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So I guess I've got this thing now (Shiara)

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Mar 11 Aoû - 9:55
So I guess I've got this thing now
feat @Kiara Nowinski



Tout son corps est endolori et il affichera un hématome qu'elle va devoir cacher pendant un moment - elle en est persuadée. Ses muscles lui font un peu mal et elle est prête à se laisser aller à une profonde somnolence, allongée sur le canapé du salon, une poche de glace sur la pommette gauche alors qu'elle repense à ce coup : « je croyais que tu ressentais rien ? » avait dit son partenaire de boxe après lui avoir adressé un crochet, assez fort pour qu’il ne soit pas accidentel. Peut-être était-ce mérité, peut-être qu’elle n’aurait pas dû coucher avec sa copine… Etait-ce assez douloureux pour que ça lui serve de leçon ? Sans doute que non. Recommencerait-elle si elle avait daigné envisager toutes les conséquences ? Probablement.

Son colocataire est en vacances quelque part sur la côte ouest, et l’idée de se retrouver seule dans ce moment la réconforte. Au même moment - ou presque - la porte s’ouvre et elle s’apprête à manifester son mécontentement en gémissant exagérément. Ce n’est pas son colocataire. C’est Cole. C'est Cole avec Kiara, et le visage de Shea se décompose irrévocablement. Elle n’est pas surprise de sa propre réaction, ce qu’elle n'a pas envisagé, c’est la sensation de replonger en adolescence, incapable de résister à son appel, ou à l’idée qu’elle vient illuminer sa journée. Shea se relève alors complètement de son état léthargique, bien trop consciente qu'il est hors de question de les laisser la voir dans cet état. Elle avise la situation quelques secondes. En pivotant, Shea ne remarque pas immédiatement qu’elle est toujours un peu déconcertée par la présence de Kiara, puis offre un regard interrogateur à son frère. « Tu devais pas aller répéter ou… peu importe ce que tu fais de tes journées ? » Elle gesticule nerveusement, découvre un peu malencontreusement le bleu qu’elle porte honteusement sur sa joue. « Tu t’es battue ? » demande Cole, alternant entre l'hilarité et la consternation. Shea se renfrogne, explique son mauvais coup à la boxe, omet les détails gênants. Elle n’entend pas ce qu’il lui répond parce qu'il est déjà en direction de la salle de bain mais il lui semble comprendre qu’il est sur le point de repartir. Dernier coup d’oeil vers Kiara : elle se tient toujours au même endroit, et Shea trouve qu’il fait beaucoup trop chaud tout à coup. « Salut... » Shea reste un moment en face d’elle. Pourquoi faut-il que Kiara soit aussi belle, et qu’elle n’arrive pas à la regarder plus de deux secondes ? C’est moins que le temps qu’elle met avant de pouvoir enfin effacer son sourire et afficher un visage plus neutre. « Tu peux rester, si tu veux. On peut jouer aux cartes. » Jouer. Aux. Cartes. « Ou bien regarder un film, boire et dire du mal de mon frère. » « J’ai entendu ! » fait-il depuis l'autre pièce.

Shea lève un sourcil inquisiteur vers ces yeux noirs et dans lesquels apparaissent, en fonction de la lumière, des nuances ambrées qui lui ont jusque là échappées. Elle lui paraît encore plus sublime à faible distance, que la regarder est presque impossible, que c’est comme voir le fantôme de quelqu’un de rêvé et d’halluciné. C’est la raison pour laquelle elle préfère revenir sur ses pas et se rasseoir sur le canapé, ouvrant méticuleusement le tube d'une pommade pour les ecchymoses. En appliquant la crème, Shea observe Kiara à travers ses cils. Leurs regards se croisent et un moment de flottement survient où Shea oublie d’étaler la crème. Peut-être même de respirer. « Bon j’y vais. » annonce Cole, et Shea, elle, n’écoute déjà plus le reste. Elle ne comprends pas pourquoi son coeur bat si fort. Elle met sur le compte de la chaleur et de la fatigue la sensation dans le bas de son ventre. Elle chasse rapidement l'idée de se retrouver seule avec elle alors qu’elle s’adosse entièrement sur le canapé. Elle l’épuise. Elle l’épuise et la redore d’une énergie nouvelle. Bientôt, elle réalise qu’elle n’a pas dormi depuis vingt-quatre heures, qu'elle a probablement tout intérêt à se retrouver seule, et néanmoins, qu’elle n'a plus qu'une envie : que Kiara reste. « Je vois pas trop ce que je fais... tu m'aides ? » Ben voyons.

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Mar 11 Aoû - 15:09
So I guess I've got this thing now

« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Bouteille de bière entre les mains, Kiara est silencieuse. Ce n’est pas rare, Cole le sait, mais il voit bien que l’effet voulu de la soirée ne s’est pas manifesté. À la place d’un sourire sur les lèvres, elle arbore une mine fermée et des sourcils froncés. Ça ne lui ressemble pas. Elle sait qu’il sait. Elle sait qu’il sait parce que c’est l’une des premières choses qu’elle lui a dit le jour où ils se sont retrouvés. Elle sait qu’il sait parce qu’elle lui a demandé de ne rien dire à personne. La pitié dans le regard des autres, elle n’en veut pas. Ce discours réchauffé du si tu as besoin de quoi que ce soit, elle ne veut plus l’entendre. Alors ce soir elle a cherché un lieu, un bar où la musique est forte et une compagnie qui ne va pas chercher à poser mille questions auxquelles elle ne veut pas répondre. Elle pensait avoir besoin de se changer les idées, il semblerait qu’elle se soit plantée.

Bouteille tenue entre deux doigts, elle finit le fond de bière qu’il lui reste avant de désigner la sortie de la tête et Cole est le premier debout. En le suivant, elle sait qu’il va la ramener chez lui et elle hésite déjà à monter. Elle hésite à le suivre pour la suite de la soirée. Hésite à rentrer chez elle, peut-être aller courir pour essayer d’oublier la date. À force d’hésiter, il est trop tard. Ils sont en bas de l’immeuble et Cole ne lui laisse pas le choix lorsqu’il ouvre la porte. « Tu sais quoi ? Je vais… » « Tais-toi et monte. » Regard surpris, mais amusé, Kiara lui adresse un salut militaire avant de monter. Pour la première fois de la soirée, elle se laisse rire. Un rire qui résonne dans les couloirs avant de disparaître, net, lorsque Cole ouvre la porte de l’appartement et la nervosité revient. Shea est là. Bien sûr que Shea est là. Dans toute sa splendeur. Visiblement perturbée, sûrement par le bleu qu’elle porte au visage et alors qu’elle se justifie, Kiara se rapproche imperceptiblement de Cole, comme pour lui dire de ne pas la laisser…. seule. Il est déjà loin.

Sourire presque forcé en place, elle n’ose pas de réponse verbale lorsque Shea lui adresse enfin la parole. Elle préfère la saluer d’une main tandis que son regard se pose sur tout sauf sur elle. Il fait chaud. Elle est belle – encore plus avec le merveilleux bleu naissant sur sa joue. Et Kiara est désespérément homo. Mais Shea est Shea et Kiara peut être d’une humeur maussade, un rire saura toujours naître au creux de sa gorge devant les conneries que Cavendish peut sortir. Toujours sans ouvrir la bouche, elle lève un sourcil. Un vraiment ? audible sans même qu’il soit épelé. Jouer aux cartes ? Regarder un film ? « C’est ta nouvelle définition du sexe ? » Elle murmure enfin pour ne pas être entendue de Cole. Elle se laisse enfin aller, ose planter son regard dans celui d’une Shea qui se défile et un sourire satisfait se meut enfin sur ses lèvres.

Elle a toujours un poids sur ses épaules, Kiara, la fatalité de la date qui plombe son moral et lui donne envie de se saucissonner sous la couette devant Coronation Street. Mais la vision de Shea qui s’essaie à la subtilité est presque trop attachante pour qu’elle laisse l’anniversaire lui gâcher quelques instants volés. Elle a la gorge sèche et les yeux collés aux lèvres de Shea lorsque Cole annonce son départ et Kiara est obligée de se reprendre. Lèvres pincées innocemment comme si elle avait été prise la main dans le sac. « Cole ! » Elle appelle avant qu’il ne ferme la porte. La main sur son poignet, elle lui murmure un merci, malgré l’échec de la soirée. Il hausse les épaules dans un sourire innocent en toute réponse et l’inspiration qu’elle ose prendre en revenant près du canapé manque de l’étouffer devant la nouvelle attaque de Shea. Elle n’aura donc aucun répit ce soir.

Les mains soudainement moites, elle prend place sur la table basse pour faire face à l’objet de tous ses désirs inavoués. Sans jamais la quitter du regard, elle s’empare de la crème. « Les miroirs existent, tu sais. » Elle murmure, le visage à quelques centimètres de celui de Shea. Masochisme ? Peut-être. Elle n’ose pas bouger, par peur de gestes trop brusques. N’ose même plus respirer. Et cela risque de poser problème si ça continue. « Dis-moi si je te fais mal. » Le plus doucement possible, elle passe ses doigts sur sa joue dans ce qu’elle veut être une caresse. Peut-être, elle dit bien peut-être que l’envie de l’embrasser se fait plus vive à force d’être si proche. Ce n’est pas la première fois qu’elle a l’occasion de la voir de si près, mais c’est la première fois qu’elle se laisse réellement le faire. Elle devrait arrêter.

Toujours dans l’optique de ne pas lui faire mal, elle laisse sa main tomber doucement avant de se relever. « Maintenant que ton frère est parti, c’est quoi la vraie version ? » Mauvais coup à la boxe, sûrement. Mais le manque cruel de détails ne lui a pas échappé. Tube de crème rebouché et lâché nonchalamment sur le canapé, elle disparaît dans la cuisine en tendant l’oreille pour entendre la réponse officielle, quitte à devoir réinsister. Pas besoin de chercher longtemps dans la cuisine pour trouver un pack de glace qu’elle entoure d’un torchon. Le retour dans le salon est rapide, si rapide qu’elle se laisse encore surprendre par la présence, pourtant naturelle, de Shea toujours sur le canapé. Il va lui falloir trouver une solution pour arrêter ces palpitations. « 20 minutes. » Elle impose fermement, la main tendue pour lui donner la glace.
(c) DΛNDELION

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Mar 11 Aoû - 16:14
So I guess I've got this thing now
@Kiara Nowinski


Shea voit bien que Kiara n’est pas à l’aise, alors elle essaie comme elle peut avec son humour maladroit et son narcissisme à toute épreuve de détendre l'atmosphère en espérant secrètement réussir à la convaincre de rester. Elle lui présente plusieurs options, ça ne prend pas. Elle récolte plutôt une remarque brillante et qui la laisse pantoise : lèvres entrouvertes - sous le choc, car même si ça n’en demeure pas moins vrai elle ignorait que c’était ainsi que Kiara qualifiait leur relation -, le coeur palpitant, les papillons dans le ventre, un manque de répartie affligeant, et surtout, l’envie soudaine de l’emmener dans sa chambre. Elle décide alors de prendre un air mutin, qui veut exactement dire : je vois pas du tout de quoi tu veux parler, tandis qu’elle s’étouffe avec sa fierté en direction du canapé.

Kiara s’assoit sur la table basse et non à ses côtés : premier échec. Il subsiste quelque chose de familier de quand elles se sont connues il y a très longtemps, songe Shea, comme Kiara se tient face à elle, mais la différence tient à la maturation de son corps et de son visage. Elle ne l’avait d’abord pas reconnue, tant sa physionomie lui était devenue étrangère, 15 ans après. Mise en exergue par sa robe, son maquillage et ses jambes interminables. Là encore, elle occupe l’espace avec assurance, élance dans la pièce son corps, l’affinage de son visage. Pour dissiper le silence qui pèse le temps que Kiara reprenne la parole, Shea s’avance un peu sur le rebord du canapé pour lui offrir un de ses sourires indéfectibles. « Peut-être que j’avais juste pas envie de m’en mettre plein les mains… » Non. Ce qu’elle veut vraiment dire c’est : peut-être que j’avais envie d’avoir tes mains sur moi. A chaque fois qu’elle la touche ou la frôle, un courant électrique la traverse. De ceux qui sont addictifs, et elle en veut encore, et plus à chaque fois. « Tu peux y aller. » souffle-t-elle, portée par la sensation. Pas de douleur en vue.

Trop tôt, le contact se brise et Kiara disparaît, sans que Shea puisse comprendre les raisons motivant cet élan. La présence de sa cadette soulève son besoin d’abdiquer face à ses questions : « J’ai brisé un couple, si on veut. En quelque sorte. » Son regard se relève vers elle quand elle revient et elle plonge ses yeux brillants dans les siens : « Tu vas me faire la morale ? » Et si son ton est sérieux, elle ne peut s’empêcher d'esquisser un demi sourire entendu. Kiara a cet air sévère, comme un animal blessé, et incroyablement belle, et Shea se demande à quel moment elle est passée d’une réserve étrange à l’envie de lui sauter dessus en l’espace d’une seconde. Et soudain, elle se sent de nouveau adolescente, incapable de résister à l’appel d’un baiser, alors elle communique de la seule façon qu’elle sache faire, et si elle est tout sauf subtile, elle n’essaie pas de l’être non plus : « 20 minutes ? J’en n'ai pas besoin autant. » annonce-t-elle alors soudainement en délaissant la poche de glace pour attraper sa main et l'attirer vers elle sur le canapé.

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Mer 12 Aoû - 0:11
So I guess I've got this thing now

« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Pas de répit ce soir. Kiara peut arrêter d’espérer. Comme à son habitude, Shea n’a de sage que l’apparence et là encore, le doute est permis. Elle a envie de tomber dans son piège, de jouer, de renchérir. Depuis que leur amitié a commencé à déraper, c’est tout ce dont elle a envie de toute façon. Voir Shea balbutier, ravaler sa fierté et repartir dans le sens inverse, la queue entre les jambes, il n’y a rien de plus amusant et de plus attachant à ses yeux. Mais c’est dangereux de penser de cette manière lorsque c’est de Shea qu’elle parle. C’est dangereux de penser à Shea tout court. Pour un nouveau départ à New York, sans complication, sans pression, c’est raté. D’un simple dérapage est né tout un tas de questions que Kiara ne veut pas se poser. Est-ce lâche de sa part de ne vouloir que vivre ? Sans les drames et les aléas de la vie et le bordel des émotions ? De s’arrêter une seconde, d’arrêter de réfléchir aux conséquences et à l’avenir et à tout ce qui pourrait se passer et de vivre ? Comment faire quand cette envie ne devient que plus forte en présence de la personne qu’elle cherche à fuir ? Quand cette même personne réveille en elle ce qu’elle n’avait jusque-là que peu expérimenté ? Une nervosité digne d’une ado incapable d’aligner deux mots à son crush. Une excitation digne d’une gamine de cinq ans à qui l’on vient de promettre une montagne de bonbons. Une euphorie digne d’un saut en parachute. Que faire, si ce n’est craquer ?

Il n’y a aucun mal, en vérité, à laisser les dérapages continuer. Shea ne lui a jamais promis quoi que ce soit. Il ne s’agit que de nuits isolées, sans pression, sans arrière-pensée. C’est vivre, exactement comme elle le souhaite. Et pourtant, de sa position, sa main sur sa joue, c’est se compliquer la vie. C’est mettre les pieds sur une mine prête à exploser au moindre mouvement. C’est un risque qu’elle n’est pas sûre d’avoir envie de prendre. Pas alors que Shea n’offre rien pour la rassurer. Mais comment résister à ce charme insupportable ? À ce regard empli de sous-entendus et de mystères ? À cet humour dévastateur ? Dans la tension qui les sépare, alors qu’elle caresse l’ecchymose, ou la joue elle ne sait pas trop, elle n’ose pas rire. N’ose pas de réactions trop brusques malgré la réassurance de Shea. Elle se laisse sourire malgré tout. Et dans un ton suggestif qu’elle n’arrive pas à retenir, elle s’accorde une réaction. Une seule. « C’est toi qui dit ça ? » Un sourcil levé pour appuyer le sous-entendu, elle passe pourtant très vite à autre chose. Elle marche sur le fil, elle en a conscience et elle ne sait pas si elle pourrait résister si Shea finit par le couper.

Debout, elle s’impose par son physique et son aura qu’elle veut intimidante. Le pack de glace commence à lui geler les mains, mais elle ne répond pas à la provocation. Pourquoi faire la morale ? Elle a depuis longtemps appris à choisir ses batailles. Difficile de raisonner quelqu’un qui ne veut pas écouter. Et Shea ne veut pas écouter. Ou, si elle écoute, elle oublie bien vite. Et Kiara n’a pas la force, ce soir, de se battre contre un mur. Elle est à peu près persuadée que ce coup ne suffirait même pas à l’arrêter. Ses épaules s’affaissent un instant. Une petite seconde et elle secoue la tête en guise de réponse. Un sourire étire les lèvres de Shea avant que la prochaine attaque n’arrive et Kiara n’a pas le temps de se préparer. Main saisie soudainement, elle parvient juste à temps à se tenir au canapé pour ne pas s’effondrer, tête la première, sur une Shea déterminée. Sourire aguicheur en place, Kiara en profite pour s’installer à califourchon sur ses genoux et alors que de sa main gauche elle vient jouer avec les cheveux de Shea, sa main droite se saisit de la glace qu’elle pose sans aucun avertissement sur sa joue. « 20 minutes. » Et s’il lui fallait tenir cette position pendant 20 minutes, elle le ferait. Elle est mannequin, elle a l’habitude des positions de merde. (Celle-ci est loin d’en être une.)

« Il va falloir que tu m’expliques comment tu arrives à te mettre dans ce genre de situation. » Dans son accès de jalousie dissimulé par une fausse curiosité, elle ne se rend pas compte que son accent, qu’elle essaie de dissimuler le plus possible depuis son arrivée, se fait plus fort. Dans cette nouvelle proximité, pire que la précédente, elle ne se rend pas compte non plus que son cœur s’est élancé dans une course dont lui seul connaît le rythme. « Un jour, ce ne sera pas un mauvais coup, ce sera un passage à tabac. Tu le sais ça ? » Et peut-être, peut-être qu’il y a une pointe d’inquiétude dans sa voix. Mais une amie à le droit de s’inquiéter. Et elles sont amies aux dernières nouvelles, non ? « Et ce n’est pas une leçon de morale, FYI. Mais j’ai pas particulièrement envie que Cole m’appelle un jour pour me dire que tu es à l’hôpital, ou pire. » Sa mine s’assombrit à l’idée. Difficile souvenir de l’appel de Kazia, dix mois auparavant. Souvenir qu’elle n’a pas envie de revivre, étrangement.
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Mer 12 Aoû - 13:47
So I guess I've got this thing now
@Kiara Nowinski


Shea ne manque jamais l'occasion de célébrer une victoire, et une Kiara qui s’installe en toute impunité sur ses genoux, c'en est une belle. Elle se sent confiante - voire carrément dominante - pour la première depuis longtemps, et en règne sur cette personnalité qu’elle a forgé et qui a marqué au fer rouge sa vie entière. Et ce soir, si l'envie la prend, elle va embrasser Kiara, après plusieurs jours sans la voir. Elle ne sait pas qu'elle trouve toujours quelqu'un pour lui ressembler, pour la voir là où elle n’est pas, et à la fin, on ne sait plus vraiment de qui elle a envie. Mais elle ne sait pas non plus que Kiara l’empêche de voir autre chose que Kiara. Shea ne voit personne d'autre lorsqu’elle les croisent dans la rue et qu’elles n’ont pas la chance de lui ressembler, et même celles-là, elles ne sont finalement jamais assez belles, jamais assez grandes, jamais assez gracieuse.  

Le sourire espiègle de Shea se mue en une moue boudeuse qu'elle parvint difficilement à refréner et aussitôt elle lève le visage vers Kiaira pour anéantir cette sensation désagréable au contact de la glace. Confrontant leurs regards, Shea perçoit que, au-delà des commentaires entendus de Kiara et de ses reproches, quelque chose d'autre parle, différente de cette ambiguïté qu'elles se témoignent d'habitude. Saisie par cet échange, elle pose une main sur sa cuisse, fait mine de s'intéresser à ce qui ressemble de plus en plus à un sermon sur ses choix et leurs conséquences. Elle lève les yeux au ciel parce qu'elle a envie de lui rétorquer qu'elle est loin d'être la seule fautive, que ce genre de situation se décide à deux. Elle retrouve alors un visage insolite et emprunte soudainement l’accent américain avant d'enchaîner de façon totalement dérisoire : « Excuse-moi, j’ai du mal à me concentrer avec cet accent aussi sexy dans mes oreilles. » Mais c'est la mine qu'affiche Kiara qui la pousse à retrouver presque aussi rapidement un semblant de sérieux. « You should see the other guy ! » Un semblant, donc.  

Il y a très peu d’espace dans la position qu’elles tiennent actuellement, et Shea réalise que le visage de Kiara est très proche du sien. Elle le sait parce que même en l’observant discrètement, elle voit que Kiara a le visage crispé, que ses poumons respirent bizarrement parce que sa poitrine se soulève à intervalles irrégulières. Et ses lèvres sont très, très proches. Comment se fait-il qu’elle n’ait jamais remarqué la forme de ses lèvres auparavant ? Sans doute qu’à cet instant elle devrait arrêter de se concentrer sur ses lèvres, alors elle s’interrompt, et : « Tu es vraiment très belle... ». C’est dit innocemment, vraiment, mais maintenant qu’elle a coupé court à ses réflexions, elle s’autorise à penser à autre chose. Des images qu’elle ferait sans doute mieux de chasser. Elle replace une mèche des cheveux de Kiara derrière son oreille. Elle trouve ce geste ridicule parce qu’elle-même déambule encore depuis ce matin avec des cheveux de sortie de lit, et elle se souvient avoir pensé quelques instants plus tôt que si Kiara n'était pas à proprement parler parfaite, en certaines occasions elle devait être époustouflante. Shea hausse des épaules, sa façon de lui dire qu'elle est désolée, sans doute, et glisse ses doigts sur la joue de Kiara, puis sur ses clavicules, et enfin dans sa nuque pour l'attirer à ses lèvres.

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Mer 12 Aoû - 18:53
So I guess I've got this thing now

« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
« Shea. » Seul avertissement qu’elle s’autorise avant de passer aux choses sérieuses. Malgré la bonne humeur qu’elle lui apporte, Kiara n’est toujours pas d’humeur pour les petits jeux qui semblent lui passer par la tête à la moindre occasion. Pire qu’un mec qui n’a touché aucune fille depuis deux jours, Shea est insatiable. Elle le sait. Et une partie d’elle-même à envie de noyer son humeur maussade dans l’alcool et le sexe, mais ce serait mettre un pansement à la place de points de suture. Ce serait se changer les idées temporairement pour que l’anniversaire se rappelle à elle brutalement dès les festivités terminées. Et si elle est masochiste dans certaines circonstances Kiara, elle ne l’est pas à ce point. Pas alors qu’elle est dans un appartement qui n’est pas le sien. Pas alors que c’est sur les genoux de Shea qu’elle est perchée. Et dans le jeu qu’elles jouent depuis quelque temps, les émotions n’ont pas leur place. Alors elle avertit, en sachant pertinemment qu’elle ne serait pas écoutée. Parce que Shea est Shea et son prénom résonne dans sa boîte crânienne, l’enivre presque autant que l’odeur de son parfum, l’hypnotise presque autant que ses lèvres.

Les doigts dans ses cheveux, sur sa joue, sur sa nuque font monter une vague de désir si difficile à contrôler et, désarmée elle se laisse guider dans un baiser qui offre une fin de soirée qu’il lui paraît compliquer de refuser. Baiser familier. Séducteur. Agressif. C’est facile de craquer. Facile de se mettre à la place de toutes les filles qui sont tombées dans le piège. Facile de comprendre pourquoi même les filles prises se laissent aller. Charme dévastateur. Humour désarmant. Confiance à toute épreuve. Et outre le corps de rêve, c’est le regard qui fait tout. Le regard et l’acharnement. Le besoin clair, net et précis d’avoir ce qu’elle veut. Et existe-t-il meilleure sensation que de se savoir et se sentir désirée ? Kiara n’en est pas sûre. Anisha. Skye. Shea. Les trois seules à n’avoir jamais su franchir le pas de sa porte plus d’une fois. Le point commun ? Cette lueur dans le regard qui l’attire comme un aimant et sait la faire brûler d’envie d’en savoir plus. C’est dangereux. Encore plus aujourd’hui, où ses émotions jouent au yoyo et ne lui laissent aucun répit.  

Elle peine à s’écarter, mais se redresse malgré tout. Main fermement posée sur la poitrine de Shea pour l’empêcher de tenter quoi que ce soit d’autre, Kiara se mord la lèvre comme pour prolonger la sensation. « Pas ce soir. » Elle murmure enfin, sa propre poitrine soulevée à un rythme soutenu parce que son corps s’éveille sous les sensations procurées par cette proximité physique qui s’éternise. Son accent toujours prononcé, elle ne se rend pas compte qu’elle mâche ses mots. Et si Shea recommence avec son flirt, elle ne donne pas cher de l’état dans lequel elles se retrouveront par la suite. Dans un geste presque gracieux, elle quitte les genoux confortables pour reprendre position sur ses pieds. À nouveau elle s’impose de son physique dans l’espoir de communiquer, correctement cette fois, qu’elle n’est pas d’humeur. « God I need a drink. Dis-moi que tu as quelque chose de fort. » Une deuxième fois elle disparaît dans la cuisine. À moitié pour s’éloigner et reprendre ses esprits, à moitié pour fouiller dans les placards. Whiskey, Gin, Rhum, elle s’en fiche tant que ça brûle sur son passage. Peut-être que ça lui permettrait de respecter ce que sa tête lui dit depuis le début de la journée : évite les conneries. Et Shea en est une.

« T’as déjà … » Pause. Elle passe la tête pour pouvoir la voir, pour pouvoir se faire entendre. « T’as déjà sauté en parachute ? » La question sort de nulle part, mais l’idée la titille depuis quelque temps. « Ou à l’élastique ? » Celle-là aussi. Besoin de ressentir autre chose que la solitude écrasante qui lui pèse sur la poitrine depuis dix mois. Besoin de sentir l’adrénaline courir dans ses veines. Besoin de hurler pour une raison logique et cacher celle qu’elle dissimule à tout le monde. Son regard se perd un peu. Les yeux posés sur Shea, elle ne la regarde pas vraiment. Une seconde. Deux. Avant de se rappeler qu’elle était partie pour récupérer un verre. Dans un demi-sursaut, elle cligne des yeux. « Tu veux un truc ? »
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Mer 12 Aoû - 21:06
So I guess I've got this thing now
@Kiara Nowinski


« Oui ? » C’est à peine plus un murmure, et en rétrospective, elle s’en souviendra plus comme un gémissement de supplice. De manière générale, elle ne sait pas trop ce qu’elle fait, et elle espere que Kiara ressent au moins la moitié que ce que Shea avait ressenti la dernière fois, quand les rôles étaient inversés. Ce qu’elle sait c’est qu’elle va s’approcher de Kiara, ou plutôt, l’attirer vers elle. Elle est à deux centimètres d’elle. Elle peut sentir son souffle sur elle. Elle pourrait l’embrasser, ou elle pourrait jouer. Et Shea adore jouer. Mais elle aime encore plus l’embrasser, comme à cet instant précis. Comme la première fois que Kiara avait embrassé Shea, et qu’elles étaient saoules. Mais quand ses lèvres s'étaient rapprochées, il n’y avait plus une goutte d’alcool dans son sang ; elle avait tout ressenti : ses doigts entortillés dans l'ourlet de son pantalon, la maintenant en place, comme si elle était capable de s’évaporer. Son autre main dans son cou et dans ses cheveux, au bord de la combustion. Quand elle s'était entendue soupirer contre sa bouche, ses yeux s’étaient ouverts instantanément et elle voyait la plus belle femme qu’elle n'ait jamais vue lui offrir un demi-sourire. Une combustion. C’est ce qu’elle est. Capable de lui tenir chaud ou de la détruire complètement.

Shea pousse ensuite un autre gémissement, plaintif cette fois, au moment où Kiara se détache d'elle, puis un lourd soupir chargé de frustration quand elle se relève. Et la combustion disparaît, et tout à coup elle à froid. Alors qu’avec n’importe quelle autre elle n’aurait pas hésité une seconde à quitter l’appartement - le sien - sans demander son reste, elle ne peut se résoudre à baisser les bras devant Kiara. Elle se demande alors à quel moment cette fille dont elle ne connaissait rien à l’école est devenue son unique obsession.

Shea se relève à son tour et avant qu’elle ne le comprenne, elle est là, près de l'îlot de la cuisine, adossée contre le comptoir, les bras croisés, à la regarder - non, à l’observer. Elle aurait mille et une réparties avec lesquelles elle pourrait répondre, pousser le flirt jusqu’à son paroxysme, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une caricature d’elle-même. Et pourtant, elle ne sait pas quoi faire de l’information que Kiara lui a fourni : pas ce soir. Et, avec tout le sérieux du monde, elle se le répète comme un mantra, comme si ça allait l’aider à revenir aux règles qu’elle s’était fixée qui exposaient clairement que personne n’avait le droit de coucher avec elle à plus de trois reprises. Exception faite de Kiara désormais. Et plus d’une fois. Sans préavis, son irruption dans sa vie a chamboulé jusqu’à l’idée qu’elle se faisait d’elle même. « Non, j’ai jamais sauté en parachute, ni à l’élastique, pourquoi tu me demandes ça ? » Puis, Shea est derrière elle. Elle ne sait pas qu’elle va la toucher avant même qu’elle ne le fasse : elle pose une main sur sa hanche et lui embrasse l’épaule. Un baiser timide, accompagné d’un : « Un verre de vin, merci. » Et son geste est trop tendre et ça l'embête parce qu'elle sait qu’il est temps pour elle de se reculer mais elle ne bouge pas. Elle voudrait juste rapprocher son visage du sien une nouvelle fois. Elle s’attend à une réaction, à une rebuffade, alors elle recule jusqu’au mur opposé. « T’as déjà sauté en parachute toi ? »

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Jeu 13 Aoû - 16:16
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« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
La familiarité de la situation ne lui échappe pas. Elle bouge et fouille comme si elle vivait ici. Comme si le canapé était encore son lit. Comme si elle n’avait jamais trouvé d’appartement pour vivre loin des dangers et des pièges dissimulés dans une seule et même personne. Et le fait que Shea la laisse faire n’aide pas Kiara à calmer son imagination. Elle pourrait s’y voir. Si elle fermait les yeux, laissait ses sens s’évader, elle pourrait imaginer une vie à deux, les réveils matinaux, les repas à préparer ensemble, à se tourner autour habilement pour éviter de se rentrer dedans, mais toujours garder l’autre à portée de main pour un toucher innocent, les nuits agitées, les rires, les pleurs, les disputes. Elle pourrait le voir, si elle se laissait faire. Mais elle ne peut pas. Pas tant que Shea reste Shea. Indisponible. Incapable de s’avouer quoi que ce soit. Incapable de gérer une seule bribe d’émotion. Elle se demande parfois, comment elle a pu faire pour commencer à tomber amoureuse de la seule personne profondément inapte à l’amour. Commencer, parce qu’elle s’empêche de tomber plus bas. Se retient au bord du précipice pour ne pas sauter. Terrible envie d’y aller, de tout risquer. Peur absolue de ne rencontrer que terre et boue et douleur. C’est grisant, de tomber amoureux. Mais il n’y a rien de mieux pour se briser en mille morceaux à l’impact. Et Kiara sait que pour l’heure, c’est la seule chose qui l’attend.

C’est peut-être pour cette raison qu’elle a suivi Cole jusqu’ici. Peut-être pour ça qu’elle est restée, alors qu’elle a envie de fuir. Peut-être parce qu’elle espère encore trouver du réconfort auprès de la seule personne qu’elle désire, la seule qu’elle ait autant désirée. Peut-être qu’inconsciemment, même sans en parler, le réconfort est là. Elle n’a pas envie de se poser la question. Admettre ses sentiments naissants est déjà un trop gros pas pour oser aller plus loin. Et pourtant, lorsqu’elle sent la main de Shea sur sa hanche, puis ses lèvres sur son épaule elle n’a qu’une envie ; fermer les yeux, se coller à elle et profiter de l’instant. Son cœur repart de plus belle tandis que ses muscles se détendent, mais Shea part trop vite et Kiara est obligée de ravaler sa déception en silence. C’est elle qui a décidé d’interdire tout rapprochement pour la soirée. Que Shea le respecte sans partir en claquant la porte est déjà un exploit auquel elle ne s’attendait pas.

Concentrée sur ses verres et ses bouteilles, Kiara secoue la tête en guise de réponse négative. Le verre de vin rempli, elle s’approche furtivement pour le lui donner. Elle profite de la proximité pour inspecter rapidement la joue de Shea, moue légère sur les lèvres, elle ne peut s’empêcher d’ajouter « Ca va gonfler. »  Lorsqu’elle relève les yeux vers ceux qui la dévorent incessamment du regard, elle se concentre à nouveau. « Une de mes… » Elle hésite brièvement sur le terme à employer « Ouais, ex, je peux l’appeler comme ça, me l’a proposé avant que je quitte Londres. » Peut-être qu’elle fait exprès d’utiliser le mot ‘ex’ comme si cela allait éveiller quoi que ce soit chez Shea. L’espoir. Kiara le déteste parfois. « J’ai refusé. » Elle continue en retournant à l’îlot pour se servir son verre de whiskey. Un doigt. Pour l’avaler cul sec et laisse la brûlure dans son gosier la ramener sur terre. Puis elle se sert à nouveau, un plus grand verre qu’elle tâchera de déguster ce coup-ci.

« Mais je regrette un peu. Ça te tenterait ? » Regard curieux, voire même emplit d’une lueur qu’elle veut pleine de défi. « Toi qui aimes t’envoyer en l’air, ce serait parfait, non ? » Elle s’assoit confortablement sur l’îlot, son sourire taquin sur les lèvres. Elle a envie d’attirer Shea à elle, de la coincer entre ses jambes et de l’embrasser jusqu’à ce qu’aucune des deux ne puisse plus répondre de rien. Elle a envie de lui dire ce qui lui pèse sur la poitrine. Mais l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus de sa tête l’effraie bien plus qu’elle ne souhaiterait l’admettre. Alors en toute logique, c’est au moment où la peur est à son paroxysme qu’elle se lance. « J’ai un truc à te dire. » Ce n’est qu’un souffle qu’elle dirge vers le sol, mais il parfaitement audible. « On a jamais vraiment parlé de Kazia depuis qu’on se voit plus ou moins fréquemment. Du coup je sais pas trop… tu lui parles encore ? » Plus de retour en arrière possible.
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Jeu 13 Aoû - 20:46
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@Kiara Nowinski


« Merci. » Elle se saisit de son vin et ne le lâche plus. Elle tapote nerveusement le bout de ses doigts contre le pied du verre, le regard rivé sur le sol, puis sur la cafetière, le frigidaire, puis tout autour, et partout. Partout sauf sur le visage de Kiara qui se rapproche. Shea se souvient qu'il lui est autrefois arrivé pour la première fois, à un très jeune âge – mais quand ? – qu'une situation semblable, ait éveillé en elle une sensation similaire, ayant parcouru son corps d'un frisson, donné vie à sa chair. Elle avait alors eu le sentiment fugace d'éprouver pleinement l’instant et, au travers de lui, la certitude d'être en vie. Mais sitôt qu'elle avait cru tenir cette émotion, l'avoir saisie à pleines mains, elle avait été confrontée à des réprimandes. Depuis, elle fuyait. Elle fuyait, et sans doute que ses relations aussi la fuyaient. « Tu veux dire que je vais être défigurée parce que je savais pas qu’elle avait un copain ? Bon peut-être que je savais mais c’est... c'est pas... » Elle s'interrompt dans sa tirade et prend une profonde inspiration. Elle ne le sait pas mais c’est surtout la proximité de Kiara qui lui a coupé le souffle. C’est aussi surtout la perspective qu’elle la voit dans cet état qui la démoralise, et elle s’en fatigue. Déjà, Kiara la quitte.

Froncement de sourcil, qui pourrait vouloir dire : d’accord, et pourquoi tu me dis ça ? mais qui se prémunit surtout du fait qu’elle s’attarde davantage sur le mot ex que le saut en parachute lui-même. C’est peut-être l’alcool qui lui brûle la gorge, mais elle s’imagine qu’elle n’aurait pas subi cette sensation si elle n’avait pas proposé à Kiara de rester. Et elle aime encore mieux avoir à affronter ses parents une seconde fois que de supporter cette situation, et qui lui donne ce sentiment étrange et nouveau qu’elle suppose être la jalousie. Shea a l’air de ne pas savoir si elle est agacée ou surprise par cette découverte, mais elle est distraite par sa question. Elle lui offre un demi-sourire parce qu’elle n’est pas certaine de l’attitude à adopter et qu’elle est bien trop perturbée par les sous-entendus de Kiara. Elle aurait pu lui dire : si ce que tu veux c'est t'envoyer en l'air on n’a même pas besoin de quitter cette pièce, mais elle s’en voudrait d’être aussi prévisible alors elle se tait. « Tu veux m’emmener sauter en parachute ? » Quelle phrase tout à fait insolite sortie de son contexte. Haussement d’épaule qu’elle veut détaché tandis qu’elle décide de ne pas faire attention à ce que ça impliquerait de voir Kiara plus souvent, en dehors de ce qu’elles partagent dans un lit, ou contre un mur, une porte, à même le sol, ou sur un comptoir. Le même comptoir où Kiara s’assoit, complètement indifférente à ce qui se déroule dans le cerveau de Shea. Elle relève soudainement les yeux vers elle, avant que le rouge ne lui monte aux joues. « Quoi ? Ah euh... non j’ai pas vraiment gardé contact avec Londres, à part quelques textos de temps en temps. Pourquoi ? »

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Jeu 13 Aoû - 23:54
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« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Kiara ne répond pas à la question. Se contente de fixer Shea avec un sourire lourd de sous-entendus. Elle veut l’emmener sauter en parachute. Elle veut la faire tomber, comme elle est en train de tomber. Dans tous les sens du terme. Elle veut lui faire découvrir des sensations qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Elle veut partager des expériences aussi fortes que l’attirance qui se lie entre elles au fur et à mesure de leurs sexcapades. Elle veut tout. Et c’est ça le plus effrayant. Elle ne peut pas le dire. Ce serait mettre un coup de pied dans la fourmilière. Ce serait s’assurer un désastre. Alors elle est obligée d’y aller lentement. De prendre son temps. Et d’accepter, en attendant, toute la frustration qui vient avec Shea.

Elle veut tout et elle veut rien. Elle veut le silence et elle veut que ce silence soit rompu par des gémissements gutturaux, instinctifs, primaux. Elle veut que Shea reste loin et elle veut que Shea se blottisse contre elle. Cherche le contact. Désespérément. Elle veut ignorer le poids sur ses épaules qui se fait de plus en plus insistant à mesure que les secondes défilent et que le pourquoi s’éternise. Elle veut que les souvenirs s’éteignent et que les voix se taisent.

Pour la première fois de la journée, elle s’apprête à en parler volontairement. Et elle ne sait pas ce qui pourrait sortir. Elle ne sait pas si l’amertume prendra le dessus, ou le regret. La colère, ou la tristesse. À quelle étape du deuil en est-elle ? Elle ne saurait même pas le dire. Il fait encore mal. C’est tout ce qu’elle sait. Tout ce qu’elle est capable de savoir sans aide extérieure. Pour la première fois en dix mois, elle va le dire. S’ouvrir sur le sujet. Et à une personne qui ne veut certainement pas le savoir, en prime. Pour la première fois, elle ne sait pas sur quel pied danser. Ni quelle douce folie l’a éprise pour se dire que c’était le bon moment, la bonne soirée, pour avouer ce qu’elle cache depuis un moment.

Regard posé sur le sol, elle inspecte chaque trace, chaque tâche, chaque séparation clairement visible entre les lames. Elle se mord les lèvres, comme à chaque fois qu’elle est nerveuse. Elle se triture l’esprit, comme à chaque fois qu’elle ne sait pas quoi dire ni comment le dire, mais qu’elle doit tout de même le dire. C’est une impulsion soudaine qui la pousse à relever la tête pour regarder Shea et elle ouvre la bouche pour parler, mais aucun son ne sort.

Depuis le jour fatidique, elle ne dit rien, parce qu’elle n’a rien de bon à dire. Et la culpabilité la ronge à petit feu. Elle n’a rien à se reprocher. Alyssa a beau le lui répéter à chaque fois que le sujet est abordé dangereusement, Kiara n’y croit pas, sans vraiment savoir pourquoi. Parce qu’elle est une fille indigne. Parce qu’elle n’a pas su écouter leurs conseils, leurs désirs pour sa vie. Parce qu’elle n’a pas su les rendre aussi fiers qu’ils ont pu l’être de Kazia. Parce qu’elle n’a jamais eu la relation avec eux qu’elle aurait aimé avoir, il était une fois. Parce que les raisons défilent les unes après les autres et la douleur lui écrase les poumons. Si bien qu’elle se croirait presque au bord des larmes. Si bien qu’elle baisse à nouveau la tête vers le sol.

Les doigts agrippés à l’îlot comme elle pourrait s’accrocher à une bouée de sauvetage, au bord d’une falaise, à tout objet capable de la sauver de la vague émotionnelle dont elle n’arrive pas à se défaire et qui risque de la noyer à tout moment, elle lâche enfin la bombe après une éternité de silence. « Mes parents sont morts. » C’est fait. C’est annoncé. C’est comme arracher un pansement. Brutal. Douloureux sur le moment, mais ça passe. Ça passe. Et c’est de soulagement qu’elle soupire avant de relever la tête une bonne fois pour toute.

« En novembre. Accident de voiture. » C’est l’étendu des détails qu’elle connaît. Le reste, elle a refusé de laisser Kazia lui dire. Elle n’a pas besoin de savoir. Ça ne les ramènera pas à la vie. « Et je sais pas pourquoi je te le dis, c’est pas si important en vrai. » Ca l’est. Putain, ça l’est, parce qu’elle a encore parfois l’impression que ce n’est plus sa vie qu’elle est en train de vivre, mais celle d’une autre Kiara. Elle a encore l’impression d’être spectatrice malheureuse d’un drame interminable. Elle a encore du mal à y croire. « C’est l’anniversaire de mon père aujourd’hui. » Et c’est le feu d’artifice dans sa poitrine. Le soulagement de reconnaître la date et l’événement à voix haute. La folle douleur de l’absence. L’amère rancœur de toutes ces années passées à se forcer à lui souhaiter, parce qu’elle se fichait de lui comme d’une guigne. Et le vide effrayant qui se saisit d’elle, parce que c’est une partie d’elle-même qui n’existe plus. Qui gît six pieds sous terre, de l’autre côté de l’Atlantique. Elle pourrait en pleurer de ce vide, mais elle sait où elle est. Elle sait qui est en face d’elle. Et malgré la tempête perceptible dans son regard, elle ne laisse rien passer. Pas les larmes. Pas la boule au ventre. Rien. L’alcool aide, se dit-elle en menant le verre à sa bouche. L’alcool aide beaucoup.
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Ven 14 Aoû - 11:26
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@Kiara Nowinski


Elle observe Kiara se mordre les lèvres, s’éterniser sur un sujet qu’elle semble vouloir aborder, et ça n’amuse plus du tout Shea. Sans surprise, elle ne sait pas comment interpréter cette information, mais Kiara a l’air blessée et ça lui coute de la voir comme ça, alors elle ravale la frustration de son désir inassouvi et de ne pas savoir comment s’y prendre. Elle baisse le visage vers son vin, les doigts toujours cramponnés à son verre. Et elle regarde le liquide danser, longtemps. Immobile. Un moucheron saute sur l’occasion de se poser sur la surface, et elle le scrute, glisser d’abord, puis se débattre, et enfin se noyer. Elle ne sait pas combien de temps elle reste campée là, statique et stoïque. Elle est perplexe, parce que même si elle n’est pas experte en matière d’émotions, elle est certaine que ce n’est pas la façon dont la plupart des gens réagissent en annonçant la mort de ses parents, qui plus est à vingt trois ans. Elle a de vagues souvenirs d’eux, et de ses moments passés chez elle avec Kazia, de voir Kiara, plus jeune, que sa soeur qualifiait de toujours dans leurs pattes. Elle ne sait pas ce qu’elle doit lui dire, ou faire. Elle contemple une seconde l’idée d’avaler son verre et prendre la porte sans se retourner. Qu’est-ce que Kiara attend d’elle ? Et si le fait qu’elle attende quoi que ce soit pourrait l’agacer, elle ne peut se résoudre à lui en vouloir.

Elle a l’impression d’être une pagaille sans précédent. Mais elle se félicite, parce que de toutes les absurdités qu’elle peut faire et dire, elle choisit plutôt de se rapprocher d’elle, avançant à tâtons. Elle reste un instant postée devant elle. Alors elle pose une main sur sa cuisse, repose son verre de l'autre, incertaine de la marche à suivre. Elle l’attire plutôt vers elle pour l’étreindre. C’est quelque chose qu’elle n’a jamais fait, en dehors des nuits passées ensemble et c’est encore plus intime que toutes les postures qu’elles ont pu adopter, et elle a envie de l’embrasser, pas uniquement pour se rappeler du goût de ses lèvres, mais parce qu’à la serrer de la sorte contre elle, elle serait capable de la désirer bien plus que pour son corps. L’incertitude s’infiltre en elle, brûle son visage et transforme radicalement sa constance. Les mots ne fonctionnent pas pour elle, ou bien Shea ne prononce pas les bons. Elle a l’impression qu’elle va la perdre, comme un animal enfermé dans une cage, dans les prochaines secondes, alors la seule chose qu’elle peut faire c’est : « Je vais t’embrasser, d’accord ? »

Stop. Elle glisse une main dans sa nuque, l’attire à elle. Presque trop tendrement. Puis, l’une d’entre elle se recule, prend le temps d’observer l’autre. Peut-être que c’est Shea, elle ne sait plus très bien. Elle l’embrasse de nouveau, et cette fois plus fermement et approximativement, avec maladresse. Ses doigts se glissent dans ses cheveux et elle soupire à la sensation, comme délivrée, comme si elle n’en revenait pas d’avoir attendu aussi longtemps. Sa langue est chaude contre la sienne et elle s’agrippe à ses vêtements pour l’attirer contre elle, elle en veut toujours plus, mais le moment est sans doute mal choisi. C’est saisissant à quel point elle se perd aussi facilement en elle. Peut-être qu’elle est tout ce dont elle a besoin. Elle embrasse ses joues, sa mâchoire, son cou, elle voudrait le faire régulièrement, pas juste cette fois-ci, pas juste pour la réconforter, mais parce qu’elle a envie d’elle, et parce qu’elle a l’impression qu’elle seule pourrait lui fait oublier tout le reste, et qu’elle seule pourrait être importante, parce qu’elle seule la fait trembler. Elle se détache enfin pour l'observer, envisage de lui demander si ça a contribué à lui remonter le moral, mais prend plutôt une profonde inspiration et : « Je savais pas. Tu veux un massage ? Ou bien je peux te faire à manger, ou on continue de boire et... et... bref, j'ai un pot de glace aussi... si tu veux... au congélateur. » Elle déglutit, gesticule nerveusement, ne se demande pas ce qui a changé dans sa vie pour qu'elle se mette à bafouiller de la sorte, elle le sait. « Comment va Kazia ? »

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Ven 14 Aoû - 15:48
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« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
L’alcool brûle tout sur son passage. Son œsophage, sa nervosité, les émotions qui menacent d’exploser. C’est la première fois qu’elle se sent aussi calme en abordant le sujet. La première fois qu’elle attend une réaction. La première fois qu’elle retient son souffle, parce qu’elle ne sait pas à quoi s’attendre. C’est peut-être ça qui la rend plus curieuse que nerveuse. Funambule sur son fil, elle n’ose pas de mouvement trop brusque par peur d’effrayer le chat sauvage qui lui fait face. Elle n’ose plus respirer. Plus parler. Il n’y a plus rien à dire de toute façon. Shea ne sait pas, Shea n’a eu que le point de vue extérieur, le point de vue de Kazia, sur sa vie de famille. Shea ne sait pas à quel point Kiara les exècre tous. Elle ne sait pas et tant qu’elle ne posera pas la question, elle ne le saura pas. Parce qu’elle n’a jamais eu besoin d’en parler. Parce que si elle leur en veut, elle a toujours su les remplacer. Parce qu’elle a su se construire sans eux et qu’ils n’ont plus d’importance. Et la culpabilité ronge un peu plus vite, un peu plus fort. Il paraît qu’on est obligé d’aimer sa famille. Et elle, elle se sent coupable parce qu’elle les déteste. Parce qu’elle aurait aimé les aimer. Anisha l’aurait déjà frappée six fois, si elle avait été là. Mais Kiara a suffisamment anticipé pour ne répondre à aucun appel, aucun texto. Ses notifications WhatsApp doivent avoir dépassé la centaine, elle en est sûre, mais elle s’en préoccupera lorsque la date changera sur le calendrier.

L’alcool brûle tout autant que le regard de Shea qu’elle n’arrive plus à lire. Tout autant que sa main sur sa cuisse. Elle inspire, hésitante, presque timide alors que Shea la tire vers elle dans une étreinte dans laquelle elle s’effondre. Pas de larme, pas de soubresaut, pas de hoquet. Rien que son corps qui lâche la tension, la peur de la voir partir, fuir, l’abandonner. Elle se laisse glisser pour retomber sur ses pieds, pour serrer ses bras autour de sa taille et elle ferme les yeux. C’est tendre et incompréhensible et ça ne ressemble pas à Shea. Et quand sa main glisse dans sa nuque, Kiara ne peut qu’acquiescer, les yeux déjà fermés. Le cœur déjà prêt.  Elle pourrait s’y croire. Avec cette Shea qu’elle ne reconnaît pas dans ses attentions et dans son calme, elle pourrait s’y croire. Elle se sent partir pourtant, alors que la vague de désir s’empare d’elle rapidement, violemment. Elle sent ses mains prêtes à caresser, déshabiller ce corps qu’elle veut plus que tout, mais il s’éloigne en même temps que les lèvres et elle est obligée d’ouvrir les yeux, déconcertée. Désorientée.

Il n’y a qu’elle pour lui faire oublier. Pour apporter le réconfort qu’elle cherche depuis le début, sans qu’elle ne fasse aucune demande. Simple fait énoncé, loin du deuil qui aime frapper aux moments les plus inopportuns, loin des émotions qui effraient Shea. Et pourtant c’est Shea elle-même qui pose sur elle ses mains salvatrices. Un baume au cœur qui la surprend et fait jaillir l’espoir qu’elle veut enfermer dans un placard. Un sourire presque moqueur se creuse sur ses lèvres, un sourcil se lève et elle est obligée de se mordre la langue pour ne rien dire de trop compromettant. Tout ça pour que son visage se lisse l’instant d’après. La frustration monte et elle est obligée de déglutir pour ne pas devenir acerbe. C’est donc l’amertume qui pointe le bout de son nez en premier.

« J’en sais rien. » Elle hausse les épaules. Elle en sait rien et elle n’a pas particulièrement envie de le savoir. Kazia pourrait avoir changé de numéro de téléphone que Kiara ne serait même pas au courant. Dans quelle partie du monde est-elle ? Londres, toujours ? Paris ? Varsovie ? Elle s’en fiche. Elle ne l’a pas revue depuis avril et elle s’en porte très bien. « Je sais même pas où elle vit, alors son état... » Le désintérêt se lit sur son visage, elle le sait et elle s’en fout. Encore une fois, elle se demande comment Shea et Kazia ont pu être amies. Encore une fois, elle tait la question. Et parce qu’elle n’a pas envie de s’attarder sur le sujet de sa sœur, elle se force à sourire à nouveau. « J’ai besoin d’alcool, d’une pizza et d’un strip-tease, Cavendish. Puisque c’est si gentiment proposé. » Sous l’impulsion, elle l’attire contre elle, sa main dans le bas de son dos pour l’embrasser. C’est rapide et taquin et elle ne peut s’empêcher de mordre la lèvre de Shea en s’écartant. Impulsif et grisant, tout ce qu’elle aime.
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Ven 14 Aoû - 18:34
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@Kiara Nowinski


Pas un tressaillement chez Kiara. Une attitude aussi plate et détachée que l’annonce était violente. Shea se sépare de son moucheron avant de finir son verre et de le remplir. Le vin a allumé une petite flamme en elle. Elle est très légèrement engourdie, pas ivre : la sensation lui semble infiniment plus agréable que l’ivresse ; elle n’arrive pas à se souvenir que l’alcool ait jamais été aussi bon. Shea fronce toujours les sourcils, sans daigner lui accorder le moindre regard. Et comme si son comportement ne suffisait pas à l'abasourdir, Kiara l’attire à elle, et elle en manque de renverser son verre. Elle va refuser. Elle envisage même de la repousser, mais elle ne le fait pas. Elle lui rend son baiser. Un peu plus passionnément qu’elle ne l’aurait souhaité. Parce que quelle que soit cette chose entre elles, elles se gardaient bien d’en parler quand le désir avait été assouvi. Elle met cette facilité qu’a Kiara aujourd'hui de lui faire du rentre-dedans et d’évoquer leur ambiguïté sur le compte du deuil. Peut-être que c’est sa façon à elle de gérer, qu'elle décide. Alors elle va refuser. Et elle allait refuser, avant que Kiara ne s’écarte, et comme ses regards lascifs l'ont bouleversée, elle lui mord la lèvre.

Indécise, Shea ne peut s’empêcher de reculer d’un pas, le regard clairement hagard, avant de poser son verre sur le comptoir pour faire un pas en avant, lui saisir le col et l’attirer contre elle, sans mesurer sa force - ou les effets de l’alcool - parce que son propre dos percute le bord du comptoir et qu’elle se hisse quasiment dessus. La langue de Kiara est chaude contre la sienne et elle a le goût du whisky et elle se retient de s’agripper à ses vêtements pour la ramener plus près d'elle, parce qu'elle en voudra toujours plus. C’est saisissant à quel point elle se perd aussi facilement en elle. Elle embrasse ses lèvres férocement, plusieurs fois de rang, puis sa joue, puis sa mâchoire, son cou. Et enfin le lobe de son oreille où elle s’attarde un moment : « A quoi tu joues ? » Elle retourne enfin capturer ses lèvres, fascinée et irrévocablement attisée par la confusion, les pas ce soir et les j’ai besoin d’un strip-tease, la passion, la violence, la tendresse, l'ambivalence qu’elle découvre en Kiara. Bien plus qu’elle ne voudrait jamais l’admettre.

De nouveau, Shea se détache, hésite encore un instant, la repousse légèrement. Puis décide qu’au matin, elle se punirait sûrement avec un entraînement difficile ou un jogging plus étendu pour avoir si fatalement cédé. Ce n’est pas comme si elle était en manque, c’est simplement qu’elle s’en moque, elle n’en a jamais vu l’utilité. Sauf que Kiara a introduit dans sa vie un sentiment inédit : le désir insatiable. Elle s’objectifie facilement, Shea, et si c’est ce dont Kiara à besoin, alors, avec un calme déconcertant, qui est sans doute loin d'être sensuel, elle se met à retirer ses chaussures : « Vous vous parlez plus ? » Sa veste : « C’est pour ça que t’as quitté Londres ? » Son tee-shirt : « C’est pour ça que t’es là ? » Et enfin son pantalon : « Tu vas faire quelque chose ou tu préfères rester plantée là ? » Soucieuse de comprendre les intentions de Kiara, elle hausse un sourcil et l’observe rapidement, mais trouve son intonation plus amère que ce qu’elle ne voulait laisser paraître.

Parce que, franchement, elle en a assez de se poser les mêmes questions, elle attrape Kiara par la main pour l’attirer de nouveau vers elle, contre le comptoir. La première fois que Kiara l'a propulsée contre un mur de son appartement, renversant une plante, elle n’a même pas eu le temps de cacher l’excitation sur son visage en se pressant dans son cou. Elle ne se souvient de rien à part de son nom qu’elle a soupiré et la sensation de combustion, encore. Et le lendemain, quand elle l'a rejointe dans la douche et qu’elle l'a presque obligée à la supplier, n'a fait qu’intensifier le feu dans son ventre. L’attitude de Kiara à elle seule lui donne envie de disparaître dans sa chambre et de lui sauter dessus. Elle l’observe sans vergogne, de haut en bas, puis de bas en haut, en espérant que ses yeux traduisent tout ce que son coeur ne saurait encore exprimer : j’ai vraiment envie de toi, là tout de suite. Déjà, Shea baisse le regard, affichant un infime sourire, innocent, et bien trop timide à son goût.

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Ven 14 Aoû - 19:37
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Le souffle de Shea brûle délicieusement la peau de sa nuque et il devient de plus en plus difficile de ne pas perdre pied. De ne pas se laisser emporter par les vagues de désir qui se saisissent d’elle à une vitesse vertigineuse. Une soirée normale les aurait déjà vues déshabillées et en pleine action sur le canapé, sur ce comptoir, contre le mur, contre toutes les surfaces possibles et imaginables qui ne ressemblent pas à un lit. Une soirée normale ne l’aurait pas vue hésiter, comme Bambi au milieu de la route. Pas alors que Shea s’offre à elle depuis son arrivée. Pas avec la tension à couper au couteau. Pas alors qu’elle sait qu’elle est en train de la dévorer du regard. Pas alors que son corps menace de prendre feu si Shea ne la touche pas dans les cinq prochaines secondes.

Perdue dans les méandres de son esprit qui ne sait pas ce qu’il veut, déchirée entre des émotions qui n’ont aucun sens, Kiara sait que son attitude chaude et froide offre plus de frustration que d’envie. Mais elle n’arrive pas à se contrôler. Elle qui d’habitude aime le contrôle, elle qui aime mener Shea par le bout du nez, serait bien incapable de dire si elle a envie de s’envoyer en l’air. Tous les signaux physiques sont au vert, mais sa tête ? Sa tête est bien incapable de donner un sens au bordel qui s’installe. A quoi tu joues ? Elle n’a pas la réponse. Mais l’impulsion la pousse à prendre tout ce que Shea lui donne : ses lèvres, sa langue, sa peau. Et elle brûle, Kiara. Brûle d’envie que quelqu’un la prenne par la main pour l’aider à prendre une décision plutôt que de continuer un jeu qui la fatigue.

Le début de réponse se dessine alors que Shea se déshabille sous ses yeux. Rapidement. Trop rapidement pour que Kiara puisse profiter du spectacle et c’est bien dommage. Mais le début de réponse s’efface aussi vite avec les questions qui lui rappellent le sujet de conversation et elle sent quelque chose monter dans ses veines, comme le magma d’un volcan prêt à exploser, sans vraiment savoir de quoi il s’agit. Elle qui se connait si bien, ne se reconnaît plus. Pas avec la culpabilité et les souvenirs qui défilent comme un montage télé raté. Pas avec la colère – elle l’identifie enfin – qui lui déchire les entrailles et ce besoin de violence qui la dévore. Ce besoin de hurler, comme elle n’a plus connu à ce degré depuis qu’elle a découvert la boxe.

Elle sent la transpiration qui commence à perler dans son dos, sous le désir ou sous la colère elle ne sait pas. Elle a envie de pousser Shea contre un mur, de la dévorer jusqu’à ce qu’elle se déchire la voix. Elle a envie d’oublier. Besoin d’une échappatoire qui saura lui faire oublier jusqu’à son prénom et Shea est la meilleure solution. Elle est là, devant elle, contre elle, prête. Elle devine déjà à quel point Shea est prête, pas besoin d’aller sentir avec sa main. Et le regard qu’elle lui lance finit de la rendre folle.

Kiara s’empare de ses lèvres presque violemment, dans un désespoir qu’elle ne se reconnaît pas. Ses mains viennent trouver les fesses offertes par une semi-nudité qui la ferait presque trembler. Elle serre pour la coller contre elle le plus possible. Empêcher tout air de passer entre elles. Empêcher ses poumons d’en absorber. Éteindre son cerveau en effervescence, tout autant que ses sens. Elle la veut, elle l’aura. Mais pas comme ça, murmure une voix qui la pousse à reculer. À reprendre son souffle. Shea n’est pas son punching ball. Shea n’est pas son jouet. Et Shea ne mérite pas d’être prise comme un défouloir pour quelque chose qui ne la concerne pas. Les yeux fermés, le corps éteint par le regret et la confusion, elle ose poser le front sur une épaule qui n’est pas faite pour essuyer les larmes. « J’en ai envie. » L’accent lourd, la voix plus grave que d’habitude, elle souffle. « J’en ai envie. » Elle répète, le mais sous-entendu, audible comme un cri qui résonne dans une vallée.  « Je peux pas. » Et lorsqu’elle ouvre les yeux, qu’elle s’écarte complètement pour cesser tout contact physique, elle sait que pour ce soir, tout espoir de rapprochement – soit-il émotionnel ou physique –  s’est envolé. « Je vais y aller. » Elle murmure en détournant le regard, comme si elle était à la recherche d’affaires à récupérer. Elle a l’impression d’étouffer. L’impression que sa solitude soudaine et cruelle l’écrase. L’air devient irrespirable, mais elle est incapable de bouger. Le regret mêlé à la culpabilité, mêlé à… peu importe ce qui se passe entre elles. Elle est incapable de bouger. Elle sait ce qui l’attend et elle veut fuir. Et pourtant elle attend malgré tout.  
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Sam 15 Aoû - 11:23
So I guess I've got this thing now
@Kiara Nowinski


Elle va reprendre la parole lorsqu’elle sent des lèvres se poser ardemment sur les siennes et, manquant de trébucher en arrière elle se ratrappe de justesse au comptoir derrière elle. Elle pousse un souffle de surprise qui se transforme rapidement en un soupir de délivrance et de satisfaction. L’équilibre retrouvé, Shea se laisse entraîner vers Kiara en s’agrippant à ses vêtements. Elle intensifie le baiser du mieux qu’elle peut, et comme si sa vie en dépendait, car même si elle manque bientôt d’air, qu'elle en sort des gémissements confondus, elle ne la lâche plus, parce qu’elle a l’impression que ça fait des siècles qu’elle attend ça. Devrait-elle lui dire qu'elle pense souvent à elle, le soir en se couchant ? Elle décide de remettre cette révélation à plus tard. Elle sent tout son corps vibrer. Elle voudrait lui dire que c'est inédit pour elle : ce besoin presque primitif d'être plaquée contre une autre, d'avoir envie de se posséder et se consumer entièrement mutuellement. Mais ce n'est pas le moment de se lancer dans une confession sentimentale sur ces espèces de vagues de papillons qu’elle a dans le ventre et sur lesquelles elle ne peut mettre de mots. Des papillons, Kiara la trouverait ridicule, c’est sûr. Elle aurait besoin de reprendre son souffle mais il est hors de question d’arrêter ce baiser, ni ses mains qui s'agrippent déjà à sa ceinture. Elle saisit la taille de Kiara et la fait pivoter pour qu’elle se retrouve contre l’îlot. Qu’on les interrompe lui importe à ce stade, il n’est pas question de lâcher prise.

Ella a très envie de se retrouver cambrée sous les mains de Kiara, le plus tôt possible, et elle le lui fait savoir, sans ménagements. Elle voudrait que chacune de ses respirations lui appartienne. Mais c’est Kiara qui les interrompt. Shea ouvre subitement les yeux lorsque ses lèvres n’ont plus rien à embrasser, cligne des paupières plusieurs fois de suite pour s'accoutumer à la lumière et cherche à trouver une explication dans son regard. Son front vient se reposer sur son épaule, alors Shea reste un moment à ne pas savoir quoi faire, envisager toutes les explications possibles pour ce geste. Enfin, elle décide de s’y attarder, en mettant lentement ses bras autour des hanches de Kiara qu’elle serre contre elle. Son coeur bat atrocement vite, elle est obligée de fermer les yeux un instant. Lorsqu’elle les rouvre, Kiara est toujours là, près d’elle. Shea déglutit et, murée dans son silence, acquiesce de la tête. Elle regarde dans le vide, puis ferme les yeux en resserrant son emprise une dernière fois sur la brune avant qu’elle ne s’échappe. Shea se demande même si Kiara ne peut pas entendre son rythme cardiaque. « Ah… euh… ok. » murmure-t-elle contre l’oreille de Kiara. C’est la seule réponse que Shea lui offre.

C’est d’une telle violence pour son corps, et Kiara est si rapide à s’éloigner d’elle que Shea perd sa balance avant de réaliser qu’elle a bougé. « T’es pas obligée de partir... » Et pour quelqu’un comme Shea, ça peut aussi vouloir dire : je sais pas si j’ai envie que tu partes. « Tu vas pas rentrer comme ça. » Sous-entendu : dans cet état, à moitié saoule, en plein rush libidinal, en plein deuil. C’est à peine plus qu’un soupir, et elle espère que son souffle parvient suffisamment jusqu’aux oreilles de Kiara, parce que sa phrase l’affaiblit, elle, quelques secondes avant qu’elle n’essaie de renforcer sa posture. Elle travaille pour reprendre une expression imperturbable avant de ramasser ses vêtements sur le sol et décamper jusqu’au coin salon. Elle se saisit de la télécommande et allume l’écran. « Tu viens ? Prends les verres. » suggère-t-elle tandis qu’elle se rhabille, avec moin de précipitation que lorsqu’elle s’était déshabillée. Elle se vautre alors sur le canapé, saisit le plaid dans son dos, et elle fait une chose surprenante : elle lui sourit. « Qu’est-ce que tu veux regarder ? » Elle a visiblement décidé d'accepter qu'il y avait d'autres manières de communiquer, surtout dans le but de lui faire oublier cette journée fatidique.

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Sam 15 Aoû - 16:11
So I guess I've got this thing now

« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Le rejet auquel elle s’attendait ne vient pas et c’est la surprise qui s’exprime sur son visage, dans son regard. Et le poids sur sa poitrine s’allège doucement. Shea continue de la surprendre, jour après jour, seconde après seconde. Les mots qu’elle voudrait dire se meurent sur ses lèvres, pas prête encore à l’avouer. Pas prête à s’offrir de cette manière. Pas prête à tout gâcher pour la deuxième fois consécutive. Pas prête à pousser Shea à bout, cette fois-ci. Je t’aime. Elle se voit le dire dans un futur plus ou moins proche. Elle pourrait le souffler dans l’impulsion du moment, mais le risque est plus grand encore que celui qu’elle vient de prendre alors elle reste coite. Les bras pendants, le cœur prêt à s’envoler de tant de légèreté que Shea lui apporte sans s’en apercevoir. Et pour la première fois depuis l’enterrement, elle pourrait s’effondrer en larmes.

Elle ne le fait pas.

La posture, le regard, la semi-nudité, tout en Shea hurle la vulnérabilité que Kiara n’a pas l’habitude de voir. Et si elle pouvait se perdre en elle, elle sauterait sur l’occasion. Si elle savait quoi dire pour se révéler un petit peu plus et pour l’aider à se révéler aussi, elle n’hésiterait pas. Mais Shea est déjà repartie au salon et Kiara ne trouve toujours pas les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Elle n’est pas même pas certaine de savoir où elle en est. Dans un souffle, elle libère ses poumons compressés et pour reprendre ses esprits, elle s’accroche une nouvelle fois au comptoir de la cuisine. Tête rentrée dans les épaules, bras tendus, elle s’impose un exercice de respiration. Les montagnes russes commencent à être fatigantes, à tel point qu’elle ne serait pas surprise de ressortir de cette soirée avec un torticolis digne des meilleures sorties. Avec aucun des avantages d’une sortie en boîte.

Shea la rappelle au salon, mais elle n’est pas encore prête. Pas prête à affronter une Shea qu’elle ne reconnaît pas, mais qui l’attire plus encore. Pas prête à découvrir de nouvelles facettes d’elles qui la feraient tomber raide dingue. Pas prête à regoûter à ces trois mots qui l’effraient, autant qu’ils l’excitent. C’est plus fort qu’elle pourtant, quand elle la voit, plaid sur les genoux, sourire aux lèvres et plus belle que jamais. Difficile de résister à son aura. Difficile de ne pas graviter au plus proche d’elle pour profiter de chaque instant. Chaque regard. Chaque parcelle de sa peau. Et c’est avec un calme retrouvé et ressenti, avec un sourire serein et amusé dessiné sur les lèvres, qu’elle se saisit des verres pour les apporter au salon.

« Mets ce que tu veux, je m’en fiche. » Ce n’est pas la télé qu’elle compte regarder de toute façon. Quitte à raviver une flamme qu’elle peine à éteindre en elle. Quitte à sauter toute seule, tête la première, dans les contrées inconnues de l’amour qui ne lui tend pas les bras. Quitte à laisser son cœur dans des mains qui ne sauront rien en faire. Quitte à laisser un morceau d’elle-même qu’elle ne retrouvera jamais.

Regard posé dans son verre, elle ne sait pas trop par où commencer pour répondre à des questions qui n’ont pas de réponses simples. La télé est une bonne distraction pour ne pas se mettre la pression. « Kazia et moi on s’est jamais vraiment parlé. » Finit-elle par lâcher. « Ce que tu voyais à la maison, c’était l’étendue de notre relation et ça n’a pas changé avec le temps. On se voyait une fois par semaine pour dîner avec les parents, mais c’est le seul contact régulier qu’on avait. Alors quand ils sont morts il n’y avait pas de raison de continuer. » Elle ne se rend pas compte de l’émotion qui rend sa voix plus grave, plus lourde. Elle se tourne un petit peu pour faire face à Shea, coude posé sur le dossier du canapé, tête dans sa main elle ose quelques regards timides sans jamais rester plus d’une seconde. « C’était pas les meilleurs parents du monde. Elle n’est pas la meilleure sœur non plus. Et je suppose que je ne suis pas forcément un cadeau. Mais je ne les ai jamais aimé, ou du moins, je ne l’ai jamais ressenti comme de l’amour. » Sourcils froncés, lèvres pincées, les souvenirs recommencent à l’accabler. « Alors c’est compliqué de faire le deuil. C’est compliqué de ressentir autre chose que de la colère. Et Londres commençait à m’étouffer. Peu importe qui je voyais, ce que je faisais, j’avais l’impression de m’enfoncer dans quelque chose de… Je sais pas, malsain ? » Elle se racle la gorge, bouge la tête pour décaler ses cheveux et croiser enfin le regard de Shea. « Mon agent m’a parlé de New York, j’ai sauté sur l’occasion. Nouveau départ. Nouvelles bases. » Et un nouveau sourire vient éclairer son visage, lumineux, radieux presque. Un rire menace de sortir de sa gorge, lorsqu’elle continue. « Mais je ne m’attendais pas à toi. » Et nerveuse, timide, elle pousse un peu plus. « Je ne m’attendais pas à nous. » Parce qu’elles ont beau ne pas en parler, il y a quelque chose qui s’est installé entre elles, et elle ne veut pas faire l’autruche ce soir.
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Dim 16 Aoû - 13:05
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@Kiara Nowinski


Kiara a l’air surprise, et Shea se demande pourquoi. Qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Être mise à la porte ? Cette idée l’amuse et elle décide alors qu’il est grand temps qu’elle travaille sur cette réputation. Mais pas tout de suite. Parce qu’elle se complait trop dans l’image qu’on se fait d’elle, sans doute parce que Kiara aussi lui sourit désormais, et que c’est tout ce qui lui suffit. Aussitôt les verres déposés sur la table basse, elle se saisit du sien. Particulièrement fière d’elle, Shea se met à avaler plusieurs gorgées de vin, assurée désormais, par la simplicité de ce qu’elle a installé entre elles, de mener son programme à bien. S’initier à une soirée qui n’implique pas sa libido avec une personne aussi importante que Kiara dans sa vie actuelle est quelque chose qui lui apporte plus que de la nouveauté et du réconfort, ça l’assure que le monde en dehors n’existe pas et n’a pas besoin d’exister. Elle choisit le premier programme qui lui saute aux yeux quand Kiara reprend la parole, et elle l’écoute, attentivement, sans trop oser la regarder de peur de se laisser envahir par une nouvelle vague de désir inapproprié.

Elle se demande si c’est ça d’être en couple : des confessions sur un canapé, des regards en coin, un consensus sur l’émission à regarder. Et alors que l’idée que quelqu’un veuille se mettre avec elle lui donne envie de prendre ses jambes à son cou, imaginer que c’est Kiara est tout autre chose. Un frisson la saisit et elle met du temps à réaliser ce à quoi elle vient de penser. L’évocation de son passé lui remémore certains évènements, pour la plupart agréables, quand tout était simple, pour les Nowinski comme pour les Cavendish, avant que Shea ne gâche tout chez elle avec ses révélations et prenne la décision un peu hâtive de quitter le pays. Si elle se laissait faire, elle pourrait regretter de ne pas avoir été là pour Kazia, et même Kiara. Elle repense à cette dernière, enfant et ne peut s’empêcher de se tourner vers elle pour comparer son souvenir aux traits qu’elle présente aujourd’hui et, bon sang, qu’est-ce qu’elle est belle. Il lui faut beaucoup de retenue pour s’empêcher de se pencher vers elle et saisir son visage entre ses mains et l’embrasser de nouveau. Elle pourrait mettre ça sur le compte du réconfort, sur un malentendu ça peut passer. Elle n’en fait rien. Elle reste sagement assise, en tailleur, sur ce canapé soudainement beaucoup trop grand.

Tu es un cadeau, et tu es magnifique et… Shea l'observe encore un instant, essaie de voir s'il y a autre chose puis sourit nerveusement. Elle ne sait pas quoi lui répondre, et sans doute que Kiara en attend plus d’elle, mais c’est toujours plus facile de communiquer avec son corps, alors elle lui saisit la main et se met à tracer distraitement des lignes sur son poignet, puis ses doigts cherchent à enlacer les siens. Elle remarque avec surprise ses lèvres se poser contre la paume de Kiara. L'attention focalisée sur ce contact, sur l'instance de cette infime parcelle de peau contre la sienne, elle n’écoute déjà plus la suite ; devine seulement ses paroles. Elle se fige un instant, néanmoins, lorsqu’elle évoque leur connexion, et comme si elle s’était brûlée, elle retire soudainement sa main. Elle ne s’était pas attendu à elle ? Shea s’était attendue à ce que ça arrive. Ce qu’elle n’avait pas anticipé, c’était que ça prenne une telle ampleur et qu’elle n’arrive pas à accepter l'idée qu'elle devrait lui dire que ça doit s'arrêter. « Je suis désolée… pour tout ça. Et tes parents. » Elle fait un mouvement de la main entre elles, et se maudit intérieurement pour cette phrase, tellement absurde, tellement loin de tout ce qu’elle voudrait pouvoir dire, des mots qu’elle cherche encore pour la réparer. « Moi je m'attendais pas à ce que tu aies dix ans de plus. » Une plaisanterie, bel effort. Elle se racle alors la gorge, essaie d’ignorer ce qui est en train de s’installer entre elles. Elle se redresse même, et sans doute qu’elle s’éloigne un peu, pour reprendre son verre. L'alcool impose indiscutablement sa loi au fur et à mesure et réduirait bientôt le malaise de Shea. En poursuivant cette lancée, elle ne répondrait bientôt plus d'elle-même et agirait comme elle agit presque à chaque fois qu'elle a bu : comme si elle était invulnérable. Ça ne l'empêche certainement pas de se relever : « Je reviens. » souffle-t-elle avant de s'échapper un moment dans la cuisine. C'est davantage une excuse pour reprendre ses esprits que pour la bouteille de whisky qu'elle rapporte avec elle. Elle boit une gorgée à même la bouteille avant de la poser sur la table. Lorsqu'elle se rassoit sur le canapé, elle s'installe au plus près possible de Kiara. « Tu peux dormir ici, si tu veux. Je prendrais le canapé. Et ça fera plaisir à Cole… » Bien sûr, à Cole, à n’en pas douter.

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Dim 16 Aoû - 21:18
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« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Il n’y a plus rien à nier. Elle est obligée de l’admettre lorsque Shea se saisit de sa main pour y faire courir ses doigts. Pour les entrelacer. L’embrasser. Elle est en train de tomber amoureuse. Rien de tout ça n’aide à noyer l’envie de tout lui avouer sur le tas. Une envie grandissante, de plus en plus présente, imposante. L’espoir semble avoir déployé ses ailes, pour s’écraser 100 mètres plus bas la seconde d’après. Elle a trop poussé. Trop dit, trop vite. Sa main retombe, comme morte, sur le canapé. Si elle se concentrait dessus, elle pourrait encore sentir le fantôme des lèvres de Shea sur sa paume. Regard posé sur son verre, elle ravale toute la déception qui s’emmagasine, le rejet brutal qu’elle vient de recevoir. Les excuses et la vaine tentative d’humour ne parviennent pas à apaiser la brûlure de la claque qu’elle a l’impression de s’être prise. Souffle coupé, entrailles nouées, elle n’arrive même pas à avaler sa salive, n’arrive pas à calmer le tremblement soudain de ses doigts. Est-ce que ça ressemble à ça, un cœur qui se brise ? Ses oreilles sifflent, sa gorge se ferme et elle est à peu près sûre que ses yeux commencent doucement à la brûler, comme si des larmes montaient alors qu’elle ne pleure jamais.

L’aller-retour de Shea, elle le remarque à peine. Peut-être que l’alcool pourrait noyer ce besoin de quitter l’appartement. De fuir. De prendre un avion sans retour pour Londres et retrouver le lit d’Anisha, retrouver son appartement, retrouver sa famille qui saurait lui dire toute la bêtise dont elle a fait preuve tout ce temps. Peut-être que l’alcool pourrait désinfecter cette blessure soudaine qui commence à saigner. Plus encore, lorsque Shea se rassoit, bien trop proche pour laisser Kiara insensible. Elle sort de sa stupeur et parvient à peine à esquisser un sourire. Le malaise est installé, elle ne peut pas faire semblant.

« Cole ? » La question sort sans même qu’elle le contrôle, sur un ton qui sous-entend tout le désintérêt qu’elle éprouve à l’égard de son ami d’enfance.  Confuse, elle n’hésite pas à plonger son regard dans celui de Shea.  Pour comprendre ou pour reprendre le contrôle, elle ne sait pas trop. Elle pourrait fondre, se perdre, chercher toutes les réponses aux questions qu’elle se pose, mais elle garde pied. Le rejet brûle encore dans ses veines, jamais loin pour lui rappeler qu’elle a besoin de prendre du recul. De se rappeler de qui elle est en train de tomber amoureuse. De se rappeler que c’est elle-même qui a fait l’erreur d’aller trop loin. Elle a pris le risque, s’est brûlée les ailes. Et comme Icare, elle se doit de payer les conséquences. Mais elle sait, Kiara, que les yeux de Shea en disent bien plus que ses paroles. Elle l’a vu toute la soirée. Le voit à chaque fois qu’elles passent du temps ensemble. Alors elle cherche. Ne peut pas s’en empêcher. « Ca ferait plaisir à Cole, ou à toi ? » Peut-être que l’amertume parle. Peut-être qu’elle paraît plus agressive dans son intonation qu’il y a quelques minutes. Ce n’est pas son intention, mais c’est ce qui sort.

Elle a envie de dire oui. Elle a envie de rester et de pousser Shea encore un peu plus, d’essayer de franchir un peu plus de limites et voir les dégâts que cela causerait, tant pour l’une que pour l’autre. Mais ce serait risquer une chose précieuse qu’elle ne veut pas voir détruite par sa faute. Pas alors qu’elle n’est pas dans le bon état d’esprit, incapable de réfléchir, incapable de prendre les bonnes décisions. Elle préfère entendre parler de toutes les filles qui passent et laisser Shea piétiner son cœur maintes et maintes fois plutôt que de la perdre pour avoir trop poussé.

Elle a envie de dire oui. Elle est prête à dire oui. « Il vaut mieux que je rentre. » Mais ce n’est pas ce qui sort. C’est peut-être mieux, pour protéger le nous malheureux qu’elle a tenté. C’est mieux pour elle, pour reprendre ses esprits. Son doigt vient caresser la joue ecchymosée sans qu’elle ne s’en rende compte. « Ca te laissera le temps de t’occuper de ça, avant d’être complètement défigurée demain. Ce serait dommage pour tes futures conquêtes. » Jalousie incontrôlée. Douleur subite. L’alcool mélangé au deuil ne fait visiblement pas bon mélange chez Kiara.  
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Lun 17 Aoû - 11:45
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@Kiara Nowinski


Elle voit la télé, sans vraiment la regarder, complètement ignorante face à ce qui se trame dans la tête de Kiara, son regard noir, ou ses doigts qui tremblent. Elle compose un message rapide pour son frère : tu rentres ce soir ? Réponse négative la minute d’après. Elle ne se retourne vers elle que lorsque Kiara reprend la parole. Elle lui trouve un air plus sérieux, mais si Kiara est blessée ou en colère elle ne le voit pas. Ou si elle le voit, elle n’en demeure pas moins fidèle à elle-même dans ce qu'elle lui lâche : « Ça dépend de ce qu’on fait, mais je suis sûre que ça pourrait me faire plaisir aussi... » Comme c’est facile de se laisser happer par le dérisoire, de se lancer dans des tours grandiloquents de fausses insinuations plutôt que d’avoir à assumer le fait que, oui, - peut-être - voudrait-elle qu'elle reste, plus longtemps à chaque fois, ou qu’elle n’est pas complètement indifférente à sa présence, ni à son ton abrupt qui lui semble plein de reproches.

Elle ferme les yeux d’aise au contact de ses doigts sur sa joue, laisse ses paupières apaiser et éradiquer la brûlure et le muscle qui la lance dans sa pommette. Prenant sur elle, Shea écoute patiemment la voix de Kiara lui parvenir. Elle sent bien, maintenant, que la tension a changé, qu’il existe quelque chose en elle qui déçoit profondément les gens, et Kiara en particulier, mais, franchement, elle n’a pas envie de se poser les mêmes questions à chaque fois qu’elle pense à cette situation : est-ce que si on couche ensemble régulièrement ça fait de nous des amies ou des amantes, ou bien est-ce que c’est pour décharger notre énergie et passer le temps ? Est-ce que c’est simplement sexuel ou bien est-ce qu’il y aurait des sentiments ? Est-ce que j’en suis seulement capable ? Est-ce que je suis normale ? Elle revoit la scène de son coming out face à ses parents. Elle la revoit à distance, avec ses yeux d’adulte, elle croit mieux la comprendre, et se trouve dans un malaise particulier, ce qui l'amène alors à hausser les épaules, et comme toujours : « Ça n’a pas eu l’air de te déranger toi. » Sourire narquois sur les lèvres alors qu’elle se penche pour presser son visage contre son cou. Sa peau est si chaude, et Shea a le souffle court. « Tu fais ce que tu veux, mais tu devrais rester. » Elle pose une main sur ses côtes, et l’autre dans son cou, rapproche son visage et pose ses lèvres sur les siennes, et elle a l’impression d’entrer en combustion. Elle oublie de respirer en se demandant si Kiara va la repousser. « J’ai envie que tu restes. » Et c’est déjà beaucoup.

Elle en vient à la détester parfois. Et à se détester par la même occasion. Surtout parce qu’elle la met dans un état proche de la détresse, la fait dévier de ses buts principaux et la force à se mentir à elle-même, et à ses amis qui n’attendent sans doute plus rien de Shea. Si proche d’elle, Shea remarque encore ses yeux, la courbe de ses sourcils, son nez fin, sa bouche pleine, sa mâchoire parfaitement sculptée, ses lèvres, sa gorge sombre, ses lèvres à nouveau... ses lèvres. Consciente de l’état d’esprit et du caractère qui les séparent, elle ne cache que difficilement son envie de l’embrasser. Elle suit la moindre réaction de Kiara avec la plus extrême attention. Sans doute pense-t-elle qu’elle va réussir à la séduire de nouveau et éviter de passer la soirée seule. Elle ne peut qu’imaginer le regard de déception que doit lui foudroyer Kiara, et s’éloigne de cette idée autant qu’elle s’éloigne d’elle. Elle revient à sa télécommande, et elle repense aux mots de sa cadette. Ses conquêtes. Elle en soupire. Leurs visages sont un nuage brumeux à l’horizon. Elle se souvient de chacune d’entre elles. Et il y en a des centaines. Mais elles ne sont pas Kiara. Et elles n'auront jamais cette capacité à lui faire espérer que ce n’est pas Shea non plus, qui agit de la sorte, c’est le monstre qui est né en elle, qui a grandi en elle. Elle attrape la bouteille et boit plusieurs gorgées d'affilée. Alors elle sent qu'elle pourrait boire la bouteille entière. Puis une autre. Une autre. Toujours une autre. Jusqu’à se noyer. Elle aurait besoin de s’écrouler. C’est la seule façon d’arrêter de penser.

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Lun 17 Aoû - 16:02
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« You fall in love with the most unexpected person at the most unexpected time.  »
Les secondes défilent et la tension ne quitte pas ses épaules. Elle voit bien que le temps des surprises est terminé. Kiara l’a poussée dans ses retranchements et à moins d’un miracle, rien ne l’aidera à en ressortir ce soir. Tout autre soir, elle aurait peut-être essayé. Tout autre soir elle aurait déjà craqué trois fois. Mais la fatigue, l’alcool et la déception lui donnent envie de la gifler. Avec de la chance, les deux coups reçus rendraient quelque chose de symétrique sur ses joues.

Blessée, braquée, elle sent la tension dans ses épaules et dans son dos lorsque le visage de Shea s’approche du sien, que son souffle caresse la peau de son cou, que ses lèvres brûlent les siennes. C’est facile de craquer, de se laisser sombrer lorsque les paroles sont douces et les gestes tendres. C’est facile de laisser l’espoir se relever pour essayer à nouveau de s’envoler. Elle n’est pas dupe, elle sait repérer le vrai du faux, sait que ce que Shea exprime est véridique. La lueur brille dans son regard, mais Kiara sait aussi qu’accepter serait rentrer dans son jeu. S’apparenterait à lui pardonner une blessure qu’elle n’a même pas conscience d’avoir donnée. Et elle a assez d’amour propre pour ne pas accepter une proposition qui finirait mal.

Elle l’a vu suffisamment. Avec Anisha, toutes les fois où elles sont tombées dans un lit après des commentaires désobligeants. Toutes les fois où des promesses ont été faites, pour être brisées le lendemain. Toutes les fois où elle a cru la perdre parce qu’elles n’étaient pas capables de communiquer. Elle l’a vécu avec Skye et tous les moments où, mains dans les mains, les peut-être se transformaient en une vision d’un avenir éclaircit pour disparaître la seconde d’après, pour un regard sur une autre, une suggestion maladroite. Longtemps elle a cru que c’était elle. Qu’elle se contentait trop souvent de ce qu’elle avait, sans jamais oser exprimer ses besoins. Elle n’a jamais eu l’occasion de les exprimer après tout. Pas chez elle, pas chez ses parents, pas auprès de ces peut-être qui ont parsemé sa vie et lui ont fait miroiter des promesses aujourd’hui mortes et enterrées. Aujourd’hui elle comprend qu’il n’y a pas qu’elle. Qu’il y a des moments pour dire les choses et que parfois, ces moments n’arrivent jamais. Parfois, ces moments saisis sont détruits par l’autre. Et l’autre, ce soir, est incapable de voir les dégâts qu’elle provoque avec sa désinvolture, son désintérêt presque cruel.

Elle ne retourne rien. Ni baiser, ni souffle, ni regard. Elle n’en a plus la force alors que son cœur martèle contre sa poitrine, que Shea s’éloigne encore, pour porter la bouteille à sa bouche. Elle a envie de rire. Rire amer. Rire jaune. Rire blessé. Il se bloque dans sa gorge lorsqu’elle comprend que Shea continuera à boire tant que la bouteille ne serait pas vide. Dans un geste peut-être un peu trop violent, elle pose son verre sur la table avant de saisir le poignet qui tient le whiskey. « Je sais pas ce que j’ai dit pour te faire flipper à ce point. » Mensonge. « Mais c’est pas l’alcool qui va te donner du courage. » Elle attend que Shea relâche sa prise sur la bouteille pour la prendre et la refermer. « J’ai beau essayer, je n’arrive pas à comprendre ce que tu veux, Shea. » Si Kiara a passé tout le début de la soirée à passer du chaud au froid, c’est au tour de son Shea de le faire. « Et j’ai pas tellement envie de faire plus d’effort ce soir. » Vérité. « Alors je vais rentrer. Tu vas aller au lit. Et tu va te sortir les doigts du cul. » Plus elle parle, plus elle se sent agressive, blessée, en colère. Le pire, c’est qu’elle est à peu près sûre que Shea ne comprend même pas pourquoi elle parle ainsi.

Sans un regard vers elle, elle ramène verres et bouteille à la cuisine. Lorsqu’elle revient, elle ose un regard vers son téléphone. La date a changé. Ce poids-là disparaît de sa poitrine, déjà remplacé par un autre, bien plus lourd celui-ci. Ses yeux se posent sur la silhouette encore assise sur le canapé. Douleur et regret se mélangent alors qu’elle laisse ses jambes le porter vers la porte d’entrée. Elle n’a plus rien à dire, plus rien à donner, plus rien à faire ici.
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Lun 17 Aoû - 17:12
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@Kiara Nowinski


Désormais, Shea ne sourit plus, et c'est une mine sérieuse qu’elle lui expose quand ses grands yeux sombres ahuris vont de se river dans le regard de Kiara. C’est alors qu’elle sent dans les profondeurs de son être grandir cette peine, mêlée à l’envie de se rapprocher encore de Kiara, elle qui est déjà si proche mais qui lui paraît si lointaine. Son sang commence à battre à ses tempes et les battements de son cœur s'accélèrent. Shea sait que Kiara ressent à peu près la même chose mais elle ne peut rien y lire d’autre que de la colère. Elle resserrerait son étreinte autour d’elle, par crainte sans doute qu'une force quelconque ne la détache, si elle était encore près d’elle. Elle a l’impression d'assister à un coup de théâtre. Et Shea est bien embarrassée lorsqu’elle réalise que Kiara est déjà postée devant la porte d’entrée.

Intolérable. Elle a beau se maîtriser, les reproches qu’on lui sert constamment et les questions intempestives du genre pourquoi t'arrives pas à t'attacher commencent à l'énerver sérieusement, d'abord. Combien de siècles faut-il encore, avant qu'une nouvelle génération finisse par comprendre qu'un(e) Cavendish n'est vulnérable que si l'on touche à son orgueil ? Mais dès que l'orgueil est atteint, ils s’effondrent en miettes, bien que beaucoup d'entre eux ne l'admettent que du bout des lèvres. « Je…» Elle se relève, lisse ses vêtements, contracte la mâchoire, plusieurs fois, parce qu’elle se demande pourquoi ça lui fait mal, et qu'est-ce qui est douloureux exactement. Mais Shea tait sa blessure de la même manière qu'elle tait tout le reste, elle détourne le regard mais finit quand même par ressentir ce trop plein d'émotions qui la poussent à bout. Elle n’a envie que de se délivrer de tous ses fardeaux, et de sa gorge qui la brûle. Elle ne peut s'empêcher de penser qu'il y a une part de vérité, ni de relever son visage vers Kiara dans l’attente d’autre chose, ou d'une consolation. Mais elle l’abaisse aussitôt parce que tout a été dit, tout a été fait et qu'il ne leur reste plus rien d'autre que les derniers mots qu'elle lui a si froidement lancés. Puis avec un sourire triste : « Ok... » Sa voix est devenue sourde, comme étouffée dans sa gorge, alors elle disparaît dans sa chambre.

Ce qu’elle veut ? Elle le lui a dit pourtant, plusieurs fois, et ce dès le départ : qu’elle reste. A ce point dans la vie de Shea, elle a réalisé qu’il lui fallait une souffrance qui soit adéquate, rétablissant l’équilibre, l’absoudrait de ses fautes, de son passé, la délivrerait de l’emprise des femmes, la punirait avec impartialité. Et réconcilierait sa relation avec l’attachement. Elle se demande si c’est ce qui est en train de se produire, alors qu’elle sent ses yeux brûler et s’humidifier. La situation avait tourné au ridicule, mettant en scène deux empotées où aucune n’est capable de relever le niveau de l’autre. Pour échapper aux sentiments, le plus souvent Shea se réfugie dans l’insignifiant, l’intemporel, le négligeable même. Sur la piste du temps, elle imagine une ligne au-delà de laquelle les sentiments pourraient totalement cesser d’exister. Mais Shea ne voit pas cette ligne devant elle. Le ton de la voix de Kiara résonne encore dans l’autre pièce et rappelle Shea à sa condition. Kiara se montre la plupart du temps joyeuse, drôle, séduisante et pondérée mais il est plus facile de se rappeler les moments difficiles : ils sont plus sensationnels ; il lui semble que si elle ne doit plus la revoir, il sera également moins douloureux de se souvenir d’eux que de se remémorer toutes les choses qu’elle aime chez elle. Alors elle prend une profonde inspiration, essuie sa larme et s’allonge sur son lit et ferme les yeux pour s'y concentrer.

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