@Tray Forbes & Solveig

Cette semaine ne va pas être évidente pour moi mais j’ai décidé de ne pas me laisser abattre. Je continue de travailler jusqu’à mercredi et puis je me serai en repos jusqu’au 14, jour où je reprendrai le boulot. Cela a été vu avec mes supérieurs à qui j’ai dû expliquer le pourquoi du comment de mon absence quelque peu inattendue. Tout le monde sait que ce n’est pas mon genre de lâcher mon poste de telle manière. J’aime ce que je fais même si j’aspire à d’autres choses depuis que j’ai appris que ma vie était en danger.
Les médecins ont été très clairs : je ne vais pas mourir. Mais je dois me faire opérer et vais également devoir faire plus attention à mon style de vie de façon à m’assurer qu’il n’y ait pas de récidive à l’avenir. L’un de mes ovaires va m’être retiré car il est malade et que personne dans le corps médical m’entourant ne peut se permettre de prendre le risque qu’un développement plus sérieux de la maladie ne se produise.

- Tu reviens vers quelle heure ?
- Sur les coups de 14h, ça ira ?

Mon remplaçant est en formation à mes côtés jusqu’à mercredi soir. Il s’appelle Arthur et débarque tout droit de Paris. Il a tout d’un Français et je crois que son petit air sûr de lui va vite me gonfler. Attention, j’adore la culture française mais…les habitants du pays de Molière ont leur petite réputation qu’Arthur est en train de confirmer.

- Je survivrai, dit-il tandis que je quitte le bureau sans me retourner.

Il est presque ironique d’aller retrouver Tray dans un petit bistrot français que lui comme moi aimons tout particulièrement. Mais c’est notre « repère » en quelque sorte.

Pour une fois, je ne prends pas les transports en commun pour m’y rendre. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens comme le besoin de me préserver depuis que le diagnostic est tombé. J’ai pourtant bien conscience que c’est ridicule. Prendre un métro ou un taxi ne va rien changer à mon état de santé. Disons simplement qu’il doit être ici question d’un petit côté un peu nunuche de ma part.

Quand j’arrive enfin au point de rencontre prévu avec Tray, je le vois qui m’attend déjà à l’entrée. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au Ciel. Évidemment, il a fallu qu’il se pointe avant moi juste pour être en mesure de dire que je l’ai fait attendre. J’oserai presque le traiter de petit con si je ne l’apprécierai pas autant.