Tous les profs vous le diront (d'ailleurs, ne les lancez pas là-dessus sinon ils risquent de vous en parler pendant des heures... Sofien en est bien conscient), ce n'est pas un métier de tout repos et qui présente son lot d'inconvénients. Pourtant, il y a aussi quelques avantages, comme le fait d'avoir un peu de temps libre si les emplois du temps sont bien fait. C'est le cas pour Sofien, qui a la chance extraordinaire d'être en weekend le jeudi à partir de 13 heures et de reprendre le lundi à 15 heures.

Ce qui lui laisse l'opportunité de se faire des petites escapades régulièrement, de recevoir des amis, de sortir et... de garder la fille du voisin. Bon, d'accord, le babysitting fait un peu moins rêver, mais Callie est une petite fille tellement adorable et gentille, et Kwamie un type tellement sympa que Sofien est content de pouvoir rendre service. Et puis, bon, c'est l'occasion rêvée de se refaire tous les dessins animés disney en mangeant des pâtes au beurre et des nuggets, avant d'enchaîner avec atelier gommettes, pâte à modeler pailletée et autres joyeusetés.

Mais aujourd'hui, il n'y a pas que la petite qui reste. Le papa est également invité pour le goûter. Cookies aux pépites de chocolat. Rien de bien sorcier, mais ça fait toujours son effet et l'odeur qui se dégage du four lui donne l'eau à la bouche.

"Ils ne devraient plus trop tarder..." marmonne-t-il en jetant un coup d'oeil à l'horloge de la cuisine, tout en finissant de vider le lave-vaisselle.

Spoiler:

Kwamie enchaine les heures, les visites d’appartements en espérant que ses clients aient enfin le coup de cœur de leur vie, qui déclenche ensuite une vente. Certes, il adore son métier, mais il préférerait passer davantage de temps avec sa fille. Ce n’est pas comme s’il avait réellement le choix : les commissions seront versées début septembre et s’il n’a pas assez de chiffre d’affaire, les trois prochains mois seront un véritable calvaire financièrement. Les coups de téléphone du banquier continueront de pleuvoir et il aura de nouveau les huissiers aux fesses. Rien de bien réjouissant… Si seulement Kore pouvait lui verser une pension alimentaire, à défaut d’honorer sa partie du prêt immobilier qu’ils ont pourtant souscrit à deux à l’époque. Malheureusement, quand elle les avait quittés six mois plus tôt, elle avait oublié ses obligations envers sa famille…

Cet après-midi, il a tout de même fait l’effort de libérer son agenda.  Son voisin, qui est assez aimable pour le dépanner et garder la petite, l’a invité à goutter avec eux et il aurait été totalement irrespectueux de refuser – surtout quand l’homme s’avère être aussi séduisant que sympathique. On ne va pas se mentir, Kwamie cherche particulièrement l’entourage des hommes depuis la fin de son mariage, sans penser de manière romantique ou autre. C’est juste que la présence de la gente féminine a tendance à le crisper donc il a assez à faire avec ses clientes et ses collègues.

« Rien que l’odeur donne l’eau à la bouche ! »

Callie trépigne d’impatience, c’est peu dire. Là-dessus, elle tient du caractère de son père, qui a tendance à tout vouloir tout de suite. Alors, Kwamie l’attrape et la pose sur ses genoux en la faisant sauter doucement, histoire de la calmer un peu. La fillette grimace. Les liens entre les deux sont encore très fragiles et elle fait régulièrement remarquer à son paternel qu’elle lui en veut pour toutes ses années où il a été un père trop absent, et qu’elle le rend responsable du départ de sa mère. Difficile dans ces conditions pour le père de famille de tenir bon, mais il s’accroche.

« C’est moi qui aurais dû t’inviter ! Enfin, pas pour faire des cookies car je suis loin d’être un fin cuisinier… Mais avec tout ce que tu fais pour nous… J’espère au moins qu’elle ne fait pas trop de bêtises et qu’elle est calme ! Parce que vu le tourbillon que c’est à la maison… »