelques effets laissés dans un bureau ou casier au cas où se tarissaient. Et l'endroit était tranquille, loin d'être désagréable, avec ses belles maisons, ses jolis jardins, ses décors dignes parfois des séries américaines typiques. Il savait qu'Alej et Nate y étaient bien, en tout cas, et que Lily adorait son petit coin de paradis, même si à son âge, tout endroit appelé maison et doté de jouets s'apparentait peu ou prou à l'île du plaisir. Et il y avait des petits coins sympathiques, près des plages, même s'il fallait connaître un peu pour les découvrir, en dehors de son célèbre bar à hamburgers !

" Ma filleule habite dans ce quartier, donc je ne le connais pas trop mal. Si jamais tu veux une petite visite ... Et ses pères sont de vieux amis, tu es à quelle adresse ? Si vous êtes voisins, je suis certain qu'ils seront ravis de t'aider à te faire ta place.

Même si je sais qu'être au coeur de la ville a aussi ses charmes."


On répétait complaisamment que chaque quartier de New York avait son identité. C'était vrai, mais en toute honnêteté, tout était encore plus marqué dans certains endroits bien déterminés. Objectivement, il savait que Little Italy n'avait pas nécessairement tant de points communs avec d'autres rues du Bronx, à quelques kilomètres seulement. Il ne savait pas encore lesquels pouvaient convenir davantage à Ugo - il avait bien quelques idées, mais parfois, quelqu'un de très actif dans sa vie appréciait une maison au calme pour se ressourcer, et inversement. Il y avait rarement des règles strictes, en la matière, et le coup de coeur pour un logis n'était pas un vain mot. Surtout s'il avait envie de renouer avec sa fille. L'espace d'un bref instant, il ne put s'empêcher de se dire que, pour un père d'une jeune fille de vingt-deux-ans, Ugo était fort bien conservé. Privilège d'être devenu parent jeune. Après tout, Esteban avait quasiment le même âge, et quand on regardait ses parents ... Bon, il était même prêt à parier que, s'ils arrivaient à se poser, une discussion sur un petit troisième pourrait arriver chez les Gardner-Paredes. Les échelles d'âge, désormais, avaient tendance à s'étirer au sein des familles, entre les aînés arrivés très - trop parfois - vite et les derniers qui symbolisaient souvent une envie tardive de continuer à agrandir la famille. Même si, en l'état, s'il avait toujours été entre deux avions, deux pays, Ugo devait d'abord avoir en tête de se poser. Le changement de rythme de vie était encore plus important que ce qu'il avait entrevu. Et manifestement, l'envie était présente, comme l'homme le lui avouait, évacuant au passage le sujet de son épouse, ce qui fit dire à Leone que, soit le sujet n'existait plus, soit il n'avait pas envie d'en parler. Dans tous les cas, il n'allait pas insister. Gentiment, il déclara :

" Effectivement, vous devez avoir du temps à rattraper. Est-ce que ... Enfin, je suis sûr que Louisa doit être heureuse de récupérer son père à temps presque plein."

Un bref instant, il avait hésité sur le prénom, mobilisant tous ses souvenirs, et Leone espérait ne pas s'être trompé, même s'il faisait plutôt confiance à sa mémoire. Continuant, il finit par répondre à la question d'Ugo :

" Toujours Bronx, Little Italy. Enfin maintenant, j'aurai les moyens de déménager, mais ... je ne me vois pas laisser ma grand-mère toute seule, et puis, comme elle ne voudra jamais aller ailleurs ... J'ai loué deux appartements dans le même immeuble, comme ça, on a chacun notre espace et elle n'est pas dépaysée."

Arracher Anna Castelli au seul endroit où elle se sentait pleinement chez elle, acceptée, où elle pouvait parler du soir au matin en italien, avec ses amies, ses habitudes ... C'était impensable. La vieille dame avait bien mérité un peu de tranquillité dans un environnement familier, et même si, en tant que tel, Leone aurait parfaitement pu déménager et, certes, obtenir une indépendance peut-être bienvenue à son âge, il lui semblait impensable de ne pas être proche de sa grand-mère, qui malgré sa pétulance ordinaire, déclinait tout de même sensiblement. Et après son cambriolage ... Non, vraiment, ce n'était pas une option. De toute manière, il ne serait pas tranquille, donc cela n'avait aucun intérêt. Et puis, in fine, il aimait lui aussi le quartier de son enfance, les voisins, les commerces divers, la rue vivant à l'heure méditerranéenne ... C'était son chez-lui, et il y tenait. Du reste ... c'était toujours sa grand-mère et lui, seuls contre le monde, en quelque sorte, alors pourquoi s'embêter à changer ?

" C'est clair que ce n'est pas optimal pour l'hôpital ... Mais la clinique du Planned Parenthood est dans le Bronx aussi, alors au moins, sur une partie des trajets, ça m'évite les détours."

Le nom ne devait pas l'étonner, déjà à l'époque de son internat, Leone y était bénévole, et même s'il avait interrompu ses efforts le temps de son séjour à l'étranger, il en avait forcément parlé. C'était, après tout, une part importante de son existence, peut-être à bien des égards davantage qu'Act-Up désormais, au sens où il s'y investissait en tant que chirurgien, et non uniquement comme bénévole malade. En un sens, il laissait la place aux plus jeunes d'un côté, qui avaient de nouvelles histoires à raconter, et aidait là où il pouvait changer des vies et qui peinait toujours autant à recruter. Même s'il restait un vieux pilier d'Act-Up, il en avait conscience, une sorte d'archive vivante aux usages multiples, qui s'exprimait autant comme témoin que comme patient actuel, et parfois comme spécialiste.

" Mais du coup ... tu as quitté définitivement MSF ? Je veux dire, j'ai bien compris que le terrain c'était fini, mais il y a encore leurs bureaux new-yorkais, et ils ont pas mal de partenariats avec des associations ... dont les miennes, en toute honnêteté. D'ailleurs, je dois rencontrer des responsables pour un projet commun avec le PP à une conférence à Atlanta, au Center for Disease Control and Prevention dans dans un mois, je ne sais pas si tu en as entendu parler ? Je fais une présentation sur l'antiobiorésistance dans le traitement de la gonorrhée chez la femme, mais je vais en profiter pour discuter avec d'autres acteurs en changeant de casquette."

Déjà, Leone s'animait, ses yeux brillant alors qu'il recommençait à parler travail et associations, trahissant déjà ses bonnes résolutions. A croire qu'il était incapable d'avoir une conversation normale sans qu'un de ces deux sujets reviennent sur le tapis. Mais en même temps, ils occupaient une part tellement importante de sa vie que ... bref, il n'arrivait pas à s'en empêcher. L'air penaud, il piqua un fard avant de marmonner ses excuses :

" Désolé, je suis incorrigible, je passe mon temps à parler boulot ... Un vrai workaholic. Même si j'essaye de me soigner, promis."

Enfin, il disait ça, mais avec la proposition qu'il avait eue de s'investir pour les élections à venir ... Oui, non. Mais il en était conscient, c'était déjà ça ? Et s'il commençait à ne parler que du beau temps, ses amis allaient se demander ce qu'il lui prenait. Après tout, Leone rimait avec toute cette passion pour la recherche, la transmission, le militantisme.

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Mar 18 Aoû - 19:59


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Ugo eut un léger sourire, touché par le fait que Leone se souvienne du prénom de Louisa. Le chirurgien était assez discret sur sa vie privée lors de ses voyages et l’évocation du prénom de sa fille n’était pas un sujet central lors de conversations avec les autres médecins. Pourtant, Leone s’en était rappelé et ça conforta Ugo dans son image qu’il avait du chirurgien : un homme bien, qui faisait toujours autant attention aux autres comme dans le passé. Les boissons arrivant, il prit une gorgée de sa tequila tout en écoutant attentivement les dires de l’italien. Il fut amusé à l’idée de le savoir toujours à Little Italy. Pas que le principe de vivre près de sa grand-mère le surprenait mais elles étaient rares, les personnes de cet univers médical à vivre dans des quartiers moins réputés que Staten, Manhattan ou même Brooklyn. Ugo avait beau vivre dans un joli pavillon, il n’aurait eu aucun soucis à préférer un deux pièces dans le Bronx ou le Queens. Mais pour Louisa, il voulait un environnement plus tranquille. Plus sain aussi. Encore des suppositions et préjugés sur des quartiers qu’il ne connaissait pas et n’entendait parler que par les informations ou les aller et venus de personnes aux urgences. Il fallait qu'il change ça.
Captivé par la façon de Leone À remettre sur la table leur travail et leur passion, le vénézuélien s’adossa à son pouf, se laissant bercer par la moiteur du lieu et la conversation dès plus intéressante. Il y avait quelque chose chez Castelli d’intriguant. L’homme avait vieilli, c’était un fait mais il avait pris en confiance. Il rayonnait. Ugo avait déjà remarqué ça tout à l’heure au pot en son honneur mais là…. Là, ça lui faisait hocher la tête de façon naturelle, embarqué par la voix au léger accent de l'italien, les yeux azurs rivés sur son visage aux réactions multiples. Dont celle de la gêne mal dissimulée en se rendant compte qu’il était encore reparti sur leur boulot.

- J’avoue que tu m’étonnes à réussir à rendre tout ça sexy sans pour autant t’en rendre compte.

Un sourire en coin, un haussement de sourcil et une seconde gorgée de tequila vint accompagner la remarque. Ugo rigolait bien entendu, mais c’était toujours amusant de faire tomber les barrières de quelqu’un. Et le chirurgien avait de sacrés prédispositions pour séduire tout en rendant la situation naturelle. Pas que c’était son but mais l’ambiance du bar, la tequila et surtout Leone Castelli qui bouillonnait de passion, c’était assez pour lui donner envie de dépasser la frontière créée par l’hôpital.

- Pour te répondre, j’ai quitté le terrain mais je suis toujours en contact avec eux. Pour le moment, je me permets de… prendre une petite pause. Les urgences d’hopitaux, c’est un peu les bahamas a côté de celles de MSF. Ça me permettra de revenir en forme et de pouvoir mêler mes recherches et projets avec l’association plus tard.

Il s’était avancé dans son siège, tournant le liquide clair qui restait dans son verre.

- Tu vas en profiter pour visiter la ville aussi ? Atlanta vaut le coup d’oeil, tu devrais prendre un jour ou deux en plus, ça te fera un simulacre de vacances ! E tu t’y rends seul ou… ?

Il avait baissé les yeux au milieu de la phrase, les remontant lentement pour le regarder en coin, le regard pétillant sous les néons rosés de la salle. Trois secondes de silence et il eut un léger rire.

- Pas que ça m'intéresse mais...

Mais si. Ugo Rojas était né avec la bougeotte. Il faudrait être stupide pour croire qu'il réussirait à rester plus de deux mois dans un même endroit.

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Sam 22 Aoû - 19:25
Leone n’était pas la personne la plus brillante quand il fallait détecter un soupçon de flirt au milieu d’une conversation. C’était probablement pour cela que la plupart des hommes qui les aimaient dans son entourage finissaient par être ses amis plutôt que ses amants : il avait tendance à les aborder comme n’importe qui, en dehors de tout rapport de séduction, simplement comme des connaissances potentielles qui pourraient amener à des relations amicales saines et franches. Et in fine, il avait conscience qu’il en éteignait rapidement le potentiel, lorsque les quelques intéressés courageux finissaient par abandonner, conscient que leurs tentatives subtiles n’étaient couronnées que par l’attention sincère mais désintéressée du chirurgien, qui ne s’imaginait pas qu’on puisse vouloir de lui de cette manière, jamais, et encore moins durant les derniers mois. Le pire ? Lorsqu’il se trouvait dans la situation inversée, tout se reproduisait à l’identique, tant il était peu doué pour une approche qui ne se comprenait pas sous l’angle strictement amical ou professionnel. Alors, généralement, il finissait soit par passer à autre chose, soit par prendre son courage à deux mains, surprendre l’intéressé par une proposition de dîner ou de rendez-vous qu’il rendait transparente en admettant d’emblée qu’il en attendait plus, sans que ce soit une obligation pour autant. Certes, cela avait le mérite d’être honnête. Néanmoins, la surprise qui accompagnait la révélation l’avait contraint à quelques moments gênants. C’était d’autant plus vrai à mesure qu’il prenait de l’âge et que les occasions de séduction se raréfiaient. Plus jeune, il y avait toujours les invitations à aller boire un verre en groupe, pour passer du temps ensemble, danser, et rêver de plus. Pour autant, il n’était pas entièrement obtus. Par conséquent, son cœur manqua un battement et sa gorgée de limonade fila du mauvais côté quand il entendit Ugo employer le mot « sexy » pour qualifier sa description enthousiaste de sa prochaine virée à Atlanta. Toussotant légèrement, il tenta de se reprendre, renonçant à cacher sa surprise et espérant que cela passerait pour le fait qu’il avait avalé de travers, plutôt que l’homme en face ne se rende compte de son trouble passager. Déjà, ce n’était pas le qualificatif le plus usité pour parler de son sujet de prédilection, et en plus … enfin, il y en avait, des termes pour complimenter son enthousiasme. Celui-là … était connoté. Clairement. Et pour la première fois de sa vie, le trentenaire coula un regard entièrement neuf sur Ugo.

Bien que la bisexualité existât, Leone admettait volontiers qu’il rangeait un peu facilement les hommes plus âgés et mariés à des femmes dans une case qualifiée aisément d’inatteignable. Présomption d’hétérosexualité, en quelque sorte. C’était idiot, certes, mais cela évitait de se faire des idées, et aussi, peut-être, de mettre mal à l’aise une génération qui avait grandie dans un contexte encore plus dur que la sienne sur cette question. Et il l’avait sans doute fait d’autant plus facilement avec le vénézuelien qu’à l’époque où il l’avait connu, il était son professeur, et lui-même était en couple. Alors, cela avait le mérite de couper court à tout fantasme possible. Et d’établir des relations saines, sans ambiguïté ni arrière-pensées. Il n’avait pas changé son système de pensée, malgré les années. Il n’aurait pas dû, d’ailleurs : certains auraient crié à l’effet Pygmalion, à l’idée d’envisager même l’espace de quelques secondes qu’il puisse y avoir quoi que ce soit de possible avec un ancien mentor. Qui plus est après si peu de temps de retrouvailles. Mais il semblait que, depuis quelques semaines, son imagination soit décidée à lui jouer des tours, à son plus dam. Aussi, pour cacher sa gêne, Leone s’en remit à l’humour, répliquant finalement :

« A ma décharge, sexy n’est pas le mot qui vient en premier à l’esprit quand on parle d’infections sexuellement transmissibles. »


Il avait envie de demander si Ugo avait pensé à toute autre chose, comme un lapsus révélateur, mais se retint, sans trop savoir pourquoi. Sans doute parce que ce n’était pas dans sa nature que d’entrer dans un jeu de séduction, aussi léger soit-il. Même si l’autre chirurgien ne lui facilitait pas la tâche, avec sa nouvelle question. Cette fois, tous les voyants s’étaient allumés au rouge dans l’esprit de Leone. Qui ne put résister plus longtemps et rétorqua, un sourire en coin visible sur son visage :

« Bien sûr, c’est la curiosité qui parle … »

E-vi-dem-ment. Le regard de l’italien démontrait, s’il y avait besoin à quel point il croyait à cette assertion, surtout au vu de la manière dont l’homme avait formulé sa requête. Cela le prenait au dépourvu, tout de même. Presque un an de désert sentimental, et voilà qu’il se retrouvait à ne plus savoir où il en était. Le hasard était généreux, à moins que ce ne soit la conséquence de son ouverture récente à la possibilité de renouer avec une vie amoureuse qui lui faisait soudainement apparaître des possibilités qu’il ne voyait pas avant, ou qui ne se faisaient pas connaître par peur de l’indisposer ? Il n’en savait rien. Et honnêtement, une part de lui s’en moquait. Là, à cet instant, il avait juste envie de profiter de cet amusement soudain, de mettre son cerveau en pause trente secondes, pour être uniquement un homme, dans un bar, qui avait l’impression qu’un autre lui faisait des avances et qui en était mi-flatté, mi-amusé.

« Pour répondre à ta question, j’y vais avec une collègue qui fera aussi une présentation. Donc je serai accompagné professionnellement, mais certainement pas pour passer mon temps libre. »

Le faire, ne pas le faire ? Leone mordit sa lèvre inférieure, cherchant un peu de courage, n’en trouvant qu’un reliquat dans sa limonade.

« Si jamais parcourir Atlanta t’intéresse … j’ai beaucoup de jours de congés à poser. »

En sa compagnie, évidemment.

« D’habitude je reste à l’hôtel et j’enchaîne les conférences, alors je n’ai rien contre faire un peu de tourisme.

Contrairement à d’aucun, je ne suis pas un grand voyageur. Sauf si voyager à travers la nourriture compte, dans ce cas, je suis un fin globe-trotter … »

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Dim 30 Aoû - 11:57


You got a fast car
I want a ticket to anywhere
Maybe we make a deal
Maybe together we can get somewhere
feat @Leone Castelli


Ça l’amusait, cette situation entre eux deux. Pas amuser dans le sens moqueur, plus dans celui de l'excitation, celle que provoquait ce jeu qu’il avait envie d’installer et qui semblait plaire à Leone. Jamais Ugo n’avait pensé à lui de cette façon à l’époque de leur rencontre et du stage du jeune homme mais maintenant… Avec les années, les quelques ridules au coin de ses yeux et sa confiance, Leone Castelli faisait une entrée fracassante dans le genre d'hommes qui plaisait à Ugo Rojas. Et ce, malgré le peu de relation que ce dernier avait eu. Et même sans aller jusqu’à là, s’amuser un peu, ça lui plaisait. Se taquiner, se charmer comme des adolescents qui ne sauraient certainement plus trop quoi faire si le coup de coeur se révélait plus puissant.

- Beaucoup de jours de congés à prendre ? C’est surprenant pour un chirurgien !

Il rigola, sachant pertinemment que le terme vacances accolé à la profession de médecin était inhabituel. C’était difficile pour tous et toutes dans ce milieu, de prendre des congés malgré les jours qui s’accumulaient. Ugo en savait quelque chose. Malgré ses voyages, il était très peu souvent en vacances, incapable de s’arrêter de travailler ou d’offrir ses mains à MSF à l’époque. Eux avaient toujours besoin de profil comme le sien, surtout en cette période dès plus sombre pour de nombreux pays. Mais peut-être qu’il pourrait se permettre quelques jours de repos, en bonne compagnie.
Reprenant une gorgée de sa boisson, le regard rivé sur la piste de danse à droite de Leone, il tenta d’être le plus détendu possible quand il reprit la parole.

- Après, rester à l’hôtel ne me dérange pas non plus…  

Il abusait, en avait entièrement conscience mais c’était galvanisant, de se mettre dans cette situation après des mois, voir des années, sans vraiment être dans la séduction. La dernière fois, ça avait été si rapide qu’il n'avait même pas eu le temps de connaitre le nom de famille de l'homme en question, qu'il s'était échoué entre ses draps. Pas le temps, pas envie non plus de trop discuter, plus un besoin terrible de se sentir aimé quelques heures simplement. Ce n'était pas le style d'Ugo habituellement mais parfois, le corps avait des envies, l'esprit d'autres et ça matchait plus ou moins.

- Tu ne danses toujours pas ?  

Il était déjà debout, se rappelant que l’italien n’avait pas dansé lors de la petite fête organisée à la fin du stage de plusieurs internes. Un détail pour certain, mais un élément important aux yeux d’Ugo qui lui, adorait ça. Le verre but cul sec, il le posa sur la table avant de tendre la main à Leone, espérant qu'il l'attrape. Erreur ou pas, il s'en fichait car il ne s'était pas senti aussi vivant depuis des années.

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Lun 12 Oct - 18:16
Leone avait conscience que l’atmosphère avait changé, qu’il n’était plus cet élève gentil et ce mentor attentionné, et pas non plus uniquement deux collègues en pleines retrouvailles au milieu d’une discussion professionnelle animée. Il n’avait pas pensé à cela, sincèrement, et ne savait pas exactement comment répondre, s’il devait continuer, pousser, s’il y avait la possibilité pour que … Mais, comme presque toujours, le destin allait choisir, et prendre la forme de son téléphone qui vibrait dans sa poche, de plus en plus fort, le rappelant à ses devoirs, ou plutôt, à ceux qu’il s’était imposé. Il y avait la main tendue d’Ugo devant lui, un chemin à prendre, une invitation tentante. Et il y avait, aussi, son démon intérieur, celui qui, même alors qu’il n’était pas de garde, qu’il aurait dû ne pas regarder, ne pas décrocher, l’enjoignait à le faire. Irrécupérable et incorrigible, il avait conscience d’être idiot. Il ne tenait qu’à lui de se lever, d’accepter, de continuer sur cette voie dont il ignorait tout mais qu’il aurait pris tant de plaisir à emprunter, il en était certain. C’était un mauvais choix. Il en avait conscience. Il était idiot. Mais déjà, sa main plongeant dans les tréfonds de son pantalon, et en ressortait l’objet honni. Ses yeux balayaient l’écran, et une grimace colora ses traits. Il regarda le bar, l’animation, et le messager maudit. Il se détestait pour ce qu’il allait faire, parce qu’il avait conscience que ce n’était pas aisé, de se découvrir, d’être aussi naturel qu’Ugo venait de l’être avec lui. Peut-être aussi qu’une pointe de regret plus personnel pinçait son cœur à ce moment-là, bien conscient qu’il empruntait une route qui le ramènerait dans son habituel tourbillon de travail en plus et de services que personne ne lui repaierait jamais. Il était ainsi. On ne le changerait pas. Son pire défaut se révélait encore au grand jour. L’espace d’un instant, il imagina tout ce qui aurait pu se produire, s’il avait pris cette main, s’il était allé danser, s’il avait décidé de penser à lui, de vivre l’instant présent comme le traumatologue y arrivait. C’était une succession de beaux tableaux futurs. Il avait envie de se lever. A la place, il lui offrir un sourire désolé et déclara :

« Non, toujours pas. A un autre moment … oui. Mais j’ai une urgence au Planning. Il y a … une mineure qui est arrivée de Pennsylvanie, elle n’a pas de quoi rester la nuit. Il faut … enfin, il faut que quelqu’un la prenne en charge.

Je dois y aller. »


Cherchant dans ses poches de quoi payer les consommations, Leone mit les billets sur la table – ainsi qu’un généreux pourboire et rassembla ses affaires, conscient qu’il avait l’air de fuir, mal à l’aise d’être aussi faible, de ne pas laisser le problème à quelqu’un d’autre, pour une fois. Gêné aussi de laisser ainsi Ugo seul, alors qu’il l’avait emmené là précisément pour lui changer les idées, pour se reconnecter. Piètre sauveteur, incapable de se sauver lui-même ! Tant pis. Affichant un gentil sourire tout de même, il conclut :

« Je suis désolé, je me rattraperai un autre jour, et cette fois, je prendrai toutes mes précautions pour que personne ne nous dérange !

On se voit aux urgences ! »


Leone s’engouffra dans le soir new yorkais, particulièrement clément en cette saison, pour avaler le bitume de ses longues jambes afin d’entamer sa longue transhumance vers le Bronx et la clinique. Et tandis qu’il marchait, un sentiment d’immense solitude le saisit, au milieu de cette foule qui ne se tarissait pas. Au moins avait-il ses amis, se dit-il en envoyant quelques messages à Sirius pour occuper son trajet, le sourire que ses plaisanteries faisait naître chez lui effaçant les regrets qui s’étaient insinué aussi sûrement que les nuages qui couvraient lentement le soleil et noyait la chaleur de ses derniers feux dans un amas de gris. Ce n’en était pas moins poétique. Juste différent. Et avec le temps, il avait appris à aimer ce temps changeant. Sans doute parviendrait-il à faire de même pour d’autres choses.

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