Lorsque Jasmin a commencé ses projets de déménager à New-York, elle a assez vite compris qu’elle n’y serait pas totalement seule. Un hasard, vraiment, bien qu’heureux pour la brune qui a besoin d’une vie sociale active pour s’empêcher de déprimer. Se faire des amis n’est pas forcément chose aisée, dans une ville aussi énorme, et quand Jasmin a appris que son amie Samia s’y trouvait aussi, elle a poussé un soupir de soulagement. Avoir une personne bienveillante avec qui il n’est pas obligatoire de tout recommencer à zéro est une bénédiction pour la brune. Cependant, entre la recherche d’appartement, de travail et de Dexter, deux mois sont bientôt passés et elle n’a pas encore trouvé le temps de rattraper le temps perdu avec Samia.

Alors, aujourd’hui, Jaz s’oblige à prendre du temps pour elle. À souffler un peu. Elle pousse la porte du Starbucks dans lequel elle a donné rendez-vous à son amie et commande un grand caramel frappé pour contrer la chaleur de l’été. Samia n’est pas encore là, alors Jasmin s’installe non loin de la porte d’entrée afin que son amie ne la cherche pas trop longtemps. Elle pianote quelques minutes sur son portable et sirote son frappuccino lorsqu’en levant la tête, elle aperçoit son amie qui fait la file. Elle l’accueille d’un grand sourire : « Samia ! Ca fait si longtemps ! »

Un carton après l’autre, un placard après l’autre, Samia sent qu’elle en voit bientôt le bout. Plus d’un mois après avoir emménagé. Elle ne saurait même pas dire si c’est plutôt rapide ou plutôt lent. Il faut dire qu’elle n’a jamais eu à gérer un tel déménagement. Quand elle avait quitté New York, c’était sa mère qui s’était occupée du plus gros. Et elle, elle avait mis plusieurs mois avant de vraiment déballer ses affaires. Pour se sentir chez elle, ça avait pris encore plus de temps. Puis, quand elle avait déménagé, c’était pour rester à San Francisco, alors elle n’avait jamais eu besoin de tout emballer, puis déballer. Il n’empêche qu’elle est fière de voir que les choses avancent bien. Elle va être heureuse ici. Ils vont être heureux. Et à cette pensée, elle pose une main sur son ventre, avant d’envoyer un message à Nash, pour lui proposer qu’ils se retrouvent ce soir. Comme elle sera déjà dans le Queens, ils pourraient se rejoindre. D’ailleurs, il est temps qu’elle parte, pour retrouver Jasmin.
Le trajet en ferry se fait sans encombre. Elle s’y habitue plutôt bien, et en profite régulièrement pour dessiner ce qui l’inspire ou ce qu’elle voit. Le métro est moins bucolique, mais on s’y fait aussi. Surtout quand la destination s’annonce très bonne. Non pas parce qu’elle meurt d’envie de boire un thé de chez Starbucks – elle y préfère le café, mais elle n’y a pas le droit pour l’instant. Mais parce qu’elle y retrouve une amie qui lui est chère. Arrivée dans le café, elle se met directement dans la file, avant de voir que Jasmin est déjà assise. Elle lui offre un grand sourire, auquel Samia répond bien volontiers. Comme il n’y a personne derrière elle, elle vient voir son amie pour l’enlacer. « Trop longtemps ! On ne dirait pas qu’on habite la même ville ! » Mais même à San Francisco, il n’était pas rare qu’elles ne se voient pas pendant un long moment. Après tout, Jaz a une vie bien remplie, et Samia était sans arrêt dans un coin différent de la planète. Maintenant, la vie de Samia est plus calme. « Je reviens dans une minute. Enfin peut-être un peu plus ! » Elle pose son sac sur la chaise face à Jasmin, ne garde que son porte-monnaie et retourne dans la file d’attente. Quelques personnes plus tard, elle revient avec un thé glacé à la mangue et un cookie gigantesque. « Comment tu vas alors ? » Demande-t-elle en s’asseyant, et en cassant presque aussitôt un morceau du gâteau pour le manger.

Samia et Jasmin n’ont jamais été des amies de proximité. Avec son boulot, Samia était souvent partie, et Jaz avait parfois peu de temps à accorder à des visites de courtoisie. Pourtant, à chaque nouvelle retrouvaille, les deux jeunes femmes se comportaient comme si elles s’étaient vues la veille. Il va donc de soi qu’aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. Cependant, Jaz espère qu’elles pourront profiter de New-York pour tenter de passer plus de temps ensemble. Après tout, c’est une nouvelle vie pour elle, elle ne connait personne et son train de vie à la librairie est bien différent que lorsqu’elle était agente d’artistes. Elles ont plus de temps pour elles.

« Prends ton temps ! » Après avoir enlacé son amie, la brune retourne s’asseoir en attendant que Samia revienne avec sa commande. Comment va-t-elle ? Et bien, il y aurait beaucoup de choses à dire. Elle va mieux, en tout cas elle le pense. Il y a encore beaucoup de choses qu’elles n’a pas réglées, mais plus rien d’insurmontable depuis qu’elle a repris contact avec Dexter et qu’elle a reçu des réponses à ses questions. Honnêtement, elle répond : « Bien mieux que depuis mes derniers mois à San Francisco, je dois bien l’avouer. Et j’ai trouvé du travail ici, donc je pense que ça va aller de mieux en mieux ! » Jasmin sourit à son amie. Ça lui fait du bien de la voir. « Mais toi alors, comment vas-tu ? Raconte moi tout ! »

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Comme à chaque fois, Samia est heureuse de retrouver Jasmin. Elles ont l’habitude de ne pas forcément se voir trop souvent, mais maintenant que Samia a une vie plus posée, sans voyages à tout va, et qu’elles habitent dans la même ville, peut-être que ça pourrait changer. En tout cas, Samia l’espère, parce qu’elles se sont toujours très bien entendues. Alors forcément, la voir aujourd’hui lui fait plaisir, d’autant plus que ce qu’elle commande dans le café lui fait très envie. D’une pierre, deux coups. Elle revient s’assoir avec Jaz, et l’interroge aussitôt sur les dernières nouvelles. Elle sait que les derniers mois n’ont pas été très faciles pour elle, alors Samia est contente de l’entendre dire que ça va mieux. Peu importe ce qu’on traverse, le temps aide toujours. Et cela, Samia l’applique à sa situation aussi. « C’est une super nouvelle, ça. Je suis contente de l’apprendre. Tu vas travailler où alors ? » Si elle a trouvé un travail, c’est que son installation est définitive. Encore une bonne nouvelle. Samia n’a pas encore complètement retrouvé ses marques à New York. Après dix ans, c’est sans doute normal. Alors avoir une amie qu’elle connait de San Francisco, c’est forcément un avantage. « Tout va bien. Enfin j’ai beaucoup de choses à gérer entre les cartons et les rendez-vous pour bébé… heureusement que je ne travaille plus pour l’instant. Même si ça me manque un peu parfois, donc j’ai rejoint une association dans le Bronx, dans laquelle je fais quelques ateliers bénévolement. » Ce n’est peut-être pas un travail, mais au moins, ça lui fait quelques sorties fixes par semaine, ce dont elle a besoin. « Et Nash a beaucoup de travail, avec le changement de côte, mais ça devrait bientôt se calmer. Enfin je n’ai pas à me plaindre. » Parfois, elle hésite à le faire, justement. Avec Jaz, elle pourrait sans doute. Lui parler de l’infidélité de son fiancé, dire ce qu’elle en pense et à quel point ça la tracasse parfois. Mais elle préfère faire comme d’habitude, et ne rien dire pour faire comme si le problème n’existait pas. Parce qu’il finira par s’arranger, forcément.

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