Isolde déteste ce genre d’événements mondains. Ce n’est pas tant l’événement en lui-même - surtout quand il s’agit de charité comme aujourd’hui - que la présence du “gratin” d’hypocrites qui composent la Bonne Société New-Yorkaise qui l'exaspère au plus haut point. Les sourires lancés à son approches alors que l’artiste sait pertinement que par derrière ces mêmes personnes parlent d’elle et de ses choix de vie en terme bien peu élogieux. Isolde Hastings ne pourrait s’en ficher plus complètement mais déplore de devoir faire la conversation avec des personnes aussi peu dignes de son intérêt quand elle pourrait profiter d’une journée au calme avec Arthur, Ivy et Tristan ou organiser une énorme sauterie dont elle a le secret. Cependant, en tant que femme d’un membre du gotha et respectable directeur d’une Ecole prestigieuse, il y a certains devoirs à respecter, et faire acte de présence à ce genre de soirée sans grand intérêt en fait malheureusement partie.

Dans sa longue robe noire - autre problème pour la peintre qui préfère de loin les combinaisons confortables aux fanfreluches de princesse - Isolde a pourtant l’air dans son élément alors qu’elle se déplace de groupe en groupe pour serrer des mains et prendre des nouvelles. Elle joue son rôle à la perfection et s’amuse intérieurement des regards qui se tournent vers elle et de ce jeu auquel elle s’adonne. En réalité, ce genre de soirée n’est pas très éloigné des jeux de rôle qui lui ravissent l’esprit (le côté sensuel en moins évidemment) et nombreux sont ceux qui ont l’air bien sous tout rapport mais ne refusent jamais une de ses invitations pour s’encanailler dans le plus grand des secrets. Ce serait drôle si ce n’était pas si ennuyeux.

Heureusement pour la blonde et alors qu’elle se désespérait à l’idée de devoir se trouver une nouvelle coupe de champagne pour accompagner son ennuie, un visage familier et très apprécié apparaît dans son champs de vision, il n’en faut pas plus pour qu’Isolde quitte élégamment le couple avec lequel elle papotait sans grand entrain pour se diriger vers son amie. “Marisol, c’est un plaisir de te voir.” Pour la première fois depuis le début de la soirée, Isolde est franche aussi bien dans ses propos que dans son sourire, elle claque une bise sonore sur la joue de la femme - de quoi elle l’espère faire froncer quelques sourcils et grincer des dents - puis ajoute rapidement en prenant un air de conspiratrice, “j’ai grand besoin de me repoudrer le nez, m’accompagnerais-tu ?” Qu’elle puisse enfin s’amuser un peu et profiter de la présence d’une personne intéressante pour changer un peu. C’est donc son esprit plus que son nez qu’elle cherche à contenter dans cette histoire. Mais Marisol comprendra certainement la demande.