Easy come, easy go [Shiara]
@ Invité
Easy come, easy go
« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss. »
Les corps se mélangent avec une allégresse que Kiara ne peut que partager alors qu’elle danse au rythme de la musique, à peine étouffée par l’odeur de transpiration et d’alcool qui se dégage de la piste de danse. L’atmosphère est parfaite pour prolonger cette sensation qu’elle a depuis ce matin, de flotter. Que le monde est à ses pieds et que tous ses rêves sont à sa portée, si elle se laisse le droit de réussir. Une flamme brûle dans ses veines, consume son être tout entier alors qu’elle lève les mains et hurle, en chœur avec le reste de la foule, au changement de chanson qui lui fait tourner la tête, un sourire éclatant, un rire au creux de sa gorge. Jade passe ses bras autour de son cou et Kiara ne rate pas l’occasion de se rapprocher d’elle, dans une danse partagée aussi innocente que sexy.
La soirée ne fait que commencer. Elle a bien l’intention de célébrer le contrat comme il se doit. Entourée de ses collègues les plus proches, l’alcool au bout des doigts et le bonheur dans les yeux. La chaleur qui règne les force à faire des allers-retours pour toujours avoir de quoi boire, même si rien n’hydrate et que toute assoiffe encore plus. C’est l’agence qui paye, elles peuvent se faire plaisir. Et Kiara a bien l’intention de se faire plaisir. Ses lèvres viennent frôler l’oreille de Jade pour se faire entendre au-dessus de la musique et lorsqu’elle s’écarte, elle mime le besoin de boire avant de quitter la foule.
Le bar est plein à craqué, l’espace manque pour se faufiler et attirer l’attention des barmans qui posent verre après verre après verre devant des clients avides. Mais Kiara sait qu’avec son sourire et son décolleté, tous les regards se posent sur elle lorsqu’elle passe. C’est le but. Obligée de se coller au dos d’une fille pour s’approcher, elle pose sa main sur son épaule comme pour s’excuser avant d’utiliser cette même main pour appeler un barman vers elle. C’est rapide et efficace. Elle a son verre dans les deux minutes qui suivent et elle lève les yeux au ciel lorsque l’homme lui adresse un clin d’œil avant de s’écarter pour laisser la place aux malheureux qui peinent encore à passer commande.
La légèreté qui lui donne envie de danser toute la nuit s’alourdit à la seconde où son regard croise celui qu’elle cherche tous les soirs. Shea est là. Dans toute sa splendeur. Son bleu à la joue disparu. Le sourire de Kiara glisse légèrement, alors que le souvenir de leur dernière conversation lui revient. Ce souvenir qu’elle cherche à noyer dans le travail après avoir réalisé que le motocross ne suffisait pas. (C’est surtout l’accident qui s’en est suivi qui n’a pas aidé.) Son cœur se serre, cogne, mais elle se reprend bien vite. Parce que la douleur est réelle depuis ce rejet, mais le manque l’est encore plus. Parce que Shea est devenue une telle partie de sa vie en si peu de temps qu’il devient difficile de ne pas succomber à la pulsion de lui envoyer un message le matin au réveil, le soir au moment d’aller dormir. À chaque fois qu’elle pense à elle.
« Hey. » Ce n’est certainement pas audible sous les basses de David Guetta, mais c’est facile de comprendre ce qu’elle cherche à dire. Un geste sur sa droite attire son regard et la réalisation frappe presque aussi fort que la gifle qu’elle s’est pris la semaine dernière. La différence réside dans la réaction de Kiara qui ravale sa jalousie en même temps qu’elle prend une première gorgée de son verre. Son sourire de joie se transforme en un sourire d’excuse envers la pauvre fille que Shea semble vouloir attirer dans ses filets. Elle fait un pas en arrière, saisit son téléphone dans sa main, comme pour dire à celle qui fait battre son cœur qu’elle l’appellerait plus tard. Un jour. Certainement pas le lendemain, pour laisser le temps à la brûlure de cicatriser.
Elle est prête à partir à la recherche de Jade, perdue au milieu de la foule de corps qui s’entremêlent, dansent et sautent dans un rythme qui leur appartient lorsque son verre lui est pris des mains et qu’un bras glisse autour de ses épaules. Jade, essoufflée, pose une cigarette à ses lèvres avant de partir vers la sortie et Kiara ne peut pas s’en empêcher, elle éclate de rire. Un rire qui se meurt très vite sur ses lèvres lorsqu’elle croise une deuxième fois le regard de Shea. Et le besoin de l’avoir près d’elle, loin d’autres conquêtes potentielles, se fait trop fort pour qu’elle puisse résister. Lèvre mordue, elle ose un mouvement de la tête pour lui dire de la suivre. Elle ne se permet pas de regarder pour savoir si elle le fait. Préfère s’enfoncer dans le cœur de la foule pour traverser la piste, nager à travers les cris, les rires et les gouttes de transpiration. Quand elle se retourne, elle est à l’arrière du coin du DJ, derrière les baffles et le calme et la fraicheur surprennent autant qu’ils font du bien. Elle espère que Shea est là. Espère que le corps qu’elle sent contre son dos lui appartient. Tête penchée sur le côté, elle laisse libre accès à des lèvres de venir s’y poser. Son cœur bat un peu plus fort sous l’anticipation. L'espoir ne meurt jamais.
La soirée ne fait que commencer. Elle a bien l’intention de célébrer le contrat comme il se doit. Entourée de ses collègues les plus proches, l’alcool au bout des doigts et le bonheur dans les yeux. La chaleur qui règne les force à faire des allers-retours pour toujours avoir de quoi boire, même si rien n’hydrate et que toute assoiffe encore plus. C’est l’agence qui paye, elles peuvent se faire plaisir. Et Kiara a bien l’intention de se faire plaisir. Ses lèvres viennent frôler l’oreille de Jade pour se faire entendre au-dessus de la musique et lorsqu’elle s’écarte, elle mime le besoin de boire avant de quitter la foule.
Le bar est plein à craqué, l’espace manque pour se faufiler et attirer l’attention des barmans qui posent verre après verre après verre devant des clients avides. Mais Kiara sait qu’avec son sourire et son décolleté, tous les regards se posent sur elle lorsqu’elle passe. C’est le but. Obligée de se coller au dos d’une fille pour s’approcher, elle pose sa main sur son épaule comme pour s’excuser avant d’utiliser cette même main pour appeler un barman vers elle. C’est rapide et efficace. Elle a son verre dans les deux minutes qui suivent et elle lève les yeux au ciel lorsque l’homme lui adresse un clin d’œil avant de s’écarter pour laisser la place aux malheureux qui peinent encore à passer commande.
La légèreté qui lui donne envie de danser toute la nuit s’alourdit à la seconde où son regard croise celui qu’elle cherche tous les soirs. Shea est là. Dans toute sa splendeur. Son bleu à la joue disparu. Le sourire de Kiara glisse légèrement, alors que le souvenir de leur dernière conversation lui revient. Ce souvenir qu’elle cherche à noyer dans le travail après avoir réalisé que le motocross ne suffisait pas. (C’est surtout l’accident qui s’en est suivi qui n’a pas aidé.) Son cœur se serre, cogne, mais elle se reprend bien vite. Parce que la douleur est réelle depuis ce rejet, mais le manque l’est encore plus. Parce que Shea est devenue une telle partie de sa vie en si peu de temps qu’il devient difficile de ne pas succomber à la pulsion de lui envoyer un message le matin au réveil, le soir au moment d’aller dormir. À chaque fois qu’elle pense à elle.
« Hey. » Ce n’est certainement pas audible sous les basses de David Guetta, mais c’est facile de comprendre ce qu’elle cherche à dire. Un geste sur sa droite attire son regard et la réalisation frappe presque aussi fort que la gifle qu’elle s’est pris la semaine dernière. La différence réside dans la réaction de Kiara qui ravale sa jalousie en même temps qu’elle prend une première gorgée de son verre. Son sourire de joie se transforme en un sourire d’excuse envers la pauvre fille que Shea semble vouloir attirer dans ses filets. Elle fait un pas en arrière, saisit son téléphone dans sa main, comme pour dire à celle qui fait battre son cœur qu’elle l’appellerait plus tard. Un jour. Certainement pas le lendemain, pour laisser le temps à la brûlure de cicatriser.
Elle est prête à partir à la recherche de Jade, perdue au milieu de la foule de corps qui s’entremêlent, dansent et sautent dans un rythme qui leur appartient lorsque son verre lui est pris des mains et qu’un bras glisse autour de ses épaules. Jade, essoufflée, pose une cigarette à ses lèvres avant de partir vers la sortie et Kiara ne peut pas s’en empêcher, elle éclate de rire. Un rire qui se meurt très vite sur ses lèvres lorsqu’elle croise une deuxième fois le regard de Shea. Et le besoin de l’avoir près d’elle, loin d’autres conquêtes potentielles, se fait trop fort pour qu’elle puisse résister. Lèvre mordue, elle ose un mouvement de la tête pour lui dire de la suivre. Elle ne se permet pas de regarder pour savoir si elle le fait. Préfère s’enfoncer dans le cœur de la foule pour traverser la piste, nager à travers les cris, les rires et les gouttes de transpiration. Quand elle se retourne, elle est à l’arrière du coin du DJ, derrière les baffles et le calme et la fraicheur surprennent autant qu’ils font du bien. Elle espère que Shea est là. Espère que le corps qu’elle sent contre son dos lui appartient. Tête penchée sur le côté, elle laisse libre accès à des lèvres de venir s’y poser. Son cœur bat un peu plus fort sous l’anticipation. L'espoir ne meurt jamais.
(c) DΛNDELION
@ Invité
@Kiara Nowinski
21h03. Shea repose son téléphone et regarde par la fenêtre. Elle ferme les yeux. C’est le fait de savoir que Kiara est quelque part dans cette ville qui rend les choses si difficiles. Un frisson la parcourt. C’est le même phénomène qu’avant. Quand elle était en train de lire et qu’elle commençait à penser à elle, parce que Kiara la prévenait parfois lorsqu’elle sortait. Elle pinçait ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rester assise et cesse de résister. Elle faisait les cents pas, regardait à travers la fenêtre, les poings serrés. Elle reprenait son livre, essayait de se remettre dedans, parcourant chaque mot lentement et à répétition. Mais un quart de seconde plus tard le livre était de nouveau sur le bureau. Elle observait alors sa pile. Toutes ces connaissances et rien pour l’aider à éteindre ce feu en elle. Elle entend la voix de son frère s’élever dans le salon qui l’extrait de ses pensées. Pendant une seconde, elle se raidit, puis l’entend rire au téléphone. Elle ne supporte pas l’idée que Kiara puisse être à New-York et voit quelqu’un d’autre qu’elle. C’est égoïste et hypocrite, mais elle ne peut rien y faire. Elle verrouille son téléphone : si elle ne peut pas le voir, peut-être qu’elle ne penserait pas à quel point c’est ridicule d’essayer de se convaincre qu’elle n’a pas envie d’elle. 21h31, pendant qu’elle s’habille dans la salle de bain, elle s’attend à moitié à ce que Cole lui crie de se dépêcher. Une fois vêtue et maquillée, elle envoie un message rapide : j’arrive, puis traîne avec elle sa veste en cuir en se glissant silencieusement jusqu’à l’ascenseur. Les secondes d’attente lui paraissent une éternité. Dans l’entrée, son date, Alexis, a l’air surprise ; Shea a dû couper court à ses réflexion en affichant un sourire contrit. Elle s’excuse pour son retard, lui offre un baiser de consolation, et embarque avec elle dans le taxi.
Debout devant le bar, elles alignent leur cinquième verre de Southern Comfort, vide, tandis que Shea récolte les dernières saveurs sur les lèvres d’Alexis. L'alcool lui brûle la gorge et déclenche un frisson désagréable en s'infiltrant en elle. Elle verrouille l'écran de son téléphone portable pour la troisième fois en l’espace d’une demi-heure et le range dans sa poche. Elle voit Kiara se glisser devant elle à ce moment-là, toucher l'épaule d'Alexis de manière tout à fait surréaliste. Puis tout est clair : peu importe quand, peu importe comment elle est arrivée là, Shea ne voit plus qu’elle, et son sourire l'abandonne aussitôt. Elle va essayer de s’acheminer vers elle, mais elle ne peut pas quitter ses yeux d’elle. Elle a l’impression d’être dans une de ces comédies romantiques et pour une fois, elle n’en a rien à faire. Parce que Kiara est là, et même si c’est indubitablement les effets de l’alcool, elle ne peut s’empêcher de chuchoter quelque chose qui n'atteindra jamais ses oreilles : « Salut… » Elle alterne les regards entre elle et Alexis. Est-ce qu'elle est censée les présenter ? Et pour dire quoi ?
Un seul geste de sa part retient son attention. Elle n’hésite pas un instant, pas même quand Alexis lui offre un regard plein de désir et des baisers sulfureux. Elle est gracieuse et belle, et l’alcool plonge chacun de ses gestes dans une sensation d'allégresse, mais Kiara est plus belle encore et son appel est sans concession. Car même alors qu’elle s’est éloignée, Shea s’intéresse encore au noir autour de ses yeux, à ses clavicules découvertes, aux lèvres qu'elle a mordillé, à ce muscle qui s'est contracté dans son bras lorsqu'elle s'est penchée pour récupérer un verre. Le même muscle qui se contracte lorsque… Shea se racle la gorge, évite de se laisser surprendre par ce genre de pensées, et se penche vers son date : « Je reviens. » Il lui semble n'avoir vu aucune rancoeur dans les yeux de Kiara, aucune trace de cette colère qu’elle avait dirigé vers elle la dernière fois. Shea s’échappe alors de la foule, bien trop rapidement pour quelqu’un qui est censé n’en avoir rien à faire. Cette petite capitulation lui confirme ce qu’elle sait déjà : Kiara tient les rênes. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, elle la voit, le cou dégagé, le corps légèrement cambré. Shea s'approche derrière elle et sans doute qu'elle pourrait poser ses lèvres dans sa nuque si invitante, plaquer son corps contre le sien et se tordre légèrement. Shea ne pense pas à quel point elle a envie d’elle, contre ce mur, en cet instant inapproprié, devant tous ces gens. Elle ne s’y projette pas parce qu'elle ne peut plus penser à rien. Elle ne lui propose pas de la rejoindre aux toilettes ou de s’enfuir d’ici parce que sa bouche est sèche et elle ne répond plus de rien non plus. Elle se rapproche alors un peu plus contre elle, se mord la lèvre comme elle le fait souvent, elle est tellement proche et c’en est trop. Alors, toujours postée derrière elle, Shea lui entoure la taille de ses deux mains, repose son visage contre le sien et murmure : « Tu vas encore me dire d’aller au lit comme à une ado ? » Ce qui aurait pu s’apparenter à de la rancoeur est atténué par un sourire amusé et des yeux qui peinent à se débarrasser de cette lascivité. Elle se hisse pour lui embrasser la joue. Puis elle se détache et, appuyée contre un mur, elle la regarde : « T’es parfaite. Je veux dire, t'es très belle, ce soir. »
@ Invité
Easy come, easy go
« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss. »
Elle ne peut retenir l’inspiration soudaine que ses poumons réclament lorsque les bras de Shea saisissent sa taille. Son corps contre le sien, l’odeur de son parfum qui frappe ses narines et sa voix dans ses oreilles parviennent enfin à calmer le besoin de l’avoir si proche d’elle. Elle pourrait mourir cette seconde et être satisfaite. L’idée est si effrayante qu’elle la balaye directement pour mieux se concentrer sur ces lèvres qui se posent sur sa joue, sur la vision céleste qui s’offre à elle lorsqu’elle ouvre les yeux. « Pourquoi ? Tu as besoin d’y aller ? » Question innocente, un brin taquine pour masquer cette nervosité qui pointe le bout de son nez devant le nouveau rappel de cette soirée désastreuse.
Ce soir elle n’a pas envie de lutter. Maintenant qu’elle l’a vue, elle ne veut rien voir d’autre et si elle se fait rejeter une nouvelle fois, alors tant pis. « Merci. » Les palpitations dans son ventre manquent de lui faire perdre l’équilibre tant elles sont fortes et surprenantes. Elle baisse la tête une seconde, presque timide du compliment. Lorsqu’elle la relève, qu’elle plonge ses yeux dans les prunelles sombres de Shea, elle a la lèvre mordue et les doigts qui jouent avec le bas de sa robe, comme gênée. « Je ne peux que te retourner le compliment. »
Lentement, elle s’approche du mur pour dominer de toute sa taille. Pour enfermer Shea entre le mur et son corps. Pour empêcher toute tentative d’approche d’un quelconque inconnu, de cette fille dont elle ne connaît pas le nom et dont elle se fiche royalement. Ou dont elle se ficherait si Shea n’était pas venue ici avec elle. La jalousie brûle le long de son œsophage tandis qu’elle se penche pour s’emparer de ses lèvres dans un baiser qu’elle veut simple, rapide, presque chaste. C’est oublier la facilité déconcertante avec laquelle elle peut fondre dans ses bras. Tu m’as manqué. Les mots qu’elle ne peut pas dire, elle les exprime finalement avec une caresse de sa langue. Et lorsqu’elle recule, que leurs souffles se mélangent dans une tension lourde, palpable, sensuelle, elle lâche ce qui lui pèse sur la poitrine depuis leur… leur quoi exactement ? Dispute ? « Je suis désolée. » A demi-mots, avec la musique si forte, il n’y a que leur proximité qui permet à Shea de l’entendre. « Pour la dernière fois. » Sa main vient se plaquer contre le bas du dos de Shea pour la coller à elle. J’avais envie de rester. « Tu as été parfaite et j’ai été conne. » Besoin d’oublier, de gommer la soirée, de passer à autre chose pour ne pas se laisser emporter par des émotions qui n’ont pas leur place dans ce jeu qu’elles jouent. Dans ce jeu que Kiara a déjà perdu.
Doucement, elle lâche son emprise sur le corps de Shea pour se poser contre le mur, à ses côtés. Son regard se porte sur la vague humaine qui se déchaîne et qui l’appelle. Elle n’oublie pas l’allégresse de la journée à la signature d’un contrat en or pour sa carrière. Elle n’oublie pas la célébration en bonne et due forme qu’elle a promise à Jade et Chris. Mais elle ne parvient pas à se concentrer sur autre chose que la silhouette à ses côtés. Si elle savait dessiner, elle prendrait le temps de mémoriser chaque trait de ce visage divin, de la naissance de ses cheveux jusqu’à la courbe de ses seins. Et elle prêterait d’autant plus attention aux yeux et à toute la chaleur qu’ils dégagent. À ses lèvres et ce sourire esquissé qui l’hypnotise. Mais elle ne sait pas dessiner et Shea n’est pas sienne, et c’est le boum du mix en cours qui la sort de sa torpeur.
« C’est qui cette fille ? » Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle a besoin de savoir. Besoin de rappeler à son cœur et à sa tête qu’elle n’a aucun droit sur elle. Qu’elle peut espérer tout ce qu’elle veut, rien ne changera ce simple fait. Sa possessivité la pousse à se saisir à nouveau de son corps, mais elle n’en fait rien. Elle se contente de regarder Shea, le regard brillant, la jalousie menaçante dans ses entrailles. Si elle joue bien ses cartes, la malheureuse sera vite oubliée.
Ce soir elle n’a pas envie de lutter. Maintenant qu’elle l’a vue, elle ne veut rien voir d’autre et si elle se fait rejeter une nouvelle fois, alors tant pis. « Merci. » Les palpitations dans son ventre manquent de lui faire perdre l’équilibre tant elles sont fortes et surprenantes. Elle baisse la tête une seconde, presque timide du compliment. Lorsqu’elle la relève, qu’elle plonge ses yeux dans les prunelles sombres de Shea, elle a la lèvre mordue et les doigts qui jouent avec le bas de sa robe, comme gênée. « Je ne peux que te retourner le compliment. »
Lentement, elle s’approche du mur pour dominer de toute sa taille. Pour enfermer Shea entre le mur et son corps. Pour empêcher toute tentative d’approche d’un quelconque inconnu, de cette fille dont elle ne connaît pas le nom et dont elle se fiche royalement. Ou dont elle se ficherait si Shea n’était pas venue ici avec elle. La jalousie brûle le long de son œsophage tandis qu’elle se penche pour s’emparer de ses lèvres dans un baiser qu’elle veut simple, rapide, presque chaste. C’est oublier la facilité déconcertante avec laquelle elle peut fondre dans ses bras. Tu m’as manqué. Les mots qu’elle ne peut pas dire, elle les exprime finalement avec une caresse de sa langue. Et lorsqu’elle recule, que leurs souffles se mélangent dans une tension lourde, palpable, sensuelle, elle lâche ce qui lui pèse sur la poitrine depuis leur… leur quoi exactement ? Dispute ? « Je suis désolée. » A demi-mots, avec la musique si forte, il n’y a que leur proximité qui permet à Shea de l’entendre. « Pour la dernière fois. » Sa main vient se plaquer contre le bas du dos de Shea pour la coller à elle. J’avais envie de rester. « Tu as été parfaite et j’ai été conne. » Besoin d’oublier, de gommer la soirée, de passer à autre chose pour ne pas se laisser emporter par des émotions qui n’ont pas leur place dans ce jeu qu’elles jouent. Dans ce jeu que Kiara a déjà perdu.
Doucement, elle lâche son emprise sur le corps de Shea pour se poser contre le mur, à ses côtés. Son regard se porte sur la vague humaine qui se déchaîne et qui l’appelle. Elle n’oublie pas l’allégresse de la journée à la signature d’un contrat en or pour sa carrière. Elle n’oublie pas la célébration en bonne et due forme qu’elle a promise à Jade et Chris. Mais elle ne parvient pas à se concentrer sur autre chose que la silhouette à ses côtés. Si elle savait dessiner, elle prendrait le temps de mémoriser chaque trait de ce visage divin, de la naissance de ses cheveux jusqu’à la courbe de ses seins. Et elle prêterait d’autant plus attention aux yeux et à toute la chaleur qu’ils dégagent. À ses lèvres et ce sourire esquissé qui l’hypnotise. Mais elle ne sait pas dessiner et Shea n’est pas sienne, et c’est le boum du mix en cours qui la sort de sa torpeur.
« C’est qui cette fille ? » Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle a besoin de savoir. Besoin de rappeler à son cœur et à sa tête qu’elle n’a aucun droit sur elle. Qu’elle peut espérer tout ce qu’elle veut, rien ne changera ce simple fait. Sa possessivité la pousse à se saisir à nouveau de son corps, mais elle n’en fait rien. Elle se contente de regarder Shea, le regard brillant, la jalousie menaçante dans ses entrailles. Si elle joue bien ses cartes, la malheureuse sera vite oubliée.
(c) DΛNDELION
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@Kiara Nowinski
Les bras croisés sur sa poitrine, elle fait face à la beauté aberrante de la mannequin et qui rappelle Shea à ses souvenirs, à leurs souvenirs. Si récents et tellement éloignés à la fois, il lui semble qu'elle n'a pas touché d'être humain depuis elle, depuis une éternité, ni n'a détaillé de visage avec autant d'insistance et d'intérêt. Un bref rire imposant s'échappe de sa gorge sèche tandis que Kiara reconduit les compliments par un regard timide lancé en sa direction. Las cependant, de cette situation, de tout son être, Shea détourne rapidement le regard pour mieux se concentrer sur la foule derrière elle. Un chaos uniforme. « Merci. » Elle préfère ignorer sa question précédente parce qu'il y a tellement de réponses possibles que Shea préfère la laisser s'envoler, et bourdonner plutôt aux oreilles de Kiara, comme un petit chant de triomphe : « Je suis contente de te voir. Je savais pas que tu serais là. »
Kiara approche son visage jusqu’à n’être qu’à quelques millimètres de la mâchoire tendue de Shea. La britannique se regarde faillir, sa fermeté céder sans préavis, alors qu’elle forme un poing tremblant de sa main libre. Merde. Faites que quelqu’un les interrompe. Faites qu’Alexis ait soudainement besoin de la voir. Mais même son raisonnement interne devient inconsistant face à la bouleversante proximité de Kiara qui enivre intégralement. Désarmante, en proie à ce qu’elle donne autant qu’à ce qu’elle prend. Et elle prend toute l’énergie déployée par Shea à garder ses mains loin du corps de Kiara, et toutes les interminables secondes à son avantages. Ça ne semble pas la perturber assez pour empêcher sa main de se diriger dans la nuque de la mannequin et l’autre de s’entortiller dans les plis de sa robe. Sans un mot, sans un souffle, Shea observe la lutte interne et dirige instinctivement son regard vers les lèvres entrouvertes de Kiara. Le temps canalise son souffle en équilibre tandis qu’elle se laisse embrasser. Ses lèvres sont sur les siennes et Shea oublie qu’elle l’a laissée la coincer contre ce mur, elle se laisse même étreindre en évitant de se rappeler que c’est trop, qu’elle a trop bien conscience que c’est devenu quasiment systématique de le faire à chaque fois qu’elles se voient. Sans plus davantage d’hésitation, elle glisse ses mains dans le dos de Kiara pour la rapprocher d’elle, s'agrippant un peu plus à sa robe. Elle ressent tout, de sa respiration qui peine à reprendre un rythme normal quand elle s’écarte, à la main de Kiara dans son dos. Elle est désolée ? Désolée de quoi ? Shea se mure dans son silence, s'agrippant toujours à elle. Elle secoue alors le visage, et même si sa voix tremble légèrement, parce que c’est quelque chose qui lui est difficile de faire, elle n’en pense pas moins : « C’est moi qui suis désolée. J’aurais dû être là pour toi, et j'ai pas su le faire. »
« Elle s’appelle Alexis, si c’est ce que tu veux savoir. D’ailleurs on ferait mieux d’y retourner... » et pour éviter de se donner la chance de revenir sur sa décision, elle saisit la main de Kiara et l’entraîne vers la foule où elle raffermit son emprise sur ses doigts, pour des raisons qui lui sont inconnues, avant de la guider vers le bar. Elle y retrouve la blonde, et c’est bien tard qu’elle lâche la main chaude de Kiara. « Alexis, Kiara, Kiara, Alexis. » Elle se retient d’ajouter c’est la soeur d’une amie d’enfance parce que ça lui semble mal venu, qu'elle ne sait plus à quoi ça rime et que c'est même devenu un détail insignifiant. « Tu bois quoi ? » lance-t-elle ensuite à Kiara. Shea l’effleure à chaque fois que sa main peut entrer en contact avec elle, et elle remarque que ça ne doit pas déranger plus que ça sa conscience car les occasions se multiplient. Malgré cela, il lui faut encore afficher son impassibilité. Elle maudit un peu Kiara. Elle maudit son air calme et ses remarques aguichantes. Elle maudit son intelligence et son sourire. Elle maudit sa taille, sa beauté ridicule, ses yeux magnifiques et la courbe de sa mâchoire, de son menton, l’angle de son nez… Et ça n’aide pas que Shea ait dû se presser presque entièrement contre elle, quand il a fallu traverser la salle, même en cet instant, en parlant au barman pour également commander trois shots. Ce qui aide, c'est qu'elle arrive parfois à se persuader que ce n'est pas un comportement étrange pour deux bonnes amies. Au même moment, Kiara se repositionne sur sa gauche pour lui prendre la main. Du moins elle s’imagine que c’est Kiara. La main lui semble lui appartenir, mais il n’y a pas grand chose d’autre. La taille, les cheveux, le visage, le parfum, la peau, et ses mots ne sont en rien ceux de celle qu’elle voudrait posséder en cet instant. En se retournant elle constate avec effroi qu’elle avait complètement oublié Alexis, et que c'est elle qui caresse le dos de sa main avec ses doigts, alors elle s’excuse avec un baiser et un sourire : « Et toi ? Qu’est-ce que tu bois ? »
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Easy come, easy go
« Easy come, easy go, that's just how you live. Take, take, take it all, but you never give. Should have known you was trouble from the first kiss. »
Elle ne veut pas savoir, Kiara. Elle ne veut rien savoir de cette fille. Encore moins son prénom. Elle ne veut pas plus y retourner. Pour quoi faire ? Tenir la chandelle ? Non, merci. Mais Shea ne lui laisse aucun choix, s’empare de sa main pour lui faire traverser la foule en sens inverse. Elle voit tellement d’occasions pour lâcher sa main et se perdre, se cacher même, parmi ces âmes qui ne se doutent de rien, qui s’en fichent, qui sont là pour passer du bon temps. Comme elle, il y a moins de cinq minutes. Elle les jalouse. Leur innocence, leur joie de vivre, sur le moment, elle la désire. Elle croit même apercevoir Chris en train de sauter et ce serait si facile de semer Shea pour ne pas avoir à se soumettre à un spectacle qu’elle ne veut pas voir. Mais ce serait s’avouer vaincue avant même d’abattre son meilleur atout et elle reste une compétitrice dans l’âme. Et il est très vite bien trop tard pour elle de se dissimuler parmi la foule. Le visage simple et passe-partout de cette pauvre fille les accueille avec un sourire presque naïf et elle n’est pas si jugeante, d’habitude, mais elle ne peut s’en empêcher lorsque brûle dans ses veines le venin désagréable de la jalousie. Elle daigne à peine acquiescer lors des présentations. Elle se fiche d’elle et tout chez Shea suinte le désintérêt pour Alexis aussi. Pleine d’espoir, mais pas idiote, elle voit clair dans ce jeu de main, jeu de vilain qui prend place au vu et au su de tous. Et peut-être qu’elle devrait se sentir usée, fatiguée que Shea la force dans ce genre de situation, dans un sens elle l’est. Mais s’il n’y a que de cette manière qu’elle peut obtenir son attention, qui est-elle pour s’en priver ?
Elle ne répond pas, parce qu’elle se fiche de ce qu’elle boit. De l’eau serait parfait pour étancher la soif qui lui assèche la bouche, mais de l’alcool serait encore mieux pour lui faire avaler la bile de jalousie qui remonte et brûle sa gorge. Shea est de toute façon bien plus préoccupée par l’idée de se coller à elle le plus possible que par sa réponse. Les shots sont posés sur le bar avec rapidité et efficacité et elle n’attend pas longtemps avant de s’emparer du sien. Juste à temps pour voir Alexis se rappeler à Shea, juste à temps pour voir l’échange d’un baiser et l’alcool brûle autant que l’acide de son estomac. Partagée entre l’envie de se battre pour son attention et l’envie de noyer la jalousie, Kiara n’a pas le temps de se hisser un peu sur le bar pour passer sa propre commande, plutôt que de passer par Shea – tout lui est offert ce soir après tout, que Jade réapparaît. L’odeur de cigarette vient irriter ses narines, mais la vue paradisiaque de son précédent verre encore à moitié plein pardonne l’intrusion. Et parce que l’occasion est trop belle, Kiara profite du corps solide de sa collègue pour se caler contre elle, sans jamais perdre Shea du regard. C’est bas, mais elle sait que cela provoquera au moins une réaction. Et même si elle se doute que cette réaction ne fera que lui donner envie de vomir, elle joue avec les cartes qu’elle a.
Les bras de Jade passés autour de ses hanches pour l’aider à tenir droite et debout dans cette section du bar où les mouvements sont propices à la bousculade, Kiara ose un sourire qu’elle veut innocent, mais son regard veut tout dire. « Shea, Jade. Jade, Shea et Alexis. » La réaction de Jade ne se fait pas attendre, alors qu’elle baisse la tête vers son oreille pour se faire entendre. Shea ? Pas besoin pour Kiara d’acquiescer, la question est rhétorique et Jade en sait suffisamment pour ne rien dire de plus sur le sujet. Je veux danser. Elle n’hésite pas à finir son verre. L’alcool brûle délicieusement sur son passage, soulage le monstre qui menace sous sa peau. Le verre vide posé sur le bar, le regard toujours posé sur les traits de Shea, elle se saisit de la main de Jade pour l’entraîner sur la piste. Pas trop loin, pour pouvoir garder un œil sur le couple de la soirée, suffisamment loin pour que l’ambiance des danseurs autour d’elle l’entraîne avec leur énergie.
C’est pas en la rendant jalouse que tu va arriver à quoi que ce soit. Le souffle parvient à ses oreilles, les paroles un peu noyées par le son des baffles, mais elle devine le principal. Et elle sait. Mais bien plus que la jalousie qu’elle cherche à provoquer, c’est son envie. L’envie de Shea d’être avec elle, de la suivre sur la piste pour profiter de ce qui pourrait être à elle si elle ouvrait les yeux. Parce que ce soir, Kiara a la joie dans les yeux, l'excitation au bout des doigts et l’envie de passer un bon moment. Et chaque moment est forcément mieux lorsque Shea est là pour le partager avec elle. Ses yeux ne peuvent la quitter. Elle la veut. Non pas sexuellement, mais entièrement. Corps et âme. Et lorsque le silence se fait rien qu'une fraction de seconde, lorsque la basse frappe soudainement et que le son reprend, Kiara est obligée de tourner le dos. Ce n’est ni l’endroit ni le moment pour ces réalisations.
Elle ne répond pas, parce qu’elle se fiche de ce qu’elle boit. De l’eau serait parfait pour étancher la soif qui lui assèche la bouche, mais de l’alcool serait encore mieux pour lui faire avaler la bile de jalousie qui remonte et brûle sa gorge. Shea est de toute façon bien plus préoccupée par l’idée de se coller à elle le plus possible que par sa réponse. Les shots sont posés sur le bar avec rapidité et efficacité et elle n’attend pas longtemps avant de s’emparer du sien. Juste à temps pour voir Alexis se rappeler à Shea, juste à temps pour voir l’échange d’un baiser et l’alcool brûle autant que l’acide de son estomac. Partagée entre l’envie de se battre pour son attention et l’envie de noyer la jalousie, Kiara n’a pas le temps de se hisser un peu sur le bar pour passer sa propre commande, plutôt que de passer par Shea – tout lui est offert ce soir après tout, que Jade réapparaît. L’odeur de cigarette vient irriter ses narines, mais la vue paradisiaque de son précédent verre encore à moitié plein pardonne l’intrusion. Et parce que l’occasion est trop belle, Kiara profite du corps solide de sa collègue pour se caler contre elle, sans jamais perdre Shea du regard. C’est bas, mais elle sait que cela provoquera au moins une réaction. Et même si elle se doute que cette réaction ne fera que lui donner envie de vomir, elle joue avec les cartes qu’elle a.
Les bras de Jade passés autour de ses hanches pour l’aider à tenir droite et debout dans cette section du bar où les mouvements sont propices à la bousculade, Kiara ose un sourire qu’elle veut innocent, mais son regard veut tout dire. « Shea, Jade. Jade, Shea et Alexis. » La réaction de Jade ne se fait pas attendre, alors qu’elle baisse la tête vers son oreille pour se faire entendre. Shea ? Pas besoin pour Kiara d’acquiescer, la question est rhétorique et Jade en sait suffisamment pour ne rien dire de plus sur le sujet. Je veux danser. Elle n’hésite pas à finir son verre. L’alcool brûle délicieusement sur son passage, soulage le monstre qui menace sous sa peau. Le verre vide posé sur le bar, le regard toujours posé sur les traits de Shea, elle se saisit de la main de Jade pour l’entraîner sur la piste. Pas trop loin, pour pouvoir garder un œil sur le couple de la soirée, suffisamment loin pour que l’ambiance des danseurs autour d’elle l’entraîne avec leur énergie.
C’est pas en la rendant jalouse que tu va arriver à quoi que ce soit. Le souffle parvient à ses oreilles, les paroles un peu noyées par le son des baffles, mais elle devine le principal. Et elle sait. Mais bien plus que la jalousie qu’elle cherche à provoquer, c’est son envie. L’envie de Shea d’être avec elle, de la suivre sur la piste pour profiter de ce qui pourrait être à elle si elle ouvrait les yeux. Parce que ce soir, Kiara a la joie dans les yeux, l'excitation au bout des doigts et l’envie de passer un bon moment. Et chaque moment est forcément mieux lorsque Shea est là pour le partager avec elle. Ses yeux ne peuvent la quitter. Elle la veut. Non pas sexuellement, mais entièrement. Corps et âme. Et lorsque le silence se fait rien qu'une fraction de seconde, lorsque la basse frappe soudainement et que le son reprend, Kiara est obligée de tourner le dos. Ce n’est ni l’endroit ni le moment pour ces réalisations.
(c) DΛNDELION
@ Invité
@Kiara Nowinski
Kiara a avalé l’intégralité de son verre sous ses yeux interloqués avant que Shea n’ait le temps de leur proposer de trinquer. Elle regarde ensuite quelqu'un s'approcher, et Shea ne bouge pas, incapable d’esquisser un geste à sa rencontre. Néanmoins, elle fronce les sourcils parce que Kiara la regarde et puis qu’est-ce que c’est que ces messes basses ? est-ce qu’elle essaie de lui faire passer un message ? de la rendre jalouse ? Cette perspective lui semble ridicule. Kiara a presque aussitôt reposé son verre qu’elle s’éloigne d’elle. Et Shea, pour toute réponse, regarde bêtement son verre, absorbée par ce qui s'y passe, incapable d'y décrocher son regard. Un soupir audible lui échappe, son ton est muselé par sa déception lorsqu'elle s'adresse de nouveau à son date : « Bon bah... Cheers. » « C’était qui ? » Shea hausse les épaules. Elle veut en dire assez pour qu’elle la comprenne mais garder cette once de mystère. Consciente des questions que soulève son silence, elle regrette immédiatement de les avoir présentées.
Où donc est passée sa dérision, son égoïsme, son je-m’en-foutisme et les ambitions qu’elle a si fièrement apporté avec elle à New-York ? Se sont-ils perdus à l’arrivée de Kiara ? Pourquoi déjà est-ce qu’elle se trouve là, à cet endroit à scruter le fond d’un verre de tequila ? A boire comme si sa vie en dépendait ? A être sur le point de déballer son coeur à une inconnue plutôt que de se pavaner devant elle dans un mutisme orgueilleux ? Mais sitôt qu’elle se laisse le temps de réfléchir dans les dédales de son esprit, elle perçoit, au-delà de sa propre censure, la vision de Kiara. Sans cesse, son esprit se tourne vers cette dernière. Une marée surgit en elle, des flots sombres, une cohorte de visuels et de souvenirs. Elle sent éclore l’appel irrésistible, la faim insatiable de son corps, comme un chant de sirène, vraiment. L’idée que cette attraction soit le fait de quelque chose de plus profond la submerge de terreur. Comment peut-elle retourner dans ses bras alors qu’elle vient tout juste de parvenir à s’en extraire ? Shea lutte contre une nervosité violente et sournoise et s’accroche soudainement aux bras d’Alexis d’un geste vif, s’accroche aussi du regard à chaque détail de chaque individu autour d’elles pour s’y retenir, chasser Kiara de son esprit. Alexis l’accueille dans son étreinte. Shea sent son angoisse s’infiltrer en elle, résultant du conflit entre deux états d’esprits contradictoires. Elle n’a pas les ressources et l’énergie nécessaires pour y mettre un terme. Alors, elle laisse son visage reposer sur l’épaule d’Alexis. Mais ne pas voir Kiara, est aussi insupportable que de la savoir présente, indéfiniment présente, et de ne pas l’avoir. Alexis lui offre d'infimes baisers dans le cou et Shea ne pense plus à rien. Elle ose lever les yeux vers la piste de danse en tendant les oreilles au bruit autour, les clients menant une existence intrinsèque à la nuit qui s’avance. Elle suit du regard les courbes de la mannequin, sa mannequin, perd son esprit dans ses mouvements. Toujours vautrée dans les bras d’Alexis, alors qu’elle tient son verre de la gauche, elle s’empare de son téléphone de la main droite et compose un message rapide, en espérant que dans ce boucan, Kiara entende son portable ou le sente vibrer contre elle, comme une injonction. Pour s’en assurer, elle garde les yeux rivés sur elle alors qu’elle envoie : je t’ai déjà dit comme cette robe t’allait ? Bon moyen, il lui semble, de garder un quelconque contrôle distancié. Ne sait-elle pas déjà que Shea ne contrôle rien du tout ? Elle se sépare enfin d’Alexis, dépose un baiser sur ses lèvres, fait semblant de sourire à une de ses plaisanteries et se penche sur le comptoir pour commander. C’est tout juste si elle n’impose pas de se servir elle-même, entre deux regards vers la piste de danse et des deux mannequins ensemble. Elle n’a jamais été prône à se remettre en question, mais face à Kiara, les doutes se réveillent sans cesse et soudain, elle réalise, dans le plus profond de son esprit, qu’elle ne fera jamais le poids face à Jade, et qu’elle ferait mieux de se cantonner à ce qu’elle sait faire et à ce qu’elle a d’acquis, et d’arrêter de tourner autour de la petite soeur de Kaz - parce que ce détail revient souvent la hanter. L’alcool vient l’en dissuader, et elle reprend son téléphone avant même de prendre la décision de continuer : ça m’empêche pas d’avoir envie de l’enlever. Question pour Alexis à qui elle n'accorde pas un regard : « Tu veux aller danser ? » « Je te suis. » Nouveau message discrètement destiné à Kiara, qu'elle ne quitte pas des yeux : avec les mains ou avec les dents, puis un autre : j’ai pas encore décidé. t’as une préférence ? Game on.
A quelques mètres du couple qu'elles forment, Shea se retrouve réellement terrifiée de l’affect que Kiara a sur elle et qu’elle ne saurait absolument pas comment l’appréhender ou le chasser si ça devait perdurer. Elle se fraye alors un passage vers elles, et alors qu’elle s’apprête à demander à Kiara : « Est-ce que... » Est-ce que quoi ? Un bras est venu lui saisir fermement les épaules et même si Shea grimace, la main d’Alexis saisit son visage et caresse le bord de ses lèvres. Clairement contrariée par cette interruption soudaine, Shea ne peut toutefois s’empêcher de se dire que cette fille vient peut-être de l’empêcher, sans le savoir, de faire une erreur monumentale. Elle regarde alors brièvement Kiara tandis qu’elle se laisse entraîner dans une étreinte un peu trop affectueuse.