La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Easy come, easy go [Shiara]

@ Invité

avatar
   
#
Lun 17 Aoû - 18:46
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Les corps se mélangent avec une allégresse que Kiara ne peut que partager alors qu’elle danse au rythme de la musique, à peine étouffée par l’odeur de transpiration et d’alcool qui se dégage de la piste de danse. L’atmosphère est parfaite pour prolonger cette sensation qu’elle a depuis ce matin, de flotter. Que le monde est à ses pieds et que tous ses rêves sont à sa portée, si elle se laisse le droit de réussir. Une flamme brûle dans ses veines, consume son être tout entier alors qu’elle lève les mains et hurle, en chœur avec le reste de la foule, au changement de chanson qui lui fait tourner la tête, un sourire éclatant, un rire au creux de sa gorge. Jade passe ses bras autour de son cou et Kiara ne rate pas l’occasion de se rapprocher d’elle, dans une danse partagée aussi innocente que sexy.

La soirée ne fait que commencer. Elle a bien l’intention de célébrer le contrat comme il se doit. Entourée de ses collègues les plus proches, l’alcool au bout des doigts et le bonheur dans les yeux. La chaleur qui règne les force à faire des allers-retours pour toujours avoir de quoi boire, même si rien n’hydrate et que toute assoiffe encore plus. C’est l’agence qui paye, elles peuvent se faire plaisir. Et Kiara a bien l’intention de se faire plaisir. Ses lèvres viennent frôler l’oreille de Jade pour se faire entendre au-dessus de la musique et lorsqu’elle s’écarte, elle mime le besoin de boire avant de quitter la foule.

Le bar est plein à craqué, l’espace manque pour se faufiler et attirer l’attention des barmans qui posent verre après verre après verre devant des clients avides. Mais Kiara sait qu’avec son sourire et son décolleté, tous les regards se posent sur elle lorsqu’elle passe. C’est le but. Obligée de se coller au dos d’une fille pour s’approcher, elle pose sa main sur son épaule comme pour s’excuser avant d’utiliser cette même main pour appeler un barman vers elle. C’est rapide et efficace. Elle a son verre dans les deux minutes qui suivent et elle lève les yeux au ciel lorsque l’homme lui adresse un clin d’œil avant de s’écarter pour laisser la place aux malheureux qui peinent encore à passer commande.

La légèreté qui lui donne envie de danser toute la nuit s’alourdit à la seconde où son regard croise celui qu’elle cherche tous les soirs. Shea est là. Dans toute sa splendeur. Son bleu à la joue disparu. Le sourire de Kiara glisse légèrement, alors que le souvenir de leur dernière conversation lui revient. Ce souvenir qu’elle cherche à noyer dans le travail après avoir réalisé que le motocross ne suffisait pas. (C’est surtout l’accident qui s’en est suivi qui n’a pas aidé.) Son cœur se serre, cogne, mais elle se reprend bien vite. Parce que la douleur est réelle depuis ce rejet, mais le manque l’est encore plus. Parce que Shea est devenue une telle partie de sa vie en si peu de temps qu’il devient difficile de ne pas succomber à la pulsion de lui envoyer un message le matin au réveil, le soir au moment d’aller dormir. À chaque fois qu’elle pense à elle.

« Hey. » Ce n’est certainement pas audible sous les basses de David Guetta, mais c’est facile de comprendre ce qu’elle cherche à dire. Un geste sur sa droite attire son regard et la réalisation frappe presque aussi fort que la gifle qu’elle s’est pris la semaine dernière. La différence réside dans la réaction de Kiara qui ravale sa jalousie en même temps qu’elle prend une première gorgée de son verre. Son sourire de joie se transforme en un sourire d’excuse envers la pauvre fille que Shea semble vouloir attirer dans ses filets. Elle fait un pas en arrière, saisit son téléphone dans sa main, comme pour dire à celle qui fait battre son cœur qu’elle l’appellerait plus tard. Un jour. Certainement pas le lendemain, pour laisser le temps à la brûlure de cicatriser.

Elle est prête à partir à la recherche de Jade, perdue au milieu de la foule de corps qui s’entremêlent, dansent et sautent dans un rythme qui leur appartient lorsque son verre lui est pris des mains et qu’un bras glisse autour de ses épaules. Jade, essoufflée, pose une cigarette à ses lèvres avant de partir vers la sortie et Kiara ne peut pas s’en empêcher, elle éclate de rire. Un rire qui se meurt très vite sur ses lèvres lorsqu’elle croise une deuxième fois le regard de Shea. Et le besoin de l’avoir près d’elle, loin d’autres conquêtes potentielles, se fait trop fort pour qu’elle puisse résister. Lèvre mordue, elle ose un mouvement de la tête pour lui dire de la suivre. Elle ne se permet pas de regarder pour savoir si elle le fait. Préfère s’enfoncer dans le cœur de la foule pour traverser la piste, nager à travers les cris, les rires et les gouttes de transpiration. Quand elle se retourne, elle est à l’arrière du coin du DJ, derrière les baffles et le calme et la fraicheur surprennent autant qu’ils font du bien. Elle espère que Shea est là. Espère que le corps qu’elle sent contre son dos lui appartient. Tête penchée sur le côté, elle laisse libre accès à des lèvres de venir s’y poser. Son cœur bat un peu plus fort sous l’anticipation. L'espoir ne meurt jamais.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Lun 17 Aoû - 21:41
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


21h03. Shea repose son téléphone et regarde par la fenêtre. Elle ferme les yeux. C’est le fait de savoir que Kiara est quelque part dans cette ville qui rend les choses si difficiles. Un frisson la parcourt. C’est le même phénomène qu’avant. Quand elle était en train de lire et qu’elle commençait à penser à elle, parce que Kiara la prévenait parfois lorsqu’elle sortait. Elle pinçait ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rester assise et cesse de résister. Elle faisait les cents pas, regardait à travers la fenêtre, les poings serrés. Elle reprenait son livre, essayait de se remettre dedans, parcourant chaque mot lentement et à répétition. Mais un quart de seconde plus tard le livre était de nouveau sur le bureau. Elle observait alors sa pile. Toutes ces connaissances et rien pour l’aider à éteindre ce feu en elle. Elle entend la voix de son frère s’élever dans le salon qui l’extrait de ses pensées. Pendant une seconde, elle se raidit, puis l’entend rire au téléphone. Elle ne supporte pas l’idée que Kiara puisse être à New-York et voit quelqu’un d’autre qu’elle. C’est égoïste et hypocrite, mais elle ne peut rien y faire. Elle verrouille son téléphone : si elle ne peut pas le voir, peut-être qu’elle ne penserait pas à quel point c’est ridicule d’essayer de se convaincre qu’elle n’a pas envie d’elle. 21h31, pendant qu’elle s’habille dans la salle de bain, elle s’attend à moitié à ce que Cole lui crie de se dépêcher. Une fois vêtue et maquillée, elle envoie un message rapide : j’arrive, puis traîne avec elle sa veste en cuir en se glissant silencieusement jusqu’à l’ascenseur. Les secondes d’attente lui paraissent une éternité. Dans l’entrée, son date, Alexis, a l’air surprise ; Shea a dû couper court à ses réflexion en affichant un sourire contrit. Elle s’excuse pour son retard, lui offre un baiser de consolation, et embarque avec elle dans le taxi.

Debout devant le bar, elles alignent leur cinquième verre de Southern Comfort, vide, tandis que Shea récolte les dernières saveurs sur les lèvres d’Alexis. L'alcool lui brûle la gorge et déclenche un frisson désagréable en s'infiltrant en elle. Elle verrouille l'écran de son téléphone portable pour la troisième fois en l’espace d’une demi-heure et le range dans sa poche. Elle voit Kiara se glisser devant elle à ce moment-là, toucher l'épaule d'Alexis de manière tout à fait surréaliste. Puis tout est clair : peu importe quand, peu importe comment elle est arrivée là, Shea ne voit plus qu’elle, et son sourire l'abandonne aussitôt. Elle va essayer de s’acheminer vers elle, mais elle ne peut pas quitter ses yeux d’elle. Elle a l’impression d’être dans une de ces comédies romantiques et pour une fois, elle n’en a rien à faire. Parce que Kiara est là, et même si c’est indubitablement les effets de l’alcool, elle ne peut s’empêcher de chuchoter quelque chose qui n'atteindra jamais ses oreilles : « Salut… » Elle alterne les regards entre elle et Alexis. Est-ce qu'elle est censée les présenter ? Et pour dire quoi ?

Un seul geste de sa part retient son attention. Elle n’hésite pas un instant, pas même quand Alexis lui offre un regard plein de désir et des baisers sulfureux. Elle est gracieuse et belle, et l’alcool plonge chacun de ses gestes dans une sensation d'allégresse, mais Kiara est plus belle encore et son appel est sans concession. Car même alors qu’elle s’est éloignée, Shea s’intéresse encore au noir autour de ses yeux, à ses clavicules découvertes, aux lèvres qu'elle a mordillé, à ce muscle qui s'est contracté dans son bras lorsqu'elle s'est penchée pour récupérer un verre. Le même muscle qui se contracte lorsque… Shea se racle la gorge, évite de se laisser surprendre par ce genre de pensées, et se penche vers son date : « Je reviens. » Il lui semble n'avoir vu aucune rancoeur dans les yeux de Kiara, aucune trace de cette colère qu’elle avait dirigé vers elle la dernière fois. Shea s’échappe alors de la foule, bien trop rapidement pour quelqu’un qui est censé n’en avoir rien à faire. Cette petite capitulation lui confirme ce qu’elle sait déjà : Kiara tient les rênes. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, elle la voit, le cou dégagé, le corps légèrement cambré. Shea s'approche derrière elle et sans doute qu'elle pourrait poser ses lèvres dans sa nuque si invitante, plaquer son corps contre le sien et se tordre légèrement. Shea ne pense pas à quel point elle a envie d’elle, contre ce mur, en cet instant inapproprié, devant tous ces gens. Elle ne s’y projette pas parce qu'elle ne peut plus penser à rien. Elle ne lui propose pas de la rejoindre aux toilettes ou de s’enfuir d’ici parce que sa bouche est sèche et elle ne répond plus de rien non plus. Elle se rapproche alors un peu plus contre elle, se mord la lèvre comme elle le fait souvent, elle est tellement proche et c’en est trop. Alors, toujours postée derrière elle, Shea lui entoure la taille de ses deux mains, repose son visage contre le sien et murmure : « Tu vas encore me dire d’aller au lit comme à une ado ? » Ce qui aurait pu s’apparenter à de la rancoeur est atténué par un sourire amusé et des yeux qui peinent à se débarrasser de cette lascivité. Elle se hisse pour lui embrasser la joue. Puis elle se détache et, appuyée contre un mur, elle la regarde : « T’es parfaite. Je veux dire, t'es très belle, ce soir. »

@ Invité

avatar
   
#
Lun 17 Aoû - 23:22
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Elle ne peut retenir l’inspiration soudaine que ses poumons réclament lorsque les bras de Shea saisissent sa taille. Son corps contre le sien, l’odeur de son parfum qui frappe ses narines et sa voix dans ses oreilles parviennent enfin à calmer le besoin de l’avoir si proche d’elle. Elle pourrait mourir cette seconde et être satisfaite. L’idée est si effrayante qu’elle la balaye directement pour mieux se concentrer sur ces lèvres qui se posent sur sa joue, sur la vision céleste qui s’offre à elle lorsqu’elle ouvre les yeux. « Pourquoi ? Tu as besoin d’y aller ? » Question innocente, un brin taquine pour masquer cette nervosité qui pointe le bout de son nez devant le nouveau rappel de cette soirée désastreuse.

Ce soir elle n’a pas envie de lutter. Maintenant qu’elle l’a vue, elle ne veut rien voir d’autre et si elle se fait rejeter une nouvelle fois, alors tant pis. « Merci. » Les palpitations dans son ventre manquent de lui faire perdre l’équilibre tant elles sont fortes et surprenantes. Elle baisse la tête une seconde, presque timide du compliment. Lorsqu’elle la relève, qu’elle plonge ses yeux dans les prunelles sombres de Shea, elle a la lèvre mordue et les doigts qui jouent avec le bas de sa robe, comme gênée. « Je ne peux que te retourner le compliment. »

Lentement, elle s’approche du mur pour dominer de toute sa taille. Pour enfermer Shea entre le mur et son corps. Pour empêcher toute tentative d’approche d’un quelconque inconnu, de cette fille dont elle ne connaît pas le nom et dont elle se fiche royalement. Ou dont elle se ficherait si Shea n’était pas venue ici avec elle. La jalousie brûle le long de son œsophage tandis qu’elle se penche pour s’emparer de ses lèvres dans un baiser qu’elle veut simple, rapide, presque chaste. C’est oublier la facilité déconcertante avec laquelle elle peut fondre dans ses bras. Tu m’as manqué. Les mots qu’elle ne peut pas dire, elle les exprime finalement avec une caresse de sa langue. Et lorsqu’elle recule, que leurs souffles se mélangent dans une tension lourde, palpable, sensuelle, elle lâche ce qui lui pèse sur la poitrine depuis leur… leur quoi exactement ? Dispute ? « Je suis désolée. » A demi-mots, avec la musique si forte, il n’y a que leur proximité qui permet à Shea de l’entendre. « Pour la dernière fois. » Sa main vient se plaquer contre le bas du dos de Shea pour la coller à elle. J’avais envie de rester. « Tu as été parfaite et j’ai été conne. » Besoin d’oublier, de gommer la soirée, de passer à autre chose pour ne pas se laisser emporter par des émotions qui n’ont pas leur place dans ce jeu qu’elles jouent. Dans ce jeu que Kiara a déjà perdu.

Doucement, elle lâche son emprise sur le corps de Shea pour se poser contre le mur, à ses côtés. Son regard se porte sur la vague humaine qui se déchaîne et qui l’appelle. Elle n’oublie pas l’allégresse de la journée à la signature d’un contrat en or pour sa carrière. Elle n’oublie pas la célébration en bonne et due forme qu’elle a promise à Jade et Chris. Mais elle ne parvient pas à se concentrer sur autre chose que la silhouette à ses côtés. Si elle savait dessiner, elle prendrait le temps de mémoriser chaque trait de ce visage divin, de la naissance de ses cheveux jusqu’à la courbe de ses seins. Et elle prêterait d’autant plus attention aux yeux et à toute la chaleur qu’ils dégagent. À ses lèvres et ce sourire esquissé qui l’hypnotise. Mais elle ne sait pas dessiner et Shea n’est pas sienne, et c’est le boum du mix en cours qui la sort de sa torpeur.

« C’est qui cette fille ? » Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle a besoin de savoir. Besoin de rappeler à son cœur et à sa tête qu’elle n’a aucun droit sur elle. Qu’elle peut espérer tout ce qu’elle veut, rien ne changera ce simple fait. Sa possessivité la pousse à se saisir à nouveau de son corps, mais elle n’en fait rien. Elle se contente de regarder Shea, le regard brillant, la jalousie menaçante dans ses entrailles. Si elle joue bien ses cartes, la malheureuse sera vite oubliée.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mar 18 Aoû - 13:48
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


Les bras croisés sur sa poitrine, elle fait face à la beauté aberrante de la mannequin et qui rappelle Shea à ses souvenirs, à leurs souvenirs. Si récents et tellement éloignés à la fois, il lui semble qu'elle n'a pas touché d'être humain depuis elle, depuis une éternité, ni n'a détaillé de visage avec autant d'insistance et d'intérêt. Un bref rire imposant s'échappe de sa gorge sèche tandis que Kiara reconduit les compliments par un regard timide lancé en sa direction. Las cependant, de cette situation, de tout son être, Shea détourne rapidement le regard pour mieux se concentrer sur la foule derrière elle. Un chaos uniforme. « Merci. » Elle préfère ignorer sa question précédente parce qu'il y a tellement de réponses possibles que Shea préfère la laisser s'envoler, et bourdonner plutôt aux oreilles de Kiara, comme un petit chant de triomphe : « Je suis contente de te voir. Je savais pas que tu serais là. »

Kiara approche son visage jusqu’à n’être qu’à quelques millimètres de la mâchoire tendue de Shea. La britannique se regarde faillir, sa fermeté céder sans préavis, alors qu’elle forme un poing tremblant de sa main libre. Merde. Faites que quelqu’un les interrompe. Faites qu’Alexis ait soudainement besoin de la voir. Mais même son raisonnement interne devient inconsistant face à la bouleversante proximité de Kiara qui enivre intégralement. Désarmante, en proie à ce qu’elle donne autant qu’à ce qu’elle prend. Et elle prend toute l’énergie déployée par Shea à garder ses mains loin du corps de Kiara, et toutes les interminables secondes à son avantages. Ça ne semble pas la perturber assez pour empêcher sa main de se diriger dans la nuque de la mannequin et l’autre de s’entortiller dans les plis de sa robe. Sans un mot, sans un souffle, Shea observe la lutte interne et dirige instinctivement son regard vers les lèvres entrouvertes de Kiara. Le temps canalise son souffle en équilibre tandis qu’elle se laisse embrasser. Ses lèvres sont sur les siennes et Shea oublie qu’elle l’a laissée la coincer contre ce mur, elle se laisse même étreindre en évitant de se rappeler que c’est trop, qu’elle a trop bien conscience que c’est devenu quasiment systématique de le faire à chaque fois qu’elles se voient. Sans plus davantage d’hésitation, elle glisse ses mains dans le dos de Kiara pour la rapprocher d’elle, s'agrippant un peu plus à sa robe. Elle ressent tout, de sa respiration qui peine à reprendre un rythme normal quand elle s’écarte, à la main de Kiara dans son dos. Elle est désolée ? Désolée de quoi ? Shea se mure dans son silence, s'agrippant toujours à elle. Elle secoue alors le visage, et même si sa voix tremble légèrement, parce que c’est quelque chose qui lui est difficile de faire, elle n’en pense pas moins : « C’est moi qui suis désolée. J’aurais dû être là pour toi, et j'ai pas su le faire. »

« Elle s’appelle Alexis, si c’est ce que tu veux savoir. D’ailleurs on ferait mieux d’y retourner... » et pour éviter de se donner la chance de revenir sur sa décision, elle saisit la main de Kiara et l’entraîne vers la foule où elle raffermit son emprise sur ses doigts, pour des raisons qui lui sont inconnues, avant de la guider vers le bar. Elle y retrouve la blonde, et c’est bien tard qu’elle lâche la main chaude de Kiara. « Alexis, Kiara, Kiara, Alexis. » Elle se retient d’ajouter c’est la soeur d’une amie d’enfance parce que ça lui semble mal venu, qu'elle ne sait plus à quoi ça rime et que c'est même devenu un détail insignifiant. « Tu bois quoi ? » lance-t-elle ensuite à Kiara. Shea l’effleure à chaque fois que sa main peut entrer en contact avec elle, et elle remarque que ça ne doit pas déranger plus que ça sa conscience car les occasions se multiplient. Malgré cela, il lui faut encore afficher son impassibilité. Elle maudit un peu Kiara. Elle maudit son air calme et ses remarques aguichantes. Elle maudit son intelligence et son sourire. Elle maudit sa taille, sa beauté ridicule, ses yeux magnifiques et la courbe de sa mâchoire, de son menton, l’angle de son nez… Et ça n’aide pas que Shea ait dû se presser presque entièrement contre elle, quand il a fallu traverser la salle, même en cet instant, en parlant au barman pour également commander trois shots. Ce qui aide, c'est qu'elle arrive parfois à se persuader que ce n'est pas un comportement étrange pour deux bonnes amies. Au même moment, Kiara se repositionne sur sa gauche pour lui prendre la main. Du moins elle s’imagine que c’est Kiara. La main lui semble lui appartenir, mais il n’y a pas grand chose d’autre. La taille, les cheveux, le visage, le parfum, la peau, et ses mots ne sont en rien ceux de celle qu’elle voudrait posséder en cet instant. En se retournant elle constate avec effroi qu’elle avait complètement oublié Alexis, et que c'est elle qui caresse le dos de sa main avec ses doigts, alors elle s’excuse avec un baiser et un sourire : « Et toi ? Qu’est-ce que tu bois ? »

@ Invité

avatar
   
#
Mar 18 Aoû - 15:19
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Elle ne veut pas savoir, Kiara. Elle ne veut rien savoir de cette fille. Encore moins son prénom. Elle ne veut pas plus y retourner. Pour quoi faire ? Tenir la chandelle ? Non, merci. Mais Shea ne lui laisse aucun choix, s’empare de sa main pour lui faire traverser la foule en sens inverse. Elle voit tellement d’occasions pour lâcher sa main et se perdre, se cacher même, parmi ces âmes qui ne se doutent de rien, qui s’en fichent, qui sont là pour passer du bon temps. Comme elle, il y a moins de cinq minutes. Elle les jalouse. Leur innocence, leur joie de vivre, sur le moment, elle la désire. Elle croit même apercevoir Chris en train de sauter et ce serait si facile de semer Shea pour ne pas avoir à se soumettre à un spectacle qu’elle ne veut pas voir. Mais ce serait s’avouer vaincue avant même d’abattre son meilleur atout et elle reste une compétitrice dans l’âme. Et il est très vite bien trop tard pour elle de se dissimuler parmi la foule. Le visage simple et passe-partout de cette pauvre fille les accueille avec un sourire presque naïf et elle n’est pas si jugeante, d’habitude, mais elle ne peut s’en empêcher lorsque brûle dans ses veines le venin désagréable de la jalousie. Elle daigne à peine acquiescer lors des présentations. Elle se fiche d’elle et tout chez Shea suinte le désintérêt pour Alexis aussi. Pleine d’espoir, mais pas idiote, elle voit clair dans ce jeu de main, jeu de vilain qui prend place au vu et au su de tous. Et peut-être qu’elle devrait se sentir usée, fatiguée que Shea la force dans ce genre de situation, dans un sens elle l’est. Mais s’il n’y a que de cette manière qu’elle peut obtenir son attention, qui est-elle pour s’en priver ?

Elle ne répond pas, parce qu’elle se fiche de ce qu’elle boit. De l’eau serait parfait pour étancher la soif qui lui assèche la bouche, mais de l’alcool serait encore mieux pour lui faire avaler la bile de jalousie qui remonte et brûle sa gorge. Shea est de toute façon bien plus préoccupée par l’idée de se coller à elle le plus possible que par sa réponse. Les shots sont posés sur le bar avec rapidité et efficacité et elle n’attend pas longtemps avant de s’emparer du sien. Juste à temps pour voir Alexis se rappeler à Shea, juste à temps pour voir l’échange d’un baiser et l’alcool brûle autant que l’acide de son estomac. Partagée entre l’envie de se battre pour son attention et l’envie de noyer la jalousie, Kiara n’a pas le temps de se hisser un peu sur le bar pour passer sa propre commande, plutôt que de passer par Shea – tout lui est offert ce soir après tout, que Jade réapparaît. L’odeur de cigarette vient irriter ses narines, mais la vue paradisiaque de son précédent verre encore à moitié plein pardonne l’intrusion. Et parce que l’occasion est trop belle, Kiara profite du corps solide de sa collègue pour se caler contre elle, sans jamais perdre Shea du regard. C’est bas, mais elle sait que cela provoquera au moins une réaction. Et même si elle se doute que cette réaction ne fera que lui donner envie de vomir, elle joue avec les cartes qu’elle a.

Les bras de Jade passés autour de ses hanches pour l’aider à tenir droite et debout dans cette section du bar où les mouvements sont propices à la bousculade, Kiara ose un sourire qu’elle veut innocent, mais son regard veut tout dire. « Shea, Jade. Jade, Shea et Alexis. » La réaction de Jade ne se fait pas attendre, alors qu’elle baisse la tête vers son oreille pour se faire entendre. Shea ? Pas besoin pour Kiara d’acquiescer, la question est rhétorique et Jade en sait suffisamment pour ne rien dire de plus sur le sujet. Je veux danser. Elle n’hésite pas à finir son verre. L’alcool brûle délicieusement sur son passage, soulage le monstre qui menace sous sa peau. Le verre vide posé sur le bar, le regard toujours posé sur les traits de Shea, elle se saisit de la main de Jade pour l’entraîner sur la piste. Pas trop loin, pour pouvoir garder un œil sur le couple de la soirée, suffisamment loin pour que l’ambiance des danseurs autour d’elle l’entraîne avec leur énergie.

C’est pas en la rendant jalouse que tu va arriver à quoi que ce soit. Le souffle parvient à ses oreilles, les paroles un peu noyées par le son des baffles, mais elle devine le principal. Et elle sait. Mais bien plus que la jalousie qu’elle cherche à provoquer, c’est son envie. L’envie de Shea d’être avec elle, de la suivre sur la piste pour profiter de ce qui pourrait être à elle si elle ouvrait les yeux. Parce que ce soir, Kiara a la joie dans les yeux, l'excitation au bout des doigts et l’envie de passer un bon moment. Et chaque moment est forcément mieux lorsque Shea est là pour le partager avec elle. Ses yeux ne peuvent la quitter. Elle la veut. Non pas sexuellement, mais entièrement. Corps et âme. Et lorsque le silence se fait rien qu'une fraction de seconde, lorsque la basse frappe soudainement et que le son reprend, Kiara est obligée de tourner le dos. Ce n’est ni l’endroit ni le moment pour ces réalisations.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mar 18 Aoû - 20:07
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


Kiara a avalé l’intégralité de son verre sous ses yeux interloqués avant que Shea n’ait le temps de leur proposer de trinquer. Elle regarde ensuite quelqu'un s'approcher, et Shea ne bouge pas, incapable d’esquisser un geste à sa rencontre. Néanmoins, elle fronce les sourcils parce que Kiara la regarde et puis qu’est-ce que c’est que ces messes basses ? est-ce qu’elle essaie de lui faire passer un message ? de la rendre jalouse ? Cette perspective lui semble ridicule. Kiara a presque aussitôt reposé son verre qu’elle s’éloigne d’elle. Et Shea, pour toute réponse, regarde bêtement son verre, absorbée par ce qui s'y passe, incapable d'y décrocher son regard. Un soupir audible lui échappe, son ton est muselé par sa déception lorsqu'elle s'adresse de nouveau à son date : « Bon bah... Cheers. » « C’était qui ? » Shea hausse les épaules. Elle veut en dire assez pour qu’elle la comprenne mais garder cette once de mystère. Consciente des questions que soulève son silence, elle regrette immédiatement de les avoir présentées.

Où donc est passée sa dérision, son égoïsme, son je-m’en-foutisme et les ambitions qu’elle a si fièrement apporté avec elle à New-York ? Se sont-ils perdus à l’arrivée de Kiara ? Pourquoi déjà est-ce qu’elle se trouve là, à cet endroit à scruter le fond d’un verre de tequila ? A boire comme si sa vie en dépendait ? A être sur le point de déballer son coeur à une inconnue plutôt que de se pavaner devant elle dans un mutisme orgueilleux ? Mais sitôt qu’elle se laisse le temps de réfléchir dans les dédales de son esprit, elle perçoit, au-delà de sa propre censure, la vision de Kiara. Sans cesse, son esprit se tourne vers cette dernière. Une marée surgit en elle, des flots sombres, une cohorte de visuels et de souvenirs. Elle sent éclore l’appel irrésistible, la faim insatiable de son corps, comme un chant de sirène, vraiment. L’idée que cette attraction soit le fait de quelque chose de plus profond la submerge de terreur. Comment peut-elle retourner dans ses bras alors qu’elle vient tout juste de parvenir à s’en extraire ? Shea lutte contre une nervosité violente et sournoise et s’accroche soudainement aux bras d’Alexis d’un geste vif, s’accroche aussi du regard à chaque détail de chaque individu autour d’elles pour s’y retenir, chasser Kiara de son esprit. Alexis l’accueille dans son étreinte. Shea sent son angoisse s’infiltrer en elle, résultant du conflit entre deux états d’esprits contradictoires. Elle n’a pas les ressources et l’énergie nécessaires pour y mettre un terme. Alors, elle laisse son visage reposer sur l’épaule d’Alexis. Mais ne pas voir Kiara, est aussi insupportable que de la savoir présente, indéfiniment présente, et de ne pas l’avoir. Alexis lui offre d'infimes baisers dans le cou et Shea ne pense plus à rien. Elle ose lever les yeux vers la piste de danse en tendant les oreilles au bruit autour, les clients menant une existence intrinsèque à la nuit qui s’avance. Elle suit du regard les courbes de la mannequin, sa mannequin, perd son esprit dans ses mouvements. Toujours vautrée dans les bras d’Alexis, alors qu’elle tient son verre de la gauche, elle s’empare de son téléphone de la main droite et compose un message rapide, en espérant que dans ce boucan, Kiara entende son portable ou le sente vibrer contre elle, comme une injonction. Pour s’en assurer, elle garde les yeux rivés sur elle alors qu’elle envoie : je t’ai déjà dit comme cette robe t’allait ? Bon moyen, il lui semble, de garder un quelconque contrôle distancié. Ne sait-elle pas déjà que Shea ne contrôle rien du tout ? Elle se sépare enfin d’Alexis, dépose un baiser sur ses lèvres, fait semblant de sourire à une de ses plaisanteries et se penche sur le comptoir pour commander. C’est tout juste si elle n’impose pas de se servir elle-même, entre deux regards vers la piste de danse et des deux mannequins ensemble. Elle n’a jamais été prône à se remettre en question, mais face à Kiara, les doutes se réveillent sans cesse et soudain, elle réalise, dans le plus profond de son esprit, qu’elle ne fera jamais le poids face à Jade, et qu’elle ferait mieux de se cantonner à ce qu’elle sait faire et à ce qu’elle a d’acquis, et d’arrêter de tourner autour de la petite soeur de Kaz - parce que ce détail revient souvent la hanter. L’alcool vient l’en dissuader, et elle reprend son téléphone avant même de prendre la décision de continuer : ça m’empêche pas d’avoir envie de l’enlever. Question pour Alexis à qui elle n'accorde pas un regard : « Tu veux aller danser ? » « Je te suis. » Nouveau message discrètement destiné à Kiara, qu'elle ne quitte pas des yeux : avec les mains ou avec les dents, puis un autre : j’ai pas encore décidé. t’as une préférence ? Game on.

A quelques mètres du couple qu'elles forment, Shea se retrouve réellement terrifiée de l’affect que Kiara a sur elle et qu’elle ne saurait absolument pas comment l’appréhender ou le chasser si ça devait perdurer. Elle se fraye alors un passage vers elles, et alors qu’elle s’apprête à demander à Kiara : « Est-ce que... » Est-ce que quoi ? Un bras est venu lui saisir fermement les épaules et même si Shea grimace, la main d’Alexis saisit son visage et caresse le bord de ses lèvres. Clairement contrariée par cette interruption soudaine, Shea ne peut toutefois s’empêcher de se dire que cette fille vient peut-être de l’empêcher, sans le savoir, de faire une erreur monumentale. Elle regarde alors brièvement Kiara tandis qu’elle se laisse entraîner dans une étreinte un peu trop affectueuse.

@ Invité

avatar
   
#
Mer 19 Aoû - 0:35
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Il y a quelque chose d’enivrant avec ces soirées-là. Cette impression que la positivité attire la positivité et que rien ne peut venir briser la fierté qui frôle le bonheur, que rien ne peut venir la faire redescendre de ses émotions si fortes qu’elle pourrait planer. Cette vague de corps au milieu desquels elle danse ne fait que lui rappeler geste après geste, sourire après sourire, qu’elle est là pour se perdre dans une sensation de pur plaisir, pour oublier le temps d’un soir ce nom qui tourne en boucle dans sa tête sans qu’elle ne puisse jamais le faire sortir. Disque rayé qu’elle essaie de débloquer de la platine. Disque rayé qui se rappelle à elle, si tendre, si beau, plus enivrant encore que l’ambiance qui règne ici. Disque rayé qui n’a de cesse de blesser encore et encore et Kiara n’a pas la force de lui demander d’arrêter. N’arrive qu’à succomber au désir de l’avoir contre elle.

Les yeux fermés, le dos tourné à ce couple qui blesse plus qu’elle ne voudrait l’admettre, elle essaie de se perdre dans l’atmosphère si libératrice des mix maison du DJ. Essaie de se débarrasser de ces baisers échangés avec Alexis alors qu’une minute avant, c’était elle que Shea embrassait. Elle essaie de ne pas laisser cette terrible sensation d’humiliation lui monter à la tête. Essaie de gommer ces dernières minutes pour oublier qu’elle est là, derrière elle les yeux certainement posés sur elle pendant qu’elle se consume sur une piste de danse si pleine et pourtant si vide. Vide de la seule présence qu’elle veut à ses côtés. Son corps, mu par ce besoin de ne plus l’avoir dans la peau, bouge un peu plus fort. Ses hanches suivent le rythme de plus en plus rapide imposé, sa tête se laisser guider par la voix déformée par les effets et elle se perd dans les jeux de lumière, dans les bras d’un inconnu. Se noie dans la voix qui résonne encore dans ses oreilles. Séductrice et douce, sucrée comme le goût de sa peau. Bien trop addictive pour qu’elle puisse espérer un jour pouvoir s’en passer.

Le rythme la poignarde presque autant que la vision de Shea dans les bras d’Alexis. Elle voit les yeux noirs tournés vers elle. Elle voit la différence dans la posture, sait que Shea la veut, sent qu’elle ne veut pas se l’admettre et alors que la déception s’installe confortablement sur sa poitrine, elle s’empare des hanches de Jade pour s’accrocher à quelque chose, éviter de se noyer dans des émotions négatives qu’elle ne veut pas gérer. Pas ce soir. Pas maintenant. Pas comme ça. Alors bien sûr, elle profite d’une collègue aussi séduisante qu’hétéro pour ne pas se laisser emporter. Et bien sûr elle ne lâche pas Shea du regard, elle ne peut plus. Le manque est à nouveau là, présent, insistant. Une semaine sans la voir c’était trop.

Dans son soutien-gorge, son téléphone vibre. Une fois. Le regard de Shea brûle. Deuxième vibration alors que le DJ transitionne entre deux musiques. Troisième. Quatrième. Et elle a envie de hurler. Parce qu’elle n’a pas le droit de lui envoyer des messages alors qu’elle est confortablement installée dans des bras qui ne sont pas les siens. Parce que Kiara a toujours assez d’amour propre pour ne pas devenir la pièce sur le côté, plus attrayante parce que moins accessible. Elle l’est pourtant. Elle a montré tous les signaux au vert. Si Shea veut sa blonde, qu’elle la garde.

Colère, jalousie et alcool. La scène se répète. Combien de fois doit-elle s’admettre qu’elle a déjà perdue à ce jeu avant qu’elle arrête de s’y prêter au lieu de continuer d’essayer ? Elle n’a pas le temps de récupérer son téléphone. Shea est déjà là, face à elle, une question au bout des lèvres, mais Alexis ne semble pas si naïve si ses tentatives désespérées de garder l’attention de Shea sur elle veulent dire quoi que ce soit. Sourire amer, déçu, elle secoue la tête le regard plongé dans celui qui n’en finira jamais de remuer le couteau dans la plaie. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle ose un regard aux messages. Figée au milieu de la piste de danse, bousculée par la masse qui l’enferme, elle a l’impression de s’être pris un bac de glace sur la tête. Elle n’a pas le courage de relever la tête pour communiquer toute la colère qui monte, violente et soudaine. C’est elle ou moi. Un seul message que Shea, en cet instant, ne mérite même pas. Une nouvelle fois, Kiara lui tourne le dos pour s’enfoncer un peu plus loin au cœur de la piste. Pour disparaître et se réfugier dans des toilettes mystérieusement vides.

Toute la joie à laquelle elle essaie de s’accrocher depuis le début vient de disparaître, remplacée par le choc. Kiara est livide. Elle sait que Shea peut avoir un comportement déplorable parfois, mais jusque-là elle n’avait fait preuve que de respect envers elle. N’est-elle donc vraiment que ça ? Une conquête de plus ? Sans accroches ni sentiments, même reniés ? La désillusion frappe aussi fort que le silence qui l’entoure soudainement. La douleur est plus forte encore que la dernière fois. Elle n’est plus très sûre de pouvoir supporter de se faire rejeter une deuxième fois. Plus très sûre de pouvoir supporter la présence de Shea dans sa vie si c’est pour devoir encaisser ces blessures à chaque fois. Mais en même temps il n’y a rien de plus effrayant que l’idée de la perdre.

La porte s’ouvre. Elle n’a plus aucune échappatoire. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, elle prie. Elle prie le ciel pour que ce ne soit pas Shea.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mer 19 Aoû - 12:54
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski



Ce message est loin de ce à quoi elle s’était attendue. Mais à quoi s’était-elle attendue au juste ? A quoi s’attend-t-elle à chaque fois ? A ce que Kiara rentre systématiquement dans son jeu ? A un flirt innocent ? Elle pense que c’est ridicule, parce qu’elle pourrait très bien partir avec Alexis. Elle pourrait sans doute rentrer avec n’importe laquelle d’entre elles, sauf que la seule dont elle a envie est celle qu’elle ne devrait pas - ou plus - vouloir. Shea suit Kiara du regard, s’assure qu’elle n’est pas en train de sortir définitivement. Lorsqu’elle voit qu’Alexis va essayer de l’embrasser, elle recule instinctivement son visage, se détache d’elle et l'entraîne un peu à l'écart, lui expliquant aussi gentiment et le plus hâtivement possible que c'était très bien la première fois, mais qu'elle n'a pas décidé qu'elle avait envie de passer la soirée avec elle, ou de recommencer. Elle s’attend à une claque ou d’autres remontrances. Et pour une fois, contrairement à ses habitudes, elle ne s’afflige pas à l’idée de rentrer seule. De toute façon, les conditions ne sont plus idéales. Toi. Elle évite d’ajouter toujours alors qu’elle se retrouve portée vers la porte des toilettes. Elle entre et Kiara est là, seule. Cruelle et inaccessible. Voilà comment Shea perçoit Kiara dans ce revirement de situation. Elle qui auparavant ne convoitait que son intérêt ou un renchérissement dans leur jeu, elle a appris à la redouter, à la craindre, et ça ne fait qu’attiser le désir qu’elle éprouve déjà naturellement pour elle.

Elles restent un moment l’une en face de l’autre, portées par la musique dont les paroles semblent écrites pour elles. Sa peau commence a former des perles de sueur qui brillent sous les néons et Shea ne peut s’empêcher d’admirer les bras et les épaules tendues de Kiara. Elle commence à imaginer ce que ça peut être de ressentir à nouveau ses bras autour d’elle. Shea essaie de se représenter, à l'avenir, à la force surhumaine dont elle devrait faire preuve pour ne serait-ce qu'envisager de ne plus penser à Kiara. Elle échoue même dans la conception de cette perspective. Contre toute attente, Shea pivote vers elle et s’approche en souriant. « On n’est pas amoureuses, c’est juste un jeu entre nous. » Déclare-t-elle. Ça ressemble à une question, adressée à Kiara qui n’a rien demandé ou à sa propre attention, elle n'en est pas certaine. Un frisson parcourt son échine et une angoisse s’empare d'elle en la voyant là, la poussant à s'appuyer aux lavabos pour mieux se rapprocher. Son cœur se met à battre à un rythme effréné et imprudent. Jamais encore personne n’avait eu l'ascendant sur elle à ce point, à moins que ce ne soit l’alcool qui se manifeste enfin. Shea déteste par dessus tout cette sensation d'hyperactivité, de ses muscles sur-stimulés, de ce rythme cardiaque irritable. Animée par l'euphorie et par les réactions exagérées que ne connaissent que les gens sous l'emprise de l'alcool, elle se croit au bord du gouffre, prête à rendre l'âme, et la seule chose à laquelle elle pense est à ce qu’elle va lui dire. « T’as pris une décision, pour la robe ? »

Elle n'est plus qu'à quelques centimètres quand la porte s'ouvre de nouveau, une vague d’humidité la frappe, comme le mélange de fumée, de sueur et de chaleur corporelle qui se sont unifiés dans une unique atmosphère gluante et pesante. Le rythme des basses de la musique électronique rugit tout autour d’elle. Elle attend que la foule se soit un peu dispersée pour se retourner vers Kiara, mais elle ne peut pas garder ses yeux sur elle, de peur de ce qu’elle pourrait y voir. Alors, elle observe ce qui se passe dans les lavabos. Elle se fait ensuite soudainement bousculer, et instinctivement, elle est obligée de prendre appui d’une main sur le support derrière Kiara pour s'empêcher d’être plaquée contre elle. Alors c'est une succession de flashbacks aussi inappropriés que non sollicités qui s'enclenche. Elle reste un moment la, sous le choc, la respiration qui se fait plus dense, son coeur qui se resserre dans sa poitrine, enivrée par son parfum et sa proximité. Elle devrait sans doute bouger. Ça serait tellement facile de refermer la distance entre elles, poser son autre main sur ses côtes et l’embrasser comme avant. Sauf que ça ne serait pas ce que Kiara veut. A moins que… ? Non. Shea n'ose pas la regarder et elle a un moment d’égarement avant de relever enfin le visage, elle observe Kiara en se mordillant la lèvre inférieure. Kiara est toujours magnifique, mais encore plus maintenant qu’elles sont face à face et qu’elle n’a ailleurs où regarder. Shea s'humecte les lèvres dans l'espoir inconscient d'un baiser. Un seul. Juste de quoi l'autoriser à l'embrasser à son tour. A sa grande honte, son corps brûle encore pour Kiara. C’est comme s’il n'y avait personne d'autre dans tout le club, dans toute la ville. Shea observe derrière elle, et quand elle est certaine qu’elle ne risque plus rien, elle recule, certaine que son corps transparaît tout le désir qu'elle a pour Kiara. « Pardon... » murmure-t-elle, même si elle n'est pas vraiment désolée, l'avidité s’est pleinement emparée d'elle, lui a coupé le souffle. Kiara attend-t-elle qu'elle reprenne la conversation ? Elle n’a jamais rien connu de tel avec personne d'autre, ce besoin presque animal ne se rencontre qu'avec elle. Il lui suffirait d'avancer de quelques centimètres encore. Ce sont ses lèvres magnifiques, et ses yeux. Pour ne plus avoir à la regarder, Shea observe autour d’elles. Parce qu’en la regardant de cette manière, Shea a peur que Kiara puisse se dire, sans le moindre doute : elle m'aime. Alors elle lui propose : « Tu veux aller prendre l’air ? On peut aller se promener un peu. »

@ Invité

avatar
   
#
Mer 19 Aoû - 16:45
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Dans sa main son téléphone vibre et Kiara n’a pas besoin de le déverrouiller pour que la réponse l’aveugle. Son cœur manque un battement puis deux. Elle n’est pas comme ça d’habitude. Elle a joué longtemps avec Anisha, avec Skye et jamais elle n’a ressenti autant en leur compagnie. Jamais elle n’a eu autant envie de quelqu’un. Et elle qui aime les défis, elle qui aime la compétition, elle qui ne recule jamais quand les temps se font durs, se retrouve complètement démunie et à ne plus savoir que dire, comment agir. Baladée entre la nouveauté de la chose et les humeurs de Shea, elle est perdue. C’est aussi effrayant que ce besoin d’être avec elle qui ne la quitte plus depuis leur première fois. Et ça ne rentre pas dans le contrat.

La porte s’ouvre, la musique assourdissante s’introduit en même temps que Shea, bien sûr que c’est Shea. Shea qui l’attire comme un aimant et la repousse comme un ressort. Shea qu’elle veut contre elle, avec elle, près d’elle. Shea qui force sourires et pulsions. Shea qui déclare et questionne en même temps, sans que Kiara ne puisse dire pour sûr quelle réponse est attendue. « Non ? C’est pour ça que tu abandonnes ton coup du soir pour moi ? » C’est peut-être l’alcool qui parle, ou l’audace née du simple fait que Shea soit là, l’ai choisie elle, mais elle ne peut s’en empêcher. Ses lèvres brûlent de la question. Son corps vibre de la proximité. Ses sens s’éveillent doucement et son cœur s’élance dans un rythme effréné, parce qu’elle est là, à quelques centimètres, son parfum déjà parvenu à ses narines, sa peau bientôt à porter.

La porte s’ouvre sur un monde qu’elle aurait pu oublier dans cette bulle à l’atmosphère plus lourde encore que ce qui les attend à l’extérieur. Sa réponse meurt dans sa gorge avant qu’elle n’ai vraiment l’occasion de former les mots. Sous ses yeux, la Shea entreprenante qui sait toujours ce qu’elle veut disparaît, fuit son regard et Kiara pourrait hurler de frustration. Cette danse devenue fatigante au rythme d’une chanson de Ricky Martin qu’elle ne peut plus entendre tant elle lui hérisse les poils, elle n’en peut plus. Et pourtant la voilà qui pose ses mains sur les hanches de Shea pour l’empêcher de se faire emporter, pour la garder le plus près d’elle possible, pour lui rappeler qu’elle est là. Le doute s’installe subitement, parce que Shea ne veut peut-être pas d’elle ainsi, mais dans ce cas pourquoi être là et pas dans les bras d’Alexis ?

Le sens de tout ce qui est en train de se passer lui échappe, elle n’a que ses pieds, ses mains et sa ténacité pour rester droite et fière pendant que Shea joue. Elle voudrait l’enlacer, poser ses mains dans son dos, sa tête sur son épaule et lui rappeler qu’elle n’est pas qu’un plan cul. Qu’avant que tout dérape, elles étaient en bonne voie pour devenir amies. Que si elle le souhaite, elle peut toujours l’être. Elle a envie d’être plus, ne pourrait jamais le nier ni le cacher à celui qui ose y regarder de plus près, mais elle ne pourra jamais renier sa véritable nature : véritable pilier à la patience proverbiale, aux épaules toujours prêtes à rassurer, consoler. Et même si la nouveauté de ses sentiments la pousse dans ses retranchements, elle est prête à apprendre à gérer, à ravaler plus vite déception et frustration et jalousie. Elle voudrait exprimer tellement de choses qu’elle n’ose pas bouger ses mains, n’ose rien de plus que de rester à sa place, regard vers le sol à attendre que les toilettes se vident à nouveau. Et si elles gênent, elle n’en a que faire.

Le calme revient trop vite à son goût. Shea s’éloigne trop vite à son goût, mais elle ravale la déception, comme promis pour offrir un sourire si naturel qu’elle se demande si elle ne devrait pas être actrice. Elle ne se permet pas de croiser son regard trop longtemps, par peur de ce qu’elle pourrait y voir. Par peur de laisser l’espoir causer à nouveau des ravages. Par peur de se faire des films. Alors dans une approbation peut-être un brin trop enthousiaste, elle hoche la tête.

« Y a le Madison Square Park à côté, viens. » C’est au tour de Kiara de ne pas lui laisser le choix. Sourire impatient, elle ose un clin d’œil avant de se saisir de la main de Shea. Elle n’est pas prête pour l’ambiance qui les accueille à la seconde où elles sortent. Pas prête pour la gifle des basses, pour la masse qui l’oppresse et qui pourrait lui faire perdre la main qu’elle tient précieusement. Elle ne voit plus Jade ni Chris et elle ne les cherche pas forcément non plus alors qu’elle trace en direction de la sortie définitive. Une sortie qu’elle accueille avec un souffle de soulagement et un rire qui résonnerait presque dans le calme relatif qui les entoure.

« J’ai une bonne nouvelle. » Elle admet, un sourire fier et heureux et nerveux sur les lèvres. Corps tourné vers Shea, elle la regarde avec excitation. « J’avais prévu de t’appeler demain pour te le dire, mais… » tu es là. Elle préfère ne pas finir sa phrase. Ne préfère pas donner à sa nouvelle une vague de sous-entendue qu’elle ne fera que regretter plus tard. « J’ai signé avec Cartier ce matin. » Aveu à mi-chemin entre murmure et cri de joie, elle se permet de retomber en enfance quelques secondes et de sautiller sur place. « C’est pour ça qu’on était là ce soir. Et c’est pour ça que je suis peut-être un peu bourrée ? » Elle hausse les épaules, l’air innocent, avant de tirer sur le bras de Shea pour lui dire de continuer à marcher. « Tu voudra venir le jour du shoot ? » Elle ne sait pas pourquoi elle pose la question, mais il est déjà trop tard. Son cœur s’emballe sous la nervosité. « Tu sera probablement occupée, je… laisse tomber. » Elle offre une porte de sortie, sans savoir si elle préfère que Shea accepte ou refuse la proposition. C’est peut-être ça le pire.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mer 19 Aoû - 20:08
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


Le bruit sourd de la porte qui s’ouvre, à intervalles régulières, étouffée par la musique qui les rappelle au reste du club, les sépare et Shea se détache de Kiara par automatisme. Prenant alors pleinement conscience de ses gestes, elle porte la main à ses cheveux, visage décomposé par la culpabilité et l'affliction. Shea sait très bien que c’est plus qu’une relation sexuelle banale. Ce sont aussi les baisers tendres et passionnés, la façon de dormir l'une contre l'autre. Les lèvres simplement posées dans le cou, les compliments perdus, leurs regards. La façon dont elles s'abandonnent entièrement l’une à l’autre, les mots qui sont presque évoqués. Et Kiara le sait aussi, forcément. Ce genre de certitude ne se présente-t-il pas qu'une seule fois dans une vie ? Kiara lui sourit, et si elle lui sourit c’est que tout va bien ? Une main atterrit contre la sienne, mais sa personne toute entière est comme figée dans l’espace et Shea se demande si elle ne pousse pas sa chance en s’étant rapprochée de la sorte vers Kiara.

« Madison Square Park, parfait. » Elle trébuche un peu sur ses mots, et pourtant Shea se décontracte, abaisse une main qu’elle porte précautionneusement au bras tendu de la mannequin, croisant ses doigts avec les siens, avec une brève frictions de ses phalanges contre sa paume, elle se laisse entraîner à l'extérieur. Kiara lui fait une annonce et les yeux de Shea s'illuminent soudainement. « Cartier ? C'est génial ! » Elle veut continuer mais c’est dur de se concentrer sur ce qu’elle veut dire quand son parfum vient l’assaillir. Le coeur vient battre dans sa gorge. Elle s’imagine que si elle n’avait pas disparu du Royaume-Uni, c’est ainsi qu’elles se seraient embrassées pour la première fois : dans une boîte de nuit puante débordante de monde, mais que la présence de Kiara aurait canalisé, et qu’elles auraient été beaucoup plus jeunes. C’est ainsi que ça se serait produit : elle aurait éprouvé un choc, une attirance physique. Ce qu’elle aurait ressenti, Shea n’aurait pu l’expliquer, elle sait seulement qu’elle l’aurait remarqué. Et pas seulement parce qu’elle a un corps de top model, pas seulement pour sa peau brune et ses cheveux noir profond ou son sourire. Elle aurait probablement regardé Shea avec un manque d’intérêt total et définitif. Elle aurait ses grands yeux noirs entourés de cils obscurs. Il y a beaucoup de choses que Shea veut pouvoir dire, tant de chose qu’elle voudrait faire, et par où commencer ? Elle voudrait... - Mais soudain, Shea se redresse comme si elle était une personne totalement différente : « Bien sûr que je viendrais, K. Je raterais pas ça. » Elle porte sa main jusqu’à son bras, puis glisse jusqu’à son avant-bras et enfin contre sa main de laquelle elle ne bouge pas.

« T'es sûre de pas avoir envie d'y retourner pour célébrer ça avec tes amis ? » Elle le dit en prenant un peu d'avance dans la rue, espère que Kiara préférera sa présence. Shea digère enfin sa lutte interne et dirige instinctivement son regard vers les lèvres de Kiara. Le temps canalise son souffle en équilibre tandis qu’elle la mène sur le trottoir. Elle sent avec épouvante sa main se reposer sur celle de Kiara alors qu’elle la regarde dans les yeux sans ciller. Elle est un peu essoufflée, elle ne sait pas trop pourquoi, et avant que Kiara n’ait le temps de répondre, elle murmure : « Je peux aussi aller acheter une bouteille et on célèbre ça dans le parc. » Puis, à mesure que les nerfs se détendent et que les secondes avancent, lui vient cette fatigue dévorante, cette envie d’engager son être tout entier, qui la prend tout d’un coup et libère, à une profondeur que d’ordinaire elle combat, un surcroît de gratitude qu’elle ne sait comment employer. Bientôt le coeur - cette pompe à émotions - se détend ; elle le sent taper plus lentement, fidèle sous les côtes, gros muscle que Kiara a introduit et fortifié. Elle ne le lui dit pas pour ne pas raviver un vieux malaise, et parce qu’elle commence à sentir les effets de l'alcool. « Tu veux qu'on joue à 'je n'ai jamais' ? » Elle le dit avec un sourire espiègle alors qu'elles pénètrent dans une épicerie. Elle achète la première bouteille d'alcool qui lui passe par l'esprit : de la vodka. Ses jambes flageolantes alors qu'elle tend sa carte bancaire au caissier. Elle termine son numéro en s’emparant des mains de Kiara et en les déposant autour de sa taille avant de se rapprocher. Elle ouvre ensuite la bouteille et la tend à Kiara, puis : « A ton contrat alors... »

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 20 Aoû - 2:14
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Sous les réverbères et les lumières de la ville, Shea devient une vision divine, surréelle. Une perfection sculptée en chair et en os que Kiara peut observer sous toutes les coutures sans gêne aucune. Une merveille du monde sans égale, à l’attrait irrésistible, à la beauté inégalable. Et si elle se dévoilait aux autres comme il lui arrive de se dévoiler devant elle, Kiara sait avec certitude qu’elle ne serait pas la seule à tomber sous son charme. Il est facile de craquer pour son physique, pour ses belles paroles, bien plus difficile de craquer pour la personne qu’elle est, derrière toute l’attitude qu’elle aime arborer. Et pourtant, chaque instant passé à ses côtés ne fait que la pousser un peu plus vers les bas-fonds d’émotions dont elle ne pourra jamais se défaire.

Il paraît que le premier… Il paraît qu’il ne s’oublie jamais. Elle veut bien le croire. Sa poitrine semble s’élargir à mesure que les secondes passent, que Shea réagit à sa nouvelle, que la lueur dans son regard s’adoucit, que sa main vienne reprendre la sienne. Si elle le pouvait, Kiara viendrait la prendre dans ses bras pour profiter de l’instant, fermer les yeux et prier pour que le temps se suspende. Cette bulle créée sans le vouloir au milieu d’un trottoir donne à la nuit une ambiance un peu plus romantique que ce à quoi elle s’attendait, mais elle ne peut s’en plaindre lorsque son corps ne ressent que le calme paisible de ce plaisir inavoué d’un moment en tête à tête imprévu. C’est une graine de bonheur qui s’installe dans sa poitrine, parce que la porte de sortie, Shea ne la regarde pas une seconde. Parce que le jour le plus important de sa carrière, elle sera là et à quoi bon chercher à rendre fier des parents morts et enterrés quand l’une des plus importantes personnes de sa vie se tient là, devant elle, prête à la soutenir ? Il y a une timidité presque gênante qui chauffe ses joues, qui teinte son sourire. Une timidité qui disparaît aussi vite, la bulle éclatée par une remise en mouvement bénit.

Elle pourrait rire de la question, si l’intensité du regard ne gluait pas ses lèvres entre elles. Elle pourrait répondre en levant les yeux au ciel, si elle n’avait pas peur que Shea l’interprète mal, s’il n’y avait pas quelque chose qui se joue entre elles, sans qu’elle ne sache exactement quoi. Les mots sont là, au bout de ses lèvres. Embrasse-moi. Mais Shea semble la fuir depuis tout à l’heure et elle ne veut pas pousser. Ne veut pas s’imposer. Hocher la tête semble être la meilleure solution. Celle sur laquelle elle se repose, alors qu’entre ses côtes ses poumons réclament un air qu’elle ne semble plus être en état de fournir. Comment pourrait-elle dire qu’elle préfère la présence de Shea à celle de toutes ces autres filles qui peuplent son monde ?

Le glamour sur les unes de couverture, sur toutes les pubs diffusées à la télé ou dans les rues de la ville n’a rien de tel dans les coulisses. Emplie de toxicité et de mentalités qui ne lui ressemblent pas, elle n’avoue que trop rarement qu’il y a des journées si compliquées parfois, qu’elle pense à tout quitter. Strass et paillettes, beautés artificielles, lèche-culs et opportunistes sont devenus un quotidien qu’elle se plaît à quitter en rentrant chez elle. Un quotidien que Shea rend plus vivant encore, plus joyeux. Un quotidien dans lequel Shea tient le plus de place tant elle pense à elle. Entre ses dents, sa lèvre se fait doucement torturer à mesure que ses yeux suivent cette silhouette aussi inébranlable que sauvage. Comment lui dire qu’il n’y a qu’avec elle qu’elle veut célébrer cette nouvelle et toutes celles qui suivront ? Comment lui dire que sa présence dans sa vie a supassé toutes ses attentes et bousculé chacune de ses habitudes ? Elle ne peut pas lui dire, simplement garder précieusement ces sensations procurées par sa simple présence, ses sourires et ses attentions. Et peut-être qu’un jour elle pourra l'avouer.

Le seven eleven est vide à cette heure-ci. Rien de surprenant. Pourtant Kiara s’en voit soulagée de ne pas avoir d’autres âmes aptes à perturber l’énergie qui s’installe entre elles. Elle n’est pas sûre de pouvoir supporter un autre accès de jalousie qui ne lui ressemble décemment pas. « Tu veux nous pousser au coma éthylique c’est ça ? » Un jeu dangereux, elle le sait. Leurs deux esprits de compétition les rendrait léthales. D’autant plus en pleine rue, si proche et si loin en même temps de chez elle. « Ou est-ce que tu cherches encore à me faire prendre une décision ? » Sourcil levé dans un air de défi, elle accepte la bouteille pour faire profiter à ses papilles le goût crémeux de la vodka. Aguicheuse, elle sort de l’épicerie, le sac typique autour de la bouteille pour dire à tout le monde que c’est bien de l’alcool qu’elles s’échangent en marchant.

Le parc est fermé, mais c’est facile d’enjamber le grillage. Plus facile encore de s’allonger sur l’herbe et essayer de trouver des étoiles dans le ciel pollué de New York. « A Londres j’avais un ami passionné d’astrophotos. » Elle n’avait pas l’intention de partager ce genre d’information, de mentionner son passé. Mais elle ressent l’envie de se dévoiler un petit peu plus. De révéler ces petits bouts d’elle que Shea ne connaît pas encore. « Parfois il nous embarquait avec lui. Je crois que ça fait partie des meilleures soirées de ma vie. Une fois son matos monté, on était les rois du monde dans ces champs. Pas besoin d’alcool, juste d’un peu de musique et d’une compagnie royale. » Elle porte le sourire d’une fille qui a goûté au bonheur et dont les souvenirs suffisent à lui rappeler qu’il est si facilement atteignable qu’il paraît cruel de s’arrêter aux doutes et à la peur de l’inconnu. Elle porte le sourire d’une fille qui pourrait y goûter à nouveau si elle parvenait à s’ouvrir. Si elle parvenait à se faire entendre. « Je crois que c’est ce qui me manque le plus. » Le nom de Rez vient lui donner le vertige à mesure que le manque s’installe, mais les yeux posés sur Shea à ses côtés elle ne parvient pas à en souffrir. « Mais je suis plutôt chanceuse. » Une nouvelle gorgée de vodka vient interrompre son laïus. « J’ai trouvé aussi bien ici. »

(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 20 Aoû - 13:08
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


La porte fermée du parc, et Shea fronce déjà les sourcils, s'apprête à s'en consterner mais Kiara enjambe déjà le portail, toujours avec élégance, comme si c’était la chose la plus facile du monde, abandonnant une Shea ébahie et haletante : « Mais, ta robe, tu vas… » Bon. Par principe plutôt que par faux attachement à la prudence, elle lance un rapide coup d’oeil préventif autour d’elles et lui emboîte le pas avec précipitation après lui avoir confié la bouteille à travers les barreaux. De l’autre côté, Shea la regarde, et elle se rapproche encore, inexorablement, d'elle, mais dévie sa trajectoire pour éviter de ressentir son parfum et retrouve sa position initiale, un pas devant la plus jeune. Shea se redresse, tente d’afficher toute son assurance avec la droiture de sa posture. Dans l’herbe elle en profite pour retirer ses talons, s’adossant contre un tronc d’arbre, un peu plus à l'écart de la rue, pour ne pas laisser voir à quel point elle a bu. Elle fait un signe de la main pour lui indiquer de se rapprocher.

Elle décide de ne pas entendre dans les propos de Kiara une quelconque marque d’affection. Et pourtant, Shea esquive un sourire et son apathie intérieure s'incline doucement devant la tendresse. « Ça te manque, Londres… » C’est davantage un constat qu’une question. « Tu regrettes d’être venue ici ? » Il arrive souvent à Shea de penser à son passé. Celui-ci fait surface, tel un vestige oublié, puis terriblement présent la seconde d’après. Son enfance lui manque, parfois. Shea ravale ce regret, se souvient combien le rejet de ses parents a engendré un monstre. Elle éloigne son visage du tronc d’arbre pour mieux observer Kiara allongée dans l'herbe et se racle la gorge, pleine de gêne, car le temps dissipe les effets de l’alcool et la rechute promet d’être longue et pénible. Alors elle tend les mains pour attraper la bouteille, et manque de tomber sur elle, une nouvelle fois. Son coeur saute un battement alors qu’elle se redresse à la première tentative avant que ça ne devienne une excuse pour l’embrasser.

Kiara n’est pas la première petite soeur que Shea embrasse. Elle ne peut plus les compter sur les doigts de la main. Souvent d'ailleurs, c’est un jeu pour Shea, ou une manière de se dire qu'elle peut convertir n'importe qui à sa cause. Mais Kiara est la première à insuffler une passion dévorante sans précédents. Et pourtant, elle s'en doute, ou l’espère, du plus profond de son être, qu'une fois qu'elle obtiendrait tout de Kiara, elle cesserait de la désirer. Elle persiste à y croire, mais elle sait pourtant ce que signifie prendre ses désirs pour des réalités. Elle continue de l’écouter et Shea pense que quelque part, Kiara doit ressentir la même chose qu’elle, qu’elle doit se retrouver en pleine détresse. En déviant son regard, elle espère parfois qu’en reposant ses yeux sur elle, Kiara se soit troquée contre sa soeur. Mais c'était toujours Kiara, elle n'a pas disparue, elle ne disparaît jamais. Shea s'en veut d'être aussi égoïste car elle a tout. Le confort du célibat, et la passion avec ses conquêtes. Par degrés, ses sentiments se réveillent, mis sur le compte de la vodka. Elle s'était levée, ce jour-là même, ne songeant plus à Kiara : une heure après avoir entendu parler d'elle ou vu son nom dans sa boite de messagerie, son image errait devant ses yeux, et elle avait la fièvre de la crainte de ne pas la voir. Shea pense à elle tout le temps. Elle pense à elle le matin, en hésitant entre poursuivre son pitoyable fantasme nocturne transformé en rêve - ou l'inverse - et se lever. Elle pense à elle au travail, en conduisant dans le froid, et fait exprès de conduire lentement pour pouvoir penser à elle plus longtemps. Elle pense à elle les soirs de fête, au milieu des verres qui s’entrechoquent tous en même temps, où elle se saoule pour penser à autre chose mais obtient l'effet inverse. « Tu voulais pas rentrer avec Jade… ? » Sa voix tremble, et elle veut lui demander de se rapprocher, et de s'accaparer ses lèvres mais elle peut à peine parler : les battements démesurés de son coeur font la loi. Alors elle espère que ses yeux affichent son besoin d’elle et ils ne quittent le visage de Kiara que pour se saisir de sa main.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 20 Aoû - 23:59
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Elle n’aurait pas dû enjamber le grillage. La petite voix raisonnable ne peut s’empêcher de piailler quelque part dans son esprit. Elle est noire, la moindre infraction peut prendre une tournure catastrophique, plus encore maintenant qu’elle a mis le pied aux États-Unis. Mais l’alcool influe tout autant que cette envie irrésistible de prolonger l’instant avec une Shea calme. Si calme qu’elle pourrait s’inquiéter, mais plus elle la regarde, plus elle a l’impression de comprendre ce qu’il est en train de se passer derrière ces iris préoccupés. Elle veut prolonger le moment avant l’inexorable retour à la maison avec invitation, avec nuit improvisée et une nuit de sommeil plus reposante qu’elle n’osera l’avouer le lendemain au réveil. Cachée contre un arbre, le pas vu pas pris résonne dans son esprit pendant que ses doigts battent en rythme avec la chanson qu’elle ne peut faire partir de sa tête. Elle devrait arrêter, elle sait qu’elle devrait arrêter, mais elle ne peut pas se l’ôter quand Shea est si proche d’elle. Si belle. Si pensive.

Avaler sa salive devient aussi compliqué que d’avaler la vodka allongée et pour éviter tout problème, elle se pose sur un bras, corps tourné vers la meilleure des compagnies qu’elle puisse trouver à travers le globe. Ses doigts tremblent de partir à la rencontre de ceux qui traînent, pas loin, mais elle n’ose pas, se contente de continuer à suivre le rythme qu’elle seule entend et qu’elle a presque peur de dévoiler si par inadvertance elle commence à chantonner. Shea manque de tomber et en l’espace d’un instant Kiara aurait presque pu voir un baiser magistral se produire, mieux qu’au cinéma. Mais Shea se rattrape. Shea la fuit et son cœur se brise encore un peu, sans pour autant qu’elle ne montre quoi que ce soit. Shea est là. Pour ce soir, ça suffit. Pour ne pas se laisser emporter par la vague menaçante d’émotion qui reste sous la surface de sa peau, ses doigts arrachent quelques brins d’herbe. « Londres ne me manque pas. » Elle admet, la voix lourde de souvenirs qu’elle voudrait balayer. « Mais ma famille ? » Elle ne parvient même pas à souffler le Oui qui l’étouffe. Parce que sa famille, elle se l’est forgée à force d’années, de souvenirs, de tempêtes et de rires. Rez. Rez c’est sa famille. Et Anisha. Et tous ceux qui étaient là pour la voir pleurer ses premières larmes. Ceux qui ont tout plaqué pour la rejoindre à l’appartement ce jour-là. Ceux qui l’épauleront toujours, dans les meilleurs comme dans les pires moments. Oui, sa famille lui manque. Shea ne comprendra peut-être pas qu’elle ne parle pas des Nowinski, parce que Shea ne connaît pas encore toute l’étendue de son histoire. Mais ce n’est pas bien grave. Un jour peut-être.

« C’est facile de se sentir seule dans une ville comme New York. » Tout va si vite qu’elle peine parfois à reprendre son souffle et à réaliser qu’elle est loin, incroyablement loin de sa vie d’avant. Lorsqu’elle prend le temps de se poser, sa tête lui tourne de tous les changements dans sa vie, en moins d’un an. « De là à regretter d’être ici ? Non. » Ferme et définitive, elle ne laisse aucune trace de doute dans l’intonation de sa voix. Elle fait même l’effort de ne pas chercher les yeux de Shea du regard, pour ne pas alourdir le tout d’un sous-entendu qui résonne pourtant dans son corps tout entier. Parce que ces émotions qu’elle découvre, elle les doit à elle. Parce que c’est effrayant, mais si grisant en même temps qu’une simple journée avec elle vaut toutes les heures du monde sur un motocross. Parce qu’elle pourrait s’effondrer à tout moment et pourtant ne rien regretter du tout. Parce que Shea aura toujours une place dans sa vie, une marque au fer rouge qu’elle ne parviendra jamais à oublier. Parce que Shea est une bouffée d’air frais qui lui redonne goût à tout à chaque fois qu’elle la voit. Péniblement elle reprend une gorgée, continue de fixer et de jouer avec l’herbe, se refuse à croiser un regard qui chercherait à la fuir une énième fois. C’est mieux de se contenter de sentir ses yeux sur elle. Jusqu’à ce que sa voix parvienne à ses oreilles et qu’une main vienne se saisir de la sienne.

Elle rigole. Renâcle même. Et elle pourrait avoir peur que cette réaction ne vienne vexer Shea, mais c’est incontrôlable. « Si je voulais rentrer avec elle, je serais restée avec elle. » Cette fois-ci elle ne peut pas ne pas la regarder lorsqu’elle parle. Au moins pour s’assurer que Shea comprend. Entend. « Elle est maquée en plus. J’suis pas sûre que son mec apprécie. » Avec un haussement d’épaules désintéressé, Kiara espère que l’information saura éclaircir la situation. Et si ce n’est pas le cas, elle reste prête à répondre à toutes les questions que Shea pourrait poser. Elle n’a aucune envie de quitter ce parc, d’éclater la bulle dans laquelle elles viennent de s’enfermer. Elle n’a aucune envie d’être avec qui que ce soit d’autre en cet instant précis. Et il serait temps que Shea le comprenne.

« Shea. » Elle marque une seconde d’hésitation, parce qu’elle ne sait pas trop comment dire les choses. Tout est si vite mal interprété. « Je sais qu’on a pas trop l’habitude de parler sérieusement. Mais tu sais que je suis là si tu en as besoin, n’est-ce pas ? » Timidement, elle vient mordiller sa lèvre avec ses dents. « Juste pour écouter. Ou même juste pour être là. » Parce que parfois une simple présence pour partager un moment de silence, ça suffit. Ses doigts raffermissent leur prise autour de sa main tandis qu’elle se relève en position assise pour lui faire face. Pour glisser le bout de ses doigts le long de la ligne de vie sur la paume de Shea. Pour prouver qu’elle est là. Pour prouver qu’elle a envie d’être là.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Ven 21 Aoû - 12:00
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski


« T’es pas seule. » Je suis là. Cole est là. Cole qui serait sans doute effaré et légèrement confus de les voir là, à se partager une bouteille de vodka, le coeur ouvert. Elles se fuient du regard, et ce n’est que quand Kiara a la tête baissée vers le sol que Shea s’autorise à l’observer, essayant de faire la part des choses entre la mélancolie qu’elle entend dans sa voix et son visage fermé. Quand bien même il y aurait eu d'autres personnes pour les accompagner, Shea n'aurait pas été différente qu'en cet instant. La seule présence de Kiara la dispense de toute autre activité ; elle n'aurait eu d'yeux que pour elle, n'aurait perçu que sa voix dans le brouhaha et dans les rires, n'aurait guetté que son regard, tout en donnant l'illusion d'être distante. Personne d'autre ne l'aurait atteinte du regard car elle aurait tracé un invisible cercle autour d'elle. Si affectée par cette vision radieuse, elle réalise bien tard que son regard est resté obstinément figé sur elle. Un regard d'une telle charge, si intense en non-dits, et si dense d'intentions.

Kiara lui rit au nez et alors qu’elle devrait se sentir désorientée, ça la rassure. Elle la regarde et Shea voudrait lui sourire mais son coeur prend beaucoup trop de place, alors elle hausse les épaules à son tour : « elle sait pas ce qu’elle rate. » Et si c’était ça l’explication ? Que Kiara est simplement le meilleur coup de sa vie et que ça s’arrête là. Que Shea confond satisfaction sexuelle avec émotions ? Mais en la regardant, en entendant son nom, elle est obligée de se rendre à l’évidence : elle n’est pas de certaine de quand ça s’est produit, ou quand ça a commencé. Tout ce qu’elle sait c’est qu’elle est en train de ressentir quelque chose de fort, d’inédit, et qu’elle espère que Kiara le ressent aussi. La mannequin s’assoit en face d’elle et son cœur s'alarme, elle prend une profonde inspiration pour éviter de s'effondrer et se concentrer sur les mots de Kiara. Alors, elle se jette sur elle, sans doute qu’une partie d’elle le fait pour éviter d’avoir à répondre, et l’autre, la plus affectée par Kiara, pour se souvenir du goût de ses lèvres. « Tu me… » sa voix assourdie par le contact de ses lèvres contre le front de Kiara, sur sa joue, ses tempes, son nez. Elle s’arrête une seconde avant de se poser sur ses lèvres. Kiara attendra une suite, c’est certain. Mais elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle le sait : tu me fais rire, tu me fais rêver, tu me fais ressentir des choses, tu me fais vibrer. Mais elle se tait, parce que ce n’est pas ce que Kiara attendait comme réponse. Elle se recule en prenant une profonde inspiration. Elle n'a pas envie que cette soirée se termine. Elle n'a pas envie d'avoir à la quitter, et que Kiara reparte. Elle voudrait lui offrir de dormir chez elle, de proposer de se coltiner le canapé à nouveau, mais cette perspective-là la fait un peu souffrir, elle n'aurait jamais eu à l'idée - il y a quelque temps - de dormir ailleurs qu'avec Kiara. Elle retrouve son sourire et en ignorant les battements irréguliers de son coeur : « On va pas faire ça, si ? On va pas se parler de choses sérieuses alors qu'on a envie de se jeter l'une sur l'autre… »  Elle marque une autre pause et baisse la tête. Lorsqu'elle la relève, comme pour prouver quelque chose, elle se mordille la lèvre, les yeux rivés sur Kiara, à l'affût de la moindre réaction.

Elle réalise aussi que la bouteille de vodka a atterri dans sa main. Après ce sourire lascif en guise de distraction, Shea porte la bouteille à ses lèvres, et avale quelques gorgées d'une traite. Elle tait la sensation désagréable que provoque l'alcool qui s'écoule dans sa gorge. Ça pourrait la rendre malade. Ça, ou cette scène qui ressemble trop à des confessions. Elle est pleinement consciente que Kiara espère une réponse plus développée de sa part, quelque chose qui pourrait l'aider mais Shea préfère jouer. Alors, la trajectoire dévie et dans l'idée d'inverser les rôles et se défaire de cette position d'assujettie dans laquelle elle a l’impression d’avoir été placée depuis l’arrivée de Kiara à New-York, sa main frôle volontairement son avant-bras. Elle y agrippe sa main, applique un peu de pression pour l’inciter à s’approcher d’elle. Puis : « viens-là… » sa voix tremble et elle voudrait presque s’en excuser.

@ Invité

avatar
   
#
Sam 22 Aoû - 1:23
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
C’était prévisible. Kiara le sait. Mais elle tente malgré tout de s’accrocher à ces bras autour de son cou, à ces lèvres sur son front, son nez, ses lèvres. Elle tente de graver ce moment de tendresse inédit dans sa mémoire. Tente de le faire durer éternellement, parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir supporter le retour de cette Shea qui se retranche toujours derrière une carapace dès que les choses deviennent un tant soit peu sérieuses. Pendant plusieurs secondes, ses yeux se ferment pour laisser la surprise donner des ailes à son cœur. Pendant plusieurs secondes elle ose espérer un temps prochain où ce genre d’attention deviendra monnaie courante. Mais Shea est rapide, bien trop rapide dans ses passages du chaud au froid, bien trop rapide dans ses mouvements pour laisser à Kiara le temps de se remettre. L’alcool brûle dans ses veines, intrépide et audacieux, tout autant que la déception vicieuse et profonde.

Le plus dur n’est pas de rouvrir les yeux pour dissimuler la résolution qui s’installe, mais de ravaler le soupir qui menace de s’exprimer. Shea l’agace. C’est la première fois qu’elle pose le mot dessus et il fait certainement plus mal que le mot qu’elle se refuse à penser. Shea l’agace à toujours faire dix pas en arrière après en avoir osé deux en avant. Shea l’agace à toujours trouver une excuse. L’agace à toujours trouver le moyen de la faire tomber sous son charme, dans son lit, jour après jour, nuit après nuit, même lorsque ses plans initiaux sont tout autres. Shea l’agace par sa capacité à toujours tout détruire sur son passage, volontairement. Regard froid, distant, elle hoche la tête. Que peut-elle bien répondre à une telle affirmation ? Shea veut lui sauter dessus après de longues minutes passées à la fuir. Shea veut lui sauter dessus, peu importe le lieu, le moment et les personnes alentour. Une fille normale s’en sentirait flattée. Généralement elle se sent flattée, et excitée, parce que Shea est la meilleure chose qui lui soit arrivée au lit. Ce soir, elle se sent usée. La fatigue de la semaine et de la soirée s’abat sur elle tel un coup de massue. « Ok. » Plus aucun de ses regards ne franchit la limite des épaules. Trop occupée à regarder droit devant elle, le tronc d’arbre à peine perceptible dans l’obscurité, malgré la luminosité de la rue à proximité, elle ne peut se résoudre à fondre – encore – pour ce charme désarmant. Fatal.

À force de se rendre vulnérable et de se voir être rendue au silence, Kiara n’a plus envie de rien. Sombre rappel de toute son enfance passée dans l’ombre de quelqu’un, jamais vue, jamais entendue. Sombre rappel de la forge de cette armure impénétrable qu’elle a longtemps arboré pour ne permettre qu’à certaines personnes de s’approcher. Sombre rappel de cette sensation insupportable de ne pas être suffisante. La gamine de six ans en elle pourrait en pleurer. T’es pas seule. Les paroles pourtant réconfortantes de Shea une minute auparavant lui semblent si ironiques à présent. Là, dans des bras qu’elle désire plus que tout, elle ne s’est jamais sentie aussi seule. Et comme à son habitude, elle le dissimule par ce sourire aimable et lisse qui ne laisse aucun indice sur la tourmente qui envahit son cœur et sa tête.

Tentative futile de faire semblant que tout va bien ou dernière chance accordée pour la soirée, elle ne sait pas, mais Kiara laisse Shea la tirer vers elle. Laisse son corps s’approcher pour venir coller leurs deux corps. Pour que ses doigts puissent venir caresser une nuque aussi tentatrice que le reste de sa personne. Lèvres suspendues à quelques millimètres seulement de celles qu’elle pourrait embrasser pour le restant de ses jours, elle ne clôt pourtant pas l’espace. La sensation désagréable de n’être qu’une gamine isolée, non désirée, lui colle à la peau et elle ne peut pas gâcher un baiser à cause de cicatrices encore trop présentes. Elle aimerait pouvoir s’éloigner, reprendre possession de ses sens et de son esprit, mais Shea l’envoûte, quand bien même leurs lèvres ne se rencontrent pas. Elle voudrait l’avoir plus proche encore que ce qu’elles ne sont déjà. Elle la veut tout entière. Et plus encore, elle veut être voulue tout entière. Elle veut ressentir l’émotion dans les gestes de Shea, veut ses lèvres contre son front, la tendresse qu’elle seule est capable d’apporter. Elle veut remonter le temps de quelques secondes. S’arrêter avant de prendre un nouveau risque et de repousser Shea dans ses retranchements. Encore. Elle veut que le temps se suspende et que pour l’éternité, cette seconde soit la seule qu’elle puisse vivre. Mais la gamine en elle se fait bruyante et elle n’arrive toujours pas à franchir le maigre espace qui la sépare du Graal.

« Tu veux venir à la maison ? » Elle ne devrait pas proposer. La solitude à toujours été son arme de défense privilégiée dans les moments où les personnes autour lui font comprendre que son avis n’a pas d’importance. Et pourtant elle n’arrive pas à avoir envie de mettre fin à ce tête-à-tête. Elle aura le trajet pour se sortir de sa morosité inutile. L’idée semble être la bonne, parce qu’il ne suffit que de ça pour qu’elle vienne enfin mettre fin à la tension insoutenable installée entre elles. La douceur l’effraie autant qu’elle la réconforte. Un mélange d’alcool et de gloss vient se glisser dans sa bouche et elle ne peut retenir un gémissement de satisfaction bien plus que de désir. C’est tendre et lent et empli de bien plus qu’elle n’est capable de dire. C’est surprenant et déstabilisant et pour sa propre sécurité, elle est obligée de reculer. Elle ne peut laisser à Shea l’occasion de prendre plus. De transformer tout ça en préliminaires.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Sam 22 Aoû - 16:34
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski

Shea la contemple, trop longuement. Elle revoit la jeune Kiara dans les rues de Londres, les couloirs de l’école, le jardin, dans la maison, déambulant d’une pièce à l’autre en ignorant les amis de sa soeur. Sauf que cette fois, elle a dix ans de plus, elle porte une ravissante robe et que Shea l’invite à l'enjamber. Shea revoit sa peau matte, presque dorée sous les néons de leur secondary school. Elle se souvient de son métissage, qui a inspiré tant de commentaires que Shea aurait voulu effacer avec un coup de poing. Mais surtout sa bouche, épaisse et pleine qui ce soir s’est entrouverte en se rapprochant d’elle. Par dessus tout, elle la reconnaît, et sait exactement qui elle est, la raison de sa présence et la force qui la fait graviter vers elle. Elle ne porte plus cette allure effacée que Shea retenait en la croisant ; au lieu de cela, elle l’observe avec un sourire, et ce qui ressemble à un peu de tristesse. Ses longs cheveux noirs sur un côté de son épaule, invitant Shea à se pencher pour déposer ses lèvres dans son cou. Les mouvements autour d’elles se dissipent jusqu’à ne devenir qu’un arrangement destiné à mettre son élégance en avant. Shea brûle d’envie de lui demander où est-ce qu’elle était passée durant tout ce temps, mais réalise en fin de compte que ce qui compte réellement est qu’elle l’aie finalement retrouvée. Elle aimerait savoir tout ce qui est advenu pendant dix ans, comment cette adolescente de treize ans est devenue cette femme splendide et ce qu'elle a dû affronter pour l’incarner si bien. Kiara est très proche désormais, et les émotions que ses yeux dégagent sont terrifiantes. Un paradis noir. Shea se raidit quand elle voit Kiara émerger dans l’insignifiant espace qui les sépare, et refermer ses lèvres autour des siennes. Enfin. Shea se complait dans le soudain débordement électrique qui la saisit jusqu’à la moelle. Elle ne sait pas si Kiara l’embrasse pour se donner raison ou se jouer d’elle, et décide que ça lui importe peu. La rue est peu fréquentée, les gardes de nuit sont occupés ailleurs, elles sont isolées, dans l’ombre. Il n’y a qu’elle et moi. La pensée renforce la frénésie dans laquelle sont plongés ses nerfs. Elle se contente d’éprouver l’adrénaline qui circule droit vers les battements non sollicités de son coeur. « Oui… ? » C’est tout sauf une question, ignorant l’accroc dans sa voix qu’elle essaie de garder grave. Bien sûr qu'elle veut aller chez elle, bien sûr qu'elle voudrait escalader les choses, bien sûr qu'elle voudrait la posséder toute entière. Arrête, calme-toi, s’ordonne-t-elle en vain.

« Il y a une autre raison qui fait que j'ai envie d'aller chez toi. » Admet Shea un peu étourdie. Ses mains viennent se poser contre le bas de son dos, la caressant du bout de ses doigts à travers le tissu. Elle murmure avant que Kiara ne puisse lui demander ce que c’est : « J’arrive à dormir quand t’es là. » Elle ne s’était jamais permise d’y réfléchir avant, mais la dualité qu’elle porte en elle, qui l’écrase et qui l’épuise, semble disparaître quand son corps s’assoupit contre celui de Kiara. Elle resterait sans doute éveillée un instant à la regarder dormir, profitant de la lueur de la lune, peut-être que Kiara sursauterait brusquement, se crisperait dans son sommeil, et Shea serait là, à l’effleurer doucement, à poser son menton contre son épaule et à l’attirer à elle. C’est à ce moment-là, à cette perspective seule, que Shea commence à se demander ce qu’elle ressent pour elle. Leurs réactions, si dramatiques, au moindre désaccord a été la première chose à lui sembler étrange, et rétrospectivement, elle aurait pu rassembler le puzzle déjà à l’époque. La jalousie, à la fois soudaine et féroce, et principalement dirigée vers des personnes insignifiantes que fréquente Kiara auxquelles Shea n’aurait normalement pas fait attention. Tôt ou tard, l’attirance qu’elle éprouve pour elle devait se muer en quelque chose de plus profond. Mais surtout, c’est le désir interminable qu’elle ressent à chaque fois qu’elle la surprend à l’observer, et la façon dont son coeur vibre contre sa cage thoracique et qui affaiblit ses jambes, ses mains moites, et la rend malade. La rédemption du renégat. Elle se promettait à chaque fois, de ne pas être la première à envoyer un message, d’attendre d’être saoule pour trouver un prétexte pour se jeter à son cou, de ne plus agripper ses cheveux comme si sa vie en dépendait pendant l’amour, et puisqu’elle y échouait, elle le refoulait au plus profond d’elle-même. Tant de réflexions qui mettraient la puce à l’oreille de n’importe qui. Mais Shea, elle, accueille cette découverte comme une condamnation sans appel, et elle a besoin de revenir à un état avec lequel elle est à l’aise : le désir primitif.

Alors elle approfondit le baiser, se rapproche d’elle, ses doigts glissant de sa taille jusqu’à ses cuisses, faisant pression vers l’intérieur avec son pouce. L’autre main remonte l’intégralité de son dos, la griffant presque avant de saisir fermement le cou de Kiara et l’attirer vers elle pour un baiser intense qui devrait la laisser hors d’haleine, si elle ne la rejette pas, alors qu’elle frissonne quand son autre main refait pression sur sa cuisse. Shea se rétracte un moment, le temps d’observer sa réaction. Elle réalise qu'elle se meurt de désir pour elle, un désir tout à fait intacte à la première fois où elle l’a vue ; également intacte à la dernière fois. C’est pour cette raison aussi qu’elle ne perçoit pas le comportement étrange de Kiara. « Tu sais tu peux me parler aussi. Je sais peut-être pas dire tout ce qu’il faut mais je peux écouter... » murmure-t-elle. Son attachement à la prudence se meurt en même temps que grandit son désir, si bien qu’elle ne sait même plus ce qu’elle dit, ni que la portée de ses paroles sont paradoxales avec ses gestes. Leurs bouches ne sont plus qu'à quelques centimètres, et le baiser devient de nouveau inévitable. Annihilée par la luxure, elle peut sentir son souffle tout contre sa peau, y sentir les effluves de l’alcool. Il lui semble la serrer à peine, mais assez pour lui faire comprendre ce qu'elle traverse, mais pourtant la force de ses mains autour de Kiara l’épuise. Shea relève lentement le visage, le recule légèrement pour mieux revenir vers elle, et l’embrasse. Timidement d'abord, puis à plusieurs reprises avec ferveur, juste le temps de retrouver ses lèvres avant qu'elle ne la repousse. Et, abdiquant toute fierté, renonçant à toute pudeur, l'implore entre ses lèvres. Pardon, pardon, pardon. Son étreinte l'étourdit plus que la vodka, si bien qu'elle ne sait désormais plus pour quoi, pour qui, elle s’excuse silencieusement. Ce parfum lui a terriblement manqué, et elle essaye souvent de s'en souvenir le soir avant de s'endormir, même en présence d’autres filles. Trop longtemps, elle avait espéré l'embrasser à nouveau, mais de baisers qui n'étaient chargés ni de rancœur, ni de non-dits. Celui-ci traduit tout les sentiments qu'elle pourrait lui porter, et qui anéantissent même sa vigilance. Tout contact la fait frémir, la simple idée de se retrouver avec elle accroît son envie d’elle et il ne suffit que de sentir ses lèvres contre les siennes pour qu’elle gémisse, oubliant que le lieux n’est ni propice ni idéal : « On y va ? J’ai vraiment besoin de toi… »

@ Invité

avatar
   
#
Mar 25 Aoû - 12:52
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Difficile d’étouffer l’espoir lorsque Shea lui donne raison à chaque fois. Difficile d’éteindre son cœur, lorsque Shea l’enflamme à chaque petite phrase d’apparence insignifiante. Les bras autour de son cou, Kiara s’accroche désespérément à elle, comme elle s’accrocherait à une bouée de sauvetage. Besoin irrépressible d’enregistrer son odeur, là, dissimulée derrière son oreille.  Besoin de se souvenir de son corps contre le sien, calme et solide et réconfortant. Un baume au cœur. Un bisou magique après un bobo. Les yeux fermés, Kiara accueille l’aveu les lèvres tremblantes, les bras serrés un peu plus fort derrière son cou. Elle n’ose pas respirer trop fort, n’ose pas bouger, par peur de la voir disparaître.

Derrière ses paupières, elle ne peut s’empêcher de se rappeler toutes ces nuits déjà passées, corps épuisé et essoufflé, tête tournée vers elle comme pour essayer de la regarder le plus longtemps possible. Comme pour graver dans sa mémoire le souvenir de ses cheveux, de son regard, de son sourire. Comme pour essayer de l’empêcher de partir alors que ses yeux se ferment d’épuisement et que le sommeil l’emporte trop tôt, trop vite. Elle ne peut s’empêcher de s’imaginer. Toutes les nuits qui vont suivre. À essayer de ne pas l’enfermer de ses bras dans une étreinte pleine de non-dits, de vœux silencieux, d’émotions interdites. À essayer de la regarder s’endormir et essayer de la regarder se réveiller. Elle s’imagine d’innombrables nuits, des nuits infinies où les langues se délient et le sexe se transforme en amour. Elle pourrait se laisser emporter par les fantasmes. Refuser tout retour à la réalité. Mais elle sent son cœur, lourd et fort contre sa poitrine, à tel point qu’il l’étourdit. Elle sent les mains de Shea dans son dos, son souffle contre sa peau et le baiser la ramène sur Terre avec violence.



Elle aimerait être sobre pour que chaque caresse ait d’autant plus de force, mais il est trop tard pour faire marche arrière. Son monde entier est en train de s’effondrer à nouveau pour se reconstruire sur des fondations au nom de Shea. Si volatile, si fragile et pourtant , inévitable, inébranlable. Présence nécessaire à sa vie pour que tout prenne un nouveau sens. Tout ne lui rappelle plus qu’elle. De l’Angleterre où elles ne se sont que trop peu connues à son chemin habituel à Central Park tous les matins. Des étoiles qui illuminent les ciels non pollués à l’herbe sur laquelle elles sont assises. Tout n’épelle plus que son prénom et elle sait que le matin venu plus rien ne serait comme avant. Shea abat à coup de baisers chacune des défenses que Kiara a vainement tenté de mettre en place pour se protéger d’elle. De ses mains dévastatrices, Shea ouvre la porte en grand et laisse l’avalanche de trop, de tout se déverser. Et Kiara sait que demain matin, elle sera seule pour se ramasser à la petite cuiller.

Elle devrait dire non. Elle devrait retirer l’invitation. Mais le brasier est trop grand déjà. L’incendie s’est propagé de ses entrailles au bout de ses doigts et son corps entier vibre de plus de contact, de plus d’intimité, de plus de Shea. Alors elle acquiesce, parce qu’elle n’a pas de mots, perdu la capacité de parler, noyée par sa présence, par tout ce qu’elle ressent qui la grise et l’immobilise en même temps. Elle ne sait trop comment elle se relève, mais lorsqu’elle prend position sur ses deux jambes, lorsqu’elle aide Shea à se relever aussi, Kiara ne peut retenir cette pulsion de l’enfermer entre le tronc et son corps. D’user de sa taille et de sa carrure pour se saisir de ses lèvres, d’une cuisse pour passer sa jambe autour de ses hanches., puis une deuxième. Et là, entre ses jambes, elle pourrait se laisser mourir dans la fournaise qu’est devenu son désir.

Comment rentrer lorsque chaque parcelle de son corps tremble ? Bien plus ivre de Shea que de l’alcool, elle ne parvient pas à se séparer d’elle. Elle est en feu. Un feu qui la rendrait malade si elle n’était pas en train de flotter. La 73e est trop loin d’ici. Alors au milieu d’un énième baiser où trop est dit et pas assez en même temps, elle prend la décision de prendre un taxi et de donner un pourboire mirobolant s’il grille tous les feux rouges.

« Tu va me tuer un jour. » Elle murmure en s’écartant. Les jambes de Shea retrouvent le sol et Kiara ne peut qu’en profiter pour s’échapper. Respirer. « Tu va me tuer. » Elle répète alors qu’elle récupère la bouteille au sol avant de retourner près du grillage. Plus difficile de l’enjamber lorsque les images défilent dans sa tête, continuent d’alimenter le feu qui ne s’éteindra qu’au beau milieu de la nuit, ou au petit matin, mais lorsqu’elle y parvient, lorsqu’elle inspecte le trottoir pour s’assurer que personne ne les voit, elle ne perd pas de temps. Héler un taxi est devenu une spécialité.  Rester loin de Shea pour ne pas lui sauter dessus alors qu’elles sont enfermées dans une voiture devenue trop étroite par la tension qui les sépare est bien plus compliqué.

Il ne grille pas les feux rouges. Dans un rythme infernal, sa jambe danse alors que sous ses yeux les rues et les buildings défilent. Flous. Inintéressants. La musique de la radio l’étoufferait presque si le regard de Shea ne le faisait pas déjà. Elle la veut. Elle la veut tellement qu’elle jette les billets en sortant sans trop savoir combien elle donne. Elle la veut tellement que la clef peine à rentrer dans la serrure. Elle la veut tellement que c’est contre la porte à peine fermée derrière elles qu’elle l’aura.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mer 26 Aoû - 11:26
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski

Kiara se saisit de sa jambe et c’est assez pour la surprendre. Pas pour la pousser à rompre le contact, mais assez pour lui tirer un gémissement et quand c’est Kiara qui éloigne son visage, et que Shea contemple ses grands yeux noirs, elle se sent fondre. Malgré tout le mal qu’elle se donne pour paraître indifférente, Shea sait que ses yeux à elle sont aussi expressifs : Kiara doit sans doute pouvoir voir la façon dont elle la regarde, tout ce qu’elle veut d’elle, tout ce qu’elle souhaite pouvoir représenter pour elle. Elle réalise à quel point Kiara en a envie au moment où elle l’invite à passer ses deux jambes autour de sa taille et profite du tronc et oblitérer leur différence de tailles. La main de Shea vient s’agripper à sa nuque pour la rapprocher au plus près d’elle avant qu’elle ne puisse s’en empêcher, tandis que l’autre glisse au niveau de sa taille. Les baisers qu’elles échangent sont fiévreux, témoins de leur grande frustration et de la tension qui ne semble jamais s’apaiser. Les gémissements de Kiara achèvent de faire tomber toute sa prudence et continuent de faire défiler des images de son sourire. De ses lèvres. Ces lèvres, sur lesquelles elle est certaine de pouvoir même goûter l’envie. Un désir dont elle n’aura jamais été capable de saisir la portée avant cet instant où, quand Kiara se détache, elle n’a plus qu’une envie : mourir si elle ne peut pas immédiatement retrouver ses lèvres. Enivrée par le désir, elle ne réalise même pas que Kiara s’est éloignée avant qu’elle ne laisse échapper une plainte et qu’elle rouvre ses yeux suppliant de lui offrir un dernier baiser.

Le corps de Shea est de nouveau projeté, contre la porte cette fois, elle maintient sa posture en enfermant les mains de Kiara sur elle, et elle ne réprime pas le frémissement de surprise. Elle ne réprime rien du tout, laisse même échapper son nom. Puis, dans un désordre confus, il y a effleurement de lèvres, yeux entrouverts, un corps plaqué contre le mur opposé, une serrure fermée à clé, un corps plaqué contre l’autre, des murmures de désapprobation, des respirations saccadées au moment où, les cuisses de Shea se referment de chaque côté du bassin de Kiara, pulvérisée sur le sol. Les gémissements rauques de Kiara, le désir dans ses yeux, sa robe noire, toujours, le noir dans ses pupilles, toujours, le noir autour de ses yeux, le noir partout, l’odeur de son parfum, de sa peau. Puis, Kiara se cambrant contre elle, haletant dans sa bouche, Shea est submergée ; elle en ressent trop, et trop vite. En déchirant brutalement le vêtement de son amante, elle espère libérer quelque chose qui la brûle de l’intérieur : Je sais pas comment te le dire mais j’ai envie de t’appartenir. Entre le moment où Shea se rétracte légèrement, le temps de reprendre son souffle, et se rassoit sur Kiara, sa main vient se glisser entre leurs jambes en griffant son ventre du bout des ongles, et malgré elle, en demande davantage : une combustion intense. Elle embrasse chaque partie de son cou, de l’arrière de son oreille à ses clavicules et son pouce vient se coincer sous l'élastique de son sous-vêtement, l’attirant davantage contre elle. « Je croyais que tu topais toujours ? »

@ Invité

avatar
   
#
Ven 28 Aoû - 21:56
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Une fraction de seconde, c’est tout le temps qu’il lui faut pour qu’une once de regret s’immisce dans le brasier de ses pensées. Regret d’avoir laissé Shea gagner. Regret de ne pouvoir profiter plus longtemps d’une intimité inédite avec elle. Regret d’être à nouveau réduite à ce désir qui ne fait que la saisir au moindre commentaire. Au moindre regard. Au moindre sous-entendu. Mais le regret s’efface l’instant où les lèvres de Shea s’écrasent contre les siennes. Comme d’habitude, tout s’efface lorsque Shea envahit ses sens. Plus rien d’autre ne compte que sa peau contre la sienne, ses baisers brûlants sur son corps, ses doigts curieux et habiles déjà prêts à redécouvrir toutes les zones capables de l’envoyer au septième ciel si vite et si fort qu’elle en a le tournis parfois.

Shea est d’une beauté déchirante. Son regard lourd de sens ne manque pas de l’exciter tout autant que l’efficacité de ses lèvres, de ses bras. Ses cheveux un peu décoiffés rajoutent un air de décontraction qui donnent à son apparence ce plus insupportable, qui met le feu à ses sens déjà surstimulés. Elle ne peut que tomber Kiara, se laisser faire, incapable de résister aux effets de l’alcool, aux effets de Shea toute entière qui devient un tout qu’elle veut posséder et garder et protéger. Elle la veut. Au-delà du physique. Bien au-delà de l’émotion. Elle veut une vie de disputes, de rires, de nuits, de réveils. Une vie aux sensations toujours plus fortes, parce qu’elle ne s’est jamais sentie aussi vivante que dans ses bras, sous ses yeux, dans le creux de son sourire à peine dissimulé. Et elle brûle, Kiara. Bien plus que de désir, elle brûle d’un amour qu’elle tait, doit taire, taira peut-être toujours. Dans son essoufflement, elle est obligée de se mordre la langue pour ne rien révéler, pour ne rien gâcher. Mais tout dans ce que Shea lui procure lui donne envie de le grogner. Comme un supplice.

Elle profite de la vue. Profite d’une position rare pour laisser libre cours à son imagination. À tout ce qu’elle voudrait lui faire. À tout ce qu’elle lui a déjà fait. Et à tout ce qu’elle va lui faire. Une anticipation si exquise qu’elle sait déjà qu’elle est prête. Plus encore lorsque les ongles de Shea viennent la griffer. Plus encore lorsque ses doigts se rapprochent. Pour atteindre le paroxysme à la provocation à peine déguisée d’une Shea bien trop confiante. Et elle ne peut sourire, parce que dans tout ça, Shea n’a pas réalisé que sa position est parfaite pour que Kiara puisse s’imposer.

Une main accrochée à sa nuque pour la garder proche d’elle, pour que son souffle continue de toucher sa peau de la plus délicieuse des manières, Kiara glisse ses doigts sous la ceinture d’un pantalon qui finira très vite par terre. Pas besoin pour elle de passer par les sous-vêtements, elle sent d’ici l’humidité qui l’attend bien moins sagement que quelques secondes auparavant. Un sourcil levé en fausse surprise, elle ne perd pas plus de temps. Leurs lèvres plaquées, il lui suffit d’un mouvement du bassin pour retourner la situation et croiser les bras de Shea au-dessus de sa tête alors qu’elle s’installe à califourchon sur ses hanches.  « Suffisait de demander. »

Lentement elle se penche sur elle, pour l’embrasser encore et encore. Pour lui mordre l’oreille. Pour placer sa marque au croisement de son cou et de sa clavicule. Pour caresser un corps trop habillé. Pour forcer Shea à se cambrer à la recherche d’un contact, un petit rien qui pourrait combler cette frustration qu’elle sent monter. « Te prendre à même le sol ne me pose aucun souci. Mais je crois que le canapé reste plus confortable. » Elle susurre plus qu’elle ne murmure, avant de relever Shea dans un geste qu’elle veut fluide sans pour autant lui donner la moindre chance de reprendre le contrôle. À peine debout, elle la pousse. Force la veste en cuir loin de ses épaules, mais pas trop loin pour pouvoir la garder. « Enlève tout. » Elle est déjà occupée à retirer ses chaussures et sa robe maintenant déchirée, pour se retrouver en sous-vêtements sous un regard qui veut dire trop de choses et pas assez en même temps.

Elle pourrait se consumer sur place. Pourrait perdre le contrôle à cet instant précis. Pourrait se laisser aller sous des doigts, des lèvres, un corps qu’elle désire plus que tout. Son cœur est lancé à vive allure par le contact, par ce qu’il est en train de se jouer entre elles, mais elle sait qu’il ne lui appartient plus. Il n’est plus qu’un pantin entre des mains qui sauront en prendre le plus grand soin pour une nuit pour le détruire au lever du soleil. Et elle n’arrive pas à s’en soucier. Pas lorsque Shea la regarde de cette manière.

Shea allongée sur ce canapé, une lueur dans les yeux si profonde que Kiara en tremble, ressemble à une œuvre d’art et c’est avec une révérence divine qu’elle l’embrasse. Lentement d’abord, une excuse pour faire passer tout ce qu’elle ne peut pas dire à haute voix. Ses doigts savent où toucher, savent quelle pression donner pour procurer les meilleures sensations. Sa bouche sait avaler chaque murmure, chaque souffle. Son genou sait à quelle vitesse se rapprocher pour offrir à Shea une maigre occasion d’apporter un maigre soulagement à la tension qu’elle compte faire monter jusqu’à ce qu’entre ses lèvres soient murmurées des supplications. Et entre chaque baiser, silencieusement, Kiara ne peut s’empêcher de supplier elle aussi. Be mine.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Ven 28 Aoû - 23:20
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski

Si elle n’était pas complètement absorbée par Kiara, Shea aurait envie de sourire, parce qu’elle a toujours eu envie de faire ça : prétendre avoir un tant soit peu d'ascendant ou de contrôle sur elle. Et alors qu’elle s’agrippe plus dangereusement à ses vêtements, à sa peau à demi nue, la maintenant sur le sol avec sa taille, elle a l’impression de n’être toujours pas assez proche, que rien n’existe plus que ses lèvres, son souffle saccadé lorsqu’elle reprend sa respiration, et ses mains sur elle. Elle se mord la lèvre, profite de l’ancrage de ses genoux dans le sol pour faire pression sur le bassin de Kiara, se mouvoir légèrement contre elle. C’est lorsque Kiara reprend la parole que Shea réalise qu’elle s’était arrêtée de respirer, alors elle entrouvre les lèvres, laisse échapper un soupir, hausse les sourcils. Au moment où elle va resserrer l’emprise de ses cuisses autour de Kiara, elle est renversée en arrière. Le bruit qu'elle murmure ne lui ressemble pas, c’est un souffle étouffé mêlé à un oh haletant. Ses ongles s’enfoncent dans le dos de Kiara où elle sait qu’elle laissera des marques, alors qu’elle cherche à se cambrer contre elle et qu'elle se délecte de la voix dans son oreille. Elle voudrait protester, mais elle est obligée de se rendre à l’évidence : elles n’échapperont pas au canapé. Shea essaie de l’entraîner dans un baiser enfiévré qui ne serait que langues et dents, et qui n’aurait aucune coordination mais elle déjà campée sur ses jambes flageolantes.

Face à ses injonctions, Shea obéit avec des gestes déconstruits alors qu’elle essaie de garder une expression neutre en retirant son débardeur, qu’elle laisse glisser à ses pieds. Elle est ravie d’avoir choisi ces sous-vêtements en dentelle noirs, presque comme si elle s’y était projetée. Elle déboutonne enfin son pantalon et s’humecte alors les lèvres d'anticipation, traçant à son tour le corps de Kiara de ses pupilles pleinement dilatées. Elle prend le temps d’enregistrer chacun de ses membres, centimètre par centimètre, avec un regard plein d’urgence. Les grands yeux noirs de Kiara la scrutent, eux aussi, tandis que ses doigts relâchent leur emprise sur ses sous-vêtements. La lumière de la lune filtre à travers les rideaux blancs et donne au visage de Kiara des aspects fantomatiques, puis ses lèvres délectables se referment à leur tour, contre celles de Shea. Ne pas résister, ne pas combattre, et se consumer entièrement. Quand Shea en a assez elle se saisit de son poignet et l’entraîne avec elle sur le canapé pour l’installer sur elle. Elle plonge son regard dans les yeux de Kiara quand ses doigts descendent entre ses seins et jusqu’à son nombril. Elle saisit le cou de Kiara de son autre main et l’attire vers elle pour un baiser passionné, alors que sa main se pose vers l’intérieur de sa cuisse et qu’elle frissonne quand elle remonte. Elle reprend possession de ses lèvres et elle se met à gémir, se cambrant contre Kiara alors qu’elle essaie trouver la moindre friction contre son genoux. Elle gémit de nouveau, grogne presque, et soupire en mettant un terme à leur baiser. Elle passe une main dans sa nuque, puis dans ses cheveux, blottit son visage dans son cou pour lui épargner le rouge qui monte à ses joues, puis son autre main vient insister dans le bas de son dos pour la rapprocher au plus près d’elle.

La tension entre elles, qu’elle n’a jamais été en mesure de comprendre. Pas avant cet instant où leurs lèvres se retrouvent de nouveau, et qu’elle y pense, encore, et toujours. Et qu’elle se laisse envahir par ses lèvres. Par la sensation de sa langue contre la sienne. Par ses mains sur Kiara, pour Kiara, contre Kiara, en Kiara. Kiara. Kiara. Kiara. Et elle ne s'entend pas soupirer son nom alors que leurs doigts ses possèdent mutuellement, mais elle ressent et entend les gémissements de Kiara dans sa bouche qui font échos aux siens. Elle ne prend conscience des bruits qu’elle émet que lorsque leurs visages se détachent et que ses lèvres s’absentent. Un sentiment de frayeur la saisit, parce qu’en rouvrant les yeux, tout est limpide et elle se sent perdre pied et qu’elle n’a envie que d’une chose : retrouver les lèvres de Kiara contre les siennes. Mais déjà, le rythme s’accélère, leurs regards sont ancrés l’un dans l’autre et Shea ne retient plus rien. Et ce n’est ni rude, ni obscène, c’est doux, c’est beau, et ça lui suffit pour gémir son nom en sentant son corps convulser, et pour s'admettre qu’elle a besoin d’elle. Elle a besoin d’elle comme de l’eau pour vivre mais elle lui semble toujours trop loin pour l’atteindre. Shea l’attire vers elle, pour un baiser plus que symbolique, avant de réaliser qu’elle est probablement absolument tout ce dont elle a besoin.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 31 Aoû - 0:19
Easy come, easy go

« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss.  »
Baisers brûlants. Baisers étouffants. Baisers aux sous-entendus si doux et si cruels à la fois que Kiara s’accroche à eux dans un désespoir qu’elle ne se reconnaît pas. Elle plane sur le calme et le bien-être qui retentit après chaque orgasme. Elle plane sur Shea qui envahit ses sens et son être tout entier pour ne jamais la quitter et elle ne veut plus redescendre. Elle veut continuer à planer et croire que tout parviendra à se mettre en ordre si elles restent seules, dans cette position, perdues dans un jeu de regard qui veut tout dire.

Pour retarder le moment fatidique où le sommeil les emporte et les transporte au matin, à une interruption brutale du monde extérieur qui a le don de se rappeler à elles au pire des moments, Kiara ne cesse d’attirer Shea contre elle. Sur le comptoir de la cuisine, sous la douche, contre la porte de la chambre, sur le lit démuni de draps, elle l’embrasse, s’empare d’elle sans retenues, se noie dans ses yeux et dans son corps et dans ses lèvres pour la graver en elle, pour la faire sienne, pour que jamais elle ne parte et n’aille voir ailleurs. Corps contre corps, elles se possèdent jusqu’à n’en plus pouvoir. Et même lorsqu’elles pensent ne plus pouvoir, elles repoussent les limites. C’est trop et trop peu en même temps. C’est une bouffée d’oxygène dont elle a besoin pour vivre et une montée d’adrénaline qui lui rappelle qu’elle est vivante de la plus belle des manières.

Mais la condition humaine est ainsi faite que l’instant où l’épuisement frappe, les corps s’éteignent dans un sommeil si profond que l’esprit n’a pas le temps de l’enregistrer. Un instant elle s’allonge, en un souffle elle s’endort. Pas le temps de regarder Shea, pas le temps de sourire, pas le temps d’essayer de garder ce moment en mémoire pour le rejouer chaque nuit séparée d’elle. Elle n’a que le temps de s’en vouloir, au moment où ses yeux s’ouvrent sur le dos nu de la femme qu’elle aime. Ce n’est pas de la panique qui lui serre la poitrine, mais elle ne veut pas poser le mot dessus, par peur de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Par peur de brûler des étapes. Par peur de faire fuir un animal sauvage blessé. Alors elle se contente de toucher avec les yeux, d’observer tendrement la forme des muscles qui se dessine subtilement, de se rappeler de la manière dont ses doigts se sont enfoncés dans sa chair la nuit d’avant. C’est assez pour lui donner envie, à nouveau. Assez pour lui donner envie de se faufiler dans son dos, de la prendre en cuiller dans une étreinte certainement trop romantique. Elle se retient à temps. Se contente de déglutir. De passer une main sur son visage pour se réveiller un peu mieux avant de poser le pied par terre.

Rester au lit alors que Shea est si proche et si loin serait une torture à laquelle elle ne veut pas se plier. Le plus silencieusement possible, elle récupère un boxer et un t-shirt avant de sortir de la chambre sur la pointe des pieds. Les fringues étalées dans le salon ne manquent pas de la faire sourire, mais elle n’a pas le temps de s’en préoccuper. L’admission de la veille et la nuit évidente de sommeil n’enlèvent rien à l’addiction au café qui fait carburer Shea. Ça prend cinq secondes en tout et pour tout de tout préparer pour que la seconde venue, elle n’ait qu’à appuyer sur un bouton. C’est pourtant la seule chose sur laquelle elle parvient à se concentrer.

La télé tourne en arrière-plan, le son si bas qu’elle n’entend presque rien, mais ses fesses posées sur le comptoir obligent son corps à faire face à la porte de la chambre qui la nargue, lui supplie de revenir au lit et de profiter jusqu’au bout d’un corps nu dont elle ne se lassera jamais. Elle pourrait. Elle pourrait faiblir et craquer, mais le monde se rappelle à elle et elle sait, Kiara, qu’avec le soleil et le café, Shea ne serait bientôt plus à elle. Et elle a besoin de ces quelques minutes de silence pour s’y préparer.
(c) DΛNDELION

@ Invité

avatar
   
#
Mar 1 Sep - 16:10
Easy come, easy go
@Kiara Nowinski

Alors qu’elle laisse Kiara s’endormir, elle lui prend la main, embrasse sa joue, ses lèvres, se blottit un peu contre elle, à bout de forces et à bout de souffle. Elle se sent exactement à sa place dans ses bras, parce qu’elle s’était tellement imaginée être hors normes, bizarre, fausse, pour ne pas ressentir les choses de la même manière que les autres gens. Tout contact avec ses parents et son pays natal avait été interrompu en conséquence. Et ce soir, Shea peut s’endormir en se disant que ce sentiment d’étrangeté peut disparaître quand elle est avec Kiara, parce qu’elle l’accepte exactement comme elle est ; elle ne la fuit pas encore. Elle s’éveille avec la certitude que Kiara dort encore. La perspective de se retourner pour la retrouver prend forme dans son esprit, et avec elle, la sensation de cette présence. Mais son absence la heurte un peu, elle trouve dans sa déception cette absurdité, loin de toute notion de raison. Le souvenir de la veille, seule la torpeur offre à Shea de le revivre. Il lui faut s’échapper de l’instant, se laisser vaciller dans l’inconscience pour se sentir encore contre elle. Elle cherche à prolonger la certitude des événements passés, mais la réalité de la chambre et du jour qui se lève s’accroissent, alors elle s’assoit au bord du lit, enfile un short et un débardeur qu’elle trouve à ses pieds, décide d’ouvrir en grand les fenêtres, de planifier des choses insignifiantes. Quand elle s’échappe dans la cuisine, la présence de Kiara sur le comptoir lui est douloureuse. Elle la désire pourtant, et c’est à cet appel que Shea se dirige vers elle, mais elle lui apparaît avec brutalité, si démesurément belle qu’elle en vient à douter qu’elle soit réelle. « Hey... »  lance-t-elle doucement, la voix encore enrouée. Ses mouvements sont un peu gauches quand elle se saisit d’une tasse vide. Elle s’apprête à remplir la cafetière quand elle réalise qu’elle est déjà prête, et esquisse alors un demi sourire en direction de Kiara. « Merci. T’as pas trop mal à la tête ? »

« T’as prévu quelque chose aujourd’hui ? » Peut-être pourrait-elle lui proposer de rester, et cette perspective aussi l’éveille. La routine teinte ses jours, et si Shea ne s’en plaint pas et n’aspire d’ailleurs à rien d’autre, elle ne souhaite tout de même pas qu’elle jalonne son existence pour toujours. Sa vie, lorsqu’elle y songe, offre un paysage sans aspérités, sans aucun de ces moment anodins dont elle aime se souvenir comme d’un fait exceptionnel, et qu’elle peut contempler d’un angle nouveau. « Je me disais que t’aurais pu passer la journée ici ? » Elle sert deux tasses de café, et les images de la veille se jettent au seuil de sa conscience. Sans doute est-ce dû à la marque qu’elle a laissé sur la jointure entre l’épaule et le cou de Kiara et qu’elle observe. Elle grimace alors : oups. Elle devine aussi les autres marques, et tout à coup, ce ne sont plus des images qu’elle voit, mais des empreintes indélébiles, un voile entre elles et le monde. Désormais, plus rien ne pourrait lui parvenir, sans que ça soit teinté de la présence de Kiara dans sa vie.

@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
I've got 99 problems  :: Archives - Empty chairs at empty tables :: archives 2019 - 2023 :: rps