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A découvrir Blue Morning, Blue Day (Shea)
@ Invité
| | | Blue Morning, Blue Day ; @Shea Cavendish |
— 4h37 du matin, c’est un peu tôt pour se réveiller. Il avait encore la possibilité de se rendormir : son réveil ne sonnait pas avant 8h. Pourtant, impossible de refermer l’œil. Plutôt que de s’énerver, de s’agiter dans tous les sens, il préféra se lever : sa nuit était terminée. Il enfila un boxer et se dirigea vers la cuisine. Il réalisait tout juste que c’était probablement un cauchemar qui l’avait réveillé. Il était retourné en enfance, l’époque où il était encore plus discret et solitaire que maintenant, l’époque où les bullies s’en donnaient à cœur joie pour l’emmerder… Et puis, comme dans la réalité, il finissait par réagir et décocher un coup de point dans la mâchoire de ses assaillants. Pas d’avertissement, pas de mots, rien. On/off, pas de transition entre l’état calme et l’état agacé.
Il était parti pour cuisiner, ça allait bien l’occuper au moins trois quarts d’heure. Il adore ça, ça tombe bien, il en a fait son métier. Elle allait pas tarder à rentrer, elle aurait peut-être envie de manger elle aussi. Comment souvent, il avait pas chômé : il avait préparé une salade de fruits, des œufs et du bacons, des french toasts ainsi que du porridge avec de la confiture de mûres.
Après avoir déverrouillé la porte de l’appartement -il anticipait, elle aurait même pas besoin de ses clés comme ça- il avait tout installé sur la table basse dans le salon et avait allumé la télé. Dans ces conditions-là, c’était toujours pareil : il mettait la chaine météo. Les infos ne l’intéressaient pas, et il était pas assez lucide pour regarder une fiction. Non, la chaine météo, c’était le top. Il attendait Shea maintenant.
Il entendit la porte s’ouvrir, la voilà. « Yo » fit-il sans quitter l’écran des yeux. Comme si ne pas la regarder allait changer quelque chose. Elle terminait sa journée, il commençait la sienne… C’était pas la première fois que ça arrivait, mais c’était toujours aussi étrange. « Si t’as faim… » finit-il par dire en levant les yeux dans sa direction. Connaissant un peu Shea, il s’attendait à un large spectre de réponses, allant de Oh, tu me sauves la vie, merci à C’est tout ? Y’a même pas ce que je voulais.
(c) SIAL
@ Invité
Un sac poubelle en main, Shea slalome entre les tables, observant avec horreur l’état dans lequel elle retrouve le bar, alors qu’à cette heure de la nuit, le reste du monde dort. Elle prend des inspirations en grosses quantités pour faire passer le malaise. Elle s’est affranchie de cette tâche ingrate parce qu’elle abuse généralement de sa position derrière le comptoir, et l’attachement à se faire pardonner, c’est quelque chose de nouveau pour elle. Un coup d’oeil derrière elle : force est d’admettre qu’elle s’est aussi désignée elle-même chargée de faire retrouver la propreté du bar davantage pour échapper aux discussions interminables et déprimantes des autres serveurs que par acte de bonne volonté. Finalement, tout dans ses modes de conduite semble être précisément calculé pour qu’elle en tire un certain bénéfice. « Bon, j’y vais. » Elle empoigne le sac poubelle d’une main, sa veste de l’autre, et quitte le bar le pas lourd. Après être restée debout quelques secondes devant les conteneurs à poubelles de l'établissement, étourdie, elle s’enfonce dans la rue, apprécie la fraîcheur, avant d’aller se terrer dans le métro new-yorkais. Comme tous les matins, elle se jure que le lendemain elle déposera sa démission.
Shea avance mollement dans le couloir de l’étage, vérifiant tour à tour ses messages et les réseaux sociaux. Elle se débat ensuite une bonne minute avec la serrure avant de lever les yeux de son téléphone. « Que… ». Elle essaie de nouveau après avoir contemplé sa clé comme si elle lui découvrait une facette inédite, puis abaisse la poignée. Enfin. C'est l'odeur de nourriture qui la surprend en premier. Elle entend ensuite la télévision avant se remarquer la salutation d’Eliah. Abattue par sa nuit, elle pousse un soupir, et une main dans les cheveux, part s'asseoir près de lui sur le canapé. Après les premières minutes de réflexion et d’interrogations internes, elle pose les yeux sur lui, remarque son accoutrement et hausse les sourcils. « C’est comme ça que tu m’accueilles ? Heureusement que t’as fait à manger. J’imagine que c’est pas pour moi mais je vais me servir quand même. » Elle se relève aussitôt, demeure abasourdie devant la quantité des plats qu'elle remarque seulement sur la table basse. « Euh… on a de la visite ? » Dans ces moments là, rien ne survit à sa confusion, alors il vaut mieux qu'elle tourne les talons. Oui, il vaut mieux se servir du café, et tout tourner en dérision. Un large panel de choix excessif de petit-déjeuner dont elle rit presque. Ça sera bientôt l'heure où, sur cette moitié du monde, un peu partout, les gens vont et viennent, l'heure où vient vibrer sur les vitres le grondement du moteur des autobus, l'heure où le sentiment que quelque chose commence vient anéantir celui, pour Shea, que quelque chose se termine. Elle n’a qu’une envie : aller se coucher, mais habituée à cet état de fatigue constant, elle retourne s'asseoir à côté d’Eliah, dépose deux tasses pleines devant eux sur la table basse et lève les yeux vers la télévision. « T'es avec quelqu'un ou bien t'arrivais pas à dormir ? Qu’est-ce qu’on regarde ? »
@Eliah Spelling
@ Invité
| | | Blue Morning, Blue Day ; @Shea Cavendish |
— Pas de bonjour ni de merci, elle pas le time Shea, faut absolument qu’elle balance ses vacheries. Ça fait sourire Eliah qui baisse les yeux en direction de son torse nu : c’est marrant, en faisant ça, ça lui fait un double menton, il a pas l’air con. « Oh, excuse-moi, pour la prochaine fois j’essayerai de me faire pousser des nibards ! dit-il en relevant la tête et en souriant. Mais oui, fais pas des manières et sers-toi, mange. » déclara-t-il en faisant de grands gestes. Évidemment, elle avait remarqué la quantité faramineuse de nourriture qu’il se trouvait sur la table. « M’suis emballé. » répondit Eliah pour se défendre, non pas qu’il ressentit le besoin de se défendre, mais quand même un peu. Ah mais, des fois, il avait envie de lui dire qu’il faisait ce qu’il voulait, que c’était aussi chez lui, merde. Mais à la fin, il se taisait et pensait à autre chose. L’autre était déjà retournée en cuisine : évidemment qu’il manquait un truc… Non mais celle-là, j’vous jure. Jamais contente.
Elle revint avec du café. « Cool. » fit Eliah, les yeux fixés vers l’écran. Quoi ? Il neige en Sibérie, c’est étonnant ça ! Ouais, c’est vrai, c’est pas nouveau, puis aussi, qu’est-ce qu’il en a foutre de la température en Sibérie, à priori il ira pas. Mais les images sont belles.
« Woh, c’est un interrogatoire de police ou quoi ? » demanda Eliah en tournant la tête vers Shea. Il soupira et pouffa de rire en même temps à travers ses dents. « La deuxième option. J’arrivais plus à dormir après un cauchemar, dit-il en faisant la moue. Et ça, ben c’est la chaine météo… C'est une chaîne qui parle de météo, en fait. » affirma-t-il en prenant un air terriblement moqueur.
(c) SIAL
@ Invité
Elle décèle le ton moqueur de la présence familière à ses côtés. Ses plaisanteries la renvoient aux moments de complicité qu’ils ont partagé durant toutes ces années. Elle ignore même ce que signifie cette complicité mais elle se présente à chaque fois qu’ils cherchent à passer un moment ensemble, au-delà de leurs allées et venues dans le loft. Avec maladresse elle hoche la tête vers lui, hésitante. Des seins. Non. Vraiment pas. Elle ne regarde plus son colocataire, désormais ses yeux arpentent la table, ses doigts tapotent contre sa tasse fumante. « Merci, alors… ? On va pouvoir inviter tout New-York du coup. » Ton qui sous-entend : on va surtout pouvoir inviter Kiara parce que j’ai vraiment envie de la voir et je sais pas si c'est normal, t’as envie de la voir, toi ? C’est presque avec vivacité qu’elle se saisit de son téléphone, non pas pour écrire à la jeune femme, mais pour photographier les plats présentés devant elle. Un post de plus sur Instagram.
« C’était quoi ton cauchemar ? » Son regard se repose sur lui, avec amitié, et peut-être un peu de condescendance, alors qu’elle pose son smartphone sur la table. Elle hésite encore sur le petit-déjeuner ; il lui faut quelque chose d’assez léger pour pouvoir s’endormir après. Elle se contente de prendre du porridge : pas la meilleure idée, mais ça lui rappelle l’Angleterre et Eliah est manifestement plus doué qu’elle en cuisine. Il doit très certainement percevoir la satisfaction sur son visage à la première bouchée. Elle se retourne alors vers la télévision : « On va changer ça si t’es d’accord. » En contemplant la télécommande pour se décider sur une chaîne, elle considère sa colocation avec lui comme un accomplissement, un aboutissement de sa vie à New-York. Au commencement de leur amitié, Shea se souvient d’éprouver avec fulgurance cet espoir, presque douloureux, logé en elle, qu’il se souciait vraiment de sa solitude et que tout irait pour le mieux désormais. « Tiens, le téléshopping, c’est important le téléshopping. Qu'est-ce que tu penses de mon nouveau lit ? » Niveau sonore, surtout.
@Eliah Spelling
@ Invité
| | | Blue Morning, Blue Day ; @Shea Cavendish |
— Faire trop à manger, c’était un classique chez Eliah. Ah, on à qu'à dire que... Il aime bien laisser le choix aux gens… Puis, de toute façon, c’est mieux trop que pas assez, nan ? Alala, cette crainte de toujours décevoir… « C’est ça, tout New York… Tu vois, toi aussi tu vois trop grand ! » dit-il en trouvant que le parallèle avec la quantité de bouffe qu’il faisait habituellement était plutôt bien trouvé. « On n’oublie pas le tag ! » dit-il en comprenant parfaitement ce qu’elle avait l’intention de faire en sortant son téléphone. Shea voulait en savoir plus sur ce cauchemar et déjà Eliah regrettait d’en avoir trop dit. La flemme d'expliquer, déjà, pour commencer. Mais aussi le fait de se montrer... vulnérable, évoquer des souvenirs d’enfance malheureux… donner la preuve qu’il a des sentiments, de la peine, des émotions… Brr, ça fait froid dans le dos tout ça. « M’en souviens plus. » mentit alors Eliah.
Il observa sa coloc’ se servir du porridge et chercha une réaction de sa part. Petit sourire de satisfaction lorsqu’il comprit qu’elle aimait beaucoup ce qu’elle mangeait.
Et puis, il fronça les sourcils en l’entendant : changer de chaine ? Et puis quoi encore ! « Rhmmm… » mélange de grognement et de gémissement, mais il n’avait pas levé le petit doigt et avait laissé faire Shea. Le télé shopping était une option valide, mais jamais il ne pourrait l’admettre. « C’est chiant… » se força-t-il à râler. Ce qu’il pensait de son nouveau lit ? Ah, parfait, l’occasion de la provoquer un peu : il n’en manquait pas une. « J’sais pas… Quand est-ce que tu m’le fais tester ? » demanda-t-il sardoniquement.
(c) SIAL
@ Invité
« J’aime pas mettre de tags… » annonce-t-elle vaguement alors qu’elle se laisse distraire par le contenu de son feed. Lorsqu'elle décide que ça ne lui plait plus, elle verrouille son smartphone et le jette à ses côtés sur le canapé. Shea comprend tardivement l'insinuation d'Eliah. Il lui semble le redécouvrir. Dans son comportement, dans son aisance, semblable à ce qui avait percuté Shea les premières fois et qui lui avait tout de suite plu, comme à cet instant, où leur amitié semblerait presque inébranlable malgré les obstacles. Shea est ôtée de sa rêverie par la voix de la présentatrice télé, et comme si ça ne suffisait pas, la première syllabe du nom qu'elle voulait absolument chasser de son esprit. Elle plisse les yeux vers la télé en se demandant si elle ne l'a pas simplement halluciné.
« Oh tu peux le tester. Juste, pas avec moi. » répond-t-elle en haussant un sourcil, retournant ses yeux vers son colocataire. Elle termine juste son porridge et affiche une moue satisfaite. « T'as prévu quoi aujourd'hui ? Je ferais bien un marathon de quelque chose, quand j'aurais dormi. » Elle se sent déjà perdre pieds, alors elle retrouve son téléphone, ouvre une application au hasard. Gauche, droite, gauche, droite, droite, droite, droite. Ce sont les profils Tinder qu’elle parcourt depuis cinq secondes. Elle n’allait pas s’inscrire, à l'origine, parce qu’elle n’en a pas besoin. Puis l’argument infaillible : elle peut désormais trouver quelqu’un avec qui passer la nuit sans bouger de son canapé. Elle s'arrête alors une seconde sur une photo, hoche la tête et avec un demi-sourire, brandit son téléphone vers Eliah. « Tiens, qu'est-ce que tu penses d'elle. Pour moi, pas pour toi. »
@Eliah Spelling
@ Invité
| | | Blue Morning, Blue Day ; @Shea Cavendish |
— Pas de tag, pas de reconnaissance : tant pis, il sera célèbre pour sa cuisine plus tard. En attendant, il se contentait de la provoquer gentiment… « Pas avec toi, tss… Ah c’est sûr, c’est comme moi qui me balade torse nu dans l’appartement : j'veux dire, c’est pas toi qui ferais pareil… Tss, jamais tu fais d’effort… » dit-il sarcastiquement. Un peu. Il y aura peut-être un jour où il ira trop loin dans ses provocations… Mais c’était encore le meilleur moyen d’exprimer ses sentiments pour elle sans que ça soit trop… bizarre.Malgré sa longue soirée de travail, Shea fonctionnait encore à 200 à l’heure et prévoyait déjà le reste de sa journée. Ça allait beaucoup trop vite pour Eliah. « Woh, woh, woh… Doucement. Tu me donnes le tournis, se plaignit-il en tournant la tête vers elle. D’abord, tu dors, et ensuite tu verras ce que tu feras… » dit-il pas du tout intéressé par un marathon… À moins que ça soit un marathon pour tester différentes positions dans toutes les pièces du loft avec elle ?
La transition entre chaine météo et téléachat fut difficile, mais progressivement Eliah s’habitua à ce nouvel environnement. Son corps lui criait de retourner se coucher, mais il savait son esprit bien trop agité pour réussir à se rendormir. Le résultat, c’était un état semi-végétatif : c’est que la cuisine l’avait un peu épuisé… Et maintenant, Shea était là pour en remettre une couche…
Il fronça les sourcils lorsque l’autre lui imposa son téléphone devant les yeux : chaine météo, téléachat et maintenant Tinder, un troisième environnement auquel s’habituer, un nouvel écran, plus petit, mais tout autant agressif pour les paupières lourdes d’Eliah. Son visage se décrispa en apercevant la demoiselle sur l’écran du téléphone. « Je pense… qu’elle est gay. » dit-il.
(c) SIAL
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