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A découvrir surround me (kiara&alessa)
@ Invité
Elle aurait peut-être pu rester un peu plus longtemps au lit, forcé pour se rendormir encore une petite heure, au lieu de se lever lâchement et de foutre le premier t-shirt qui lui tombait sous la main pour aller fumer à la fenêtre. Un joint à six heures, c’est pas raisonnable, lui répète la petite voix dans sa tête mais ce matin, juste pour ce matin, elle la fait taire. Alessa laisse l’embryon de plénitude qui commence à poindre s’épanouir totalement alors qu’elle fait tomber un peu de cendres par la fenêtre. Le jour se lève à peine et les lampadaires s’éteignent un à un pour laisser place à la clameur encore discrète de la ville censée ne jamais dormir. Force est de le constater : New York est bien plus élégante depuis l’Upper East Side que depuis son taudis de Brooklyn, donnant vue sur d’autres taudis encore. L’appartement, lui-même, est plus accueillant que le sien. Elle qui a toujours du mal à trouver ses marques dans son nouveau logement se sent déjà à son aise, chez Kiara, et c’est peut-être entièrement dû à cette dernière mais elle se gardera bien de le lui faire savoir.
D’un appui de ses coudes, la Péruvienne se redresse et gagne la salle de bains à pas légers pour y jeter son mégot. Elle en profite pour se brosser rapidement les dents - depuis quand a-t-elle le souci de bien paraître si tôt le matin, de toute façon ? - et regagne la chambre de Kiara dans la plus grande discrétion. Elle l’aurait parié : la jeune femme dort encore, et Alessa, elle, en est presque à hésiter, simplement rassembler ses affaires et partir sans un bruit. C’est pas elle, pourtant, de s’enfuir discrètement après la première nuit, mais la bouffée d’appréhension qui la prend lorsqu’elle s’approche du lit l’exhorte presque de faire demi-tour. Impossible, pourtant, elle s’en convainc : elles ont passé trop de temps, ont trop partagé ensemble pour qu’elle se barre aussi facilement juste après leur première fois. Question de principe et, des principes, il faut peut-être qu’elle commence à en avoir.
Elle se rallonge près de Kiara avec une infinie précaution, soucieuse de la laisser dormir - l’opération se solde sur un échec, pourtant, parce qu’elle est presque sûre qu’elle vient de la réveiller. “Salut”, qu’elle murmure en s’allongeant complètement à ses côtés, incapable de savoir comment se débarrasser de la pointe de gêne qui continue de l’étreindre. “Il est tôt, j’voulais pas te réveiller.” Sa main pèse lourd quand elle la soulève pour retirer une mèche de cheveux de Kiara de son visage et son coeur se serre un peu plus. C’est peut-être le troisième jour, peut-être plus, qu’elle passe ici, toute notion du temps et des heures a commencé à se muer en le déphasage le plus parfait et Alessa n’a aucune idée de la tournure que prend leur relation, ni si elle doit la redouter ou l’accueillir comme la prolongation presque naturelle de ce qu’elles ont initié. “J’ai beaucoup aimé hier soir”, qu’elle chuchote quand même, une confidence chuchotée du bout des lèvres, qu’elle réserve à elles deux et qui ne dépassera pas les confins de la chambre.
@Kiara Nowinski
@ Invité
surround me
« I am the designer of my own catastrophe»
Entre les premières lueurs du jour qui viennent éclairer la chambre, l’odeur de beuh qui se répand doucement dans l’appartement et le côté gauche de son lit vide, Kiara n’a aucune raison de garder les yeux fermés et pourtant elle n’a qu’une envie : prolonger sa nuit bien trop courte. La sensation des draps sur son corps nu et de la fatigue qui engourdit ses jambes et ses orteils ne lui donne pas envie de se lever pour aller voir si Alessa n’a fait que quitter la chambre ou a réellement quitté l’appartement. Elle n’a pas le courage de se laisser prendre par l’appréhension. Elle n’a pas envie de plonger à nouveau dans des attentes et des espoirs irréalisables. Autant savourer le plus longtemps possible les effets de la nuit passée. Trop peu de sommeil, mais des sensations qu’elle n’a pas ressenties depuis longtemps et qui ravivent en elle des souvenirs noyés par trop de sentiments non réciproques. Le silence qui trône, royal, dans la chambre et qui pourrait presque la convaincre qu’Alessa a fui est vite rompu par un bruit dans la salle de bain qui la rassure autant qu’il l’effraie. Alessa est toujours là. Elle aurait dû s’en douter. Alessa n’est pas Shea. C’est en même temps la meilleure des choses et la pire. La culpabilité s’installe sur sa poitrine sans savoir pourquoi, pour qui. De ne pas avoir voulu penser à Shea ces trois derniers jours ? D’avoir craqué et mis Alessa dans son lit alors qu’elle en aime une autre ? Une nuit n’a jamais tué personne, elle a déjà eu des coups d’un soir. Alessa n’en est pas une. Alessa représente bien plus et même si Kiara ne sait pas ce qu’elle représente exactement, c’est suffisant pour qu’elle se sente coupable. Suffisant pour qu’elle ait peur.
Sa jambe bouge au moment où la porte s’ouvre. Sur le parquet, les pas d’Alessa se font discrets et feutrés, mais Kiara est réveillée et il n’est pas question de lui faire croire qu’elle dort encore pour la faire fuir. Pas alors qu’elle est restée lorsqu’elle aurait pu partir sans rien dire. Ses yeux s’ouvrent doucement. La luminosité assez basse pour ne pas lui agresser les yeux, elle s’autorise quelques clignements avant d’esquisser un sourire. Elle ne sait pas comment réagir aux gestes presque tendres à son égard, c’est sûrement mieux de ne rien dire pour le moment. Mais elle ne peut se cacher derrière la confusion matinale bien longtemps. « Moi aussi. » Un murmure un peu rauque, qui n’en est pas moins sincère. C’est difficile, de ne pas pouvoir oser quand auparavant elle n’aurait fait preuve d’aucune hésitation. Le jeu de séduction auquel elles jouent depuis plusieurs jours ne pouvait qu’en arriver à ce résultat. Alors, pourquoi se retrouver surprise et gênée ?
Ses doigts viennent récupérer la main d’Alessa pour jouer avec tendrement. Elle a l’impression d’être une funambule sur son fil, à ne pas savoir si au prochain pas elle tombera ou continuera d’avancer. C’est grisant, excitant et paralysant à la fois. Elle se redresse sur un coude pour approcher son visage de la Péruvienne et l’embrasser. Un baiser chaste qui n’a nullement l’intention de les faire repartir, mais qui montre qu’elle n’a aucun regret. Elle se sent mal, de chercher à la rassurer alors que les doutes la rongent déjà, mais malgré Shea, elle l’aime bien Alessa, elle aime chaque moment passé avec elle. Et les trois derniers jours en sa compagnie ont tissé quelque chose d’indéniable entre elles. « D’habitude je te dirais de venir courir avec moi, mais je t’épargne ça pour ce matin. » Surtout parce qu’elle n’a toujours pas l’autorisation de reprendre le sport. « Petit dej ? » Par réflexe, elle se mord la lèvre avant de se rappeler qu’elle est encore nue. Elle dépose un deuxième baiser sur les lèvres d’Alessa avant de récupérer un t-shirt et un short dans un tiroir.
L’avantage de son appartement c’est que malgré la taille des buildings environnants, la lumière entre suffisamment pour ne pas avoir à allumer la lumière malgré l’heure matinale et les rayons timides du soleil. La ville ne s’est jamais endormie, mais le travail reprend pour les accros au boulot et la rue qu’elle aperçoit de ses fenêtres du salon se repeuple à un rythme effréné. Un rythme qu’elle a appris à aimer. Qui lui rappelle toutes les différences entre Londres et New York. « Tu veux quoi ce matin ? » La liste de ce qu’il est possible de faire n’a pas changé depuis qu’Alessa est arrivée. Tout est possible et imaginable. Le dos posé contre l’îlot central, elle ne cherche pas à cacher la manière qu’elle a de la dévisager. Pourquoi prétendre qu’il ne s’est rien passé quand quelque chose de palpable se joue entre elles ?
(c) DΛNDELION
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