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welcome to the PTA, we've got fun and games | magdalena

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Lun 16 Nov - 15:59
Il est 17h tapantes et Marisol se gare dans un crissement de pneus sur une des places encore libre du parking de l'école de son fils. Elle n'est pas encore en retard et, considérant qu'elle arrive avec une boîte de brownies gluten et arachides free, on ne lui en voudra pas. Et puis, le chèque au nom de l'association des parents d'élèves qu'elle doit remettre pour sa cotisation annuelle devrait aider aussi. La somme n'est pas due avant la semaine prochaine, mais la plupart des mamans parfaites ont bien entendu déjà envoyé le leur, dans une belle enveloppe qui sent le jasmin et est estampillée du blason familial au dos. La mère de famille profite d'être encore seule dans sa voiture pour inspirer et expirer profondément, regarde sa mine un rien fatiguée dans le rétroviseur et se décide finalement à affronter le gang des mamans.

En vérité, la journaliste ne s'est pas si mal intégrée et a même rencontré quelques parents sympathiques, avec qui elle boit un café de temps en temps et échangent des recettes. Le corps enseignant l'apprécie également, Miguel est parfaitement acclimaté et progresse à un rythme normal. Mais, le saint des saints, le bureau de l'association, les grandes prêtresses de cet étrange culte, ces femmes toujours aussi souriantes qu'agaçantes, Marisol sait qu'elles n'approuvent pas. Et, au début, elle a essayé de se faire apprécier, d'ouvrir le dialogue. Mais elle a rapidement compris qu'elle n'aurait jamais assez de temps à leur consacrer, ne ferait jamais assez bien, ne saurait égaler leur toute puissance mère au foyer parfaite. Et après avoir mis les points sur les i par rapport à quelques remarques des plus politiquement incorrectes dites dans son dos, une forme de coexistence pacifique s'est mise en place.

« Bonjour tout le monde! » lance-t-elle avec un sourire en entrant dans l'arène. Elle fait un signe de la main aux quelques têtes connues, pose son tupperware sur la table du buffet et se sert un café. La réunion n'est pas encore lancée et les parents - les mères, surtout, si l'on est honnête - piaillent dans tous les recoins. Pire que leurs enfants. Marisol repère alors une silhouette blonde, qu'elle a déjà vu une ou deux fois à la sortie de l'école et qu'elle se souvient avoir accueillie à son arrivée « Magdalena? » La journaliste sourit et lève un gobelet en carton en direction de l'autre maman « Je te sers un café? » Elle désigne du menton les pâtisseries, dont une pile de macarons aux couleurs peu attrayantes. « Un conseil, évite les macarons d'Ellen. Elle s'obstine à utiliser d'obscurs colorants naturels et ça donne à tout ce qu'elle fait un goût de betterave périmée. Normalement, tout le monde en mange un pour lui faire plaisir, mais je crois qu'un privilège de nouvelle devrait être d'y échapper. » Elle rit légèrement et ajoute « Comment vas-tu, depuis la dernière fois ? J'espère que le gang ne t'a pas embrigadée dans quelque chose que tu n'as pas envie de faire. » La brune chuchote la fin de sa phrase, à la fois pour la plaisanterie, mais aussi parce qu'elle sait que les dictatrices de la cour de récré ont des oreilles partout.

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Dim 13 Déc - 17:38
Christian est un homme insupportable. Magda se demande bien souvent comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil, imbu de sa personne et fier de ses conneries. Plutôt que de perdre son temps, toute sa vie, à essayer d’être assez bien pour séduire, puis garder Christian, elle aurait mieux fait de s’employer à chercher quelqu’un d’autre. Un homme gentil, attentionné par exemple. Qui l’aurait sauvée de l’oppression familiale. Ce n’est pas comme si Magda ignorait les nombreux problèmes psychologiques qui sont les siens quand on vient à parler de sa famille ; et longtemps, elle a cru qu’elle se déferait facilement de l’emprise maternelle. Mais loin s’en faut. Elle s’est efforcée toute sa vie de garder auprès d’elle cet homme qui correspondait en tous points aux idéaux familiaux. Longtemps, Magda a cru que Christian la réconcilierait avec sa famille une bonne fois pour toute.

Et voilà le résultat. Des années foutues en l’air, un retour brutal à la case départ. Dans la dépendance de la maison familiale de Staten, Magda a l’impression de vivre une torture de chaque instant. Elle ne trouve de répit que quand elle peut s’échapper un moment de tous ces souvenirs - mais son esprit la ramène sans cesse à ses échecs. Humiliée, elle a l’impression d’avoir quinze ans à nouveau. Les remarques fusent - sur ses tenues, l’éducation de ses enfants, le sucre qu’elle glisse dans son café, la glace qu’elle mange devant Bridget Jones, le silence qu’elle tente d’opposer à son mari. Tout est bon pour émettre un jugement qui ronge chaque jour un peu plus le peu d’égo qu’elle se bat sans relâche pour maintenir à flots.

Christian, l’objet de sa torture et de nombre de ses maux, est celui qui a inscrit son nom sur cette fichue association des parents d’élèves. Elle ne sait pas ce qu’elle fout là - à part payer et cuisiner une tarte. Elle n’a jamais fait ça parce qu’elle n’a jamais eu envie de jouer le rôle des mères parfaites. Avant, Magda était convaincue que son couple et leur cercle d’amis était tout ce dont elle avait besoin. Il a soumis son nom, et très vite, elle a été recontactée. Sans doute parce qu’elle est pédiatre, peut-être aussi parce que le nom de son mari souffre d’une certaine réputation quand il s’agit de peaux liftées et de seins refaits. Et la voilà plongée en zone ennemie, cramponnée à son sac. L’humidité fait boucler aléatoirement ses cheveux qu’elle a pourtant pris soin de lisser pour tenter d’être le plus invisible possible à cet évènement étrange. Elle pense que si elle reste dans son coin, elle va finir par disparaître, et ainsi, être tranquille. Mais elle voit les regards glissés dans son coin, mêlés d’incompréhension. Elle croit y déceler une forme de jugement, aussi, mais elle se convainc non sans mal que ce n’est que sa parano habituelle qui parle.

Une voix familière la tire de ses pensées. Elle n’a pas entendu Marisol arriver ; elle a simplement entendu son prénom claironné avec bonne humeur. Voir un visage familier dans cette horde d’inconnus lui apporte un soulagement certain. Elle se redresse et rejoint la brune sans se faire prier.

- Avec plaisir, ça me réveillera un peu, elle murmure pour accepter la proposition d’un café salvateur. Je suis contente de voir un visage familier, j’ai presque l’impression d’être livrée dans une arène...

Ce n’est pas pour rien si elle a toujours laissé le côté sociable de leurs sorties familiales à Christian, toujours infiniment plus doué pour jouer les pères délégués - et charmeurs et infidèles.

- C’est noté, pour les macarons, merci du tuyau. Ca va, et toi ?

Elle offre un sourire en s’emparant de la tasse de café et regarde les pâtisseries étalées sous son nez avec frustration et remords. Et puis elle attrape un morceau de gâteau.

- Pour l’instant, personne ne m’a adressée la parole - j’ai l’impression d’être passée au crible de l’analyse. C’est sans doute dans ma tête. Hm. Cette question va te paraître étrange, sans doute, mais qu’est-ce qu’on est censées faire ? A part, payer, j’entends.

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Jeu 24 Déc - 0:26
Avec un sourire doux, Marisol tend le gobelet de café, pas franchement un grand crû d'ailleurs, mais cela remplit sa fonction première et donne un petit coup de fouet pour tenir le choc de cette énième épreuve de la journée. La vie d'une mère de famille moderne est toujours bien remplie, entre ce genre d'engagement, le transport constant d'enfants à l'école, au foot, chez mamie, chez les camarades de classe et, accessoirement, les contraintes professionnelles et quelques plaisirs personnels. La brune a donc tout autant besoin d'être requinquée et soutenue que la "nouvelle." Elle rit un peu face à sa description de l'événement, ne pouvant pas franchement lui donner tort non plus. « Ecoute, a priori, personne ne devrait finir dévorer par un lion, mais c'est vrai qu'il y a une certaine hostilité dans l'air parfois. » Peut-être est-ce excessif et que ce n'est que l'effet clan, jamais très accueillant pour celles qui n'en font pas partie. Mais, si la journaliste peut se faire une amie plus sincère dans la marée de parents, elle ne va pas s'en priver.

Avec sagesse, Magdalena s'éloigne des macarons et opte pour un gâteau, qui semble plus attrayant. L'autre mère décide de faire de même et avale donc une bouchée avant de répondre. « Ca va aussi, c'est la course, comme toujours, mais tout va bien. » C'est sans doute un portrait un peu plus rose que la réalité de son quotidien, la distance avec John et ses relations compliquées avec Catriona jetant certainement une ombre sur un tableau autrement ravissant. Et il y a la présence d'Arturo à New-York, toujours mi-figue, mi-raisin pour son frère et sa sœur. Mais, tout le monde est nourri, logé et en bonne santé. Et c'est déjà beaucoup.

La blonde lui partage alors le sentiment d'être observée qu'elle ressent depuis son arrivée, ce à quoi Marisol ne peut que hocher la tête avec compassion. « Ce n'est pas dans ta tête, les gens ici ont tendance à jauger les nouvelles personnes, les mères en particulier bien sûr. » Le moindre papa faisant acte de présence se voit auréolé d'une odeur de sainteté dont aucune mère de famille fournissant aussi peu d'efforts ne se verrait doter. Une des énièmes injustices de ce monde. Sa camarade du PTA s'interroge alors sur son rôle dans cet établissement, n'ayant pas été très briefée. Un sacré manquement du bureau, d'ailleurs, qui cherche sans doute à tester cette mère qui travaille et pas qu'un peu.

Mari retient un froncement de sourcils, préférant un sourire encourageant. « En soi, payer, c'est l'essentiel, on ne va pas se mentir. On pourrait d'ailleurs discuter de l'audace d'une école privée de demander, en plus des frais d'inscription, une adhésion à l'association des parents mais bon, une autre fois peut-être. » Inutile de dire qu'elle a un avis bien tranché sur la question, mais elle réalise aussi l'hypocrisie et le privilège de ce genre de débat. Aussi, elle poursuit son explication. « Ca finance la garderie, les sorties, les interventions pédagogiques, tout ça. Et au delà de ça, on peut te demander une participation, pour vendre des gâteaux, aider à préparer la fête de fin d'année, encadrer une excursion… Tu n'as aucune obligation hein, rassure-toi! »

Mais, les décisions sont examinées sous toutes les coutures et il lui semble malhonnête de ne pas prévenir Magdalena. « Après, tu as le bureau, la petite clique de filles là bas. » Elle les désigne d'un vague mouvement de tête, faisant mine de ne pas leur prêter attention. « Elles sont trèèès investies et essaient toujours d'encourager les autres à faire plus, tout en aimant se sentir supérieures parce que personne n'est aussi impliquée. Je te conseille de ne pas les laisser t'affecter et de vite les recadrer, sinon, tu risques de ne jamais en voir le bout. » Réalisant qu'elle ne connaît pas si bien la médecin, elle ajoute. « Enfin, si c'est ton truc et que tu as envie de faire partie de 3 groupes WhatsApp différents dédiés à l'école, je ne veux pas t'en empêcher! Elles ne sont pas si terribles, juste… très dévouées à leur identité de mère au foyer. » Une manière comme une autre de dire obsessionnelles, barbantes, dans le jugement, snob et un tantinet trop enclines à acheter des produits sur Goop ou questionner la vaccination des enfants. Mais, encore une fois, il lui faut se faire une meilleure idée de la nouvelle venue pour partager ce genre de pensée.

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Dim 31 Jan - 16:59
Si Magda avait été une femme courageuse, à meme d'affirmer ses opinions, elle aurait sans doute hurlé sur Christian pour le forcer à venir à sa place. Du franc parler, elle n'en n'a pas vraiment cependant, et encore moins quand il s'agit de son ex-mari. Confrontée à lui, elle a l'impression d'être redevenue l'adolescente mal dans sa peau et, après, la jeune adulte étudiante dans le même état. Telle une biche égarée, elle n'est jamais vraiment revenue de sa surprise à l'idée d'avoir réussi à prendre un homme comme Christian dans ses filets. Aujourd'hui, elle sait pourquoi. Ca aurait été incroyable s'il avait su rester fidèle - mais il ne l'a sans doute jamais été. Ca, c'est une chose qu'elle ne comprend pas - s'il ne supportait pas l'idée d'être avec elle et elle seulement, pourquoi l'avoir épousée ? Pourquoi n'avoir pas plutôt décidé de rester célibataire ? Ou d'en épouser une autre ? Ces questions tournent en boucle dans sa tête et elle ne parvient pas vraiment à trouver de réponse. Sa mère pense que ça vient de son horrible personnalité - à elle bien entendu. Son père est silencieux, son psy opine du chef avant d'annoncer le prix de la consultation, et Magda se retrouve au milieu de tout ça avec ce tourbillon de questions dans la tete. Toute seule.

- Hostilité, c'est encore gentil, elle souligne en jetant un regard en coin aux harpies dont elle a l'impression d'être l'objet de la conversation. J'ai l'impression d'être entrée avec une pancarte de femme trompée autour du cou.

Elle grimace un peu et s'empêche d'ajouter quoi que ce soit - elle n'a pas envie de passer pour le genre de femme au foyer drama queen qu'elle est progressivement en train de devenir. Plutôt que de s'enfoncer encore un peu dans ses travers, elle sourit à Marisol qui lui raconte que sa vie est mouvementée, ce qu'elle n'a aucun mal à croire.

- Tant mieux, si ça va. Tu as quand même du temps pour toi, au milieu de toutes ces choses à faire constamment ?

Elle, elle peine parfois un peu à souffler. Même les semaines où elle n'a pas les enfants, elle a du mal. Il faut dire à sa décharge qu'habiter avec ses parents n'est pas la meilleure idée qu'elle ait eue.

- Merci, tu me rassures. C'est mon abruti de mari - ex-mari, je veux dire - qui a suggéré que j'allais venir. Comme si lui ne pouvait pas se libérer autant que moi pour... venir ici. Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas, hein, simplement...

Elle hausse une épaule un peu découragée. Simplement elle passe sa vie partout, et en ce moment, on ne peut pas dire que les apparitions publiques soient son fort. Elle aurait préféré s'enterrer dans son coin en attendant que l'orage ne passe.

Cela dit, la présence de Marisol lui apporte un soulagement réel et elle écoute avec attention la mère de famille qui lui explique le fonctionnement de l'endroit. Un peu comme au lycée, somme toute - là où la compétition battait son plein entre tous les élèves. Elle grimace légèrement, peu friande d'un retour en arrière dans ces années là qui n'ont pas achevé de la traumatiser, encore aujourd'hui. Elle n'a jamais été du genre à rentrer dans le moule, jamais assez bien pour appartenir à ceux qui brillent. Le bureau ne l'accueillera pas plus cette année que les cheerleaders au lycée - la seule différence, c'est qu'aujourd'hui, elle s'en fiche pas mal. En tout cas, elle donne l'impression de s'en foutre de manière bien plus efficace qu'auparavant. C'est déjà pas mal.

- Quelle horreur... elle réplique une fois que Marisol lui a expliqué en détail le fonctionnement et les prétentions du "bureau". Elle retient un rire un peu ironique, trouvant la situation parfaitement ridicule. Non moi tu sais, je n'aspire qu'à être discrète. Je vais faire un chèque quand on me le demandera, et me contenter d'organiser quelques sorties si besoin, mais mon objectif premier, à dire vrai, c'est qu'on m'oublie vite...

Elle réalise qu'elle peut sembler être une mère indigne qui n'a qu'une hâte, ne surtout pas s'occuper de l'extra-scolaire de ses enfants.

- Je n'ai pas eu l'occasion de le repréciser, dans le fil de la conversation, mais j'adore mes enfants, naturellement. Je suis ravie de pouvoir m'impliquer davantage dans la vie scolaire.

Elle accompagne cette réflexion d'un sourire ironique et avale le café qui est en train de refroidir entre ses mains.

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Lun 8 Fév - 20:57
Un peu gênée, Marisol danse d'un pied sur l'autre en entendant la remarque de la blonde sur son statut de femme trompée. L'infidélité est un sujet un peu délicat pour la bonne catholique qui a volé le mari de quelqu'un d'autre, il y a plus de quinze ans maintenant. Et autant, elle aimerait pouvoir rassurer Magdalena, lui jurer que non, personne ne pense ça, voyons, quelle idée, autant, elle sait que ce ne serait que pure hypocrisie. Après tout, si même elle - loin d'être la plus informée des mamans du quartier - a eu vent des rumeurs circulant sur le compte de Mrs Murray, qui vit mystérieusement chez ses parents. Comment ces fouines savent-elles de telles choses, elle n'en sait rien. La journaliste en elle ne peut s'empêcher de penser que si, un jour, une véritable affaire survenait dans le coin, les dévouées membres du PTA feraient d'excellentes sources. Car, après les années à les fréquenter de loin, elle est forcée d'admettre que leurs infos n'ont que rarement été fausses. Largement exagérées, plaçant la faute sur la mauvaise personne, mal intentionnées, oui. Mais rarement pure fadaises. Aussi, elle se contente d'un léger sourire, qu'elle espère plus compatissant que triste et ne trouve pas grand chose à dire. « Elles trouveront un autre sujet de cancans d'ici peu, ne t'en fais pas. » Ce n'est guère rassurant, mais ça a le mérite d'être vrai. Aucun mini scandale ne dure plus de quelques semaines par ici. La dernière affaire qui a tenu en haleine le quartier quelques mois impliquaient un ancien professeur et une grossesse adolescente. Il en faut donc plus qu'un goujat pour alimenter the rumor mill.

Gentiment, Madgalena s'inquiète alors de savoir si la brune a du temps pour elle. Eternel sujet de discussion entre mères, qui ne peuvent jamais être entièrement honnêtes. En effet, soit elle peut dire que oui, elle a décidé de se focaliser sur ses actions de bénévolat et son travail ces derniers temps, voyant donc son budget de nourrice grimper et ce vieux sentiment de culpabilité ressurgir. Soit elle peut faire mine d'être entièrement consacrée à sa famille, dans une étrange caricature de mère au foyer des années 50. Ou elle peut prétendre tout jongler parfaitement et perpétuer une image toxique de perfection. Quant à dire la vérité pleine et entière, il faudrait plus qu'une réunion du PTA pour ça. Alors, Marisol adopte une forme de compromis. « Honnêtement, j'essaie de faire en sorte que oui, j'ai pas mal d'aide, de ma famille entre autres. Et puis, mon aînée est grande maintenant, même si ça me fend un peu le cœur de la voir déjà au lycée, plus elle s'émancipe et plus j'ai de temps libre. » Elle hausse une épaule, l'air de dire ainsi va la vie. Et ne manque pas de retourner la question, faisant en sorte d'être aussi vague que possible. « Et toi, tu y arrives? » A prendre du temps pour elle, à gérer son métier incroyablement prenant et sa progéniture, à venir à bout de ses troubles conjugaux… A Madgalena d'interpréter la question comme bon lui semble.

« Ouais, c'est une embuscade quoi. C'est vraiment pas cool de sa part. Tu sais, je suis sûre qu'il y a moyen de proposer une action impliquant spécifiquement les papas. Tu sais, dans une démarche féministe et inclusive… Cette bande de #girlboss ne pourra pas dire non. Si tu penses que c'est quelque chose qui peut intéresser ton ex-mari, bien sûr. » Un sourire taquin passe sur les lèvres de la journaliste, qui n'a pas utilisé la partie roublarde de sa personnalité depuis quelques temps. Aujourd'hui, elle réserve cela principalement à quelques blagues à faire à Alejandro, mais si son ingéniosité peut servir la cause d'autrui, elle ne saurait les en priver. Avec un regard complice pour l'autre maman, elle hausse les épaules, l'air de ne pas y toucher.

Après sa petite présentation du bureau, la pédiatre semble un peu déconfite et Marisol s'en veut presque d'avoir été si franche. Mais mieux vaut qu'elle l'apprenne maintenant, plutôt qu'elle se retrouve mise au pieds du mur pour une vente de cupcakes à préparer en deux jours. Non pas que ça lui soit arrivée sa première année, pas du tout. Des cupcakes, quelle idée. Tout le monde sait que faire des brownies ou autre gâteau facile à préparer en grande quantité et à tranche est la meilleure manœuvre. La brune hoche la tête en entendant Magdalena dire vouloir se faire oublier. Un sentiment qu'elle comprend bien, même si, fatalement, elle finit toujours par s'attirer l'attention du mummy crew. Pas forcément en bien d'ailleurs. La blonde se sent toutefois obligée de se justifier, ne manquant pas d'arracher un rire léger à Marisol. « Oui, c'est une passion commune de toutes les mères de passer des heures sur les bords d'un terrain de foot ou à écouter des Brittany et des Karen expliquer pourquoi il faut enlever les arcs en ciel des salles de classe. » Elle lève les yeux au ciel et finit sa part de gâteau, tout en confirmant ce que l'autre femme doit penser. « Et oui, c'est vraiment arrivé, je ne me suis pas fait que des amies ce jour là. »

Elle tourne le regard vers Magdalena, un peu plus sérieuse cette fois. « Je te comprends tout à fait, honnêtement. Je préfère passer du temps avec mes enfants chez moi, au parc, à l'église, dans une maison de quartier que de verser encore et toujours de l'argent dans cette école. Mais, je ne veux pas les priver de leurs amis ou d'opportunités, alors on fait tout ce cirque. » First world problems s'il en est, la journaliste en a bien conscience. Mais il est toujours agréable d'en discuter avec quelqu'un qui est en mesure de comprendre. Du moins, elle l'espère.

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Mar 16 Fév - 23:02
Christian est un homme charmant, ce qui ne va pas franchement dans le sens de Magda. Plus, en tout cas - parce que si elle est tout à fait honnête, à une période, elle ressentait une certaine fierté à l’idée de parader au bras d’un homme aussi beau et aussi parfait. Elle n’est pas stupide, elle remarquait bien les regards entendus et les sourires charmeurs des femmes autour d’eux. Simplement, elle n’a jamais imaginé qu’il pourrait la tromper. Ce qui était sans doute prétentieux, quand elle y songe à présent. Elle n’avait rien de plus que les autres, rien qui ne justifie, en tout cas, un traitement de faveur. Christian était bien trop bien pour elle dès le départ - et quand elle dit bien, elle pense beau, en réalité, car il était loin d’être un homme particulièrement bien, car les hommes bien ne trompent pas leurs femmes.

- Je ne m’en fais pas vraiment, mais j’ai bien peur que mon futur ex-mari se plaise beaucoup à être le centre des sujets de conversation, et qu’il y prenne un soin méticuleux pour les semaines à venir.

Elle soupire un peu et hausse une épaule défaitiste, cramponnée à sa tasse de café comme elle pourrait s’accrocher aisément à un verre de vin. Elle gagnerait indéniablement à s’échapper de la maison parentale pour retrouver une vie normale - et plus solitaire. Mais son esprit perturbé devient facilement mono-tâche, ce qui est un obstacle évidemment à la plus facile des missions - comme chercher une maison, par exemple. Toute son attention se divise péniblement entre ses enfants et sa dignité. Ce qui la prive sans doute de temps pour elle, cela dit.

- C’est toujours un peu la course, j’imagine. C’est vrai, au lycée ? Ça doit faire bizarre... Je t’avoue que j’ai à peine vu grandir les miens. Moi je devrais théoriquement pouvoir avoir du temps pour moi, mais disons que dans la mesure où je suis retournée vivre chez mes parents qui sont des tortionnaires en puissance, j’ai tendance à multiplier les heures de consultation et de garde histoire d’être le moins possible en leur compagnie. Ce qui finalement me laisse à peine le temps de siroter un café ici, d’écrire un chèque et de retourner travailler.

Elle grimace un peu comme si elle venait juste de prendre conscience du fait qu’elle est une horrible mère, et hausse une épaule. Ses défauts, elle les embrasse bien volontiers. A une époque, se fondre dans la masse des parents d’élèves à l’école privée de ses enfants aurait représenté un objectif sinon un rêve. Aujourd’hui, elle s’en fiche un peu. Elle souhaiterait juste que la vie de ses enfants ne soit pas compliquée, et s’il faut qu’elle en passe par les mondanités, elle est prête à le faire - ce qui fait sans doute d’elle une mère pas si mauvaise que ça en fin de compte.

- Hm, tu as parfaitement raison, cela dit. Je vais me faire un plaisir de trouver une activité que ces messieurs assumeront, ça lui fera les pieds. Et puis, c’est très important de conserver un moment privilégié entre les enfants et leurs deuxièmes parents, après tout.

Elle avale une gorgée de café pour dissimuler un sourire entendu en essayant d’imaginer dans quelle galère elle pourrait embarquer son futur ex-mari sans avoir l’air d’y toucher. Marisol lui fait gentiment la présentation de l’état des lieux, et Magda laisse errer ses yeux sur les visages inconnus mais pourtant déjà familiers des mères de famille qui discutent en groupe.

- Oui, j’ai la même impression. Je le fais surtout pour eux, sinon... Je ne sais même pas s’ils fréquenteraient cette école si j’avais pris la décision seule. Me planter au bord d’un terrain de jeux pour encourager mes enfants, j’ai l’impression que c’est le rôle auquel on a voulu me foutre toute ma vie. Ca me donnerait une amère sensation d’échec d’en arriver là. Je préparerai plutôt des cocktails pour passer le temps dans les gradins. Ca aidera à passer le temps - et l’ennui, j’imagine. Parce que crois-moi, aucun de mes enfants n’est destiné à une brillante carrière sportive...

Elle rit un peu et hausse une épaule, distraite. Elle aimerait comprendre pourquoi elle éprouve une telle aversion pour ces mondanités - sans doute cela vient-il de son enfance.

- Tu crois que ces mères sont vraiment parfaites ? Parfois, ça me donne des complexes. Pas pour moi, mais pour les enfants surtout.

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Mer 24 Fév - 19:32
Marisol grimace un peu quand la blonde lui explique que son ex-mari se complait apparemment à être le centre de l'attention, toute mauvaise soit-elle. Malgré les apparences, un bon nombre de mamans de ce quartier sont un poil conservatrices et ne voient pas le divorce d'un bon œil. Et même si elles auront tendance à pardonner plus facilement à Monsieur qu'à Madame - question d'habitudes - il ne faudrait qu'il s'imagine avoir un fan club. Mais la journaliste laisse son visage parler pour elle sur ce coup, n'ayant aucun intérêt particulier pour le sort de l'intéressé. Plus elle en apprend sur cet homme, moins elle a envie de le croiser, malgré toute la charité chrétienne qu'elle s'efforce de porter.

Magdalena en vient alors à lui expliquer qu'elle vit actuellement chez ses parents, sans doute après avoir abandonné la maison familiale en raison de la séparation. Evidemment, la brune se garde bien de poser toute question à ce sujet, mais elle peut aisément imaginer le calvaire que cela peut représenter. Même si sa chère maman avait la place de les accueillir, Marisol se demande si elle pourrait emmener toute la famille chez elle. Nul doute que le conflit ne saurait tarder, l'aînée des Paredes s'étant irrémédiablement éloignée de sa mère le jour où elle est retournée à Mexico. Il y a des choses irréparables, malgré tout l'amour et le soutien qu'elles s'apportent, malgré tous les efforts, les effusions, les larmes et les cris. Sans doute le scénario est un peu différent pour la blonde, mais elle peut sans mal imaginer les mille et une raisons qui peuvent la pousser à les voir comme des tortionnaires.

Elle opte donc pour un sourire compatissant et, en bonne grande sœur pragmatique, bascule rapidement sur des propositions très concrètes. « Oula, oui, ça doit être rude de retourner chez tes parents après tout ce temps, surtout si vous n'avez pas de très bons rapports. J'imagine que tu aimerais déménager? Si tu cherches à Staten Island, je peux te donner le numéro de l'agence qui nous a trouvé notre maison, ça a été plutôt rapide et leurs tarifs sont raisonnables par rapport à d'autres par ici. » L'argent reste un sujet que Marisol préfère traiter avec délicatesse car, même si elle doit toucher un salaire des plus honorables, Magdalena doit aussi avoir des frais considérables avec le divorce. Aussi, elle n'insiste pas plus sur la question et préfère basculer sur un terrain bien plus sûr. « Et tes enfants, ils s'amusent bien chez les grands-parents? Ils ont quel âge déjà? Sofia va avoir 16 ans cet été et Miguel aura 5 ans dans quelques semaines. » Un écart qui fait parfois hausser les sourcils mais la journaliste doute que sa camarade du jour soit de ceux-là.

Elles échangent un petit sourire entendu, à l'idée de mobiliser activement les pères de famille pour une petite activité. Cela dit, si elle veut que cela fonctionne de son côté, Marisol a intérêt à réserver la date dès maintenant avec la secrétaire de John. Il a certes promis de leur consacrer plus de temps, maintenant que la période de campagne officielle se tasse. Mais dans ce pays, un politicien est toujours en campagne et a donc toujours besoin de gens comme John Murphy pour de multiples réunions à Washington. La brune lève son verre en direction de l'autre maman, lui glissant un petit clin d'œil complice. C'est entendu, une petite revanche sera mise en place.

Magdalena lui confie alors partager son sentiment, de faire toute cette mascarade pour leurs enfants, pour leur avenir et leur bien-être. La journaliste joint son rire au sien en entendant ses plans pour les matchs de foot, il lui semble avoir trouvé une bonne alliée au sein du nid de guêpes qu'est le PTA. « Tu sais, j'aime beaucoup ta philosophie, même si j'ai un doute sur la viabilité d'importer des cocktails dans une école primaire. » Elle ricane à nouveau et ajoute. « Cela dit, Miguel ne s'est pas encore essayé au foot, je vais peut-être découvrir que c'est une nécessité pour endurer les entraînements… Sofia est plus natation, un peu de gym pendant un temps, mais c'était plutôt sympa à regarder. » A l'exception du Superbowl, la brune ne s'intéresse pas vraiment au foot américain, qu'elle trouve plutôt laborieux même à ce niveau d'excellence. Par contre si son fils devait se mettre à la version du sport prisée par le reste de la planète, elle saurait tout à fait comment naviguer la chose.

La blonde la prend alors de court, lui posant une question à laquelle elle s'efforce habituellement de ne pas penser. Un bref silence s'instaure, le temps qu'elle retrouve sa contenance. Finalement, Marisol réplique doucement. « Je pense qu'on fait toutes de notre mieux. Et je pense que nos enfants le savent, personnellement, je le dis aux miens. Je dirais aussi qu'avoir une mère qui travaille, qui est indépendante et qui ne vit pas uniquement pour être à leur disposition pleine et entière est une bonne chose, que ça construit un bon modèle. Mais ces dames ne seraient sans doute pas d'accord avec moi. » Elle sourit légèrement, boit une dernière gorgée de son café qui a déjà refroidi, puis se tourne vers Magdalena pour ajouter. « On ne se connaît pas très bien, mais je pense pouvoir m'avancer à dire que tu es la meilleure mère que tu peux être pour tes enfants et que ça ne doit pas obligatoirement correspondre à ce que font les autres. » Il est sûrement un peu présomptueux de sa part de tenir ce genre de grands discours à une femme avec qui elle n'a échangé que quelques banalités jusqu'à maintenant. Mais se serrer les coudes entre mères lui semble primer sur les règles de la bienséance, en cet instant.

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Sam 3 Avr - 20:44
Magda se demande si elle est pénible. C'est une question qu'elle se pose de manière quasiment permanente, le fait de savoir si elle ennuie les gens avec ses histoires ou ses détails. Elle est bavarde ; pas autant que son fils, mais déjà assez bavarde. Elle sait avec réalisme que sans doute, cela doit taper sur les nerfs de certaines personnes. L'espace d'un instant, du coup, Magdalena se perd dans ses pensées et abandonne Marisol le temps de réfléchir au fait qu'elle l'ennuie surement, à radoter à propos de son mari, de ses enfants, de sa présence ici. Sa mère l'a élevée en lui inculquant toutes ces idées sur les choses et les gens - et notamment le fait qu'on ennuie forcément les autres quand on parle trop de soi. Elle prend une inspiration, et tente, comme sa thérapeute - qui a tenté de la sauver - lui a appris, à se focaliser sur l'attitude bienveillante de Marisol qui ne traduit pas de lassitude - pour l'instant.

Son retour chez ses parents, elle s'en souviendra sans doute longtemps. Dire que ce n'était pas simple n'est qu'un petit morceau de la réalité. Elle se souvient encore de la mine déconfite de sa mère quand elle est arrivée sur le pas de la porte avec les enfants - parce que pour la mère de Magda, sans doute aurait-il mieux valu qu'elle encaisse les infidélités de son mari plutôt que de mettre en péril son mariage de la sorte. Le divorce, c'est une abomination, le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau des échecs de Magda. Elle a l'impression d'avoir concédé à sa mère qu'elle n'était pas assez bien en rentrant ainsi après des années de mariage.

- Effectivement, ce n'est pas très simple. J'adorerai déménager oui, mais mon cher mari n'a pas encore décidé s'il voulait racheter mes parts de la maison qu'on occupait ensemble, et... tous ces trucs de droit, c'est tellement compliqué.

Elle soupire un peu et tente de se concentrer sur des idées plus positives, comme les enfants, par exemple.

- Cela dit, si tu as des bonnes adresses, je ne dis pas non. Staten serait l'idéal pour les enfants, histoire de ne pas devoir les rechanger d'école - moi j'aimerais autant fuir le plus loin possible de la maison de mes parents. C'est grave non, de souhaiter ça, à mon âge ? Peu importe, en tout cas, si j'arrive déjà à quitter la maison, ce sera un grand pas.

Magda s'arme d'un sourire quand il s'agit d'aborder les enfants. Heureusement qu'ils sont là - son rayon de soleil dans toute cette grisaille lourde à porter.

- Amelia a 10 ans, et Tommy aura bientôt 6 ans, elle explique sans se départir de son sourire. Amelia est une petite fille très angoissée, je pense que la perspective de toute activité sportive la rendrait trop nerveuse pour qu'elle puisse se mettre en mouvement. Et Tom est un peu jeune, j'imagine. Tu faisais du sport, toi, à l'école ? Moi non, j'étais trop occupée à manger. D'ailleurs quand j'y pense, je ne fais toujours pas de sport aujourd'hui.

Elle jette un oeil aux mères qui ressemblent à des mannequins d'un catalogue de vêtements pour riches bourgeois de Staten et se mord un peu la lèvre pour ne pas rire, perdue à mi-chemin entre sa nervosité et son hilarité.

- C'est gentil, merci. Tu sais, je pense que ton opinion vaut bien plus que ce que ces dames veulent bien penser - à vrai dire, fondamentalement, si je fais un effort, je m'en fiche un peu. Leur présence m'oppresse un peu, mais bon...

Elle n'est pas tout à fait honnête - mais elle essaye de se mentir à elle même pour se convaincre, après tout, ce qui est un mécanisme assez naturel.

- Enfin je sais que je dois essayer de m'en foutre, plutôt. Enfin, le principal, c'est que tu aies raison. On fait ce qu'on peut, et on les aime, ça devrait être le principal non ?

Elle rit un peu et attrape un gâteau - de ceux qui ne semblent pas empoisonnés.

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Lun 5 Avr - 16:43
Marisol se contente de hocher doucement la tête en écoutant la blonde expliquer ses difficultés légales avec la procédure de divorce. Le sujet est un rien épineux pour l'ancienne briseuse de ménage qu'elle est, même si cette appellation est des plus discutables. Il n'empêche que son expérience des divorces reste très limitée et que sa perspective n'est pas généralement celle que les femmes récemment divorcées ont envie d'entendre. Elle ne connaît pas les détails de la situation de Magdalena, mais si une once des rumeurs qui circulent s'avèrent vraies, il vaut mieux qu'elle ne l'ouvre pas trop. « Hmm, j'imagine, ça doit être difficile. » se contente-t-elle donc d'ajouter, adoptant son sourire le plus compatissant.

Mais elles en viennent rapidement au sujet bien plus concret de la recherche d'une maison et la journaliste sort son téléphone, un air plus déterminé sur le visage. Un problème, une solution, une main tendue qui apporte quelque chose de tangible, c'est plus son domaine. « Si tu veux, tu peux me donner ton numéro, je t'enverrai le contact de notre agent immobilier. » Elle tend le mobile déverrouillé à l'autre maman, la laissant enregistrer ses coordonnées. « Et tu sais, je pense que personne n'a particulièrement envie de vivre trop près de chez ses parents. On prend son indépendance pour une raison, ça peut être un peu étouffant de revenir. » Marisol tâche de choisir ses mots avec soin, ignorant quels rapports Magdalena entretient avec sa famille. Et si elle-même adore sa mère, elle n'est pas mécontente qu'un ferry les sépare. Son père, c'est encore autre chose… Elle sourit légèrement, espérant ne pas avoir été trop présomptueuse ou accidentellement blessante.

Le visage de la médecin s'illumine ensuite quand elle lui parle de ses enfants, expliquant que l'une est trop anxieuse pour les sports de groupe et l'autre un peu jeune. Compréhensible, la pression de la compétition est omniprésente dans la pratique sportive scolaire et ce n'est pas pas ce dont une petite fille stressée a besoin. Marisol fronce un peu les sourcils en entendant la ravissante jeune femme faire un parallèle immédiat entre le sport et la nourriture. Pas là où elle pensait en venir, mais soit. Elle ne dit rien, ne pouvant toutefois de noter une certaine nervosité chez son interlocutrice, qui scanne l'assemblée.

La journaliste décide de poursuivre la conversation, se focalisant d'abord sur les enfants, ce qui lui semble moins épineux. « Je suis désolée d'entendre ça pour Amelia, j'espère que ça va aller mieux et qu'elle trouvera une activité qui lui plaise, sportive ou pas, c'est l'essentiel. » Elle hésite un instant, mais répond finalement à la question. « Et sinon, moi, j'ai fait un peu d'athlétisme au lycée, mais je n'avais pas vraiment le temps de m'y mettre sérieusement. » Travailler après les cours et aider sa mère à s'occuper de sa petite sœur a pris le pas sur les activités extrascolaires de toute sorte. « Je fais un peu de sport maintenant, mais ça ne m'empêche pas de bien manger. » Elle ajoute cette dernière phrase avec un petit clin d'œil complice, piquant dans une assortiment de cookies qui lui semble raisonnablement confectionnés.

Marisol est un instant tentée de prendre la bavarde blonde dans ses bras, à la fois pour la remercier de la confiance naturelle qu'elle semble lui accorder et pour la rassurer un peu. Dans le flot de paroles et les traits un peu anxieux de Magdalena, la journaliste voit le reflet de certaines de ses insécurités, souvent alimentées par les mères au foyer au regard condescendant qui peuple ce genre de réunions. Elle se contient tout de même, hochant la tête avec vigueur et plantant ses yeux dans les prunelles claires de l'autre maman. « Oui, l'essentiel est de faire de notre mieux et d'élever des enfants qui seront des adultes dont on peut être fières. » Ce n'est pas tant demandé, même si le chemin pour y parvenir est long et laborieux. « Et je sais que c'est pas facile d'en avoir rien à faire, de ce que disent les autres, mais tant que tu fais ce qu'il y a de mieux pour ta famille, tu n'as rien à te reprocher. Et puis, je suis prête à parier qu'elles sont loin d'être aussi parfaites qu'elles veulent le faire croire. »

Le parfum de conservatisme politique et religieux qui flottent au dessus de certains familles est presque palpable et si l'école est relativement progressive, ou du moins assez neutre, il n'est pas difficile d'identifier certaines personnes avec lesquelles Marisol ne deviendra jamais amie. Mais la journaliste aurait besoin de quelques heures autour d'un bon repas et de mieux connaître Magdalena pour vraiment avoir cette conversation. Elle ajoute donc simplement, dans un petit sourire. « C'est quoi l'expression déjà? La bave du crapaud ne touche pas les colombes? » Elle rit un peu, puis désigne des chaises encore libres dans les rangées du milieu. « On devrait s'installer, avant de se retrouver coincées au premier rang. »

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Dim 2 Mai - 17:53
Le divorce est loin d’être prononcé, et Magdalena est à peu près certaine que Christian fera tout ce qui est en son pouvoir pour l’ennuyer le plus longtemps possible. Ce qui est relativement incompréhensible, d’ailleurs, quand on y pense, car à l’origine du problème, c’est son comportement qui a causé leur séparation. Certes, elle lui a claqué quelques portes au nez quand il a fait mine de vouloir revenir vers elle - mais tout de même. A l’origine, c’est lui qui a causé tout ce mal. Elle, elle n’aurait jamais été capable de le tromper, de toute façon. C’est difficile, oui, mais Magda ne renchérit pas, se contentant de glisser une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle n’a pas envie d’être pénible ; elle qui a déjà l’impression de passer le plus clair de son temps à se plaindre à tout le monde. Petit à petit, elle a l’impression que les gens qui composent son cercle vont finir par se lasser, par l’abandonner. Il y a ceux qui ont choisi le camp de Christian, déjà - et puis il y a les autres, ceux qui n’ont pas envie de l’entendre geindre. Elle comprend, bien sûr - mais si les gens qu’elle connait depuis 20 ans n’ont pas envie de supporter ses jérémiades, il a y fort à parier que Marisol s’en passerait bien aussi. Heureusement, le sujet glisse, lentement mais surement, vers la maison - ce qui est déjà un peu plus neutre.

- Avec plaisir, pour l’agent immobilier. Je t’avoue que je ne dis pas non à ce que quelqu’un s’en occupe pour moi.

Elle pousse un léger soupir de soulagement - tout gérer est bien plus compliqué que ça n’en n’a l’air. Sans doute aurait-elle déjà trouvé un autre endroit pour vivre si elle n’avait pas eu besoin de s’occuper de la scolarité des enfants, des séances de thérapie d’Amelia, de la bataille livrée par son ex-mari, de son insupportable mère et de tout le reste.

- Amelia a toujours été anxieuse, j’espère juste qu’elle ira mieux avec le temps, et que ce que je tente de faire aujourd’hui pour l’aider finira par fonctionner...

Elle soupire un peu et hausse une épaule. Elle ne peut pas faire plus, en tout cas, c’est certain. Magda doute beaucoup d’elle, il est vrai, mais c’est une mère présente pour ses enfants, elle ne peut pas donner beaucoup plus sur ce point. Si elle est une mauvaise mère aujourd’hui, sans doute le sera-t-elle toujours - mais quand ses enfants feront leurs crises d’ado et prétendront que leur père est le meilleur, elle ne manquera pas de leur rappeler qu’elle a dû endurer ces horribles réunions seules.

- Il faudrait que je m’y mette, elle lâche, en parlant du sport, évidemment, car la forme de Marisol la pousse à une analyse minutieuse - et de mémoire - de son propre corps qui pourrait définitivement bénéficier de petites séances de sport. Enfin, je cours déjà partout, j’imagine que ça suffit.

Elle tente de se déculpabiliser malgré le fait qu’elle se souvienne avoir déjà avalé un petit déjeuner conséquent le matin même et songe à sa mère qui fera rapidement le lien entre la brioche largement entamée dans la cuisine et la présence solitaire de sa fille. Un enfer, qu’il faut qu’elle quitte au plus vite - sinon, elle va devenir folle. La présence de Marisol semble être une lumière au bout du tunnel - une main tendue dont elle n’a pas bénéficié depuis un moment.

- Tu as raison, je suis sûre qu’elles dissimulent tout un tas de secrets très intéressants sous leurs sourires hypocrites. Je donnerai cher pour savoir ce qui se cache sous cette apparente perfection.

Elle ricane un peu et acquiesce, suivant Marisol pour aller s’installer.

- Oui, tu as raison. Je suis ici, mais il est hors de question que j’ai l’air d’être trop investie, mon ambition principale c’est quand même qu’on me laisse tranquille.

Elle pique quand même quelques viennoiseries au buffet avant d’aller s’asseoir - il va lui falloir des forces, pour endurer ça.

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Lun 10 Mai - 19:28
Marisol pianote quelques mots sur son téléphone, se fixant un rappel pour trouver la carte de l'agence immobilière et l'envoyer à Magdalena. De nature organisée, elle sait qu'elle a un petit dossier où elle garde ce genre de choses, les cartes de visites, infos utiles en tout genre dont on ne sait jamais quand on va avoir besoin. Et le moment est venu. « Je t'envoie ça asap! » dit-elle avec un sourire.

La brune hoche ensuite la tête, écoutant l'autre mère lui expliquer l'anxiété d'Amelia et ce qu'elle fait pour l'accompagner. Ayant à faire à une femme de sciences, elle suppose que cela inclus un suivi psychologique, mais elle préfère ne pas tirer de conclusion hâtive et ne rien dire. Car si elle est médecin, Magdalena Murray a aussi un nom qui sonne très famille catholique irlandaise et ce n'est pas toujours compatible avec l'accès à la thérapie. Encore une fois, la journaliste ne sent pas suffisamment familière avec son interlocutrice pour envisager une discussion sur cette pente glissante.

Toutefois, elle éprouve une pointe de soulagement égoïste, ses deux enfants ne présentant - pour le moment - aucun signe de trouble psychologique. Evidemment, Sofia a été conviée à discuter avec des conseiller.ère.s en tout genre, vis à vis de son orientation scolaire comme la présence parfois envahissante de sa demi-soeur. Mais pour l'heure, il n'y a pas eu besoin d'aller plus loin et Marisol espère que cela va durer. Ce qui ne l'empêche pas d'être compatissante et rassurante, espérant dégager un côte chaleureux et non condescendant dans sa réponse. « Au moins, tu t'y prends tôt et ça ne peut maximiser ses chances de se sentir mieux. Tes efforts ne seront pas vains quoiqu'il en soit. » C'était une affirmation un rien présomptueuse, mais la journaliste croit fermement que faire de son mieux est déjà beaucoup.

Elle sourit ensuite à Magda, répliquant avec un air complice. « Tu sais, j'ai lu que marcher et utiliser les escaliers, ça compte comme de l'exercice, alors courir partout après ses enfants, ça doit compter aussi. » Surtout avec les plus petits, où la course est parfois très littéral. Un enfant peut se déplacer étonnamment vite s'il est motivé, par l'envie de mener la vie dure à ses parents, par exemple.

La conversation revient alors au gang des mamans parfaites, qui se doivent d'avoir des petits secrets. Peut-être est-ce l'influence de Desperate Housewives dans sa vie, mais Marisol n'en demeure pas moins persuadée que des fêlures se cachent derrière ces queues de cheval impeccablement tirées et la panoplie de vêtements de sport sponsorisés par Kate Hudson. C'est même ce qui lui permet de les supporter, d'imaginer l'humanité qu'elles se refusent obstinément à montrer. Elle hoche la tête et rit un peu quand la blonde partage sa curiosité. « C'est vrai que ça doit être plutôt juteux. Je m'imagine pas mal de liaisons dont elles sont parfaitement au courant et de dépenses à crédit personnellement. » Ce n'est pas parce qu'imaginer leurs défauts l'aide à trouver de l'empathie pour ces Stepford wives qu'elle n'est pas un rien médisante. Nulle n'est parfaite.

Elle accompagne Magdalena jusqu'à deux sièges stratégiquement passés en bout de rangée, mais pas trop au fond. On sent une certaine expérience. « C'est clair que faire profil bas est généralement la meilleure stratégie. Je dis pas que j'y arrive à chaque fois mais je suis fatiguée, alors je vais essayer de me tenir. » Une femme blonde, blanche et mince qui a l'air de sortir tout droit d'une publicité pour yaourts se dirige vers le semblant d'estrade dressé devant les rangées de chaises. Marisol hausse les sourcils en direction de sa nouvelle alliée, une mine malicieuse sur le visage. Showtime.

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