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If someone makes you feel, let them [PV Dario]

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Lun 5 Oct - 14:52
Bien trop tôt à son goût, Leone émergea des bras de Morphée, ses yeux papillonnants alors qu’il tentait de sortir du brouillard du sommeil, ou plutôt du manque de ce dernier, compte tenu de son réveil matinal allié à sa nuit passablement courte, qui avait en vérité débuté au petit jour. Les souvenirs affluaient, ce qui lui évita de se demander à qui appartenait le corps chaud contre lui, sur lequel il avait passé un bras, à la taille. Dario dormait toujours, sa respiration lente menaçant de bercer l’italien et de le renvoyer à son état précédent. Hélas, il n’était pas question de céder. Avec précaution, il se dégagea de l’étreinte, écartant la main du sicilien posée sur son biceps, comme s’il avait craint qu’il ne s’échappe, pour la reposer avec douceur sur les draps, avant de se décoller avec prudence et de repousser la couverture aussi silencieusement que possible. A tâtons, il chercha son boxer et son marcel et franchit ainsi la porte, avant de les enfiler une fois dans le couloir pour éviter tout bruit supplémentaire. Un bâillement lui échappa. Mécaniquement, il se dirigea vers la cuisine et entreprit d’ouvrir sa boîte de médicament tout en attrapant un biscuit. Puis il sortit un verre d’eau et se servit, pour enfin avaler le tout. Habitué à ses prises de traitement à heures fixes, l’italien était réglé comme une horloge suisse, incapable de dépasser, même dans les pires affres de la fatigue, le moment fatidique. Au pire, l’alerte sur son téléphone, éteinte juste avant qu’elle ne résonne, était là pour le lui rappeler. Cependant, il préférait laisser Dario se reposer encore un peu. Le pauvre n’avait pas l’expérience des gardes pour supporter le manque de sommeil … ainsi que sa redoutable tactique de micro-sieste. Et puis, surtout, même s’il ne se l’avouait qu’à demi-mots, il appréciait aussi d’avoir le temps de penser à ce qu’il s’était passé, pour se préparer, en quelque sorte, à lui faire face une fois les brumes de minuit parties, et la passion subite calmée.

Leone n’avait aucune idée de ce qu’il convenait de faire. C’était la première fois qu’il se trouvait dans cette situation si particulière de ne pas avoir une relation clairement définie avec un homme se trouvant dans son lit au petit matin. D’habitude, il avait une routine bien établie, mais là … Il ignorait totalement ce qui était normal, et de surcroît, avait du mal à faire le vide dans ses pensées bourdonnantes pour réussir à établir ce que lui désirait. Il se souvenait aisément de cette forme d’accord tacite, juste avant que Dario ne l’embrasse. Il avait admis être perdu, ne pas forcément être celui qui offrirait ce que son amant recherchait. Et au fond, il ignorait ce que ce dernier voudrait, maintenant. Après cette nuit … Quelle nuit ! Rien qu’en y repensant, des frissons lui parcouraient l’échine. Bien sûr, l’alchimie sensuelle n’avait rien à voir avec quelque chose de plus poussé, de plus officiel. Mais c’était difficile, pour un tel monogame en série, d’accepter que, peut-être, ce matin, il y aurait simplement une bise sur la joue et un retour à leur relation d’avant. Oh, il pourrait réussir à oublier son corps ondulant contre le sien, au rythme imposé par l’un ou par l’autre. Avec du temps. Le voulait-il vraiment ? Une part de lui, celle qui venait à peine de se réveiller d’un long sommeil, avait soif de plus. Et une autre, plus raisonnable, essayait de tempérer ses ardeurs, de réfléchir rationnellement. Ce qui, évidemment, s’avérait nettement plus difficile que prévu. Finalement, Leone se résolut à sa solution usuelle, dans ce cas : envoyer un message à Sirius. Avec un sourire légèrement nostalgique et amusé, il se fit la réflexion que cette situation lui en rappelait une autre, quand il avait reçu un message similaire plusieurs mois auparavant, en rentrant de garde, de son meilleur ami. Chacun son tour ! Les réponses qui arrivèrent manquèrent provoquer un début de fou rire, comme souvent, et il se mordit la lèvre pour rester silencieux. Après plusieurs minutes d’échanges, il avait déjà l’impression d’être plus serein. Pourquoi trouver des complications là où il n’y avait pas besoin d’en avoir ?

C’est donc le cœur léger qu’il commença à préparer un solide petit-déjeuner, essayant de se souvenir des goûts de Dario au mieux en la matière. Une fois satisfait, il aligna le tout sur un plateau utilisé par sa grand-mère pour porter des repas dans le quartier, qui était délicieusement orné d’une grenouille avec un tablier, complétant ses accessoires de table aussi ridicules qu’adorables, organisa les victuailles dessus et le café bien chaud dessus avant de l’empoigner pour la porte jusqu’à la chambre. Là, il l’ouvrit au prix de quelques contorsions, fit le tour du lit et déposa le plateau sur le haut de sa large commode, avant de se rasseoir sur le côté du lit et d’apposer un baiser contre la joue de Dario, tout en lui massant délicatement le bras pour le tirer du sommeil. Une fois que ce dernier eut les yeux ouverts, Leone chuchota :

« Bonjour, le beau aux bois dormants … J’ai préparé le petit-déjeuner. Avec toutes nos … activités sportives, ce ne sera pas de trop. »

Un petit clin d’œil accompagna la déclaration, tandis qu’il laissait Dario s’étirer, se relever et se caler, avant de mettre le plateau entre eux, et alors que sa main avait déjà attrapé le paquet de biscottes et qu’il en croquait une, véritablement affamé. Les rayons du soleil tamisaient la chambre d’une couleur ancienne, et Leone se surprit à apprécier pour ce qu’il était ce calme tableau, et non pour ce qu’il disait de leurs moments partagés ou pour ce qu’il soulignait du physique avenant sous ses yeux.

C’était un samedi matin qui avait le parfum des rires et des œillades douces, celui qui rappelait le plaisir d’une conversation mal réveillée et évitait, pour un temps encore, les questions à ne pas poser qu’il fallait aborder. Heureusement, elles demeuraient encore superflues, au milieu du café, du thé et des tartines beurrées.

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Dim 11 Oct - 15:53
Les dernières caresses s’évaporent à mesure que les étoiles s’éteignent et que le jour perce, au delà des nuages. New York gorgé encore d’une tranquillité douce tandis que le sommeil rattrape les amants qui se sont aimés sous la lune. Dario s’endort, épuisé par leurs étreintes, bercé par le plaisir qui s’imprime encore contre sa peau, dans son souffle, par ce corps cherchant encore le contact de celui de Leone, alors que le sommeil l’attrape et l’arrache à l’instant.
Si d’ordinaire il ne se lève jamais tard le samedi matin, habitué à aller animer un cours de yoga, ce weekend là fait exception, alors que son portable est encore oublié sur la table basse du salon et que le sommeil n’est pas décidé à l’abandonner tout de suite. Insouciant, lorsqu’il sent une présence à côté de lui, un baiser se glisser sur sa joue et une voix douce, trop familière, pour lui faire comprendre que non, il n’est pas seul.
Qu’il n’est pas chez lui, non plus.
Un réveil tout en douceur.
Et à mesure qu’il cligne des yeux, grogne légèrement, d’un soupir rauque tout en émergeant, il réalise. Il se souvient. Du concerto de soupirs, des corps ne parvenant pas à se détacher de l’autre, des baisers qui pleuvent sur les lèvres avides, jamais satisfaites et repues. Tout lui revient en mémoire et berce son réveil d’une sensation douce. Dario plane en réalisant tout ce qu’il s’est passé, tout ce qu’ils ont vécu. Se reconnecter à la réalité lui demande un terrible effort mais les paroles de Leone le font sourire davantage alors que ses prunelles sombres fixent son environnement.

Il a du mal à y croire, tandis qu’il se redresse, frotte son visage pour en chasser les dernières traces de sommeil, passe une main dans ses boucles rebelles et en vient à se perdre dans les orbes azur de l’italien. « Le petit déjeuner… Tu essayes de me faire craquer c’est ça ? C’est réussi en tout cas » Sourit-il en coin, alors qu’il le laisse capturer le plateau à ses côtés pour le déposer entre eux, sur le lit. « Je pourrais m’y habituer, à me faire réveiller de cette façon, méfie toi » Relance t-il en riant, entre plaisanterie et vérité, avant que son sourire ne se perde dans le sombre de son café dont il savoure une gorgée brulante avec délectation. Dario se sent léger, mais surtout, totalement à sa place. Comme si ce décor, tout comme cette situation, sont en parfait accord avec ses désirs profonds. Il ne sait pas combien de temps cette quiétude délicieuse va durer, ni même si elle se reproduira, alors il se contente d’en savourer chaque seconde. Lui, habitué à s’évaporer, dés lors qu’il se laisse aller à s’endormir dans les draps d’une de ses aventures, même si d’ordinaire, il ne s’attarde pas. Disparait une fois le plaisir retombé et les endorphines dissipé. Fantôme dans la nuit, qui retourne embrasser son univers, comme après un rêve éveillé.
Mais Leone ne ressemble à aucune autre incartade, à aucun inconnu dont le prénom est murmuré de quelques soupirs et aussi vite oublié et c’est certainement cette vérité là qui le trouble, silencieusement, au creux de ses pensées encore vaporeuses.

« Je crois que je n’aurais pas besoin de faire mon sport du jour, toutes les calories ont déjà été brulées » Plaisante t-il en retour, faisant échos aux paroles du chirurgien un peu plus tôt, alors qu’il capture une tartine et mord joyeusement dedans réalisant soudain qu’il est affamé. Lui, habitué à un nombre conséquent de protéines pour suivre ses aventures sportives et son quotidien toujours bien rempli. Lui qui s’est abandonné, encore et encore, au creux des bras de Leone, à savourer chaque seconde pour la prolonger un peu plus encore. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il a partagé une nuit aussi intense mais ce qui est certain, c’est que celle-ci laissera sa trace. « Tu as quelque chose de prévu aujourd’hui ? » Demande t-il entre deux bouchées, se saisissant ensuite de son café pour une nouvelle gorgée. « Enfin ne t’inquiète pas, je ne vais pas m’attarder » D’un sourire en coin, comme pour le rassurer. La réalité qui frappe et rattrape, de se dire que oui, dans un sens, ils ne se doivent rien. Qu’il se doit d’en retourner à son quotidien, à sa vie, dans le calme de son appartement et les ronronnements de son félin, qui doit probablement l’attendre impatiemment. Le rassurer, qu’il ne prend aucune décision hâtive de s’imposer, de décider pour lui, pour eux. Pour cette conversation qu’aucun n’a probablement envie de mettre sur le tapis, mais qui résonne derrière les mots et les non-dits.

Partagé entre vouloir savoir et fuir la vérité. Tout ignorer, profond déni. Et pourtant, le coeur qui lui dicte l’inverse exact de sa raison. Qu’il tait pour l’instant, mais qui cri, de plus en plus fort.

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Lun 12 Oct - 17:58
« Non, je … j’ai pensé que ce serait … bien. »

Hésitant, les joues rougies par le compliment, Leone perdit rapidement sa belle assurance pour quelques balbutiements qui en disaient davantage que les quelques mots ayant eu tant de mal à passer la barrière de ses lèvres. Un instant, il avait eu peur que ce soit trop, justement, pour, à l’origine, une simple nuit sans attaches. Que Dario ne soit pas à l’aise ou repousse son initiative, sous couvert d’humour, voire qu’il se moque – gentiment – de son côté gentleman à l’ancienne. Et il se voyait mal expliquer qu’il avait toujours eu cette habitude, après la première nuit d’amour avec un compagnon. Quand il était plus jeune, et très nerveux avant un rendez-vous sérieux avec Ezra, il avait demandé très sérieusement à sa grand-mère s’il y avait quelque chose de vraiment important à faire pour qu’un tel tête à tête se passe bien. Hormis quelques conseils de bon sens, elle avait fini par dire, pensive et un avec un très léger sourire aux lèvres, voilé de souvenirs qu’elle ne divulguerait pas, qu’elle avait toujours pensé que les petites attentions étaient les plus importantes … avant de lui indiquer qu’elle avait rêvé longtemps de se voir apporter un petit-déjeuner au lit. En homme appliqué, Leone avait donc enregistré le conseil, et avait tenté de le reproduire au mieux depuis. Sauf que forcément, la situation n’était pas la même que d’habitude, et il s’était sincèrement demandé s’il y avait une … procédure, en quelque sorte. En vérité, il se voyait mal prendre sa douche, s’habiller et signifier à son amant qu’il était temps de s’en aller. Cela lui semblait atrocement … froid. Impersonnel. Mesquin. Qu’allait-il dire dans ce cas-là ? Merci pour ce moment ? Non, cela lui paraissait impensable, irrespectueux. Ils étaient … ce n’était pas eux. Ils n’étaient pas des inconnus appelés à ne jamais se recroiser, mais des amis, des amis proches, qui partageaient des rires et des activités, des soirées à discuter et des connaissances communes. Ils n’étaient pas une rencontre anonyme dans une boîte de nuit, destinée à en rester là. Et surtout, peut-être le plus important, Leone avait conscience, notamment après son échange avec Sirius, qu’il était possible qu’il y ait davantage, dans l’avenir, que ces quelques heures de plaisir partagées. Quoi exactement, il n’en avait aucune idée, à moins qu’il n’ose se l’avouer, de peur d’espérer, ou simplement qu’il soit trop surpris par cette offrande inopinée du destin pour correctement formuler ses pensées. Ce dont il était certain, en revanche, c’était que ses yeux se promenaient entre eux, sur Dario, en dessinaient les contours avec la même volupté qu’un peintre à son chevalet, et qu’il aurait volontiers abandonné thé et biscottes pour occuper ses mains différemment. C’était perturbant, aussi, cette sensation de désir continu, de manque déjà, lui qui avait traversé un long hiver des sens sans en être terriblement gêné. Il ne se reconnaissait presque pas, se demandant s’il s’agissait d’un instinct biologique dû précisément à un rattrapage important à effectuer, ou … si cela avait une autre signification, là encore.

Toutes ces questions sans réponse et à peine formulée se cristallisèrent quand, après lui avoir demandé ce qu’il comptait faire de sa journée, Dario déclara qu’il ne comptait pas s’attarder. Leone arrêta immédiatement son mouvement pour porter son toast à sa bouche et fit de son mieux pour chasser l’expression de déception qui avait très brièvement pris place sur son visage. Bien sûr. Evidemment. Qu’avait-il cru ? Le sicilien avait une vie, en dehors de son appartement. Et c’était ce à quoi ils avaient consenti. Le reste, cette atmosphère douce de matinée partagée, relevait d’un simple bonus, agréable mais sans lendemain. Pendant quelques secondes, le chirurgien sentit son imagination travailler, et quelques flashs lui vinrent, d’un possible retour à la normale. Il reprendrait la route de sa solitude, et eux de leur amitié platonique, après ce petit écart. Dario continuerait à l’entendre parler de son travail et, peut-être, d’un nouveau compagnon, pendant que lui l’écouterait décrire ses arrangements floraux tout en plaisantant sur ses flirts. C’était ainsi que tout devait se terminer, n’est-ce pas ? Répondant d’un air aussi détaché que possible, il finit par déclarer :

« Juste … terminer ma présentation et faire quelques recherches. Vu qu’elles n’ont pas beaucoup avancées hier soir. »

La petite plaisanterie à la fin, référence à cette interruption au devenir incontrôlé et, in fine, incontrôlable, tendait à rester sur cette discussion légère qu’ils semblaient tous deux avoir décidé de mener, sans éviter le sujet, mais en le gardant à bonne distance quant à sa signification, à son avenir surtout. Et puis, il l’avait dit la veille, qu’il consacrerait son weekend de libre à avancer sur ses dossiers pour éviter de se faire piéger par le temps et devoir bâtir des interventions la veille ou l’avant-veille. Pourtant, il avait envie d’en dire plus. Mais il ne savait pas comment. Et ce besoin qui ne s’exprimait pas enflait, entre les deux hommes. Leone cherchait, presque désespérément, un moyen de poser des mots sur ce qu’il n’arrivait même pas à exprimer dans le secret de son esprit. Un peu lâche, et complètement perdu, il abdiqua et tenta à la fois une esquive et une solution, dans un entre-deux un peu hésitant, tout en continuant à préserver les apparences d’une conversation plaisante et sans interrogation sous-jacente :

« Du coup, je ne suis pas pressé, tu peux rester autant que tu veux. Si tu envahis mes soirées, autant te laisser faire de même avec mes matinées au moins. »

C’était dit. Sa présence ne le dérangeait pas. Au contraire. Mais c’était comme d’habitude. Bien sûr. Evidemment. Rien n’avait changé. Tout à fait. Juste l’impression dérangeante qu’il pourrait balayer le plateau immédiatement, s’installer encore dans le lit défait et s’emparer des lèvres de Dario, puis de Dario tout entier là maintenant, tout de suite. A part ça, tout était revenu à la normale. Mais qui espérait-il convaincre ? C’en était pathétique. Et les paroles de Sirius, à travers ses messages, lui revinrent, sa boussole quand il était aussi perdu. Le fleuriste n’avait pas fui. Si … Si … peut-être que … est-ce qu’il y avait un espoir qu’il n’avait pas vu, et qui lui arrivait en pleine figure ? Ou est-ce qu’il était idiot, pour confondre simplement l’alchimie sensuelle avec autre chose ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Sa lèvre trembla un peu, alors qu’il essayait désespérément de mettre de l’ordre dans ses idées, et il finit par souffler, en un aveu déposé bravement, et avec toute la vulnérabilité d’une personne qui n’avait plus l’habitude de s’ouvrir ainsi :

« Je … je ne sais pas ce qu’il faut faire. Je suis … je suis perdu. Je ne m’attendais pas … »

A ce déluge de sensations ? A cette sensation d’être aimé, compris, accepté ? A cette envie qui ne se tarissait pas ? A cet obscur sentiment de confort qui s’était immiscé dans sa chambre tout au long de la nuit et qui ne voulait pas disparaître au petit jour ? A ce tourbillon d’interrogations informulées qui emplissait son esprit ? Tout cela à la fois. Confondait-il son inconfort face à une situation inconnue avec la folie des émois autres que physiques ? C’était une possibilité. Il aurait dû se taire, sans doute. Laisser la légèreté reprendre ses droits. Mais cela avait été plus fort que lui. Leone aimait, privilège de scientifique, les faits clairs et établis. Même s’il ignorait leur teneur. Même si leur révélation pourrait lui faire du mal, ou à Dario. Reprendre leur existence comme elle était, leur relation comme elle avait été, lui paraissait impossible. Parce qu’il le désirait encore. Et qu’il lui semblait impossible d’apprendre que d’autres prénoms que le sien étaient morts sur ces lèvres qu’il fixait avec attention.

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Lun 12 Oct - 23:27
Il sourit face à la gêne de Leone, dont la timidité est soudain palpable et le rend d’autant plus attachant. Depuis combien de temps Dario n’a pas eu droit à une telle attention au petit matin ? Très honnêtement il ne s’en souvient pas. Tellement habitué aux éteintes qui ne durent pas, aux fuites orchestrées et au manque cruel d’attachement, quel qu’il soit. Ici, avec l’italien, il redécouvre la douceur. Il se repait des petites attentions, de celles qui le font se sentir spécial. Il sait, au fond, il sent, que cela ne durera pas, même si son coeur lui cri qu’il peut essayer. Qu’il a le droit de s’exprimer, d’espérer un peu plus, d’émettre l’envie, même bancale et hésitante, et pourtant, Dario s’arme de banalité et de légèreté. Probablement à cause d’une forme de lâcheté et de peur sous jacente. Malgré le fait que Leone lui offre pourtant ce qu’il souhaite, au fond. Des matinées comme ça, douces et complices. Des petites attentions et la sensation d’être spécial. À part. En un sens, c’est bel et bien le cas, moment rythmé par la dimension de leur amitié, leur attachement platonique jusqu’à lors mais pas moins véritable. Sauf qu’il capte les regards de l’italien contre sa plastique dénudée. Qu’il ressent la même envie de revenir à la charge, de savourer la chaleur de ses lèvres et la tendresse de ses caresses. Sauf que d’expérience, l’étreinte d’oublie du soir ne se prolonge jamais le lendemain matin. Elle s’évapore et disparait. Alors a t-il le droit, finalement, d’espérer un nouveau contact ? Il doute et hésite, s’enterre sous les questions alors qu’il se veut léger, concentré sur la nourriture pour noyer ses pensées.

Il déclare ne pas s’attarder parce qu’au final, c’est ce qu’il fait toujours. Là encore, il dégaine les codes évidents des aventures éphémères mais en oublie peut être que cette situation ne ressemble à aucune déjà vécu.
Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’il mache un morceau de tartine, à la réflexion de Leone quant à son travail avorté. « Ah bon ? C’est bizarre ça » Relance t-il, plaisantin et léger, sur la même verve amusée que le chirurgien, qui tente, de la même technique que lui, de détendre l’atmosphère. La gêne s’installe, sous les sourires, Dario sent les hésitations, chez l’un comme chez l’autre, probablement tout aussi perdus. Comme réagir ? Quoi dire ou ou quoi faire ? Il ne sait plus. Bien trop rouillé en matière de séreux pour comprendre et savoir. Surtout lorsque’en face, l’homme lui plait.
Lui plait vraiment.

Il se contente de savourer son café, de terminer sa tartine tandis que l’italien renchérit et là, Dario sent un quelque chose. Une ouverture, une once d’espoir ? Mais à la fois, sa raison lui pousse à imaginer une politesse, peut être ? Leone et sa foutue bienséance, à donner de fausses pistes, juste à cause de sa dévotion et de sa gentillesse. Et lui, Dario, probablement crédule comme il a pu l’être avec Sheru dans une autre époque. Avec ce lui, avide de compter et de s’engager dans quelque chose de suivi et de sérieux qui au final, n’a fait que le briser un peu plus. Enfonçant le poignard un peu plus profondément dans la chair déjà à vif de ses insécurités. Alors, il s’est muré dans une forme de détachement. De fuite. Bien plus facile de ne pas souffrir lorsqu’aucun espoir ne possède sa place. « Je ne veux pas te déranger » Avoue t-il alors que pourtant, il meurt d’envie d’étaler ce moment dans le temps.
Mais lorsqu’il s’apprête à renchérir, désireux d’opter certainement pour un peu d’honnêteté, Leone le prend par surprise en amenant sur le tapis les bribes de cette conversation qu’ils se doivent d’avoir. De celle qu’aucun ne semblait savoir comment amener et qui surgit pourtant. Reposant sa tasse de café, toujours à moitié sous les draps, Dario s’y assoit en tailleur et passe une main dans ses boucles brunes, songeur et maladroit « Je ne le sais pas plus que toi, en vérité » Avoue t-il, d’un sourire en coin, nerveux et gêné. « J’ai… Je… » Il cherche ses mots. Doit-il se livrer ? Être pleinement honnête ? Son instinct lui dit que lui, alors que son regard, fuyant, se décide à accrocher celui de Leone. « Moi non plus je ne m’attendais pas à ça, tu m’as toujours semblé inaccessible » Lâche t-il, du haut de sa franchise. Oui, il a été sincère en lui avouant, sur le canapé, une partie de ses pensées. Sous entendant comme Leone lui plait. Et cette nuit était au dessus de toutes ses espérances. Si bien que ses baisers et sa proximité lui manque déjà. Désireux et portant sur la réserve, sans trop savoir comment agir véritablement, mais optant pour une franchise qui, peut être le laissera blessé une nouvelle fois, mais aura eu le mérite d’exister.

« Tu n’as pas à être poli avec moi ou à te forcer à quoi que ce soit, tu sais » Il lui dit, il le rassure, il accepte d’essuyer un échec supplémentaire qui réveillera un peu plus ses blessures mais se doit de ne pas soumettre Leone à une anxiété quelconque. « Si tu veux qu’on s’en tienne là et que je rentre juste chez moi, je le ferai » Relance t-il. « Mais cette nuit était… wow » Il sourit, largement, sincèrement, les yeux pétillants d’intérêt. « Et bah… » Il se frotte l’arrière de la nuque un instant. « Oué je dois avouer que tu me plais Leone » Et son coeur s’emballe sous ce seul aveu. Il ose. Il ose lui dire. Il ose se montrer vulnérable, à sa merci. Mais il y a cette petite voix, en lui, qui lui murmure que ça vaut le coup.
D’essayer.
De tendre la perche.
D’espérer, juste un peu.

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Mar 13 Oct - 0:22
« Tu ne me déranges jamais. »

Leone avait murmuré doucement en réponse à Dario, trop timide pour déclarer qu’il ne le dérangerait pas là à cet instant précis, pour cette raison qui ne disait pas son nom, qui existait, entre eux deux, qui n’avait pas de corporalité, qui se contentait de flotter, avec son parfum éthéré de questionnements et de possibilités inavouées. A la place, il faisait référence à leur amitié, admettant ce qu’ils savaient tous les deux, à savoir que malgré, quelquefois, ses récriminations, il avait toujours apprécié que Dario cherche à le tirer de son quotidien si millimétré, bardé de petites cases colorées dans Google Agenda, et qui rimait trop souvent avec des Doodle envoyés pour convenir simplement d’une date pour un dîner entre amis. Et il l’emmenait dans un univers qui n’était pas du tout celui de la froide logique chirurgicale, mais des artistes plus bohèmes. Il essayait de comprendre, de décrypter, car il ne changerait pas sur ce point, mais cela le changeait entièrement. Et il se rendait compte d’à quel point c’était précieux, d’avoir quelqu’un pour le sortir de sa zone de confort. Jusqu’à hier soir, où la magie de cette amitié avait fonctionné différemment, pour l’attirer sur un territoire entièrement inconnu. Cela le rendait maladroit et emprunté, cependant, il ne le regrettait pas. Il avait eu l’impression de se redécouvrir, de réapprendre à s’aimer dans le regard d’un autre, à réapprivoiser son corps si longtemps en sommeil, à réécouter ses désirs et ses pulsions comme il ne l’avait plus fait depuis tellement longtemps. Il avait à nouveau touché du doigt les facettes de sa personnalité les plus secrètes, qu’il ne dévoilait pratiquement jamais. Il avait eu confiance en lui, avec Dario entre ses bras, et cette sensation enivrante n’avait pas de prix. Rien que pour cela, il n’aurait pas été capable de renier ce qu’il s’était passé. Ils l’avaient voulu tous les deux. Plus subtilement cependant, l’italien essayait de montrer aussi que rien n’avait changé sur ce plan, qu’il pouvait rester, peut-être même davantage qu’avant, comme lorsqu’il l’avait invité à rester dormir. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas connu cette sensation de douceur le matin, de quiétude intime, et en même temps, de désir toujours puissant. Mais il ne pouvait pas être égoïste : si Dario désirait s’en aller, il était impensable qu’il le retienne. Il comprendrait. C’était même sans doute pour le mieux, parce qu’il ignorait s’il était capable de lui apporter ce qu’il désirait … et précisément, ce que l’homme voulait réellement, et si c’était avec lui qu’il en avait envie. Perturbé par ces doutes, ces interrogations, cette impression qu’il était au bord d’une rivière de « et si » et de « peut-être » et qu’il ne tenait qu’à lui d’y plonger pour gagner l’autre rive, celle des certitudes, et d’un futur qu’il entrevoyait par petites touches pointillistes, Leone finit par relever à voix haute l’évidence de son malaise, probablement visible.

Le fait que Dario n’en sache pas plus le rassurait. Au moins un peu. Cela lui épargnait l’humiliation d’un gentil mais ferme refus d’en discuter, ou alors une explication des codes des rencontres sans lendemain qu’il ne maîtrisait aucunement. Il devait avoir l’air pathétique, à se débattre ainsi pour quelque chose de si commun, à trente-quatre ans, comme un tout jeune homme après une première soirée arrosée se réveillant avec un beau garçon entre ses draps. Mais Leone n’en avait jamais vraiment eu, de ces aventures, les fuyant précisément pour éviter d’être blessé. Il savait comment réagir dans le domaine de la séduction, une fois qu’il avait compris qu’il en était question, du moins, et pour tout ce qui s’ensuivait. Normalement, c’était le moment où il plaisantait avec ses compagnons, où s’installait les premières touches de ce qu’ils allaient bâtir, qu’ils restaient entre les draps à discuter de tout et de rien. C’était facile, quand tout était évident, clair. Là, il se trouvait dans le brouillard, et se débattait avec tellement de pensées qu’il avait l’impression d’en avoir le tournis. La stupéfaction se peignit sur ses traits quand le sicilien expliqua qu’il l’avait toujours pensé inaccessible. Cela lui semblait étrange. Il n’était pourtant pas froid, et ne repoussait personne … Il ne s’était jamais qualifié ainsi. Pourtant, en y réfléchissant, il se demandait, si … une illumination lui vint, et sa bouche s’arqua en un léger « o » de surprise, qu’il réprima comme il put. Est-ce que Dario avait vraiment … est-ce qu’il n’avait pas vu des signes ? Peut-être. En y réfléchissant, lorsqu’ils s’étaient connus, ses pensées étaient entièrement tournées vers un autre, et après, il s’était tellement muré derrière une carapace protectrice, aveugle à tout, qu’il n’avait probablement rien vu, si l’autre homme avait tenté de montrer un intérêt autre qu’amical. Il avait toujours eu l’impression, qui plus est, d’être à l’opposé de ce qu’il imaginait plaire à quelqu’un d’aussi passionné, flamboyant que le fleuriste. Il était terne, comparé à tant d’autres, avec sa vie bien rangée, ses petites manies, son travail très prenant, sa grand-mère omniprésente, ses manières de vieux garçon, son côté quelque peu suranné parfois aussi, qui ne voyait que des marques d’amitié et de gentillesse quand il s’agissait de plus. Probablement que dans son manque de confiance en lui, Leone n’avait jamais compris ce qu’on pouvait lui trouver. Et toutes les assurances à ce sujet n’y changeraient rien. A l’heure des rencontres aisées, des plaisirs chimiques, il n’offrait que des promesses d’antan, et se trouvait même souvent incapable de les tenir. Alors, il chuchota, presque comme un secret révélé :

« Je n’aurai jamais pensé t’intéresser. »

C’était vrai. Il y en avait tellement, qui tournaient autour de Dario. Pourquoi lui ? Il pensait qu’ils ne cherchaient pas la même chose, qu’il n’était pas son type, qu’il … à quoi bon alors ? Il était mieux seul, voilà ce qu’il était facile de se répéter. Autant se contenter d’une amitié plaisante, et d’être heureux pour son ami. Cela, il savait le faire. Il avait toujours été doué pour ça, être heureux pour les autres. C’était suffisant. Il n’y avait pas besoin de plus, pour mener une belle, une bonne vie. Et pourtant … il l’avait dit à Sirius : la solitude lui pesait. Il se convainquait, après chaque déception, que tout était pour le mieux, tout en rêvant désespérément d’autre chose. Là encore, ses rêves étaient terriblement fades : un logis partagé, des soirées sous un plaid à regarder la télévision, ou à faire semblant de la regarder tout en discutant plaisamment, et peut-être un animal de compagnie, puis … tout ce qui venait après, et qu’il n’osait évoquer, même dans ses songes, parce qu’il avait fini par ne plus y croire. Là, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait penser, faire. Il avait simplement une certitude, et elle se matérialisa par sa protestation, en entendant Dario dire qu’il n’avait pas à être poli.

« Non, je … ! »

Presque instinctivement, il lui avait pris la main, la liant dans la sienne, entrecroisant leurs doigts, mêlant leurs paumes, savourant à nouveau le contact de leurs peaux l’une contre l’autre. Il cherchait ses mots, préférant laisser Dario continuer à parler. A la place, il le tenait, comme pour lui signifier qu’il ne se forçait pas à quoi que ce soit. Qu’il y avait un lien entre eux, et s’il n’arrivait pas à le définir, ce n’était pas grave : il pouvait toujours le matérialiser, là, dans ce fil bien visible qui passait de sa chair à la sienne.

Ils y étaient. Son amant avait osé dire l’évidence même. Leone en fut soulagé. L’entendre, c’était rendre ses ressentis plus réels, et aussi, se rendre compte qu’il n’avait rien imaginé, qu’il n’était pas seul à s’être perdu dans un déluge de sensations difficile à décrire, cette nuit-là. Puis, il entendit les mots voulus, si souvent, si ardemment désirés. Il se sentit rougir, flatté de la confession. Ses doigts se serrèrent contre ceux de Dario, réponse muette, remerciement sincère et silencieux, témoignage de tout ce qu’il ne pouvait exprimer mais qu’il vivait si pleinement, si intensément. L’ardeur, néanmoins, fut bientôt remplacée par une âpre angoisse. Et lui ? Qu’est-ce qu’il lui répondait ? Qu’est-ce qu’il était capable d’affirmer ? Là était le nœud du problème. Il était perdu. Irrémédiablement. A cause de Dario, par Dario, pour Dario, et en même temps, en dehors de Dario, à cause de ses propres insécurités, de sa longue hibernation sentimentale. Il chercha ses mots, lentement, désolé d’infliger cette attente au malheureux sicilien, puis finit par se lancer, détachant soigneusement ses mots, qui cahotaient parfois sur sa langue, au gré du ressac de ses idées, de la houle de ses pensées désordonnées :

« Pour moi aussi, cette nuit a été … J’ai eu l’impression de me réveiller d’un très long sommeil. D’être … j’ai eu la sensation d’être quelqu’un qu’on pouvait aimer. Que tu pouvais aimer.

Je veux dire, physiquement, oui, c’était fantastique. Probablement l’une de mes meilleures … enfin … »


Atrocement gêné par l’aveu, Leone poursuivit néanmoins vaillamment :

« Je pensais que c’était ça que je cherchais mais … je ne le crois pas. Enfin, je pense que je n’ai pas trouvé que ça. »

Il murmura, essayant de se rassurer :

« Tu comprends ? »

Difficile à dire, tant lui-même avait du mal à se comprendre. Prenant une ultime respiration, Leone tenta de conclure son propos comme il le pouvait :

« Ce que j’essaye de dire c’est que … je ne sais pas si on arriverait à n’être que des amis. Parce que je te plais. Et parce que … avec toi, j’ai l’impression d’être … une personne qui aurait envie de te plaire. »

Sa voix n’était plus qu’un souffle suspendu quand il acheva, répétant sa question lancinante, d’une voix encore moins assurée :

« Tu comprends ? »

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Jeu 15 Oct - 22:50
Dario sourit en coin lorsque Leone semble tomber des nues face au fait que oui, il l’a toujours intéressé. Mais lorsque ses regards appuyés n’ont pas été détectés, lorsque les perches tendues n’ont pas été saisies, le sicilien a été forcé de reconnaitre que non, avec le chirurgien son charme ne fonctionnerait pas. Pas plus que son intérêt titillé, se muant de tentatives en crush discret et sous jacent. En intérêt silencieux.
Lorsque petit à petit les deux hommes se sont rapprochés, nouant une amitié platonique et complice, Dario a appris à profiter de chaque instant, sans chercher autre chose que ce qu’ils partageaient. Que ce que Leone voulait bien lui donner. Les rires et les conversations à parler de tout et de rien. Leurs vies parfois radicalement opposées qui finalement, s’assemblaient pour les rapprocher. Échanger des histoires et des anecdotes. Se projeter ou au contraire, ressasser le passé. Les moments ont été multiples mais toujours gorgés d’une douceur amicale avec un brin de distance. Jamais Dario n’a cherché à revenir à la charge, persuadé de se prendre un mur ou de l’ignorance. Peut être a t-il bien trop mis Leone sur un piédestal, mais ses coups de coeur et ses crushs n’ont jamais été qu’impulsifs. Soumis à aucune logique ou à aucune raison. Juste là, en lui, sans contrôle aucun. S’il n’était pas porté de sentiments quelconques, le coeur sur la réserve depuis ses échecs, il n’a pu s’empêcher d’imaginer. De rêvasser. Et voir aujourd’hui l’italien surpris ne fait que le faire sourire davantage. « Pourtant pas faute d’avoir essayé de te le faire comprendre » Glousse t-il légèrement. « Mais tu n’as jamais été réceptif alors j’avais plus ou moins abandonné l’idée » Renchérit-il, un sourire toujours ourlé sur ses lèvres, alors qu’il croque à nouveau dans sa tartine avant de poursuivre.

Mais alors qu’il lui propose de le laisser, qu’il l’incite à ne pas se forcer à quoi que ce soit, Leone s’exclame presque avec peur, que non. Et ce, en se saisissant de la main du sicilien. Le geste pousse Dario à accrocher son regard plus intensément. S’il l’imagine sous le joug de l’inquiétude, il est bel et bien présent. Jamais même dans le fier de leur amitié il ne lui a tenu la main comme ça. Ses doigts auraient plutôt accrochés son bras ou son épaule, mais jamais avec cette tendresse là, qui le surprend.
Agréablement.
Et les paroles qui suivent chamboulent Dario plus que de raison. Surtout qu'au creux de son palpitant crépite cette vérité que oui, il pourrait l’aimer. En tomber pleinement amoureux, s’habituer à ces matins à deux et à ces nuits endiablées. Se perdre à s’ouvrir de nouveau sans s’imaginer déjà être déçu, souffrir. Oui à Leone, il lui ferait confiance. Peut être trop aveuglement ? Mais l’italien lui a déjà prouvé être quelqu’un de bien, quelqu’un de droit. Quelqu’un sur qui compter. Et sa gêne ne fait que sourire un peu plus un Dario déjà attendri par la portée de ses mots.

« « Une personne qui aurait envie de me plaire » je dois dire que tu as déjà réussi mais quoi, moi je ne te plais pas ? » Ose t-il demander, dans un sourire, alors qu’au fond, il est certainement trop taquin. Les mots de Leone sont maladroits mais dans le fond compréhensibles et si Dario s’en joue, la réalité est qu’il les comprend. Ou du moins, il estime les comprendre. « Je n’ai pas envie qu’on soit juste des amis » Ose t-il finalement laisser franchir la barrière de ses lèvres. Dans sa poitrine, son coeur s’emballe entre nervosité et vérité. La peur est là, lancinante. Celle de se faire finalement rejeter. D’en dire trop, trop vite. D’être trop entreprenant ou trop déplacé. Lui, qui dés que des espoirs naissaient au creux de son coeur, se les voyaient saccagés, piétinés, retirés. Blessures qui n’ont jamais véritablement guéries et qu’il n’a fait qu’oublier sous les étreintes passagères. Se repaitre de briller dans les yeux de tous ces inconnus, l’espace d’une nuit, parfois de plusieurs. Sentiment éphémères qui laisse sa vie vide avec l’envie aujourd’hui de quelque chose de vrai.

« Enfin je… Avec toi j’ai envie d’oser toutes ces choses qui m’ont blessés il y a longtemps et dont je me suis tenu loin. J’ai la sensation que ça fonctionnerait que… Qu’on pourrait avoir quelque chose de bien. Mon dieu j’ai l’impression de sonner comme un gros romantique niais » Et ce rire nerveux, qui lui échappe, alors qu’il serre un peu plus sa main dans la sienne. « Autant je suis terriblement à côté de la plaque mais, je pense que je n’ai plus rien à perdre à être honnête avec toi ? » Demande t-il sans demander vraiment. Le coeur hésitant mais l’envie de se livrer. Dario a toujours été fier d’une grande franchise, sans en être blessant ou tranchant. Juste honnête, au milieu des secrets de son passé et de sa vie. S’il a longtemps rend sourd son propre coeur, pour éviter de souffrir à nouveau, aujourd’hui il ose le mettre aussi nu que sa peau.
Vulnérable.
À la merci d’un Leone qui pourrait retourner la situation de quelques mots et le faire se refermer comme une huitre, de nouveau. Mais il est prêt à prendre ce risque. Il est prêt à tenter sa chance, parce qu’il y a ce quelque chose, chez l’italien, qui lui donne envie d’essayer.
De prendre un risque.

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Ven 16 Oct - 19:48
Est-ce qu’il était possible d’avoir, soudainement, une révélation, après une nuit de passion ? Est-ce qu’après une année d’amitié platonique, tout pouvait basculer ? Sirius avait assuré que oui, plus tôt dans la matinée. A mesure que Dario dévoilait une vérité cachée sur leur relation, Leone avait l’impression d’avoir été à la fois totalement aveugle et en même temps, de continuer à s’étonner. Non, il n’avait vraiment rien remarqué. Comment aurait-il pu ? Obnubilé par un autre, puis occupé à panser son cœur blessé, et pour finir entièrement détaché des contingences amoureuses, il n’avait tout simplement pas eu la tête à cela. Mauvais timing, in fine. Restait alors la question brûlante, et qui enflait furieusement : est-ce que, sinon, il aurait été intéressé par le sicilien ? Probablement. C’était, comme il l’avait déjà dit, un bel homme, avec le type de personnalité qui avait tendance à lui plaire : généreuse, douce, un peu solaire. Ce qui fonctionnait en amitié n’était pas forcément compatible en amour, certes, mais parfois, il y avait des alignements qui l’étaient dans les deux cas. En plus, au moins, il savait maintenant que leur alchimie intime était plus qu’impressionnante. Fondamentalement, ce n’était pas un critère qui avait beaucoup d’importance à ses yeux, déjà parce que Leone avait tendance à être en couple avant d’entamer des relations sexuelles, et ne pouvait donc pas connaître cet élément à l’avance, et puis parce qu’il avait toujours trouvé des moyens de s’adapter, considérant qu’il y avait aussi une pente d’apprentissage, le temps de savoir ce que l’autre aimait, par exemple. D’un autre côté, il était difficile d’ignorer cet état de fait, quitte à ce que cela brouille son jugement, ce qu’il redoutait finalement le plus. Comment discerner le désir brut, qui commençait à peine à s’épanouir après tellement de temps sans vie, et la réelle possibilité d’une affection ? L’italien craignait de ne pas être au même point que Dario, qui paraissait d’une certaine façon avoir souhaité, en quelque sorte, un événement de la sorte, au moins à un moment. Et c’était si difficile, de tout démêler, alors qu’il y avait tellement de bouillonnement en lui, d’interrogations, de doutes, d’envies aussi. Mais c’était mieux de tenter tout de même, plutôt que d’avoir des regrets, ou qu’un malaise dommageable s’installe. Parce que si Leone avait une certitude, c’était de ne pas vouloir perdre Dario. Leur amitié lui était trop précieuse pour cela. Sauf qu’il lui était difficile, maintenant, de le regarder uniquement comme un ami. Pas après avoir parcouru son corps, l’avoir entendu soupirer, avoir connu l’extase contre lui, par lui, avoir lu dans ses yeux le besoin, le plaisir, le désir, avoir écouté son prénom s’échapper de ses lèvres, avoir senti son affection latente, en avoir appris la confirmation. Alors, lorsque le fleuriste délivra la sentence sur leur amitié qui n’en était plus uniquement une, il sentit à la fois un immense soulagement, et une réelle crainte naître dans son cœur. Parce qu’il avait conscience d’où cela pouvait les mener – du moins, en partie. Et il ignorait s’il réussirait à ne pas le blesser, peu importe ce qu’il proposait, car il avait peur d’un jour, devoir dire qu’il n’y arrivait pas, tout simplement, à ne pas désirer uniquement son corps.

Pourtant, ce qu’avouait, timidement, Dario, trouvait un écho en lui. Il sentit un sourire attendri fleurir sur ses lèvres en le voyant évoquer franchement ce qu’il envisageait. S’ouvrir ainsi, cela le touchait, et il l’accueillait avec révérence ? N’en avait-il pas secrètement rêvé, pendant des mois, d’entendre à nouveau ces mots ? Que quelqu’un veuille de lui ? Que quelqu’un veuille fonder quelque chose, même un petit bout de chemin et de paradis, avec lui ? Bien entendu. C’était ce qu’il attendait toujours, qu’il chassait désespérément, pour tout briser ensuite par incapacité à faire vivre ce rêve. Leone avait conscience, furtivement, qu’il y avait une part de vrai dans ces paroles. Rien que pour cette nuit, oui, Dario lui faisait du bien, indubitablement. Et oui, ils étaient heureux ensemble, ils s’ennuyaient rarement, aimaient discuter, avaient des intérêts en commun et des très différents pour conserver une part d’indépendance nécessaire. Il était occupé avec son propre métier, prenant, ce qui leur garantissait une forme de compréhension et d’espace. Sur le papier, tout fonctionnait. Et dans la vraie vie ? Il ne suffisait pas d’avoir l’impression. Il fallait le vivre. Il fallait le ressentir.

Leone avait envie d’y croire. Vraiment. Et pourtant, une myriade de questions, de doutes, semblaient vouloir l’accaparer. Avec, en lancinante ballade, les murmures qui lui susurraient qu’il blesserait Dario, qu’il serait comme les autres, comme tout ce qu’il voulait éviter. Et, probablement, qu’il souffrirait aussi. Et si … s’il n’arrivait pas à lui donner ce qu’il cherchait ? Cette interrogation le taraudait. Il ignorait comment la formuler, s’il le devait même. Ce n’était pas une conversation agréable à avoir. Comment, alors ? Pourquoi ? Était-ce indispensable ? Oui. Parce qu’il était honnête. Parce qu’il avait peur, aussi, de cette plongée dans l’inconnu. Et parce qu’il tenait à Dario. C’était, là aussi, une certitude absolue. Suffisamment pour envisager cet avenir commun. Suffisamment, aussi, pour admettre qu’ils avaient besoin de tout poser à plat, pour ne pas se précipiter, mus par les brumes du plaisir et les sirènes de l’envie. Essayant de rassembler le cours de ses pensées, il tenta donc de répondre, d’abord par le plus évident, peut-être :

« Bien sûr, que tu me plais. Après ce qu’on a vécu … de ça, il n’y a pas à douter, je crois. »

De leur amitié longue, et de son couronnement qui n’avait rien platonique, ils pouvaient au moins tirer cela au clair, léger sourire sur le visage, parce qu’il y avait des évidences trop amusantes. Mais le physique, et la connivence intellectuelle, étaient une chose. Elles ne rimaient pas toujours avec amour. Or, c’était de cela, ultimement, dont il s’agissait, non ? A moins qu’il ait mal compris. Il ne pensait pas que ce soit le cas.

« Tout ça … »

Il pointa Dario du doigt, puis lui-même, et l’entre-deux qui les séparait, ou les liait, suivant les interprétations.

« J’ai l’impression … de tout découvrir d’un coup. D’avoir … une porte ouverte sur un avenir que je n’avais pas imaginé. Et je … j’ai peur. De ne pas être à la hauteur. De ne pas … »

Être celui qu’il fallait à Dario. De ne pas réussir à le combler. De ne rester qu’un corps envieux mais un cœur sec. Ou de ne pas surmonter leur amitié amoureuse pour que les mots s’inversent. De lui faire du mal.

« Je n’ai pas envie de te blesser. D’être comme les autres. Mais … »

Comme lorsqu’il avait tenté de le dissuader de l’embrasser, Leone n’arrivait pas à être raisonnable. Son esprit lui hurlait de ralentir. Son cœur battait trop fort pour cela, il l’aspirait inexorablement vers les yeux sombres de Dario, vers ce qu’elles lui promettaient, ces orbes dans lesquelles il avait tant aimé se perdre, pour deviner les ombres qui y dansaient, discerner la lumière qui y vivotait.

« Je n’arrive pas à vouloir revenir à avant. Ni à ne pas … avoir envie de plus. D’un nous. »

Il passa sa main derrière son cou, signe de gêne toujours chez lui, avant qu’il ne termine :

« Mais je … je veux être honnête avec toi. Je ne peux pas te promettre … que je ne vais pas te faire mal. Et ça me terrifie, cette possibilité. Si … »

Si je n’arrive pas à t’aimer. Il n’arriva pas à le dire.

« Pourtant … ce que je voulais dire avant c’est que … je n’arrive pas à ne pas penser comme toi. Qu’en effet, il y a … on passerait à côté de quelque chose de bien. »

Avalant sa salive, il poursuivit :

« Est-ce que tu … ? »

Pense qu’on peut essayer de s’aimer.

Ces mots, il ne les trouva pas. Et il restait là, sans oser demander, finalement, s’ils pourraient être, et ce qu’ils pourraient être. Il n’en avait peut-être pas besoin. Son silence, ses yeux inquisiteurs, sa nervosité, parlaient pour lui. Parce qu'il n'avait pas quitté sa main, et qu'il l'enserrait convulsivement dans la sienne, pour lui murmurer peau à peau ce qu'il ne parvenait pas à dire lèvre à lèvre.

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Sam 17 Oct - 23:34
Il n’a pas à douter et si la crainte était réelle sous la plaisanterie, le coeur de Dario s’apaise. Il lui plait, peut être désormais tout autant que l’italien lui plait, même s’il ne lui avoue pleinement que maintenant, acceptant de mette son coeur à nu. Ses pensées, ses envies. Il sent ses maladresses, la perspective de souffrir de tous ces rêves le portant à l’heure actuelle. Il fait le grand saut, le grand plongeon, dans des eaux profondes dont il ne ressortira peut être pas indemne. Mais la seule vérité qui s’offre à lui, c’est que cela vaut le coup.
Leone vaut le coup, lui et ce qu’ils pourraient avoir, construire, à deux.

Pourtant, il est gorgé de craintes. De toutes celles qu’il lui offre de paroles maladroites alors que lui même est étreint de d’autres, toutes aussi légitimes. Ne pas avoir envie de le blesser, d’être comme tous ceux qui lui ont fait du mal en sous-entendant qu’il ne suffisait pas. La véritable crainte de Dario est que Leone réalise que sa vie est déjà bien trop occupée pour lui faire une place. Qu’il ne se lasse de cet engagement supplémentaire et qu’il reste une fois de plus sur le bas côté, ses espoirs pleins les bras et la solitude étreignant son coeur. Lui, pourtant attentionné et entier, dés lors qu'il ose aimer et s'engager. Romantique et dévoué, malgré le fort de son indépendance et de ses engagements professionnels. Il aspire à ça, à ce quotidien à deux. Mais ses peurs l'ont jusqu'ici tétanisées.
Pourtant il y a cette petite voix, téméraire, qui le pousse à tenter sa chance. Une nouvelle fois. Un vent de renouveau après des années de solitude forcée. « Je crois qu’on ne peut pas vraiment savoir tant qu’on essaye pas même si… Oué je pense qu’on a tous les deux nos peurs, que ça a un côté flippant et à la fois… » Il le regarde, une tendresse au fond de ses yeux sombres. « Moi aussi j’ai envie d’un nous » Les yeux dans les yeux, les mots imprimés sur les lèvres. Les sentiments qui cognent de partout et cette main toujours dans la sienne, qui ne cherche pas à se soustraire à ce contact, bien au contraire. Plutôt à l’intensifier, s’y accrocher comme à une ancre.

« Je sais que tu ne peux pas me promettre un truc comme ça, je ne cherche pas des certitudes parce que je sais que c’est impossible » Conscient de ce risque de souffrance. Conscient que tout peut s’écrouler et qu’il n’y sera peut être pour rien. Et si la peur lui grignote les entrailles face à toute cette nouveauté, Leone suffit à déposer sur ses hésitations, la certitude que oui, il veut tenter sa chance. Avec lui.
Ensemble.

Surtout lorsqu’il évoque qu'ils passeraient à côté de quelque chose et ça, le sicilien en est lui aussi persuadé. La vie est faite de risques et la sienne de pérégrinations chaotiques. Peut être pour en arriver enfin à ce point culminant de stabilité ? À ce quelque chose, auquel il aspire mais qui a toujours tardé. Cette possibilité enfin, de pouvoir aspirer à une histoire vraie, sérieuse, de l’engagement qui lui permettra enfin d’envisager un futur avec quelqu’un, de s’épanouir mais surtout, de guérir ses blessures. Douleurs lancinantes qui ne l’ont jamais quitté. Soirs de déprime à refaire le tracé de sa vie, mais surtout de ses échecs. Laissé seul dans les draps froids et délaissés. Dahlia à ses côtés, à ronronner pour panser ses maux et pourtant, la tristesse aux lèvres, les yeux fixés sur le plafond.

La question reste en suspend, mais Dario en devine tous les mots. Il sourit, plus léger soudain, avant d’acquiescer d’un signe de tête. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre que oui, Leone se jette à l’eau pour venir nager avec lui. Il accepte de définir, encore timidement, ce qu’ils sont. Ce chemin qu’ils vont tenter de faire ensemble, encore hésitants et craintifs, mais pas moins désireux qu’il devienne praticable. Avalant la distance qui se trouve entre eux, Dario se penche vers le visage de Leone, laisse son souffle s’emmêler au sien, ses lèvres glisser contre les siennes avant de s’y apposer et de le gratifier d’un baiser d’une infinie tendresse. Celui-ci n’a pas la saveur de la passion brulante et de la fougue de la veille, il est bien plus mesuré. Bien plus intense. Bien plus sentimental, finalement.
Il scelle une promesse silencieuse qu’aucun des deux n’est apte à imager à haute voix, mais qu’ils comprennent parfaitement. Au creux du sombre des peurs, danse désormais la lumière d’un avenir meilleur. Un où leurs solitudes se retrouvent pour s’apprivoiser et s’aimer.
Repoussant délicatement le plateau de sa main libre, pour l’éloigner d’eux et éviter tout drame, Dario avale un peu de la distance le séparant de Leone. Le draps délaisse sa stature pour exposer sa nudité, alors qu’à genoux, il vient se glisser tout contre lui, laisse sa main libre gagner sa joue pour n’appuyer qu’un peu plus ce baiser. Bruler pour lui à nouveau, pour ce qu’ils s’apprêtent à faire et à découvrir, main dans la main. Coeur contre coeur.

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Dim 18 Oct - 0:33
Quand les lèvres de Dario se posèrent sur les siennes, Leone oublia complètement tous les doutes qui avaient pu le traverser auparavant, qui étaient tombées quand il l’avait vu acquiescer, toutes ses certitudes aussi, d’ailleurs. Il n’y avait plus que son souffle, son odeur, lui, qui l’enveloppait entièrement, déjà. Il ne comprenait pas, et ne cherchait pas à comprendre : l’attirance, ça ne s’expliquait pas. Bien sûr, il y avait des moyens d’assurer une certaine compatibilité, mais le désir était, à son avis, un domaine plus complexe. Pourquoi l’un et pas l’autre ? Parce que, tout simplement. Parce que c’était lui, parce que c’était moi, pour reprendre les mots d’un célèbre essayiste. Parce que c’était le bon moment, parce qu’il était prêt, parce que l’alignement des planètes avait été parfait. Qu’y avait-il de plus à dire ? Ils avaient choisi : peut-être un peu vite, peut-être un peu follement, peut-être aveuglé par les volutes de leurs envies de la nuit que la matinée n’avait pas étouffée. Qu’importe. Ils avaient décidé, et advienne que pourra. Là, dans ce lit, dans ces draps, entre ses bras, Leone avait cessé de se questionner. Il se contentait de savourer la présence, fermant les yeux et répondant à son baiser, trouvant plus facilement les mots de l’amour dans leur bouche-à-bouche que s’il avait dû les lâcher au vent. C’est que, ce n’était pas un langage qui se prêtait à de tels vols, l’amour. Il fallait susurrer, doucement, tendrement, entre deux lèvres, tout ce qui pouvait se dire de la façon la plus ancienne que les hommes avaient trouvé pour se prouver qu’ils n’étaient pas seuls. Il lui disait, ainsi, qu’il allait essayer. Qu’il ne savait pas encore comment, mais qu’il allait trouver. Qu’ils allaient trouver. En vérité, à travers ce contact physique, le chirurgien se rassurait aussi, comme pour se convaincre qu’il n’avait pas rêvé, que tout cela arrivait bien. La veille, il plaisantait sur un potentiel achat de ceinture de chasteté, et aujourd’hui, il se réveillait en couple. Enfin, normalement. Ils n’avaient pas encore défini les termes de leur relation. Car c’en était une, désormais, puisqu’il y avait un nous tracé entre eux. Mentalement, il se répéta le mot, le soupesant, le faisant rouler sur sa langue, avant de le transmettre à Dario, en un mouvement taquin, approfondissant leur étreinte. Un instant, il craignit de rompre la tendresse du moment, puis abdiqua.

Le recouvrant de son torse, de son poids et agrippant doucement ses jambes, Leone repoussa son amant contre le matelas, profitant de sa position pour arracher de nouveaux baisers beaucoup plus enflammés, qui parlaient de son apparemment inépuisable désir comme de son évidente envie, mais aussi de son appréciation toute simple de ce qu’ils avaient, là, à ne pas pouvoir se quitter, à côté du petit-déjeuner abandonné, en partie grignoté. Se détachant enfin, afin de reprendre sa respiration, il laissa ses yeux couvrir Dario d’une appréciation sincère, agrémentée d’un sourire qui l’était tout autant. Un bref instant, il se demanda comment un homme aussi beau que lui pouvait vouloir de lui, alors qu’il aurait pu avoir tous les hommes à ses pieds. Qu’il les avait, en vérité. Il savait tout de sa vie tumultueuse, autant que la sienne était vide, avant. En quelques semaines, Dario connaissait probablement plus de partenaires que lui dans toute sa vie. Est-ce que … cela pèserait ? Lui-même n’avait connu que le couple monogame. Est-ce que ce serait assez ? Est-ce qu’il serait à la hauteur, après ? Il n’avait pas envie d’imposer ses choix, et savait que c’était une discussion nécessaire. Certains ne la trouvaient pas assez romantiques, aussi vite, mais … c’était mieux d’éviter immédiatement un malentendu, non ? Il finit donc par se décaler un peu, sur le flanc à côté de Dario, sa main se promenant sur son ventre, épousant les contours des muscles, en appréciant la fermeté tout emplie d’heures de yoga pratiqué, avant dire, finalement :

« Est-ce que … ça te convient, ça ? Je veux dire … Juste nous deux ? »

Il y avait d’autres configurations possibles : le couple libre, le polyamour … Et beaucoup de règles attenantes. Leone n’avait jamais été dans aucune de ses situations, et était convaincu qu’il aurait du mal, une fois entièrement épris, à les maintenir. Mais peut-être que Dario n’était pas comme lui. Peut-être aussi que ce serait plus simple d’avoir des rendez-vous à côté, pour calmer la déception au cas où ça ne marcherait pas. Il n’en savait rien. Tout, là-dedans, était nouveau pour lui, parce qu’avant, à chaque fois, il avait été clair sur ses intentions, avant d’en arriver à ce moment. En un sens, avec Dario, ils avaient tendance à tout faire à l’envers par rapport à ses habitudes. Ce qui le perturbait un peu. Donc il essayait de retrouver sa normalité, et cela passait par une mise à plat des termes du contrat, à défaut d’un terme plus romantique. Parce qu’en quelque sorte, c’était de cela dont il s’agissait, de définir les contours de leur « nous ». Chaque « nous » était unique. Chacun avait ses règles. Et il fallait avoir cette conversation jusqu’au bout.

« J’ai toujours été comme ça. Exclusif, je veux dire. Mais je pense qu’on devrait quand même … en discuter. Savoir ce qu’on préfère tous les deux. »

En piquant un très léger fard, il ajouta, dans un murmure gêné :

« J’avoue que j’ai un peu peur de ne pas être à la hauteur, à nouveau. Je ne suis pas … enfin, je n’ai pas envie que tu ne sois pas comblé, et j’ai peur de ne pas arriver à te satisfaire entièrement. »

C’était piteux, bien entendu, de se sentir un peu ridicule face à un partenaire plus expérimenté, et plus versatile que lui, aussi. Mais Leone n’avait pas non plus envie d’étouffer Dario. Alors si ce dernier voulait quelque chose de plus flexible … En fait, il ne savait pas. Au moins, ils pouvaient en discuter. Et puis, l’honnêteté était la meilleure des polices, de son avis, dans ce domaine. Ils s’étaient à peine dit qu’ils avaient envie de construire quelque chose. Le moins qu’il pouvait faire, c’était de tenter de bâtir des fondations solides, avec une bonne communication. L’amour naissait peut-être d’un élan anarchique, mais ne s’épanouissait dans la durée qu’avec un peu d’ordre, pour ne pas faire naître jalousie et insécurité, ses deux jumelles diaboliques. Tout en se laissant aller à la vulnérabilité, à dévoiler ses craintes, comme il acheva de le faire en déclarant doucement :

« Tu m’impressionnes. Hier soir, j’ai vraiment craint d’être un peu … ennuyeux. »

Il accompagna ses mots d’un léger rire, pour cacher son malaise. Parce que oui, cela lui semblait toujours irréel que Dario soit attiré par lui, depuis longtemps apparemment, et de le voir nu, à ses côtés, dans sa chambre, de parcourir son corps avec ses mains, avec ses yeux, avec ses désirs. De se dire qu’il pouvait ajouter un adjectif à ami, peut-être, sans doute, sûrement. Comme s’il ne croyait pas sa chance d’être là, calmement, à parler d’être en couple avec un homme comme lui, un samedi matin, où tout était bien.

Comme s’il attendait que le château de cartes si patiemment érigé ne s’écroule brutalement, et ne le ramène à la réalité : celle d’un monde où il n’arrivait ni à être aimé, ni à aimer.

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Lun 26 Oct - 0:05
Il accepte.
Il ose.
Dario affronte ses peurs parce que son coup de coeur le dépasse. L’envie de tenter l’ultime aventure avec Leone. De laisser une chance à une nouvelle histoire sans se noyer sous ses appréhensions. Si l’italien lui plait depuis longtemps, l’intensité de tout ce qu’il se passe en cet instant, le dépasse. Il offre certes une démarche moins hésitante que le chirurgien, mais sa nervosité est palpable. Il sait qu’il prend un risque, qu’il s’expose à un ultime échec, mais après toutes ces années de solitude du coeur, il veut tenter à nouveau. Leone lui parait le candidat idéal, alors que son myocarde s’emballe dés lors que ses lèvres scellent son envie de l’autre en le gratifiant d’un baiser qui a bien plus de portée que les mots. Il s’y abandonne, poupée docile entre les mains habiles du chirurgien qui déjà, laisse son dos épouser les draps défaits. Les baisers gagnent en ardeur, plus enflammés, plus passionnés, plus représentatifs de tout ce qu’ils ressentent. L’envie de se laisser consumer dans les bras de l’autre. De lui offrir plus. Encore et toujours plus.
Le sicilien ne cherche pas à refréner les ardeurs de son amant, il lui offre la même passion dévastatrice, la même envie lancinante. Sa nudité affronte les fins tissus sur le corps d’un Leone qui le surplombe de sa stature, ne lui laisse pas le loisir de s’échapper, alors qu’il s’emporte. Manque de souffle qui les faits revenir sur terre, alors que les regards s’accrochent et que les sourires se parlent. Mains qui viennent caresser ses joues, glissent ensuite dans son dos jusqu’à le laisser s’échouer à ses côtés. Son visage se tourne vers lui, capture ses interrogations, le laisse poursuivre et à la fois, sourit déjà.

Dario sait ce qu’il veut et si les étreintes multiples ont été une solution de facilité, la vérité c’est que son coeur n’aspire qu’à un amour vrai. Qu’à une histoire sincère et loyale. Lui non plus n’est pas apte à partager et sait qu’il souffrirait de voir Leone papillonner loin de lui, alors que petit à petit, son coeur s’entichera davantage. Il se connait, véritable sensible à l’âme romantique et rêveuse.
Un léger rire lui échappe lorsque Leone renchérit, exprime sa crainte quant à avoir été ennuyeux. C’était bien tout l’inverse et le sicilien vibre encore de l’intensité de leur première étreinte. Puis de la suivante. Et de celle encore après. Insatiables, désireux de tout expérimenter, de tout vivre d’un coup, trop fort, trop vite. Presque un rêvé éveillé. Persuadés tous les deux que l’autre disparaitrait au petit matin, avec ses espoirs et sa passion. Malgré la communion de leurs souffles et l’alchimie de leurs corps.
« Tu m’as comblé, hier soir, tu n’as pas à douter de ça » Le rassure t-il en glissant une main contre sa joue, un sourire toujours juché sur les lèvres. « Je n’ai pas à t’impressionner je suis… Enfin, je trouve qu’on a une alchimie, un quelque chose » Sans trop savoir comment exprimer ce ressenti. « Je sais que tu sais pertinemment que j’ai disons… De l’expérience » Avec des guillemets, le terme lui déplaisant particulièrement. « Mais tu n’as pas à rougir de quoi que ce soit, c’était vraiment intense » Il en a savouré chaque seconde, chaque geste, chaque caresse. Les souvenirs de l’orgasme dansant encore dans ses veines.

Yeux dans les yeux, il entame alors de poursuivre. « Quoi que tu te dises, saches que je suis, moi aussi, monogame. Si tu m’as connu volage c’est juste que je refuse, ou disons refusais de m’attacher de nouveau à cause de trop mauvaises expériences mais ça n’a rien à voir avec un réel choix de vie » Explique t-il. « Enfin, si, j’avais fait le choix de rester seul parce que personne ne me donnait envie d’explorer à nouveau quelque chose de sérieux, puis tu as tout bousculé » Il sourit davantage plus largement, une lueur tendre au fond du regard et amusé tout à la fois. Oui, Leone a bousculé son univers, massacré ses habitudes, par la seule force de cette nuit partagée. Si Dario se voyait déjà en train de rentrer chez lui, pour affronter à nouveau sa solitude et noyer ses espoirs, la matinée lui offre de toutes nouvelles perspectives. Celle d’un futur. Celle d’une relation sérieuse et épanouie. Celle de retrouver la confiance en l’autre. Même si le risque demeure, Dario se sent prêt à le prendre. Sortir de sa zone de confort pour tenter à nouveau de trouver cet épanouissement à deux, auquel il aspire tant. « Alors oui, juste nous deux, ça me convient parfaitement » Sourit-il plus largement encore.

« On va y aller petit à petit pour trouver notre rythme et… Je n’ai aucun doute que ça se fera aussi naturellement que moi débarquant de façon inopinée chez toi dans l’espoir de te voir » Rit-il franchement. « Je compte sur toi pour ne pas ignorer mes messages et me ghoster pendant des jours, maintenant » Relance t-il tout aussi amusé, le coeur léger et la voix plus rieuse.
Il se sent bien.
Oui, heureux même.
Qu’est ce que ce sentiment a pu lui manquer.

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Lun 26 Oct - 1:21
L’amour, à quinze ans, c’était simple. Enfin, évidemment, quand on avait cet âge, c’était un fatras d’interrogations et de doutes, ainsi qu’une montagne de discussions jusqu’à des heures avancées avec les amis pour discuter du moindre point-virgule envoyé dans un SMS ou décrypter un compte sur les réseaux sociaux, bref, de véritables exercices de graphologies amoureuses qui s’évanouissaient une fois l’objet du désir séduit. Un baiser, une déclaration, et tout s’éclairait : on se donnait la main, on se bécotait, et parfois, à l’abri des regards, une main aventureuse passait sous un pull. A l’âge adulte, hélas, comme nombre de choses, tout avait tendance à se compliquer. Déjà, il arrivait, comme présentement pour Leone, que les étapes idéales soient quelque peu embrouillées. Et ensuite, il y avait d’autres aspects à discuter, que beaucoup peinaient à aborder. Il l’avait souvent constaté, que ce soit dans son cercle amical ou associatif, et même dans son travail. Ce n’était pas romantique, de questionner les termes de la relation. Et si les partenaires n’avaient pas les mêmes attentes ? La réponse évidente aurait été qu’il s’agissait d’une raison supplémentaire pour se mettre d’accord au plus vite, plutôt que de croire en quelque chose qui, par essence, avait toutes les raisons de ne pas fonctionner, puisque les désirs étaient différents. Mais la peur, du rejet comme d’être pris pour ce qu’on n’était pas, étouffait les velléités. Pour cela, il avait toujours tenu à être clair avec ses amants sur ce dont il avait envie. Quitte à se retrouver dans une situation dont il peinait à maîtriser les codes, autant se raccrocher à des habitudes qui avaient fait leurs preuves : si Dario était prêt à cette aventure à lui, alors, autant revenir à des territoires mieux connus, et donc à demander comment cela se passerait. Cela lui semblait normal, souhaitable, plutôt que d’imaginer que son partenaire avait les mêmes exigences que les siennes. Tout le monde ne souhaitait pas une relation exclusive. Il en avait des preuves dans son entourage amical. Et il eut été égoïste d’imposer son envie, de présumer de celles du sicilien. Autant être certain. Poser des mots. Encore et toujours, le chirurgien avait tendance, en bon scientifique, à vouloir que tout soit aussi clair que possible. Et au passage, il révélait ses failles.

Heureusement, Dario n’eut pas envie de prendre ses jambes à son cou, ni de botter en touche. Et même si Leone se mordit la lèvre inférieure, gêné et peiné de voir que son compagnon traduisait peut-être son manque de confiance en lui par une forme de reproche sur sa vie galante d’avant, se promettant silencieusement de le rassurer sur ce point, il le laissa poursuivre, et ne put empêcher un sourire de fleurir sur son visage en l’entendant confirmer qu’il avait les mêmes envies que lui. Le soulagement l’envahit, et il se rendit compte d’à quel point il avait retenu son souffle jusqu’à maintenant, comme s’il refusait d’y croire, et qu’il s’attendait à ce que d’une façon ou d’une autre, sa matinée se termine comme les précédentes : en solitaire. Mais non, il allait devoir apprendre à tout conjuguer au pluriel, désormais, parce que manifestement, ils tenteraient d’être deux. Et oui, encore une fois, l’homme face à lui savait trouver les mots justes pour faire taire ses insécurités. Aller à leur rythme : c’était précisément ce que Leone aurait dit s’il avait dû renchérir. La situation était différente d’une mise en couple après une déclaration. Et puis, tous les deux avaient été longtemps habitués à une existence de célibataire. Il faudrait du temps, assurément, pour qu’ils reprennent les habitudes du couple et quittent celles des vieux garçons, mais aussi qu’ils apprennent à se voir autrement que des amis, peut-être des amants. Des ajustements seraient nécessaires, sans doute avec leur lot d’angoisses secrètes et de fâcheries vite résolues. Mais ils avaient le temps, avant tout cela, de s’émerveiller sur la réalisation de cette vérité qui prenait forme dans ce lit, dans cette main contre sa joue, dans ce lien qui mutait depuis la veille, se tordait, enflait, pour prendre la forme d’un pont entre leurs âmes, avec un « nous » tracé à la peinture fraîche sur les planches qui le constituait. Même s’il piqua un fard quand Dario lui rappela son incapacité chronique à être joignable. Alors que vraiment, la veille, il avait juste oublié son téléphone sur …

Il se moquait. Le vil. Pour autant, au-delà de la plaisanterie, Leone crut percevoir la crainte qu’il ne change d’avis, après avoir réfléchi, une fois que le fleuriste aurait quitté son logis. Et puis, quelque part, il savait, en son for intérieur, qu’une autre vérité désagréable se glissait dans cette assertion, celle qui lui avait valu tant de dépits amoureux, qu’il repoussa bien vite dans un coin de sa conscience. Non, il avait grandi durant cette dernière période de célibat. Il savait ce qui allait et n’allait pas. Il s’améliorerait, il se le promettait. Il mettrait un code couleur rouge dans son agenda pour les moments réservés, installerait une application pour l’empêcher de les enlever. C’était une bonne idée ça ! Ainsi, il ne pourrait pas remplacer des sorties par une permanence. Il en devenait ridicule, à penser à de telles inepties. Mais comme souvent, il était pétri de bonnes volontés, et désireux, quelque part, de séduire Dario, de le convaincre qu’il avait fait le bon choix. Parmi tant de possibles, il avait voulu essayer avec lui. Il lui faisait confiance pour bâtir un type de relation auquel il avait renoncé. Le gynécologue avait conscience de ce qui lui était offert, du pouvoir qu’il avait, là, que de briser ses espoirs. Et c’était terrifiant, cette sensation d’être le maître du bonheur d’un autre que lui. C’était aussi la beauté d’être avec quelqu’un, que de devenir vulnérable et d’accueillir la vulnérabilité de l’autre en retour. De faire confiance pour confier son cœur dans les mains d’un autre, et de recueillir celui de l’aimé, pour mieux le cajoler, ou le détruire. En un sens, y avait-il acte plus dangereux que celui d’essayer d’aimer ? Probablement pas : il était le révélateur des faiblesses, le catalyseur des craintes, et aussi, le détonateur des espoirs et changements.

« Dès que tu auras quitté cet appartement, je vais t’envoyer des messages pour savoir où tu es, si tu es bien rentré, si tu es libre dans trois jours pour dîner, et si tu as rêvé de moi la nuit. »

Un sourire un brin séducteur germa sur ses lèvres en prononçant les dernières paroles, puis il ajouta doucement, autant pour s’excuser que pour comprendre :

« Tu sais … je … ça me touche, que tu veuilles tout bousculer pour moi. J’ai conscience de ce que ça veut dire. Et je vais essayer de tout faire pour que tu ne le regrettes pas. »

Il se rassit un peu, prenant la main de Dario entre ses mains pour l’attirer vers son cœur, comme pour sceller la promesse qu’il s’apprêtait à faire :

« Je peux te promettre qu’il y aura des ratés. Que tu vas me crier dessus, et que je vais partir en ruminant pour faire un tour dehors. Que parfois, on n’arrivera pas à se voir, ou que je raterai un rendez-vous. Que ma grand-mère sera envahissante. Que je vais travailler tard. Qu’on sera à l’autre bout du pays chacun pour des conférences et qu’on se manquera. »

Et avant qu’il ne réplique quoi que ce soit face à ce tableau peu engageant, Leone plongea ses yeux clairs dans les pupilles si brunes de Dario et conclut avec force :

« Mais je te promets aussi qu’on se réconciliera. Qu’on partira tout un week-end pour se retrouver. Que j’éteindrais mon téléphone. Qu’on se fera un Google Agenda commun pour tout planifier, et pour que je sache quand on pourra se retrouver. Que je viendrais devant chez toi avec un sac de croquettes pour chats et des tacos gras pour passer la soirée. Et ma grand-mère sera envahissante, mais elle laissera des lasagnes pour les soirs où tu viens. »

Et surtout …

« Si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. On aura essayé. Mais je vais faire en sorte que tu aies eu raison de me faire confiance.

Je vais essayer de ne pas avoir peur. Ça, je te le promets. »

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Mar 3 Nov - 22:39
Derrière la légèreté de ses derniers mots et de sa plaisanterie, il y a ce fond de sérieux. Si Dario sourit et se veut taquin, il ne peut s’empêcher de ressentir l’appréhension du quotidien les rattraper, une fois que cette bulle aura explosé.e Une fois qu’il se devra de rentrer chez lui, de retrouver les pans de sa propre vie et de les faire coïncider avec celle du chirurgien. Forcé de reconnaitre qu’il y a cette crainte, lancinante, que les multiples engagements de Leone prennent le pas sur le reste, comme ils ont pu le faire avec leur amitié, à de multiples reprises. Même si la déception était de rigueur, elle était bien moins vive qu’elle ne le sera à l’avenir, s’il retrouve seul au restaurant ou à poireauter quelque part, attendant quelqu’un qui ne viendra pas. Il ne peut s’empêcher d’y penser, même s’il sent un vent de bonne volonté chez l’italien. Une envie de bien faire, de s’engager, d’essayer quelque chose sans s’y forcer et se noyer ensuite dans ses engagements plutôt que d’affronter la réalité.
Leur réalité.

Alors, il le garde contre lui, il lui sourit, sincèrement, parce qu’il est forcé de reconnaitre qu’il se sent bien, là, à ses côtés. Les réflexions et autres questions agiteront son cerveau dés lors qu’il se posera chez lui, mais d’ici là, il refuse de les laisser prendre le dessus. Tous les deux ont droit à une chance, à la possibilité de s’essayer au fait d’être un couple. À cette discipline plus pratiqué depuis longtemps mais que chacun rêve de réussir à nouveau.
Rien que de contempler la beauté de Leone et de laisser les espoirs porter son coeur, suffit à faire sourire Dario un peu plus. Surtout lorsque le chirurgien lui parle des messages à venir. « J’ai hâte de voir ça et de pouvoir te répondre avec tout pleins de détails, surtout pour les rêves » Lance t-il, un brin enjôleur, les sourcils haussés alors qu’il sourit davantage et laisse ses doigts empoigner une de ses rondeurs avec possessivité et taquinerie. L’instant se gorge d’une légèreté qui disparait finalement, sous un sérieux plus tendre que lui offre les orbes azur de l’italien. Il écoute chacun de ses mots, relâche la pression de ses doigts pour la muer en caresse délicate contre son bras. « Parce que tu crois que moi ça ne me touche pas ? Leone tu es le pire bourreau de travail que je connaisse, alors c’est surtout moi qui doit être touché que tu veuilles bien me faire une place, de cette façon, dans ta vie déjà si remplie » Avoue t-il, du haut d’une franchise qu’il ne parvient pas à contrôler. Dario n’est que trop conscient de ce privilège qui l’effraie en partie parce qu’il ne sait pas si tout pourra coïncider avec ses envies. Mais il est forcé de reconnaitre que son coeur pulse plus fort rien qu’à réaliser qu’ils se mettent officiellement en couple.
Ce vent nouveau pousse ses espoirs à cheminer de nouveau plutôt qu’à stagner sur les eaux de ses déceptions.

La main libre de Dario, dans celle de Leone, se retrouve contre le coeur d’un Leone qui poursuit, plus sérieux, alors que leurs yeux s’accrochent. À l’intérieur de ses yeux clairs, le fleuriste peut y lire toute sa sincérité, presque déconcertante d’honnêteté. Ses mots le bouleverse et le sicilien en reste silencieux. Son cœur s’accélère et se serre tout à la fois. Il prend conscience de toutes ces réalités qui parfois, seront difficile à la vivre, il est forcé de le reconnaitre. Tous les deux ont passé l’âge de rêver d'une histoire parfaite et sans tâches, qui n’arrivera pas. Ils n’ont que trop conscience, l’un et l’autre, de tout ce qui les rapprochera comme les déchirera, mais Dario se jure que rien ne sera jamais insurmontable. Qu’ils affronteront tout. Pas juste parce qu’il le faut, mais parce que leur démarche est sincère et portée par l’envie de construire quelque chose de durable, de stable et de sincère.
À la conclusion des derniers mots, il se rend compte des larmes d’émotion qui dansent au fond de ses yeux. De tout ce qu’il ressent en cet instant, parce que personne ne lui a jamais fait une telle déclaration. Peut être était-il simplement enlisé dans ses mauvais choix ? Dans des partenaires ne lui correspondant pas, mais tout ce que lui offre Leone ce soir tranche brutalement avec tout ce qu’il a connu. Il n’y a que son premier et grand amour adolescent, qui a eu le mérite de le troubler de la sorte. Mais cela était il y a si longtemps, qu’il ne peut en comparer les ressentis. Ici, ce soir, il est un adulte embrassant enfin un rêve secrètement désiré, peut être encore maladroit et hésitant, mais pas moins sincère. Alors, l’autre main de Dario vient se glisser contre sa joue qu’il caresse délicatement du pouce. Il déglutit pour ravaler ses larmes et le fixe, lui et tout ce que Leone transporte avec ses mots et ses engagements. « Je sais déjà que j’ai raison de te faire confiance, rien que par tout ce que tu viens de me dire » Et il récupère sa main pour se frotter les yeux. « Rhaa merde » Jure t-il en riant légèrement, chassant l’émotion de ses prunelles. « Je signe pour tout ça, pour tout ce que tu me dis, les hauts comme les bas. J’ai conscience que ça ne sera pas toujours idéal, pas toujours facile ou parfait, parce qu’on est plus des gamins aux rêves désabusés mais qu’on a aussi conscience de nos réalités mais… » Il déglutit, cherche ses mots. « Je veux tout, Leone. Je veux tout, avec toi » Les yeux dans les yeux, le coeur battant à l’unisson du sien. « Et je ne dis pas ça parce que tu es probablement en train de me faire la plus belle déclaration de toute ma vie » Il sourit, amusé mais à la fois touché. « Il faut que tu arrêtes de regarder les films de Hugh Grant, je fais comment moi après ? » Sur une note plus légère pour cacher la force de ses émotions, qui dansent pourtant dans ses yeux, sur son coeur et jusqu’à ses bras qui viennent s’enrouler autour de lui, alors qu’il dépose un baiser sur son épaule. « Moi aussi je vais faire en sorte de ne pas avoir peur » Murmure t-il contre sa peau.

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Mar 1 Déc - 1:24
La main de Leone s’égara furtivement pour accrocher l’ombre d’une larme, avant de retourner serrer celle de Dario, convulsivement, comme s’il avait peur que cette dernière ne s’échappe et que la chaleur de sa paume contre la sienne lui était aussi nécessaire que l’oxygène qui irriguait ses poumons. Lui-même se mordit la lèvre inférieure, sentant une forme d’émotions l’envahir alors qu’il se répétait, jusqu’à l’ivresse, les mots qu’il venait d’entendre. Il voulait tout avec lui. Depuis combien de temps avait-il rêvé qu’on lui dise cela ? De ne pas être pris en dépit de. D’être un ensemble, avec ses qualités et ses défauts. Et oui, il avait conscience de ne pas être le packaging le plus engageant au monde. Parce que, comme l’avait souligné le fleuriste, comme le lui avaient reproché pratiquement tous ses ex-compagnons, il était un bourreau de travail qui ne s’arrêtait jamais. Son métier était prenant, chronophage, et parfois difficile mentalement. Il fallait supporter son quotidien, fait de vie et de mort. Et encore ses engagements, avec leurs beautés et leurs cruautés. Il y avait aussi l’aspect moins visible, mais cependant évident : celui de vivre dans son monde de fantômes. Ils peuplaient ses souvenirs, ses tirades enflammées, souvent ses prunelles. Le chirurgien et son syndrome du survivant impliquaient une dévotion à une cause qui était parfois étouffante. Enfin, il y avait son attachement viscéral à sa grand-mère, cette fusion que beaucoup ne comprenaient pas, surtout à son âge. Mais ils n’avaient pas vécu ce qu’ils avaient traversé, ensembles. Ils ne pouvaient pas comprendre ce qui les liaient. Vouloir une relation avec lui, c’était tout ça : c’était le prendre lui, ses peurs, ses emportements, ses obsessions, ses maladresses. C’était aussi vouloir de lui, éprouver ce désir qu’il recherchait tellement mais craignait de voir se matérialiser. Est-ce qu’il comprenait pourquoi Dario le choisissait ? Non, cependant, il n’avait aucune envie que ce dernier ne réalise son erreur. Il l’en empêcherait, aussi longtemps qu’il le pourrait. Il lui donnerait raison de lui faire confiance. Soupirant en sentant les lèvres de son amant contre son épaule, un frisson le parcourant agréablement, il laissa ses ultimes paroles tinter au creux de son oreille et de son cœur, avant de le prendre simplement dans ses bras, dans une étreinte à l’intimité douce. Un jour, il devrait le relâcher. Le laisser s’en aller. C’était ce qu’ils faisaient tous : passer, l’aimer, le quitter. A raison. En attendant, il pouvait espérer, tandis qu’il le serrait contre lui, à en crever, à en vivre, à se perdre dans son cou, dans l’odeur de sa peau, dans le parfum de ses cheveux, et dans cette flagrance qu’il avait imprégnée sur son épiderme, dans la chaleur des draps enflammés cette nuit. Il avait l’impression confuse qu’ils scellaient quelque chose, à travers cette embrassade qui durait. Comme un pacte. Restait à l’immortaliser. Se détachant légèrement, Leone se rapprocha de l’oreille de Dario et murmura :

« Dans les films, c’est le moment où les amants s’embrassent sous la pluie. Je n’ai pas de pluie … mais ce que tu peux faire quand même, c’est m’embrasser. »

Et il attendit, muet, que les lèvres de Dario viennent sonner le clap de fin de leur aventure, et le commencement d’une nouvelle. Là, dans ce lit, dans cette chambre, dans ses bras, il attendrait bien une éternité, et dans leur chef d’œuvre, il n’y aurait pas de générique. Ils inventeraient sans cesse de nouvelles scènes, pour créer un monument à la gloire de cette matinée, de ce qu’ils s’étaient dit, de ce qu’ils avaient promis. Il avait hâte de voir vers où cela les mènerait, ce qu’ils découvriraient. Mais ce serait plus tard. Pour le moment, il se contentait de savourer ce moment si particulier de la présence d’un compagnon chez lui, le matin, avec qui il pouvait se permettre de rêver à une suite.

Avait-il jamais voulu un autre destin que celui d’un rêve en commun ?

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